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Effet de la culture en bande et du zaï sur l’amélioration de la production du mil et du niébé dans le département de Mayahi.


par Souleymane LAMINOU ADAMOU
Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi-Niger - Master II en production végétale durable 2019
  

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1.4. Discussion

Les données collectées ont permis de mettre en relief les avantages de la culture en bande par rapport aux pratiques habituelles des producteurs.

Cette pratique, par rapport aux cultures pures a permis une augmentation de la production du mil de 178% et celle du niébé de 155%. Ces résultats obtenus dans le Département de Mayahi sont contraires à ceux notés par d'autres auteurs. En effet Barro et al. (2016) n'ont pas rapporté de différence significative entre la pratique de la culture intercalaire et la pratique traditionnelle de l'association maïs/niébé dans des essais installés en station au Burkina Faso. Cui et al. (2017) ont plutôt démontré les avantages de la culture intercalaire par rapport à celle en bande alternée dans l'association maïs/soja aux USA.

Le rendement en association avec chacune des spéculations est supérieur à la culture en pure de mil et niébé. Un LER de 1,71 montre qu'il faut augmenter la surface des monocultures de 71% pour avoir le même rendement qu'en association. Une des raisons affirmées par Bedoussac et Juste, (2010b) et Juste et al. (2014) est que la quantité d'azote fixée par unité de surface est plus faible en association qu'en culture pure en raison d'un nombre de plante de légumineuse faible par rapport à la monoculture. Il s'agit pour Bedoussac et al. (2014) d'une augmentation de LER grains quand la compétition entre les deux (2) espèces pour l'azote minéral du sol augmente dans des conditions limitantes en azote. Il faut aussi admettre que dans le contexte de la culture en bande, les compétitions entre les espèces pour l'eau, le CO2, la lumière et l'azote et les nutriments sont aussi réduites et il résulte aussi une meilleure efficience dans leur valorisation par les plantes (Bedoussac et Juste, 2010b). Ces résultats auxquels l'étude a abouti confirment la première l'hypothèse selon laquelle « La technique de culture en bande alternée est une voie d'amélioration de la productivité agricole ». Le LER moyen de 1,46 obtenu par l'étude corrobore à ceux obtenus par Morales-Rosales et Omar (2009), Lawane et al. (2010) qui est de 1,5 en culture sorgho (S-35) et niébé au Cameroun (Garoua) ; Metwally et al. (2015) avec un LER de 1,69 avec l'association maïs et coton en Egypte. Cependant, Atabo et Umaru (2015), il a été aussi rapporté un LER plus faible de 1,19 pour l'association sorgho/soja au Nigeria (Kogi state).

Un autre aspect positif des cultures en bande concerne la réduction de la pression des ravageurs des cultures, même si cette question n'a pas fait l'objet de collecte de données dans la présente évaluation. Une étude menée au Nigeria dans la zone de Minjibir a fait ressortir que l'association culturale réduit le nombre de thrips des fleurs de même que celui des punaises suceuses de

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gousses sur le niébé (Alghali, 1993). Une autre étude a aussi démontré que l'association sorgho/niébé réduit les infestations du foreur de tiges sur la céréale et des thrips sur la légumineuse (Ampong-Nyarko et al., 1994). Trenbath, (1993) a expliqué que la culture associée rend les plantes moins attrayantes pour les insectes ravageurs et aussi la diversification du milieu favorise la présence des ennemis naturels.

Les résultats de cette étude démontrent aussi que le respect des consignes sur la densité de semis et la fumure organique permettent d'améliorer la production avec la culture en bande. Il est noté une augmentation du rendement de 85 à 113 % pour le niébé et 44 à 150% pour le mil avec les producteurs qui ont respecté les deux (2) consignes à la fois dans leurs champs de démonstrations. Ceci démontre que la technologie est plus productive quand toutes consignes relatives à sa mise en oeuvre sont respectées. Le respect de la densité de semis permet de disposer d'un nombre optimum de poquets dans les parcelles. L'apport de la fumure organique permet aussi d'améliorer la structure du sol, d'augmenter la proportion de nutriments mobilisables par les plantes et d'augmenter la production comme démontré par Ahmed et al. (2012) sur le niébé au Soudan et Khamooshi et al. (2012), Derogar et Mojjadam, (2014) sur Visua faba. Selon ces auteurs, quand la densité des plants par m2 augmente, les rendements par plants diminuent, tandis que ceux par unité de surface augmentent dans les conditions de bonne fertilisation.

Selon Bationo et Ntare (2000), l'effet de la culture en bande pourrait être mieux apprécié la campagne suivante car dans l'association traditionnelle, les densités de légumineuses utilisées en association avec le mil sont faibles et leur contribution à la fixation de l'azote pourrait être négligeable par rapport à une rotation où la culture suivante pourrait bénéficier de l'effet résiduel de l'azote fixé par la légumineuse.

Le ratio de compétition entre les espèces de 0,88 à 1,83 pour le mil et de 0,55 à 1,14 pour le niébé montre que le mil est plus compétitif que le niébé dans l'ensemble des communes d'intervention sauf à Mayahi et Sherkin Haussa ou le niébé est faiblement compétitif face au mil. Le constat qui se dégage est que le CR converge vers le LER, car partout ou le LER est élevé, il en est de même pour le CR. Les valeurs des CRs moyen de 1,04 pour le mil et 0,96 pour le niébé montre que ces deux (2) espèces peuvent être cultivées en association car ils ne sont pas compétitives par rapport aux éléments minéraux du sol l'une face à l'autre. Ceci confirme notre deuxième hypothèse selon laquelle « la compétition du mil face au niébé ou vice versa est très négligeable en culture en bande alternée ». Cui et al. (2017) ont aussi prouvé que

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la céréale est plus compétitive que la légumineuse en culture intercalaire (2 lignes maïs et 2 lignes soja) mais contrairement à nos résultats, Cui et al. (2017) ont noté des CRs plus élevés en faveur de la céréale. Quant à Jamshidi (2010), il a obtenu des CRs élevé, variant de 1,13 à 3,49 en faveur de céréale (blé). Par contre Bantie et al. (2014) ont eu un CR élevé pour la légumineuse (lupin) montrant qu'elle est plus compétitive que le petit mil.

La marge bénéficiaire de 148% obtenue par les producteurs par rapport à la pratique d'association en vrac appelé communément « Kan Maitsotsaï » est très satisfaisante, montrant l'intérêt de la pratique de la culture en bande alternée. Cette marge bénéficiaire va dans le même sens que la production brute par rapport au système d'association en vrac. Ces résultats confirment notre troisième hypothèse selon laquelle « la marge bénéficiaire induite par la culture en bande alternée est doublement supérieure à celle de la pratique habituelle des producteurs avec un MAI élevé ». Nos résultats sont inférieurs à ceux de Mahamane (2012) qui a étudié plusieurs systèmes de culture dans le Département d'Aguié (Maradi). Il a étudié huit (8) système de culture, parmi ceux, le système d'association en vrac (système de culture n°5) et le système de culture n°3 qui associe le mil et l'arachide en raison de 5 lignes arachide + 1 ligne mil. Ce dernier système est celui qui s'approche des bandes alternées. Il a obtenu à ce niveau la marge bénéficiaire la plus élevée de 300 000F CFA tandis que la marge bénéficiaire obtenu en système d'association en vrac est seulement de 30 000F CFA soit une différence de 900%.

La valeur positive de MAI de 147 023 #177; 62 434F CFA estimée dans le cas de la culture en bande alternée démontre que ce système de culture est assez rentable. La valeur de MAI parait élevée par rapport au contexte des revenus, donc la culture en bande alternée est plus rentable par rapport à la monoculture ou la culture pure. Cette valeur obtenue parait normale d'autant plus que le LER moyen obtenu pour toutes les communes est de 1,46. Ces résultats corroborent aux résultats de Muhammad et al. (2008) au Nigeria qui a obtenu un MAI de 319 USD soit 170 074F CFA en culture intercalaire Coton et niébé. Il est aussi supérieur à celui obtenu par Dhima et al. (2007) de 60 euros soit 39 371 F CFA en culture associée blé et vesces (Vicia sp) en Turquie et de ceux obtenus par Esmaeili et al. (2011) en Iran avec la culture en bande alternée (4 lignes de céréale et 4 lignes de légumineuse) qui est de 134 USD soit 71 442 F CFA.

En comparant les communes, des variations ont été notées et les rendements les plus élevés ont été notés dans les communes de Mayahi et Sherkin Hausa. Cette différence entre les communes pourrait être liée à trois (3) raisons qui sont : i) la commune de Mayahi et Sherkin

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haussa ont eu l'intervention des beaucoup des projets de développement et des instituts de recherche comme INRAN et ICRISAT qu'ont beaucoup travaillé en étroite collaboration avec les producteurs dans l'amélioration de la productivité agricole ; ii) Ces communes ont des organisations des paysans bien structurées et fonctionnelles ; iii) les producteurs sont aussi habitués à pratiquer les nouvelles technologies visant à rehausser la productivité.

Les productions ont aussi été comparables entre les hommes et les femmes ayant pratiqué la technologie. Cela démontre que la technologie est assez facile à maîtriser par les producteurs des deux sexes. Les mêmes constats sont rapportés par Rabé et al. (2017). Cette assertion est justifiée par plusieurs auteurs, entre autres le RNFR (2003) ; FAO (2011) et AVSF (2013) qui ont avancé que les femmes rurales jouent un rôle important dans l'agriculture. Elles assurent la moitié de la production alimentaire mondiale et dans beaucoup de pays en développement, leur contribution varie de 60 à 80 pour cent de la production.

S'agissant des revenus après-vente les hommes ont eu plus de bénéfice que les femmes. Cela peut se justifier par le fait que les hommes ont plus d'information sur les fluctuations du marché que les femmes et dans la plupart des cas les femmes sont dépossédées des champs même en cas d'héritage. Ce sont les maris qui leurs donnent des lopins de terre pour la production et très souvent une partie de la récolte revient à l'usage de la famille. Ces résultats sont confirmés par Dasre et Hertrich (2014).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon