L’Europe et l’Italie au Moyen-Age. Société et goûts alimentaires.par Safia BERSALI Université de Reims - Diplôme d'université du goût, de la gastronomie et des arts de la table ( DUGGAT) 2010 |
3) Cités états et développement du commerceEntre le X et le XIV siècle, l'on constate une très forte expansion des cités. Phénomène spectaculaire et complexe qui changera définitivement la physionomie de toute l'Europe. Aucune ville médiévale ne ressemblait à l'autre, certaines maintenues en l'état depuis le haut Moyen Age, d'autres nées de l'évolution de centres marchands ou de la construction de châteaux et de forteresses ( militaires) et les dernières du développement des localités qui servaient d'étapes aux pélerins. Ce processus était favorisé par la croissance économique : la production agricole accrue permettait de nourrir une population en constante augmentation, le lancement des constructions attirait en ville une main d'oeuvre de plus en plus nombreuse pour les activités artisanales et les exigences du commerce qui en faisait un pôle d'échange. La cité reprendra ainsi toute sa fonction de centre politique. Pôle de relations économiques en expansion, elle amplifie son contrôle sur les territoires environnants. A l'intérieur de ses murs, prend forme une société qui a pour valeurs la recherche de profit, le travail, le sens de l'esthétisme et de la beauté, de l'ordre et de la dignité et dont les personnages principaux sont des hommes d'affaire, mais aussi des intellectuels et des professionnels du droit. Il y existe aussi deux types de commerçants : les colporteurs et les boutiquiers pour le commerce local et les riches marchands pour les importations précieuses.Dans les foires et marchés (évènement très importants en Europe) on pouvait également retrouver des commerçants anglais, allemands ou espagnols. 9 Source image : http://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/giotto/basilique15sermon.htm 17 L'importation et la vente de marchandises entre l'Europe et certains pays facilitait les échanges via d'autres pays sachant que les axes les plus empruntés étaient les fleuves et les rivières.Les radeaux et les gabares servaient de moyen de transport des hommes et des marchandises notamment pour traverser le Détroit de Gibraltar. Le schéma de la société italienne commença vraiment à se modifier au cours du XIs, durant lequel le développement du commerce, vraisemblablement, ainsi que l'absence de pouvoir central suffisamment fort, ont permis l'accroissement des communes et de leur autogestion (chartes les autorisant à s'autogouverner : édicter des lois, frapper leur monnaie, porter les armes et lever des impôt), le phénomène résultant aussi d'un besoin des citadins de se protéger contre la noblesse locale. Suite à l'accord de différents groupes sociaux, les "guildes" (marchands, banquiers, hommes de loi et artisans), la commune prend naissance dans un cadre administratif représenté par la magistrature (consuls), auquel succéderont différentes structures territoriales avec de réels groupes dominants. La nobilité, qui s'oppose à ces mouvements autonomistes, adopte un système de retenues sur les marchandises et services. L'autorisation des serfs à devenir libres citoyens (après résidence d'un an et un jour) permettra à la société urbaine d'évoluer égalitairement. Si Rome garde une aura particulière depuis l'Antiquité, chaque région d'Italie se développe et prospère grâce au commerce maritime méditérranéen dans les villes comme Gênes et Venise au Nord.Les villes comme Venise connaissent un essor considérable de par leur situation géographique permettant le maintien des échanges mercantiles avec le Moyen Orient (Byzance). Ainsi la République de Venise étend son réseau marchand vers des villes aussi bien chrétiennes que musulmanes (export de soie de Chine, pierres précieuses d'Arabie, épices, tissus... ). 10 De plus, elle bénéficie en 1082 de privilèges commerciaux concédés par la capitale byzantine de Constantinople et établit des comptoirs sur la côte Palestinienne à Tyr (1124) et à Acre ( devenue Saint-Jean-d'Acre en 1104 ) grâce aux croisades. 10 *Route des épices et autres routes qui s'entrelacent dans un labirynthe de parcours commerciaux. Trajets interminables ponctués de nombreuses villes, traversant le continent Euro-Asiatique.En Asie Mineure : Antioche, Alep, Petra, Palmire, Tiro, Sidone, Babilonia etc... dans l'Altipiano Iranien : Merv, Samarcanda, Bukkara, Bactra, Tashkent ; dans les Steppes du Turkistant : Kashgar, Yakand ; dans le massif du Pamir : Khotan, Loulan à la limite du désert ; en Chine : Lang Chow, Lo-yang,Lanchow et Xian ( antique capitale de Chine, grande productrice de soie). Ce sont les plus anciennes villes caravanières. Une des « routes de la soie » plus au Nord, partait de Chine, à travers le désert de Gobi, le Pamir, Samarcanda, Bactrana, Teheran, Babylone, Palmire, ou Tyre et Antioche et arrivait à Rome. L'importance historique de ce grouillement de parcours, est à noter non seulement dans le contexte commercial, mais fût fondamentale pour l'évolution culturelle. 18 Au centre, Florence, fleuron de l'Italie, devient l'une des principales métropoles commerciales et bancaires (émission du florin en 1252) tout comme Gênes et Lucques et manifeste sa richesse, comme la ville de Sienne, par d'importantes constructions (portes monumentales, remparts, douves ) ou autres édifices publics ( Palazzo Vecchio à Florence). Le royaume de Naples, quand à lui reste la Puissance méridionale et se voit rattachée à la Sicile (conquise par les Arabes au IXe siècle), à plusieurs reprises. Sous le règne de Roger II, Palerme devient l'un des grands carrefours de commerce mondial. Des négociants venus d'Amalfi, Naples, Pise et Gênes venaient s'y approvisionner en épices, remèdes, sucre, étoffes, indigo, et y acheter de l'or et des pierres précieuses importés d'Espagne, du Levant et d'Egypte. |
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