Le transfuge politique au sein des partis politiques implantés à Kisangani.par Marien Mwamba Ngwabi Université de Kisangani - Licence en sciences politiques et administratives 2004 |
I.2.4. Les raisons autonomes.Au-delà de la poursuite des intérêts de la conversion idéologique et de l'idolâtrisme des leaders, d'autres raisons ne dépendant pas de ces fondamentaux partisans, commandent aussi l'alteradhésion. Il s'agit du comparatisme partisan et de l'identité idéologique des partis. I.2.4.1. Le comparatisme partisan et le mythe du superlatif.Dans un système des partis où cohabitent, en interactions permanentes d'opposition et de collaboration, les partis politiques sont voués à une comparaison permanente de la part des adhérents. Cette comparaison porte sur les fondamentaux partisans : leaders, idéologie et intérêts. Il se dégage alors, qu'en dépit de l'adhésion antérieure, les partisans sont portés souvent vers les partis supposés, offrir plus de fondamentaux favorables. C'et ainsi qu'il est courant d'entendre, pour ce qui est de la nationalité du leader, le slogan « 100 % Congolais », synonyme du plus haut degré de congolité du leader s'opposant à d'autres leaders dont la congolité paraît douteuse ou moindre. Généralement, la comparaison établit des rapports sentimentaux reposant sur la distinction de bien et du mal, du laid et du beau, du bon et du mauvais, de l'honorable et du honteux, bref sur le jugement des valeurs. Ainsi, la confrontation des enjeux partisans pousse les adhérents à quitter le mauvais parti pour le bon, le honteux pour l'honorable. C'est ce qui cause les voltes face au sein des partis politiques ; I.2.4.2. La nécessité permanente d'engagement politiqueL'espoir permanent de voir les conditions socio-économiques et politiques s'améliorer, suscite toujours de la part du citoyen une attitude de prise de parti pour une cause et sa mise en oeuvre au service de celle-ci. Cet espoir est le fondement même de l'engagement politique caractérisé par le déploiement de la force et de la pensée au service du changement et par une prise très nette de conscience de la situation sociale dans laquelle on se trouve engagé pour en assumer intérêts ou obligations. Il préserve le citoyen de l'abstention et du défaitisme comme l'a constaté KIPUPU Kafuti : « il y a bien des raisons qui sollicitent la responsabilité du citoyen vis-à-vis de la société : l'enlisement continuel de la politique à travers des querelles byzantines de l'opposition, le remaniement sans fin et sans perspectives réelles du gouvernement, l'irresponsabilité et l'inefficacité du parlement, la pauvreté et l'insécurité croissantes. Tous ces faits doivent commander dans le chef du citoyen Zaïrois, non pas le défaitisme politique mais la vigilance et la décision de dire c'en est maintenant trop »37(*) Cet impératif d'engagement est d'autant inévitable qu'il voue la conscience à croire toujours à une cause et à opérer des choix non figés. L'opération des choix varie selon l'intensité d'engagement politique individuel. Sans parler du vote, il y a lieu de citer l'appartenance à des associations d'action collective, le fait de se porter candidat à des fonctions électives, l'exercice, professionnel ou non des responsabilités politiques. Ce sont autant des comportements traducteurs de l'engagement politique. En effet, la prise de conscience permanente du déséquilibre entre la situation socio-économique précaire et l'aspiration au mieux-être détermine le citoyen à s'engager pour défendre individuellement ou collectivement une cause. C'est dans ce sens que J.P. SARTE a écrit : « un homme n'existe pas à la manière de l'arbre ou du caillou : il faut qu'il se fasse ouvrier : il est engagé, il faut parier, et l'abstention est un choix »38(*) Cependant le choix de la défense d'une cause n'est pas figé ; il est fonction des circonstances et des fluctuations de la conscience qui font que de fois le radicalisme se tempère où que le dirigisme se libéralise. C'est à la lumière de ce dynamisme que JEANSON a écrit : « je ne puis exister qu'en m'engageant et mon engagement ne saurait se contenter d'avoir été lucide une fois pour toutes : le choix authentique que je fais de moi-même n'est pas un solution définitive, mais le point de départ des problèmes nouveaux »39(*) Ce dynamisme donne l'impression du rapprochement à la versatilité. Loin s'en faut ! Il s'agit par contre d'une adaptation de la conscience humaine en général et citoyenne en particulier aux contingences existentielles, socio-économiques et politiques. C'est donc ce besoin d'adaptation et d'engagement qui préserve l'adhérent d'une adhésion définitive à une cause, à une idéologie ou à un parti. Certains de nos enquêtés sont de cet avis. * 37 KIPUPU Kafuti : « Formation politique du zaïrois : condition nécessaire au vrai changement socio- Politique ». in Zaïre-Afrique, n° 311, janvier 1997, p.5 * 38 Jean Paul SARTE, « Présentation du temps moderne », in Situations II, Paris, 1982,p. 18 * 39 JEANSON, le problème moral de la pensée de SARTE, cité par Paul FOULQUI, op. cit. p. 352 |
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