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Défis de la gratuité de l'enseignement primaire en RDC.


par Jures NDJETE IMBILE
Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en Gestion et Administration des Institutions Scolaires et de Formation 2019
  

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CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Comme son titre l'indique, nous avons comme préoccupation essentielle dans ce chapitre de présenter, d'analyser et d'interpréter les résultats des données empiriques de ce travail. Rappelons que cette étude consacrée aux défis de la gratuité de l'enseignement primaire en RDC ne pouvait guère confirmer ou rejeter quoi que ce soit sans pour autant vérifier les avis et considérations des enseignants qui sont les principaux artisans du secteur éducatif. C'est alors que nous avons préféré mener une étude de terrain qui nous a permis d'entrer en contact avec la couche sociale appropriée à cette étude.

L'extraction de l'opinion des enquêtés s'avère à notre avis, la maîtrise de l'étude car leurs avis et considérations nous ont servi à appréhender ce que les enseignants pensent des défis dont fait face la gratuité de l'enseignement proclamée et mise en application en République Démocratique du Congo. A ce titre, nous avons souhaité présenter ces résultats sous forme des tableaux commentés en vue de permettre au potentiel lecteur de comprendre la vraie signification de chaque fréquence.

3.1. Présentation des résultats d'enquête

Il sied de rappeler ici que la présente étude a connu le concours de plusieurs techniques pour la collection des données, notamment, le questionnaire, l'interview ou l'entretien, etc. A la même posture, lors de nos descentes sur terrain, le recours à une grille d'observation était retenu pour noter toutes les observations faites sur l'état des locaux et les conditions d'apprentissage mais aussi les réponses aux questions d'ordre générique parce qu'il était très important de créer un cadre de collaboration entre chercheur-enquêté.

3.1.1. Questions d'opinions

Cette étape était la plus cruciale de la présente dissertation, car c'est ici que nous avions bien cueilli les avis des enseignants sur les défis de la gratuité de l'enseignementprimaire en RDC. Nous avons clairement indiqué dans le chapitre premier l'influence des enseignants dans cette recherche.

251642368251641344Question n°1.Est-il possible de réaliser l'objectif de l'Education Pour Tous si l'école n'est pas en même temps gratuite ? Justifiez-vous !

Tableau 23 : Réactions des enseignants à la question n°1

Réactions

Fréquence

Pourcentage

Justification

Fréquence

Pourcentage

Non

82

91,11

Ont justifié

78

86,67

Oui

7

7,78

N'ont pas justifié 

12

13,33

Sans réaction

1

1,11

Total

90

100

Total

90

100

Dans la représentation ci-dessus, il s'est dégagé que dans l'ensemble de la population d'étude, 82 enseignants soit 91,11% ont fait savoir que la réalisation de l'Éducation Pour Tous est étroitement liée à la gratuité de l'enseignement élémentaire garantie. Les prosélytes de cette affirmation soutiennent que lepaiement des frais scolaires par les parents d'élèves constituait une importante barrière pour l'universalisation de l'enseignement. La couche sociale la plus élevée au pays est constituée de la population démunie qui n'a pas facilement accès aux besoins fondamentaux dont l'éducation, ont-il renchérit. Ainsi, la gratuité devient l'élément moteur pour la promotion de l'égalité des chances à tous les enfants d'avoir accès à l'éducation de base.

7 enseignants soit 7,78% ont soutenu la thèse selon laquelle la gratuité de l'enseignement n'est pas indispensable pour réussir l'universalisation. Bon nombre de sujets ici n'ont justifié leur point de vue. Deux personnes seulement ont essayé d'extrapoler au cours d'un entretien: « la gratuité est bel et bien là, allez dans nos quartiers, vous trouverez beaucoup d'enfants qui ne vont pas à l'école, exclament deux instituteurs de l'EP MOLENDE ». Cette assertion renvoie à susciter le caractère obligatoire de la fréquentation de l'école primaire, garantie par la constitution du 18/02/2006.Même en France, l'on apprendqu'il y a encore un registre des enfants et adolescent en dehors de l'école, ont-ils ajouté. Pour eux, les études ont un prix ; et enfin 1 de sujets soit 1,11% s'est abstenu de tout commentaire.

Question n°2.La gratuité de l'enseignement est-elle effective dans votre école? Si oui, quels sont les avantages ? Si non, pourquoi ?

Tableau 24 : Effectivité de la gratuité à l'établissement d'appartenance du sujet

Réaction

Fréquence

pourcentage

Explication

Fréquence

Pourcentage

Oui

71

79,89

Ont expliqué

87

96,67

Non

19

21,11

N'ont pas expliqué

3

3,33

Sans réaction

0

0

Total

90

100

Total

90

100

De ces résultants, 71 sujets soit 79,89% ont affirmé que la gratuité de l'enseignement est en application dans leurs établissements scolaires. Au demeurant, les sujets sont unanimes que la gratuité de l'école offre beaucoup d'avantages, notamment la viabilité et peuplement des classes, la suppression des frais de motivation en charge des parents, la prise en charge des enseignants et des frais de fonctionnement de l'établissement par l'Etat, la diminution de la déperdition scolaire, tous les enfants, quel que soit le rang social des parents, ont désormais accès égal à l'école.

A noter, 19 enquêtés soit 21,11% ont répondu négativement. Subséquemment, Ils ont révélé qu'en réalité des faits, la gratuité n'a pas réussi à s'installer dans leurs établissements scolaires cette année pour des raisons ci-après : les parents continuent à contribuer pour la fabrication des bancs et pupitres, pour la réfection des bâtiments scolaires. De commun accord avec le comité des parents, ces derniers payent chaque trimestre une somme d'argent pour remédier aux plaintes des enseignants qui jusqu'à ce jour continuent à déplorer l'enveloppe salariale allouée par l'Etat congolais mais aussi le soutien enseignants nouvelles unités. Indiquent les enquêtés.

251643392251644416Question n°3. Qu'est-ce que la gratuité de l'enseignement primaire a-t-elle apporté de plus aux conditions de vie de l'enseignant congolais ? A vous personnellement!

Tableau 25 : Impact de la gratuité sur la survie de l'enseignant

Impact

Fréquence

pourcentage

Argumentation

Fréquence

Pourcentage

Positif

41

45,56

Ont poussé des arguments

87

96,67

Négatif

41

45,56

N'ont pas argumenté

3

3,33

Sans réaction

8

8,88

Total

90

100

Total

90

100

Deux courants de pensées contradictoires se dégagent sur cette question : 41 enseignants soit 45,56 affirment que la gratuité de l'école a apporté un plus dans leur vie. Leurs arguments tournent autour de la petite majoration du revenu mensuel de l'enseignant, la considération sociale et l'estime. Ils profitent ici de l'occasion pour dévoiler que l'enseignant ne valait plus rien dans la société du fait qu'il était rémunéré en monnaie de singe. La fonction enseignante commence à redevenir attractive. Dans le même ordre d'idées ils ont réaffirmé qu'en tant que parents à la fois, la gratuité de l'école a réduit les exigences financières en termes de prise en charge de la scolarité des enfants.

Par opposition, 41 enseignants soit 45,56 se sont montrés sceptiques aux éventuels apports de la gratuité, disant qu'elle n'est porteuse de rien, au contraire elle a aggravé la misère en supprimant toutes motivations des parents sans pour autant harmoniser le salaire. Un enseignant de l'EP KINZAZI fait savoir : « Avant l'application de la gratuité, seulement avec les contributions des parents je n'avais pas moins de 500$ (cinq cents dollars américains) par mois y compris le maigre salaire de l'Etat, ce qui me permettait de louer une maison de 200$ et de subvenir aux autres besoins fondamentaux. Aujourd'hui, on nous impose la gratuité avec un salairequi ne vaut même pas 200 $. Imaginez vous-même mon sort avec toute la maisonnée  cher étudiant!De cet enseignant, peut-on espérer la qualité d'enseignement?

Ils présentent une autre facette : la gratuité devient à force une source des pressions mentales avec des sérieuses répercussions sur la santé physique. On assure l'encadrement des effectifs très élevés dans des conditions dûment précaires. Et, en enfin, 5 enseignants soit 6% se sont abstenus de répondre.

Nous avons remarqué aussi la mauvaise interprétation de la gratuité. Une mauvaise interprétation de la politique gouvernementale en faveur de la « gratuité » de l'enseignement primaire pourrait laisser penser que celle-ci est totale et à effet immédiat. Certains ne contemplent pas la gratuité comme opportunité. Il est indéniablement important que l'État mette en place un dispositif d'information et de communication efficace en favorisant l'utilisation des relais communautaires existants : radios, églises, associations locales etc.) Pour garantir une compréhension correcte de la politique gouvernementale par les bénéficiaires (parents, élèves, enseignants) et éviter les erreurs d'interprétation.

251645440Question n°4. La gratuité de l'enseignement primaire, proclamée et mise en application en RDC, est-elle déjà stable ? Justifiez-vous !

Tableau 26 : Avis sur la Stabilisation de la gratuité de l'enseignement

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Justification

Fréquence

Pourcentage

Oui

10

11,11

Ont justifié

83

92,22

Non

77

85,56

N'ont pas justifié 

7

7,78

Sans réaction

3

3,33

Total

90

100

Total

90

100

Dans ce tableau, il se dégage que 10 sujets soit 11,11% ont répondu oui, pour ainsi dire, la gratuité de l'enseignement primaire est déjà stable. Les raisons avancées pour justifier leur assertion se récapitulent par l'amélioration de salaire des enseignants, le paiement d'un lot des enseignants non payés communément appelé NP et l'engagement de l'Etat qui promet à la population de se faire premier financeur de l'éducation. Ils signalent aussi que les enfants ne sont plus chassés de l'école faute de paiement des frais d'écolage comme par le passé.

A l'inverse, 77 enseignants soit 85,56% ont répondu non, la gratuité de l'enseignement est loin d'être stable. Pour eux, le gouvernement a mis la charrue devant le boeuf, c'est-à-dire, la gratuité n'a pas été bien préparée ; plusieurs facteurs et barrières d'instabilité ont été évoqués lesquels si l'on y prend pas garde, la fameuse gratuité risque d'enfoncer de plus en plus l'école congolaise.

Il s'agit principalement de la démotivation des enseignants estimant qu'ils sont toujours mal payés (le salaire alloué aux enseignants s'élève à #177;360.000fc 180$ au taux du marché pour les enseignants du primaire et 367.000fc 184$ pour ceux du secondaire), la tentative d'altération du protocole d'accord de Bibwa sur l'augmentation du salaire des enseignants en paliers, le pléthore d'élèves et moins de place dans les salles de classes, la détérioration des conditions d'apprentissages dont l'insuffisance des infrastructures et des équipements scolaires (bâtiments, bancs et pupitres), la disette des outils de formation (matériels didactiques et autres), plus de 380.000 enseignants nouvelles unités non payés. Les 3 autres sujets soit 3,33% de l'ensemble n'ont pas commenté la question.

Question n°5 : Quels sont les principaux problèmes (pédagogiques, administratifs,sociaux-climat de la classe) crées par la gratuité dans votre salle de classe ?

Tableau 27 : Principaux problèmes crées par la gratuité dans salle de classe 

Problèmes

F

%

Afflux d'élèves face à l'insuffisance des structures d'accueil. Ceci ne permet plus à l'enseignant d'interagir correctement avec la classe en général et chaque élève en particulier, la difficulté à s'assurer l'assimilation des matières par les élèves. S'ensuit la difficulté d'exécuter comme il se doit les tâches liées au contrôle des matières, notamment la correction des devoirs et exercices dirigés. L'horaire des cours n'est plus respecté par contrainte du temps si l'on s'intéresse à combler les hiatus des élèves. Manque de suivi individuel des travaux des élèves.

55

30,22

L'insuffisance des matériels didactiques (livres, manuels scolaires, cartes et autres) à la disposition des apprenants et l'insuffisance des fournitures scolaires à la disposition de l'enseignant.

43

23,62

La Difficulté de contrôler les relations interpersonnelles (maitriser les liens d'affinités entre élèves). Le manque de contact personnel élève-maître.

22

12,09

L'indiscipline, trop de bruits, bagarres et cas des blessures.

21

11,54

La pénurie des conditions sociales adéquates (étouffement dans les classes, carence des bancs et pupitres).

21

11,54

L'insatisfaction et la démotivation des enseignants suite au non-respect de pallier-paie et différents pactes signés entre l'Etat et le bacsyndical des enseignants dont le protocole d'accord de Bibwa

20

10,98

Remarques : L'absence de total des fréquences indique l'inflation de N. Un seul sujet avait la possibilité de fournir plus d'un avis.

251647488

251646464Question n°6 : Dans votre école, constatez-vous quelques avancées réalisées par le gouvernement dans le souci de remédier aux défis que représente la gratuité de l'enseignement élémentaire?

Tableau 28: Avancées réalisées jusqu'ici pour stabiliser la gratuité

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Justification

Fréquence

Pourcentage

Oui

30

33,33

Ont justifié

70

77,78

Non

55

61,11

N'ont pas justifié 

20

22,22

Sans réaction

5

5,56

Total

90

100

Total

90

100

Comme l'illustre le tableau ci-dessus, 30 enseignants soit 33,33% ont reconnu les avancées réalisées par le gouvernement dans l'optique de remédier aux défis que représente la gratuité de l'enseignement. Les adeptes de cette thèse ont soutenu deux avancées dont l'allocation des frais de fonctionnement aux écoles, bureaux gestionnaires et l'identification des nouvelles unités; par contre, 55 sujets soit 61,11% n'ont reconnu aucune avancée concrète si ce ne sont que les discours de persuasion.

251648512 Ensuite, 5 sujets soit 5,56% n'ont pas donné leurs avis. 

Question n°7. Sachant que partout à travers le monde, la gratuité de l'enseignement a comme conséquence phare l'afflux de la population scolaire et la redynamisation de tout le système :

a. Vos capacités d'accueil (salle de classe et cours de récréation) sont-elles adaptées à l'afflux actuel d'élèves? Justifiez-vous !

Tableau 29: Rapport élève-classe et cour de récréation

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Justification

Fréquence

Pourcentage

Oui

28

31,11

Ont justifié

72

80

Non

60

66,67

N'ont pas justifié 

18

20

Sans réaction

2

2,22

Total

90

100

Total

90

100

En réponse à cette question, 28 sujets soit 31,11 % ont affirmé que les effectifs scolaires correspondent aux capacités d'accueil des locaux; à l'opposé, 60 sujets soit 66,67% ont fait montre que l'insuffisance des capacités d'accueil et dépassement du taux d'occupation des locaux sont des faits réels. Vous n'avez qu'à parcourir nos registres d'appel. Ces enseignants pensent que si l'on tient compte des normes pédagogiques, on va très vite conclure que les dispositifs font cruellement défaut.En principe, les inscriptions devraient être fonction des nombres des places disponibles, ce qui n'a pas été le cas dans nos écoles cette année ; estiment-ils. Subséquemment, 2 enseignants soit 2,22% n'ont pas intervenu quant à ce.

En réponse à l'afflux prévu d'enfants dans le système, notamment du fait des mesures de gratuité de l'enseignement primaire et de leurs répercussions sur l'enseignement secondaire, le Gouvernement devait élargir la capacité d'accueil par la construction et la réhabilitation de salles de classe et leur équipement en mobiliers scolaires dans des conditions sanitaires viables.Les tableaux sur l'évolution des statistiques scolaires démontrent clairement le surpeuplement des classes dans la plupart des écoles publiques de la sous province éducationnelle de Matete. Nous avons enregistré des écoles dont le rapport élève/classe est supérieur à 100. Plus de 100 élèves dans une même salle de classe, qu'en est-il de l'encadrement ?

b. Disposez-vous d'un équipement pédagogique adapté à la population scolaire actuelle ?

Tableau 30 : Adéquation Equipement pédagogique-population scolaire

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Non

79

87,78

Oui

11

12,22

Sans réaction

0

0

Total

90

100

Par rapport à ce tableau, il est à observer que 11 enseignants soit 12,22% ont fait savoir qu'ils sont dans le bon en ce qui concerne les outils de formation. 79 enseignants soit 87,78% indiquent qu'ils ne disposent pas en quantité les outils pédagogiques, que ce soit du côté des maîtres que des élèves, en l'occurrence les livres.Il n'est pas étonnant de rencontrer une telle vérité puisque la gratuité est introduite dans un contexte d'improvisation. L'expression de la majorité ici est une réalité vivante. Il n'est pas à démontrer, depuis plusieurs décennies l'école congolaise est caractérisée par la carence du matériel didactique le plus élémentaire. La preuve en est qu'on arrive plus à organiser comme il faut les sections techniques et professionnelles. Toutes les écoles préfèrent les options normales qui n'exigent pas assez. Selon les résultats de la recherche, dans de nombreuses écoles, les manuels font défaut, ce qui rend difficile le travail des enseignants et ne facilite pas les apprentissages.

Cette réalité ne fait l'objet d'aucun débat, puisque la mise à disposition de manuels dans les écoles publiques a fonctionné normalement jusque vers les années 1980. Par la suite, toutes les initiatives mises en place par l'État se sont soldées par des résultats mitigés, voire des échecs. L'ensemble du dispositif de conception, de production et de distribution des manuels scolaires s'est effondré à cause des pillages de 1991 et 1993 et de l'amenuisement des ressources budgétaires. Quant à l'enseignement technique, il pâtit surtout d'une insuffisance de matériels didactiques et d'auxiliaires pédagogiques qui ne contribue guère à valoriser les options scientifiques et techniques, sans parler de l'absence de laboratoires et d'équipements. D'où la nécessité de la mise en place d'une politique nationale en matière de manuels scolaires

c. Aviez-vous été préparé méthodologiquement pour faire face aux conséquences de la gratuité dans votre classe ?

Tableau 31: Approches méthodologiques à l'intention des enseignants

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Oui

0

0

Non

84

93,33

Sans réaction

6

6,67

Total

90

100

Les résultats ci-dessus indiquent ce qui suit : aucun enseignant soit 0% ne professe avoir été préparé à faire face aux conséquences de la gratuité. Ainsi, 84 enseignants soit 93,33% ont répondu « non », qui veut dire donc n'avoir pas été préparé ; Et, 6 enseignants soit 6,67% n'ont pas réagi.

Nous voudrions accentuer ici que le service national de formation des enseignants SERNAFOR en sigle a cessé de jouer son rôle depuis des années. Ce qui est fort déplorable, le personnel enseignant surtout les débutants,accusent beaucoup d'insuffisance sur le plan méthodologique.Aucun enseignant ne reconnait avoir été préparé méthodologiquement pour faire face aux conséquences de la gratuité. Alors que de nos jours l'enseignant et l'enseignement ont une consonance et de plus en plus frise le péjoratif compte tenu de la faible efficacité des enseignants et rendement mitigés des élèves.Au clair, l'image de l'instituteur traduite par les programmes donne le premier rôle aux savoirs. Mais le maître doit aussi être préparé aux méthodes d'enseignements, à la gestion des élèves, aux capacités administratives, etc.

Jean Batiste de la Salle a compris que la réussite d'un projet éducatif dépend essentiellement de la qualité de ceux qui le mettent en oeuvre. Si le maître est principalement considéré comme éducateur, sa fonction est élevée à une mission qui engage le mérité de sa personne.De bons enseignants constituent la pierre d'assise des apprentissages de qualité chez les élèves.

Partant, la formation des enseignants devient le levier le plus efficace pour la réussite scolaire des élèves.

Question n°8. Comment appréciez-vous les conditions d'apprentissages en général dans votre classe?

Tableau 32: Appréciation sur les conditions d'apprentissage

Réactions

Fréquence

Pourcentage

Très bonnes

4

4,44

Bonnes

22

24,44

Assez bonnes

23

25,56

Insuffisantes

36

40

Médiocre

5

5,56

Total

90

100

De ces résultats, il est à constater que 4 enseignants soit 4,44% soutiennent, très bonnes sont les conditions d'apprentissages dans leurs salles de classes ; 22 enseignants soit 24,44% indiquent que les conditions sont plutôt bonnes ; 23 enseignants soit 25,56% donnent l'appréciation assez bonnes ; 36 enseignants soit 40% partagent l'avis selon laquelle les conditions sont alarmantes, donc insuffisantes ; et enfin, 5 enseignants soit 5,56% les qualifient de médiocre. En général, les conditions d'apprentissages sont insuffisantes par ce que la gratuité s'est fait sans planification.

Non seulement les réponses sorties des items, notre propre expérience sur terrain peut bienconfirmer la pénurie des conditions d'apprentissages viables dans la plupart des écoles que nous avons enquêté. Il n'est pas étonnant de dévoiler ici l'insuffisance en bancs, pupitres et autres mobiliers scolaires. Les élèves s'assoient à même le sol.

Question n°9. Pensez-vous que le moment était indiqué pour la proclamation officielle de la gratuité de l'enseignement élémentaire dans notre pays ?

Tableau 33: Analyse critique de la période où la gratuité a été proclamée

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Oui

29

32,22

Non

60

66,67

Sans réaction

1

1,11

Total

90

100

Ce tableau démontre ce qui suit : 29 enseignants soit 32,22% estiment que, malgré les différentes contraintes, l'heure était venue pour promouvoir l'égalité de chances à tous les enfants congolais d'avoir accès à l'éducation de base; 60 sujets soit 66,67% supputent que, du point de vue des indicateurs, le moment n'était pas encore indiqué pour se lancer dans une telle aventure ; 1 enseignant soit 11,1% n'a pas fourni un quelconque avis.

L'acception, le chef de l'Etat a mis la charrue devant le boeuf revient ici au cours d'un entretien avec un instituteur de l'EP MAINDOMBE. Techniquement, le président de la République devait charger au MINEPST la mise en oeuvre de l'intention compte tenu de la maitrise du secteur par ses différents services techniques et structures d'appui. Le ministère à son tour favoriserait une approche participative en vue d'obtenir l'adhésion de toutes les parties prenantes à la vision gouvernementale et aux réformes à entreprendre, ainsi que leur implication effective dans l'élaboration des mesures d'accompagnement.

Les pressions qui rongent la gratuité de l'enseignement aujourd'hui découlent autrement d'une absence presque totale du processus de planification. Un nombre important des sujets concernés par cette étude ont indiqué que l'heure n'était pas au rendez-vous pour appliquer une gratuité qui soit totale. Il fallait évoluer progressivement selon le contexte et le cadre économique du pays.Présentement, les mécanismes institutionnels et techniques conçus pour la mise en oeuvre des objectifs stratégiques surtout la gratuité manquent d'efficacité et de pertinence.Dans cette recherche d'équilibre entre action immédiate et analyse prospective, entre créativité et planification, il convient de considérer la situation actuelle dans la perspective de la reconstruction afin que les actions d'aujourd'hui préparent les réformes nécessaires à un avenir de progrès.

Au regard des changements inscrits à l'ordre du jour, la planification stratégique reste le moyen le plus efficace pour le MEPST de clarifier sa vision et sa mission. Elle est aussi l'occasion pour lui de définir ses objectifs stratégiques et de choisir les priorités en matière de développement du sous-secteur. Elle offre également un cadre référentiel que les acteurs situés aux différents niveaux du système peuvent s'approprier et qui sert de base commune pour faire converger les actions individuelles et collectives en direction des changements majeurs à entreprendre.En même temps, elle dote le MEPST d'un cadre de mesure de performances lui permettant de suivre et d'évaluer régulièrement les progrès accomplis dans la réalisation de sa mission sur la base de critères et d'indicateurs préalablement définis.

Le renforcement des capacités locales de gestion, entre autres, par la formation des « gestionnaires » au niveau de l'administration et de l'école et par la mise en place de procédures permettant la traçabilité serviraient d'un véritable passeport pour réussir à faire asseoir la gratuité. Le MINEPST doit renforcer sa mission de développer un leadership participatif et partenarial pour construire avec les acteurs éducatifs et les autres partenaires un système éducatif inclusif,diversifié, pertinent et de qualité.

Question n°10. Qu'est-ce que, selon vous, le gouvernement devrait préalablement faire pour institutionnaliser la gratuité de l'enseignement primaire?

Tableau 34: Ce que le gouvernement devait faire en avant-plan

Avis des enquêtés : contradictoires mais complémentaires

F

%

1

Un nombre d'enseignants estiment qu'il était nécessaire de commencer par revaloriser la fonction enseignante  par l'amélioration des conditions de vie; un salaire décent avec autres allocations et doter les écoles des moyens financiers suffisants.

43

34,4

2

Pour cette catégorie des enquêtés, le gouvernement devait commencer par la construction des nouvelles écoles pour rationaliser l'offre éducative face à l'explosion démographique. Mais aussi le recrutement et payement des nouvelles unités à tous les niveaux.

40

32

3

Une partie fait remarquer que l'appel au dialogue consensuel avec les enseignants et tous les acteurs éducatifs servirait d'un sauf-conduit à l'appropriation de la vision du Chef de l'Etat qui vient réveiller les dispositions légales consacrant la gratuité de l'éducation. Ce groupe de sujets réfléchissent que le gouvernement devait commencer par préparer les acteurs éducatifs, discuter avec les praticiens et dégager un consensus sur l'opérationnalisation ;tenir compte de la mise en place des dispositifs de première nécessité pour réussir le pari de la gratuité ;les péripéties de résolution des préalables ;Tenir compte des critères de recrutement des nouveaux élèves dans les établissements.

37

29,6

4

Certains d'autres pensent que le gouvernement ne devait rien faire, il a fait ce qu'il fallait faire. Proclamer la mise en oeuvre de la gratuité de l'éducation de base suffit. Ils soutiennent qu'il ne manquait presque rien, la question était liée au manque de volonté politique. Quels que soient les défis, la gratuité de l'enseignement a allégé les ménages du paiement des frais de scolarité de leurs enfants et beaucoup d'enfants jadis non scolarisés ont rejoint le chemin de l'école.

5

4

Question°11. Pensez-vous que, l'école congolaise, dans les conditions actuelles, plus particulièrement dans la classe où vous enseignez, la gratuité de l'enseignement puisse y avoir quel impact sur la qualité de l'enseignement ? Si positif, démontrez ! Si négatif, pourquoi?

Tableau n°35: Impact de cette première phase de la gratuité sur la qualité de l'enseignement

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Justification

Fréquence

Pourcentage

Positif

18

20

Ont justifié

88

97,78

Négatif

70

77,78

N'ont pas justifié 

2

2,22

Sans réaction

2

2,22

Total

90

100

Total

90

100

Le tableau ci-dessus démontre brièvement que 18 sujets, soit 20 % projettent que, même dans les conditions actuelles, la gratuité de l'école primaire impactera positivement sur la qualité de l'enseignement. Ils arborent ensuite, accorder l'égalité de chance à tous les enfants congolais d'avoir accès à l'éducation de base, est un signal fort et un tournant décisif qui traduit la volonté de l'Etat congolais à redynamiser son système éducatif. Pour eux, le quantitatif va faire un vibrant appel au qualitatif.

En désaccord, 70 sujets soit 77,78% considèrent que, lancée dans les conditions actuelles, la gratuité de l'école primaire impactera négativement sur la qualité de l'enseignement. Les partisans de cette opinion supputent que la réussite des objectifs éducatifs est liée à plusieurs facteurs sans lesquels les résultats seraient virtuels. Ils citent ici parmi ces facteurs, la motivation du personnel enseignant, l'aménagement des moyens pédagogiques et didactiques, etc. Selon eux, notre gouvernement a couru très vite en besogne, puisque, sur terrain, les enseignants sont démotivés et que les matériels les plus élémentaires pour un encadrement pédagogique optimal font cruellement défaut. Les enseignants révèlent qu'ils font face aux multiples défis dans leurs salles de classes.

Les chefs d'établissements ont recruté les nouveaux élèves, non selon les critères de l'administration scolaire, mais suivant l'ordre du gouvernement qui somma les bourgmestres d'instruire aux gestionnaires d'écoles de recruter sans trop d'exigences ; dévoile un enseignant de l'EP1 BAHUMBU.

Ce qui a fait que soient recrutés, de manière désordonnée, et les réintégrés du système, les réintégrés hors système sans aucun test de réintégration encore moins le recours au taux d'encadrement et de la disponibilité des places dans les classes sollicitées. Maintenant les écarts entre le développement cognitif des élèves s'avèrent très significatifs. La situation suscite des doutes et les enseignants demeurent sceptiques à l'incidence de la gratuité sur la qualité dans les conditions actuelles. Ensuite, 2 sujets soit 2% n'ont pas réagi à la question.

Question n°12. Que faut-il faire, selon vous, pour stabiliser le pari gagné de la gratuité de l'enseignement et y parvenir à l'adéquation gratuité-qualité ?

Du moins à cette question, nous avons dégagé l'unanimité des sujets, rarement dans les recherches en sciences humaines. C'est-à-dire tous les enquêtés ont reconnu la nécessité de concevoir des bonnes politiques pour baliser le chemin de réussite à l'initiative salutaire que fructueuse prônée par l'Etat Congolais. Après compilation des différents items et analyse des avis tirés des entretiens, nous avons regroupés les éléments de réponse dûment complémentaires qui se résument en ces termes :

Tableau 36: Propositions des enseignants pour stabiliser le pari gagné de la gratuité de l'enseignement et parvenir à l'adéquation gratuité-qualité 

Propositions

F

%

1

Améliorer les conditions de vie des enseignants et revaloriser la fonction enseignante, allouer un budget conséquent à l'éducation.

49

28,82

3

Outiller les écoles de bonnes infrastructures, construire les nouvelles écoles, réhabiliter les anciennes en état de dépréciation et ajouter des locaux dans l'enceinte des écoles où il y a encore de l'espace pour contenir l'afflux d'élèves provoqués par la gratuité.

43

25,29

4

Améliorer les conditions d'apprentissages sur tous les plans y compris les bancs et pupitres.

32

18,82

5

Initier des nouvelles approches pédagogiques et méthodologiques pour relever la qualité de l'enseignement.

32

18,82

6

Assurez la formation des enseignants.

10

5,88

7

Repenser les programmes de formation en les adaptant l'enseignement aux besoins de la société, aménager aussi l'emploi du temps pour la leçon et les horaires de cours.

4

1,35

Nous voudrions argumenter l'acception la « revalorisation de la fonction enseignante et du renforcement des capacités des éducateurs. » Cette notion revient plusieurs fois aux différents entretiens que nous avons eu avec les enseignants du secteur, (voir les résultats de nos items). En dépit des avancés, les plaintes sont unanimes pour larmoyer la modicité de l'enveloppe salariale des enseignants face à la détérioration de la vie sociale, et surtout, la tentative d'ablation du protocole d'accord portant augmentation de salaire palier connu sous le nom de l'accord de Bibwa.

Nous pouvons noter, tant que les principaux artisans de l'école resteront insatisfaits, il sera aussi illusoire et fallacieux d'imaginer la stabilisation de la gratuité. Dit-on si l'on veut que le maître soit utile, il faut qu'il soit respecté et jouir d'une vie qui lui assure un certain prestige. La mission de l'enseignant devient particulièrement complexe lorsque l'efficacité de l'école devient une exigence première. Bien payer l'enseignant a une dimension psychosociale très claire qui a des effets visibles sur le rendement de ce dernier.Par ailleurs, la démotivation et le mauvais moral des enseignants peu rémunérés sont autant de facteurs qui affectent négativement leur rendement. S'y ajoutent la faible attractivité de la profession et les difficultés de renouvellement du corps enseignant.

A en croire, malgré l'éventuelle augmentation des recettes de l'État au cours de la période en termes de chiffres, les dépensespubliques en faveur de l'EPSP n'ont cessé de décroître. L'Etat n'a pas été à mesure de concilier le catalogue d'intentions à la réalité. Cette situation a pour conséquence le délabrement des infrastructures scolaires et l'insuffisance des équipements et des matériels pédagogiques.

La part de budget allouée à l'éducation et dans le primaire en particulier stagne ou diminue en raison du manque de liquidités, de l'apparition de nouvelles priorités budgétaires et d'un faible engagement politique. Le développement et la mise en oeuvre d'une stratégie nationale permettront de répondre de manière complète aux problèmes concernant le statut social, la motivation, la rémunération, la formation, le déploiement et la gestion de l'enseignant. Cette stratégie visera essentiellement à améliorer les conditions de travail et la maîtrise du métier d'enseignant.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery