1.9. La Régulation pédagogique et
l'efficacité du système scolaire
L'efficacité du système scolaire faisait alors
l'objet d'un constat fort pessimiste. On tirait un bilan mitigé des
réformes qui prétendaient compenser les handicaps
socio-culturels, sans vraiment comprendre les raisons de ces échecs.
Cette confusion et cette déception ont amené certains chercheurs
à explorer d'autres voies, et notamment à s'intéresser de
plus près à certains établissements qui semblaient exercer
une influence significative sur la vie de leurs
élèves, enseignants, voire sur la communauté
éducative environnante entière. En analysant les
caractéristiques organisationnelles et contextuelles de ces
écoles performantes, on pouvait espérer identifier les conditions
de l'efficacité en éducation.
Insister sur l'autorégulation des établissements
conduit à lui accorder une autonomie importante, tant au stade de
l'explicitation des critères et du diagnostic qu'à celui des
actions entreprises. Cette conception tranche radicalement avec les pratiques
bureaucratiques et centralistes encore actuellement en cours dans la plupart
des systèmes scolaires. Elle repose implicitement sur un ensemble de
postulats quant à la manière dont s'opère le changement
(David cité par Gather, 1982):
1. Aucun changement ne se produit si l'on ne tient pas compte
des caractéristiques particulières de l'école et du milieu
qui l'entoure; 2. Les enseignants ne prendront aucun intérêt
personnel au changement s'ils ne sont pas associés aux décisions
qui concernent les objectifs et les démarches adoptées;
Dès qu'un effort de planification incite le corps
enseignant à prendre conscience de la situation et à y
réfléchir, les chances sont beaucoup plus grandes que le
personnel modifie son comportement et ses attitudes face à
l'innovation.
Le Boterf (2008, p.101) pense que dans les reformes scolaires,
il faut adopter une ingénierie de parcours plutôt qu'une
ingénierie de programme. André de Peretti,lorsqu'il
préface le livre de Donnay Jean et CHARLIER Evelyne (1990), Comprendre
des situations de formation, il recommande que les innovateurs adoptent la
rénovation de l'enseignement par une « ingénierie
pédagogique» et non par les discours politiques. Ce qui n'est le
cas en RDC !
D'un point de vue économique, ainsi que le
démontrent de récentes recherches,
l'éducationapparaît comme une condition du décollage
économique, sous réserve d'atteindre un « seuil critique
» de population éduquée. Cette exigence appelle donc des
politiques éducatives ambitieuses, pour permettre le changement
d'échelle requis dans le développement jusqu'à
présent encore trop progressif des systèmes éducatifs.
Il importe de tenir compte de la qualité de
l'éducation pour espérer des effets bénéfiques sur
la croissance. En effet, le nombre d'années d'études poursuivies
ou le diplôme obtenu n'est qu'une mesure approximative du potentiel de
productivité des individus, lequel dépend plus directement des
savoirs et savoirs faire réellement acquis à l'école et
mobilisés en cours d'emploi. Or, en Afrique, les tests internationaux
standardisés sur les apprentissages des élèves montrent
une faiblesse générale, et une grande variété,
à la fois entre pays et entre élèves d'un même pays.
Une politique spécifique d'amélioration de la qualité et
de réduction des inégalités dans cette qualité, ne
peut qu'avoir des effets bénéfiques sur le volume et la
composition du capital scolaire, et ultimement sur la croissance.
Du point de vue du développement humain, le rôle
de l'éducation est également réaffirmé à
plusieurs niveaux. L'éducation primaire complète est un passage
obligé pour que les futurs adultes soient durablement
alphabétisés, six ans de scolarisation s'avérant
être un strict minimum pour ne pas oublier ses connaissances en termes de
lecture et écriture. Or, cette éducation de base, non seulement
prévient les risques de pauvreté, mais elle permet
également d'en sortir d'une génération à la
suivante.
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