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Intervention des nations unies en Haïti de 2004 à  2017, au regard de la constitution haïtienne en vigueur et des normes juridiques internationales.


par Nem Jean-Baptiste
Faculté de Droit des Sciences économiques et de Gestion du Cap-Haïtien, Université d'état d'Haïti - Licence en Droit 2012
  

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CHAPITRE V

PROPOSITIONS POUR UNE RÉDUCTION DE L'INTERVENTION ONUSIENNE EN

HAÏTI

Nous voilà arrivé au dernier chapitre réalisé dans le cadre de la recherche. Il poursuit l'objectif de développer l'hypothèse transformative de notre problème de recherche. Ainsi, des solutions théoriques et pratiques calquées sur l'État de droit sont proposées et développées. La formule que nous utilisons pour la rédaction est la suivante : les propositions sont énoncées puis justifiées. Il s'agit donc de répondre à deux questions : Qu'est-ce qu'il faut faire pour réduire les risques d'interventions onusiennes en Haïti ; Comment le faire ?

Nos recommandations seront donc particulièrement inspirées des propos de Louis Favoreu et al. (2010, p. 31) précisant que l'État de droit, aujourd'hui, repose sur trois piliers :

- L'encadrement juridique du pouvoir : la Constitution - Le contrôle du pouvoir : la justice constitutionnelle - La division (horizontale et verticale) du pouvoir

En rapport avec les différents facteurs ayant favorisé l'intervention des Nations Unies en Haïti, nos principales propositions pour contrer d'autres projets d'intervention onusienne en Haïti sont les suivantes :

1- L'encadrement juridique de la souveraineté de l'État par l'État de droit

2- Le renforcement des capacités juridiques et institutionnelles des Pouvoirs de l'État

1. L'encadrement juridique de la souveraineté de l'État par l'État de droit

Si la théorie pure du droit élaborée par Kelsen misant sur la hiérarchie des normes, reste au coeur de l'État de droit, l'exigence d'une normativité misant sur les droits et libertés éclipse le paradigme d'un droit pur, le droit devant désormais tirer sa légitimité des droits et libertés de l'homme que l'État doit respecter et protéger (Mondélice, 2015). Ainsi donc l'idée kantienne de la quête de la paix par le droit sera au centre des propositions à formuler ici pour qu'Haïti puisse se mettre à l'abri des interventions étrangères.

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1.1 Vers une conception relativiste de la souveraineté de l'État

Notre première sous-recommandation est celle d'une conception de la souveraineté calquée sur l'État de droit. Pour cela, la prééminence de la loi doit être vue comme la condition nécessaire à son effectivité. L'État souverain doit donc être en mesure de satisfaire l'ensemble de ses obligations légales exprimées dans la constitution et dans les instruments juridiques internationaux.

Nous partageons ici les propos de Drieu Godefridi (2004, p. 147) lorsqu'il affirme que dans l'État de droit, les ordres doivent être conformes aux règles ; les normes doivent être hiérarchisées. Alors et alors seulement, peut-on dire que cet État est régi par des règles, non par des hommes. L'État de droit se caractérise donc par une pluralité de fonctions : fonction législative d'élaboration des règles, fonction exécutive d'élaboration des ordres, fonction juridictionnelle de contrôle de la conformité des ordres et des comportements des sujets de droit aux règles.

Dans un contexte comme celui-ci marqué par la défaillance de l'État haïtien, la loi ou encore les normes doivent à nouveau occuper une place de choix dans la vie de la République. Ainsi donc à la lumière de ces considérations, dans l'exercice de sa souveraineté, l'État doit tout faire pour combattre l'arbitraire. Tous les actes du gouvernement doivent émaner de la loi et suivant le principe de la hiérarchie des normes.

L'État souverain est donc cet État qui est respectueux des normes juridiques établies. Car, le concept Souveraineté doit davantage être vu comme une « responsabilité ». Une responsabilité d'obligations des normes établies concernant les fonctions régaliennes de l'État et les droits humains entre autres. Dans le jargon des Nations unies, la responsabilité de protéger est représentée sous le sobriquet de « R2P ». Les premières tentatives de ce genre datent de la fin des années 1990. À cette époque, le secrétaire général des Nations unies invitait les États membres à réfléchir sur les éventuelles contradictions qui pouvaient surgir entre la conception absolutiste de la souveraineté et les violations massives et systématiques des droits humains. Faisant suite à cet appel, le gouvernement du Canada accompagné d'un groupe de grandes fondations annonçaient à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2000 la création d'une commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des États. Celle-ci, présentait son rapport, approuvé à l'unanimité de ses douze membres, signé par Gareth Evans et Mohamed Sahnoun, le 30

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septembre 2001. Il s'agit d'un texte de 71 pages qui a servi de base à l'élaboration et à l'adoption des § 138 et 139 du document final de New York du 16 septembre 2005. Dans le même sens, la résolution 1674 du Conseil de sécurité sur le renforcement des efforts de protection des civils en période de conflit armé, particulièrement des femmes et des enfants, ainsi que la responsabilité d'accompagnement de la communauté internationale. À l'OIF : La Francophonie s'est prononcée à diverses reprises en faveur de la R2P. Dans sa déclaration de Ouagadougou puis dans celle de Saint-Boniface le 14 mai 2006.

La « responsabilité de protéger » : suppose par dessus tout, une responsabilité de réagir devant des situations où la protection d'êtres humains est une impérieuse nécessité. Quand les mesures de prévention ne parviennent pas à résoudre le problème ou à empêcher que la situation se détériore, et quand un État ne peut pas, ou ne veut pas, redresser la situation, des mesures interventionnistes de la part d'autres membres de la communauté des États dans son ensemble peuvent s'avérer nécessaires. Ces mesures coercitives peuvent être d'ordre politique, économique ou judiciaire et, dans les cas extrêmes - mais seulement dans les cas extrêmes -, elles peuvent également comprendre une action militaire. L'un des principes premiers, en matière de réaction comme en matière de prévention, est qu'il faut toujours envisager les mesures les moins intrusives et coercitives avant celles qui le sont plus. (Commission internationale de l'Intervention et de la Souveraineté des États, 2001, p. 33).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry