CHAPITRE III : IDENTIFICATION ET CLASSIFICATION DES
PRATIQUES AGROECOLOGIQUES DANS LE MARAÎCHAGE DANS LA ZONE D'ETUDE
3.1. Introduction
Au Burkina Faso, l'agriculture en particulier le
maraîchage, est confronté au triple défi de la croissance
démographique, du changement climatique et de la dégradation des
ressources productives (eau, sols, forêts). En effet, les
conséquences économiques et sociales qui en découlent sont
particulièrement sensibles pour les ménages les plus pauvres,
dont la grande majorité dépend des activités agricoles
(FAO, 2018a). Dans ce contexte, le modèle actuel d'intensification
agricole, basé sur une dépendance élevée aux
intrants chimiques, une faible résilience face aux aléas
climatiques et aux bio-agresseurs et une instabilité des rendements,
n'apporte pas de réponses durables (Gravel, 2016). Aussi de nos jours,
des solutions palliatives, parmi lesquelles l'agroécologie, sont
proposées pour remplacer le modèle agricole conventionnel actuel.
L'agroécologie n'est pas un retour vers l'agriculture traditionnelle.
Cependant, elle s'inspire des connaissances et des pratiques endogènes
tout en mobilisant les apports des sciences pour répondre de
manière durable aux enjeux du XXIe siècle (Dugué et
al., 2017). En effet, il est essentiel de renforcer les échanges
entre les savoirs ancestraux, les savoirs communautaires et les savoirs
scientifiques afin d'offrir aux populations une nourriture de qualité en
quantité suffisante tout en préservant l'environnement (Meybeck
et al., 2017). Elle s'inscrit alors dans une approche participative
intégrant les pratiques et savoirs locaux (Brisse et al.,
2017). Aussi, depuis plusieurs décennies, certaines pratiques agricoles
respectueuses de l'environnement étaient connues et mises en pratique
par les paysans burkinabés. En effet, les pratiques
agroécologiques sont des pratiques agricoles particulières qui
répondent aux principes de pleine valorisation du potentiel des
écosystèmes, de protection et d'amélioration des
agroécosystèmes (Levard et Mathieu, 2018). Afin de mieux cerner
les impacts des pratiques agroécologiques, la réalisation d'une
première étape s'avère primordiale, notamment l'inventaire
des différentes pratiques en fonction des spéculations
maraîchères produites dans la zone d'étude.
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3.2. Matériel et méthodes
3.2.1. Echantillonnage
La population concernée par l'étude était
constituée par des producteurs maraîchers de la zone urbaine et
périurbaine de la ville de Ouagadougou. En ce qui concerne les
producteurs maraîchers pratiquants l'agroécologie,
l'échantillon est issu de la liste des membres du Conseil National de
l'Agriculture Biologique du Burkina Faso (CNABio). C'est une organisation
faitière qui regroupe des acteurs de l'agroécologie et plus de
soixante organisations paysannes. Les chefs de ménages sont aussi des
chefs d'exploitations agricoles. Cependant, compte tenu de la situation
sanitaire liée à l'apparition du coronavirus dans le monde et en
particulier au Burkina Faso, certains groupements agroécologiques
initialement visés n'ont pas pu être touchés. Cela
était notamment dû à l'interdiction d'effectuer des
déplacements hors de Ouagadougou pendant un certain temps. Finalement,
trois associations ont participé à l'étude ; il s'agit de
l'association Béoneere, l'association
Tind-Yalgré, et l'association ICCV Nazemsé.
Pour les maraîchers conventionnels, les producteurs ont
été sélectionnés d'une part sur différents
sites de la ville de Ouagadougou notamment les sites maraîchers de
Boulmiougou (12.330°N, 1.5783°W), de Tanghin (12.3894°N,
1.5221°W), de Kamboinssin (12.2648)N, 1.3345°W), et d'autre part sur
les sites de Loumbila (12.5167°N, 1.3833°W) et de Saaba
(12.2259°N, 1.2501°W). Afin, de mieux circonscrire notre
étude, un échantillonnage raisonné nous a permis de
sélectionner les maraîchers de sorte à retenir des
répondants ayant au moins trois (3) ans d'expérience dans le
maraîchage et pratiquant une ou toutes les trois cultures que sont
l'oignon, la tomate et la laitue (Levard et al., 2019). Au total
soixante personnes ont été concernées par les
enquêtes, de sorte à obtenir trente répondants en culture
agroécologique et trente répondants en culture conventionnelle
(tableau I).
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Tableau I:Répartition de
l'échantillon
|
|
Région
|
Sites
|
Nombre d'individus
|
Observations
|
Centre
|
Ouagadougou
|
15
|
Producteurs conventionnels
|
|
Saaba
|
5
|
Producteurs conventionnels
|
|
Komsilga
|
15
|
Producteurs agroécologiques
|
|
Koubri
|
10
|
Producteurs agroécologiques
|
Plateau
|
Roum-Tenga
|
5
|
Producteurs agroécologiques
|
central
|
Loumbila
|
10
|
Producteurs conventionnels
|
|