CHAPITRE 2 : LES ARMES BIOLOGIQUES
Les armes biologiques sont tout aussi dangereuses que les
armes chimiques, puisque toutes deux sont mortelles. La différence
consiste dans le fait que les armes biologiques datent de l'Antiquité,
car elles ne nécessitent pas de préparations particulières
: de simples cadavres ou des excréments permettent de transporter des
bactéries mortelles et provoquer des épidémies
mortelles.
Les armes biologiques ont dont fait l'objet de nombreuses
évolutions et se sont propagées au fil des siècles
(section 1).
Elles font le bonheur des terroristes, qui peuvent s'en servir
sans avoir à se déplacer eux mêmes, et leur permettent
ainsi de ne pas s'exposer à des danger. Ce phénomène
s'appelle le bioterrorisme (section 2).
SECTION 1: LA PROPAGATION DES ARMES BIOLOGIQUES
Ces armes ne sont donc pas récentes et trouvent leur
origine dans l'Antiquité, puis elles ont prospéré et
évolué au fil des siècles, au point d'être toujours
d'actualité, ce qui prouve leur efficacité (1).
Ces armes biologiques ont par ailleurs servi dans un but de
destruction ethnique, et les rend d'autant plus dangereuses (2).
§1. Une utilisation datant de l'Antiquité, et
toujours d'actualité
Les armes biologiques ont pour particularité d'utiliser
des organismes (comme par exemple des germes pathogènes) dans le but
d'affaiblir des armées ou les populations ennemies par la propagation de
maladies qui sont soit mortelles, soit incapacitantes. Elles
représentent un véritable danger, à tel point qu'elles
sont classées dans la catégorie des armes de destruction
massive.
tué entre 30 et 50% de la population européenne en
5 ans (environ 25 millions de victimes).
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Les armes biologiques sont composées de l'ensemble des
armes bactériologiques et des armes virologiques.
La première fois connue où de telles armes ont
été utilisées remonte à l'Antiquité, en
-1350 au Moyen-Orient, où les Hittites laissaient intentionnellement
dans leurs villages pillés des béliers contaminés par la
bactérie Francsisella tularensis.
Quant à la Chine, elle, procédait d'une
manière radicale, en envoyant des cadavres de pestiférés
dans les villes assiégées, ce qui constitua aussi l'un des
premiers exemples d'utilisation d'arme bactériologique, en
précisant toutefois qu'à l'époque personne ne savait qu'il
s'agissait d'une bactérie.
Autre illustration historique, Homère raconte dans
l'Iliade et l'Odyssée, que lors de la Guerre de Troie,
l'extrémité des flèches et des lances étaient
enduites de poison, et les athéniens ont empoisonné l'eau de
Cirrha avec l'hellébore.
Par la suite, au Moyen-Age, en Europe Occidentale, lors des
conflits les assaillants contaminaient les puits avec des excréments, ou
lançaient par dessus les murs d'enceinte de villes
assiégées des barils remplis de cadavres en décomposition
ou d'excréments dans un double but : démoraliser l'ennemie et
propager des maladies. L'utilisation d'armes biologique n'est donc pas
récente, et son utilisation était efficace, il s'agissait d'une
arme très facile à se procurer, dans le cas où les
armées utilisaient des cadavres ou des excréments.
Lors du siège de Caffa19 fut le
théâtre d'une grave épidémie durant
l'été 1346, suite à une bataille où des cadavres
pestiférés étaient catapultés sur les ennemis,
provoquant ainsi la mort de la plupart des assiégés. A l'heure
actuelle, les historiens pensent que ce sont les navires génois de
retour de Caffa qui ont par la suite propagé la peste
noire20, à partir de 1347, qui a décimé
près de la moitié des européens.
19 Caffa : actuelle Théodosie en Crimée
20
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La peste noire est une pandémie de peste bubonique
causée par la bactérie Yersinia pestis, et qui a
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L'humoriste Alphonse Allais, à la fin du XIX
siècle, alors que la France a perdu l'Alsace et la Moselle au profit de
l'Allemagne, déclare « au lieu de déclarer la guerre aux
Allemands, on leur déclarera la peste ou le choléra! », ce
qui illustre la volonté des population d'utiliser des armes biologiques
lors des combats.
De sordides illustrations mettent en évidence la
volonté des populations pour utiliser de telles armes, par exemple les
Allemands ont utilisé comme cobayes pour leurs armes chimiques et
biologiques des chevaux et des troupeaux entiers de bovins, qui étaient
destinés à partir pour la France. Suite à cela, les
services vétérinaires des armées françaises et
allemandes ont comptabilisé plusieurs dizaines de milliers de cas de
morve chez les chevaux durant la première guerre mondiale, sans
toutefois être capables de déterminer quelle est la part de
l'origine naturelle et celle de l'origine volontaire. Ces
épidémies ont été catastrophiques au niveau du
bilan des vies humaines, sans toutefois réussir à
déterminer précisément le nombre de victimes.
La France n'a pas hésité en 1921 à
créer une « Commission de de bactériologie » dans le
but d'établir une politique de guerre biologique, suivie en 1940 par le
Royaume-Uni, qui se muni d'une unité spéciale sur les armes
biologiques, à Porton Down. Cette unité va réaliser des
tests sur l'île de Gruinard en Ecosse , qui est contaminée en 1942
par la maladie du charbon , resta en quarantaine
21
pendant 48 ans.
Suite à cela, les Etats-Unis, qui ont senti la menace,
décidèrent de créer un centre de recherches dès
1943, et en un an une installation d'essai sur site était
opérationnelle. Les Etats-Unis ont ainsi compris l'importance et le
danger des armes biologiques, et ont tout fait pour s'armer le plus rapidement
possible.
L'Union Soviétique, elle, a débuté
dès 1927 un programme d'armement biologique, capable de fournir toute
une série d'agents pathogènes capables de provoquer la
tularémie, le typhus ou encore la fièvre Q, bien qu'heureusement
ces armes ne seront pas utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale (du
moins pas de manière connue).
21
5 millions de tourteaux comprenant de l'anthrax furent
produites
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Mais la palme de l'horreur revient à l'Empire
japonnais, qui pendant la guerre sino-japonaise (1937-1945) a autorisé
par mandat impérial la création d'une unité de recherches
bactériologiques qui a pratiqué de nombreuses
expérimentations sur des milliers de cobayes humains, avant d'utiliser
ces armes en Extrême-Orient jusqu'à la fin de la Seconde Guerre
Mondiale, notamment lors de la bataille de Changde .
22
Puis en 1943, l'Allemagne s'est dotée d'un centre de
recherches d'armement biologique à Posen, qui prouve que la
faisabilité des armes biologiques est clairement établie, et la
menace bien réelle.
A cette époque l'utilisation des armes biologiques est
difficile à établir, et certains pays sont
soupçonnés de s'en être servi lors de la Guerre de
Corée. De nombreux pays possédant l'arme biologique, la terreur
régnait, ce qui a provoqué une course à l'armement.
Au début de la guerre froide, les grandes puissances
ont ainsi continué leurs recherches en ce sens, jusqu'à
l'arrêt des Etats-Unis en 1968, lorsque le Président Richard Nixon
considère que « son arsenal nucléaire est suffisant pour se
protéger ou attaquer ».
Le 10 avril 1972, la Convention sur l'interdiction des armes
biologiques fut signée, mais son efficacité est relative car les
programmes d'armes biologiques se poursuivent toujours23. Les
soviétiques ont d'ailleurs lancé dès 1970 un programme
d'envergure pour des essais d'armes biologique, nommé Biopreparat , sans
toutefois l'admettre officiellement car sinon cela reviendrait
24
à admettre qu'ils violaient des accords internationaux.
L'efficacité de cette Convention est donc très relative, comme il
le sera étudié par la suite.
22 Bataille entre l'Empire du Japon et la République de
Chine qui causa la perte d'environ 100 000 personnes.
23 Comme en témoigne l'usine de production d'armes
bactériologiques de Sverdlosk qui laisse échapper de l'anthrax le
30 mars 1979, provoquant une épidémie qui fait entre 66 et 600
morts selon les sources.
24
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Il s'agissait d'un programme scientifique et industriel de
l'Union soviétique situé sur l'île de le
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Renaissance: en 1973 une unité responsable du programme
de recherches d'armement biologique et ses 60 000 employés ont
travaillé sur divers agents biologiques comme l'Ebola, la variole, la
peste noire, etc.
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Par la suite, des inspections internationales en Irak, alors
menées dans le cadre de l'accord de cessez le feu, qui a mis fin
à la seconde Guerre du Golfe, ont mis à jour un programme de
guerre biologique d'envergure, qui était déjà à un
stade avancé: découverte de stocks d'armes biologiques et de
bactéries. Les accords n'ont donc aucun effet, puisque les pays
continuent leur armement en secret.
En 1992, selon le Groupe Australie25, Boris Eltsine
(ancien Président Russe) avait admis que l'Union soviétique avait
mené secrètement un programme d'armes biologiques massives lors
des 20 dernières années, en précisant qu'une grande partie
des stocks avaient été détruits .
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Bien que ces destructions laisse prospérer un peu
d'espoir, certains rapport rappellent que plusieurs pays continuent
d'entreprendre des recherches dans le développement des armes
biologiques offensives.
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