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La menace terroriste chimique et biologique.


par Etienne Lorant
Université Nice Sophia Antipolis - Master 2 sécurité intérieure 2015
  

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CHAPITRE 2 : LES ARMES BIOLOGIQUES

Les armes biologiques sont tout aussi dangereuses que les armes chimiques, puisque toutes deux sont mortelles. La différence consiste dans le fait que les armes biologiques datent de l'Antiquité, car elles ne nécessitent pas de préparations particulières : de simples cadavres ou des excréments permettent de transporter des bactéries mortelles et provoquer des épidémies mortelles.

Les armes biologiques ont dont fait l'objet de nombreuses évolutions et se sont propagées au fil des siècles (section 1).

Elles font le bonheur des terroristes, qui peuvent s'en servir sans avoir à se déplacer eux mêmes, et leur permettent ainsi de ne pas s'exposer à des danger. Ce phénomène s'appelle le bioterrorisme (section 2).

SECTION 1: LA PROPAGATION DES ARMES BIOLOGIQUES

Ces armes ne sont donc pas récentes et trouvent leur origine dans l'Antiquité, puis elles ont prospéré et évolué au fil des siècles, au point d'être toujours d'actualité, ce qui prouve leur efficacité (1).

Ces armes biologiques ont par ailleurs servi dans un but de destruction ethnique, et les rend d'autant plus dangereuses (2).

§1. Une utilisation datant de l'Antiquité, et toujours d'actualité

Les armes biologiques ont pour particularité d'utiliser des organismes (comme par exemple des germes pathogènes) dans le but d'affaiblir des armées ou les populations ennemies par la propagation de maladies qui sont soit mortelles, soit incapacitantes. Elles représentent un véritable danger, à tel point qu'elles sont classées dans la catégorie des armes de destruction massive.

tué entre 30 et 50% de la population européenne en 5 ans (environ 25 millions de victimes).

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Les armes biologiques sont composées de l'ensemble des armes bactériologiques et des armes virologiques.

La première fois connue où de telles armes ont été utilisées remonte à l'Antiquité, en -1350 au Moyen-Orient, où les Hittites laissaient intentionnellement dans leurs villages pillés des béliers contaminés par la bactérie Francsisella tularensis.

Quant à la Chine, elle, procédait d'une manière radicale, en envoyant des cadavres de pestiférés dans les villes assiégées, ce qui constitua aussi l'un des premiers exemples d'utilisation d'arme bactériologique, en précisant toutefois qu'à l'époque personne ne savait qu'il s'agissait d'une bactérie.

Autre illustration historique, Homère raconte dans l'Iliade et l'Odyssée, que lors de la Guerre de Troie, l'extrémité des flèches et des lances étaient enduites de poison, et les athéniens ont empoisonné l'eau de Cirrha avec l'hellébore.

Par la suite, au Moyen-Age, en Europe Occidentale, lors des conflits les assaillants contaminaient les puits avec des excréments, ou lançaient par dessus les murs d'enceinte de villes assiégées des barils remplis de cadavres en décomposition ou d'excréments dans un double but : démoraliser l'ennemie et propager des maladies. L'utilisation d'armes biologique n'est donc pas récente, et son utilisation était efficace, il s'agissait d'une arme très facile à se procurer, dans le cas où les armées utilisaient des cadavres ou des excréments.

Lors du siège de Caffa19 fut le théâtre d'une grave épidémie durant l'été 1346, suite à une bataille où des cadavres pestiférés étaient catapultés sur les ennemis, provoquant ainsi la mort de la plupart des assiégés. A l'heure actuelle, les historiens pensent que ce sont les navires génois de retour de Caffa qui ont par la suite propagé la peste noire20, à partir de 1347, qui a décimé près de la moitié des européens.

19 Caffa : actuelle Théodosie en Crimée

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La peste noire est une pandémie de peste bubonique causée par la bactérie Yersinia pestis, et qui a

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L'humoriste Alphonse Allais, à la fin du XIX siècle, alors que la France a perdu l'Alsace et la Moselle au profit de l'Allemagne, déclare « au lieu de déclarer la guerre aux Allemands, on leur déclarera la peste ou le choléra! », ce qui illustre la volonté des population d'utiliser des armes biologiques lors des combats.

De sordides illustrations mettent en évidence la volonté des populations pour utiliser de telles armes, par exemple les Allemands ont utilisé comme cobayes pour leurs armes chimiques et biologiques des chevaux et des troupeaux entiers de bovins, qui étaient destinés à partir pour la France. Suite à cela, les services vétérinaires des armées françaises et allemandes ont comptabilisé plusieurs dizaines de milliers de cas de morve chez les chevaux durant la première guerre mondiale, sans toutefois être capables de déterminer quelle est la part de l'origine naturelle et celle de l'origine volontaire. Ces épidémies ont été catastrophiques au niveau du bilan des vies humaines, sans toutefois réussir à déterminer précisément le nombre de victimes.

La France n'a pas hésité en 1921 à créer une « Commission de de bactériologie » dans le but d'établir une politique de guerre biologique, suivie en 1940 par le Royaume-Uni, qui se muni d'une unité spéciale sur les armes biologiques, à Porton Down. Cette unité va réaliser des tests sur l'île de Gruinard en Ecosse , qui est contaminée en 1942 par la maladie du charbon , resta en quarantaine

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pendant 48 ans.

Suite à cela, les Etats-Unis, qui ont senti la menace, décidèrent de créer un centre de recherches dès 1943, et en un an une installation d'essai sur site était opérationnelle. Les Etats-Unis ont ainsi compris l'importance et le danger des armes biologiques, et ont tout fait pour s'armer le plus rapidement possible.

L'Union Soviétique, elle, a débuté dès 1927 un programme d'armement biologique, capable de fournir toute une série d'agents pathogènes capables de provoquer la tularémie, le typhus ou encore la fièvre Q, bien qu'heureusement ces armes ne seront pas utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale (du moins pas de manière connue).

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5 millions de tourteaux comprenant de l'anthrax furent produites

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Mais la palme de l'horreur revient à l'Empire japonnais, qui pendant la guerre sino-japonaise (1937-1945) a autorisé par mandat impérial la création d'une unité de recherches bactériologiques qui a pratiqué de nombreuses expérimentations sur des milliers de cobayes humains, avant d'utiliser ces armes en Extrême-Orient jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, notamment lors de la bataille de Changde .

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Puis en 1943, l'Allemagne s'est dotée d'un centre de recherches d'armement biologique à Posen, qui prouve que la faisabilité des armes biologiques est clairement établie, et la menace bien réelle.

A cette époque l'utilisation des armes biologiques est difficile à établir, et certains pays sont soupçonnés de s'en être servi lors de la Guerre de Corée. De nombreux pays possédant l'arme biologique, la terreur régnait, ce qui a provoqué une course à l'armement.

Au début de la guerre froide, les grandes puissances ont ainsi continué leurs recherches en ce sens, jusqu'à l'arrêt des Etats-Unis en 1968, lorsque le Président Richard Nixon considère que « son arsenal nucléaire est suffisant pour se protéger ou attaquer ».

Le 10 avril 1972, la Convention sur l'interdiction des armes biologiques fut signée, mais son efficacité est relative car les programmes d'armes biologiques se poursuivent toujours23. Les soviétiques ont d'ailleurs lancé dès 1970 un programme d'envergure pour des essais d'armes biologique, nommé Biopreparat , sans toutefois l'admettre officiellement car sinon cela reviendrait

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à admettre qu'ils violaient des accords internationaux. L'efficacité de cette Convention est donc très relative, comme il le sera étudié par la suite.

22 Bataille entre l'Empire du Japon et la République de Chine qui causa la perte d'environ 100 000 personnes.

23 Comme en témoigne l'usine de production d'armes bactériologiques de Sverdlosk qui laisse échapper de l'anthrax le 30 mars 1979, provoquant une épidémie qui fait entre 66 et 600 morts selon les sources.

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Il s'agissait d'un programme scientifique et industriel de l'Union soviétique situé sur l'île de le

Renaissance: en 1973 une unité responsable du programme de recherches d'armement biologique et ses 60 000 employés ont travaillé sur divers agents biologiques comme l'Ebola, la variole, la peste noire, etc.

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Par la suite, des inspections internationales en Irak, alors menées dans le cadre de l'accord de cessez le feu, qui a mis fin à la seconde Guerre du Golfe, ont mis à jour un programme de guerre biologique d'envergure, qui était déjà à un stade avancé: découverte de stocks d'armes biologiques et de bactéries. Les accords n'ont donc aucun effet, puisque les pays continuent leur armement en secret.

En 1992, selon le Groupe Australie25, Boris Eltsine (ancien Président Russe) avait admis que l'Union soviétique avait mené secrètement un programme d'armes biologiques massives lors des 20 dernières années, en précisant qu'une grande partie des stocks avaient été détruits .

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Bien que ces destructions laisse prospérer un peu d'espoir, certains rapport rappellent que plusieurs pays continuent d'entreprendre des recherches dans le développement des armes biologiques offensives.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984