SECTION 2 : LE CAS DE LA LIBYE
La Libye, de part son histoire, possède des stocks
secrets. Certains de ces stocks ont été découverts
(§1), et d'autres malheureusement ont été
dérobés, et représentent donc à l'heure actuelle
une véritable menace (§2).
§1. La Libye a de quoi armer toute l'Afrique
En raison des conflits qui ont opposé Kadhafi aux
rebelles, de nombreuses armes ont été dissimulées en Libye
(A). Certaines de ces armes chimiques proviennent directement de l'Iran (B),
qui en a livré une grande partie à la Libye.
A. La Libye: le dépôt d'armes
jihadistes
Les arsenaux de Kadhafi et des rebelles ont alimenté
les trafics au Sahel. Il aura fallu trois jours à l'armée
française pour se rendre compte qu'elle faisait face, au Mali, à
des combattants islamistes plus aguerris et mieux armées que ce qu'elle
avait anticipé « Ce qui nous a beaucoup frappés, c'est
la modernité de leur équipement, leur entraînement et leur
capacité à s'en servir», a reconnu dimanche
l'Elysée. D'où provient cet armement ? Selon plusieurs experts,
les groupes actifs au Mali et dans le Sahel se sont largement fournis en Libye
ces deux dernières années. «Une quantité
considérable d'armes a été volée durant la
révolution. Il y en a des légères, comme des kalachnikovs,
mais aussi des mitrailleuses lourdes, des lance-roquettes et des missiles
sol-air de type SAM. Des stocks de grenades et d'explosifs, dont du Semtex, ont
également disparu « raconte
Page 52 sur 93
William Lawrence, directeur de la région Afrique du
Nord pour l'International Crisis Group (ICG) .
37
En effet, le trafic selon cette ONG, aurait
débuté dès 2011, au début de la révolution.
Pour anéantir les rebelles qui s'étaient emparés de
Benghazi, Kadhafi envoie plusieurs milliers de soldats, ainsi que des
unités de mercenaires, composées entre autres, de Touaregs
maliens.
Certains d'entre eux prennent peur dès la fin du mois
de mars, dans les jours qui ont suivi les frappes de l'armée
française contre la colonne de blindés qui s'approche de
Benghazi. Ils se regroupent, rassemblent leurs armes et traversent le
désert pour rejoindre leur pays. Ces défections de mercenaires
armés par le régime libyen se poursuivront jusqu'à la mort
de l'ex-dirigeant, en octobre 2011.
Le trafic d'armes sera également alimenté par
les prises d'arsenaux du régime: à mesure qu'ils ont
avancé et repoussé les loyalistes, les rebelles ont sans cesse
récupéré de nouvelles armes. En effet, Kadhafi avait
disposé des stocks à travers le pays, aussi bien dans les
montagnes (montagnes du Djebel Nefoussa) que dans les quartiers de Tripoli. Ces
arsenaux pouvaient compter plusieurs dizaines de Bunker. Certains sites les
plus sensibles renfermaient des armes chimiques, et étaient
surveillés par la CIA, ou des membres de forces spéciales
étrangères, et ont pu être protégés, mais en
ce qui concerne les autres dépôts, ils ont tous été
pillés par les rebelles.
La propagation d'armes à travers la Libye a par
ailleurs accéléré les livraisons assurées par la
France dans le Djebel Nefoussa (à proximité de la
frontière de la Tunisie).
«Quarante tonnes d'armement, surtout des
kalachnikovs, des lance-roquettes et des explosifs, ont été
parachutées par l'armée de l'air. Le Qatar les avait
achetés et amenés par avion à la base d'Istres. La France
n'était chargée que de leur livraison», explique
Jean-Christophe Notin, auteur de la Vérité sur notre guerre
en Libye (éd. Fayard).
Que sont devenues ces armes? Rien ne dit que le trafic vers le
Sahel ait cessé, les autorité libyennes n'exercent qu'un
contrôle très limité sur les ex-brigades de rebelles.
Certaines ont été intégrées aux
37
|
L'International Crisis Group est une Organisation Non
Gouvernementale spécialisée dans la
|
résolution des conflits.
forces de sécurité, mais elles restent souvent
dirigées par les commandants actifs durant
l'insurrection.
|