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La saisie d'un compte bancaire se trouvant à  l'étranger.


par Paul Taglo Barré
Université de Ngaounderé ( Cameroun ) - Master recherche en Droit Privé Fondamental 2020
  

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B-LA PROCEDURE D'EXEQUATUR.

L'ensemble des textes examiné posent le même mode de saisine du juge de l'exequatur. La convention générale de coopération en matière de justice entre le Niger et le Mali309, la convention relative à la coopération en matière judiciaire entre les membres de l'accord de non-agression et d'assistance en matière de défense(ANAD)310, la convention générale de coopération judiciaire entre les pays de l'ex OCAM311 du 12 septembre 1961,ainsi que l'accord de coopération judiciaire entre les membres de la CEMAC312 disposent en miniature que «Le président du tribunal est saisi par voie de requête...».

306 NGONO VERONIQUE(C.) op.cit. p39.

307 MESSI ZOGO (F.R) op.cit.p49.

308 Art 30.2 du nouveau règlement.

309 Art 30 de a convention.

310 Art 33 de l'accord.

311 Art 32 de la convention.

312 Art 16 de l'accord.

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Cette procédure peut être qualifiée de gracieuse car elle réunit ses conditions. Rappelons que les conditions de la procédure gracieuse sont l'absence d'un litige et la nécessité d'un contrôle judiciaire. L'absence d'un litige signifie qu'au moment de l'introduction de la demande d'exequatur, le litige ne doit pas être né et actuel, c'est-à-dire qui aura pour effet d'amener le juge à rouvrir l'affaire. S'agissant de la nécessité d'un contrôle judiciaire, notons que cette modalité est respectée du moment où le juge s'attarde à vérifier si la décision emplit un certain nombre de conditions nécessaires à sa reconnaissance. Cependant l'on ne saurait véritablement parler de procédure gracieuse pour les conventions qui ont prévu le système de révision au fond, celui du contrôle de la loi appliquée au fond ; ce qui porterait à croire qu'il s'agit d'une procédure contentieuse313.

La procédure gracieuse est une procédure unilatérale et non contradictoire, puisqu'il est simplement question de donner effet à une décision étrangère après vérification des conditions par le juge. La procédure est sujette à discussion doctrinale. En matière d'exequatur, certains auteurs ont affirmé que l'utilisation de la procédure gracieuse signifie absence de litige quant à la question soumise au juge314. Certains objectent toutefois la nécessité d'un débat contradictoire, le caractère international de l'affaire soulevant ses difficultés propres315.

BERTRAND AUDIT a affirmé à cet effet que «le contrôle de la régularité n'est pas une formalité, la présence d'un contradicteur y est donc souhaitable316».Certes nous pouvons comme l'auteur suscité souhaiter la présence du contradicteur, mais sans trahir la pensée de ce dernier, ce ne peut être que dans une certaine mesure , car ne perdons pas de vue qu'il s'agit d'une procédure d'exequatur qui a pour finalité de conférer à la décision étrangère, la force exécutoire qui lui faisait défaut pour produire ses effets dans l'Etat requis, par conséquent elle se distingue d'une instance directe qui aurait le même objet que l'instance d'origine. La finalité première de l'exequatur est donc de rendre possible l'exécution forcée à la décision étrangère, l'exequatur est un préalable à l'exécution forcée, il ne constitue pas une mesure d'exécution317.Notons aussi que la procédure gracieuse est réputée pour sa célérité due bien sûr à l'absence des débats contradictoires.

313 MESSI ZOGO (F.R) op.cit.p53.

314 COUCHEZ(G), procédure civile, 14eme Edition Sirey paris 1986, p209.

315 MAYER(P), HEUZE(V), op cit, p301.

316 AUDIT(B), droit international privé, 3eme Edition, economica, p412.

317 NGONO VERONIQUE(C.) op.cit. p44.

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Quoi qu'il en soit, il ressort de l'ensemble des textes conventionnels et nationaux examinés que la requête aux fins d'obtention d'une décision d'exequatur doit être accompagnée à peine d'irrecevabilité des pièces suivantes :

-Une expédition de la décision réunissant les conditions nécessaires à l'authenticité ;

-L'original de l'exploit de signification de la décision ou de tout acte qui tient lieu qui tient lieu de signification ;

-Un certificat de greffier dont émane la décision, constatant que la décision dont l'exécution est poursuivie n'est susceptible d'aucun recours ;

-Le cas échéant, une copie de la citation ou de la convocation de la partie qui fait défaut à l'instance, copie conforme par le greffier de la juridiction dont émane, et toutes pièces de nature à établir que cette citation ou convocation l'a touché en temps utile318.

Cependant nous avons constaté que malheureusement les textes conventionnels examinés ne déterminent pas les délais dans lequel doit être rendue la décision. Nous pensons que le législateur communautaire et conventionnel a voulu laisser aux Etats parties la latitude d'organiser dans leurs ordres juridictionnels les dits délais.

Pour les sentences arbitrales rendues sur la base de l'A.U.A, la juridiction Etatique saisie d'une requête en reconnaissance ou en exequatur statue dans un délai qui ne saurait excéder quinze(15) jours à compter de sa saisine. Si à l'expiration de ce délai la juridiction n'a pas rendu son ordonnance, l'exequatur est réputé accordé319.

Pour les sentences arbitrales CCJA, conformément à l'article 27 du règlement CCJA révisé, si elles sont rendues conformément aux dispositions du règlement CCJA, elles ont autorité définitive de la chose jugée sur le territoire de chaque Etat partie, au même titre que les décisions juridictions rendues par les Etats. Donc l'on a plus besoin d'une autre procédure d'exequatur devant la CCJA pour conférer la force exécutoire à ces sentences. Par contre, pour recevoir application dans les autres Etats parties, une apposition de la formule exécutoire par l'autorité en charge dans cet Etat est nécessaire320

318 Art 17 de l'accord de coopération entre les membres de la CEMAC, art 35 de la convention générale en matière de justice entre les pays de l'ex OCAM.

319 Art 31 al 5 de l'A.U.A révisé.

320 Voir supra, l'article 31.2 du règlement CCJA précité.

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Ce n'est qu'une fois ces formalités accomplies que l'on pourra continuer la saisie en évoquant les opérations préalables pour sa mise en oeuvre, notamment la saisine du banquier et la dénonciation de la saisie au débiteur.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery