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Année universitaire : 2019/2020
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Master : « Sciences de l'éducation et de la
formation »
Parcours : « Ingénierie de Formation et des
Compétences »
DIGITALISATION DE LA FORMATION
Accompagnement et formation des formateurs à
la transformation digitale
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Grade de Master
Soutenu par Melek BAHAR Le 09 juillet
2020
Commission du jury composée de : M. Louis DURRIVE,
directeur de mémoire M. Emmanuel TRIBY, directeur du master et membre
du jury M. Jean-Jacques CAMUS, ingénieur de formation et membre du
jury
1
ATTESTATION D'AUTHENTICITÉ
Ce document rempli et signé par l'étudiant(e)
doit être inséré dans tous les documents soumis à
évaluation, après la page de garde.
Je, soussigné(e) : BAHAR Melek
Étudiante de : Master 2 Ingénierie de Formation et
des Compétences Année 2019/2020
· certifie avoir pris connaissance du « Guide du
Mémoire » de Master de l'INSPÉ et en particulier des pages
consacrées au plagiat,
· certifie que le document soumis ne comporte aucun
texte ou son, aucune image ou vidéo, copié sans qu'il soit fait
explicitement référence aux sources selon les normes de citation
universitaires.
Fait à STRASBOURG le 16/06/2020
Signature de l'étudiante :
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Tout plagiat réalisé par un étudiant
constitue une fraude au sens du décret du 13 juillet 1992 relatif
à la procédure disciplinaire dans les Établissement public
à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSSCP). La
fraude par plagiat relève de la compétence de la section de
discipline de l'Université. En général la sanction
infligée aux étudiants qui fraudent par plagiat
s'élève à un an d'exclusion de tout établissement
d'enseignement supérieur.
REMERCIEMENTS
Dans le cadre de ma deuxième année de master en
Ingénierie de Formation et des Compétences, je remercie
pleinement :
Monsieur Emmanuel TRIBY, directeur du master IFC.
Monsieur Louis DURRIVE mon directeur de
mémoire, merci pour ses conseils, ses remarques et son suivi tout au
long de l'élaboration de ce mémoire.
Également, tous les enseignants et les intervenants qui
nous ont transmis de nouvelles connaissances et nous ont partagé leurs
expériences enrichissantes.
Pour ces 12 mois de contrat d'apprentissage en
Ingénierie de Formation, j'exprime ma gratitude :
à M. Bernard HENTZGEN, directeur de
l'ingénierie et de l'innovation, pour sa confiance et sa
bienveillance.
À M. Jean-Jacques CAMUS, ingénieur de
formation et mon tuteur, qui m'a beaucoup appris avec ses partages
d'expériences.
Également, toute l'équipe d'ingénierie
qui m'ont très bien intégré !
Et puis, je remercie du fond du coeur :
Mes parents, ma soeur et mon frère qui ont
toujours été d'un grand soutien pour moi, qui ont su m'encourager
et ont toujours été présents.
2
Mon fiancé, Izzet qui m'a soutenu, qui a fait
preuve de patience et de bienveillance.
3
Mon binôme, Amira, sans qui je n'aurais jamais pu
accumuler autant de bons souvenirs durant ces années.
Je remercie également mes camarades de classe : Hakim,
Julie, Josiane et Paula avec lesquels nous avons partagé beaucoup
de bons moments, merci pour leur présence et tous ces mots
d'encouragement.
Toutes mes pensées à mes autres proches qui m'ont
apporté leur soutien et ont été toujours de bons
conseils.
4
RÉSUMÉ
De nos jours, le digital créent des métiers et
bouleversent les contenus des métiers déjà existants.
Comme toute organisation, les organismes de formation doivent introduire les
nouveaux outils qu'il engendre, de réadapter l'environnement de travail
de ses salariés au profit du digital à travers des projets de
changement. Les acteurs de la formation doivent alors réfléchir
à de nouvelles modalités pour répondre au mieux aux
besoins du marché. Cela nécessite de revoir les
compétences internes et l'environnement global du processus de
formation. Généralement, ces projets de changement n'aboutissent
pas à des résultats souhaités. L'importance serait alors
de mettre en place les dispositifs nécessaires pour que la
stratégie de changement de l'organisme soit en adéquation avec
les attentes et les besoins des salariés.
Pour confirmer ces propos, ce projet de recherche s'appuie sur
les études réalisées auprès de formateurs à
l'AFPA. Nous nous retrouvons face à une partie de la population qui est
séduite par ces nouveautés et une autre partie qui
préfère rester à l'écart. En adoptant la
méthode qualitative par des entretiens semi-directifs auprès
d'une population de sept formateurs aux caractéristiques disparates,
nous soulignons l'importance de prendre en compte les
spécificités et les besoins de chacun pour convenir d'un
dispositif d'accompagnement personnel ou quasi-personnel et des ateliers de
formation par niveau de connaissances et de compétences.
5
ABSTRACT
Nowadays, digital create jobs and modify the contents of
already existing jobs. Like any organization, training organizations must
introduce the new tools, adapt the working environment to the benefit of
digital technology through change projects. Those involved in training must
think of new methods to meet the needs of the market. This requires reviewing
internal skills and the overall environment of the training process. Generally,
these change projects don't achieve the desired results. So, the importance is
to implement the necessary devices so that the organization's change strategy
meets the expectations and needs of employees.
To confirm these remarks, this research project is based on
studies with trainers at AFPA. We are faced with a part of the population who
is seduced by these innovations and another part who prefers to stay away. By
adopting the qualitative method through semi-structured interviews with a
population of seven trainers with disparate characteristics, we see the
importance of taking the specificities and needs of each to agree on a personal
or quasi-personal support system and training workshops by level of knowledge
and skills.
LISTE DES ACRONYMES ET SIGLES
AFPA : Agence nationale de Formation pour
Adultes
ANI : Accord National Interprofessionnel
CAP : Certificat d'Aptitude Professionnelle
COOC : Corporate Open Online Course
CPF : Compte Personnel de Formation
CIF : Congés Individuel de Formation
DIF : Droit Individuel à la Formation
FPA : Formation Professionnelle des Adultes
FTLV : Formation Tout au Long de la Vie
LMS : Learning Management System
MOOC : Massive Open Online Course
OPCA : Organisme Paritaire Collecteur
Agrée
OPQFC : Office Professionnelle des
Qualifications des Organismes de Formation et des Conseils (devient ISQ
: Qualification des Services Intellectuels)
RAN : Remise à niveau
6
RNCP : Répertoire National des
Certifications Professionnelle
7
SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel
Garanti
SPOC : Small Private Online Course
VAE : Validation des Acquis de
l'Expérience
8
Table des matières
RÉSUMÉ 4
ABSTRACT 5
LISTE DES ACRONYMES ET SIGLES 6
Table des illustrations 10
INTRODUCTION 11
PREMIÈRE PARTIE : LA PROBLÉMATIQUE
13
1. LE CONTEXTE 13
1.1. Le contexte historique et politique du
marché de la formation 13
1.2. Les principaux acteurs et leurs rôles dans
la formation professionnelle 18
1.3. Le contexte social et économique de la
formation professionnelle 20
2. LA DIGITALISATION DE LA FORMATION
22
2.1. Le digital learning / l'e-formation
23
2.2 Le renouvellement des postures de formateur et de
stagiaire 28
3. UN EXEMPLE, L'AFPA
38
3.1. Présentation de l'organisme de formation
38
3.2. Vers l'ère du digital : La plateforme
numérique Mètis 39
4. LE CONCEPT DE FORMATION
40
4.1. L'analyse de l'activité dans le cadre de
la formation 41
4.2. Le rôle de l'entreprise 42
4.3. Le rôle des organismes de formation
43
5. LE CONCEPT DE CHANGEMENT
44
5.1. Les apports de l'ergologie et de la didactique
professionnelle 45
5.2. Les principaux freins et obstacles de changement
49
6. LE CONCEPT D'ACCOMPAGNEMENT
53
6.1. Rôle de la direction 53
6.2. Le rôle des accompagnateurs 54
6.3. La renormalisation des pratiques digitales
55
7. LES HYPOTHÈSES
56
7.1. L'hypothèse 1 : L'identification du
problème de recherche. 56
7.2. L'hypothèse 2 : L'analyse des causes
possibles du problème de recherche. 57
7.3. L'hypothèse 3 : Le plan d'action
57
DEUXIÈME PARTIE : LA DÉMARCHE
D'INVESTIGATION 57
1. LE CHOIX DE LA MÉTHODOLOGIE
58
1.1. Les raisons de ce choix 58
1.2. La grille d'entretien 59
2. LA POPULATION ENQUÊTÉE
61
2.1. Le public cible 61
2.2. Le déroulement des entretiens
61
2.3. Les caractéristiques des personnes
rencontrées 62
2.4. Les difficultés rencontrées
64
3. ANALYSE ET RÉSULTATS
66
9
3.1. Analyse des entretiens et résultat
66
4. DISCUSSION 89
TROISIÈME PARTIE : LE PROJET D'ACTION
92
1. PRÉCONISATIONS
92
1.1. Aménagement de l'environnement de travail
93
1.2. Formation : Pour l'appropriation 94
1.3. Accompagnement pour l'intégration durable
95
2. LE PLAN D'ACTION 97
2.1. La situation actuelle 97
2.2. La situation visée 97
2.3. La conception 100
2.4. L'étude d'opportunité
101
2.5. Le cahier des charges 102
2.6. La mise en place des ateliers de formation
104
2.7. La mise en place d'un accompagnement
renforcé 107
CONCLUSION GÉNÉRALE
110
BIBLIOGRAPHIE 112
ANNEXES 120
10
Table des illustrations
PREMIÈRE PARTIE LA PROBLÉMATIQUE
13
Tableau 1 : Tableau comparatif entre la
formation classique et l'e-formation 23
Schéma n°1 : La formation
mixte 25
Tableau n°2 : Les avantages des
différents types de formation 26
Schéma n°2 : Le continuum
d'autodétermination selon Deci et Ryan (1985) 34
Graphique « Données de
l'INSEE » 42
Extrait de texte n°1 : Le souci de la personne, L.
Lafortune 43
DEUXIÈME PARTIE LA DÉMARCHE
D'INVESTIGATION 57
Tableau Hypothèse 1 :
L'identification du problème de recherche 59
Tableau Hypothèse 2 : L'analyse
des causes possibles du problème de recherche 60
Tableau Hypothèse 3 : Le plan
d'action 60
Tableau n°6 : Les
caractéristiques des personnes interrogées 62
Tableau n°7 : Tableau des
réponses obtenues pour l'hypothèse 3 87
11
INTRODUCTION
La formation professionnelle des adultes est un domaine en
évolution qui n'a cessé d'attirer ma curiosité et mon
intérêt depuis mon entrée en troisième année
de licence Science de l'Éducation, parcours Médiations
Éducatives et Conseil en Formation. En parallèle de l'importance
de l'enseignement des individus, j'ai compris que la formation est un bon moyen
pour ceux qui souhaitent s'insérer, évoluer et sécuriser
leurs parcours professionnels. Par la suite, mon intégration du master
Ingénierie de Formation et des Compétences s'est
révélée davantage riche en apprentissage par
l'expérience professionnelle qu'elle m'a permise d'effectuer.
En effet, la formation m'inspire fortement par les
qualités humaines qu'elle exige. J'ai l'image de ces professionnels, en
contact permanent avec des individus, tentant de répondre au mieux
à leurs besoins et à leurs attentes dans le but d'actualiser
leurs compétences professionnelles.
J'ai eu l'opportunité de faire partie de ces
professionnels mais dans un domaine plus particulier de la formation, celle de
l'ingénierie de formation, au sein d'un organisme français, bien
connue sur le marché : l'AFPA (Agence Nationale pour la Formation
Professionnelle des Adultes). Ainsi, j'ai pu avoir une expérience
professionnelle et j'ai pu développer des compétences en
ingénierie pédagogique, en ingénierie de formation, et en
formation des formateurs à la transformation digitale. Néanmoins,
l'AFPA était connue pour être fortement attachée à
ses pratiques pédagogiques traditionnelles et durant ma prise de poste,
elle était affectée par un plan social. C'est pourquoi, la
demande de la direction était de promouvoir, par notre aide, les
produits innovants qu'elle mettait en place, lui permettant d'obtenir une
position plus sereine sur le marché concurrentiel. Elle s'est alors
engagée à la transformation digitale par la création de sa
plateforme numérique dite « Mètis » sur laquelle nos
missions principales reposaient.
Cependant, lors de ma prise de poste, plusieurs
problématiques se sont posées sur la table. J'ai pu comprendre un
réel manque de formation et d'accompagnement des formateurs aux outils
digitaux que l'AFPA leur mettait à disposition.
12
Pourtant, nous sommes conscients que la technologie a
fortement évolué et qu'elle s'est profondément
insérée dans notre quotidien. Si, nous utilisions aisément
ces outils digitaux (ordinateur, smartphone, tablette, ...) dans notre vie
personnelle, pourquoi est-ce difficile de les intégrer dans nos
pratiques pédagogiques en tant que formateur ? C'est bien cette question
que je me suis posée.
Mes missions recouvraient 18 centres de l'Afpa, j'ai pu
débuter une visite des centres pour aller à la rencontre des
formateurs et comprendre leurs besoins. Je me suis retrouvée face
à une partie de la population qui était séduite par cette
nouvelle pratique, et une autre qui préfère rester distante et
à l'écart. Au fur et à mesure du diagnostic et de
l'état des lieux que j'ai réalisé, j'ai constaté
que plusieurs causes étaient à soulever.
Au regard du diagnostic que j'ai pu établir sur le
terrain, j'ai décidé d'orienter mon projet de recherche vers
l'accompagnement à la transformation digitale au sein d'un organisme de
formation. Aujourd'hui les questions se posent sur l'avenir du marché de
travail autour de ces changements rapides qu'engendrent les technologies. Il
peut s'avérer être utile de se pencher sur ce sujet.
Dans une première partie, j'ai effectué des
recherches théoriques sur la formation professionnelle des adultes, en
traitant les contextes historiques, politiques, sociales et économiques
pour comprendre les différentes étapes qu'a traversée la
formation jusqu'à nos jours : de l'élaboration de nouvelles lois
au fur et à mesure des besoins observés, des évolutions du
marché de travail et de la place de l'individu dans la
société, notamment par l'avènement des outils digitaux.
Par la suite, j'ai étayé les concepts de formation, de changement
et d'accompagnement à l'instar de mes hypothèses
proposées.
Dans une seconde partie, la partie investigation relève
les constats élaborés par les entretiens semi-directifs avec un
public de formateurs aux caractéristiques disparates.
Dans une troisième partie, nous présenterons
notre plan d'action guidé par les éléments relevés
lors de nos investigations sur le terrain qui ont su confirmer nos
hypothèses émises dès le départ.
13
PREMIÈRE PARTIE : LA PROBLÉMATIQUE
1. LE CONTEXTE
Selon J-M Devaud (2001), la formation professionnelle se
définit comme étant « un moyen à double objectif qui
sont interdépendants : d'une part elle participe à
l'amélioration de la performance de l'entreprise et de l'autre elle
permet l'évolution professionnelle des individus ».
Nous allons dans cette partie, nous intéresser aux
contextes historiques, politiques, économiques et sociales que recouvre
ce domaine tant convoité.
1.1. Le contexte historique et politique du marché de
la formation
La formation est un domaine qui, au fur et à mesure des
changements qu'apporte l'histoire, évolue. Bien que son année
marquante ait été en 1971 avec la loi Delors1,
l'existence de la formation remonte déjà à l'époque
révolutionnaire du dix-huitième siècle à travers
l'apprentissage corporatif2.
1.1.1. Du XXème siècle ...
Nous allons évoquer l'histoire de la formation
professionnelle par les débuts du XXème siècle. A la suite
de la première guerre mondiale. En rentrant chez eux, les acteurs de
l'armée (les soldats, les officiers, les sous-officiers) se sont
trouvés en grande difficulté pour trouver du travail. En outre,
sur le marché était constaté un réel besoin de main
d'oeuvre
1 Tanguy, L. (2001). Les promoteurs de la formation en entreprise
(1945-1971). Travail et emploi, 86.
2 Troger, V. (2011). Une histoire de l'éducation et de
la formation. Sciences Humaines.
14
dans certains secteurs d'activité notamment ceux
touché par les mutations techniques et commerciales (métallurgie,
chimie, assurance...). La diversité des intérêts des
entreprises a conduit à adopter la formation comme facteur de
régulation des problématiques d'emploi et d'apprentissage. Pour
palier à ces manques, l'État a mis en place le certificat de
capacité professionnel en 1911, qui devient le certificat d'aptitude
professionnelle (CAP) à travers la loi Astier votée en 1919. Les
CAP correspondaient à des cours professionnels et obligatoires qui
permettaient de valider des qualifications liées aux métiers.
Ainsi, nous constations le début des formations « en alternance
» hors de l'entreprise par des contenus plus théoriques, et en
entreprise par des contenus techniques. En s'appuyant sur ce dispositif,
certaines entreprises ont commencé à ouvrir leurs propres
écoles d'entreprises. Néanmoins, ces dispositifs conduisant
à des différences marquantes entre les besoins de l'entreprise et
du salarié. La volonté d'uniformiser les contenus des examens
pour certains CAP a abouti aux circulaires du 3 juin 1926 et du 8 avril 1927
qui ont permis le « regroupement de 112 métiers industriel en huit
familles imposant un règlement général d'examen » et
distinguant les métiers à caractère général
de ceux à caractère local et régional3. Pendant
cette période, l'État luttait pour garder le monopole de la
formation, tandis que les entreprises occupaient de plus en plus de place.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, entre 1941 et 1943, les
centres de formation professionnels sont apparus à la demande de la
direction de l'enseignement technique, pour lutter contre le chômage des
jeunes. En ce qui concerne le contexte-post de la Seconde Guerre Mondiale, la
situation de la France est urgente, un plan de reconstruction de la France est
mis en oeuvre avec la création de la FPA (Formation Professionnelle des
Adultes). Des formations voient alors le jour pour répondre aux besoins
de main-d'oeuvre et de qualification. Le principe était d'apporter des
nouvelles qualifications aux personnes sans emploi ou
déjàÌ en emploi mais qui souhaitent se former.
Cependant, les tâches qu'effectuent les ouvriers ne nécessitent
pas un savoir-faire important. De ce fait, l'État va mettre en place une
loi-cadre qui permettra aux travailleurs d'évoluer dans le cadre d'une
formation et de favoriser la promotion sociale. Ainsi, en 1959, la loi
Debré est adoptée et repose sur le conventionnement et la
promotion sociale4.
3 Brucy, G. (2012). La légitimité du CAP
: une conquête de haute lutte. Revue française de
pédagogie. Recherches en éducation, (180), 9-18
4 Benoist, P. (2004). Michel Debré et la
formation professionnelle 1959-1971. Histoire de l'éducation,
(101), 35-66.
15
Le constat est qu'à la fin des années 50, le
métier de formateur n'est pas encore reconnu mais le besoin y est
éprouvé5.
Au cours de la période des Trente-Glorieuses
(1945-1973), nous sommes dans un contexte socio-économique assez
critique avec une multiplication des chômeurs et de population vivant
avec le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti)6 qui
accompagne le plan de reconstruction de la France. En 1966, pour sortir de
cette crise, on assiste à un accord signé entre le patronat et le
syndicat qui aboutit aux congés de formation. En 1970, il serait
désormais possible de se former sur son temps de travail grâce
à l'accord ANI7 (accord national interprofessionnel) qui
permet aussi d'instaurer le congé individuel de formation (CIF) : les
salariés pourront se former sur leurs périodes de travail mais
sans rémunération en contrepartie, et la formation devra se
dérouler post-travail.
Désormais, avec la montée des organismes, la loi
Delors du 16 juillet 1971 introduit la notion de formation professionnelle
continue qui devient une obligation nationale (loi Jules Ferry8). Il
serait alors à la charge des entreprises de plus de 10 salariés,
une obligation de dépense de formation à un taux de 0,80% de la
masse salariale brute. Cela aboutit à un marché de la formation
de plus en plus privé reposant sur les modalités d'offre et de
demande.
Avec l'amplification des textes sur la formation, le
métier de formateur commence à se consolider9.
À la fin du XXème siècle, le contexte
économique fait paraître qu'il est nécessaire
d'élargir l'accès à la formation pour un plus grand nombre
d'employés. En effet, face à l'amplification des organismes de
formation, la loi met en place « un droit de consommateur et
également un droit à la qualification » (OPQFC10)
pour les organismes de formation.
5 Laot, F. F., & de Lescure, E. (2006). Formateur
d'adultes. Entre fonction et métier. Recherche et formation,
(53), 79-93.
6 Paugam, S. (2002). Chapitre premier. Les
«trentes-glorieuses» et la pauvreté. Quadrige,
27-50.
7 Luttringer, J. M., & Seiler, C. (2005, août).
Les négociations sur la formation: la branche devient le cadre
privilégié de définition des politiques de formation
(publication n°31.1). Dares.
8 Benoist, P. (2004). Michel Debré et la
formation professionnelle 1959-1971. Histoire de l'éducation,
(101), 35-66.
9 Laot, F. F., & de Lescure, E. (2006). Formateur
d'adultes. Entre fonction et métier. Recherche et formation,
(53), 79-93.
10 L'Office professionnel des qualifications des organismes de
formation et des conseils qui devient l'ISQ (Qualification des Services
Intellectuels)
16
En 1991, toute entreprise a pour obligation de financer la
formation. En 1993, la formation est réorganisée et les OPCA
(organismes partiaires collecteurs agrées)11 sont
créés. Cette réorganisation permet aux salariés de
pouvoir se former durant leur temps de travail compris dans le plan de
formation de l'entreprise.
Selon M.Monville et D.Léonard (2008), «
l'intérêt de la formation s'est accentué dans les
années 1990 » par l'importance accordé à l'innovation
et au renouvellement des connaissances permanentes.
1.1.2. ... au XXIème siècle
En 2000, la loi Aubry votée par la réforme des
trente-cinq heures en France12, se met en place et permet d'associer
les salariés « à l'évolution de leur emploi ».
On parlera de formation tout au long de la vie en 2004, signé par l'ANI
: elle permet aux salariés de choisir sa formation, de disposer de plus
d'initiative dans la préparation de son parcours professionnel et
d'être protégé en cas de refus de participer à des
actions de formation par l'employeur13. En 2009, par la loi relative
à formation professionnelle14, deux accords sont encore
signés par l'ANI reposant sur la professionnalisation et la
sécurisation des parcours professionnels. Cette dernière a
élargi les missions des OPCA.
En 2013, on retrouve un accord par l'ANI mais sur un
modèle économique et social « au service de la
compétitivité des entreprises et à la sécurisation
de l'emploi et des parcours professionnels des salariés
»15. On assisterait à la création du conseil en
évolution professionnelle, « un dispositif d'accompagnement
permettant à toute personne (salariés, demandeurs d'emploi,
jeunes...) de bénéficier d'un service gratuit et accessible
à la
11 « Les organismes paritaires collecteurs
agréés sont des organismes chargés de collecter les fonds
de la formation professionnelle continue et de financer la formation des
salariés. ». Les OPCA sont devenues des OPCO (opérateurs de
compétence) :
https://travail-emploi.gouv.fr/ministere/acteurs/partenaires/opco
12 Loi Aubry :
https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/publication_pips_200202_n-06-3_modalites-passage-a-35-heures-en-2000.pdf
13 Brucy, G., Caillaud, P., Quenson, E., & Tanguy, L. (2007).
Former pour réformer. Retour sur la formation permanente
(1945-2004). Paris : La découverte
14 Loi n° 2009-1437 du 24 novembre 2009 relative à
l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie,
2009-1437 (2009).
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021312490&categorieLien=id
15 Loi n° 2013-504 du 14 juin 2013 relative à la
sécurisation de l'emploi, 2013-504 (2013).
https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2
pages.pdf
17
formalisation et l'élaboration de projet
d'évolution professionnelle, pour accéder à la formation
en accord avec ses besoins »16.
Par la suite, la loi du 5 mars 2014 (relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie
sociale) repose sur plusieurs stratégies en lien avec la formation. Nous
pouvons citer parmi elles, « la sécurisation des parcours
professionnels aux niveaux individuel et collectif, la conception de la
formation professionnelle comme un levier stratégique de
compétitivité, et la facilité de l'accès pour le
plus grand nombre »17. Le 8 août 2016 est voté la
loi « relative au travail, à la modernisation du dialogue sociale
et à la sécurisation des parcours professionnels » : les
objectifs qui sont clairement explicités sont les suivants : «
protéger les salariés, favoriser l'embauche, et donner plus de
marges de manoeuvre à la négociation en entreprise
»18.
Et pour finir, la loi du 5 septembre 2019 « La
liberté de choisir son avenir professionnel » impacte fortement le
domaine de la formation professionnelle et de l'apprentissage : le but
étant de donner davantage d'initiative et de liberté aux
individus par la rénovation du CPF19 (qui n'est plus
comptabilisé en heure mais en euros), le remplacement du CIF par le CPF
de transition professionnelle, le renforcement du CEP et l'assemblage des
contributions à la formation professionnelle et à l'apprentissage
en une seule contribution unique.20
16 Création du conseil en évolution professionnelle
service public :
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32457
17 Loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie
sociale, 2014-288 (2014).
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028683576&categorieLien=id
18 Loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au
travail, à la modernisation du dialogue social et à la
sécurisation
des parcours professionnels, 2016-1088 (2016).
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032983213&categorieLien=id
19 « Le projet de transition professionnelle se substitue
à l'ancien dispositif du CIF, supprimé depuis le 1er janvier 2019
: il permet, en effet, une continuité de financement des formations de
reconversion avec congé associé. Toutefois, ses contours et
modalités d'accès ont évolué. » (
https://travail-emploi.gouv.fr/formation-professionnelle/droit-a-la-formation-et-orientation-professionnelle/compte-personnel-formation)
20 Loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018, « pour la
liberté de choisir son avenir professionnel », 2018-771 (2018).
https://travail-emploi.gouv.fr/demarches-ressources-documentaires/documentation-et-publications-officielles/textes-et-circulaires/lois/article/loi-avenir-professionnel
18
1.2. Les principaux acteurs et leurs rôles dans la
formation professionnelle
L'ÉTAT
L'État est le principal acteur de la formation
professionnelle, notamment dans son administration et son financement. Cette
dernière conclue des conventions avec les organismes sur des accords en
termes de type d'actions, de public, d'objectifs et de résultats
attendus.
Deux ministères sont en charge de la formation
professionnelle : le ministère du travail, de l'emploi, de la formation
professionnelle et du dialogue social et le ministère de
l'éducation.
LES ENTREPRISES
Depuis la réforme du 5 mars 201421, toute
entreprise a pour obligation légale de contribuer au financement de la
formation professionnelle. Cette contribution diffère selon la masse
salariale. En effet, pour celles qui comptent moins de dix salariés, la
contribution est de 0,55% contrairement à un taux de 1% pour celles qui
comptent plus de dix salariés. Il est annoté que beaucoup
d'entreprises y affectent un financement plus important.
LES ORGANISMES DE FORMATION
Il existe deux statuts d'organismes de formation en France :
les organismes publics possédants à eux 20% des actions de
formation du marché professionnel et les organismes privés
représentant 80 %. Les organismes de formation22, publics ou
privés, proposent des prestations en termes de formation dans
différents domaines selon diverses modalités.
Suite à la loi du 5 mars 2014, la création du
compte personnel de formation remplace le DIF (droit individuel à la
formation). Les formations dites éligibles au CPF donnent la
21 Loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie
sociale, 2014-288 (2014).
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028683576&categorieLien=id
22 Organismes de formation : formalités administratives
:
https://travail-emploi.gouv.fr/formation-professionnelle/acteurs-cadre-et-qualite-de-la-formation-professionnelle/organismes-formation
19
possibilité aux individus d'obtenir une qualification
professionnelle et un financement de la part des différents acteurs sous
certaines conditions.23
Depuis la loi « Avenir Professionnel »24,
ces formations éligibles au CPF devront être inscrites au RNCP
(référentiel national des certifications professionnelles), et
à l'inventaire des formations. Pour sa mise en oeuvre, l'État a
mandaté un nouvel acteur qui est la caisse des dépôts et
des consignations (CDC), qui a élaboré l'application mobile de
CPF.
LES RÉGIONS
Suite aux lois de la décentralisation, les
régions occupent une place prédominante sur le marché de
la formation professionnelle. Elles mènent des politiques sur leur
territoire dans l'optique de faciliter l'accès à la formation et
à l'apprentissage et de répondre aux besoins de formation des
salariés et demandeurs d'emploi.
LES BÉNÉFICIAIRES
Tout individu dispose du droit, qu'importe son statut
professionnel, de se former tout au long de sa vie active. Il sera
rémunéré pendant leurs apprentissages et les employeurs
seront priés de prendre en charge le financement de la
formation25.
Parmi les dispositifs les plus courants, nous pouvons en citer
quelques-uns26 :
- Le plan de formation : Un plan de formation est
élaboré par le service formation ou des ressources humaines d'une
entreprise afin de proposer des formations aux salariés sur leur temps
de travail.
23 Loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie
sociale, 2014-288 (2014).
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028683576&categorieLien=id
24 Loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018, « pour la
liberté de choisir son avenir professionnel », 2018-771 (2018).
https://travail-emploi.gouv.fr/demarches-ressources-documentaires/documentation-et-publications-officielles/textes-et-circulaires/lois/article/loi-avenir-professionnel
25 La formation tout au long de la vie :
https://www.education.gouv.fr/la-formation-tout-au-long-de-la-vie-7508
26 Ibid.
20
- Le CPF de transition (remplace le congé individuel de
formation) : Les salariés auront la possibilité de suivre une
formation longue pour changer de profession et de métier.
- Le CPF (le compte personnel de formation) : Dans le but de
contribuer au maintien de l'emploi et de la sécurisation du parcours
professionnel, chaque année les actifs cumuleront en euros des droits
pour se former.
- La période de professionnalisation : Dans le cadre
d'un contrat de travail, les salariés pourront alterner formation et
travail.
- La validation des acquis de l'expérience est une
mesure qui permet à toute personne, quels que soient son âge, son
niveau d'études ou son statut, de faire valider les acquis de son
expérience pour obtenir une certification
professionnelle.27
1.3. Le contexte social et économique de la
formation professionnelle
1.3.1. Un instrument de développement
économique
Avec les évolutions du marché de travail, nous
assistons à des changements au sein des activités des individus.
D'après J-M Marx (2010), ces impacts ne visent pas seulement les
nouveaux métiers, mais les contenus des métiers
déjà existants sont tout autant influés. Dans cette
perspective, la formation est perçue pour être un pilier du
développement économique, elle a une importance décisive
puisqu'elle provoque des effets qui peuvent être déterminants pour
la performance de l'entreprise mais aussi pour l'évolution
professionnelle des individus. De ce fait, des compétences internes
solidifiées, un personnel hautement qualifié et une
amélioration de la productivité sont classés parmi les
principales attentes des entreprises.
L'investissement dans la formation représente un autre
avantage considérable, les entreprises qui y sont fortement
engagées sont susceptibles de voir leur productivité
augmentée comparée à celles qui ne le sont pas. Ainsi,
nous considérons la formation comme un garant de la
prospérité économique, ce qui justifie la volonté
de la développer davantage.
27 Lors du cours « Professionnalisation des
acteurs » de M. S. Guillon, Master IFC, Université de Strasbourg,
2018-2019
21
En effet, elle conduit à des profits supérieurs
par rapport à la norme légale (E.Quenson, 2012). C'est pourquoi
les entreprises doivent constamment s'adapter à la
réactualisation des compétences d'autant plus que la
compétitivité au sein du marché du travail s'est davantage
accentuée avec les transformations rapides dues aux nouvelles
technologies.
1.3.2. Un instrument de développement des
compétences des salariés
La formation s'oriente davantage vers le développement
des compétences des salariés. Par « compétence
», nous désignons les savoirs que la personne est en
capacité d'émettre dans une activité en
situation.28
Bien que pour l'entreprise, la formation représente une
stratégie de développement de la productivité, elle
possède aussi la spécificité d'engager les salariés
dans leur activité. Pour justifier ces propos, nous constatons que les
salariés formés sont plus performants, plus confiants et plus
motivés car ils se sentent soutenus, encouragés et
valorisés par leur employeur (E.Quenson, 2012). De plus pour le
salarié, la formation représente aussi un bon moyen de maintenir
son employabilité et d'acquérir de nouvelles qualifications,
d'actualiser ses connaissances et de se préparer à un changement
d'activité pour son évolution et son épanouissement
professionnel. Conscient du rôle actif qu'on leur donne, les
salariés ont aussi connaissance qu'ils doivent répondre aux
attentes exigées par l'employeur.
La formation représente donc un bon moyen pour aboutir
à une entreprise pérenne qui favorise le bien-être de son
personnel et ses compétences internes.
Cependant, il est à élucider que les entreprises
forment pour répondre aux impératifs de la productivité,
cela n'est pas toujours en cohérence avec le souhait des
salariés. Selon les données de l'OCDE29
(février-2019), chaque année 32% des adultes participent à
la formation liée au travail. Entre eux, « seuls 49% des
participants ont trouvé leur formation très utile pour leurs
emplois ».
Majoritairement, ce sont les personnes les mieux
qualifiées qui ont accès à la formation tandis que les
moins qualifiées sont souvent orientées vers des métiers
en tension. En parallèle, le taux des salariés participant
à des actions de formation reste relativement faible.
28 Lors d'un cours de M. E. Triby, Master IFC,
Université de Strasbourg, 2019-2020
29 Organisation de coopération et de développement
économiques
22
Et pour ceux qui n'ont pas l'opportunité de
développer leurs compétences, cela se fait ressentir dans leur
parcours car ils « se sentent fragilisés dans leurs emplois »,
selon J-M Marx (2010) et cela peut aboutir au décrochage ou à la
rupture professionnelle.
C'est pourquoi les lois sur la « sécurisation des
parcours professionnels » et sur « la liberté de choisir son
avenir professionnel » semblent décisives dans le champ de la
formation : elles visent à donner des initiatives aux individus pour se
développer personnellement et professionnellement, et surtout avec une
plus grande liberté d'accès aux formations.
1.3.3. Une obligation sociale
La formation devient une nécessité pour
l'intégration sociale des individus sachant que les changements rapides
au sein de nos sociétés sont récurrents et demandent donc
des besoins de formation.
Selon P.Dole (2010), « l'individu est auteur de son
parcours », cela conduit à se questionner sur les chemins qu'il
doit emprunter pour aboutir à une évolution de son parcours
professionnel. Il est à mettre en exergue que de nombreux dispositifs
(VAE, CPF, Bilan de compétences, ...) continuent à être mis
au point pour favoriser le développement personnel et professionnel de
l'individu. Il détient donc les « cartes en main » pour
atteindre « l'émancipations sociale et l'égalité des
chances entre les groupes sociaux », selon M.Monville et D.Léonard
(2008).
2. LA DIGITALISATION DE LA FORMATION
La France est marquée par des transformations
conséquentes sur les métiers avec les nouvelles technologies qui
restructurent les besoins en termes de compétence. En parallèle,
ces technologies ont aussi profondément impacté les
sociétés en ayant une place plus importante dans notre vie
quotidienne. Il est évident que les dispositifs digitaux (ordinateur,
tablette, smartphone, ...) font partie de nos usages fréquents. Cela
redessine les modes d'apprentissage et les activités
professionnelles.
23
2.1. Le digital learning / l'e-formation
L'ancrage de la digitalisation dans la formation a
été révolutionnaire tant par l'avènement de
nouvelles méthodes pédagogiques que des nouveaux outils digitaux.
On parle désormais dans le vocabulaire digital : d'e-formation ou
d'e-learning.
L'e-learning (ou e-formation) se définit comme
étant « une pratique de formation qui cherche à
répondre à de nouveaux besoins de l'entreprise »,
d'après B.Bachimont et al (2001), il est orienté vers le
renouvellement des approches pédagogiques en se reposant sur « des
modèles pédagogiques » ayant recours aux
potentialités que la technologie nous offre de nos jours (L.Marchand,
2003).
Tableau 1
Tableau comparatif entre la formation classique et
l'e-formation30
30 Récupéré le 4 avril de : Ammar-Mamlouk,
Z. B., & Dhaouadi, N. (2007). E-formation et développement des
compétences. La revue des sciences de gestion, (4), 177.
https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2007-4-page-177.htm
24
2.1.1. Les enjeux du e-learning
Dans notre société actuelle, l'e-learning
représente un atout considérable et dispose de nombreux avantages
auprès des organisations sur le marché concurrentiel. En soi, ce
dernier répond à plusieurs objectifs, E.Bernadin et C.Krohmer
(2009) en citent particulièrement deux : « le développement
des compétences grâce à une formation plus efficace,
puisque individualisée, et la réduction des coûts en
formant plus de personnes, plus rapidement ». À savoir que la
formation individualisée repose sur l'individualisation des parcours de
formation selon les acquis et les expériences de chacun (M
Hatano-Chalvidan, 2012).
Nous pouvons affirmer qu'il est important que la formation
offre une certaine souplesse aux apprenants, notamment en termes
d'accessibilités et de moyens. Désormais, l'e-formation
répond aux nouvelles exigences du marché du travail en permettant
aux individus de se former depuis leur poste informatique, en totale autonomie
et sur des courtes durées. Cela est d'autant plus séduisant pour
les employeurs qui pourront garder leur employé sur le lieu de travail,
et n'auront pas à gérer les frais de déplacement pour un
coût de formation moindre. C.Depover et L.Marchand (2002) montre qu'il
s'agit de « s'appuyer sur des dispositifs qui permettent d'intégrer
l'apprentissage à l'activité de travail ».
Pour les organismes de formation, mettre en place ce genre de
dispositif est d'autant plus judicieux sachant qu'il s'agit de l'une des
solutions optées par les entreprises pour former leurs salariés.
Comme les formations en présentiel, les formations ayant recours aux TIC
continuent à préserver l'autonomie personnelle des apprenants
tout en favorisant l'acquisition des connaissances et le développement
des compétences dans son cheminement. Les démarches
d'apprentissage se modifient ainsi pour s'adapter à l'évolution
des métiers et à la société. L'idée est
d'améliorer la qualité des apprentissages par le renouvellement
des approches pédagogiques. Dans cette optique, les organismes de
formation tentent d'exploiter au mieux ces nouveaux outils afin de
répondre aux besoins de formation individualisée et de formation
à courte durée accueillant un plus grand nombre.
25
2.1.2. Les nouvelles modalités de formation
Nous pouvons citer trois types de modalités de formation
:
- La formation en présentiel (ou formation
traditionnelle) : ce sont des actions de
formation, en face-à-face pédagogique avec le
formateur, pouvant avoir recours aux TIC dans le cadre d'apprentissage,
d'évaluation, de production ou de simulation (S. Gérin et al,
2019).
- La formation à distance peut être
définie comme suit : « une formation qui
libère l'apprenant des contraintes d'espace et de temps, grâce
à une rupture nette entre les activités d'enseignement et les
activités d'apprentissage » (Peraya). Elle se fait
généralement à l'aide d'une plateforme de formation
à distance.
- La formation mixte est l'aliénation
équitable des temps de formation en présentiel et à
distance avec des dispositifs technologiques numérisés. Les
parcours de formation permettront de « combiner une ou plusieurs des
dimensions suivantes : en ligne/hors ligne, individuel/collaboratif,
théorie/pratique, ... » (Bernadette
Charlier et al. 2006)
Schéma n°1
Présentiel
Mixte
Distanciel
La formation mixte 31
31 établi par l'auteur
26
Tableau n°2
Les avantages des différents types de
formation32
Type de formation
|
Avantages
|
|
|
- Contact humain (des interactions plus fluides et rapides)
- Facilité de suivi et d'attrait de curiosité
|
|
|
- Visibilité des réactions
|
|
Présentiel
|
|
|
|
- Éviter les décrochages - Dynamique de groupe
|
|
|
- Accessibilité des contenus à tout moment
|
Mixte
|
|
- Progresser à son rythme
|
|
|
- Parcours personnalisé
-Diminution des contraintes spatio-
|
|
Distanciel
|
temporelles
|
|
|
- Des ressources décentralisées
|
|
|
- Coût moindre
|
Cette nouvelle émergence du e-learning recouvre aussi
les environnements numériques de travail que B.Blandin (2006) qualifie
d'« environnement destiné à l'apprentissage ». Nous
pouvons citer (les) MOOC, (les) COOC, (les) SPOC et les plateformes de
formation. Ces derniers tentent d'apporter de nouvelles réponses aux
besoins des organismes qui sont en quête perpétuelle de solutions
et d'expériences novatrices pour répondre aux nouvelles demandes
du marché.
Différentes modalités de cours en ligne sont
destinées à former les individus :
· (Les) MOOC (Massive Open Online
Courses): Selon la definition d'Andrew Ng (2012) : « MOOCs are classes
that are taught online to large numbers of students, with minimal involvement
by professors. Typically, students watch short video lectures and complete
assignments that are graded either by machines or by other
32 établi par l'auteur
27
students. That way a lone professor can support a class
with hundreds of thousands of participants [...] Les MOOC sont des cours
qui sont enseignés en ligne à un grand nombre d'étudiants,
avec une implication minimale des professeurs. En règle
générale, les apprenants regardent de courtes
conférences-vidéo et accomplissent des travaux qui sont
notés soit par des machines soit par d'autres étudiants. De cette
façon, un professeur isolé peut soutenir une classe avec des
centaines de milliers de participants ».
· (Les) COOC (Corporate Open Online
Course) : Ce sont des cours destinés aux salariés d'une
entreprise, accessibles via une plateforme sur Internet. Les entreprises
adoptent les COOC en tant que dispositif stratégique leur permettant
« de transmettre des enseignements, informations et valeurs corporate (de
l'entreprise) au plus grand nombre » (F.Acquatella, 2016).
· (Les) SPOC (Small Private Online
Course) : « Concept that is small scale private online courses,
transliterated as «private broadcast class» (P.Guo, 2017) [...]
ce sont des cours en ligne privé à petite échelle,
translittéré comme « classe de diffusion privée
».
· Les plateformes de formation/LMS/e-learning
: Destinées aux principaux acteurs de la formation : les
apprenants, les formateurs et les administrateurs, la plateforme LMS permet
d'opter pour différentes modalités de formation
(présentiel, distanciel, mixte) en offrant aux utilisateurs un certain
nombre d'outils favorisant l'auto-apprentissage, le travail collaboratif, les
communications synchrones (chats, visioconférence) et asynchrones
(message, forum). Sa principale fonction est l'accès au contenu
pédagogique d'une action de formation à distance et en tout lieu
(B.Kouninef et al., 2007).
L.Marchand (2001) conforte l'idée qu'avoir recours aux
outils digitaux est un choix « judicieux », sachant que
l'accès aux centres de formation peut être contraignant en termes
de temporalité et de géographie pour certains apprenants. On
assiste à une rupture « des unités de temps, de lieu et
d'action entre les apprenants ». Cette éventualité
élargit les possibilités d'offre de formation en
dématérialisant les activités, les rendant ainsi plus
28
efficaces et souples. Dans ces différentes
modalités de formation et les outils de celles-ci, l'individu pourrait
alors se former depuis son poste informatique et en tout autonomie. L.Marchand
(2001) emploie le terme d'« autogestion de son apprentissage » dans
le sens où l'apprenant doit faire preuve d'autonomie et doit être
capable de gérer son apprentissage, son temps et son rythme de
progression.
2.2 Le renouvellement des postures de formateur et de
stagiaire
2.2.1. La place du formateur
L'avènement des mutations technologiques transforme
tout domaine d'activité, que ce soit dans l'organisation du travail ou
dans la posture des individus. La relation entre le digital et la formation
nous conduit à l'e-formation, vecteur de changement.
L'apparition des nouvelles modalités de formation
impacte le rôle et la posture du formateur. Comme le souligne Bachimont
et al (2002)., le formateur « n'intervient plus véritablement pour
la transmission des connaissances puisque celles-ci sont formalisées et
médiatisées ». Il passe de « seul transmetteur de
savoir » à « tuteur, accompagnateur, guideur » (P. Gil,
2000). Il lui devient alors nécessaire de disposer de suffisamment
d'acquis et d'outils pour réaliser opportunément ses nouveaux
rôles, cela passe habituellement par des formations à ces nouveaux
outils et par un accompagnement tout au long de ces processus
d'intégration.
L'accompagnement des stagiaires par l'individualisation des
parcours
Nous expliquons l'accompagnement en reprenant la
définition de P.Bouyssieres (2002) : « l'accompagnement, notion
très sollicitée de nos jours dans le champ des pratiques sociales
et notamment des pratiques formatives est souvent employée comme
synonyme de préceptorat, de tutorat, d'aide ou de suivi individuel. On
est alors proche d'une des sources étymologiques du terme : le
compagnon, avec lequel on partage les problèmes, les doutes et qui peut
comprendre, conseiller, aider, orienter ».
29
En effet, le remplacement des modes classiques de formation
rend indispensable l'accompagnement par le formateur (M.Linard, 2003), pour
suivre, guider et conseiller ses stagiaires tout au long du parcours de
formation. Nous attendons toujours de la disponibilité de sa part pour
qu'il puisse répondre présent en cas de doutes et de
questionnements. Il est à savoir que l'e-formation a de nombreux
avantages, mais il faut rester vigilant sur les problèmes techniques que
peuvent rencontrer les stagiaires afin d'éviter tout décrochage
ou abandon. La principale préoccupation doit être que l'apprenant
ne se sent pas « seul » en face de sa machine.
Pour tenter de répondre aux besoins des stagiaires, la
tendance actuelle repose sur l'individualisation de la formation. Toutefois,
les intentions restent les mêmes pour tous : le formateur doit inciter
à l'autonomie, à la prise d'initiative et à l'organisation
de son temps. Il doit maintenir son rôle d'accompagnement. Même si,
nous sommes face à un groupe hétérogène dans lequel
les apprenants possèdent des besoins différenciés,
l'ouverture des dispositifs tend à favoriser les conditions propices
à l'auto-formation, selon A.Jézégou (2006). Il devient
alors possible, de réadapter les contenus selon les besoins et les
spécificités de chacun (H.Knoerr, 2005).
2.2.2. La place de l'ingénierie de formation
Selon Afnor, l'ingénierie de formation désigne :
« l'ensemble des démarches méthodologiques cohérentes
qui s'appliquent à la conception de système d'actions et de
dispositifs de formation pour atteindre efficacement l'objectif fixé
»33. Nous considérons qu'un ingénieur de
formation est souvent responsable des dispositifs de formation
déjà existants mais son rôle consiste aussi en la
conception de nouveaux dispositifs. Parmi les piliers de l'ingénierie de
formation, nous trouvons l'ingénierie pédagogique et
l'accompagnement.
Rôle de l'ingénierie pédagogique
33 Lors du cours d'Ingénierie de Formation de
Mme A.Fischer, Université de Strasbourg, Master IFC 20182019
30
Dans son rôle d'ingénierie pédagogique,
l'ingénieur définit le contenu d'une formation. Pour cela, il
prend en compte « les connaissances et les compétences
visées, la réalisation d'une scénarisation
pédagogique des activités en cours, la définition des
infrastructures, la nécessité des ressources et des services
à la diffusion des cours et au maintien de leur qualité »
(G. Plaquette)34. Dans le cadre de la réalisation des
environnements techno-pédagogiques, le renouvellement des pratiques
pédagogiques est d'actualité. La préoccupation
prédominante serait alors de fournir des contenus favorables à
l'apprentissage en prenant en compte tous les aspects internes et externes qui
pourraient influencer le déroulement des enseignements.
À l'heure actuelle, les dispositifs sont centrés
sur l'individu et sur l'adaptation de son parcours à ses besoins et ses
spécificités individuelles. Selon B.Denis (2003), « la
création et la mise à disposition de cours et d'activités
en ligne impliquent de penser autrement la formation afin de susciter et
maintenir à distance l'activitéì individuelle
ou collaborative des apprenants ». Il est alors du rôle de
l'ingénierie pédagogique de concevoir et de proposer des contenus
répondant aux attentes de tous.
Rôle de relai/d'accompagnement
En outre de la conception et l'amélioration des
dispositifs de formation proposés dans le cadre des formations en
e-learning, les ingénieurs de formation doivent aussi accompagner les
formateurs. Lors de chaque nouvelle modification ou de création de
dispositif de formation, les ingénieurs tentent de convaincre les
formateurs vers ces changements de pratique en intégrant ces nouveaux
dispositifs dans leur pédagogie. Cependant, le digital ne fait
guère l'unanimité de tous. M-L Martinez (2005) considère
que, « progresser, c'est se séparer. Se séparer d'un
environnement, de gens, d'habitudes ou d'outils, de croyances qui conviennent
pendant un moment ; puis ne suffisent plus à notre épanouissement
»35.
34 Ibid.
35 Récupéré le 23 mai 2020, de :
Guillemot, V., & Vial, M. (2009). De l'usage du référentiel
d'activités pour s'autoriser à devenir formateur donc guide et
accompagnateur. Questions Vives. Recherches en éducation,
6(12), 93-107.
31
En s'appuyant sur les travaux adoptés par E.Baudoin et
L. Tahssain-Gay (2013), nous pouvons nous appuyer sur les trois points à
prendre en compte dans la relation formateur-digital:
ì
- « L'utilité
|
perçue » : Il faut que les
formateurs aient de l'intérêt à intégrer ces
|
nouvelles modalités dans leurs pratiques.
- « La facilité d'utilisation »
: Il ne faut pas que l'utilisation de ces nouveaux dispositifs
constitue des blocages, des freins et une charge de travail
supplémentaire pour le formateur. Il faut que ces dispositifs ne
demandent pas beaucoup d'efforts, qu'ils soient faciles d'accès et
d'utilisation.
ì
- « La qualité
|
perçue » : Ces nouveaux
dispositifs doivent disposer de contenus
|
correspondant aux besoins des formateurs, cela passe aussi par
une bonne ergonomie et une bonne guidance.
Pour mener à bien ces projets de conduite de
changement, il faut fortement impliquer les formateurs et promouvoir les
nouvelles conceptions. Nous pouvons penser à des retours
d'expérience ou des remontés d'information aux ingénieurs
de formation pour améliorer les contenus des dispositifs et les
dispositifs-mêmes.
2.2.3. La place de l'apprenant
En se basant sur l'approche socio-constructiviste36
de L. Vygotsky37, M. Abel et al. (2003) montrent que «
l'apprenant doit avoir un rôle actif dans sa formation », ce qui
signifie qu'il doit participer à la consolidation de son apprentissage.
Cet apprentissage passe notamment par la zone proximale de
développement38 et la mise en place d'une
pédagogique
36 « Il aborde celle-ci sous l'angle de son
développement, tant individuel que collectif, établissant
d'étroites relations entre les processus individuels, sociaux et
culturels en jeu dans la constitution et la validation des savoirs. »
Legendre, M. F. (2008). Un regard socioconstructiviste sur la participation des
savoirs à la construction du lien social. Éducation et
francophonie, 36(2), 68-69.
37 Lev Vygotski : 1934-1997
38 « le processus de développement ne
coïncide pas avec celui de l'apprentissage, mais que le processus de
développement suit le processus d'apprentissage qui crée la zone
du développement le plus proche » Venet, M., Correa Molina, E.,
& Saussez, F. (2016). Pédagogie universitaire et accompagnement dans
la zone
32
active39 à travers des contraintes et des
défis à relever (P. Perrenoud, L. Vygostki). Comme le souligne T.
Karsenti (2016) « les TIC ne doivent pas être un objet
d'apprentissage mais ils doivent être au service de la pédagogie
».
De l'apprentissage personnalisé à
l'autorégulation de son apprentissage
Avec l'apparition des nouvelles technologies, cette
dernière a entrainé le bouleversement des emplois, des
compétences-métiers et des organisations de travail cherchant
à s'adapter de la façon la plus efficace possible à
l'évolution du marché de travail et des
sociétés.
La citation de B. Bloom (1984) décrit le nouvel enjeu
des organismes de formation : : « Il est reconnu depuis longtemps que
l'apprentissage personnalisé est plus efficace que d'enseigner de la
même manière à tous ». Ces derniers, souvent
confrontées à des groupes de plus en plus
hétérogènes, tentent de mettre en place des formations
individualisées (ou personnalisées) en adaptant la durée,
le lieu et les contenus de formation en fonction des besoins, des attentes et
des ressources du bénéficiaire (A-F Trollat et C.Masson, 2009).
La prise en compte de la diversité des profils s'appuie sur « la
régulation des processus d'apprentissage » de P. Perrenoud (1993)
pour la reconnaissance des spécificités individuelles.
La régulation des processus d'apprentissage repose sur
la prise en compte des acquis réels de l'apprenant pour adapter son
parcours de formation vers les acquis visés. Dans ce cadre,
l'idée est de mettre en évidence « les acquis effectifs de
chacun et les ressources qu'il peut mobiliser, pour investir en fonction du
chemin qu'il lui reste à parcourir, des obstacles qu'il va rencontrer,
de son adhésion au projet de formation » (Perrenoud, 2002). Par
ailleurs, le point de départ de chacun devrait être de disposer de
l'équipement et du matériel adéquat pour atteindre les
objectifs fixés. Il faudrait aussi intérioriser cette «
culture numérique » puisque les dispositifs
médiatisés demandent d'acquérir l'apprentissage en toute
autonomie. Dès lors, qu'on ne prend pas en compte tous
proximale de développement des enseignants et
enseignantes en formation initiale et continue. Nouveaux cahiers de la
recherche en éducation, 19(1), 2.
39 Lebrun, M. (2007). Théories et méthodes
pédagogiques pour enseigner et apprendre : quelle place pour les TIC
dans l'éducation?. De Boeck Supérieur.
33
les prérequis nécessaires au bon
déroulé d'un parcours contenant des dispositifs
médiatisés, nous orientons les apprenants vers l'échec ou
l'abandon. En outre, la disponibilité du formateur reste toujours autant
dominante, ce dernier intervient pour la régulation de l'apprentissage
car sa présence permet le développement des individus, leur
organisation et leur collaboration en favorisant les échanges et les
modes d'interactions à leurs dispositions.
De l'autorégulation à la théorie
d'autodétermination (Knoerr, 2005)
Les nouvelles modalités d'apprentissage peuvent causer
des réticences et des frustrations des apprenants, surtout de la part de
ceux qui n'ont pas intériorisé la culture numérique. Cela
conduit à repenser les façons d'apprentissage, selon Audet
(2012).
Pour illustrer la conduite du rejet vers l'apprentissage des
outils digitaux, nous nous appuyons sur la théorie de
l'autodétermination définit par JG Laguardia et RM Ryan (2000) :
« Cette théorie soutient spécifiquement en effet que les
humains ont des besoins psychologiques fondamentaux et que leur satisfaction
est essentielle à leur croissance, à leur intégrité
et à leur bien-être [...] La satisfaction de ces besoins est ainsi
vue comme un but « naturel » de la vie, et ces besoins fournissent
une grande partie du sens et des intentions sous-jacents à
l'activité humaine »40
En s'appuyant sur cette théorie, nous pouvons citer
trois types de motivation selon les définitions de C.Louche,
C.Bartolotti et J.Papet. (2006) :
- L'amotivation : Lorsque l'individu effectue
des comportements « sans but », indépendamment de sa
volonté.
- La motivation extrinsèque : Lorsque
l'individu s'engage dans une activité où son comportement a un
but qui lui permettrait d'obtenir une récompense ou d'éviter une
sanction. La motivation extrinsèque est composée de trois
sous-catégories : o La régulation externe : Lorsque l'individu
effectue des comportements qui dépendent de « récompenses
matérielles ou de sanctions placées sous un contrôle
extérieur (par autrui) ».
40 Traduit et adapté de l'anglais par Albert Drouin,
Revue québécoise de psychologie, 21(2), 2000
o
34
La régulation introjectée : Lorsque l'individu
intériorise les contraintes qui étaient, à l'origine,
externes.
o La régulation identifiée : Lorsque l'individu
effectue un comportement volontairement et qu'il le valorise.
- La motivation intrinsèque : Lorsque
l'individu réalise une activité pour elle-même, pour la
satisfaction et le plaisir qu'elle lui procure.
Schéma n°2
Le continuum d'autodétermination selon Deci et Ryan
(1985)41
D'après les travaux de Knoerr sur la motivation, nous
considérons que la motivation est un facteur clé pour
l'apprentissage. Par ces propos, Grégoire et al (1996) considère
qu'il y'a trois effets positifs des TIC sur la motivation à apprendre,
nous les citons
:
- « Le développement des
compétences individuelles »
- « L'intérêt pour une
activité d'apprentissage »
- « L'augmentation du temps et de
l'attention consacrée à des activités d'apprentissage
».
41 Récupéré le 3 juin 2020, de :
http://flowmanagement.fr/motivation-extrinseque-motivation-durable/
35
L'intégration des TIC dans les parcours
pédagogiques a réellement de l'efficacité s'ils tentent
d'accroitre l'autonomie et la motivation à apprendre de l'apprenant.
Nous considérons, par les différents enseignements reçus,
que l'un des moyens pour susciter la motivation est de se baser sur la vision
socioconstructiviste en fournissant aux apprenants des dilemmes et des
défis à relever. Cela déclencherait l'autonomie, la
curiosité et le dépassement de soi. La mise en place des
situations-problèmes testerait la capacité des individus à
aller au-delà des contraintes qu'ils peuvent rencontrer dans la vie
courante. La réussite face à ces actions serait
déterminante dans leurs apprentissages. Pour susciter ces diverses
réactions, les modalités et les outils qu'offrent le digital de
nos jours conduit à adopter des contenus plus ludiques et interactifs.
En passant par la scénarisation des parcours, par des simulations ou des
jeux sérieux42, les ingénieurs et les formateurs
tentent de dynamiser les dispositifs médiatisés pour amener
l'apprenti plus facilement vers la progression.
De la motivation au sentiment d'efficacité
personnelle
L'étude du sentiment d'efficacité personnelle
repose sur la théorie sociocognitive de Bandura43. Cette
étude se base sur les « croyances dans ses propres capacités
à organiser et exécuter les séquences d'actions propres
à obtenir certains résultats » (Bandura, 199744).
Ces croyances peuvent être modifiées et développées
tout au long de la vie en fonction des expériences que rencontrent
l'individu (B.Perrault et al., 2010). Le principe est que la capacité et
le comportement d'un individu sont déterminés par la perception
qu'il possède vis-à-vis de l'activité.
En général, l'individu a la capacité de
comprendre les situations qui vont l'orienter vers l'échec et la
réussite, il va avoir tendance à éviter les
activités qu'il ne se sent pas capable d'accomplir et il va se
précipiter sur celles où il a la certitude de réaliser les
performances attendues. Ses choix seront aussi orientés en fonction des
buts qu'il s'est fixé : « la croyance
43 Année de naissance : 1925
44 Récupéré le 13 mai 2020 de : Rondier,
M. (2004). A. Bandura. Auto-efficacité. Le sentiment d'efficacité
personnelle. Paris: Éditions De Boeck Université, 2003.
L'orientation scolaire et professionnelle, (33/3), 475476.
36
de pouvoir atteindre un but détermine non seulement la
mobilisation de la personne dans cette perspective mais encore prédite
l'atteinte de ce but » (B.Perrault et al., 2010).
Le sentiment d'efficacité personnelle rejoint le
concept de la motivation en formation, « l'idée est que les
croyances que possède l'apprenant en ses capacités à
réussir jouent un rôle crucial dans son engagement et ses
performances », d'après B.Galand et M.Vanlede (2004). Ces croyances
participent à « l'engagement initial dans une activité,
à la définition des buts, à l'effort fourni pour atteindre
ces buts, qu'à la persistance devant les difficultés
rencontrées pour réaliser un but » (Bandura et Locke,
200345) »
Malys et Rondier (2004) étayent quatre types de sources
d'information permettant à l'individu « d'acquérir un
certain degré d'efficacité personnelle pour un comportement
donné » :
- L'expérience active de maitrise se base sur la
capacité personnelle des tâches effectuer : le succès de
l'individu lors d'une activité lui permettrait de renforcer sa croyance
en ses capacités personnelles, tandis que l'échec provoquera le
sentiment inverse.
- L'expérience vicariante ou l'expérience
indirecte se fonde sur « le phénomène des comparaisons
sociales, c'est-à-dire sur l'observation » : l'observation de la
réussite d'un de ses pairs peut amener l'individu à renforcer sa
croyance en ses capacités à réussir, tandis que
l'échec d'un de ses pairs « remettra en doute sa propre
efficacité ».
- La persuasion verbale repose sur l'impact des conseils, des
aides, des suggestions qui peuvent permettre à l'individu
d'accroître sa confiance en sa capacité à réussir
une activité.
- Les états physiologiques et émotionnelles
signifient que l'état aversif d'un individu peut influencer sa
capacité à réussir. Si l'individu est
préoccupé par son état, cela peut le mettre en doute par
rapport à ses capacités personnelles, tandis que, s'il n'y
prête pas attention, il sera plus enclin à réussir.
45 Meyer, T., & Verlhiac, J. F. (2004).
Auto-efficacité : quelle contribution aux modèles de
prédiction de l'exposition aux risques et de la préservation de
la santé?. Savoirs, (5), 117-134.
37
Les mécanismes de ludification : les jeux
sérieux ou serious game
Dans le but d'améliorer l'engagement et
d'accroître la motivation des apprenants, il peut être essentiel de
mettre en place des contenus innovants. D'après P.Cohard (2015) «
les nouvelles plateformes mobiles, la dématérialisation de
l'offre de jeux vidéo ainsi que les nouvelles formes ludiques (serious
games) sont les nouveaux axes de développement de ce marché qui
témoignent de sa vitalité et d'une demande importante ». Les
jeux sérieux sont des « applications d'apprentissage par le jeu
» (Jercic, Astor, Adam, & Hilborn, 2012) et proposent des contenus
amusantes et facile à intégrer.
La réalité est que les formations via des
dispositifs digitalisés ne conduisent pas toujours à des
réussites, souvent les individus se découragent et cela les
amènent à décrocher et à abandonner la formation.
Certaines solutions s'appuient sur l'utilisation des jeux sérieux
(serious game) ou sur la ludification des environnements existants (B.Monterrat
et al., 2017). Les deux auront pour objectif de permettre l'engagement dans des
dispositifs hybrides et ainsi de conduire vers l'activité
d'apprentissage en tentant de motiver les individus à « s'engager
de manière extrinsèque » (Ryan et Deci, 2000).
Ces contenus sont souvent associés à des
récompenses qui peuvent être sous forme de badge, de
trophée ou de compteur de points et de score (B.Monterrat et al, 2017 ).
Par exemple, chaque fois qu'un apprenant dans un parcours de formation aurait
terminé l'activité proposé par le formateur, il aura un
trophée. Ou bien, chaque fois qu'un formateur aurait apporté une
contribution particulière à l'amélioration de la
plateforme ou au développement de ses compétences
numériques, il aura un badge
Synthèse
Tout au long de cette partie nous nous apercevons que la
digitalisation de la formation restitue les rôles et les fonctions des
formateurs et des apprenants. Depuis que l'e-formation (ou l'e-learning) a fait
son émergence, les organismes de formation ont réadapté
leurs modalités d'enseignement et d'apprentissage en fonction des
nouvelles technologies numériques. La tendance prédominante
reposait sur l'individu au centre de son apprentissage en intégrant une
toute nouvelle culture du numérique pour tirer profit des contenus
misent à disposition. Par ailleurs, la place du formateur est toujours
fondamentale, puisqu'en plus
38
d'être le transmetteur de savoir, il devient tuteur,
accompagnateur, guide et conseiller pour maintenir la motivation et
l'engagement de ses stagiaires. Mais faut-il pas déjà que lui
soit convaincu par l'intérêt de ces nouveaux dispositifs tant
promus ? En effet, les rapports au digital se sont montrés
différents en fonction des caractéristiques et des
spécificités de chacun, ces derniers disposaient
déjà des habitudes, des croyances et des postures bien
ancrées. C'est pourquoi, bien que les organismes et les entreprises ont
tout intérêt à profiter des potentialités de ces
nouveaux outils, il faut convaincre les principaux usagers de la plus-value
qu'ils pourraient en tirer avant de finaliser tout projet de changement.
3. UN EXEMPLE, L'AFPA
3.1. Présentation de l'organisme de formation
C'est le 11 janvier 1949, que le premier organisme de
formation est créé sous le nom d'ANIFRMO (Association Nationale
Interprofessionnelle pour la Formation de la Main d'OEuvre), dans le but de
répondre aux besoins de la reconstruction de la France. Elle avait pour
mission de former de manière accéléré les adultes
dans les domaines du bâtiment et de la métallurgie. En 1966, elle
change de nom et devient l'AFPA (Association Nationale pour la Formation
Professionnelle des Adultes) et commence à diversifier ses domaines
d'intervention face à l'intensification des demandes du marché.
Par la suite dans les années 80, elle continue à élargir
ses champs de compétence pour lutter contre le chômage et
l'exclusion sociale. À partir de ce moment-là, l'AFPA se
régionalise sur 22 centres. Cependant en 2009, elle connaît un
changement au niveau de l'économie par une série de chocs
liée à une perte de croissance et une forte concurrence sur le
marché. Face aux contraintes de son environnement, elle est
amenée à revoir son mode de fonctionnement. En 2011, l'AFPA se
confronte à une crise financière qui l'amène à
changer son organisation, puis en 2012, son modèle économique.
Enfin, elle lance un plan de refondation avec l'aide de l'État, qui en
2013 apporte son soutien en lui procurant des fonds propres afin que
l'association puisse continuer ses activités en toute
sérénité et qu'elle puisse assurer sa
pérennité.
39
Le 1er janvier 2017 après avoir été
audité par l'État pour une réforme rapide, l'AFPA se
transforme en EPIC (Établissement Public Industriel et Commercial), et
devient l'agence pour la formation professionnelle des adultes. Ce nouveau
statut lui permet de s'ancrer davantage dans sa mission de service public de
l'emploi, de la formation, de la qualification et de l'insertion sociale et
professionnelle d'un public éloigné de l'emploi. Ainsi, elle
continue à mener son rôle d'accompagnement social et d'engagement
contre l'exclusion social. En 2018, avec l'émergence du projet de
transformation, elle propose de nouveaux services aux entreprises, aux
demandeurs d'emploi en s'appuyant sur les nouvelles technologies.
3.2. Vers l'ère du digital : La plateforme
numérique Mètis
Avec le projet de transformation et dans le but de
répondre au mieux aux besoins du marché de demain, l'AFPA a
lancé sa propre plateforme de formation, Mètis. En effet, la
compétitivité sur le marché de la formation augmente avec
la venue de nouveaux acteurs présentant des coûts de structure
moins élevés et modernisés par la digitalisation. Cela
oblige les organismes à adopter des stratégies économiques
pour s'adapter à ces nouvelles tendances.
L'enjeux de Mètis est de réduire les coûts
de structure, de former un plus grand nombre et d'intégrer deux cents
milles ressources disponibles pour les formateurs et les collectifs de
stagiaire. En parallèle, elle représente aussi un atout pour
attirer de potentiels clients et des financeurs publics qui souhaitent
bénéficier de nouvelles compétences au sein de parcours
adoptant les outils digitaux. Un autre enjeu de la plateforme est la mise en
place de la pédagogie multimodale. En outre, elle s'inscrit dans la
même logique que le compte personnel de formation en permettant une
formation selon les besoins de chacun et en répondant aux
différents secteurs qui utilisent le numérique dans leur
activité.
Ce nouvel outil devrait aussi permettre de répondre au
« plan 500 000 formations supplémentaires » du
Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du
dialogue social, et de répondre à l'objectif «
numériser un million de Français à partir de 2020 »
lancé par le secrétaire d'État chargé du
numérique en 2017. Cela suppose d'améliorer
40
son offre de formation en proposant une plateforme au
goût du jour qui permettra de mieux se positionner sur le marché
concurrentiel.
4. LE CONCEPT DE FORMATION
Depuis l'approbation de la loi du 16 juillet 1979, le champ de
la formation a connu de multiples évolutions à travers les
mutations économiques, organisationnelles, technologiques et sociales.
Nécessairement, cette loi répondait à trois objectifs
énumérés par H.Michaudon (2000) comme suit : «
assurer l'efficacité économique, combattre l'exclusion et
favoriser la promotion sociale ». De ce fait, la formation
représentait un moyen nécessaire pour le maintien,
l'évolution et l'intégration des individus tant sur le
marché de l'emploi qu'au sein de la société.
La définition complète que nous allons citer est
celle de J-M Le Gall (2018), ce dernier caractérise la formation comme
étant l'« acquisition d'un ensemble de connaissances
théoriques et pratiques (dans une technique, un métier) [...] qui
recouvre donc toutes activités consciemment et systématiquement
organisées dans le but d'acquérir une information, une
connaissance ou une aptitude nouvelle ». En effet, avec les
évolutions rencontrées depuis l'avènement de la
digitalisation de la formation, cette dernière répond à
l'adaptation de l'individu à ces nouveaux usages et son besoin continuel
de se perfectionner dans cet univers changeant. De ce fait, cela
nécessite de remplacer les anciens comportements par des nouveaux «
plus développés et plus améliorés » en
adéquation avec ces nouveaux environnements (J. Berbaum, 2005).
41
4.1. L'analyse de l'activité dans le cadre de la
formation
4.1.1 L'apport de la didactique professionnelle
La formation formelle n'est pas l'objectif premier de la
formation, il s'agit du développement des personnes. En outre,
l'activité est l'un des premiers facteurs de ce développement.
Parmi les différents courants d'analyse de
l'activité, il y a une démarche qui s'est
développée il y a une trentaine d'années : La didactique
professionnelle, elle a pour objectif d'analyser l'activité pour la
formation et insiste sur son importance pour apprendre. On parle d'«
activité d'apprentissage » où toute situation est
potentiellement orientée vers l'apprentissage. Nous pouvons
définir la didactique professionnelle en reprenant la définition
de C.Tourmen (2014) qui explique qu'elle est mise en place « pour les
apprentissages professionnels dans le but d'améliorer les parcours et
les dispositifs de formation professionnelle offerts aux adultes et jeunes
adultes, qu'ils soient sur les lieux de travail ou en centre de formation, et
quelque soit le secteur d'activité concerné ». L'objectif
reste donc de miser sur une activité d'apprentissage réunissant
de nouveaux dispositifs de formation permettant d'actualiser les connaissances
et de développer les compétences professionnelles au sein des
activités professionnelles.
4.1.2 La conception de l'environnement de la formation
pour l'apprentissage
Les conditions de l'environnement peuvent être
décisives dans le cadre de la formation. Comme le souligne, J. Berbaum
(2005), les éléments qui composent l'environnement
définissent le comportement de l'apprenant. Il s'agit de mettre en place
des conditions propices à l'apprentissage de l'individu pour qu'il soit
plus impliqué dans son activité. Autrement dit, si l'individu
rencontre plus de contrainte que de facilité, cela peut influencer son
rapport à son environnement. L'hypothèse de l'énaction est
l'une des causes explicitées par Thereau (2016) pour désigner le
fait selon lequel l'environnement de l'individu est indissociable de son
activité et que tout changement potentiel de cet
42
environnement pourrait impacter le couplage
acteur-environnement (M.Durand, 2016). C'est alors l'état mental et
corporel de l'individu qui est visé. M.Durand (2016) parle de
développement de l'individu en fonction de ses capacités
d'adaptation, si l'individu parvient à passer au-dessus des contraintes
et à s'adapter à tout caractère évolutif de son
environnement, il devient apte à intégrer durablement et
facilement de nouvelles pratiques.
4.2. Le rôle de l'entreprise
L'entreprise doit constamment s'adapter à la
rapidité des changements qui composent ses champs d'activité.
Cela passe principalement par le développement des compétences
présentes en interne. Pour y parvenir, la formation devient un
investissement impérieux et nécessaire pour accroitre la
productivité et le bien-être des salariés.
Graphique « Données de l'INSEE
»
Évolution du taux d'accès à la formation
des salariées et de la durée moyenne des formations de 1974
à 2014 46
46 Récupéré le 5 juin de :
Insee.fr
43
H.Michaudon (2000) reprend les données de l'Insee selon
laquelle « chaque année, 30% des salariés suivent une
formation financée par leur employeur, et 4% se forment à titre
individuel ». En grande partie, les employeurs ont recours à des
formations courtes, les formations longues se font plus rares. La formation
longue répond davantage à la durabilité et à
l'acquisition de nouvelle compétence tandis que la formation courte est
davantage centrée sur la découverte d'un champ.
4.3. Le rôle des organismes de formation
Il nous semble pertinent d'évoquer la
responsabilitéì des centres de formation dans la
formation des apprenants. D'après Philippe Carré (2005), «
les centres de formation doivent repenser leur façon d'apprendre »
en optant pour des stratégies pédagogiques plus innovantes et
à l'ère du digital.
En prônant le changement, on influence l'inscription de
l'individu dans la société et dans son activité. Ce
processus passe par la remise en question des croyances, des habitudes, des
pratiques, des méthodes et des attitudes des apprenants. Ce qui semble
principal est de mettre en place les conditions favorables à ce
développement subjectif.
Extrait de texte n°1
Le souci de la personne, L. Lafortune (2006) 47
On ne forme jamais personne. Ce sont les adultes qui se
forment, ou non, avec ou sans notre aide. Cette première perspective
implique trois conséquences.
Mieux comprendre le rôle déterminant de la
motivation dans l'apprentissage, pour agir plus efficacement en synergie avec
les attitudes, les motifs et les projets, le sentiment d'efficacité des
personnes et des collectifs, leurs besoins d'autodétermination. Autant
de leviers motivationnels, autant de concepts opératoires. Voici bien un
domaine où « il n'y a rien de plus pratique qu'une bonne
théorie », selon le mot attribué à Kurt Lewin.
Encourager, à travers la formation formelle mais
également la culture pédagogique de l'organisation et
l'empowerment, le développement de pratiques d'autoformation,
c'est-à-dire d'apprentissages librement
47 Lafortune, L. (2006).
Accompagnement-recherche-formation d'un changement en éducation: un
processus exigeant une démarche de pratique réflexive. Revue
des HEP de Suisse romande et du Tessin: Formation et pratiques d'enseignement
en questions, 5, 187-202.
choisis par le salarié dans l'univers de ses besoins de
compétence professionnelle, et autorégulés à l'aide
de ressources humaines et matérielles offertes par l'organisation.
L'évolution du droit de la formation, de la VAE (2002)
à l'orientation tout au long de la vie (2009), jusqu'au projet de compte
individuel de formation (2013), traduit bien cette inflexion qui accorde au
sujet social le premier rôle dans le pilotage de sa formation, tout en le
mettant en capacité de tenir réellement ce rôle grâce
à un dispositif d'accompagnement adapté. Il s'agit
désormais de radicaliser cette tendance. Et donc d'y consacrer un ratio
de plus en plus significatif des dépenses.
44
Synthèse du concept de
formation
Les transformations digitales ont orienté le
positionnement des entreprises, des organismes et des individus sur le champ
professionnel. Les entreprises investissent nécessairement pour la
formation afin de développer les aptitudes de leurs salariés face
à ces nouveautés. Les organismes de formation revoient donc leur
culture pédagogique et mettent en place des dispositifs
médiatisés au service de l'apprentissage. Cela revient à
revoir l'environnement d'apprentissage des individus. C'est pourquoi, nous nous
appuyons sur la didactique professionnelle où toute situation est
potentiellement orientée vers l'apprentissage par la mise en place de
dispositifs permettant de redéfinir l'apprentissage et d'actualiser les
compétences internes des individus.
5. LE CONCEPT DE CHANGEMENT
« Le monde déteste le changement, c'est pourtant
la seule chose qui lui a permis de progresser. » (Charles F.
Kettering).
Il est essentiel de lier les besoins de l'organisation aux
besoins des salariés. Il y a des objectifs qui ne sont pas
associés à la formation mais qui apportent une réponse au
changement organisationnel.
45
D'après la définition de S.Nurcan, J.Barrios et
C.Rolland (2002), « un changement organisationnel est un processus de
transformation qui amène une organisation d'un état actuel vers
un état futur souhaitable. L'établissement de ce qu'il faut
changer dans l'organisation actuelle pour atteindre cet état futur
souhaité ».
Dès lors qu'il y'a un clivage entre les besoins de
l'organisation et ceux des salariés, des désaccords peuvent se
manifester entre les deux parties. Dans cette perspective, la question de
« résistance » est souvent employée par de nombreux
auteurs. Au fond, nous partons du principe que la résistance n'existe
pas, mais en réalité, c'est la préparation au changement
et l'intérêt qui s'y apporte qui sont à mettre en
évidence. D'après Y.Schwartz et L.Durrive (2003), « parler
de résistance au changement, c'est éluder les vraies questions
que posent ce changement ». J. Duraffourg (1991) vient confirmer ces faits
en soulignant la réalité que derrière chaque position de
réfractaire, il y'a une raison explicite. En effet, d'après
M.Durand (1996) le changement est inhérent à l'homme et donc sa
distance par rapport à ce changement va dépendre du sens qu'il
lui donne, de l'horizon temporel et de son expérience. « Le sens
» signifie prendre conscience de la renormalisation des pratiques
adoptées et de la capacité de la personne. Cela vient à
interroger comment la personne se découvre dans un univers contraint et
quelle est sa capacité à s'adapter face au caractère
évolutif.
Au fond, notre expérience nous fait acquérir un
certain nombre de savoirs dont nous n'avons pas conscience. Cette
conscientisation a un double effet : le bien-être et le
développement de la personne. Durand (1996) étaye l'idée
qu'à « chaque niveau temporel, il y'a des préoccupations
sensiblement différentes : « comportement » et « ordre
» à court terme, « travail » à moyen terme, «
apprentissage » et « développement » à long terme.
».
5.1. Les apports de l'ergologie et de la didactique
professionnelle
5.1.1. L'apport de l'ergologie
D'après nos enseignements sur l'ergologie, la
démarche ergologique établit un lien entre «
l'activité » (ce que l'on est entrain de faire) et la connaissance
(les savoirs que je dois
46
mobiliser pour comprendre ce que je vis)48.
L'ergologie nous intéresse car nous nous trouvons dans une étape
de développement socio-économique qui fait que l'avènement
des technologies prend une place dominante dans l'activité des
individus.
Le changement a un caractère systématique, la
place que les individus lui donnent dépend de « leur histoire, leur
itinéraire, leur vie personnelle dans toute leur complexité
» d'après J.Durrafourg (1991). Les valeurs et les normes de
l'individu vont venir orienter inconsciemment son action : Schwartz appelle ces
valeurs « en dehors du travail-même ». Dès lors que les
individus disposent des pratiques pédagogiques « qui fonctionnent
bien », il peut être difficile de devoir s'adapter à des
nouveaux changements qui impacteront leur activité tant sur du long
terme, sur du moyen terme et sur du court terme. Le processus
d'intégration devrait être accompagné pour assurer son
accomplissement. Il est du devoir des ergonomes « de changer de regard
», c'est-à-dire d'arrêter de raisonner sur le travail
à partir de l'objet, mais regarder le travail du point de vue de la
personne pour se rendre compte de la priorité des valeurs qui oriente
son action.
Pour pouvoir s'adapter au mieux à ces changements, cela
implique de créer les conditions favorables à son
déploiement. Les caractéristiques de la situation de travail
ainsi que la spécificité des personnes sont en corrélation
et peuvent provoquer ainsi des effets sur l'adoption de ces nouvelles
pratiques. Les personnes prennent des initiatives à travers les
contraintes (le « déjà là »). D'après Y.
Schwartz et L.Durrive (2003), « d'abord, le changement à un
coût et il est diffèrent selon l'âge et
l'anciennetéì de la personne. Ensuite, ses effets
dépendent des caractéristiques de la situation de travail dans
lequel il est introduit. Enfin ce n'est pas qu'une question de moyens ni de
bonne volontéì ». Il peut également
être en cause le débat d'inégalité des
compétences numériques, une personne maitrisant aisément
les outils numériques peut être plus amène à les
accueillir dans son activité qu'une personne n'étant pas
familière. Cela « déstabilise les habitudes de travail
». Ce qui est à prendre en compte est donc l'individu dans son
entièreté.
48 Lors d'un cours de M. L. Durrive, Master IFC,
Unviersité de Strasbourg, 2019-2020
47
5.1.2. Apport de la didactique professionnelle
Nous pouvons définir la situation comme étant
l'ensemble des conditions d'une activité (contraintes, ressources,
normes)49. La situation ne produit pas nécessairement un
apprentissage mais peut être source d'apprentissage. Pour ce faire, il
faut un type d'activité particulier. D'après P. Béguin et
Y. Clot (2004) « c'est dans l'activité elle seule qui rassemble et
oppose le sujet et la situation, que se réalise le rapport entre
donné et créé, fonctionnement et développement
».
La situation potentielle de développement est
inspirée des travaux de la notion de psychologie de développement
de L.Vygotski (1978) avec la zone proximale de développement. Mayen
reprend ce concept en désignant l'ensemble des situations qui
réunissent des individus en interaction autour des discussions, des
retours d'activité et des partages d'expérience dans le cadre
d'un « conflit socio-cognitif ». Ce sont ces rapports d'opposition
qui permettent d'étayer le développement dans la situation. En
effet, en s'appuyant sur P. Pastré (2002), S. Brau-Antony (2016)
explique que « ces situations de formation prévoient des moments de
débriefing qui font office d'espace réflexif et d'instrument
d'apprentissage ». Par ailleurs, le débat doit être
alimenté par le formateur en rapport avec l'activité d'analyse
des apprenants car « la conflictualité sociale joue un rôle
moteur dans le processus de développement » (S.Brau-Anthony,
2016).
D'après nos enseignements sur la didactique
professionnelle, nous savons que pour qu'une situation permette le
développement, il ne faut pas forcer les individus à
émettre des efforts. Il peut y avoir des situations de non-potentielle
de développement par le fait de ne pas disposer des conditions
réunies (instruments, matériaux, accompagnateur ...), on assiste
alors à l'effet inverse50.
Le lien de ce concept de Mayen, avec le concept de changement
est qu'il est à l'initiative des individus de modifier leurs pratiques
« lorsque les emplois, fonctions, tâches nouvelles se créent
ou se transforment dans un champ professionnel donné ».
Néanmoins, pour ce faire, il faut rendre l'apprentissage possible avec
les instruments qu'il nécessite en les accompagnant tout au long de
l'intégration de ce processus. En effet, c'est par
50 Lors du cours « La didactique professionnelle
», de M. E. Triby, Master IFC, Université de Strasbourg,
20192020
48
l'interaction avec les médiateurs et l'accès aux
instruments que l'individu va s'approprier le potentiel de la situation.
D'ailleurs, ce sont ces situations d'interaction qui peuvent engendrer des
changements de position.
5.1.3. Le changement e-learning, en lien avec la
didactique professionnelle
Les années 1970-1990 sont marquées par la
compétition du capitalisme et l'apparition de nouveaux dispositifs
informatiques au gré des méthodes pédagogiques à
adopter dans le cadre de la formation. Avec l'avènement du digital, des
stratégies d'apprentissage ont été élaborées
dans les entreprises et exigés par la globalisation, et bien sûr
la formation n'échappe pas à la règle.
L'exigence de s'adapter à ces nouvelles pratiques
conduit à mettre en oeuvre des projets de changement dont la
nécessité pour les organismes de formation était de revoir
leur organisation pédagogique (A.Gonzalez et al., 2019). Ainsi, les
formateurs ont été les premiers à être ciblé
par ces mutations, avec quelques fois, la contrainte de devoir se former seul
devant son poste informatique. Cette nouvelle organisation venait bouleverser
les paradigmes traditionnels de la relation entre formateur et apprenant.
Nous nous appuyons sur la didactique professionnelle et sur le
lien qu'elle établit entre savoir et transmission : la transmission
étant « une catégorie de personnes qui apprend à
savoir et une autre qui forme au savoir ».
Nous avons longtemps eu l'image du formateur et de l'apprenant
obéissant aux trois unités de temps, de lieu et d'action. Les
technologies de l'information et de la communication viennent alors bousculer
ce cadre par l'apparition des nouvelles modalités de formation reposant
sur le présentiel, le distanciel ou alternant les moments de
regroupement avec les moments d'autoformation des apprenants. Ces changements
touchent fortement les formateurs, leurs pratiques et leur vie professionnelle.
Il reste à l'initiative du formateur de « gérer ces
changements et de les intégrer dans leur processus d'apprentissage
» (L.Sauvé et al., 2004). Dans le cadre de la pédagogie
adoptée en formation, comme le souligne C.Depover et L.Marchand (2002),
« c'est la pédagogie qu'il faut d'abord réinventer en
s'appuyant sur les possibilités nouvelles offertes par les technologies
».
49
Dans la conduite du projet de changement, il faut donc porter
une attention sur « l'amélioration de la qualité de
l'apprentissage » en tirant parti des moyens que les nouvelles
technologies offrent aux collaborateurs pour qu'ils puissent s'acculturer ces
nouvelles pratiques, découvrir leurs potentialités et prendre
conscience du marché d'aujourd'hui et de demain (E Metais-Wiersch,
D.Autissier,2016). Nous partons du même constat que C.Depover et
L.Marchand (2002), il faut envisager ces moyens en combinant « les outils
technologiques avec l'intervention des humains pour atteindre
l'efficacité de cette action de formation ». Et, c'est une fois que
les formateurs auront conscience des enjeux, de l'utilité et
s'initieront à l'utilisation de ces nouveaux outils qu'ils s'en
serviront sans crainte.
5.2. Les principaux freins et obstacles de changement
Toutefois, des obstacles sont rencontrés face à
l'avancée de ces changements dans le monde du travail. Si quelques
acteurs parties-prenantes sont désireux d'améliorer leurs
capacités professionnelles, d'autres vont être critiques et
distants face à ces nouvelles utilisations. De l'expérience
professionnelle au sens que donne le formateur à son activité
professionnelle, ces freins cachent de nombreuses raisons.
5.2.1. Environnement numérique
L'environnement de travail de l'apprenant-salarié doit
être propice à l'accueil de ces nouveaux outils digitaux
(plateforme de formation ...) et de ces nouveaux équipements
(smartphone, tablettes...). Dès lors que l'organisme lance un projet de
changement vers le e-learning, il doit mettre en oeuvre les conditions
nécessaires à son déploiement et à son
intégration par l'acquisition d'équipements informatiques plus
performants. En effet, comme le souligne A.B.Youssef (2004), il faut revoir les
services mis à disposition des salariés (qualité du
débit, réseau, poste informatique ...). À savoir que les
premières approches de l'apprenant sont le poste informatique et
Internet. Dès lors, qu'un de ces deux moyens n'est pas en mesure de
prendre efficacement l'e-learning en charge, des bugs et des
50
ralentissements surviennent, ce qui peut provoquer une
sous-utilisation et une mauvaise expérience de la part des
salariés, d'après C. Baujard (2005).
5.2.2. Perception du numérique
« La machine remplace l'homme », c'est une utopie
qui est pensée par plus d'un. Cette perception que l'ordinateur va
remplacer le salarié est très courante dans les projets de
changement.
Pour le formateur, il est vrai que les nouvelles
modalités d'apprentissage le retirent, dans certains cas, de sa fonction
en face-à-face pédagogique, et d'après V. Duveau-Patureau
(2004) « c'est en se tenant devant ses stagiaires que le formateur
construit son identité ». Aujourd'hui, le métier de
formateur tend à réinventer les contenus pédagogiques
à travers les mutations sociétales et technologiques dans le but
de répondre au mieux au besoin du marché actuel. Ces nouvelles
méthodes pédagogiques font apparaitre des craintes chez le
formateur, ils perçoivent l'intégration du digital dans leurs
pratiques comme une obligation à mettre en oeuvre des formateurs en
totale distance. En effet, « ils ont beaucoup de mal à distinguer
les moments de formation à laisser en présence ou en alternance
» (V. Duveau-Patureau, 2004). Ces nouvelles modalités se
répandent de plus en plus et conduisent à reconfigurer les
compétences, les ressources internes et le cadre organisationnel dans le
but de développer des dispositifs qui visent l'autonomie.
Néanmoins, dès lors que les formateurs n'ont pas disposé
de suffisamment de préparation et d'information sur ces
nouveautés, ils perçoivent le recours à ces
équipements informatiques comme une perte de liberté : « il
y a cette peur et cette inquiétude de flicage, de perdre son emploi ou
de perdre sa technicité », selon Marie Benedetto-Meyer (2019).
C'est pourquoi, les projets de changement nécessitent d'adopter des
stratégies efficaces en cohérence avec les attentes des
salariés, sachant que les risques d'incompatibilité peuvent
entrainer des comportements imprévisibles.
51
5.2.3. Compétences numériques
Certes, la formation à la multimodalité se
définit comme la réponse aux inégalités de temps et
de lieu, mais elle peut aussi, et surtout, renforcer les
inégalités en termes de compétences numériques.
Comme le souligne, A. B. Youssef (2004), « l'inégalité
provient principalement des différentes générations de
technologies différentes : un individu qui est né avant la venue
d'internet et du reste n'aura pas le même rapport qu'un individu qui est
né dedans ». Ainsi, ceux qui auront plus de facilité
parviendront à intégrer aisément les outils digitaux
contrairement aux autres qui pourront être en état de stress et de
peur face à l'inconnu (Thierry Bontems, Marie-Laure Fourcade, 2012).
Trois types de frein sont explicitement étayés
par H.Issac (2008) dans « le cadre de la mise en place d'activité
numérique » :
· Les freins stratégiques.
· Les freins organisationnels et financiers (ressource,
matériaux, équipement ...).
· Les freins humains (formation, appropriation,
intégration).
Selon Isaac H. (2008), ces freins peuvent être
perçus comme « un manque de reconnaissance » des
compétences des salariés de la part de la direction, et «
les blocages socio-psychologiques » seront à l'image d'une
insuffisance de préparation en amont ou aux difficultés de
partage et de collaboration.
5.2.4. Caractéristiques des apprenants
Les stagiaires que peuvent former les formateurs peuvent
aussi disposer des caractéristiques qui expliquent des
difficultés dans le bon déroulement de l'action de formation
ayant recours à des supports numériques. En effet, les formateurs
possèdent souvent des groupes hétérogènes,
où les stagiaires n'ont pas forcément les mêmes
prérequis, ce qui diversifie la transmission du savoir pour tous et par
tous. M. Benedetto-Meyer, A. Boboc et J-L Metzger (2019) souligne que «
ces considérations permettent d'identifier l'une des voies par
lesquelles la numérisation de la formation conduit à des taux
élevés d'abandon ». À considérer que l'abandon
peut être « un choix stratégique ».
52
La distance socioculturelle est un élément
à prendre en compte. Pour mener à bien les formations se basant
sur le e-learning, les apprenants doivent disposer du matériel
adéquat à domicile pour suivre sereinement leur parcours. De
plus, les apprenants ayant une aisance à l'informatique pourront mieux
se débrouiller que ceux qui rencontrent des difficultés. Si la
multimodalité a pour but de réduire les inégalités,
l'écart culturel et le manque de ressources et d'équipements
peuvent venir largement contredire cette pensée.
Malgré les efforts consentis pour développer
l'e-learning, nombreuses recherches mettent en évidence les
insuffisances et surtout les taux d'abandon et d'échec qui accompagnent
la plupart des dispositifs expérimentés. Certaines études,
ont montré que cet échec est principalement lié à
l'insatisfaction des apprenants à l'égard des outils d'e-learning
(Malik, 2009 ; Rmayah et Lee, 2012)51.
5.2.5. Charge de travail
Une charge de travail supplémentaire peut être
perçue négativement par les individus. En référence
à Lallemant (2003), la charge de travail a un impact sur le temps de
travail mais aussi sur la vie personnelle à travers l'intensification
des travaux demandés. Par exemple, parmi les dispositifs digitaux, la
plateforme de formation demande généralement un fort
investissement de la part du formateur pour enrichir son parcours. Si nous nous
nous référons à l'interview d'une manager de formation par
V. Duveau-Patureau (2004), « les formateurs disent ne pas avoir le temps
pour créer les ressources nécessaires à leur parcours
», c'est une charge de travail supplémentaire qu'ils devront
planifier pendant ou en dehors de leur temps de travail pour se former mais
aussi pour enrichir leur parcours de formation.
D'ailleurs, via les plateformes de formation, ils peuvent
mettre à disposition des stagiaires, multiples ressources (vidéo,
audio, image, quizz ...). Comme le formule M. Benedetto-Meyer et al.(2019), ce
sont à eux de « créer l'environnement propice à
l'activité de formation et aux apprentissages », ce qui
représente une réorganisation de temps de travail et une
reconstruction des contenus pédagogiques.
51 Récupéré le 11 juin 2020 de : Lassoued,
T., & Hofaidhllaoui, M. (2013). Les déterminants de l'acceptation de
l'e-learning: étude empirique au sein de La Poste. Management
Avenir, (2), 139-156.
53
Synthèse du concept de
changement
La digitalisation prévoit des changements
organisationnels et structurels pour être en bonne position sur le
marché concurrentiel. C'est aux organisations d'adopter les mesures et
les conditions nécessaires pour préparer les individus à
adopter ces nouvelles modalités de travail. Nous nous appuyons sur les
principes de l'ergologie et de la didactique professionnelle pour
élucider les contraintes qui peuvent être rencontrées
durant les processus de changement. Il est clairement explicite que les
nouveaux comportements remplacent les aptitudes, les habitudes et les croyances
de chacun, ce qui influe la position prise par rapport à ce projet de
changement. Cela suppose d'être vigilant vis-à-vis de la
spécificité de chaque individu. En ergologie, nous parlons de
« changer de regard » pour aller au-delà des apparences afin
de comprendre les valeurs qui se cachent derrière les comportements des
individus. Bien que des facteurs internes sont à clarifier, les facteurs
externes jouent tout autant un rôle déterminant. Selon Mayen,
toutes les conditions doivent être réunies pour permettre le
développement au sein d'une situation. Cela passe par des
équipements plus performants, des environnements plus appropriés
à ces types d'outils, mais au-delà de cela, il convient de mettre
en place des moments de partage, d'interaction et de retour d'expérience
pour permettre la conflictualité sociale et l'adhésion au
changement.
6. LE CONCEPT D'ACCOMPAGNEMENT
6.1. Rôle de la direction
La mise en place des dispositifs e-learning est un enjeu
primordial car elle revient retracer les normes culturelles et
organisationnelles présentes au sein des organismes de formation. En
nous appuyons sur C. Baujard (2005), nous constatons qu'une grande partie des
organismes développe diverses approches et adopte de nouveaux modes de
management mais leur politique managériale n'est pas forcément
efficace pour des déploiements technologiques performants. En effet, ces
nouveautés ne font pas l'unanimité et sont souvent source de
critique et de réticence. Pour faire preuve de
prévisibilité et d'opportunisme, en
54
passant de l'environnement de travail jusqu'à
l'activité des individus, il faut dûment « préparer le
terrain pour le développement de l'e-learning », selon T.Lassoued
et M.Hofaidhllaoui (2013). En parallèle, il faut conduire ces projets en
intégrant des dispositifs d'accompagnement « au risque sinon
d'échecs de projets techniquement corrects » (C.Baujard, 2005).
La préparation des parties prenantes à ces
changements est à considérer en début de projet. Certes,
les organismes doivent impliquer des ressources matérielles, mais elles
doivent surtout s'appuyer sur des facteurs humains pour parvenir à la
réussite. Pour cela, sont adoptées des démarches
d'accompagnement individuel selon les besoins de chaque partie. B. Bachimont,
M.Benedetto-Meyer et al.(2019), souligne le constat que « tout projet de
e-learning suppose une démarche d'accompagnement au changement afin de
gérer les mutations induites par la technologie dans l'organisation
».
6.2. Le rôle des accompagnateurs
L'accompagnement est un besoin essentiel pour tout projet de
changement et il est « impossible de l'ignorer » (J-F Bourdet et P.
Leroux, 2009). Le but de l'accompagnement est de servir de support et
d'épauler les apprenants-salariés dans l'adaptation de leur
nouvelle posture et dans l'usage de ces nouveaux outils digitaux. Ces derniers
ont donc besoin d'un soutien pour contrer plus sereinement les
difficultés rencontrées. Parmi les contraintes auxquelles peuvent
faire face les salariés, nous pouvons citer les raisons
explicitées par P.Marquet (2011), qui sont les suivantes : l'absence
d'ergonomie dans l'utilisation d'une plateforme de formation, le manque de
motivation, l'absence d'usage, la mauvaise expérience ou l'échec.
Cela implique d'avoir un expert dans le domaine qui pourra donner les conseils
et les moyens dans la résolution des problématiques,
d'après Y. de La Monnerave (2004), en levant totalement ou en
atténuant les contraintes afin de repérer plus aisément
les éléments facilitateurs.
Les accompagnateurs de la digitalisation auront donc comme
rôle de « former, informer, suivre ou évaluer les
salariés aux prises de nouveaux outils numériques »,
d'après M. Benedetto-Meyer (2019) en leur permettant de donner du sens
à ces changements. Généralement, ce sont aux
ingénieurs de formation présents dans les organismes, de
55
dispenser du rôle de relance pour soutenir l'innovation
pédagogique tout en accompagnant dans la recherche d'amélioration
des dispositifs et dans la promotion des nouvelles modalités
d'apprentissage.
6.3. La renormalisation des pratiques digitales
L'influence des caractéristiques des personnes est
prédominante dans l'intégration de ces nouveaux dispositifs au
sein de leurs pratiques pédagogiques traditionnelles. Même si
ça ne fonctionne pas bien, il est inconcevable (aujourd'hui) de ne pas
faire une partie de la formation à distance. La formation se
numérise car le public de formation n'a pas de temps à perdre. On
ne peut pas prétendre que l'efficacité de la formation diminue en
fonction des âges mais il y a des conflits d'usage lorsque l'on est
habitué à utiliser un outil d'une certaine manière et que
l'on demande d'utiliser un nouveau.
Les formateurs disposaient de pratiques habituelles
(numériques ou non) qu'ils avaient déjà pu adopter dans le
cadre de leurs expériences professionnelles antérieures. La
culture du digital étant déjà ancrée dans leur
activité, ils sont conscients qu'ils doivent s'y adapter en renouvelant
leurs pratiques pour se situer à l'ère du temps. À travers
l'avènement de ces nouveaux usages, E. Metais-Wiersch et D.Autissier
(2016) parlent de « construction sociale » comme étant
obligatoire par le fait qu' « ils deviennent une norme et s'ancrent dans
le quotidien de manière durable ». Il faut permettre à
l'apprenant de s'ouvrir à « de nouvelles perspectives, de nouveaux
points de vue, à une mise en question, bref à se transformer
» selon l'expression d'Y. de La Monneraye (2004).
La solution peut être de créer des
communautés de travail pour collaborer collectivement, et identifier
plus facilement les besoins de chacun, d'après A. Dudézert
(2008). Ces communautés seront donc mises en place pour créer des
interactions entre les apprenants dans le but de s'écouter, de partager
et d'expérimenter pour le renouvellement de leurs pratiques.
D'après C.Depover et L.Marchand (2003), ces communautés sont
d'autant plus indicatives qu'elles permettent de reconnaitre l'ensemble des
savoir-faire et savoir-être dont disposeraient les parties prenantes.
56
Synthèse du concept
d'accompagnement
La direction, porteur de décision, tente d'opter et de
mener convenablement des stratégies pour conduire à la
pérennisation de son organisation et au bien-être de ses
salariés. Le marché étant davantage concurrentiel avec
l'avènement des outils digitaux, des conduites de projet de changement
sont mises en place pour se différencier de ses concurrents.
De ce fait, ces projets doivent être
préparés en amont en réunissant les conditions
nécessaires, en aménageant les environnements de travail, et en
formant les salariés à l'adoption de ces nouvelles pratiques.
Pour mener à bien la conduite de ces changements, des services
d'accompagnement peuvent être constitués pour pouvoir
implémenter au mieux ces nouveautés. Les accompagnateurs devront
faire preuve de bienveillance, de patience et de compréhension pour
comprendre les dessous des réactions et amener les formateurs vers le
renouvellement de leurs pratiques. Ainsi, ils auront pour mission de
conseiller, de guider et de répondre à chaque doute,
questionnement et crainte. Dans les organismes, ce sont
généralement les ingénieurs de formation qui portent ce
rôle. La mise en place des communautés de pratiques peut
être tout autant un avantage pour le partage, la progression et les
échanges collectives.
7. LES HYPOTHÈSES
À partir des concepts théoriques que nous avons
mobilisés, nous nous appuyons à présent sur trois
hypothèses que nous allons vérifier dans la deuxième
partie pour aboutir à un plan d'action.
7.1. L'hypothèse 1 : L'identification du
problème de recherche.
Nous faisons l'hypothèse que la digitalisation de la
formation ne fait pas l'unanimité auprès des formateurs. Il y
aurait des rapports différents aux nouveaux outils qui scinderaient
57
la population de formateurs en deux : ceux qui ont
intégré le digital dans leur formation et ceux qui
préfèrent rester distants et à l'écart.
7.2. L'hypothèse 2 : L'analyse des causes possibles
du problème de recherche.
Nous émettons l'hypothèse que les projets de
conduite de changement intégrant la digitalisation au sein de
l'organisme présentent des défauts en termes d'information,
d'équipement, de formation et de support.
7.3. L'hypothèse 3 : Le plan d'action
Notre troisième hypothèse repose sur une
possibilité de plan d'action reposant sur l'accompagnement pour lever
les contraintes rencontrées, pour répondre aux demandes et pour
pallier les besoins de chacun.
DEUXIÈME PARTIE : LA DÉMARCHE
D'INVESTIGATION
Au sein d'un organisme de formation où des pratiques
traditionnelles perdurent, la direction a mis en place de nombreux outils
digitaux dont l'un qui a été révolutionnaire : la
plateforme de formation appelée Mètis. Cette nouvelle adoption
consistait à digitaliser les formations et ainsi renouveler les
pratiques des formateurs dans la volonté de proposer des produits
innovants sur le marché de plus en plus concurrentiel. Lors de notre
diagnostic sur le terrain, en allant à la rencontre des formateurs, nous
avons tenté de comprendre par nos fonctions d'ingénieurs de
formation, les raisons qui justifient les prises de positionnement face
à l'usage de ces nouveaux outils.
58
1. LE CHOIX DE LA MÉTHODOLOGIE
Afin de vérifier et confirmer nos hypothèses,
nous avons eu recours à deux types de méthodologie qui, en notre
sens, étaient davantage réalisables sur notre terrain. Ainsi,
nous avons opté pour la méthode des techniques qualitatives par
l'organisation d'entretien semi-directifs auprès de notre population
cible.
1.1. Les raisons de ce choix
Plusieurs raisons nous ont amené à choisir cette
méthodologie de recherche des données.
En ce qui concerne la méthode qualitative, elle se
définit comme étant une méthode reposant sur la collecte
des données, plutôt verbales et à contact direct, à
travers des questions majoritairement ouvertes. Ces possibilités
permettent d'expliquer et de comprendre un fait, et par la même occasion
d'observer les aspects comportementales, sentimentales et morales de notre
public.52
Parmi les techniques de la méthode qualitative, nous
avons l'entretien semi-directif53 qui s'avère être l'un
des plus adoptés. Ce dernier ne dispose pas de respect d'ordre dans le
cheminement des questions à poser. Généralement, la
thématique des questions est préparée en amont. La
plus-value est que les personnes interrogées puissent s'exprimer
librement, mais dans le cadre de notre questionnement, tout en partageant leur
point de vue et leur expérience vécue sur le sujet. Ce qui est
essentiel est le rapport entre le sujet et le fait, que le fait en
lui-même. Ce choix nous permet d'identifier les signaux
nécessaires pour la confirmation de nos hypothèses.
Il est à mettre en évidence que la mise en
place de cette méthode nous est plus accessible. En effet, nos fonctions
d'ingénieurs de formation nous donnent l'opportunité de
52 Les méthodes de recherches qualitatives
dans la recherche en soins de santé : apports et croyance, L. Krohn,
W.Christiaens, Dans : Reflets et Perspectives de la vie économique,
2014, p°67
53 II. L'entretien semi-directif, J-C Combessie, Dans
: La méthode en sociologie, 2007, p°24-32
59
nous rendre plus aisément sur le terrain. Depuis le
début de notre prise de poste, nous avons rencontré plusieurs
formateurs à diverses spécialités, personnalités et
sensibilités vis-à-vis des outils digitaux. Nous sommes
conscients que la diversité de notre public nous donnera des
éléments pertinents et nous guidera vers un plan d'action plus
performant.
1.2. La grille d'entretien
La grille d'entretien a été notre outil
clé pour la réalisation de nos entretiens. Dans le cadre de notre
étude, elle nous a permis de décliner chacune de nos
hypothèses en thématiques contenant les questions à poser
à notre population cible. Son attribut est qu'elle a été
un fil conducteur tout au long de nos entretiens les rendant ainsi plus
structurés et productifs.
Cette dernière s'est conçue comme ci :
Hypothèse 1
L'identification du problème de recherche
THÈME 1
|
THÈME 2
|
THÈME 3
|
Nous sommes face à un
|
Dans des environnements
|
L'évolution de la posture
|
public qui dispose de
|
concurrentiels, l'organisme
|
du formateur ainsi que les
|
diverses caractéristiques qui
|
de formation peut connaitre
|
nouvelles méthodes
|
pourraient expliquer
|
des difficultés pour
|
pédagogiques ne semblent
|
l'adhésion ou non aux
|
promouvoir sa plateforme
|
pas être acceptables par
|
outils digitaux.
|
numérique auprès de ses collaborateurs.
|
tous.
|
Est-ce que vous pouvez me
|
Parlez-moi des enjeux de la
|
Parlez-moi des
|
parler de vos expériences
|
plateforme numérique pour
|
changements qui peuvent
|
professionnelles et de votre
|
l'organisme de formation et
|
être à prévoir avec l'arrivée
|
environnement de travail.
|
le formateur.
|
des NTIC.
|
|
Dites-moi, pourquoi l'OF peut faire face à
des difficultés pour la promotion de sa plateforme.
|
|
|
60
Hypothèse 2
L'analyse des causes possibles du problème de
recherche
THÈME 1
|
THÈME 2
|
THÈME 3
|
Tout formateur dispose de
|
Les formateurs n'ont pas
|
Des formations collectives
|
sa pratique pédagogique
|
les connaissances et la
|
ont été mises en place pour
|
pour former ses stagiaires
|
maitrise nécessaire pour
|
les formateurs sur
|
qui n'inclut pas
|
utiliser des outils digitaux.
|
l'utilisation d'une
|
nécessairement le
|
Cela nécessite d'investir du
|
plateforme numérique mais
|
numérique car il y a un fort
|
temps pour enrichir leur
|
ils n'ont pas tous répondu
|
attachement aux pratiques
|
parcours de formation
|
présents. Pour certains qui
|
traditionnelles.
|
(surtout lorsque la date de
|
l'étaient, ils ne savaient pas
|
|
début de leur formation est
|
comment l'utiliser et
|
|
assez proche).
|
l'intégrer dans leur parcours de formation.
|
Parlez-moi de votre façon
|
Parlez-moi de ce que
|
Parlez-moi des premières
|
de travailler, des outils que
|
demande l'intégration
|
formations effectuées en
|
vous utilisez et de la place
|
d'une plateforme
|
termes d'information et de
|
du digital dans vos
|
numérique notamment dans
|
préparation des formateurs
|
pratiques pour former vos
|
l'investissement en termes
|
à l'intégration d'une
|
stagiaires.
|
de temps et de délai.
|
plateforme numérique dans leurs
pratiques pédagogiques.
|
|
Hypothèse 3 Le plan d'action
THÈME 1
|
THÈME 2
|
THÈME 3
|
Créer des actions de
|
Susciter l'intérêt et évoquer
|
Pour que le changement
|
formation recentrées sur le
|
les avantages qui peuvent
|
s'opère dans de bonnes
|
formateur.
|
résulter de la digitalisation
|
conditions, il faudrait un
|
|
de la formation.
|
accompagnement personnalisé pour chaque formateur
afin de lever les freins contre le numérique.
|
Parlez-moi de l'idée
|
Parlez-moi de l'intérêt
|
Parlez-moi de ce qui vous
|
d'effectuer des ateliers de
|
selon vous de la
|
semble important en tant
|
formation par niveau de
|
digitalisation de la
|
que formateur pour avoir
|
connaissances et de
|
formation de nos jours.
|
une bonne acculturation et
|
maitrise pour résoudre des
|
Dites-moi comment voyez-
|
une bonne expérience du
|
problématiques.
|
vous évoluer le métier de formateur dans
les prochaines années.
|
numérique.
|
|
61
2. LA POPULATION ENQUÊTÉE
Pour la population enquêtée, notre choix s'est
orienté vers les principaux concernés par le renouvellement des
pratiques pédagogiques, qui de par leurs postures et leurs fonctions
peuvent nous orienter vers l'amélioration du projet de changement de
l'organisation à l'ère du digital.
2.1. Le public cible
Pour la confirmation de nos hypothèses, nous avons
décidé d'enquêter auprès des formateurs pour
recueillir les données essentielles à notre étude. Nous
savons que l'organisme de formation lutte continuellement pour préserver
le bien-être de ses salariés, mais ses choix stratégiques
semblent être malmenés puisqu'ils n'ont pas fait
l'unanimité auprès des principaux acteurs ciblés par ces
changements. Il nous semble essentiel de parvenir à comprendre les
dessous des prises de positionnement pour agir par un plan d'action conforme
aux demandes des parties prenantes imputées dans ces changements.
2.2. Le déroulement des entretiens
Nous sommes parvenus à réaliser sept entretiens
parmi les neuf formateurs contactés, dispersés dans deux centres
de la région.
Ces entretiens se sont déroulés entre le
21/02/2020 et le 06/04/2020.
Les demandes d'entretien se sont faites par contact direct,
par mail ou par téléphone. La durée des entretiens
était en moyenne de quarante-cinq minutes, en face-à-face, et
enregistré avec l'accord des personnes.
62
2.3. Les caractéristiques des personnes
rencontrées
Tableau 6 :
Les caractéristiques des personnes
interrogées
Enquêtés
|
Sexe
|
Tranche d'âge
|
Spécialité
|
Ancienneté
|
Type de contrat
|
E1
|
H
|
[50 ;55]
|
Comptable-assistant
|
> 1 an
|
CDD
|
E2
|
F
|
[50 ;55]
|
Comptable-assistant
|
8 ans
|
CDD
|
E3
|
F
|
[50 ;55]
|
Conseiller(e) d'insertion professionnelle
|
16 ans
|
CDI
|
E4
|
F
|
[30 ;35]
|
Hôtellerie-restauration
|
> 1 an
|
CDD
|
E5
|
F
|
[40 ;45]
|
Secrétaire médico-social
|
7 ans
|
CDD
|
E6
|
F
|
[55 ;60]
|
Secrétaire-assistant
|
15 ans
|
CDI
|
E7
|
H
|
[60 ;65]
|
Formation professionnelle des adultes
|
32 ans
|
CDI
|
|
Les sept entretiens réalisés sont
effectués avec des personnes issues du secteur tertiaire, ce sont des
domaines d'activité qui sont amplement impactés par les
transformations technologiques. Dans le cadre de la formation, le recours
à des outils digitaux est essentiel dans les pratiques enseignées
pour sensibiliser les apprenants à ces nouveaux usages.
63
Si nous faisons une observation des caractéristiques de
chacun d'entre eux, nous conviendrons aux classifications suivantes :
· En termes de sexe :
Nous avons interrogé cinq femmes et deux hommes.
· En termes d'âge :
- L'enquêtée la plus jeune a entre 30 et 35 ans
- L'enquêté le plus âgé a entre 60 et
65 ans
- Trois enquêtés ont entre 50 et 55 ans
- Un enquêté a entre 55 et 60 ans
Nous disposons d'une population de différentes
générations, cette caractéristique peut être assez
conséquente dans la compréhension de l'intégration des
outils digitaux aux pratiques pédagogiques de nos formateurs. D'autant
plus que l'âge est un indicateur représentatif de
l'expérience professionnelle des individus.
· En termes d'ancienneté :
- L'ancienneté la plus longue est de 32 ans
- L'ancienneté la plus courte est inférieure
à 1 an
Par ordre décroissant : 32 > 16 > 15 > 8 > 7
> 1
L'ancienneté est un élément essentiel
à prendre en compte pour notre étude, sachant que « les plus
anciens » sont estimés à rester plus attaché aux
pratiques traditionnelles.
· En termes de type de contrat :
Parmi notre population, trois formateurs ont un contrat
à durée indéterminée et quatre à
durée déterminée.
64
2.4. Les difficultés rencontrées
2.4.1. Lors de nos entretiens
Lors de la réalisation de nos entretiens, nous n'avons
pas rencontré de difficultés premières. Bien au contraire,
les personnes enquêtées ont eu la bienveillance de nous accueillir
dans un environnement calme, sans rupture et sans interruption par autrui.
La première difficulté pouvait être la
durée de l'entretien. À l'origine, l'entretien était
prévu pour une durée de quarante-cinq minutes. Pour certains, ce
délai a été largement dépassé et pour
d'autre il a été écourté malgré les
questions de relance que nous avons pu poser pour approfondir les
éléments recueillis.
La deuxième difficulté était que bien qu'un
premier contact ait déjà été établi avec
certains formateurs, nous avions remarqué plus de retenus pour
évoquer certains points. Néanmoins, les réponses que nous
avons obtenues restent significatives et pertinentes.
2.4.2. En dehors de nos entretiens
Le plan social en cours
L'organisme de formation, l'AFPA, était touché
par un plan social qui a duré d'octobre 2018 jusqu'au 31 mars 2020. Le
plan social a affecté le climat social de l'organisme, nous avions des
formateurs qui n'avaient pas encore de clarté sur la continuité
de leur activité ou qui se trouvaient avec des formations
supprimées.
Au départ, nous n'envisagions pas d'enquêter
avec des personnes dont le poste a été touché, qui
seraient dans l'obligation de se reconvertir professionnellement ou de quitter
l'organisme avec le plan pour d'autres opportunités. Toutefois, nous
avons trouvé intéressant d'interroger un formateur en
pré-retraite, qui partirait avec le plan dû à son
ancienneté de trente-deux ans à l'AFPA. Il est à savoir
que nous avions déjà été en contact avec ce
dernier, mais la prise de rendez-vous n'a pas été directement
accessible : la personne n'avait pas d'action de
65
formation en cours et n'était pas constamment sur le
terrain. Nous étions obligés de passer par une personne
intermédiaire pour fixer la date d'entretien.
Indisponibilité
Nous souhaitions interroger deux formateurs dans les secteurs
du bâtiment qui avaient intégré les outils digitaux dans
leurs actions de formation. Néanmoins, nous n'avons pas reçu de
réponse de l'un, et l'autre n'était pas disponible car il se
préparait à partir en congé.
En parallèle, nous souhaitions effectuer des
entretiens complémentaires avec des ingénieurs de formation
(nationaux et régionaux) pour échanger sur les pratiques qu'ils
effectuaient pour amener les formateurs à la digitalisation. La
pandémie de 2020 nous a contraint à finaliser les entretiens avec
les formateurs.
Crise sanitaire 2020
Comme nous l'avons précisé
précédemment, nous souhaitions effectuer des entretiens
complémentaires avec deux ingénieurs de formation ayant des
missions d'administration, de déploiement et d'amélioration des
outils digitaux avec l'accompagnement et la formation des formateurs à
l'intégration de ces outils dans leurs pratiques pédagogiques. La
crise sanitaire avec le COVID-19, a obligé les ingénieurs
à se mobiliser pour mettre en place des formations digitales
accélérées afin de permettre aux formateurs de prendre
rapidement en main les outils dans le cadre des formations à distance
qu'ils étaient contraints à réaliser. Il s'avère
que les modalités et les pratiques pédagogiques des formateurs
étaient fortement bouleversées, abandonnant les pratiques
traditionnelles au profit des outils digitaux.
66
3. ANALYSE ET RÉSULTATS
3.1. Analyse des entretiens et résultat
Les résultats qui ont découlé de nos
entretiens vont nous permettre de vérifier la véracité de
nos hypothèses pour aboutir à notre plan d'action. Pour cela,
nous avons souhaité scinder les hypothèses par thématique
en récoltant les similitudes, les contradictions et les
éléments supplémentaires qui semblaient pertinents.
3.1.1. L'hypothèse 1
Pour rappel, notre première hypothèse concerne
le rapport de notre population de formateurs aux outils digitaux. Dès la
prise de nos fonctions d'ingénieurs de formation, nous avons
réuni un ensemble de documents pour réaliser un diagnostic sur la
réalisation des formations des formateurs à la
multimodalité et aux outils digitaux propres à l'AFPA (Annexe 2).
En parallèle, pour confirmer nos supports, nous sommes allés
à la rencontre des formateurs sur le terrain. Ce que nous avons
constaté est que nous étions face à une partie des
formateurs qui avaient entièrement intégré les dispositifs
digitaux dans leurs pratiques pédagogiques, et une autre partie qui
préférait tout de même rester à l'écart. En
effet, les entretiens vont nous permettre d'élucider les prises de
positions et à mieux comprendre les effectifs des formateurs
formés à ces outils.
Nous avons scindé notre hypothèse en trois
thématiques.
Thématique 1 :
Sachant que l'avènement des nouvelles technologies
impacte profondément le marché de la formation, pour rester
compétitive, ces derniers tentent d'adopter des solutions novatrices
pour se différencier de leurs concurrents. Nous parlons de
digitalisation de la
67
formation, ou d'e-formation, ou d'e-learning dans le cadre de
la formation. En d'autres termes, l'enjeu des organismes dans la conduite de
ces changements organisationnels, structurels et culturels, est d'instaurer de
nouvelles pratiques à leurs collaborateurs pour se situer à
l'ère du digital. Cependant, pour mener à bien ces projets, il
est évident de prendre en compte les spécificités
individuelles de chacun. Également, il faut être attentif sur les
types de formation, les publics de stagiaire, et les méthodes
pédagogiques adoptées. Il est à savoir que les formateurs
sont libres de choisir d'intégrer les outils digitaux dans leurs
pratiques ou non.
Dans le cadre de notre enquête, nous sommes face
à un public qui possède diverses caractéristiques qui
pourraient expliquer l'adhésion ou non aux outils digitaux. Il faut
tenir compte de la singularité des individus et de leur activité.
Ce qui en ressort sont : leurs antécédents, leurs
expériences professionnelles, leurs environnements de travail et leurs
pratiques pédagogiques habituelles.
Tout d'abord, nous abordons les expériences
professionnelles des formateurs. Selon nous, elles sont l'une des raisons qui
expliquent certaines positions à l'égard des outils digitaux.
Particulièrement, nous faisons un lien entre les expériences
professionnelles et les générations des individus. Dans ce
contexte, nous tentons de comprendre l'aisance à l'usage du digital. En
effet, L.Marchand (2003) démontre que l'âge est l'un des
éléments les plus indicatifs considérant les anciennes
générations moins à l'aise avec l'informatique, de peur de
faire une mauvaise manipulation, que les générations qui ont
été plus souvent en contact avec l'ordinateur. Mais bien que des
générations soient similaires, nous comprenons que d'autres
facteurs plus déterminants entrent en jeu ...
Nous trouvons qu'il serait intéressant de ressortir
les points suivants :
Notre premier formateur en assistant-comptable (E1)
âgé entre 50 et 55 ans, déclare avoir une bonne
connaissance du domaine informatique. Nous le confirmons par ses propos :
« J'étais un peu geek dans le temps, donc je me tiens au
courant des évolutions » (E1, annexes, lignes 97-98). Cela
nous conforte sur l'idée qu'il a conscience des transformations rapides
qu'engendre la technologie sur son secteur d'activité : « on a
des réseaux partout, de la 5G, du très haut débit,
techniquement y'aurait plus de limite pour les outils liés à la
formation surtout » (E1, annexes, lignes 100-101).
Notre deuxième formatrice dans la même tranche
d'âge que le premier (50-55 ans) et aussi dans l'assistanat en
comptabilité, travaillait auparavant dans le domaine de
68
l'informatique : « pendant 10 ans je suis
restée dans l'informatique, dans les logiciels, dans l'accompagnement
» (E2, annexes, lignes 307-308), et lors de son entrée
à l'AFPA, elle a découvert la plateforme de formation
Mètis pendant sa formation DFA : « Devenir formatrice à
l'AFPA » : « Alors moi, j'ai découvert Mètis quand
j'étais en DFA en mars 2017 donc on s'est pris une journée pour
découvrir la plateforme Mètis » (E2, annexes, lignes
502-503). Ces propos sont essentiels pour comprendre que la formatrice
possède déjà une aisance technologique, et a
déjà connaissance de la plateforme dès les débuts
de sa fonction.
Notre troisième formatrice en CIP (Conseiller.e. en
Insertion Professionnelle), âgée entre 50 et 55 ans, a une
ancienneté de seize à l'AFPA. Elle a été longtemps
formatrice pour les ADVF (Assistant.e. de vie aux familles) puis depuis une
année elle exerce ses fonctions de formatrice pour la formation CIP.
Lors des formations en ADVF, cette dernière n'a pas eu besoin d'utiliser
les outils digitaux car elle considérait que ce n'était pas
indispensable pour la culture du métier « moi personnellement
j'ai très peu utilisé du fait de manque de connaissance et en
lien aussi avec la culture du métier qui était pas assez
développée » (E3, annexes, lignes 751-753). Autre point
qui est important à relever, c'est qu'elle n'a pas utilisé la
plateforme de formation car elle manquait de connaissance. Cela revient
à interroger sur la diffusion d'information de la part de la direction
vers ce projet de changement.
Notre quatrième formatrice (E4), âgée
entre 30 et 35 ans, est une ancienne stagiaire de l'AFPA dans le cadre de la
formation FPA : Formation Professionnelle des Adultes : « Moi ce qui
va être pas mal c'est que je vais pouvoir t'en parler des 2
côtés parce que je l'ai connu en tant que stagiaire et maintenant
formateur » (E4, annexes, lignes 1041-1042). Son ancien statut de
stagiaire lui donne l'avantage d'avoir déjà eu recours à
la plateforme de formation, elle aurait donc une vision complémentaire
dans l'usage de la plateforme. Cela lui donne une meilleure aisance pour
s'approprier l'outil dans son rôle de formatrice.
Notre cinquième formatrice, âgée entre 40
et 45 ans, en secrétariat médico-social a toujours
été attiré par le contact direct avec l'humain. C'est
surtout cet aspect qui l'a orienté à devenir formatrice dans ce
domaine : « je peux pas dire mon métier est ma passion mais on
est pas loin, j'adore ce que je fais, j'ai besoin d'être en contact avec
les gens, avec mon public et c'est le fait justement d'être en contact
que je suis comme un poisson dans l'eau, c'est ce qui me convient ».
(E5, annexes, lignes 1514 ;1516). Nous comprenons clairement par cette
phrase que l'intégration du digital avec les formations à
distance (ou les formations mixtes) peut être compliqué par cette
formatrice.
69
Notre sixième formatrice (E6) est une formatrice en
secrétaire-assistant.e, âgée entre 55 et 60 ans, elle a
été l'une des premières à être formé
sur la plateforme Mètis et a connu son évolution au cours du
temps : « quand on a mis en place la fameuse plateforme tertiaire et
c'était le début entre guillemets du digital qui allait
peut-être arriver. Donc j'ai été dans les prémices
avec mes collègues » (E6, annexes, lignes 1702-1703).
Notre dernier formateur en formation professionnelle des
adultes (E7), âgé entre 60 et 65 ans était en
pré-retraite et possédait une ancienneté de 32 ans au sein
de l'organisme. Il déclare que durant toute sa carrière, il n'a
pas eu un recours courant aux technologies : « Moi j'utilise
l'ordinateur juste pour projeter des PowerPoint ou des documents qui doivent
être sur écran et vue. Mais, appart ça je n'ai pas trop
utilisé d'autre environnement numérique parce que ce
n'était pas à l'ordre du jour » (E7, annexes, lignes
2287-2289). Il faut porter son attention sur la
dernière phrase qui sous-entend que l'usage des plateformes de formation
n'était pas d'actualité et pas obligatoire, donc le formateur
préférait rester sur ses pratiques habituelles.
Deuxièmement, pour optimiser au mieux l'utilisation du
digital dans la formation, il faut, selon nous, disposer du matériel et
de l'équipement adéquats. Nous savons que l'AFPA souhaite
promouvoir au mieux ses outils auprès des formateurs à la demande
de ses clients et du marché concurrentiel, mais nous nous sommes
posé la question de l'environnement de travail pour réaliser
cette promotion dans de bonnes conditions. Comme le souligne E.Baudoin et
L.Tahssain-Gay (2013), « L'environnement spatial et temporel peut ainsi
être décrite par les salaries comme facilitant ou à
l'opposé entravant ». L'environnement de travail viendrait donc
influencer la performance des formateurs, en fonction de l'accès aux
ressources informatisées, à un ordinateur ou à un autre
moyen, selon E. Bernadin et C.Krohmer (2019). C'est pourquoi, pour utiliser
aisément la plateforme de formation, il faut réadapter
l'environnement en fonction des besoins de l'outil. La stratégie de
l'organisme repose souvent sur des formations à distance pour
réunir des stagiaires de différentes localisations. Dans ce
contexte, les formateurs utilisent tous les moyens mis à disposition sur
la plateforme de formation pour communiquer avec leurs stagiaires
(communication en synchrone ou asynchrone).
Par les différentes réponses que nous avons
recueillies, nous faisons le constat qu'il peut y'avoir des dysfonctionnements
en termes de matériel et d'équipement. Les formateurs se disent
ne pas disposer de moyens idéaux dans la réalisation de leurs
missions en ayant
70
recours au digital. Par exemple, pour l'E2 qui est en
formation mixte (un jour en présentiel par semaine et le reste à
distance), elle confirme : « Alors, actuellement c'est peu moyen,
c'est un peu moyen par rapport à cette action » (E2, annexes,
ligne 327), « moi j'ai un petit PC portable c'est pas évident.
Voilà on fait avec » (E2, annexes, ligne 335).
La formatrice E5 travaille avec la plateforme de formation et
explique la problématique qu'elle rencontre régulièrement
: « Un peu lent, mais bon après on n'est pas sur du
matériel nouvelle génération, mais après on
travaille avec » (E5, annexes, lignes 1519-1522).
Nous pouvons encore confirmer les défauts
d'équipement et de matériel par la formatrice E3, « Ce
qui était souvent un frein c'est que [...] à chaque fois
c'était compliqué au niveau informatique y avait toujours un truc
qui n'allait pas, ça ramait, c'était trop et du coup
c'était pas encourageant alors ce qui fait que au démarrage si
ça fonctionne pas, on se retrouve surtout en difficulté on a plus
envie d'y aller, retourner puisque si c'est encore une autre difficulté
» (E3, annexes, lignes 803-805).
Une des dimensions de la fracture numérique, selon A.
Ben Youssef (2004) repose sur le fait que « l'utilisation des TIC repose
sur de nombreux services. L'absence de ces services produit une
sous-utilisation importante de ces usages », soit, dès lors qu'un
dysfonctionnement apparait dans l'utilisation d'un dispositif
numérisé cela contraint l'usager et l'oriente vers des pratiques
plus traditionnelles abandonnant le digital causé par une mauvaise
expérience.
Troisièmement, certains formateurs sont toujours
attachés à l'image du formateur en face à face
pédagogique avec son stagiaire. Pour eux, le contact humain bien plus
qu'une évidence c'est un besoin. Ces formateurs disposent
déjà d'habitudes en matière de pratiques
pédagogiques, ils préfèrent rester dans leur « zone
de confort » car c'est ce qui fait le sens de leur métier. Nous
pouvons illustrer ces propos en citant l'E5 qui exprime son
épanouissement dans son rôle de formatrice grâce à ce
contact humain qu'elle privilégie « j'adore ce que je fais,
j'ai besoin d'être en contact avec les gens, avec mon public et c'est le
fait justement d'être en contact que je suis comme un poisson dans l'eau,
c'est ce qui me convient » (E5, annexes, lignes
1514-1516).
71
Conclusion de la thématique 1
Pour conclure sur cette thématique, nous avons un
public avec des expériences spécifiques, avec quatre d'entre eux
qui étaient plus à l'aise avec le monde de l'informatique car ils
y avaient déjà eu recours durant leurs antécédents
professionnels. En outre, pour l'une des personnes interrogées, elle ne
semble pas être prête à accepter les nouvelles
modalités qu'offre le digital de nos jours, son attachement au contact
humain semble fortement primé sur un éventuel changement de
posture. La prise en compte de la singularité de chaque individu est
incontestable pour comprendre les prises de positions. Nous ne parlons pas de
résistance, car ça ne relève pas de la non-volonté
du formateur mais de ses valeurs, de ses pratiques et des contraintes qui se
trouvent face à lui. Nous estimons que la première
expérience est donc déterminante pour la continuité du
changement. Si les changements sont mal conduits, l'expérience le suit.
Il est alors essentiel d'être bien équipé pour avoir
recours aux outils digitaux et inciter les formateurs à les utiliser
aisément. Bien que les réponses obtenues démontrent un
dysfonctionnement du matériel informatique, il s'agit d'une contrainte
difficilement surmontable car sa résolution ne relève pas d'eux
mais comme ils le soulignent « ils font avec ».
Thématique 2 :
Dans un premier temps, comme le décrit S.
Gérin-Lajoie, C. Papi, I. Paradis (2019) : « l'accroissement de
l'utilisation des technologies numériques dans la formation en
présentiel ou à distance a permis l'émergence de diverses
façons ou de multiples modèles pédagogiques ou types de
cours, voire de formations ». Ainsi, l'environnement concurrentiel oblige
les organismes de formation à s'engager dans des projets de changement
vers la digitalisation. Les choix des entreprises s'orientent vers des
formations courtes, à distance et accueillant le plus grand nombre. Cela
incite les organismes à renouveler les pratiques pédagogiques de
leurs formateurs, à revoir leurs technologies numériques et
à assurer tout type de modalité de formation.
Dans le cadre de projets de changement, les formateurs
doivent être informés par les mutations qui s'introduisent dans
leur secteur d'activité. Nous pensons que dès lors que les enjeux
ne sont pas convaincants pour tous, les contraintes peuvent s'avérer
plus précoces.
72
Nous nous sommes demandé si les formateurs
étaient informés par ces transformations qui influencent de plus
en plus le monde d'aujourd'hui.
Dans toutes les réponses obtenues, nous avons
constaté que les formateurs étaient conscients des nouveaux
enjeux du marché de la formation et de ces possibles évolutions.
Nous pouvons citer l'E1, qui comme nous l'avons évoqué
précédemment se tient souvent au courant des évolutions
technologiques, il explique les raisons d'opter pour des outils digitaux:
« je dirais que le marché change donc ça correspond
à un besoin du marché, parce que les commanditaires ou les
financeurs, je pense qu'ils vont basculer de plus en plus vers ces
formules-là puisqu'on a un changement du financement, on est sur des
formations plus courtes et à distance donc en principe un coût
moins élevé » (E1, annexes, lignes
34-37).
Dans un deuxième temps, une autre raison qui oriente
les formations vers la digitalisation est le délaissement des
contraintes de temps et de lieu.
Selon l'E5, les plateformes de formation à distance
sont surtout un besoin inéluctable pour former des personnes
géographiquement dispersées : « Je pense que c'est bien
encore une fois quand on a des stagiaires un peu dissimilés partout
quand on est sur la plateforme. Encore une fois, moi étant en
présentiel, je ne présente pas un grand intérêt.
» (E5, annexes, lignes 1527-1528). La dernière phrase
représente une autre explication de la prise de position de la
formatrice qui considère qu'il n'y a d'intérêt à
intégrer la plateforme dans ses pratiques seulement si on l'utilise dans
le cadre d'une formation à distance.
Dans un troisième temps, les compétences
internes représentent aussi un atout considérable pour être
en bonne position sur le marché. Ainsi dans le cadre du projet de
digitalisation de l'organisme de formation, elle a mis en place des formations
de sensibilisation à la multimodalité et à l'utilisation
de sa plateforme de formation. Nous avons alors interrogé les formateurs
pour connaitre les raisons qui démontrent les difficultés de
l'organisme dans la promotion de sa plateforme de formation.
Pour certains de nos répondants, la première
difficulté est le manque de formation. Nous faisons le constat que le
nombre de formateurs non-formés aux produits innovants sont largement
supérieurs aux personnes formées. L'E7 démontre ces faits
en expliquant que la première difficulté est « la
formation, déjà que les gens soient formés aux produits,
soient sensibilisés sur les enjeux de cette nouvelle organisation »
(E7, annexes, lignes 2304-2305). L'E4 rajoute les raisons qui peuvent
expliquer ces écarts : « J'avais des collègues qui
étaient
73
réfractaires aussi à tout ce qui
était numérique parce que ça leur fait peur parce qu'ils
ont leurs petites habitudes parce qu'ils pensent qu'on va les surveiller »
(E4, annexes, lignes 1128-1130), elle continue en révélant
qu'il « y'a beaucoup de gens qui ne sont pas forcément
formés à Mètis, ça leur fait très
très peur parce que on va pas se mentir, quand t'as 50 ans et ça
fait 20 ans que t'es formateur et que t'as l'habitude d'avoir ton petit meuble
avec tes petits classeurs, tes trucs et tout bah une plateforme
numérique ça peut faire, je pense très peur
déjà » (E4, annexes, lignes 1112-1116).
Cette réflexion se tourne vers les propos de V.
Duveau-Patureau (2004), qui considère que ce genre d'outil peut
provoquer des attitudes ambivalentes selon les spécificités de
chacun, c'est-à-dire à première impression, il peut
attirer comme il peut faire peur. Généralement, ce sont les
questions d'habitude qui sont remises en cause. C'est comme si nous
étions pendant des années habitués à travailler
d'une manière dont les résultats étaient remarquables et
que le lendemain on nous imposait de travailler autrement pour obtenir les
mêmes résultats mais dans un contexte totalement différent.
Ça provoque cette marque de « peur » qui vient freiner parfois
même stopper les conduites de projets digitales car ça «
pèse sur les représentations des acteurs » (V.
Duveau-Patureau, 2004).
Pour d'autres, c'est un problème organisationnel et de
méthode de départ qui n'a pas su être profitable et qui a
donc engendré des contraintes directes à l'utilisation de la
plateforme. Aux débuts de la diffusion d'informations et du commencement
des formations à la multimodalité et à l'utilisation de
plateforme numérique Mètis, le formateur E1 explique la
problématique : « C'est nouveau pour tout le monde en fait,
tout comme le formateur comme pour l'apprenant. Il y a des méthodes
à mettre en place, on n'est pas les premiers à mettre en place la
plateforme [...] (E1, annexes, lignes 52-54) Donc, faudrait
peut-être les préparer à ça différemment,
changer de méthode au départ » (E1,
annexes, lignes 52-54). On reprend les propos de V.Duveau-Patueau (2004) qui
estime que la mise en place de ce genre de projet doit dispenser « des
moments de formation spécifiques pour chacun et des moments
d'échanges entre acteurs », autrement les organismes pourraient
voir un nombre inférieur à la moyenne dans l'inscription à
ces formations.
Conclusion de la thématique 2
Pour conclure sur cette thématique, la question de la
digitalisation de la formation est devenue, au fil des années, une
question stratégique. Pour mener à bien ces projets de
74
changement, nous avons constatés que les
difficultés de l'organisme résidaient dans sa méthodologie
de départ dans le sens où les formateurs ne se sont pas sentis
aptes à changer de pratiques. En effet, cette plateforme de formation
représentait « le nouveau » et « l'incertain »,
« la distance » et « la peur » et d'autres
appréhensions qui amenaient les formateurs à protéger
leurs « savoir-faire ». Néanmoins, ils se rendent compte des
enjeux et des nouveaux besoins qui s'accentuent sur le marché de la
formation de nos jours.
Thématique 3 :
Dans cette thématique, nous allons essayer de
comprendre les raisons pour lesquelles l'évolution de la posture du
formateur ainsi que les nouvelles méthodes technologiques ne semblent
pas être acceptables par tous. Nous savons qu'actuellement, de nouveaux
outils commencent à voir le jour comme des casques virtuels, des jeux
sérieux (ou serious game), des simulateurs de formation au geste
professionnelle etc.
Pour le formateur E1, ces nouveaux outils sont l'avenir de la
formation, ils permettront de former les stagiaires n'importe où dans le
monde « Actuellement ce sont des gadgets mais à terme on aurait
peut-être tous des casques virtuels à la maison et puis je serais
peut-être au tableau et y'aurait un ou deux caméras 3D en face et
je ferais l'acteur en même temps. Ça ça pourrait être
une évolution. » (E1, annexes, lignes 86-88).
Cela représentait l'appauvrissement du présentiel
« y'en aurait toujours un petit peu mais effectivement si les outils
sont adaptés, si ça fonctionne bien, si tout est bien
paramétré, si les supports sont bons, à la limite moi je
pourrais faire un cours sur la paie ou la compta à quelqu'un qui habite
au Canada sans problème » (E1, annexes,
lignes 104-106).
Mais ces nouvelles modalités contribuent à
interroger l'E5 sur la place du formateur : « Je me dis qu'à
partir du moment où t'as une plateforme, où t'as des cours,
est-ce qu'on a encore besoin de quelqu'un derrière ? Si pour corriger
mais c'est tout » (E5, annexes, lignes 1556-1557).
Conclusion de la thématique 3
Pour conclure sur cette thématique, les avis sont
mitigés mais tous ont conscience des potentielles évolutions
à prévoir dans le domaine de la formation. Ces
évolutions
75
élimeraient les contraintes de temps et de lieu, et la
formation sera accessible à tous, qu'importe son lieu d'habitat. Le
formateur serait encore présent, mais le besoin serait-il toujours
pareil ? À suivre ...
3.1.2. L'hypothèse 2
Pour rappel, notre deuxième hypothèse repose
sur l'intégration de la plateforme de formation aux pratiques
pédagogiques des formateurs et le temps qu'ils investissent pour son
enrichissement. Ces éléments tentent de réinterroger la
pertinence du projet de digitalisation de l'organisme.
Généralement les évolutions technologiques invitent les
formateurs à des modalités autres que classique et amènent
à des nouvelles façons de faire.
Thématique 1 :
Tout d'abord, en ce qui concerne les pratiques
pédagogiques des formateurs, tout formateur dispose de sa
méthodologie pour former ses stagiaires. Cette méthodologie fait
partie « de leurs « habitudes » (Guillaume, 1936-1973), de leurs
« schèmes » (Piaget, 1979) de leurs « routines
incorporées » (Schuman, 1987) ». 54
Lors de nos entretiens, nous avons constaté que
l'ensemble de nos formateurs utilise au moins un outil digital dans leur
pédagogie en formation. Il est à savoir que l'organisme de
formation a su répondre aux nouveaux besoins du marché en tirant
profit des technologies, car elle met de nombreux outils à disposition
de ses formateurs.
Nous avons la formatrice E4, qui est à l'AFPA depuis
un an et a pris la rapide décision d'exploiter les outils de l'AFPA,
elle cite :« avec GESTAD [...] j'ai créé un dossier pour
qu'ils remettent les travaux que je leur donne [...] (E4,, annexes, ligne
1180) si je refais le groupe là de l'année, je ferais si le
Mètis est ouvert [...] (E4, annexes, ligne 1210) Par contre
pour le coup sur le groupe de RAN55, c'était AfpaOnline que
j'ai beaucoup utilisé
54 Récupéré le 3 juin 2020, de : Durand,
M., Saury, J., & Sève, C. (2006). Apprentissage et configuration
d'activité: une dynamique ouverte des rapports sujets-environnements.
Sujets, activités, environnements: approches transverses,
61-84.
55 Ran = Remise à niveau
76
avec eux et ça c'était top franchement,
c'est un super outil aussi quoi en plus de Mètis, ça c'est
vraiment bien quoi » (E4, annexes, lignes 1222-1224).
Quant à la formatrice E4, elle utilise plutôt
des outils annexes :« on est obligé dans ma formation de
travailler avec l'ordinateur puisqu'on est sur Word, Excel PowerPoint [...]
(E4, annexes, lignes 1564-1566) et le site qui existe learningapps
où j'ai pu créer plusieurs applications justement de
manière à ce que ça soit ludique ». (E4,
annexes, lignes 15681569)
Le formateur E7, ayant 32 ans d'ancienneté, n'utilise
que la plateforme numérique Mètis depuis un an car il
considère n'avoir pas eu de formation et d'information suffisantes pour
utiliser l'outil dans le cadre de ses actions : « Je suis là
depuis 32 ans et ça fait juste depuis 1 an dans ma dernière
formation où j'ai été sensibilisé même pas,
parce qu'on m'a juste dit tu peux aller mettre sur Mètis mais mettre
quelqu'un sur Mètis quand toi-même tu ne sais même pas ce
qui se passe dedans, t'arrive pas à travailler dedans » (E7,
annexes, lignes 2326-2328).
Les modalités des actions de formation menées
par les formateurs jouent un rôle important dans l'appropriation de ces
outils digitaux. Pour nos formateurs en formation mixte (E1 et E2), le digital
est un incontournable : « Actuellement le digital, il prend le dessus
puisqu'on est 4 jours sur 5 en contact voilà donc le digital fournit
certains supports mais pas tous parce qu'on les complète en permanence
puisqu'on a notre expérience et nos connaissances dans ces domaines
qu'on rajoute. Ensuite, je complète avec des livres dont je m'en sers en
permanence » (E1, annexes, lignes 104-106). Cependant, il
considère que ces outils ne sont pas forcément complets, et que
le rôle encore du formateur est de les enrichir par ses propres apports
théoriques et ses expériences professionnelles.
Cependant, il faut savoir être prudent par ces usages
pour éviter que les stagiaires décrochent car toujours
d'après l'E1 il est difficile de repérer les comportements de
décrochage et d'isolement : « Après, le souci qu'on peut
avoir avec le digital c'est que les candidats décrochent, ils sont pas
assez écouté, ils restent dans leur coin c'est-à-dire
qu'ils demandent en principe... Quand vous avez pas compris, on a l'apprenant
qui vous questionne et qui vous redemande, et à distance c'est pas
toujours évident, il laisse de côté. En présentiel,
s'ils ne le font pas on le remarque à leur regard quand on discute avec
eux » (E1, annexes, lignes 168-172).
77
Conclusion de la thématique 1
Pour conclure sur thématique, il existe de nombreux
outils digitaux propres à l'organisme de formation au
bénéfice des formateurs et de leurs accompagnements des
stagiaires. Cependant, on relève toujours de ces entretiens, que les
formateurs manquent de formation pour s'approprier ces outils.
Néanmoins, certes ces outils peuvent assister le formateur mais la
réelle intention devrait être l'apprentissage du stagiaire. En
effet, les modalités de formation qui se font à distance
conduisent les formateurs à être « devant une population
d'apprenants à la fois dispersée et virtuelle », selon Z.
Ben Ammar-Mamlouk et N.Dhaouadi (2007). Cela renforce leur nouveau rôle
de tuteur du formateur qui consiste à accompagner, guider et conseiller
les stagiaires pour éviter son isolement ou son décrochage.
Toujours d'après Z. Ben Ammar-Mamlouk et N.Dhaouadi (2007), les
stagiaires peuvent « avoir ce besoin de présence, de guidance et de
conseil », et cela peut ne pas être visible pas les formateurs. Ils
doivent être attentifs à utiliser fréquemment les
communications synchrones et asynchrones56 qui sont
généralement mises en place sur les plateformes de formation.
Thématique 2 :
Pour rappel, les formateurs n'ont pas les connaissances et la
maitrise nécessaire pour utiliser des outils digitaux. Cela
nécessite d'investir du temps pour se former et enrichir leur parcours
de formation.
Il est à mettre en évidence que la formation
sur la plateforme numérique se fait en deux temps, en premier temps sur
un SPOC de quatorze heures et en deuxième temps sur une journée
en présentiel. De plus, à l'entre-deux actions, les formateurs
ont un délai réduit pour adapter leur nouveau parcours à
l'offre demandée.
En ce qui concerne les parcours sur la plateforme
numérique, ce sont les ingénieurs pédagogiques nationaux
qui apportent, en premier lieu, leurs contributions en termes de ressources et
de contenus. Par la suite, les formateurs viennent compléter leur
parcours en y
56 Dacheux, E. (2000). La communication : définition.
annexe de mon livre" vaincre l'indifférence", CNRS
éditions.
78
apportant leurs propres ressources. La plateforme
numérique demande donc de l'appropriation, de l'investissement et du
temps.
Nous constatons qu'il y'a deux cas de personne, un cas
où l'ingénieur pédagogique nationale a effectué un
parcours de formation complet en termes de contenus, d'activité et de
ressources, et le formateur n'a plus qu'à s'approprier son parcours et
à l'enrichir s'il le souhaite. Dans le cas inverse, le formateur est
obligé d'apporter des modifications aux contenus de son parcours, en
enrichissant par ses propres ressources, ce qui lui demande une charge de
travail supplémentaire. Nous citons les propos l'E4 : « je
trouve que c'est vachement bien d'avoir déjà des ressources, il
faut déjà le dire parce que y'en a qui trouve ça normal
mais moi je trouve que c'est vachement cool parce que c'est pas dans toutes les
boîtes que c'est comme ça donc déjà ça c'est
vraiment très bien je pense que déjà à ce
niveau-là » (E4, annexes, lignes 1280-1283).
Mais pour ceux qui ont un parcours qui n'a pas
été garni par les ingénieurs nationaux, la
problématique est autre. C'est le cas de l'E5 : « il faut que
je refasse tout et étant en CDD et commençant en même temps
que les stagiaires c'est impossible et j'ai pas le temps quand j'ai des gens en
présentiel de re-fabriquer tout à chaque fois, c'est impossible
». (E5, annexes, lignes 1580-1582).
Globalement, ce qui ressort des entretiens est à
nouveau le problème de la formation : « Je trouve que c'est
insuffisant, c'est une critique globale. On s'est débrouille, on arrive
toujours à trouver une solution pour évoluer. Au départ
oui c'est un peu galère, on doit s'auto-former, y`a pas de guide, pas de
formation équipe sur le fonctionnement global »
(E1, annexes, lignes 204-206). Ce problème de formation
conduit alors à des comportements réfractaires : « Si le
formateur est formé et ok pour faire ça, il pourra en parler au
stagiaire mais si lui il n'est pas ok, il n'est pas formé, il n'est pas
sensibilisé, il y en a même qui te disent moi je vais pas faire
ça, je comprends pas » (E7, annexes, lignes 2412-2415).
Conclusion de la thématique 2
Dans tous les cas de figure, le formateur doit contribuer
à l'enrichissement de son parcours de formation sur sa plateforme de
formation pour dynamiser l'apprentissage de ses stagiaires. En
parallèle, ces nouvelles missions de conseil, d'accompagnement et de
support impliquent une meilleure adaptation et appropriation de l'outil.
D'après I. Ben Zammel, F.
79
Chichti et J.E. Gharbi, l'objectif est de « garantir un
usage efficace de la plateforme » pour qu'elle garantisse une «
flexibilité et des contenus pertinents pour expliquer les cours ».
Les TIC sont désormais des incontournables de nos jours, les formateurs
doivent pouvoir se renouveler, revoir leur enseignement, et expérimenter
de nouvelles pratiques.
Néanmoins, tous ces enjeux ne peuvent être mis
en pratique seulement si nous donnons assez de temps aux formateurs pour qu'ils
puissent se former, s'approprier et se renouveler aux fonctionnalités
des outils digitaux.
Thématique 3 :
L'année 2017 a été l'année du
commencement du projet de transformation de l'organisme de formation vers le
digital. Des diffusions d'informations se sont envolés dans les
boîtes mails des formateurs pour les tenir informés de la toute
nouvelle plateforme de formation propre de l'AFPA, Mètis. Beaucoup
d'atouts ont été attribué à cette plateforme, si
des formateurs ont été curieux de la découvrir d'autre
n'ont pas forcément prêté attention aux
fonctionnalités qu'elle offrait.
Nous avons interrogé les formateurs sur les
pressentiments concernant la diffusion d'informations et la mise en place des
premières formations à la multimodalité et à
Mètis.
Notre formateur de 32 ans d'ancienneté a
répondu sur sa non-volonté de suivre ces formations, il nous
explique : « parce que tout simplement je ne savais pas et on m'avait
pas convaincu. Pour convaincre quelqu'un, il faut donner tous les arguments, il
faut l'aider, il faut l'écouter, il faut l'accompagner, il faut prendre
en compte son niveau et puis il faut que ça soit quelque chose qu'il est
obligé de faire » (E7, annexes, lignes 2430-2433).
Notre deuxième formatrice avec 16 ans
d'ancienneté avait effectué les premières formations :
elle nous explique les raisons qui ont fait qu'elle n'a pas utilisé la
plateforme de formation jusqu'à l'année dernière :
« Moi j'ai participé à une formation Mètis en
lien avec un SPOC, quand on nous parle de classe virtuelle etc, c'est un autre
pas quoi, on a quand même pas les stagiaires en face c'est vraiment une
autre pratique, c'est une pratique qui n'était pas envisageable pour moi
y'a 35 ans quand je suis rentré à l'AFPA (E3, annexes,
lignes 858-860) [...] on était très mal équipé
avec pas suffisamment de réseau, pas suffisamment de temps pour
s'imprégner, nous en tant que formatrice, du contenu
métis,
80
voilà donc ce qui fait que ça a
été un grand frein pour l'appropriation » (E3, annexes,
lignes 763-765).
En parallèle, les formateurs nous ont à nouveau
évoqué leur besoin de formation à cet outil, nous
ressentons de réelles frustrations de leur part durant leur
auto-formation à la plateforme : « Nous les formateurs, il faut
qu'on soit formé à la plateforme au fonctionnement donc c'est pas
toujours évident parce que quand on arrive enfin moi je connaissais pas
Mètis avant l'été dernier donc je suis passé dessus
et y a rien qui fonctionnait » (E1, annexes, lignes 198-200), mais
aussi « l'AFPA ou ailleurs c'est pareil partout il faut former tes
gens si tu veux qu'ils utilisent les produits que tu mets à leur
disposition quoi » (E4, annexes, lignes 1280-1283).
Conclusion de la thématique 3
Bien que des diffusions d'informations et des formations
aient été mises au point par la direction, les formateurs n'ont
pas tous été unanime pour « accueillir » ce nouvel
outil dans leurs pratiques. Alors que l'une de nos personnes interrogées
a répondu présente à l'appel des formations à la
multimodalité et à Mètis, elle ne l'a pas mise en pratique
car elle n'était pas prête et son environnement de travail
n'était pas envisageable pour ce type de produit. Ce type d'outil
semblait « la nouveauté », il était question de classe
virtuelle, de formation à distance, de communication
synchrone/asynchrone, de plateforme LMS... et bien d'autres termes qui
paraissaient compliqués pour les formateurs. Comme l'ont souligné
E1, E4 et E7, il fallait « convaincre » pour « séduire
», « séduire » pour « former ». L'enjeu est de
taille puisqu'il touche toutes les pratiques de tous les formateurs. La
démarche peut tout de même se faire pas à pas, en aller
à la rencontre des gens et accompagnant vers les changements de
mentalité et de technique (C.D'Halluin, et al., 2003).
`
3.1.3. L'hypothèse 3
Après avoir rassemblé toutes les
problématiques recensées pour comprendre les contraintes qui
freinaient l'appropriation de la plateforme de formation des formateurs. Notre
hypothèse trois propose des plans d'action qui pouvaient agir sur ces
contraintes, en recueillant les avis des formateurs sur ces éventuels
dispositifs.
81
Thématique 1 :
Notre première thématique repose sur la mise en
place des ateliers de formation pour réguler les besoins des individus
et s'adapter à leurs attentes en termes de contenus. Ces ateliers de
formation devront être constitués de formateurs de même
niveau en termes de prérequis, de connaissances et d'utilisation de
l'outil.
Pour comprendre la conformité de ces ateliers avec les
attentes des formateurs, nous les avons interrogés vis-à-vis de
leurs opinions sur le sujet. Voici quelques réponses que nous avons
obtenues : « Quand tu ranges déjà bien les gens au bon
endroit ça va bien quoi » (E4, annexes, lignes 1339-1340) ;
« Moi je suis pour, on rejoint un peu ce que j'ai dit
précédemment, que ça soit pour le formateur comme pour les
groupes de stagiaires » (E1, annexes, lignes 223-224).
La formatrice E5 a aussi évoqué les
échanges de pratiques, nous pensons à des communautés de
pratique qui peuvent être mises en place à l'issue des ateliers de
formation : « Bah oui c'est ce qu'on appelait les échanges de
pratiques où avant on faisait une réunion dans l'année
avec des différents formateurs et on échangeait un peu nos
pratiques et du coup on prenait ce qui était bien chez les autres et on
donnait ce que nous on faisait qui était plutôt qui fonctionnait
bien » (E5, annexes, lignes 2046-2049).
Conclusion de la thématique 1
Pour conclure sur cette thématique, nos
répondants ont été séduits par l'idée de
mettre en place ce type de d'ateliers par niveaux : nous pouvons dire qu'une de
nos hypothèses est confirmée. Les formateurs ressentent le
réel besoin d'avoir une formation recentrée sur leurs attentes.
Il faut savoir prendre en compte la spécificité individuelle de
chacun. De ce fait, la mise en pratique de ces actions de formation peut
supprimer certaines contraintes. Nous pensons aux inégalités en
termes de compétences numériques, d'information sur l'outil et de
pratique sur l'outil. Il faut relever « cette capacité de s'adapter
aux besoins d'apprentissage des individus », selon V. Duveau-Patureau
(2004).
82
Thématique 2 :
Aujourd'hui, la digitalisation est considérée
comme une évidence pour l'avenir de la formation. Il semble important
d'éviter les conflits d'usage des technologies. Pour cela, il faudrait
éloigner les personnes de leurs craintes et les rapprocher des
intérêts qu'ils peuvent tirer du digital. Nous parlons d'une
renormalisation des pratiques dans le sens où la personne doit
abandonner ses normes habituelles vers des nouvelles. En outre, cette
évolution apporte un autre tournant à la posture du formateur, il
faut donc s'assurer que chacun de nos interlocuteurs le reconnaisse.
Notre questionnement, vis-à-vis de
l'intérêt de la digitalisation de la formation auprès des
formateurs, semble confirmer nos dires. Pour la majorité d'entre eux,
ils sont au courant de l'ère du digital qui s'ancre dans leur domaine,
tandis que pour d'autres, ça reste peu lucide.
Le formateur E4 a conscience que nous sommes dans
l'ère du digital : « Comme dit, moi je pense que on est
déjà en plein dedans » (E4, annexes, ligne 1362). Les
intérêts qu'il évoque sont alors, la possibilité de
suivre plusieurs groupes en même temps et individualiser le parcours
selon les besoins des stagiaires « nous dans les métiers de
terrain on est déjà là-dedans parce que on travaille
déjà avec le numérique parce que le numérique en
fait il nous permet de mettre les autres en double fil pour t'occuper de
l'individualisation de la formation » (E4, annexes, lignes
1369-l371). A cela, l'E1 rajoute que le digital permet de « diminuer
des coûts de production ou de formation [...] (E1, annexes, lignes
242-243) Par le digital, on on met des richesses, des connaissances en
ligne. » (E1, annexes, ligne 250).
Cependant, ces avis ne semblent pas être
partagés par tous, la formatrice E5 continue à défendre,
tout au long de l'entretien, la place de l'humain dans la pédagogie :
« Non toujours pas, encore une fois c'est parce que j'aime tellement
mon métier, j'aime tellement avoir du public parce que je reviens
toujours au même, ne pas oublier l'humain, » (E5, annexes,
lignes 1636-1637).
Les intérêts de la digitalisation de la
formation s'accompagnent de l'évolution de la posture du formateur. Il
n'est plus seulement un transmetteur de savoir mais aussi un animateur et un
accompagnateur. En outre, il serait nécessaire d'insister sur le fait
que le
83
digital ne parviendrait pas à remplacer le formateur qui
possède la stratégie pédagogique. Il conviendrait donc de
définir les outils digitaux au service de sa pédagogie, et non
l'inverse. Le formateur E7 évoque le terme d'« expert » pour
désigner le formateur futur : « pour pouvoir travailler comme
ça, il faudrait être expert quand même pour utiliser ce
genre de choses-là » (E7, annexes, lignes 2471-2472),
même si le contact direct avec les stagiaires reste interrogatif
« est-ce qu'ils auront beaucoup de contacts avec les stagiaires je
sais pas, en tout cas ce que je souhaite pour demain, c'est que toutes les
personnes qui veulent être formateur soient motivées pour
l'être » (E7, annexes, lignes 2472-2474).
Cette nouvelle fonctionnalité repose la question de
l'acceptation ou de la non-acceptation de la part des formateurs : «
certains sont réfractaires ils préfèrent quand même
le présidentiel, moi non moi j'ai toujours suivi la technologie, la
technique par rapport aux entreprises, donc là ça suit son cours,
c'est un peu la crainte de rater des choses ou de pas utiliser la bonne
méthode parce qu'on est quand même sous quelque chose où on
reste quand même autodidacte sur le digital puisqu'on est on est les
premiers à prendre » (E1, annexes, lignes 261-265).
Néanmoins, cette nouvelle posture ne signifie rien de
positif pour certains qui ont cette « peur » de se retrouver face
à des machines et non face à un public, c'est le cas de la
formatrice E5 : « J'ai peur, je vais pas te mentir, je vois bien que
c'est la distance qui va prendre le dessus, je le vois bien mais après
voilà. On fera ce qui y'a et puis c'est tout » (E5, annexes,
lignes 1648-1650). Le point qui peut être bénéfique est que
l'E5 a conscience qu'il n'y a pas d'échappatoire et que le digital
pèsera plus que le traditionnel. L'E1 vient confirmer ses propos en
évoquant que cette digitalisation serait un incontournable dans la
formation des formateurs :« Je pense que dans quelques années,
ça fera partie de la formation des formateurs, ce sera
intégré dans les parcours des formateurs, eux ils seront plus en
transition puisqu'ils seront directement dans les processus nous on sera
obligé de s'adapter, de déconstruire, de construire à
nouveau et d'accepter les nouvelles méthodes » (E1, annexes,
lignes l72-l76).
Conclusion de la thématique 2
Pour conclure sur cette thématique, il semble
primordial de susciter l'intérêt d'intégrer le digital dans
les méthodes traditionnelles, pour répondre aux besoins du
marché concurrentiel et pour l'évolution du métier de
formateur. Il faudrait rendre compte des profits
84
qu'ils peuvent tirer des fonctionnalités de la
plateforme. Les répondants mentionnent les possibilités de suivre
plusieurs groupes en même temps, d'individualiser la formation selon les
besoins de chaque formateur et de partager plus aisément leurs richesses
en ligne auprès de sa communauté. Pour cela, il faut que les
différentes parties puissent avoir une communication d'informations
claires et précises. Néanmoins, cela nécessite une
renormalisation qui va donc dans le sens et la
capacitéì de la personne. Pour que ça soit
applicable par tous, le rôle des ingénieurs de formation est
primordial. Il faut qu'ils puissent susciter l'intérêt et
évoquer les avantages qui peuvent résulter de cette nouvelle
pratique, tant pour la formation de nos jours, que pour l'évolution de
la posture du formateur.
Thématique 3 :
Nous partons de l'hypothèse que si nous souhaitons que
le changement s'opère dans de bonnes conditions, les formateurs doivent
se sentir concernés par les différents enjeux qui sont en place.
Cette approche peut se faire de façon individuelle en allant à la
rencontre de chaque formateur mais aussi de façon collective en
organisant des réunions d'échange entre communautés de
pratiques. Le but étant d'instaurer un accompagnement
personnalisé pour le formateur afin de lever les freins contre le
numérique. Pour cela, nous devons avoir connaissance de ce qui semble
important pour les formateurs pour avoir une bonne acculturation et une bonne
expérience du numérique.
Ainsi, d'après les réponses que nous avons
obtenues, au-delà de la formation il faudrait continuer à les
suivre pour qu'ils puissent être pleinement à l'aise avec les
outils digitaux : « Il faut qu'on soit vraiment bien au top, tu vois
de manière à ce que même si on fait les choses à
distance, que le stagiaire pose une question sur l'appareil numérique tu
puisses tout de suite répondre à sa demande » (E5,
annexes, lignes 1663-1665)
Cela permettra de renforcer l'acculturation et l'assurance
des formateurs en cas de problématiques des stagiaires. De plus, ce
suivi pouvait être aussi à l'avantage des formateurs dits novices
qui auront, certainement, besoin de plus d'appui que ceux qui sont à
l'aise avec le digital : « Tu vois, un suivi plus un peu comme
ça ça peut être pas mal, y'en a qui vont se
débrouiller tout seul et ils auront besoin de rien, ça pas de
problème mais tu vois peut-être pour des gens qui sont un peu
novices ou des gens qui ont envie justement peut-être de participer au
développement de ce truc-là » (E4, annexes, lignes
1453-1456).
85
A partir de ce point-là, le souhait des ateliers de
formation recentrés sur les besoins des formateurs est à nouveau
mentionné : « On revient sur les ateliers d'avant, je dirais
que c'est une des premières solutions car une personne
réfractaire c'est une personne qui connaît pas, qui a peur du
nouveau, de se planter, de pas pouvoir utiliser les supports et les outils qui
sont mis à sa disposition et parce que c'est nouveau. Tout ce qui est
nouveau nous fait peur souvent parce qu'on sort de sa zone de confort et donc
soit pour le formateur comme pour l'apprenant, ça peut être
perturbant. » (E1, annexes, lignes 275-279)
En outre, l'acculturation passera d'abord et toujours par
susciter de l'intérêt : « Je pense que déjà
il faut que ça t'intéresse, ça je pense que c'est c'est
une des premières choses. » (E4, annexes, lignes 1409-1410)
qui nécessiterait d'écarter les craintes par rapport à
l'environnement changeant « Ça demande de changer un peu de
mentalité surtout et faut les aider. Le problème c'est qu'il ne
faut pas que la personne qui découvre l'environnement soit
découragé, c'est la principale crainte » (E1, annexes,
lignes 284-286).
Notre prise de poste, en tant qu'ingénieur de
formation, a aussi été évoqué dans les
réponses. Globalement, les formateurs semblent être satisfaits des
méthodes que l'on tente de mettre en place. Cependant, nous sommes
conscients qu'il y a encore des aspects à améliorer.
Premièrement, dès notre prise de poste nous
avons lancé des rencontres auprès des formateurs pour
échanger avec eux sur les outils digitaux. Le fait que nous nous
déplaçons, a fait que nous étions reconnus auprès
d'eux et, en cas de difficulté, ils savaient qu'ils pouvaient nous
solliciter : « Déjà, venir nous voir comme vous
faites-vous, ça moi je trouve que c'est génial parce qu'on vous
connait, on sait qui vous êtes, vous êtes identifiés on sait
qui vous êtes donc ça c'est déjà cool »
(E4, annexes, lignes 1441-1442).
Deuxièmement, en parallèle de ces visites, nous
avons aussi accompagné des formateurs individuellement pour qu'ils
puissent, au mieux, s'approprier l'outil : « vous avez un regard
déjà bienveillant ensuite vous êtes disponible, moi c'est
ce que j'ai vécu là en début de l'année, parce que
c'est là qu'on s'est rencontré. Pour moi, vous avez un regard
d'expert en adaptant votre connaissance à ma connaissance à moi,
donc une pratique pédagogique avec une proximité donc
voilà c'est comme ça que je le vis » (E3, annexes,
lignes 1002-1003).
Cependant, il nous ait aussi demandé de renforcer la
formation, l'accompagnement mais aussi l'environnement numérique, qui ne
dépend pas de nous : « Voilà qu'il suscite de
l'intérêt, qu'il donne envie d'avoir envie et que en partant ils
ne disent pas bah voilà il est
86
venu faire un discours il s'en va [...] (E7, annexes,
lignes 12413-l414) Du coup, qu'il ait la garantie que le matériel
fonctionne partout et que la même politique est appliquée dans
tous les centres » (E7 , annexes, lignes 2515-2517).
Être ingénieur de formation suppose d'avoir ce
regard neutre, prendre en compte l'évolution de vie de chacun, avoir de
l'empathie et de la bienveillance à l'égard des formateurs pour
qu'ils se sentent en confiance et à l'aise pour cet avancement.
L'accompagnement de l'ingénieur de formation,
référent de la plateforme de formation et de la
multimodalité, est un acteur principal pour l'engagement des formateurs.
Ces derniers ont souhaité un suivi plus renforcé et
régulier : « Il faut qu'il y ait un pro de la plateforme qui
puisse nous donner du support et nous expliquer certaines choses qu'on ne
connaît pas parce qu'on sait pas » (E1, annexes, lignes
227-229), « Puis à renouveler et avoir un suivi surtout parce
que tu vois si tu fais ça une fois par an, c'est pas forcément
super pertinent donc peut-être une fois tous les 6 mois c'est mieux quoi.
» (E4, annexes, lignes 1342-1343), avec des réunions avec la
communauté de formateur pour les tenir au courant des évolutions
sur la plateforme. D'après E1, « Éventuellement,
même un jour un jour tous les mois ou tous les 2 mois sur métis
pour faire quelques rappels pour voir les changements, faire des
réunions pour l'évolution du projet [...] mais par rapport
à mon expérience c'est mon ressenti, il faudrait un peu plus
d'appui » (E1, annexes, lignes 233-234).
Conclusion de la thématique 3
Pour conclure sur cette thématique, nous avons pu
confirmer nos hypothèses et rajouter des éléments
supplémentaires dont auraient besoin les formateurs.
En ce qui concerne l'acculturation, cela commence par
susciter l'intérêt de nos collaborateurs. Il faut qu'ils puissent
comprendre la plus-value de ces outils digitaux dans les pratiques
pédagogiques et dans leur posture de formateur.
Par la suite, la formation est évoquée par nos
interlocuteurs, cette fois, ils mettent l'accent sur l'après-formation.
En effet, dans la majorité des cas, les formateurs s'arrêtent
à la formation de quatorze heures sur le SPOC et ne vont pas
jusqu'à la journée en présentiel qui se fait hors de notre
région par les administrateurs nationaux, faute de temps et de
proximité. Ici, le rôle des ingénieurs de formation, est
primordial. Mais faut-il déjà pas qu'ils
87
puissent être identifiés ? C'est ce qui nous a
semblé difficile cette année lors de notre prise de poste.
En outre, il faut avoir conscience que la
disponibilité des ingénieurs de formation, quant à elle,
est tout autant nécessaire. Cela permet aux formateurs de se sentir
rassuré et soutenu lors des difficultés rencontrées.
En ce qui concerne l'expérience, l'environnement
numérique est aussi pointé du doigt. En effet, comme nous
l'avions évoqué précédemment (hypothèse 1 -
thème 1), il faut un équipement fonctionnel pour éviter
une mauvaise réalité des outils. Nous savons que dans la plupart
des cas, dès qu'un outil ne fonctionne pas et que nous ne savons pas
où chercher la solution, nous l'abandonnons. Sur ce point, le
problème est que les ingénieurs de formation ne peuvent que
remonter l'information auprès de la direction des systèmes
d'information, et cela nécessite aussi des contraintes en termes de
budget.
3.1.4. Tableau de croissement des données sur
l'hypothèse 3
Pour éclairer notre hypothèse trois, nous avons
réalisé un tableau récapitulatif des réponses les
plus intéressantes aux questions posées. Ce tableau va nous
servir de support pour notre projet d'action.
Tableau n°7
Tableau des réponses obtenues pour l'hypothèse
3
H 3
|
Thématique 1
Que penses-tu de l'idée d'effectuer des
ateliers de formation par niveau de maitrise et de connaissance de l'outil
?
|
Thématique 2
Quel intérêt pour la digitalisation de
la formation de nos jours ? Pour l'évolution du formateur dans les
prochaines années ?
|
Thématique 3
Selon toi qu'est-ce qui semble important pour avoir
une bonne acculturation et une bonne expérience du numérique
?
|
E1
|
- Pour les actions de formation, avec des réunions un
jour tous les mois ou tous les deux mois pour rappeler des changements.
|
- Suivre plusieurs groupes en même temps, diminuer les
coûts de production et de formation, mettre à disposition son
réseau, ses richesses et ses connaissances en ligne.
Les habitudes seront différentes, le digital sera inclue
dans les formations de formateur.
|
- Ateliers de formation.
- Bible Mètis.
- Il faut que les gens soient formés.
|
|
88
E2
- Il faut les mettre par niveau (découvert, avancé
...).
|
- Il faut savoir de quoi on parle, on peut apprendre en
même temps que ses apprenants.
- Il faut se former au numérique, faut se
perfectionner.
|
- Maitriser les outils. - Mettre des moyens.
|
E3
|
- Intéressant, avec des réunions où on peut
venir avec sa problématique individuelle.
|
- Appréhension d'une charge de travail
supplémentaire, de polyvalence.
- Des classes virtuelles vont se développer.
- Des centres de formation où on aurait plus de
stagiaires en présentiel.
|
- La pratique avec un soutien des ingénieurs de
formation.
|
E4
|
- Oui, c'est super.
- Renouveler et avoir un suivi.
|
- Je pense qu'on est en plein dedans parce qu'on travaille
déjà sur le numérique.
- Il faut évoluer avec son temps je veux dire, sinon on
disparaitra comme le reste quoi.
|
- il faut déjà que ça
t'intéresse.
- il faut avoir un moment d'échange, une
réunion tous les deux trois mois.
|
E5
|
- Pourquoi pas.
|
- Pas d'intérêt.
|
- J'ai peur, je vois bien que c'est la distance qui va prendre
le dessus, je le vois bien mais après voilà.
|
E6
|
- Je trouve ça très intéressant, j'aurais
besoin de venir avec ma problématique pour qu'on puisse y
répondre.
|
- Incontournable et du fait du métier de la culture du
métier.
- On parle depuis des années de multimodalité
pédagogique, donc il faut aussi qu'on soit dans des pratiques un peu
plus actualisées.
|
- La pratique avec un soutien.
|
E7
|
- Oui oui bien sûr, ça c'est c'est toujours dans
l'évolution et dans la marche du temps.
|
- Se mettre à page, parce que c'est quelque chose qui est
rapidement utilisé un peu partout, c'est important. - J'espère
qu'il y aura toujours un formateur, c'est-à-dire un être humain
qui est capable de former.
|
- La formation, la sensibilisation et puis certainement le fait
que les gens pensent que ça apporte quelque chose d'un
côté, de l'autre côté que les personnes aient les
prérequis.
|
|
3.1.5. Crise sanitaire : Évolution rapide de la
digitalisation
Il est annoté que les entretiens ont été
fait avant la crise sanitaire débutant le seize mars deux mille vingt.
Cette situation épidémiologique a entrainé de nombreux
bouleversements au niveau économique, impactant le quotidien des
organismes.
En ce qui concerne l'AFPA, leur plateforme de formation
Mètis a été d'un grand secours. Des formations rapides
digitales ont alors été activement planifiées pour former
les
89
formateurs n'ayant pas été formés
à la plateforme. Les ingénieurs de formation de toute la France
se sont alors mobilisés pour la préparation, l'organisation et
l'animation de ces formations. L'idée était d'organiser des
ateliers de formation à travers des formats d'une
demi-journée.
Si nous nous basons sur les chiffres du Grand-Est, nous
avions auparavant, moins de cent collaborateurs formés sur la
plateforme. À travers les formations rapides, une centaine de
collaborateurs ont été formés par ces ateliers de
formation rapides, ce qui double le nombre de formateurs formés en peu
de temps.
Cette situation a intensifié l'utilisation des outils
digitaux et a fait évoluer les modes de pensée des plus
réfractaires. De plus, le marché de la formation s'est
développé par des demandes de formation partiellement ou
totalement à distance auprès des organismes de formation.
Ce que nous pouvons souligner est que l'AFPA a fortement
devancé ses concurrents et sa plateforme numérique a
représenté, jusqu'à ce jour, un incontournable atout.
4. DISCUSSION
Sur le marché de la formation, de nouveaux acteurs
entrent en jeu, présentent des coûts de structure moins
élevée et se modernisent par la digitalisation. Les organismes de
formation déjà présents n'ont plus d'autre choix que
d'opter pour cette nouvelle tendance du digital pour pallier la concurrence.
En ce qui concerne l'AFPA, à l'interne elle a mis en
oeuvre des projets de changement de pratiques de ses formateurs, notamment dans
le remplacement de leurs pratiques traditionnelles au profit de la nouvelle
plateforme de formation, Mètis. Le but était de proposer un
produit, l'enrichir de ressource et le servir de support pour des actions de
formation à différentes modalités
Aujourd'hui, la digitalisation est considérée
comme une évidence pour l'avenir de la formation. Certes, ces
dispositifs ont été assez convaincants, à l'image d'un
avenir prometteur et indiscutable qui profitera au plus grand nombre.
Néanmoins, pour qu'un projet soit efficace il faut que toutes les «
parties prenantes » soient de la « partie ».
90
Rappelons que lors de notre enquête et de notre analyse
des données, nous avons interrogé les formateurs de l'AFPA sur la
mise en place de la plateforme numérique Mètis. Tous les
formateurs n'ont pas changé leurs pratiques pédagogiques, non pas
parce qu'ils n'en avaient pas les capacités car le métier de
formateur demande de s'adapter continuellement, mais d'autres causes entraient
en jeu et orientaient les prises de position. Notre enquête, nous a
permis d'en élucider quelques-unes...
Cause 1 : environnement de travail
En premier lieu, toute conduite de projet doit passer par un
changement de l'environnement de travail. L'environnement est lui-même un
facteur essentiel à réorganiser. Cette réorganisation doit
être en lien avec le bien-être des salariés et les contenus
de leurs missions. De ce fait, l'environnement de travail doit être
propice pour accueillir de nouveaux produits.
Cependant à l'unanimité, les formateurs
interrogés nous ont fait part des contraintes et des freins qu'ils
rencontraient dues aux postes informatiques d'anciennes
générations, au réseau de mauvaise qualité et aux
matériels inadaptés à leurs actions. Il est à
savoir que l'organisme de formation, l'AFPA, est en pleine crise
financière pendant la durée du projet. La réalité
de l'environnement est que l'achat de nouveaux matériels et
d'équipements a pu être non envisageable pour cette
dernière.
Cause 2 : La méthode de départ du projet de
changement
Hormis la problématique de la réorganisation de
l'environnement de travail des formateurs, la méthode de départ
adopté par l'organisme pour promouvoir sa plateforme de formation
Mètis n'a pas semblé être un grand succès. Tous les
formateurs n'ont pas été convaincu de cette plateforme tant
révolutionnaire sur le marché de la formation, permettant la mise
en place de la multimodalité au grand besoin des entreprises et d'un
public demandeur. Certes, la plateforme représentait de nombreux atouts,
mais en notre sens, l'approche de l'organisme auprès des formateurs n'a
pas été persuasif.
91
La mise en place de la plateforme d'e-learning
dépassait les paradigmes traditionnels de l'acte formatif. Les
formateurs interrogés étaient tous conscients des enjeux des
nouvelles technologies pour l'organisme de formation et pour leur posture.
Néanmoins, ils avaient déjà leurs habitudes, ils n'y
voyaient pas l'intérêt, ça leur faisait peur ... et encore
d'autres raisons qui peuvent être compliquées à
gérer. Pour l'une de nos personnes interrogées, la transformation
digitale signifiait la distance qui signifiait l'oubli de l'humain, et
ça faisait perdre le sens de son activité.
Nous partons du constat que l'organisme doit repérer
en amont les attentes de ses collaborateurs et ne pas les laisser dans un
contexte d'incertitude forte. Dès le départ, les
décisionnaires devaient aller à la rencontre des formateurs pour
leur proposer ce nouveau produit et les différentes
fonctionnalités qu'elle permet, en appuyant sur l'intérêt
qu'ils pouvaient y tirer dans le cadre de leur activité.
Cause 3 : Le défaut de formation
Un autre besoin évoqué plusieurs fois par les
formateurs a été le manque de formation. Nous rappelons
l'existant des modalités de formation à la plateforme
numérique Mètis, se fait en deux temps. Un premier temps par un
SPOC de quatorze heures à distance, et un deuxième temps en
présentiel de sept heures, par l'ingénieur de formation.
Nous sommes convaincus que la formation représente un
intérêt majeur pour les formateurs, et nous comprenons les
frustrations de se sentir seul « face à l'inconnu » durant
quatorze heures de formation derrière son poste informatique. Cette
modalité nous semble possible pour les formateurs ayant une aisance
informatique, mais pour d'autres c'est une série de contraintes, de
frustrations et de freins.
Nous partons du constat que ces modalités de formation
ne sont pas la meilleure solution. D'après nous, elle devra
différer selon les besoins, les attentes et les
spécificités individuelles de chacun. Pour cela, nous avons
proposé des ateliers de formation par niveau.
Le rôle de l'ingénieur de formation sera
d'écouter, d'expliquer les différentes fonctionnalités de
l'outil, et de former les formateurs pour les rapprocher des
intérêts qu'ils peuvent en tirer. Cette proposition a
réjoui les formateurs car avant de mettre en oeuvre l'utilisation de la
plateforme de formation, il était primordial pour eux de passer par une
formation qui répond à leurs besoins.
92
Cause 4 : Le manque d'accompagnement
Les formateurs ont exprimé le souhait d'avoir un suivi
régulier de la part des ingénieurs de formation.
L'accompagnement semble être nécessaire pour
gérer au mieux les mutations induites dans les pratiques des formateurs.
Nous sommes conscients qu'il doit être quasi personnel, en individuel ou
en petit groupe, dispensé par les ingénieurs de formation sur le
terrain.
Nous demanderons comme qualité aux ingénieurs
de formation, de la bienveillance, de la patience et de la
réactivité pour répondre au mieux aux attentes des
formateurs.
En parallèle, ils doivent aller à la rencontre
des formateurs pour les informer, les guider et les former en appuyant sur ce
qui peut « donner du sens » à leur activité. Ces
occasions d'échanges peuvent, en notre sens, convaincre les formateurs
d'intégrer la plateforme dans leur pratique. En outre, ces derniers se
sentiront moins seuls mais plus motivés, impliqués et
engagés.
TROISIÈME PARTIE : LE PROJET D'ACTION
Par le biais des différents résultats que nous
avons obtenus, et des liaisons théoriques que nous avons
établies, nous pouvons proposer de nouvelles solutions pour sensibiliser
les formateurs aux changements par l'avènement du digital dans la
formation.
1. PRÉCONISATIONS
Pour commencer, nous souhaitons se référer
à l'analyse de l'activité de Marc Durant. Ce dernier
considère le savoir comme étant la mobilité de plusieurs
activités. Au fond, l'individu intègre les différentes
activités qui composent son existence et, pour chacune
93
de ces activités, il identifie les savoirs et
savoir-faire qui sont nécessaires. Cet apprentissage passe par trois
phases : la phase du repérage, la phase d'incorporation et la phase
d'intégration durable. Nous allons, reprendre ces trois phases pour
expliciter notre plan d'action.57
La phase du repérage consiste à repérer
explicitement les causes qui orientent une activité. Cela passe par la
signification que l'individu donne à son environnement qui
représente un des facteurs essentiels pour son apprentissage. Par les
apports théoriques qui ont guidé nos réflexions, il
s'avère que l'individu est un acteur « structurellement »
associé à son environnement, et cela dépend des
spécificités individuelles dont ils disposent et des
éléments composant le cadre de son activité. En ce qui
concerne le rapport entre le digital et l'individu, l'environnement jouerait
donc un rôle essentiel.
La phase d'incorporation consiste à s'approprier
l'apprentissage à l'intérieur de soi, dans son corps et de faire
sien. L'apprentissage est une forme d'émergence qui apparaît
progressivement chez l'individu (il sait faire ce qu'il ne savait pas faire).
C'est un processus qui se passe lorsque l'individu parvient à enchainer
des savoirs variés qui permettent une dynamique d'intégration
progressive de ce que l'on sait. Nous n'apprenons pas tous de la même
manière mais nous apprenons la même chose, cela dépend de
la singularité de chacun. Ces nouveaux apprentissages présentent
de nouveaux modes d'actions qui peuvent être transmis par une instance de
formation.
La phase d'intégration durable est la phase de
disposition à agir. La disposition à agir correspond à
deux manières d'agir : dans l'instant et dans le réfléchi.
Au fond, l'incorporation, l'intégration et l'appropriation de tous ces
savoirs relèvent de la capacité d'agir sans y penser, ça
relève d'un automatisme. On parle d'intuition.
1.1. Aménagement de l'environnement de travail
À l'ère de la digitalisation, les organisations
doivent mettre en place des solutions adéquates à leur souhait de
se moderniser. En effet, elles devront prendre un certain nombre
57 Lors d'un cours de M. E. Triby, Master IFC,
Université de Strasbourg, 2019-2020
94
de mesures pour instaurer la digitalisation dans de meilleures
conditions et équiper confortablement leurs collaborateurs. Il faudrait
développer cette nouvelle culture à travers des environnements de
travail propices à cette transition. Cette absence de
compatibilité entre une nouvelle organisation et un nouvel environnement
peut entrainer des défauts en termes d'agilité, mais surtout
d'expérience des collaborateurs. En effet, ce sont les premiers à
adopter ces nouvelles pratiques. Bien que le formateur ait toujours
été en position de s'adapter à toute situation, son
adhésion dépendra de cette première approche digitale.
Les moyens (matériel, équipement, réseau
...) sont utiles dans l'action du formateur. Lorsque les machines ne sont pas
performantes et rapides, avec un réseau qui ne possède pas le
débit adéquat, les formateurs se trouvent contraints d'opter pour
des solutions autres. Cette première approche du formateur au digital
est d'ailleurs déterminante pour le renouvellement de ses pratiques
pédagogiques. Dès lors que les individus ne parviennent pas
à passer au-dessus des contraintes que le digital engendre, ils
préfèrent rester dans leur zone de confort, dans leurs habitudes
et dans leurs pratiques traditionnelles.
Une première préconisation pour surpasser ces
contraintes est que l'organisme revoit l'aménagement de l'environnement
de travail des formateurs, par des postes informatiques qui sont
fonctionnelles, un réseau Internet optimal et des équipements qui
marchent bien. En effet, si le changement est mal conduit, les effets peuvent
être déterminants vis-à-vis de l'activité des
collaborateurs. Nous pensons, qu'il est contradictoire de vouloir se moderniser
et de ne pas investir dans les moyens adéquats pour conduire à la
réussite du projet de changement. Lorsque nous parlons de
digitalisation, le moyen sur lequel nous devrons, prioritairement, agir devra
être celle de l'environnement de travail des formateurs.
1.2. Formation : Pour l'appropriation
Dans ce projet de changement vers la digitalisation de la
formation, au sein d'un organisme de formation attaché à ses
pratiques traditionnelles, nous attendons des formateurs qu'ils renouvellent
leurs pratiques pédagogiques et qu'ils développent leur culture
du digital. Si bien que la fonction première de ces organismes, est la
formation, il
95
faudrait que les collaborateurs eux-mêmes puissent y
être formés. En effet, pour se situer à l'ère du
digital, ces derniers jouent le rôle principal dans l'appropriation de
cette nouvelle culture. Cela sous-entend, de revoir leurs pratiques et leurs
méthodes pédagogiques en tirant profit des nouvelles
potentialités qui s'offrent à eux. En effet, de nombreux
dispositifs apparaissent dans le domaine de la formation parvenant à
former un plus grand nombre d'apprenants dans des délais plus courts,
par des modalités distinctes (présentiel, mixte, distanciel).
La première préconisation passe par la
formation des formateurs. En outre, il faut prendre en compte les
spécificités individuelles, les attentes et les besoins de chacun
pour que la formation apporte ses bienfaits. L'idée est d'organiser des
ateliers de formation par niveau de maitrise et de connaissance de ces outils
digitaux. Cela permettra d'adopter plus aisément ces changements dans la
lutte des contraintes.
Les communautés professionnelles sont des groupes de
formateur du même domaine d'activité. La mise en place des
échanges au sein de ces communautés permet d'échanger sur
les pratiques professionnelles, sur l'intégration des dispositifs
digitaux, et sur les problèmes rencontrés et les solutions qui
peuvent y être apportées.
La deuxième préconisation est, par le biais des
ateliers de formation par niveau, de classer les formateurs dans des
communautés professionnelles, pour qu'ils puissent faire part de leur
état d'avancement face à l'usage des outils digitaux. Cette
communauté a pour intérêt de créer un réel
groupe de soutien, de partage et de supports. En effet, les membres pourront
trouver des solutions ensemble aux problèmes rencontrés, se
soutenir mutuellement, et se partager des supports et des méthodes
profitables pour tous.
1.3. Accompagnement pour l'intégration durable
La transformation digitale s'opère par
l'accompagnement des collaborateurs dans l'intégration de cette nouvelle
culture. En ce qui concerne les formateurs, le service support est les
ingénieurs de formation régionaux. Ces derniers s'occupent du
déploiement, de l'accompagnement et de la formation des formateurs sur
les outils digitaux. Étant dans un
96
organisme de formation où les entrants et les sortants
sont récurrents, il est souhaitable que les conceptions techniques et
organisationnelles pour les nouveaux arrivants soient réalisées
en amont de leur action de formation. C'est pourquoi, les ingénieurs de
formation devront effectuer des vérifications par rapport à
l'environnement de travail, les dates de formation et le fonctionnement des
outils.
L'accompagnement se réalisera en aval des formations
pour les formateurs de l'organisme. Cela permet de procéder à une
vérification de la mise en pratique des savoirs institués dans
les règles de l'art. Nous pensons qu'on ne peut pas parler de
résistance au changement, dès lors que derrière chaque
réaction il y'a une raison valable. Sachant que la subjectivité
est prédominante dans l'acte, ce dispositif sera axé vers
l'individualisation, centré sur les besoins spécifiques de
chacun.
La première préconisation est orientée
vers un accompagnement individuel des formateurs pour qu'ils puissent
intégrer durablement cette nouvelle culture du digital.
L'ingénieur de formation doit être bienveillant, facilitateur et
à l'écoute de ses collaborateurs pour que le formateur puisse
donner du sens à son activité renormalisé.
Le processus d'accompagnement des formateurs doit passer par
un service de support qui se déplace dans les centres, une
disponibilité pour répondre aux questionnements et apporter les
solutions adaptées aux besoins. Étant donné du flux
important des formateurs, il pourrait être envisageable de mettre en
place des formateurs comme référents dans chaque centre qui
pourrait soutenir leurs collègues en cas de non-disponibilité des
ingénieurs.
La deuxième préconisation est donc
l'accompagnement des formateurs par des formateurs-référents dans
chacun des centres. L'avantage de ces référents est qu'ils
connaissent profondément l'activité et pourront faire part de
leurs expériences et de leurs pratiques. De plus, la proximité du
terrain sera favorable pour rendre un service en temps réel.
97
2. LE PLAN D'ACTION
À travers le diagnostic réalisé sur le
terrain, conforté par nos entretiens semi-directifs auprès des
formateurs de l'organisme de formation, nous disposons de suffisamment
d'indices pour l'élaboration de notre projet d'action. Sa mise en place
reposera sur la réalisation des ateliers de formation par niveau suivi
d'un accompagnement individuel ou collectif renforcé.
2.1. La situation actuelle
En pleine phase de digitalisation, l'organisme de formation
l'AFPA propose de nombreux dispositifs innovants à ses clients,
notamment sa plateforme numérique Mètis. Ces dispositifs
représentent des atouts considérables pour l'organisme à
l'instar d'un marché de formation de plus en plus concurrentiel.
Cependant, bien que la plateforme de formation existe depuis 2017, son
utilisation ne représente qu'un tiers de la population de formateurs.
Bien que l'organisme se soit lancé dans un projet de changement, les
formateurs ne semblent pas avoir été convaincu sur la
fonctionnalité de ce nouvel outil pour suivre ce mouvement du
digital.
2.2. La situation visée
La population visée par l'utilisation de la plateforme
de formation est les formateurs. Nous pensons que le projet de changement peut
être efficace dès lors que tous les collaborateurs auront
approprié aisément l'outil. Ces derniers doivent être en
mesure de proposer différentes modalités de formation et
permettre l'acquisition des compétences numériques à leurs
stagiaires. En effet, les formateurs doivent renouveler leurs pratiques et
mettre en oeuvre leur nouvelle posture de formateur, d'accompagnateur, de guide
et de conseiller.
98
2.2.1. Les Acteurs
- Les formateurs
Les formateurs sont les principaux acteurs à devoir
être formés sur la plateforme de formation Mètis.
- Les ingénieurs de formation régionaux
Les ingénieurs de formation sont les
référents de la plateforme de formation Mètis. Ils ont
à charge l'administration et le déploiement, mais aussi la
formation et l'accompagnement des formateurs sur la plateforme de formation.
- La direction du système d'informatique (DSI)
La DSI joue un rôle important pour le fonctionnement
des matériaux et des équipements informatiques durant les actions
de formation.
- Les managers de formation
Ce sont les managers qui décident des dates de
début et de fin des actions de formation. Pour permettre la
réalisation des formations à la plateforme Mètis, ils
doivent laisser suffisamment de disponibilité aux formateurs pour qu'ils
puissent aisément se former et s'approprier l'outil. En
parallèle, ils doivent informer les ingénieurs de formation sur
les éventuels besoins de formation à la plateforme
numérique.
- La direction régionale
La direction régionale doit attribuer tout moyen
nécessaire au bon déroulé du projet de changement. Cela
passe notamment par l'aménagement de l'environnement de travail propice
à l'intégration de nouveaux outils digitaux et à la
diffusion d'informations auprès des centres sur les éventuelles
formations à suivre.
2.2.2. Les contextes
- Nous assistons à un manque de formation des
formateurs aux plateformes de formation instaurées par l'organisme de
formation depuis quelques années.
99
- Nous constatons une nécessité à
aménager l'environnement informatique et à rendre le
réseau optimal.
- Nous reconnaissons un besoin de la part des formateurs
à être formé, écouté, et accompagné
sur le terrain.
2.2.3. Objet de la demande
A la demande de l'organisme de formation, les formateurs
doivent être formés aux produits innovants qu'il propose,
notamment à sa plateforme de formation Mètis.
2.2.4. Les objectifs
Par le diagnostic réalisé et les entretiens
effectués auprès des formateurs, les objectifs doivent
répondre aux besoins éprouvés.
Les objectifs opérationnels
- Former les formateurs par le biais d'atelier de formation
recentrés sur les besoins de chacun.
- Établir un contact durable avec les formateurs dans
la continuité de leur formation pour répondre aux besoins ou
questionnements vis-à-vis de la plateforme de formation.
- Mettre en place des communautés professionnelles.
- Identifier des référents dans chaque centre
qui porteront le rôle de support des ingénieurs de formation.
Les objectifs généraux
- Former les formateurs à la plateforme de formation
Mètis.
- Accompagner les formateurs sur la plateforme de formation
Mètis.
100
2.3. La conception
Rappel de l'existant . ·
- Les actions de formation sur la plateforme numérique
Mètis, se font en deux temps :
· Temps un : SPOC de quatorze heures,
· Temps deux : Une journée en présentiel de
sept heures.
- Un accompagnement de la plateforme numérique
Mètis, administré par le national, est accessible par messagerie
Outlook pour les formateurs ayant besoin d'éclaircissement sur certaines
fonctionnalités de la plateforme.
- On constate un manque de temps et d'investissement des
formateurs pour se former à la plateforme.
- On reconnait un besoin d'accompagnement des formateurs.
Gains attendus . ·
- Intégration durable des outils digitaux par les
formateurs dans leurs pratiques pédagogiques.
- Acquisition des compétences numériques
indispensables pour l'évolution du métier de formateur.
- Aisance sur l'utilisation des plateformes de formation et
adaptabilité de la posture selon les modalités diverses.
- Développement des échanges entre les formateurs
pour le partage de leurs pratiques. - Allégement de la charge de travail
des formateurs.
- Diminution des non formés aux différents produits
de l'AFPA.
Contraintes . ·
- Absence des formateurs aux actions de formation
programmées.
- Peu d'aisance avec le matériel informatique.
- Déconcentration et désintérêt durant
l'action de formation.
- Le besoin de l'humain pour conduire ses actions de
formation.
Risques liés aux changements . ·
- Déception face aux outils.
- Problèmes informatiques persistants.
101
- Problématiques de suivi des stagiaires qui ne sont pas
à l'aise avec l'informatique.
2.4. L'étude d'opportunité
Buts
Les ateliers de formation sont recentrés sur les besoins
des formateurs.
Enjeux pour l'organisation
- Proposer des produits innovants sur le marché de la
formation de plus en plus
concurrentiel.
- Avoir des formateurs qualifiés et à l'aise avec
les outils digitaux.
- Proposer davantage des formations à modalités
mixtes ou tout distance.
- Promouvoir ses plateformes de formation auprès de ses
clients.
- Proposer des formation courtes et à moindre
coût
Enjeux pour la personne
- Allégement de la charge de travail.
- Aisance avec les outils digitaux.
- Renouvèlement des pratiques pédagogiques.
- Préparation des stagiaires aux compétences
numériques pour le marché
d'aujourd'hui et de demain.
- Faire partie d'une communauté professionnelle et
recevoir de nouvelles idées et
solutions novatrices dans le cadre de ses actions de
formation.
Descriptif de l'objectif de changement
- Meilleure reconnaissance du formateur
- Développement des compétences techniques et
sociales
- Diminution des réfractaires face à l'usage des
outils digitaux
- Accompagnement personnalisé selon la singularité
de chaque formateur.
- Répondre à des problématiques plus
rapidement par la mise en place d'un
accompagnement renforcé par les ingénieurs de
formation, par sa communauté
professionnelle et par des référents dans chaque
centre.
102
Impact organisationnel
- Organiser un environnement de travail propice à
l'« accueil » de ces nouveaux outils. - Proposer des formations plus
fréquentes aux formateurs.
- Organiser des visites de centre, des réunions, des
diffusions d'information pour révéler les potentialités de
ces outils.
2.5. Le cahier des charges
2.5.1. Les constats
Pour être en bonne position sur le marché,
l'organisme de formation l'AFPA tente depuis quelques années de
promouvoir des produits innovants aux formateurs. Ces derniers ont à
leur disposition plusieurs outils digitaux mais la majorité n'en fait
pas usage. L'outil le plus révolutionnaire de l'organisme, a
été la plateforme de formation Mètis. Créé
en 2017, cette plateforme de formation était l'outil le mieux
pensé de l'organisme. Elle contenant en elle-même plus de cinq
cents modèles de formation avec deux cent mille ressources à
disposition des formateurs et des parcours de formations enrichies par
l'ingénieur pédagogique national.
Néanmoins, le projet de changement n'a pas
été bénéfique pour l'organisme, les formateurs
n'ont pas été assez préparer au renouvellement de leurs
pratiques. Cela remet en cause la conduite du projet, nous allons expliciter
les différentes causes sur lesquelles il faudrait agir.
Cause n°1 : L'environnement de
travail
Lors de nos entretiens semi-directifs, nous pouvons rappeler
la réponse d'une de nos formatrices vis-à-vis des
problématiques informatiques rencontrées : « à
chaque fois c'était compliqué au niveau informatique y avait
toujours un truc qui n'allait pas, ça ramait, c'était trop et du
coup c'était pas encourageant alors ce qui fait que au démarrage
si ça fonctionne pas, on se retrouve surtout en difficulté on a
plus envie d'y aller retourner puisque si c'est encore une autre
difficulté » (E3, annexes, lignes 803-805).
103
Les projets de changement vers la digitalisation
nécessitent une réorganisation de l'environnement de travail des
formateurs. L'aménagement de cet environnement consiste à mettre
en place des ordinateurs plus performants, un réseau Internet plus
rapide et d'autres instruments (rétroprojecteur, micro, casque...) plus
conformes à l'utilisation de la plateforme de formation.
Quant à leurs apprenants, ils doivent disposer de
suffisamment d'équipement pour travailler avec les outils digitaux dans
le cadre de leur formation. Dès lors, que les stagiaires n'ont pas
d'ordinateur personnel, l'organisme doit être en capacité de leur
en prêter le temps de l'utilisation.
Cause n°2 : Les compétences
numériques des formateurs
Pour s'approprier aisément les outils digitaux, il faut
que les formateurs disposent de prérequis informatiques. En effet,
l'introduction du digital dans le cadre de la formation nécessite de
modifier les méthodes de travail et les relations avec les stagiaires.
Pour mettre en oeuvre des activités et des ressources par le biais de la
plateforme de formation, les formateurs doivent disposer de compétences
numériques déjà existantes.
Cause n°3 : L'ergonomie de la plateforme de
formation
Dès la première utilisation de la plateforme de
formation, les formatrices doivent facilement comprendre les
fonctionnalités de la plateforme et se repérer dans leur
parcours. C'est pourquoi, la plateforme de formation doit être
ergonomiquement bien conçue. Pour permettre l'apprentissage sur la
plateforme de formation, les relations entre l'ordinateur, le formateur et
l'apprenant doivent être fluides (J-C Bertin, 2003). Il est alors
essentiel que la plateforme soit facile d'utilisation pour que toute personne
à diverses caractéristiques puisse consulter les contenus qu'il
juge nécessaires.
Cause n°4 : La formation des
formateurs
Pour justifier des manques de formation des formateurs
à la plateforme de formation, nous pouvons remettre en cause les
modalités de ces dernières. La formation proposée par
l'organisme se faisait en deux temps :
104
- Temps un : Un SPOC de quatorze heures, à effectuer
sur la plateforme de formation Dès que le temps un, a été
effectué, les formateurs pouvaient continuer en accédant au temps
deux.
- Temps deux : Une journée en présentiel sur sept
heures.
Il peut être difficile pour les formateurs de commencer
par un SPOC de quatorze heures avec les contraintes qu'ils peuvent rencontrer
au niveau informatique. Cette modalité est d'autant plus contraignante
qu'elle demande une disponibilité de quatorze heures pour les
formateurs, ce qui peut être inconcevable pour beaucoup d'entre eux. De
plus, l'idée d'effectuer la formation de la plateforme directement sur
la plateforme et à distance peut s'avérer peu convaincant.
Cause n°5 : L'accompagnement des
formateurs
L'accompagnement est une étape essentielle dans tout
type de projet de changement. Il est nécessaire que les formateurs
sachent à qui s'adresser lors des difficultés qu'ils peuvent
rencontrer durant leurs actions de formation. En parallèle,
l'accompagnement permettra d'avoir une présence, un soutien et un guide
pour l'appropriation durable de la plateforme de formation.
2.6. La mise en place des ateliers de formation
2.6.1. Les objectifs
Finalité :
- Former les formateurs à la plateforme de formation
Mètis.
But :
- Permettre l'acquisition de compétences techniques et
novatrices aux formateurs pour l'évolution de leur posture et l'exercice
de leur métier professionnel.
105
Objectifs opérationnels :
- Mettre à la disposition des formateurs des ateliers
de formation recentrés sur leurs besoins.
Les objectifs généraux :
- Former les formateurs à l'intégration durable
des outils digitaux dans leurs pratiques pédagogiques.
2.6.2. Le contenu
Trois ateliers de formations seront animés par les
ingénieurs de formation, avec
des temps d'échanges, des temps d'apports
théoriques et des temps de mise en pratique :
- Atelier 1 repose sur les bases de la plateforme de
formation.
- Atelier 2 repose sur un niveau plus avancé.
- Atelier 3 repose sur un niveau expert.
L'intérêt de ces ateliers est d'avoir un groupe
avec des besoins qui sont plus ou
moins similaires. Le nombre réduit de formateurs à
former, et le nombre de deux ingénieurs
de formation permettraient d'être plus centré sur
les problématiques de chaque individu. Les
temps d'échanges donneront la possibilité aux
formateurs de partager leurs pédagogies et les
supports qu'ils mettent ou souhaitent mettre en place
auprès de leurs stagiaires.
Exigence de qualité
- Avoir un groupe homogène avec des prérequis et
des besoins communs.
- Tenir compte de la singularité des personnes.
- Disposer de matériel et équipement fonctionnel
avec un réseau de qualité.
- Mettre en place une communauté professionnelle
animé.
Volume prévue
- Atelier 1, niveau de base : 7 heures
- Atelier 2, niveau avancé : 7 heures
- Atelier 3, niveau expert : 4 heures
Trois ateliers pour une durée totale de 18 heures.
106
Délai de mise en oeuvre - Septembre 2021.
2.6.3. Modalité d'évaluation
- L'évaluation s'effectuera sous forme de quizz en fin de
formation sur les connaissances théoriques mentionnées.
- Un questionnaire de satisfaction sera aussi, au
préalable rempli, pour aider les ingénieurs de formation à
améliorer leur dispositif.
2.6.4. Les outils
Outils pédagogiques . ·
- Plateforme de formation Mètis - Présentation
PowerPoint
Outils de communication . ·
- Boîte mail
- Fiche d'émargement
- Plateforme de formation
2.6.5. Les moyens (humain, matériel,
financier)
Les moyens humains . ·
- Ingénieurs de formation connaissant parfaitement la
plateforme de formation.
Les moyens techniques . ·
- Salles informatiques - Ordinateurs
107
- Vidéoprojecteur
- Bonne connexion Internet
Les moyens pédagogiques :
- Pratique individuelle et collective sur la plateforme de
formation.
2.6.6. L'appréciation des résultats
Au niveau quantitatif :
- La fiche d'émargement
Au niveau qualitatif :
- Participation active
- Échange des pratiques
2.7. La mise en place d'un accompagnement
renforcé
2.7.1. Les objectifs
Finalité :
- Intégrer durablement la plateforme de formation dans les
pratiques des formateurs
But :
- Soutenir, guider et conseiller les formateurs pour contrer
les contraintes et les difficultés, et répondre aux
éventuelles interrogations qu'ils peuvent se poser sur la plateforme de
formation.
108
Objectifs opérationnels :
- Établir un contact durable avec les formateurs dans
la continuité de leur formation pour répondre à tout
besoin ou questionnement éventuel sur la plateforme de formation.
Les objectifs généraux :
- Accompagner les formateurs à l'intégration
durable des outils digitaux dans leurs pratiques pédagogiques.
2.7.2. Le contenu
L'accompagnement est essentiel dans le processus de
transformation des pratiques des individus. L'accompagnateur, en l'occurrence
l'ingénieur de formation, représente un véritable soutien
pour les formateurs. Avoir connaissance de pouvoir le contacter en cas de
questionnement, de besoins et de difficulté est un point
réconfortant pour ces derniers. Ce dispositif est davantage profitable
qu'elle permet de répondre aux attentes spécifiques des
formateurs.
En parallèle, l'accompagnateur effectue un suivi
régulier des formateurs en les tenant au courant des
fonctionnalités actuelles et futures qui peuvent être mises en
place sur la plateforme.
Un accompagnement collectif : les communautés
professionnelles
L'objectif des communautés professionnelles est d'avoir
un groupe de formateur sur les mêmes secteurs d'activité, qui
pourraient échanger des ressources, proposer des idées et
discuter sur d'éventuels sujets. La constitution de ces groupes peut
être significatif dès lors qu'ils sont mis en place en amont des
actions de formation effectuées. Les formateurs pourront alors
progresser ensemble, s'entrainer et gérer au mieux l'intégration
de la plateforme de formation.
109
L'avantage est que la plateforme de formation Mètis
propose des espaces de communauté professionnel. De ce fait,
l'accès des ingénieurs de formation régionaux à ces
communautés sera fortement recommandé du fait qu'ils pourraient
suivre les échanges effectués par les formateurs et intervenir en
cas de nécessité.
Ces communautés permettront aussi d'avoir des groupes
de formateur bien définis avec des compétences numériques
plus ou moins similaires. Le repérage d'un formateur ayant plus
d'appétence et de connaissance sur l'outil pourrait lui donner le
rôle de relai par les ingénieurs de formation. Ainsi, les
formateurs de sa communauté pourront lui faire appel pour trouver des
solutions à leurs problèmes en cas de non-disponibilité
des ingénieurs.
2.7.3. Modalité d'évaluation
L'évaluation du dispositif d'accompagnement serait
repérée par les dispositifs chiffrés qui
découleront de la formation des formateurs à la plateforme et de
la présence de chacun aux différentes réunions mises en
place pour avancer et progresser ensemble dans l'appropriation de la plateforme
de formation. Un autre élément indicateur sera le nombre de
parcours de formation créé sur la plateforme Mètis pour
désigner les potentiels utilisateurs de la plateforme qui pourront
demander un accompagnement de la part des ingénieurs de formation.
2.7.4. Les outils
Outils pédagogiques . ·
- Plateforme de formation Mètis
Outils de communication . ·
- Boîte mail
- Fiche d'émargement
- Plateforme de formation (outils synchrones : chat, classe
virtuelle)
110
CONCLUSION GÉNÉRALE
De nos jours, les organisations sont en quête continuel
de performance et de solutions novatrices pour pallier la concurrence sur le
marché de travail et répondre au mieux aux exigences des clients.
Avec l'avènement des nouvelles technologies d'information et de
communication, le digital devient une question d'ordre stratégique.
« Accueillir » des produits innovants est indispensable pour
s'adapter et perdurer sur cette nouvelle tendance. Ce mémoire repose sur
la digitalisation de la formation et tente de comprendre les freins qui peuvent
aller à l'encontre de cette nouvelle ère, en proposant un projet
d'action de formation et d'accompagnement. Le public concerné par notre
étude est les formateurs de l'organisme de formation de l'Afpa. Cette
dernière propose une pédagogie multimodale et des plateformes de
formation en e-learning au service de ses collaborateurs et de ses clients
historiques qui souhaitent bénéficier de nouvelles
compétences. Ainsi, le changement des pratiques pédagogique est
devenue une question primordiale pour l'avenir de l'organisme.
Néanmoins, ce changement doit suivre un certain processus où la
préparation et l'accompagnement sont des étapes non
négligeables pour aboutir à cette nouvelle organisation
culturelle et organisationnelle.
Cependant, des clivages sont observés au niveau des
formateurs, avec une partie qui reste distante à ces nouveaux outils et
une autre qui les intègre plus rapidement. Notre étude qui
consiste à comprendre les raisons de cette prise de position, a
identifié plusieurs facteurs déterminants tant au niveau de
l'individu qu'au niveau de l'organisation.
En premier lieu, tout changement technique doit s'accompagner
d'une transformation de l'environnement de travail en proposant des postes
informatiques adaptés pour avoir cette bonne expérience
dès la première approche. Par la suite, des besoins en termes de
formation sont aussi évoqués. En effet, pour que ce changement
aboutisse à cette acculturation du digital, il faut commencer par aller
à la rencontre des formateurs et leur présenter l'outil en y
évoquant principalement ce qui peut être avantageux dans le sens
de leur activité. Si cette première approche n'est pas faite, il
peut être difficile de convaincre sur les nouvelles potentialités
qui s'offrent à eux. En outre, il faut une disponibilité
permanente des ingénieurs de formation pour répondre aux
éventuels besoins et contraintes que le formateur peut rencontrer. Cela
permettra d'apprendre davantage sur les outils et de
111
pouvoir contourner facilement les difficultés. Cet
accompagnement est d'autant plus bénéfique qu'il prend en compte
l'individu et son besoin. Pour renforcer ce dispositif, des communautés
professionnelles et des référents pour chaque centre seront
constitués pour appliquer les savoirs institués et mener à
bien ce changement.
Ainsi, ces entretiens semi-directifs nous ont permis de
constater que le changement peut être profitable si sa préparation
prend en compte toutes les étapes primordiales à sa
réalisation. Dès lors que l'organisme de formation prend le choix
de se moderniser par le digital, il doit prendre en compte la
singularité de ses collaborateurs et leur environnement de travail pour
répondre au mieux à leurs besoins et tirer profit des avantages
du digital. Seul l'environnement de travail et la formation ne suffissent pas,
il faut prévoir des mesures d'accompagnement qui sont indispensable une
fois que la formation a été réalisée.
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Loi n° 2009-1437 du 24 novembre 2009 relative à
l'orientation et à la formation
professionnelle tout au long de la vie, 2009-1437 (2009).
119
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021312490&categ
orieLien=id
Loi n° 2013-504 du 14 juin 2013 relative à la
sécurisation de l'emploi, 2013-504 (2013).
https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2_pages.pdf
Loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la
démocratie sociale, 2014-288 (2014).
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028683576&cate
gorieLien=id
Loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la
démocratie sociale », 2014-288 (2014) :
https://travail-emploi.gouv.fr/demarches- ressources-documentaires/documentation-et-publications-officielles/textes-et-circulaires/lois/article/loi-no-2014-288-du-5-mars-2014-relative-a-la-formation-professionnelle-a-l#:~:text=La%20loi%20du%205%20mars,d%C3%A9cembre%202013%20relatif%20%C3
%A0%20la
Loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail,
à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation
des parcours professionnels, 2016-1088 (2016).
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032983213&cate
gorieLien=id
Loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018, « pour la
liberté de choisir son avenir professionnel
», 2018-771 (2018).
https://travail-emploi.gouv.fr/demarches-ressources- documentaires/documentation-et-publications-officielles/textes-et-circulaires/lois/article/loi-avenir-professionnel
Compte Personnel de Formation :
https://travail-emploi.gouv.fr/formation-professionnelle/droit-a-la-formation-et-orientation-professionnelle/compte-personnel-formation
Création du conseil en évolution
professionnelle service public :
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32457
La formation tout au long de la vie :
https://www.education.gouv.fr/la-formation-tout-au-long-de-la-vie-7508
Les opérateurs de compétences (OPCO)
:
https://travail-emploi.gouv.fr/ministere/acteurs/partenaires/opco
Organismes de formation : formalités
administratives :
https://travail-emploi.gouv.fr/formation-professionnelle/acteurs-cadre-et-qualite-de-la-formation-professionnelle/organismes-formation
120
ANNEXES
Annexe 1 : Guide d'entretien
Annexe 2 : Graphique des formés et des
non-formés à la plateforme de formation avant la pandémie
de 2020
Annexe 3 : Graphique des formés à
la plateforme de formation après la pandémie de 2020
Annexe 4 : Fiche de présentation de la
plateforme de formation Mètis
Annexe 5 : Intérêts de la plateforme de
formation pour le stagiaire
Annexe 6 : Intérêts de la plateforme de
formation pour le formateur
121
Annexe 1 : Guide d'entretien
Guide d'entretien
Hypothèse 1 : L'identification du
problème de recherche.
Je fais l'hypothèse que la digitalisation de la
formation, dans un organisme de formation qui persiste dans ses pratiques
traditionnelles, scinde le public de formateurs en deux: ceux qui ont
intégré le numérique dans leur formation et ceux qui sont
encore réfractaires à son utilisation.
Thème 1
|
Thème 2
|
Thème 3
|
Nous sommes face à un
public qui dispose de
diverses caractéristiques
|
Dans des environnements concurrentiels, l'organisme de
formation
|
L'évolution de la posture du formateur ainsi que les
nouvelles méthodes
|
qui pourraient expliquer
|
peut connaitre des
|
pédagogiques ne
|
l'adhésion ou non aux
|
difficultés pour
|
semblent pas être
|
outils digitaux.
|
promouvoir sa plateforme numérique auprès de ses
collaborateurs.
|
acceptables par tous.
|
Est-ce que vous pouvez me
|
Parlez-moi des enjeux de
|
Parlez-moi des
|
parler de vos expériences
|
la plateforme numérique
|
changements qui peuvent
|
professionnelles et de
|
pour l'organisme de
|
être à prévoir avec
|
votre environnement de
|
formation et le formateur.
|
l'arrivée des NTIC.
|
travail.
|
Dites-moi, pourquoi l'OF
peut faire face à des
difficultés pour la
promotion de sa plateforme.
|
|
Pensez à demander à
l'enquêté d'illustrer par un ou des exemples, pour chacun des
points.
Hypothèse 2 : L'analyse des causes possibles du
problème de recherche.
Je fais l'hypothèse que la mise en place de la
digitalisation au sein de l'organisme de formation présente des
défauts en termes d'information, de formation et de mise en pratique.
Thème 1
|
Thème 2
|
Thème 3
|
Tout formateur dispose de
|
Les formateurs n'ont pas les
|
Des formations collectives
|
sa pratique pédagogique
|
connaissances et la maitrise
|
ont été mises en place pour
|
pour former ses stagiaires
|
nécessaire pour utiliser des
|
les formateurs sur
|
qui n'inclut pas
|
outils digitaux.
|
l'utilisation d'une
|
nécessairement le
|
Cela nécessite d'investir du
|
plateforme numérique mais
|
numérique car il y a un fort
|
temps pour enrichir leur
|
ils n'ont pas tous répondu
|
attachement aux pratiques
|
parcours de formation
|
présents. Pour certains qui
|
traditionnelles.
|
(surtout lorsque la date de
|
l'étaient, ils ne savaient pas
comment l'utiliser et
|
122
|
début de leur formation est
|
l'intégrer dans leur parcours
|
|
assez proche).
|
de formation.
|
Parlez-moi de votre façon de
|
Parlez-moi de ce que
|
Parlez-moi des premières
|
travailler, des outils que
|
demande l'intégration d'une
|
formations effectuées en
|
vous utilisez et de la place
|
plateforme numérique
|
termes d'information et de
|
du digital dans vos
|
notamment dans
|
préparation des formateurs
|
pratiques pour former vos
|
l'investissement en termes
|
à l'intégration d'une
|
stagiaires.
|
de temps et de délai.
|
plateforme numérique dans
leurs pratiques pédagogiques.
|
Pensez à demander à
l'enquêté d'illustrer par un ou des exemples, pour chacun des
points.
Hypothèse 3 : Le plan
d'action
Je fais l'hypothèse que pour mieux intégrer le
digital dans la formation, il faut lever les contraintes par un investissement
dans un accompagnement personnalisé, une disponibilité pour
répondre aux questions et résoudre les difficultés, et des
actions de formation en fonction des besoins de chaque formateur.
Thème 1
|
Thème 2
|
Thème 3
|
Créer des actions de
formation recentrées sur le formateur.
|
Susciter l'intérêt et évoquer les
avantages qui peuvent résulter de la digitalisation
|
Pour que le changement
s'opère dans de bonnes
conditions, il faudrait un
|
|
de la formation.
|
accompagnement
personnalisé pour chaque formateur afin de lever les
freins contre le numérique.
|
Parlez-moi de l'idée
|
Parlez-moi de l'intérêt selon
|
Parlez-moi de ce qui vous
|
d'effectuer des ateliers de
|
vous de la digitalisation de
|
semble important en tant
|
formation par niveau de
|
la formation de nos jours.
|
que formateur pour avoir
|
connaissances et de maitrise
|
Dites-moi comment voyez-
|
une bonne acculturation et
|
pour résoudre des
|
vous évoluer le métier de
|
une bonne expérience du
|
problématiques.
|
formateur dans les
prochaines années.
|
numérique.
|
Pensez à demander à
l'enquêté d'illustrer par un ou des exemples, pour chacun des
points.
123
Annexe 4 : Fiche de présentation de la
plateforme de formation Mètis
C'est quoi ?
|
|
Une plateforme LMS
|
Pour qui ?
|
|
- Les formateurs - Les stagiaires
|
On y trouve quoi ?
|
|
- Notre parcours pédagogique
- Des modèles de parcours de formation - Des supports
pédagogiques
- Des éléments de suivi et de résultat
|
Comment on
accède ?
|
y
|
- Partout
- Depuis son poste informatique, son smartphone, sa tablette
- La connexion Internet est indispensable
|
Qui sont les acteurs ?
|
- Les ingénieurs de formation
- Les administrateurs
- Le formateur
- Le stagiaire
- Le manager de formation
|
Quels sont les moyens de communication ?
|
Synchrone (Chat)
Asynchrone (Forum ; Messagerie)
|
Quelles sont
activités ?
|
les
|
Glossaire ; Forum ; Test ; Questionnaire ; Chat ; Classe
virtuelle ; Blogue ; Feedback ; ...
|
Quelles sont
ressources ?
|
les
|
Fichier (Pdf, Word, Excel) ; Lien URL ;
Photographie ; Vidéos ; Tuto ; ...
|
124
Annexe 5 : Intérêts de la plateforme de
formation pour le stagiaire
Faire partie d'une communauté d'apprentissage
|
Échange d'expérience, motivation, dynamisme de
groupe.
|
Amélioration de l'employabilité
|
Compétences transversales, apprentissage des TIC,
travail collaboratif/à distance.
|
Des ressources multiples
|
Tutoriel, liens, outils de communication et de
collaboration...
|
Accompagnement renforcé
|
Chat, forum, classe virtuelle animée, ateliers
virtuels...
|
Individualisation des parcours
|
Cursus adapté aux besoins individuels grâce
à la combinaison de modules et de séquences
d'apprentissages.
|
Traçabilité du parcours
|
Avancement dans parcours pédagogiques selon son
rythme.
|
Développement
des compétences numériques
|
Travail collaboratif en ligne, expérience d'une
plateforme numérique, appréhender les usages numériques
dans le cadre professionnel.
|
125
Annexe 6 : Intérêts de la plateforme de
formation pour le formateur
Personnaliser le parcours du stagiaire en
tenant compte des résultats et besoins
spécifiques
|
Animer la formation à l'aide de la
plateforme
|
Suivre le parcours de l'apprenant
(tracking/scoring)
|
Utiliser des supports interactifs
|
Déterminer les modalités de suivi et
d'évaluation
|
Proposer des projets collaboratifs en ligne
|
Communiquer avec les stagiaires par chat,
messagerie, classe virtuelle, forum
|
Tracer les stagiaires
|
|