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Regroupements politiques et processus électoral en RDC. Enjeux et défis.


par Elie BANZA MUKANDA Bamu
UNILU - Licence 2019
  

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B. Jeu d'alliances et consolidation de la démocratie

La consolidation de la démocratie suppose la stabilisation du jeu des institutions par le respect du principe de la séparation des pouvoirs. Les branches législative, exécutive et judiciaire doivent jouir chacune d'une certaine autonomie fonctionnelle pour clarifier le jeu politique et renforcer la consistance institutionnelle. Ce principe d'autonomisation n'aura pas été effectif en RDC, les pouvoirs législatif et judiciaire étant totalement subjugués par l'exécutif et spécialement à l'institution président de la République.

Le gouvernement de la République à l'issue des élections de 2011 à l'instar de celles de 2006 aura été constitué de façon extraparlementaire. Le premier ministre n'est toujours pas le chef de la majorité parlementaire et la correspondance de la majorité parlementaire avec la majorité présidentielle n'est pas pour assurer le triomphe du parlementarisme rationnalisé. Car, du fait que le premier ministre ne soit pas issu de la coalition parlementaire et que son programme d'action ne résulte pas des programmes des partis coalisés, a favorisé une inclinaison vers le présidentialisme n'assurant pas la séparation du pouvoir et moins encore le respect de la constitution.

Le pouvoir judiciaire encore en transition n'est pas véritablement indépendant. L'armature judiciaire telle que définie dans la constitution de 2006 n'étant pas encore effectivement mise sur pied, les procédures devant les cours et tribunaux subissent des intrusions intempestives. A cette allure, l'avènement d'un Etat de droit et protecteur des droits de l'homme devient problématique sinon hypothétique.

C. Jeu d'alliances et gouvernabilité de l'Etat

En RD Congo le jeu d'alliances et de coalitions politiques n'est pas seulement lié au fait électoral mais plutôt à la réalité du pouvoir politique souvent partagé. Les différents régimes politiques ont généralement été dominés par des oppositions gouvernantes - celle des nationalistes aux mobutistes, celle des mobutistes aux kabilistes, celle des kabilistes aux partis de l'étranger - l'espace politique demeurant fragmenté, militarisé et en équilibre toujours instable.

Les élections de 2006 et de 2011 avaient dès lors pour finalité la restauration de la légitimité institutionnelle devant faciliter la gouvernance républicaine et démocratique. L'organisation des jeux de gouvernement

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devrait dans ce cas s'opérer essentiellement au sein de l'assemblée nationale dont le groupe majoritaire qui aurait librement formé un gouvernement aurait eu également le devoir d'appuyer le programme et les décisions de ce même gouvernement pour garantir la pertinence de la rationalité publique.

Le jeu de gouvernement aura été en marge de ce principe durant ces deux quinquennats. Les arrangements particuliers par lesquels se sont constitués les gouvernements ont empêché le fonctionnement normal du parlementarisme dualiste consacré par la constitution du 18 février 2006 et fondé sur le principe de la responsabilité ministérielle et le droit de dissolution. Ces arrangements politiques auraient même bloqué la constitution d'une coalition parlementaire autour des partis de la majorité. Le Palu tout en gouvernant, aura été boudé par les vrais partis du pouvoir, et la ligne entre l'opposition et la majorité est restée de ce fait difficile à tracer.

Le Gouvernement Matata Ponyo aura également été constitué en marge du jeu parlementaire, le président de la République ayant préféré un technocrate à la place du chef de fil du PPRD, parti dominant autour duquel se sont formées les majorités présidentielle et parlementaire). Le contrôle parlementaire étant devenu purement protocolaire, le premier ministre, chef du gouvernement, aura été davantage responsable devant le président de la République que devant l'Assemblée Nationale.

Les initiatives parlementaires de défiance ou de censure ont à chaque fois été bloquées par des injonctions et des consignes de vote qui paralysent l'Assemblée Nationale. Pour faire passer certaines décisions essentielles, le premier ministre et les ministres sont obligés de marchander avec les parlementaires. Les consultations répétées de Kingakati 12 auront substantiellement aussi contribué à faire passer certaines décisions ou encore à maintenir ces genres d'arrangements.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille