SECTION 3 : EFFETS DES ALLIANCES ET COALITIONS POLIQUES
DE 2006-2020
3.1. LES CONSEQUENCES DES ALLIANCES ET COALITIONS
POLITIQUES DE 2006-201167
Les alliances et coalitions politiques en République
Démocratique du Congo ne seraient pas comme ailleurs dans les
démocraties consolidées ou non une modalité pratique de
conquête ou d'exercice de pouvoirs, encore moins une recette
destinée à construire le sens démocratique ou à
assurer les équilibres politiques nécessaires à la
stabilité des institutions et aussi à la cohésion
nationale. Le jeu des alliances et coalitions politiques sont liées en
RDC à l'essence même de la politique congolaise et à la
nature particulière du pouvoir politique qui en découle.
Ce jeu qui prend dans cette contrée le nom de front
commun (1960, négociation de l'indépendance), d'alliance (nom de
partis) ou de regroupements politiques (lois électorales) de mouvement
national (nom de partis) de coalitions (constitutions) de majorité ou
d'opposition, de forces démocratiques ou d'union sacrée,
apparaît lié à la construction même du champ
politique avant de concerner les pratiques du pouvoir politique.
A. Jeu d'alliances et système de partis
Au regard de la Constitution du 18 février 2006 et de
la loi sur les partis politiques, le jeu d'alliances aurait pour vocation de
garantir le multipartisme en vue de faciliter la mise en oeuvre du
parlementarisme rationnalisée destinée à stabiliser la
gouvernance républicaine et démocratique. Les alliances devraient
exercer leur fonction stratégique de faire des élections de 2006
et de 2011 des occasions véritables de choix. Car, c'est le fait
qu'aucun parti ne put en lui-même constituer une alternative de rechange
qui obligea à ces additions qui pourtant ne réussirent pas
à restaurer le champ politique de compétitions électorales
tant attendue.
Les partis politiques, les alliances et coalitions ont en
effet manqué à leur devoir de se constituer en véritables
machines de production de victoire pour le compte des candidats autour desquels
ils se sont prétendument formés. Leur utilité
fonctionnelle aura été sérieusement compromise. En 2006,
comme en 2011, les alliances et coalitions n'ont pas pu régenter les
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compétitions électorales et pour le prouver, le
candidat de la majorité aux présidentielles s'est
présenté deux fois de suite en candidat indépendant tandis
que les candidats de l'opposition étaient dans l'impossibilité de
désigner le plus compétitif d'entre eux. Les alliances entre
candidats n'auront pas été celles entre les formations
politiques. Aux élections de 2011 nombre de ces alliances n'ont pas pu
fonctionner ; l'ancienne Alliance de la Majorité Présidentielle
(AMP) s'est muée en plateforme dite la majorité
présidentielle (MP) obligeant le Palu à s'obliger
vis-à-vis du président de la république au nom de
l'arrangement politique de 2006 d'où l'Udemo de Zanga s'était
retiré ...
L'UDPS ou Tshisekedi dût bénéficier des
alliances du Soutien à Etienne Tshisekedi (SET) et de la Dynamique
Tshisekedi Président (DTP) à l'impossibilité d'une
alliance ou union de l'opposition, le problème ayant été
celui de désigner un candidat unique. Le contexte de misère et de
pauvreté ne rendait pas possible la formation des alliances car à
droite comme à gauche, tout le monde était en recomposition. La
tactique pour les partis au pouvoir avait été la multiplication
à l'infini des partis politiques pour miser sur la
préférence tribale et/ou locale, au détriment de la
compétitivité globale qui aurait permis d'évaluer leur
capacité de mobilisation et de persuasion de l'électorat. Les
alliances ont plus été des facteurs de dilution des partis
plutôt que d'être des espaces de partenariat politique dans
lesquels chaque allié aurait dû conserver sa marge de manoeuvre au
regard des attentes et par rapport au projet ou programme politique auquel il
aurait librement souscrit. Ce qui aurait pu permettre aux partis politiques
d'adapter leurs orientations et leurs alliances dans le cours de la
législature sans forcément provoquer une crise.
Le parti, l'alliance ou la coalition politique sert encore
à la réunion de moyens de campagne mais moins à la
réalisation des objectifs de la gouvernabilité de l'Etat et de la
cohésion nationale. La politique se dépolitisant en se
privatisant, la sociologie des alliances congolaise devient difficile à
comprendre. La composition politique par le jeu d'alliances et de coalitions
obéirait en RDC aux calculs d'opportunités tactiques
dépourvus d'exigence de doctrines et d'idéologies qui auraient eu
besoin de profondeurs stratégiques. Mais il reste vrai cependant qu'en
RDC, comme en France, la dialectique majorité-opposition, en
dépit du fléchissement qu'elles peuvent connaître, conserve
une portée régulatrice du jeu politique.
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