2.3. SYSTEME ELECTORAL EN VIGUEUR65
Le changement du monde de scrutin présidentiel
opéré en 2011, impose finalement un changement d'ordre
stratégique à la classe politique congolaise. L'opposition qui ne
jure que sur l'alternance démocratique ne doit plus se présenter
avec une profusion de candidatures comme elle pouvait se le permettre dans un
scrutin à deux tours, où l'on mesure le poids électoral
des différents candidats au premier tour en vue de bâtir des
alliances dignes au second tour. La victoire de l'opposition devra
inexorablement passer d'abord par l'Union réfléchie des
prétentions des candidatures présidentiables. Le système
électoral oblige également à la majorité au pouvoir
une discipline de consolidation de ses forces politiques, et au besoin une
séduction démocratique dans le rang de l'opposition car elle en a
le droit au travers de ses oeuvres, ses actes et ses discours, tout comme
l'opposition a su tirer bénéfice du départ en septembre
2015 des sept partis politiques venus de la majorité et qui font
désormais cause commune.
En ce qui concernée les élections
présidentielles, le système actuel à un tour voudrait que
le candidat qui obtient le plus grand nombre de voix soit déclaré
vainqueur (majorité relative), cette démarche impose
sérieusement aux éventuels candidats (individu ou partis) un jeu
d'alliances pour améliorer les chances de réussite. Un second
tour n'étant pas possible, les électeurs ne se prononcent qu'une
seule fois. Avec ce mode de scrutin, les suffrages sont émiettés
entre les forces politiques en présence, alors la coalition
(regroupement) politique la plus large, la plus forte, la plus
représentative et stratégique les remportent.
A ce stade nous pouvons admettre que le système
électoral a une influence considérable sur la formation de
coalitions et d'alliances dans l'arène politique congolaise et
celles-là s'affichent plus comme un impératif qu'un choix
délibéré d'ordre stratégique.
2.4. L'ETAT DE L'ECONOMIE NATIONALE66
La conquête du pouvoir au-delà des
stratégies politiques qu'exige une telle motivation, a un coût
financier considérable. La situation économique du pays n'a pas
favorisé l'essor des partis politiques financièrement viables.
Ces finances joueraient un rôle capital dans la
65 Constitution de
la RDC modifiée par la loi n°11/002 du 20 Janvier 2011
portant révision de certains articles de la Constitution de la RDC du 18
février 2006, article 71.
66 Eloge MAVUNGU POATY, la conquête
démocratique du pouvoir politique en RDC, les coalitions politiques :
option ou option ? P.7
75
diffusion des messages, dans la projection de grands
événements etc. L'absence de viabilité de partis est
corollaire à la vie socioéconomique des populations en
générale.
Un parti politique vie des cotisations de ses membres dont
l'absence présente un coup fatal à la majorité de partis
politiques. Un parti politique doit en dehors du financement qu'il devait
bénéficier de l'État avoir ses propres moyens obtenus par
les contributions de ses militants pour couvrir même des activités
courantes non électorales. Hors ces derniers vivent également une
situation économique morose qui ne laisse pas deviner qu'entre le ventre
et le parti, le ventre passe en premier.
Lors des élections présidentielles de 2006, 2011
voire celles de 2018, la plupart des candidats ont fait des campagnes
limitées par manque des moyens, la majorité des candidats non pas
fait le tour du pays pour des grands événements et de
sensibilisation des électeurs potentiels. Faire face aux dépenses
d'une campagne électorale à la congolaise peut représenter
un sérieux obstacle au candidat ou regroupement politique qui cherche
à contourner seul cette énigme car une telle campagne
présente des sommes s'élevant à plusieurs millions de
dollars américains. Une coalition peut être une de réponses
pour contourner ce défi tant bien même qu'elle y buté
aussi. A cause de ces nombreux points, les partis ou les candidats ne peuvent
bien fonctionner que s'ils ont des moyens financiers importants.
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