WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Regroupements politiques et processus électoral en RDC. Enjeux et défis.


par Elie BANZA MUKANDA Bamu
UNILU - Licence 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SECTION 2 : DEFIS DES ALLIANCES ET COALITIONS POLITIQUES

2.1. LA CONFIGURATION GEOPOLITIQUE63

La dimension d'un pays comme la République Démocratique du Congo (2.345.410Km2) est un obstacle majeur pour la majorité des formations politiques à y être représentées de manière significative. Au regard du multipartisme intégral, option privilégiée par la constitution de la RDC en son article 6, il est difficile d'avoir un parti ou coalition qui couvre son influence sur l'ensemble du territoire national. Si nous étions dans un bipartisme ou multipartisme limité à 3, 4, ou 5, on aurait véritablement des structures influentes sur l'ensemble du territoire national. Prenons l'exemple d'un pays comme la Côte d'Ivoire 8 fois moins grande que la RDC qui a compris que le jeu d'alliance dans la conquête du pouvoir serait inévitable.

Avec une trentaine de partis représentatifs, la Côte d'Ivoire a eu au moins 3 grandes coalitions dont Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la paix (RHDP 5 Partis) qui a porté Alassane OUATTARA au pouvoir et a obtenu la majorité absolue aux législatives avec 204 sièges sur 255, la coalition Nationale pour le changement (CNC, 7 partis) du candidat KOUADJO KONAN Bertin, et l'Alliance des Forces Démocratiques (AFD, 12 Partis) qui a soutenu le candidat Paul AFI NGUESSAN. Ces structures sans fouiller dans les détails ont été des acteurs majeurs dans les élections ivoiriennes de 2015. Dans un pays aux dimensions comme la RDC, doublé

64 Eloge MAVUNGU POATY, la conquête démocratique du pouvoir politique en RDC, les coalitions politiques : option ou option ? P.6.

72

de plus ou moins 599 partis politiques (2018), plus de 77 regroupements politiques, les coalitions sont les premières stratégies en terme d'outils de conquêtes du pouvoir au service du développement car l'étendue du territoire national congolais se présente comme un obstacle à l'implantation effective d'un parti faute non seulement des moyens financiers que soulèverait une telle option mais aussi en raison de certaines pesanteurs culturelles.

2.2. LA SOCIOLOGIE ELECTORALE ET LE CARACTERE EMBRYONNAIRE DE LA DEMOCRATIE CONGOLAISE64

La sociologie électorale de la RDC est fortement calquée autour de l'identité ethnique. Dans une société où la pauvreté mine la vie quotidienne, le népotisme et le favoritisme sont quasiment devenus les pistes royales pour accéder à un emploi, alors on préfère voter un candidat avec qui on a des liens directs pour s'attirer certains privilèges et facilites (emploi, promotion, prestige etc.).

A l'exception de la ville de Kinshasa qui avec son statut de capitale, est une ville politique et multiethnique, le vote en RDC est d'abord une affaire tribale. Les résultats des élections de 1959, 1960, 2006, 2011 et ceux de 2018 peuvent bien illustrer cela. La majorité des électeurs votent par rapport à l'attachement ethnique qu'autre chose, cela est une épreuve que la maturité politique de masse n'est pas encore développée dans la culture politique congolaise. Ce qui pour le moment peut trouver une explication et paraître « normal » parce que la démocratie électorale n'est pas une denrée habituelle aux communs de congolais et surtout par le fait qu'il n'existe pas une démopedie qui familiariserait à l'apprentissage des règles et de la pratique démocratique d'autant plus qu'il est absurde de prétendre exercer la démocratie sans la connaître.

La responsabilité de la méconnaissance de la démocratie électorale, qui voudrait que le choix soit orienté vers le meilleur profil des candidats et des programmes politiques, reste partagée entre l'Etat et les différentes structures de la société. Cette impéritie s'érige comme un blocage aux aspects politiques du développement, et doit être balayée par les partis, les regroupements politiques, les ONG, faute de cela, le vote reste une affaire ethno-tribale, ce qui empêche l'élargissement de l'électorat dans des

73

circonscriptions où un potentiel candidat n'a pas des liens tribaux ou ethniques. Quelle que soit la séduction que peut porter un projet politique, il se voit limité à une sphère restreinte. Seul un jeu d'alliance et une maturité politique pourraient élargir les sphères d'influence d'un programme de développement.

Ce phénomène de tribalisation de la vie politique prit de l'importance suite à la mutation des associations tribalo-culturelles en partis politiques vers les années 1958-1959, lorsque les congolais ont eu pour la première fois, le droit de créer des partis politiques.

La démocratie congolaise est encore à une phase de construction nous l'avions dit. Il y a une méconnaissance des valeurs qui fondent la démocratie et une absence de pratique régulière de celle-ci. En analysant par exemple les résultats de la présidentielle de 2011, il apparaît très clairement que tous les candidats n'ont été mieux votés que dans leurs fiefs identitaires. A titre exemplatif qu'en Équateur aucun candidat parmi les 4 premiers n'a pu devancer KENGO WA DONDO, c'est dans cette province qui est également sa province d'origine ou il a été mieux voté par rapport aux 10 autres provinces. Même analyse pour le candidat KAMHERE LWA KANYNGINI Vital, bien qu'il n'ait pas eu le premier score, c'est dans la province du Sud-Kivu où il est originaire. Le même constat pour Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA dans son Kasaï natal où il s'est tiré avec 75,6% des suffrages exprimés (tout en considérant le taux d'électeurs omis 16% et un taux de participation qui n'était que de 50,6%). Et ce pareil en scrutant les résultats du président sortant Joseph KABILA KABANGE qui a obtenu près de 89% des suffrages exprimés dans sa province du Katanga.

Ces 4 candidatures montrent clairement qu'il y a un lien entre choix politique et identité ethnique. Cette donne embrigade et cloisonne les chances d'un candidat à se faire adopter hors de sa cellulaire identitaire, ce qui est également un obstacle à l'intégration politique du Congo. A ce niveau, l'influence identitaire, la réalité de notre démocratie impose le jeu d'alliance en vue d'optimiser les chances de victoire d'une candidature et permettre par conséquent au futur dirigeant d'acquérir une légitimité beaucoup plus large.

74

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote