Regroupements politiques et processus électoral en RDC. Enjeux et défis.par Elie BANZA MUKANDA Bamu UNILU - Licence 2019 |
3.5. APRES 2011Les élections de novembre 2011 ont connu une ambiance particulièrement chaude en amont et en aval. La surchauffe observée était la conséquence de la précipitation, de l'improvisation, de l'intransigeance et de la méfiance qui ont caractérisé les parties prenantes au processus électoral et particulièrement les partis politiques. C'est la révision de l'article 71 de la Constitution qui a le plus posé problèmes d'autant plus qu'il consistait au changement du mode de scrutin pour l'élection du président de la république. Du suffrage majoritaire à deux tours, le président de la république devrait désormais être élu à la majorité simple. Ce qui modifiait complètement le jeu politique par rapport à 2006. La problématique du contexte s'associait à celui des acteurs car, si l'AMP a renouvelé son attachement à Joseph Kabila, l'opposition a vu émerger d'autres acteurs que ceux qui l'ont représentée aux échéances précédentes. Etienne Tshisekedi de l'UDPS et Vital Kamhere de l'UNC ont remplacé Jean Pierre Bemba en détention à la Haye par la Cour International Pénal. Une redistribution des cartes s'est opérée dans les deux camps. 37 L'opposition politique congolaise n'a pas réussi dans ses tentatives de vouloir présenter un candidat unique à la présidentielle du 28 novembre 2011. Deux camps se sont nettement constitués : l'aile « Fatima »et l'aile « Sulutani ». La première s'est formée autour du leader de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, considéré comme figure de prouesse de l'opposition politique congolaise ; et l'autre camp a été fortement dominé par Vital Kamhere, président national de l'UNC et ancien membre de la majorité présidentielle. Le point commun entre tous ces regroupements de l'opposition aura été sans doute leur hostilité au régime de Kabila. L'opposition a fait de la bonne gouvernance son crédo, estimant unanimement que la gouvernance a été lamentable durant ce premier quinquennat de la troisième République. Le changement était, à leur entendement, tributaire de l'alternance impérative au sommet de l'Etat. La majorité de son côté s'est faite de plus en plus centrifuge. Il s'est dégagé une nette volonté de certains alliés comme le parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), l'alliance pour le renouveau du Congo (ARC) et bien d'autres partis de faire cavalier seuls. Le Palu qui a fait sensation en 2006 était en perte de vitesse et risquait à tout moment de basculer dans une crise d'identité du fait de la sénilité de son leader. Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie Kisangani Mouvement de Libération (RCD-KM) a tout simplement fait défection et l'UDEMO s'est retrouvé pratiquement en cessation d'activités. L'alliance a été traversée par plusieurs scandales et a été remplacée par une nouvelle structure dénommée Majorité Présidentielle (MP). Les résultats chiffrés et provisoires publiés par la Commission Electorale nationale et Indépendante se présentaient comme suit :
Source : CENI 2011 53 www.wikipedia.org/résultats des élections présidentielles de 2018 en RDC, Consulté mercredi, le 20 Mars 2020, à 19h32' 38 Les suffrages obtenus par les candidats étaient les suivants :
Source: Commission électorale nationale indépendante septembre 2011 3.6. ALLIANCES ET COALITIONS DE 201853 L'élection présidentielle congolaise de 2018 a lieu le 30 décembre 2018 en République démocratique du Congo (RDC) en même temps que les législatives et les provinciales. Reportée à plusieurs reprises depuis 2016, cette élection est régentée par trois grandes coalitions : le Front commun pour le Congo (FCC), le Cap pour le Changement (Cash), et la plateforme Lamuka. Elle donne un successeur à Joseph Kabila, qui occupé le poste de président de la République démocratique du Congo depuis 2001. La campagne électorale fut dominée par l'affrontement entre trois candidats : Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin désigné de Joseph Kabila, Félix Tshisekedi, fils du candidat malheureux au second tour de la présidentielle précédente Etienne Tshisekedi (2011) ainsi que le candidat commun d'une partie de l'opposition, Martin Fayulu. Avec un peu plus de 38 % des suffrages selon les résultats provisoires, Félix Tshisekedi devance Martin Fayulu, qui en recueille près de 35 %. Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du parti du président sortant termine sur la troisième marche du podium avec 23 %. 39 Résultat de l'élection présidentielle du 30/12/2018
Source : Commission Electorale Nationale Indépendante Dès l'annonce des résultats, ceux-ci sont vivement contestés par Martin Fayulu, la Conférence épiscopale du Congo annonçant par ailleurs que ces derniers ne correspondent pas aux résultats collectés par ses 40.000 observateurs sur le terrain. Une fuite de documents de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient le 15 janvier corréler ces affirmations. Entre temps, les résultats des législatives sont proclamés en avance, donnant une très large majorité des deux tiers à la coalition du gouvernement sortant, le Front commun pour le Congo, augurant une cohabitation rendant caduc l'alternance. Le gouvernement est accusé d'avoir, devant l'impossibilité de faire élire son candidat, choisi de faire gagner le candidat de l'opposition le moins hostile au régime. Un accord aurait ainsi été conclu entre Tshisekedi et Kabila, attribuant au premier la présidence, et au second le contrôle du gouvernement et de plusieurs secteurs régaliens via une main mise sur l'Assemblée nationale et celles provinciales. Le contrôle de ces dernières, dont les membres procèdent à l'élection trois mois plus tard d'un Sénat acquis au président sortant permet à Joseph Kabila, sénateur à vie, de conserver une grande partie du pouvoir. En janvier 2019, après rejet des recours, Felix Tshisekedi est proclamé vainqueur de l'élection présidentielle par la Cour constitutionnelle, et prête serment. Il devient ainsi le cinquième président du pays, et le premier à accéder au pouvoir par le biais d'une alternance pacifique. 40 |
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