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Une analyse de l'impact de la libéralisation agricole sur le revenu agriculteurs. Le cas de la filière riz de la vallée de l'Artibonite.


par Ernson Augustin
HEC-Liège/ESFAM - Master en Science de gestion 2018
  

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3.3 La commercialisation du riz de la Vallée de l'Artibonite

Comme le montre la figure 3.5 suivante, la commercialisation du riz produit dans la Vallée de l'Artibonite est effectuée par quatre (4) catégories d'acteurs principaux. D'abord, les petits et

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moyens riziculteurs qui vendent leurs productions soit sur le marché local après transformation soit à des intermédiaires commerciaux avant même la transformation. Ensuite, les intermédiaires commerciaux ruraux, appelés aussi « Madame Sarah locales ». Elles se sont souvent identifiées comme étant la femme du riziculteur. Elles achètent le riz avant transformation pour le transformer et le revend soit sur le marché local, celui des villes avoisinantes ou à des « Madame Sarah Urbaines ». Les « Gros commerçants » (grossistes) achètent le riz produit par les grands producteurs pour le transformer et vendre le riz décortiqué aux « Madame Sarah Urbaines », assez souvent à crédit avec des délais de paiement très longs. Les intermédiaires urbains emmagasinent le riz décortiqué au marché de la Croix-des-Bossales. Enfin, les détaillants qui se trouvent dans les grands marchés dans l'Air Métropolitaine de Port-au-Prince (AMP) achètent le riz stocké par les « Madame Sarah Urbaines » pour le revendre aux consommateurs finaux. Par ailleurs, d'autres intervenants dans la commercialisation du riz de l'Artibonite ont été identifiés. C'est le cas des Chauffeurs et des porteurs, qui aident les « Madame Sarah Urbaines » dans le transport et l'emmagasinage du riz, développant ainsi une relation de clientèle, appelée « pratique » avec ces dernières (CNSA, 1996a).

Figure 3.5 : Circuit de distribution du riz de la Vallée de l'Artibonite

Petits et Moyens

Producteurs

 
 

Grands

Producteurs

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Transformateurs

Madan Sara

Urbaine

Madan Sara

Locale

Gros

Commercants

Dépots Croix-des-

bossales

Detaillants

Consommateurs

de provinces

Urbains

Detaillants

Consommateurs

Source : CJ-Consultants (2012 : 28).

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3.4 Faible pouvoir de négociation des riziculteurs dans la formation des prix

Les riziculteurs et les associations de planteurs n'ont qu'un faible pouvoir de négociation auprès des intermédiaires commerciaux. Ces derniers jouent un rôle majeur dans la formation des prix du riz produit dans la Vallée de l'Artibonite qui ne dépend pas uniquement de la rencontre entre les courbes d'offre et de demande. Il parait plausible que les « Madame Sarah », venant particulièrement de Port-au-Prince, s'unissent entre elles pour fixer un prix unique aux riziculteurs. Donc, ce sont ces dernières qui fixent le prix des denrées cultivées par les agriculteurs sur leurs lopins (CJ-Consultants, 2012). Puisque leurs productions sont livrées à des prix très bas, nous pouvons affirmer que le système de commercialisation en vigueur est préjudiciable aux riziculteurs d'une façon générale et aux plus pauvres en particulier.

Par ailleurs, la situation financière des riziculteurs qui ne les permet pas d'assurer la transformation et le stockage de leurs productions les oblige à écouler la quasi-totalité du riz produit à une même époque. Ce caractère saisonnière de la riziculture haïtienne entraine un surplus dans les saisons de récoltes et diminue le prix de la livre de paddy de 40% soit un montant de 25 Gourdes contre 35 Gourdes dans le période de pénurie. A ces prix d'acquisition, il faut ajouter les différentes dépenses effectuées par les intermédiaires (Madame Sarah locale, Grossistes, Madame Sarah Urbaine et les détaillants) afin de déterminer le prix de vente du riz décortiqué. Dans de pareilles conditions, le prix des différentes variétés6 de riz produits dans la Vallée de l'Artibonite est instable et nettement supérieur par rapport à celui du riz importé. L'analyse des données du MARNDR (2015) relate que pour le département de l'Ouest, entre avril 2015 et janvier 2016, le prix du riz Shella augmente de 20% en passant de 78.7 Gourdes/Kg à 94.6 Gourdes/Kg contrairement à celui du riz importé (Tchaco) qui varie entre 38 Gourdes/kg et 42.8 Gourdes/Kg durant cette même période.

Toutefois, force est de constater que même en période de pleine récolte durant laquelle le prix du Paddy diminue, l'obtention des taux de marges très élevés par les « Madame Sarah Urbaines » ne permet pas la répercussion de cette baisse de prix sur les consommateurs finaux (CNSA, 1996a), d'où le choix, par rationalité économique de ces derniers, de consommer le riz importer que celui produit dans la Vallée de l'Artibonite.

6 TCS-10, M8, Malaika, Shella, Prosequisa 4, Shelda et Madame Gougous sont les variétés les plus cultivées.

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