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Pratique soignante en santé mentale et psychiatrie
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AMELIORER
LES COMPETENCES INTERCULTURELLES
DE L'INFIRMIER EN PSYCHIATRIE
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MONTOISY Philippe Juin 2013
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Table des matières
Introduction
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1. Cadre conceptuel
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1.1. Le contexte multiculturel
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1.2. La relation soignant - soigné
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1.3. L'anthropologie médicale
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2. Analyse de situations vécues
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2.1. Matériel et méthode
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2.2. Description de deux situations vécues
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3. Résultats et discussions
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3.1. Première situation vécue
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3.2. Deuxième situation vécue
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3.3. Difficultés rencontrées
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4. Les compétences interculturelles
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4.1. La communication interculturelle
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4.2. L'empathie
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4.3. Les connaissances spécifiques
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4.4. Adapter les processus des soins infirmiers
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4.5. Ce que nous pouvons concrètement mettre en place
à l'hôpital
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5. Le contexte particulier de la psychiatrie
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Conclusion
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« La rencontre, vraie, authentique, avec l'autre est
donc en soi un chemin spirituel : l'autre me fait avancer en me
décentrant de moi-même, son visage m'interpelle. »
Emmanuel Levinas
« Il n'y a pas deux personnes qui ne s'entendent pas,
il y a seulement deux personnes qui n'ont pas discuté. »
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Proverbe wolof (Sénégal).
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Introduction
Le choix de mon sujet ne doit rien au hasard. Je suis né
en Afrique et j'ai eu l'opportunité d'effectuer de nombreux voyages
à travers cinq continents.
Depuis l'obtention de mon diplôme d'infirmier, sauf
quelques exceptions, j'ai toujours exercé mon art dans le domaine de la
psychiatrie, que ce soit en Belgique ou à l'étranger.
Outre le fait d'être infirmier, je suis également
anthropologue de formation. Ceci explique mon attachement à la
diversité des cultures humaines et à leurs richesses.
Le présent travail s'inscrit dans la volonté d'une
pratique des soins infirmiers plus
« réfléchie ». J'entends par là
que « faire des soins », cela ne se limite pas au « faire »
mais englobe aussi le « prendre soin en fonction de la singularité
du patient ». Chaque culture humaine est unique en son genre et, à
la limite, chaque patient possède une culture qui lui est propre. Il
n'existe pas de petite ou de grande maladie, il n'y a pas de petit ou de grand
professionnel, de patient qui mérite plus de considération qu'un
autre à cause de ses origines. Toute situation de soin doit donc
être envisagée comme singulière. Et c'est peut-être
cela qui fait, pour autant qu'on veuille bien en prendre conscience, toute la
richesse de notre art. C'est une sorte d'éternelle remise en question de
soi-même. On n'est donc pas prêt d'en avoir fait le tour !
Malheureusement, dans le contexte socio-économique que
nous traversons actuellement, l'éloge de la différence ne fait
pas vraiment recette. Nous voyons resurgir de vieux démons comme le
repli sur soi (le nationalisme, l'intégrisme) et le matérialisme.
L'intérêt porté à autrui, à
l'étranger, est perverti par le contexte ambiant. L'étranger est
trop souvent perçu comme un « bouc émissaire ». Cela se
répercute inévitablement au niveau de la pratique des soins
infirmiers, même si ce n'est que de manière inconsciente. Et ceci
constitue un danger pour une prise en charge que l'on souhaite de
qualité.
La problématique des patients étrangers est un
sujet qui n'a que récemment été pris en compte par les
professionnels de la santé. Bien que la littérature scientifique
en fasse mention et que des initiatives locales soient entreprises, le sujet ne
semble pas être une priorité pour de nombreux hôpitaux.
Néanmoins, force est de constater que les patients d'origine
étrangère sont de plus en plus nombreux dans nos structures de
soins : augmentation des mouvements de population à l'échelle
mondiale (guerres, réfugiés économiques et bientôt
peut-être « climatiques », demandeurs d'asile, etc.).
L'hôpital psychiatrique n'échappe pas à ce constat. Les
patients étrangers qui y sont admis sont souvent porteurs de troubles
spécifiques à leur situation (précarité, angoisses
face à l'incertitude de leur avenir, éloignement de leur culture
d'origine, éloignement de leur famille, etc.).
Selon le SPF Santé Publique, en Belgique, en 2010, «
il a été fait appel environ 90.000 fois à un
médiateur interculturel ou à un interprète (...) à
Gand, par exemple, on dénombre déjà 150
nationalités parmi les patients »1.
1 SPF SANTE PUBLIQUE, Rapport Annuel, 2010,
p. 12.
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Ma question de départ est : Comment
améliorer la relation soignant - soigné dans un contexte
multiculturel ? Cette question découle de situations
vécues qui ont posé problème dans les différentes
unités où j'ai travaillé. Elle servira de base pour
l'élaboration de ce travail.
Mes objectifs seront :
- sensibiliser le personnel infirmier, exerçant en
psychiatrie, au fait qu'un patient d'origine étrangère ne voit
pas nécessairement les choses de la même manière que
nous
- dégager des compétences interculturelles
utiles.
Mon travail comportera cinq parties distinctes. La
première partie consistera à mettre en évidence et
à clarifier, à partir d'une consultation ciblée de la
littérature scientifique, les concepts fondamentaux utiles. Dans une
seconde partie, je décrirai mon matériel et ma méthode et
évoquerai deux situations vécues avec des patients
étrangers. La troisième partie servira à présenter
et à discuter mes résultats. Une quatrième partie mettra
en évidence les compétences interculturelles utiles à
l'infirmier. Une cinquième et dernière partie évoquera le
cas particulier de la psychiatrie. Je terminerai ce travail par une
brève conclusion.
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