3.3. Les sources écrites
Les sources écrites en ont fait l'objet de nombreuses
études, notamment chez les chercheurs français,
québécois et suisses. Récemment Molinié (2011 :
144), comme nous l'avons signalé plus haut, a pensé le processus
identitaire comme consubstantiel de l'acte d'écrire. Précisons :
Blanchard (2006 : 201) fournit des éléments de réponse en
attestant que la production écrite se réalise en fonction «
des connaissances, des usages et des représentations »,
c'est-à-dire selon les particularismes individuels. Ce qui, mis en
relation avec notre première partie (cf. § 2.2), renvoie aux
phénomènes intériorisés de la compréhension
d'un idiome in posse. Alors, si la réflexivité est le
« Potentiel que le sujet développe et qui fait partie de son
identité »
75 Les deux communautés les plus
représentées au sein de l'association sont les marocaine et
turque.
54
(Desmarais, 2006 : 137), l'écriture
expressive76 en langue in fieri apparaît comme un
moyen légitime de repérage des organisations mentales
sous-jacentes. Nous adhérons donc à une certaine
transférabilité des recherches sur les corpus oraux aux corpus
écrits, aux niveaux :
- notionnel du syntagme d'identité, le locuteur /
scripteur estime les compositions linguistiques et crée une figure de
soi (Onillon, 2008 : 142) ;
- psycholinguistique, la quintessence de l'acte
d'écrire pénètre la conscience individuelle de tout
énonciateur (Capdevielle-Hounieu, 2011 : 27) et sert
l'interprétation des mondes de la réalité et
de l'imaginaire (Sartre, 1964 : 117).
Du reste, le moment avéré de
bilinguisme77 ne renferme pas les mêmes habiletés
à travers la langue orale et écrite (Paulin, 1994: 125), ce qui
nous permet d'appréhender un éventail additionnel de
schémas intellectifs. À notre sens, la « conquête
» de l'intuition grammaticale par le locuteur non confirmé
relève de rapports mentaux d'ordre qualitatif. Continuum de
notre postulat, le projet interculturel, mené d'avril à juin
2014, auprès des locuteurs FLE a pour but d'éliciter « [...]
l'identité mouvante, susceptible de métamorphoses »
(Capdevielle-Hounieu, 2011 : 27).
Nous concluons l'exposition et la justification d'un de nos
deux outils de recherche essentiels, par la présentation même des
sources écrites. Ces dernières se révèlent de trois
sortes et sont issues de l'ouvrage pédagogique réalisé par
l'ASBL Alpha de Bruxelles78 (2010 :15-28) :
- une description de soi et une description d'une autre
personne de la classe, qui sont la première étape dans l'item du
livre « moi et moi-même » ;
- un calligramme, qui correspond à la seconde étape
du même item ;
- un schéma commenté, qui relève du
deuxième item « moi et mon environnement ».
L'ensemble de ces productions, réalisé en classe
de FLE, a donné lieu à la création d'un livret sur
l'identité qui, après nos prises de notes, ont été
remis à leur créateur.
76 Par opposition à l'écriture
graphique.
77 L'expression est à concevoir selon la
théorie de Bajriæ « pour désigner
tout locuteur qui [...] entame un apprentissage quelconque de deux langues
[...]» (2013 : 160).
78 Centre de documentation du Collectif Alpha ASBL,
2010, Identité culturelle. Se connaître soi pour comprendre
l'autre, Bruxelles.
55
Nous sommes d'avis que ces travaux écrits sont une
passerelle transitoire vers les entretiens collectifs et individuels. Ce
franchissement recueille la façon originale dont les locuteurs se
figurent le moment au cours duquel, a priori, se débat, se
co-définit et définit l'identité en langue in
posse.
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