ANNEXE 10 : Entretien avec Nathalie Jan
Date : 6 juillet 2021.
Présentation : Nathalie Jan est la responsable
de la mission jeunesse de la ville de Saint Nazaire.
Nathalie Jan : « Moi je suis responsable des politiques
jeunesse dans la ville de Saint-Nazaire. Donc çà recouvre les
12-25 ans. On est une mission et non un service car on souhaitait travailler
dans la transversalité. Parce que pour nous la jeunesse elle se trouve
aussi bien dans la thématique sportive, culturelle,
événementielle, etc. Donc c'est très atypique à la
ville de ne pas être un service même si j'ai la
responsabilité de la mission et qu'on est une petite équipe. On
est 10. Mais la particularité pour travailler cette
transversalité, c'est qu'on fasse affaire à des partenaires avec
lesquels on conventionne. Moi je pars du principe qu'il faut croiser les
regards. Et c'est aussi avec les partenaires. C'est notre postulat de
départ. [...] Après la genèse de JEV çà
s'est passé en deux temps. En 2011, il n'y avait pas de mission jeunesse
à la ville. Il y avait Prévention de la
délinquance. Cà me faisait un peu de peine que la jeunesse
passe par là. Avant de créer la mission jeunesse, nous avons
interviewé 500 jeunes pour voir ce qu'ils attendaient d'une politique
jeunesse. [...] En 2014 on a voulu aller plus loin et il y a eu une
volonté politique pour que la priorité soit jeunesse de 2014
à 2020. [...] On a travaillé sur la conception de JEV, conseil
nazairien de la jeunesse, qu'on a défendu auprès des élus,
c'est-à-dire que çà ne soit pas un conseil municipal, que
ce soit une libre adhésion, que ce soit un investissement à la
hauteur de ce que les jeunes souhaitent, qu'ils aient des cartes blanches,
qu'il y ait une itinérance, qu'ils puissent s'approprier des lieux et
aussi qu'il y ait un fort levier culturel. C'était ce que voulaient les
jeunes. Et donc cinq ans plus tard, on a pas dévié. Et les
jeunes, ils ne représentent personne sauf eux-mêmes. Enfin tout
cela c'était très important et pour nous et pour eux. [...]
L'idée c'est toujours de créer des opportunités et
après c'est eux qui s'en emparent ou pas.
Marguerite Corrieu: Je voulais revenir sur les cartes
blanches. Carmen me disait qu'il y en avait eu une l'année
dernière à la Médiathèque. Les jeunes
étaient plusieurs fois dans l'année à la
médiathèque dans la perspective de mettre en place une carte
blanche à la fin. Normalement, il y avait aussi cette idée de
carte blanche à Bain public, que cette année Bain public soit
aussi le lieu de référence pour JEV.
Nathalie Jan : Peut-être que je me trompe, c'est un
positionnement personnel, je pense qu'il y a une confusion. Nous c'est pas
forcément un lieu qu'on recherche, c'est la rencontre. Et là je
pense qu'il y a eu une ambiguïté. Parce qu'à la
médiathèque, c'est pas le lieu, c'est la rencontre d'un artiste,
d'une action, avec une équipe ... [...] Nous l'idée c'est pas de
se mettre dans un lieu, çà n'a aucun sens pour moi. [...]
Marguerite Corrieu : Parce que de mon côté
j'avais cru comprendre que Bain Public deviendrait le lieu de résidence
pour JEV durant une année.
Nathalie Jan : Mais çà c'était l'envie de
Carmen. C'est pas la commande. L'idée pour moi ce n'est pas d'avoir un
lieu car un lieu çà serait un parti-pris. Et c'est pas l'objet.
L'objet c'est
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vraiment l'itinérance. [...] Parce que la
résidence c'était pour elle, c'était son point de vue
professionnel. Et pas le point de vue des jeunes. Et le COVID a fait que
c'était très compliqué de faire de l'itinérance. Il
a fallu qu'elle rebondisse. Mais c'était l'idée de la
professionnelle et pas l'idée des jeunes. C'est un dispositif
très difficile. C'est comme à La Source, on est pas des
animateurs, on est des facilitateurs donc il faut toujours travailler les
équilibres pour ne pas projeter sur les jeunes ce qu'on voudrait que ce
soit. Et là je pense qu'à un moment çà s'est fait
comme ça. Et donc moi à un moment j'ai dit non. Moi je suis
garante du projet. Dès que l'adulte projette c'est mort. Il faut que les
jeunes fassent ce qu'ils ont envie de faire, pas les envies de la
professionnelle. [...] La politique jeunesse c'est toujours un peu complexe
parce que ce n'est pas une politique obligatoire. Une politique obligatoire
à la ville c'est enfance. [...] La compétence jeunesse c'est une
politique publique volontariste. On a la chance que le maire et les élus
soient volontaristes sur les questions de jeunesse. [...] »
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