CONCLUSION
L'objectif de ce travail de recherche était d'analyser
les facteurs qui expliquent la pauvreté monétaire des
ménages sénégalais, en s'appuyant sur les données
de l'enquête ESPS II réalisée en 2011 par l'agence
nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du
Sénégal. Pour cela, nous avons d'abord, à l'aide des
indices FGT ; établit le profil de pauvreté des ménages
suivant leur localisation, le niveau d'instruction du chef de ménage, le
sexe du chef de ménage, l'occupation du chef de ménage, le groupe
d'âge du chef de ménage,. Ensuite, nous avons, effectué une
régression logistique pour déterminer les facteurs explicatifs de
l'état de pauvreté monétaire des ménages
sénégalais.
En ce qui concerne le profil de pauvreté, les
résultats montrent qu'il y'a une grande disparité entre les
régions. La région de Dakar et la région de Louga comptent
moins de pauvres comparées aux autres régions et leurs taux de
pauvreté est respectivement de 18% et 18,9% alors qu'il s'affiche pour
la région la plus pauvre, Ziguinchor à 60,9%. Cela s'explique,
pour la région de Louga, par les transferts colossaux de fonds venant
des émigrés. Les ménages du milieu rural restent les plus
vulnérables et les plus touchés par la pauvreté que les
ménages citadins avec un taux de 50,8%. Lorsqu'on prend en compte
l'occupation du chef de ménage dans la construction du profil de
pauvreté, on voit que les ménages dont le chef est inactif sont
plus vulnérables à la pauvreté. Les ménages sans
instruction sont plus exposés à ce phénomène avec
un taux, une profondeur et une sévérité respective de
47,4%, 32, 3% et 15%. Les ménages dirigés par des personnes
âgées sont plus exposées à la pauvreté avec
un taux de 46,7%, suivi de ceux dirigés par des adultes, et ceux par des
jeunes, pour respectivement 40,8% et 35,3%. Les ménages dirigés
par des hommes sont plus pauvres avec des incidences respectives de 45,4% et
30,4%. Le profil de pauvreté classe les ménages du milieu rural
comme étant les plus pauvres avec une incidence, une profondeur et une
sévérité respectives de 50,8%, 32,8% et 15,5%. La
profondeur et la sévérité sont plus élevées
dans les zones où l'incidence est plus importante.
Les résultats de la régression logistique ont
montré que les facteurs déterminants de la pauvreté
monétaire des ménages sénégalais sont : la taille
du ménage, le niveau d'éducation du chef de ménage, la
localisation géographique, l'occupation du chef de ménage et la
situation matrimoniale du chef de ménage.
La régression a conduit à quelques
résultats inattendus : le groupe d'âge du chef de ménage
n'est pas un facteur explicatif de la pauvreté, et les ménages
polygames sont moins exposés aux risques de la pauvreté. Les
ménages dont les chefs sont célibataires ou veufs ont beaucoup
plus de chance d'être pauvres. Cela peut s'expliquer par le fait que les
veufs (ve) et les célibataires arrivent souvent à la tête
du ménage suite à un choc (décès d'un mari ou d'un
parent). Et de ce fait, cette catégorie
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est très vulnérable à la pauvreté
car en perdant un mari ou un parent, on perd de fait une source importante de
revenu. Le groupe d'âge du chef de ménage, bien qu'étant un
facteur important, n'explique pas la situation de pauvreté des
ménages. Cela pourrait être expliqué par le fait que le
chef peut ne pas être nécessairement le pourvoyeur de fonds du
ménage. En effet, traditionnellement, dans nos familles, le père,
s'il est en vie, est toujours considéré comme le chef du
ménage, même si les enfants ont repris à leur compte les
charges du ménage.
Toute politique de lutte contre la pauvreté doit
privilégier les couches vulnérables (les personnes
âgées, les femmes, les chômeurs, les inactifs, les veuves
etc.) et les milieux défavorisées (le milieu rural, les
régions autres que Dakar et Louga comme Ziguinchor, Kolda, Tambacounda,
Matam, Kaolack, Fatick, Diourbel, etc.). Le pouvoir réducteur de
l'éducation doit être mis au centre de toutes les initiatives de
lutte contre la pauvreté, car pouvant abolir toutes les formes de
discrimination entre les ménages du milieu urbain et du milieu rural et
entre les régions. Ça permet grâce à l'accumulation
du capital humain d'avoir un bon statut sur le marché du travail et
avoir un bon niveau de vie. L'éducation permet à la personne
d'avoir la capacité de gérer ses ressources pendant ses
années d'activité, pour qu'une fois à la retraite, il
puisse conserver un bon niveau de vie. Donc, cela doit pousser l'État
à faire plus d'efforts pour un accès universel à une
éducation de qualité. Plus on est instruit, moins on est pauvre.
Les ménages de grande taille sont plus exposés à la
pauvreté monétaire, ce qui nécessite des politiques de
restriction des naissances pour réduire la pauvreté dans certains
ménages sénégalais. Les ménages qui résident
dans le milieu rural sont beaucoup plus soumis au risque de la pauvreté
que ceux vivant en milieu urbain. En effet, le fait de vivre en milieu urbain
ou dans la capitale donne aux ménages un meilleur accès aux
services sociaux de base et à une formation de qualité. Ainsi,
l'État doit faire plus d'efforts pour une répartition
équitable des richesses, pour donner aux ménages pauvres, en
particulier ceux du milieu rural, la possibilité de pouvoir sortir de
cette situation, en mettant en place des structures de santé, des
routes, des mécanismes d'accès l'électricité, et en
investissant sur les potentialités de chaque zone pour réduire le
chômage et la précarité. En outre, nous constatons que
l'emploi est un levier très important pour réduire la
pauvreté. Pour cette raison, des politiques d'assainissement du cadre
macroéconomique et de transformation structurelle de l'économie
doivent être engagées, sinon consolidées, pour la
création d'emplois durables, stables et décents pour les
ménages sénégalais.
La lutte contre la pauvreté reste une impérieuse
nécessité pour un monde plus juste, plus équitable et
où il fait bon vivre. C'est dans cette recherche perpétuelle du
bien-être pour tous que s'inscrivent ce travail et les analyses qui lui
sont inhérentes, pour mieux orienter les actions publiques et
réduire, voire éliminer, ce fléau de manière
structurelle.
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