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Les déterminants de la pauvreté monétaire. Cas du Sénégal.


par Zeynil El Abdine NDONGO
Universite Cheickh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 Economie et finance quantitatives 2018
  

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CONCLUSION

L'objectif de ce travail de recherche était d'analyser les facteurs qui expliquent la pauvreté monétaire des ménages sénégalais, en s'appuyant sur les données de l'enquête ESPS II réalisée en 2011 par l'agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du Sénégal. Pour cela, nous avons d'abord, à l'aide des indices FGT ; établit le profil de pauvreté des ménages suivant leur localisation, le niveau d'instruction du chef de ménage, le sexe du chef de ménage, l'occupation du chef de ménage, le groupe d'âge du chef de ménage,. Ensuite, nous avons, effectué une régression logistique pour déterminer les facteurs explicatifs de l'état de pauvreté monétaire des ménages sénégalais.

En ce qui concerne le profil de pauvreté, les résultats montrent qu'il y'a une grande disparité entre les régions. La région de Dakar et la région de Louga comptent moins de pauvres comparées aux autres régions et leurs taux de pauvreté est respectivement de 18% et 18,9% alors qu'il s'affiche pour la région la plus pauvre, Ziguinchor à 60,9%. Cela s'explique, pour la région de Louga, par les transferts colossaux de fonds venant des émigrés. Les ménages du milieu rural restent les plus vulnérables et les plus touchés par la pauvreté que les ménages citadins avec un taux de 50,8%. Lorsqu'on prend en compte l'occupation du chef de ménage dans la construction du profil de pauvreté, on voit que les ménages dont le chef est inactif sont plus vulnérables à la pauvreté. Les ménages sans instruction sont plus exposés à ce phénomène avec un taux, une profondeur et une sévérité respective de 47,4%, 32, 3% et 15%. Les ménages dirigés par des personnes âgées sont plus exposées à la pauvreté avec un taux de 46,7%, suivi de ceux dirigés par des adultes, et ceux par des jeunes, pour respectivement 40,8% et 35,3%. Les ménages dirigés par des hommes sont plus pauvres avec des incidences respectives de 45,4% et 30,4%. Le profil de pauvreté classe les ménages du milieu rural comme étant les plus pauvres avec une incidence, une profondeur et une sévérité respectives de 50,8%, 32,8% et 15,5%. La profondeur et la sévérité sont plus élevées dans les zones où l'incidence est plus importante.

Les résultats de la régression logistique ont montré que les facteurs déterminants de la pauvreté monétaire des ménages sénégalais sont : la taille du ménage, le niveau d'éducation du chef de ménage, la localisation géographique, l'occupation du chef de ménage et la situation matrimoniale du chef de ménage.

La régression a conduit à quelques résultats inattendus : le groupe d'âge du chef de ménage n'est pas un facteur explicatif de la pauvreté, et les ménages polygames sont moins exposés aux risques de la pauvreté. Les ménages dont les chefs sont célibataires ou veufs ont beaucoup plus de chance d'être pauvres. Cela peut s'expliquer par le fait que les veufs (ve) et les célibataires arrivent souvent à la tête du ménage suite à un choc (décès d'un mari ou d'un parent). Et de ce fait, cette catégorie

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est très vulnérable à la pauvreté car en perdant un mari ou un parent, on perd de fait une source importante de revenu. Le groupe d'âge du chef de ménage, bien qu'étant un facteur important, n'explique pas la situation de pauvreté des ménages. Cela pourrait être expliqué par le fait que le chef peut ne pas être nécessairement le pourvoyeur de fonds du ménage. En effet, traditionnellement, dans nos familles, le père, s'il est en vie, est toujours considéré comme le chef du ménage, même si les enfants ont repris à leur compte les charges du ménage.

Toute politique de lutte contre la pauvreté doit privilégier les couches vulnérables (les personnes âgées, les femmes, les chômeurs, les inactifs, les veuves etc.) et les milieux défavorisées (le milieu rural, les régions autres que Dakar et Louga comme Ziguinchor, Kolda, Tambacounda, Matam, Kaolack, Fatick, Diourbel, etc.). Le pouvoir réducteur de l'éducation doit être mis au centre de toutes les initiatives de lutte contre la pauvreté, car pouvant abolir toutes les formes de discrimination entre les ménages du milieu urbain et du milieu rural et entre les régions. Ça permet grâce à l'accumulation du capital humain d'avoir un bon statut sur le marché du travail et avoir un bon niveau de vie. L'éducation permet à la personne d'avoir la capacité de gérer ses ressources pendant ses années d'activité, pour qu'une fois à la retraite, il puisse conserver un bon niveau de vie. Donc, cela doit pousser l'État à faire plus d'efforts pour un accès universel à une éducation de qualité. Plus on est instruit, moins on est pauvre. Les ménages de grande taille sont plus exposés à la pauvreté monétaire, ce qui nécessite des politiques de restriction des naissances pour réduire la pauvreté dans certains ménages sénégalais. Les ménages qui résident dans le milieu rural sont beaucoup plus soumis au risque de la pauvreté que ceux vivant en milieu urbain. En effet, le fait de vivre en milieu urbain ou dans la capitale donne aux ménages un meilleur accès aux services sociaux de base et à une formation de qualité. Ainsi, l'État doit faire plus d'efforts pour une répartition équitable des richesses, pour donner aux ménages pauvres, en particulier ceux du milieu rural, la possibilité de pouvoir sortir de cette situation, en mettant en place des structures de santé, des routes, des mécanismes d'accès l'électricité, et en investissant sur les potentialités de chaque zone pour réduire le chômage et la précarité. En outre, nous constatons que l'emploi est un levier très important pour réduire la pauvreté. Pour cette raison, des politiques d'assainissement du cadre macroéconomique et de transformation structurelle de l'économie doivent être engagées, sinon consolidées, pour la création d'emplois durables, stables et décents pour les ménages sénégalais.

La lutte contre la pauvreté reste une impérieuse nécessité pour un monde plus juste, plus équitable et où il fait bon vivre. C'est dans cette recherche perpétuelle du bien-être pour tous que s'inscrivent ce travail et les analyses qui lui sont inhérentes, pour mieux orienter les actions publiques et réduire, voire éliminer, ce fléau de manière structurelle.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci