CHAPITRE II TRAITEMENT DES BOUES ANODIQUES
II.1 Introduction
Les études réalisées sur le traitement
des boues anodiques de cuivre évoquent surtout leur intérêt
économique. Hormis la récupération du cuivre constituant
l'élément majeur, les métaux précieux (Ag, Au,
Pt...) en teneurs assez importantes sont aussi
récupérés.
Les méthodes classiques de traitement des boues
anodiques, appliquées à l'échelle industrielle, sont pour
leur majorité des méthodes pyrométallurgiques.
II.2 Traitements classiques des boues anodiques
Les procédés de traitement des boues anodiques
de cuivre se basent essentiellement sur trois techniques principales : le
grillage, la fusion et l'électrolyse. Ces étapes se
succèdent, dans cet ordre dans la majorité des
procédés, afin d'éliminer sélectivement le cuivre,
ensuite le sélénium et le tellure et enfin les métaux
précieux à partir du produit final enrichi, appelé
communément Bullion ou métal doré. (K. Elamari, 1993)
II.2.1 Grillage oxydant (Schloen et Elkin 1950, et 1954)
Le grillage oxydant consiste à oxyder principalement le
cuivre afin de l'éliminer. Il est réalisé à des
températures qui varient entre 250° et 425°C sous un courant
d'air. Dans une seconde étape, le produit de grillage est traité
par l'acide sulfurique, puis la solution obtenue subit l'électrolyse
pour récupérer le cuivre.
II.2.2 Grillage sulfatant (sulfatation) (Schloen et Elkin
1950, 1954; Pascal 1961; Hyvarinen et al, 1984; Bayraktar et Garner, 1985;
Hoffmann, 1989)
Le grillage sulfatant regroupe les deux étapes du
grillage oxydant. L'acide sulfurique concentré, mélangé
aux boues anodiques dans le four, agit à la fois en tant qu'oxydant et
sulfatant du cuivre et du nickel selon les réactions suivantes :
????(??) + 2 H2SO4(t) = ????SO4(t) +
2 H2O(t) + SO2(??) (9)
????O(??) + H2SO4(t) = ????SO4(t) +
H2O(t) (10)
Le sélénium, le tellure et l'argent peuvent
également réagir avec l'acide sulfurique selon les
réactions :
Page | 14
S??(s) + 2 H2SO4(????) = S??O2(??) +
2 SO2(??) + 2 H2O(??)
|
(11)
|
????2S??(s) + 4 H2SO4(????) = ????2SO4(s)
+ S??O2(??) + 4 H2O(??) + 2 SO2(??)
|
(12)
|
Cu2????(s) + 6 H2SO4(????) = 2
CuSO4(s) + ????O2(s) + 4 SO2(??) + 4
SO2(??)
|
(13)
|
|
Le grillage à haute température permet donc la
volatilisation du sélénium sous forme de
S??O2. Cette température ne doit pas dépasser
650°C afin d'éviter la décomposition du sulfate de cuivre.
Le produit de grillage est ensuite lavé à l'eau pour
éliminer les sulfates de cuivre et de nickel et une partie de Se, Te et
Ag. L'argent peut être cémenté sélectivement sur le
cuivre ; le sélénium et le tellure ont une cinétique de
cémentation très lente et nécessitent un milieu
très acide pour être précipités. Le
sélénium métal est obtenu à partir de l'anhydride
séléneux par oxydation par le dioxyde de soufre gazeux. Cette
oxydation permet également de régénérer l'acide
sulfurique :
S??O2(??) + 2 SO2(??) + 2 H2O =
S??(s) + 2 H2SO4(????) (14)
Le tellure est ensuite récupéré à
partir du résidu d'oxydation soit :
- par fusion du résidu en présence de soude ou
de carbonate de sodium mélangé ou non au nitrate de sodium. Ceci
conduit à la formation d'une solution de tellurite de sodium qui est
ensuite neutralisée avec l'acide sulfurique dilué, à pH=6
pour précipiter l'anhydride tellureux:
????2????O3(????) + H2SO4(????) = ????O2(s)
+ H2O + ????2SO4(????) (15)
- ou par lixiviation avec HCI. Cette opération
posera toutefois des problèmes à l'aval du procédé
de traitement car, d'une part HCI convertit l'argent en chlorure
très peu soluble et difficile à récupérer. D'autre
part, si le tellure hexavalent est présent, il peut oxyder HCI,
et le chlore libéré solubilise l'or. La séparation de l'or
et du tellure devient alors difficile.
II.2.3 Fusion alcaline (Schloen et Elkin, 1954; Pascal, 1961)
Les boues décuivrées sont fondues en
présence d'un mélange de soude et de silice. Les premières
scories sont principalement silicatées, et contiennent des
impuretés comme le fer, l'arsenic et l'antimoine. La masse fondue est
ensuite oxydée par un courant d'air pour
Page | 15
volatiliser Se et Te sous forme d'anhydrides
séléneux et tellureux. Le sélénium et le tellure
restants dans les scories résiduelles se trouvent sous forme de
sélénite et de tellurite de sodium, solubles dans l'eau. Ils sont
alors lessivés par l'eau, filtrés, puis la solution est
neutralisée par l'acide sulfurique à pH 6,2 pour
précipiter l'acide tellureux, (réaction 16). Le filtrat est
soumis à un courant de S02 pour précipiter le
sélénium (réaction 17).
????2????O3(????) + H2??O4(????) =
H2????O2(??) + H2O + ????2??O4(????)
(16)
????2????O3(????) + ??O2(??) = ????O(??)
????2??O4(????) (17)
II.2.4 Grillage carbonaté (Schloen et Elkin 1954; Pascal
l961; Hoffmann 1989)
Le grillage carbonaté est utilisé quand la
teneur en tellure dans les boues n'est pas trop élevée. Il a lieu
à des températures de 530 à 650°C, et consiste en une
conversion du sélénium et du tellure en leurs formes hexavalentes
non volatiles selon les réactions suivantes :
??????(??)
|
+ ????2CO3
|
+ 2O2(??)
|
= ??O + ????2????O4(??)
|
+ CO2(??)
|
(18)
|
??????(??)
|
+ ????2CO3
|
+ 2O2(??)
|
= ??O + ????2????O4(??)
|
+ CO2(??)
|
(19)
|
|
Le produit de grillage est lessivé par l'eau. Le Se
(VI) passe en solution sous forme de sélénate de sodium
(????2????O4). Le tellurate de sodium
(????2????O4), étant insoluble dans
l'eau, reste dans le résidu. La séparation du
sélénate et tellurate de sodium se fait alors par une simple
filtration. Le sélénium est récupéré
à partir de la solution par deux méthodes :
- soit par cristallisation des sélénate et
sélénite de sodium (????2????O3),
qui consiste en une évaporation et un mélange avec du charbon de
bois le réduisant en séléniure de sodium
(????2????) selon les réactions 20 et 21:
????2????O4(??)+ 2 C = ????2????(??) +
2 CO2(??) (20)
????2????O3(??)+ 3 C = ????2????(??) +
Na2Se(s) + 3 CO(??) (21)
Le séléniure de sodium est ensuite
lessivé par l'eau et oxydé par passage d'un courant d'air
à travers la solution, pour précipiter le sélénium
élémentaire et générer la soude :
????2????(??) + H2O + 21 O2(??) =
????(??) + 2 ????OH(????) (22)
- soit par réduction avec HCl de l'acide
sélénique obtenu par conversion du sélénate de
sodium par H2??O4 :
Page | 16
????2S????4(??) +
H2S??4(????) = H2S????4(????)
+ ????2S??4(????) (23)
H2S????4(????) +
2HC??(????) =
H2S????3(????) + H2?? +
C??2(9) (24)
Le sélénium est précipité sous
forme métal à partir de H2S????3
par un courant de gaz sulfureux:
H2S????3(????) + 2 S??2(9)
+ H2?? = S??(??)
+ 2 H2S??4(????) (25)
II.2.5 Electrolyse
L'électrolyse est utilisée, pour
récupérer les métaux précieux contenus dans les
boues anodiques de cuivre, dans l'ultime étape de traitement à
partir du bullion. (K. Elamari, 1993)
- La récupération de l'argent se fait
classiquement de la manière suivante : le métal doré est
coulé en anodes puis électrolysé pour le
dépôt d'argent dans des cellules à électrodes
verticales (procédé Moebius, Yanagida et Hosoda 1975), ou
horizontales (procédé Thum-Balbach, Scloen et Elkin 1954). Dans
ces deux procédés l'électrolyte support est l'acide
nitrique.
- L'or est raffiné électrolytiquement par le
procédé Wohlwill (Schloen et Elkin 1954 ; Yanagida et Hosoda
1975) où l'électrolyte support est l'acide chlorhydrique.
II.3 Traitement des boues anodiques à la raffinerie «
Electrolytic Refining and Smelting Co., Australia (Schloen et Elkin 1954)
»
Des boues anodiques d'origines diverses sont traités
dans cette raffinerie. Elles sont soumises à :
? un grillage oxydant pendant un temps plus ou moins long
selon leur composition et appliqué principalement pour éliminer
le cuivre. Il est réalisé à des températures qui
varient entre 250° et 425°C sous un courant d'air. Le cuivre passe
sous forme d'oxyde, le sélénium et le tellure sont
transformés en sélénite et tellurite. Une faible
quantité de sélénium et d'arsenic est
volatilisée.
? une lixiviation du produit de grillage par l'acide
sulfurique pour éliminer le cuivre, puis la solution obtenue est
renvoyée dans le cycle de l'électroaffinage. Les
sélénites et tellurites, insolubles à l'attaque
sulfurique, restent dans le résidu solide.
? une fusion du résidu de lixiviation qui engendre :
Page | 17
- des gaz qui seront traités pour récupérer
leur contenu en Se et Te, - des boues cuprifères qui seront
renvoyées à la fusion,
- et enfin un métal doré qui sera traité par
électrolyse pour la récupération des métaux
précieux.
Page | 18
|