Section
2 : Essai d'analyse prospective de la cybercriminalité au Gabon
Phénomène récent au Gabon, la
cybercriminalité se pose toutefois comme un défi majeur pour le
pays. Cette section pose les bases d'une approche prospective de la
cybercriminalité dans le pays.
4.2.1 -
Evolution de la cybercriminalité au Gabon : les
éléments retenus pour une analyse prospective
L'essai d'analyse prospective actuelle de la
cybercriminalité au Gabon a été envisagé sur une
période de 15 ans, soit en l'an 2034. En nous basant sur les principaux
enjeux et l'évolution actuelle du phénomène dans le pays,
il a été procédé à l'identification des
scénarios possibles pouvant rendre compte de la prégnance de ce
phénomène au Gabon. La recherche des réponses s'est en
d'autres termes, appuyée sur les tendances majeures de l'insertion des
TIC au Gabon, les formes de cybercriminalité rencontrées lors de
l'étude et les réponses apportées par l'Etat pour
réprimer le phénomène. Il s'agira aussi de montrer
à quels types de scénarios on peut assister, si le concept du
continuum sécurité-défense n'est pas du tout
appliqué dans le cadre strict de la lutte contre la
cybercriminalité ou l'élaboration d'une politique nationale de
cybersécurité et cyberdéfense.
Pour parler de l'insertion des TIC, le Gabon en
déployant les services de fibre optique en interconnexion avec la
République du Congo voisine, et l'ensemble des pays de la
sous-région (projet CAB), mais aussi sur le plan national avec le projet
de Backbone National Gabonais (BNG), se présente alors tel un enjeu.
Enjeu car le projet d'extension de fibre optique est certes une bonne
initiative de la part des dirigeants, mais si les mécanismes de
sécurité, et les bonnes pratiques cybers (sensibilisation aux
risques du numérique, formation etc.), ne sont pas mis en place
correctement, le Gabon deviendra alors un important vivier de la
cybercriminalité (carte 6). Ce qui conduit à l'élaboration
de scénarios globaux rendant compte de ces inquiétudes.
Carte 6 : Le projet du
Backbone National Gabonais dans sa projection finale
Telle qu'indiquée par cette carte, le backbone national
vise à interconnecter l'ensemble du territoire national en fibre
optique. On y apprend par exemple que les communications internationales via le
câble sous-marin ACE, sont effectives depuis 2012. Depuis cette date, le
câble sous-marin Libreville-Port-Gentil ainsi que le réseau
métropolitain sont en exploitation. Cette connectivité permet
tout aussi l'ouverture à la concurrence des services liés
à l'exploitation de la fibre optique avec pour effets induits la hausse
du nombre d'utilisateurs et la baisse substantielle des coûts, que
l'interconnexion sur tout le territoire national des territoires n'ayant pas
accès au réseau haut débit fournit par la fibre optique.
On parle ici de réduction de la fracture numérique.
Néanmoins, cette matérialisation de l'extension
nationale du projet CAB ne porte pas que de belles promesses.
Assurément, elle se pose aussi comme étant un risque majeur de
l'explosion de la cybercriminalité dans le pays et partant, la
sous-région. Car, qui dit fibre optique, dit aussi vitesse
décuplée du temps de connexion et surtout de transmission de la
donnée numérique. Et donc, à travers l'idée que
dans sa version finale comme l'indique la carte précédente, le
projet du BNG issu du projet CAB, se constituera en quelque sorte comme un
véritable réceptacle de la cybercriminalité au Gabon, du
fait de la trop forte numérisation de la société dans son
ensemble. C'est dans cette optique notamment, que nous avons émis des
projections sur les aspectspositifs et négatifs futurs, en rapport avec
ce projet et ses éventuelles retombées.
|