ANNEE ACADEMIQUE 2016-2017
UNIVERSITE DE YAOUNDE II **** FACULTE DES
SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES ****
CAMPUS ANNEXE DE DRAGAGE
|
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UNIVERSITY OF YAOUNDE II **** FACULTLTY OF LAW
AND POLITICAL SCIENCES ****
ANNEXE CAMPUS OF DRAGAGE
|
MEMOIRE DE MASTER PROFESSIONNEL EN DROIT DE LA BANQUE,
DE LA
MICROFINANCE ET DES ASSURANCES
Thème : La modernisation des moyens de paiement
et le dispositif
communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux
et le financement du
terrorisme en zone CEMAC
Mémoire rédigé et soutenu
par
YONDJE SITCHEDIE Didi Stephane
SOUS LA DIRECTION DU
Dr TCHEUMALIEU FANSI Manuel Roland
Chargé
de Cours-FSJP-Université de Yaoundé II
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 1 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
DEDICACE
Ce Travail est dédié particulièrement
à ma mère, Mme NDZIA Christine, Plus je franchis des
étapes, et mieux je me rends compte du sacrifice qui a été
le sien, pour que je puisse parvenir à ce résultat.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 2 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
REMERCIEMENTS
Dans le cadre de la rédaction de ce Mémoire de
master professionnel, nos sincères remerciements vont à l'endroit
de :
? Du docteur TCHEUMALIEU FANSI Manuel Roland, pour son
encadrement, sa disponibilité et sa flexibilité malgré les
difficultés rencontrées ;
? A l'Administrateur Directeur Général de
Afriland first Bank et à l'ensemble de son
personnel, dont la contribution à la collecte des
données et à l'analyse de celles-ci a été
essentielle ;
? A ma famille et mes amis pour leurs appuis et soutiens
multiformes ;
? A tous ceux qui ont de près ou de loin contribués
à cette aventure.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 3 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
SOMMAIRE
DEDICACE 2
REMERCIEMENTS 3
SOMMAIRE 4
LISTE DES ABBREVIATIONS : 6
INTRODUCTION GENERALE : 8
PREMIERE PARTIE : LE BLANCHIMENT D'ARGENT ET LE
FINANCEMENT DU
TERRORISME A L'ERE DU NUMERIQUE 12
CHAPITRE 1er : LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT
DES CAPITAUX ET LES NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT : DEUX ENJEUX A COMBINER POUR
LE
DEVELOPPEMENT DE LA ZONE CEMAC. 13
CHAPITRE 2 : LA MODERNISATION DES MOYENS DE PAIEMENT EN
ZONE CEMAC : FACTEUR DE FRAGILISATION DU DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE
LE
BLANCHIMENT D'ARGENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME.
34
DEUXIEME PARTIE : NECESSITE D'ADAPTATION DU DISPOSITIF DE
NORMES ANTI BLANCHIMENT ET DU FINANCEMENT DU TERRORISME POUR UNE MEILLEURE
PROTECTION DU SYSTEME BANCAIRE ET FINANCIER EN ZONE CEMAC55
CHAPITRE 3 : LA CONSOLIDATION DES ORGANES DE SUPERVISION
ET DE
CONTRONTROLE A L'ERE DES MOYENS DE PAIEMENTS MODERNES
56
P1ER : LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS HUMAINES
61
P2 : LA CRÉATION D'UN OBSERVATOIRE POUR LA
SUPERVISION DES CARTES
BANCAIRES 62
CHAPITRE 4 : RENFORCEMENT DES ACTEURS OPERATIONNELS ET
AMELIORATION DE L'EFFICACITE DE LA PROTECTION DES CIRCUITS
BANCAIRES ET FINANCIERS DE LA ZONE CEMAC 65
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 4 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
P1er : RENFORCEMENT DE LA
SÉCURITÉ DE LA CHAINE DE PRODUCTION DES
CARTES PRÉPAYÉES 66
P1er : RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL ET
REGLEMENTAIRE 71
P2 : LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DES AUTORITES
JUDICIAIRES72
CONCLUSION GENERALE : 75
ANNEXES : 77
BIBLIOGRAPHIE 89
TABLE DES MATIERES 92
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 5 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 6 | P a g e
LISTE DES ABBREVIATIONS :
ACPR : Autorité de
Contrôle Prudentiel et de Résolution ,
AML : Anti Money Laundry ,
ANIF : Agence Nationale des
investigations Financières ;
ASTROLAB : Aide à la
Surveillance et au Traitement de la Réglementation et de
l'Organisation de la Lutte Anti-Blanchiment ,
BEAC : Banque des Etats de
l'Afrique Centrale ,
BGFI : Banque Gabono
française d'Investissement ,
CCPAC : Comité des Chefs de
Police de l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique centrale ,
CM : Comité
Ministériel de la CEMAC ,
CRF : Cellule
étrangères de Renseignements Financiers ,
COBAC : Commission bancaire de
l'Afrique Centrale ,
EMV : Eurocard Mastercard Visa
,
LCB : Lutte Contre le Blanchiment
des Capitaux ,
FT : Financement du Terrorisme
,
FINCEN : Le Financial Crimes
Enforcement Network ,
G7 : est un groupe de discussion et
de partenariat économique de huit pays réputés être
les
plus grandes puissances économiques du monde ,
GAB : Guichet Automatique des Billets ,
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 7 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
GABAC : Groupe Anti-Blanchiment de
l'Afrique Centrale ,
GAFI : Groupe d'Action
Financière International ,
GIMAC : Groupement Inter
Monétique de l'Afrique centrale ,
GSMA : Groupe Spécial Mobile
Association
JAM : Journée Africaine de
la Microfinance ,
MAC : Mobile Account Connected
,
OMAC : Office Monétique de
l'Afrique Centrale ,
ONCP : Observatoire National des
Cartes de Paiement ,
ONMP : Observatoire National des
Moyens de Paiement ,
OPJ : Officier de Police Judiciaire
,
SAM : Semaine Africaine de la
Microfinance ,
SYSTAC : Système de
Télé compensation de l'Afrique Centrale ,
SYGMA : Système de Gros
montants Automatisés ,
TRACFIN : Traitement du
renseignement et action contre les circuits financiers clandestins ,
TPE : Terminaux de Paiement
Electroniques ,
UMAC : Union Monétaire de
l'Afrique centrale ,
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
INTRODUCTION GENERALE :
Le 11 Septembre 2001, les Etats Unis d'Amérique sont
frappés par l'attentat terroriste le plus meurtrier, jamais commis sur
le sol américain. Cet acte criminel, qui fait environ 3000 victimes, et
qui est revendiqué par le groupe terroriste Al
QUAEDA1, marque un tournant dans la lutte contre le
Blanchiment d'argent sale et le financement du terrorisme.
En effet, depuis cette tragédie, le mode de traitement
de la criminalité transfrontalière a connu de nombreux
changements. On note à ce titre, la révision en Juin 2003 des
Quarante recommandations du GAFI2, qui en renforce les dispositions
relatives à la lutte contre le financement du terrorisme.
Déjà en 2001, lors de sa réunion tenue à Washington
les 29 et 30 octobre, le GAFI décidait de reformuler son mandat en
modifiant sa mission pour l'étendre aux missions de lutte contre le
financement du terrorisme. A cet effet, huit recommandations spéciales
ont été adoptées demandant, entre autres, à chaque
État d'incriminer le financement du terrorisme, de se donner les moyens
de geler, saisir et confisquer les « avoirs terroristes », de veiller
à ce que les transactions suspectes liées au terrorisme soient
déclarées et d'encourager la coopération internationale.
Le blanchiment et le financement du terrorisme constituent désormais
« un couple indissociable », comme l'affirme Gilles
Favarel-Garrigues3
1 Al QUAEDA : Organisation
terroriste fondée en 1987 par le cheikh Abdullah Yusuf AZZUM et son
élève Oussama Ben Laden. Entre 2004 et 2008, on compte plus de
313 attaques à son actif.
2 LE GAFI : désigne le
Groupe d'Action Financier International. C'est l'organisme international,
crée en 1989 lors du sommet du G7 à Paris, qui est chargé
de superviser et de coordonner les politiques de luttes anti-blanchiment et de
financement du terrorisme à l'international.
3 Gilles Favarel-Garrigues est le
Directeur de recherche du Centre National de Recherche Scientifique de France.
Et du Centre de recherches internationales à Paris. Il est docteur en
science politique et auteurs de plusieurs Articles parmi lesquels
L'évolution de la lutte anti-blanchiment depuis le 11 septembre
2001, paru dans la revue scientifique Critique internationale
n°20 - juillet 2003.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 8 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
C'est dans un souci d'arrimage de la sous-région
Afrique Centrale à cette nouvelle exigence du GAFI, que les leaders
communautaires de la zone CEMAC se sont à leur tour, engagés dans
la lutte contre le blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. A
cet effet, on a pu relever aussi bien, la mise sur pieds d'un ensemble
d'institutions communautaires chargées de la coordination de cette lutte
(comme le GABAC en 2002 et l'Anif en 2005), en même temps qu'un cadre
réglementaire était mis sur pied.
Le 17 Mai 2014, une conférence internationale est
organisée à Paris, sur le thème de la
Sécurité au Nigéria. Y prennent part, les Chefs d'Etat du
Bénin, du Cameroun, de la France, du Nigéria, du Niger et du
Tchad, ainsi que les représentants des Etats-Unis, du Royaume Uni et de
l'Union Européenne. Cette rencontre au sommet, qui regroupe aussi bien
les dirigeants des grandes puissances occidentales et les chefs d'Etats des
pays du bassin du Niger4, est la première du genre à
se tenir sur le terrorisme en Afrique et témoigne de la
préoccupation des dirigeants du monde, à endiguer ce
phénomène, qui est portée dans cette région du
monde par le groupe terroriste BOKO-HARAM5. Les conclusions de ces
travaux, posent les bases d'une réponse militaire sur le
théâtre des opérations, et prône une
coopération entre les différents Etats, à travers les
échanges de renseignements de leurs services de sécurité
respectifs. Déjà les participants à ce sommet ont pris
conscience de la nécessité d'apporter une réponse commune
à un problème transnational6. C'est ce qui a
amené le président camerounais Paul BIYA,
à affirmer lors de son discours aux corps diplomatiques,
à l'occasion de la présentation des voeux le 08 Janvier 2015 que
: « A menace globale, riposte globale ».
Cette déclaration, interviens un an après
l'entrée officielle en guerre, du Cameroun contre la secte terrorisme
Boko-Haram, qui à ce moment, occupe déjà le nord-est du
Nigéria et ambitionne d'y implanter un « KHALIFAT ISLAMIQUE
»7.
Quelques années plus tard, en Avril 2018, un autre
sommet de haut niveau est organisé sous l'égide du
président français Emmanuel MACRON, sous le thème «
NO MONEY FOR TERROR8 ». Cette conférence, à la
différence de celle de 2014, se focalise sur la lutte contre le
financement du terrorisme et ambitionne de trouver des voies et moyens pour
assécher les sources de financement des organisations terroristes. Cette
conférence a le mérite d'établir le lien très
étroit qui existe entre le financement du terrorisme et le blanchiment
de capitaux. En effet, le président français ne se trompe
4 Le bassin du Niger
est le 4e plus grand bassin d'Afrique, après ceux du Congo, du
Nil et du lac Tchad. Il couvre une superficie de 2 262 000 km2 et
s'étend, en Afrique de l'Ouest, sur les pays suivants : Algérie,
Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Guinée, Mali,
Niger, Nigeria, Tchad. (
Https://fr.wikipedia.org/wiki/bassin_du_niger)
5 Boko Haram est un mouvement
insurrectionnel et terroriste d'idéologie salafiste djihadiste,
originaire du nord-est du Nigeria et ayant pour objectif d'instaurer un califat
et d'appliquer la charia. Formé en 2002 à Maiduguri par le
prédicateur Mohamed Yusuf, le groupe est à l'origine une secte
qui prône un islam radical et rigoriste, hostile à toute influence
occidentale. (
Https://fr.wikipedia.org/wiki/boko_haram)
6 En effet, on relève les exactions du
groupe terroriste Boko Haram, dans au moins quatre pays africains
(Nigéria, Cameroun, Tchad, Niger).
7 Un califat ou khalifat
désigne le territoire et la population musulmane qui y vit
reconnaissant l'autorité d'un calife, littéralement « un
successeur », dans l'exercice politique du pouvoir. Ce mot sert aussi
à désigner le régime politique lui-même et la
période pendant laquelle il s'exerce, (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Califat).
8 La conférence de Paris sur la lutte contre
le financement du terrorisme, a connu la participation de 72 Etats et
organismes internationaux, et s'est focalisée autour de la
nécessité d'assécher les sources de financement du
terrorisme international, cette fois différemment de ce qui avait
déjà été fait jusque-là.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 9 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
pas, lorsqu'il décide d'orienter cette rencontre sur
les sources de financement du terrorisme et particulièrement sur les
moyens modernes de paiement, dont l'impact n'est pas efficacement pris en
comptes dans l'élaboration des diverses politiques de lutte contre le
financement du terrorisme.
Cette lutte, tant au niveau national qu'au niveau
international, a évolué au fil des années avec une
efficacité relative que Peter NEUMANN, directeur de l'institut de
recherche du Kings Collège de Londres, qualifie de
« gaspillage de temps et de ressources »9. Il
soutient que, la surveillance des comptes, l'établissement des listes
noires et la saisie des actifs, qui constitue l'essentiel des méthodes
de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme
à ce jour, ont été établie sans tenir compte du
mode de fonctionnement des terroristes10. En le disant, Peter
NEUMANN comme beaucoup d'autres chercheurs, touche du doigt, l'une des causes
de l'inefficacité du dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent
et le financement du terrorisme.
Le GABAC, prenant la mesure du problème, organisait
entre Juin et Août 2017, deux séminaires à l'effet de se
pencher tout d'abord, sur la question du financement du terrorisme en Afrique
centrale, qui est un fléau en pleine croissance dans la
sous-région, mais aussi et ensuite sur la lutte contre le blanchiment
d'argent, au regard de la modernisation des moyens de paiement.
En effet, c'est partant du constat selon lequel, les banques, les
établissements de microfinance (EMF) et les opérateurs de
téléphonie mobile ont introduit, au cours de la dernière
décennie, des innovations sur les plans technologique et organisationnel
afin de renforcer l'inclusion financière des populations n'ayant pas
accès aux produits financiers dans la Sous-région. Et
considérant l'arrivée, dans les secteurs bancaires et financiers,
de la monnaie électronique, matérialisée les Nouveaux
moyens de paiements (NMP), que le GABAC a jugé important, de
s'arrêter un moment afin de se pencher sur la question de la lutte contre
le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme à
l'ère du numérique.
Dès lors, le constat de l'obsolescence du dispositif
communautaire de lutte contre le blanchiment de capitaux et du financement du
terrorisme, au regard de l'introduction des nouveaux moyens de paiement a
été établi. Il nous est donc apparu intéressant, de
nous interroger sur le point de savoir, si le dispositif de lutte
anti-blanchiment et du financement du terrorisme est à la hauteur des
défis de protection des circuits bancaires et financiers à
l'ère de la modernisation des moyens et instruments de paiement en zone
CEMAC ?
Cette question revêt un triple intérêt :
D'abord, elle revêt un intérêt
juridique, dans la mesure
où l'Afrique Centrale connait depuis plus d'une décennie, une
révolution en ce qui concerne les moyens de paiement mis à la
disposition du public par les établissements de crédit. Cette
modernisation, si elle est salutaire, ne bénéficie pas encore
d'un cadre juridique adéquat, nécessaire à la
sécurisation des transactions y afférentes. Notamment en
matière de prévention du blanchiment et du financement du
terrorisme.
9 Peter Neumann considère que
l'inadéquation des méthodes de lutte contre le terrorisme,
transforme tous les efforts de la communauté internationale en perte de
temps et d'argent. Conférence de lutte contre le financement de
Daech et d'Al-Qaïda Dossier de presse FR 23 -04 - 2018
10 En effet, la grande majorité des fonds
des terroristes ne transite jamais par des comptes bancaires. Leur argent
provient de dons, rackets et trafics dans des pays, Syrie, Afghanistan, Irak,
etc., où presque toute la population ne travaille qu'en cash et, quand
un virement international se révèle indispensable, passe par le
système hawala très répandu au Proche
Orient et extrêmement opaque.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 10 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Ensuite, cette problématique revêt aussi un
intérêt économique, dans la mesure où les Nouveaux
Moyens de Paiement, s'ils constituent un facteur de risque du point de vue de
la lutte contre le blanchiment d'argent et du financement du terrorisme, il
reste que ceux-ci sont venu permettre l'accès aux services bancaires de
bases, aux populations en marge du circuit bancaire traditionnel, qui constitue
environ 60% de la population active dans la sous-région.
Enfin, on pourrait y trouver un intérêt
socio-politique. En effet, force est de constater que, les Etats dans lesquels
sévissent le blanchiment de capitaux, et dans lesquels sont
établis des organisations terroristes, souffrent
généralement d'une instabilité politique, due à la
pression exercée par ces fléaux sur leur population.
Aussi, pour une bonne analyse de notre problématique,
notre contribution va s'organiser autour d'un plan en deux parties, dont la
première traitera de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme, à l'ère du numérique
(1ère Partie), et la seconde, sera
consacrée à la nécessaire adaptation du dispositif
communautaire de lutte anti-blanchiment et du financement du terrorisme, au
nouvel environnement des paiements dans la sous-région (2nde
Partie).
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 11 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
PREMIERE PARTIE : LE BLANCHIMENT D'ARGENT ET
LE
FINANCEMENT DU TERRORISME A L'ERE DU NUMERIQUE
Cette partie sera consacrée à la
présentation du blanchiment d'Argent et du financement du terrorisme par
les moyens modernes de paiement. Pour y arriver, nous aborderons dans un
premier temps, la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme ainsi que la modernisation des moyens de paiement, comme deux enjeux
à combiner pour le développement de la zone CEMAC (chapitre
1er). Il sera question dans un second temps, de présenter les
nouvelles possibilités de blanchiment d'argent et de financement du
terrorisme, à l'ère des nouveaux moyens de paiement (chapitre
2).
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 12 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
CHAPITRE 1er : LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT
DES
CAPITAUX ET LES NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT : DEUX
ENJEUX A COMBINER
POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA
ZONE CEMAC.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 13 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
INTRODUCTION
L'Afrique est la partie du monde qui présente le plus
faible taux de bancarisation. En effet, seul 16,6% de la population dispose
d'un compte bancaire. Selon la Banque mondiale11, une personne sur
10 dans le monde en 2013, vivait avec moins d'1 Dollar 90 par Jour. La
moitié de ces personnes (soit environ 500 millions) vit en Afrique
Sub-saharienne. C'est dire que l'Afrique est la zone du monde où
sévit le plus l'extrême pauvreté, et vers où sont
orientées la plupart des politiques de lutte contre la pauvreté.
La Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
(CEMAC), n'est pas en reste. Elle qui en 2014, ne comptait qu'environ
14,6%12 de population bancarisée, et plus de 60% de son
économie dominée par l'informel. Conscient de la
nécessité de remédier à cette situation, des
mesures de développement du secteur bancaire ont été
prises, en vue de garantir l'accès à ces populations non
bancarisées, des services bancaires de bases
A cet effet, la première mesure prise par les
autorités communautaires, a été l'introduction de
l'activité de Microfinance.13 Cependant jusqu'en 1990, cette
activité reste embryonnaire et ne bénéficie pas d'une
réglementation et d'une organisation pouvant favoriser l'inclusion
financière. Ce qui conduit à des résultats
décevants, car la pauvreté n'a pas reculé et on enregistre
au cours des deux décennies qui ont suivi, plusieurs Etablissement de
Micro finance qui font faillite, engloutissant ainsi l'épargne des
populations qui en même temps font face à une crise
économique sans précédent.
Fort de ce constat, que la Beac engage une réforme,
à l'aube des années 2000, destinée à la
modernisation du système des paiements de la sous-région.
L'objectif visé par cette réforme, est surtout de
bénéficier des avantages offerts par les progrès
technologiques impulsés par les opérateurs de
téléphonie mobile et dont l'application au secteur bancaire et
financier, a favorisé la création de nouveaux moyens de paiement.
En effet, ces nouveaux instruments de paiement, caractérisés par
leur simplicité, la rapidité des transactions, et l'utilisation
du réseau mobile, ont en quelques années atteint un niveau record
d'inclusion financière jamais atteint au paravent, par les
Etablissements de Micro finance.
Cependant dans la même période, les
autorités communautaires prennent conscience de la
nécessité de la protection des systèmes bancaires et
financiers, contre les infractions économiques.
En effet, le Blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme s'avèrent être des fléaux pour les Etats dans
lesquels ils sont pratiqués. Car ces pratiques conduisent non seulement
à la
11
http://www.worldbank.org/en/publication/poverty-and-shared-prosperity
12 La BEAC estime le taux de bancarisation en zone
CEMAC en 2014 est de 14 ,6% et le taux de pénétration du
téléphone mobile est de 66% en 2015
13 La Microfinance est une
activité exercée par des entités agrées n'ayant pas
le statut de Banque ou d'établissement financier [...] et qui pratiquent
à titre habituel, des opérations de crédit, et ou la
collecte de l'épargne, et offrent des services financiers
spécifiques au profit des populations qui évoluant pour
l'essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 14 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
déstabilisation de l'économie, à la
concurrence déloyale des sociétés écrans à
l'égards de celles légales, et à la déstabilisation
socio-politique des Etats. Dans les faits, la BEAC décide en 2002 de la
création du Groupe d'Action contre le Blanchiment en Afrique Centrale
(GABAC). C'est une institution chargée de la promotion des bonnes
pratiques en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux au
niveau communautaire. Dans la foulée, notamment en 2005 est
créé les Agences Nationales d'Investigation Financière
(ANIF) dans chaque Etats de la Cemac, chapoté au niveau
sous-régional par un ANIF communautaire. Ces institutions
spécialisées sont chargées au plan national, de collecter
les déclarations de soupçon des établissements assujettis
et en procédant aux investigations, et au plan communautaire de
coordonner et de superviser la lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en centralisant les informations et en collaborant
avec les institutions de prise de décision. A travers la centralisation
des déclarations de soupçons et les investigations relatives
à ces déclarations. Parallèlement, plusieurs textes
règlementaires ont été successivement adoptés,
traduisant ainsi le souci permanent du législateur communautaire, de
doter la sous-région d'un cadre règlementaire solide et capable
d'assurer la protection des circuits bancaires et financiers.
Mais les contraintes, relatives aussi bien à la lutte
contre la pauvreté, qu'à la protection des circuits bancaires et
financiers de la sous-région, nous amène à nous interroger
sur l'importance de ces deux enjeux dans les politiques de développement
de la CEMAC. Dès lors nous devons nous demander quelle est l'état
des lieux de la mise en oeuvre de ces concepts dans la zone CEMAC ? Autrement
dit, quel est l'impact, aussi bien de la modernisation des moyens de paiement,
que de la protection des circuits bancaires et financiers en Afrique Centrale
?
Cette question revêt plusieurs intérêts :
D'abord, sur le plan économique, elle permet de mesurer
le poids des nouveaux moyens de paiement dans l'économie des Etats de la
CEMAC
Ensuite, sur un plan juridique, il permettra de mesurer
l'efficacité de l'encadrement juridique du dispositif communautaire de
lutte contre le blanchiment d'argent, compte tenu des innovations
technologiques apportées dans le secteur des paiements.
L'analyse de cette question nous conduira dans un premier
temps à démontrer l'importance de la modernisation des moyens de
paiement en zone CEMAC (Chapitre 1), Avant de présenter
dans un second temps, le dispositif actuel de protection des circuits bancaires
et financiers de l'Afrique Centrale. (Chapitre2).
SECTION 1ère : ENJEUX ET IMPORTANCE DE LA
MODERNISATION DES MOYENS DE PAIEMENT EN ZONE CEMAC
L'examen de cette étape passe par l'analyse des enjeux
de la modernisation des moyens de paiement(P1er), et par celle de l'importance
du marché des nouveaux moyens de paiement (P2).
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 15 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
P1er : LES ENJEUX DE LA MODERNISATION DES MOYENS DE
PAIEMENT EN ZONE CEMAC
La Modernisation des systèmes de paiement en zone CEMAC
a été guidé par deux principaux objectifs :
l'automatisation du système de paiement bancaire de la communauté
et son arrimage au système de paiement international(A) et surtout par
le développement de l'Inclusion Financière(B).
A. LE SOUCI D'AUTOMATISATION DU SYSTEME DE PAIEMENT DE
LA CEMAC POUR SON ARRIMAGE AU CONTEXTE INTERNATIONAL
A l'aube des années 2000, la Banque Centrale a
engagé une série de réformes, destinée à
doter la sous-région d'un système de paiement moderne et pouvant
favoriser le renforcement des économies de la communauté.
Cette réforme, destinée à procéder
à l'automatisation des systèmes de paiement de la
communauté moderne adapté au contexte actuel, qui
jusque-là était marqué par, la domination des paiements
manuels, du change manuel, la domination de la monnaie fiduciaire, les trop
longs délais en matière de compensation de paiement des traites
de plusieurs banques différentes et enfin des difficultés au
niveau de la qualité du service au guichet. Toutes choses n'étant
pas de nature à garantir la sécurité et la
traçabilité des échanges, dans un contexte de
globalisation des échanges et au sortir des difficultés
économiques traversées par les Etats de la communauté.
Cette automatisation du système de paiement avait pour
objectif de :
· Créer un système régional de
paiement et de règlement afin de minimiser les risques associés
à leur fonctionnement ;
· Réduire les délais de paiement et de
règlement ;
· Réduire le coût moyen des transactions
bancaires ;
· Offrir aux usagers des services bancaires rapides au
moindre coût dans les conditions physiques et juridiques optimales ;
· Favoriser le développement de la monnaie
scripturale et l'émergence des instruments modernes des paiements ;
· Réformer le cadre juridique sur les paiements
et les règlements dans les pays de la CEMAC et harmoniser ce qui peut
l'être
Cette réforme s'est caractérisée par la
mise sur pied d'une infrastructure de paiement caractérisée
par :
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 16 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
? La création d'un système de Règlement
de gros montant en temps Réel appelé Système de Gros
Montants Automatisés (SYGMA) ;
? La mise sur pied d'un système net de paiement de
Masse, pour la télé compensation des chèques virements et
prélèvement baptisé Système de télé
compensation de l'Afrique centrale (SYSTAC) ;
? Et d'un système monétique interbancaire avec
l'émergence des cartes pays et pour la sous-région,
coordonnée par le Groupement Inter monétique de l'Afrique
centrale (GIMAC).
Cette automatisation a permis l'émergence de nouveaux
moyens de paiement et a favorisé l'adaptation du système
communautaire au contexte des paiements internationaux.
Le marché des nouveaux moyens de paiement en zone
CEMAC est en pleine croissance. Au fils des ans, il n'a cessé de se
développer tant en ce qui concerne les acteurs du domaine qu'en ce qui
concerne les outils sur lesquels ces moyens s'appuient.
En termes d'outils, il est à noter que depuis plus
d'une décennie et notamment avec la mise sur pieds des instruments
juridiques d'encadrement du secteur, les établissements de crédit
ont rivalisé d'innovation dans la mise à disposition des supports
de nouveaux moyens de paiement. A cet effet, de nouveaux moyens de paiement,
parmi lesquels la monnaie électronique, ont progressivement
été mis sur pieds et dominent peu à peu le secteur
bancaire et financier de la zone CEMAC. Des études récentes sur
l'état des lieux de l'utilisation de ces nouveaux moyens de paiement en
zone CEMAC sont assez illustratifs et nous permet de nous faire une idée
relativement à chaque outils objet de cette contribution.
B. LE SOUCI DE PROTECTION DU SYSTEME DE PAIEMENT
COMMUNAUTAIRE CONTRE LES INFRACTIONS ECONOMIQUES.
L'autre principal enjeu de la modernisation des moyens de
paiement en Afrique central, au-delà de l'arrimage du système de
paiement au contexte financier international, est celui du souci de protection
des circuits bancaire et financier. En effet, le système de paiement qui
a cours avant la réforme du début des années 2000 se
caractérise par des transactions manuelles, l'utilisation presque
exclusive de la monnaie fiduciaire, ce qui ne permet pas de mettre sur pieds un
système efficace de protection des circuits financiers de la
sous-région.
La Modernisation des moyens de paiement en Afrique Centrale a
favorisé, au travers de l'automatisation du système de paiement,
la traçabilité, la rapidité des transactions, ainsi qu'une
meilleure gestion efficace de l'information financière de plus en plus
croissante.
Cependant, des points d'inquiétude subsistent
toujours. Notamment en ce qui concerne la sécurité. Car il est
essentiel de noter que si la modernisation du système de paiement en
zone CEMAC a favorisé le développement économique et
financier de la sous-région, force est de constater que
l'avènement des nouveaux moyens de paiement a entrainé la
survenance de nouveaux risque sécuritaires, qui fragilisent le secteur
et dont -il convient d'en inventorier les types les courants :
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 17 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Cartographie des Cyberattaques les plus usuelles
:
Cas N°1 : Cyberattaque par l'intrusion
dans les systèmes informatiques au travers des mails
Piégés (« Fishing »)
Dans ce cas de figure, il arrive que des institutions
financières voit son système monétique se faire infiltrer
par des mails piégés envoyés aux employés avec des
pièces jointes. Dès lors qu'un employé ouvre ce mail et
clique sur la pièce jointe, rien ne se passe en apparence. Cependant en
arrière-plan, un logiciel espion silencieux s'installe dans cet
ordinateur. Le rôle de ce dernier est de voler des données
de connexion et de les envoyer à son commanditaire via le réseau
internet. Ces données permettront à ce « hacker
», une fois les journées de travail terminées de
s'introduire dans le système informatique de l'institution
financière et de rechercher l'ordinateur qui commande le serveur
monétique et qui peut autoriser les transactions. Une fois
repéré, il procède à la soit, au vol des
données bancaires des clients, soit il lève les plafonds
des cartes bancaires dont-ils sont déjà en possession
(cas de la BGFI Gabon en 2015 dans lequel le préjudice total avait
atteint 1,9Milliards), procèdent à des chargements fictifs
et effectuent des retraits frauduleux sur les guichets automatiques.
Cas n°2 : Vol des données bancaire au
travers des Guichets Automatiques « SKIMMING »
Ce cas de figure est aussi une autre forme de fraude
très répandue en ce qui concerne les cyberattaques.
Ici, le « hacker » procède,
installe frauduleusement sur les guichets automatiques, un dispositif espion,
constitué de caméras miniatures qui enregistre les données
rentrées par les usagers (numéro de cartes, et du code, ainsi que
le cryptogramme à l'arrière de la carte). Une les dispositifs
récupérés, il utilise les données soit pour
effectuer des achats en ligne avec les numéros des cartes
dérobées, soit tout simplement pour les vendre au marché
noir. Ce qui servira probablement à « cloner14
» les cartes originales, pour pouvoir effectuer des retraits au
GAB. (Le Cobranding)
Cas N°3 : Fraude par contournement de la
facturation par TPE
Ici, la fraude s'articule autour de manoeuvres
orchestrées sur les Terminaux de Paiement Electroniques « TPE
» installés dans des points marchands. En effet, lorsque les
fraudeurs se présentent chez un commerçant acquéreur, ils
effectuent normalement leurs achats, et au moment de régler la facture,
ils demandent à payer par carte. Lors de la transaction sur TPE, ceux-ci
initient l'opération, le terminal génère le ticket, puis
avant d'avoir confirmé le paiement, ils procèdent à
l'annulation de la facture et utilisent le premier ticket
généré pour régler frauduleusement leur facture
auprès du marchand. L'Information de la transaction n'étant pas
parvenu à la banque du marchand suite à l'annulation de la
transaction, le compte de ce dernier n'est donc pas crédité du
montant de la facture. Cependant, le fraudeur se voit livrer ses
marchandises.
14 Faire une copie des informations contenue sur la
carte bancaire de la victime et la charger ensuite sur une autre pour la
réutiliser frauduleusement à l'insu de son
propriétaire.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 18 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Cas N°4 : Fraude par interception et
modification de l'information :
Concernant ce cas de figure, la fraude peut survenir dans les
cas d'intrusion dans le système informatique de l'institution comme
évoqué au cas n°1. En effet, en cas d'intrusion dans le
système, un « hacker » pourrait y installer un micro
logiciel espion, indétectable des antivirus, puisque très passif
dans le système. Le rôle d'un tel logiciel serait de modifier les
« Paquets »15afin de n'acheminer que la
réponse souhaitée au niveau du GAB.
Concrètement, lors d'une transaction de retrait sur
les Guichets Automatiques de Billets, le GAB interroge la banque au travers du
server monétique, afin de vérifier la provision de la carte qui
sollicite un retrait. Si cette carte a suffisamment de provision dans le
compte, l'information est renvoyée au GAB par le biais du même
canal et l'opération est autorisée. Dans le cas où cette
provision ne serait pas suffisante pour l'opération demandée, le
server renvoi la réponse de l'échec de l'opération.
Cependant dans le cadre de cette fraude, le micro logiciel espion modifie
l'information renvoyée à chaque fois par le server vers le
guichet automatique. Ce qui a pour conséquence de voire toutes les
opérations de retrait autorisées par le GAB,
indépendamment de l'existence de la provision
P2 : IMPORTANCE DU MARCHE DES NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT
EN ZONE CEMAC
A. LES NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT ET LA LUTTE CONTRE
LA PAUVRETE EN ZONE CEMAC
En 2013, une étude de la Banque Mondiale
révélait que plus de 500 millions de pauvres dans le monde,
vivent en Afrique subsaharienne. Le rapport du programme économique de
la zone CEMAC16, relevait déjà que : « la
croissance économique depuis une décennie a eu peu d'impact et
repose sur des bases fragiles. f...] la CEMAC est restée en queue de
peloton de l'indice de Développement Humain des Nations Unies
».
Conscient de cet état de chose, l'une des solutions
choisies a été d'opter pour la promotion de l'inclusion
financière, par le biais de la modernisation des moyens de paiement,
afin de pouvoir rendre accessible aux populations en marges du circuit bancaire
traditionnel, les services bancaires de base.
En effet, l'inclusion financière est définie
par la banque mondiale comme « la possibilité pour les
individus ou les entreprises d'accéder à moindre coût
à toute une gamme de produits et services
15 Paquet : module informatique
par lesquels transite l'information dans un système informatique.
(Données par paquet)
16 Rapport Economique Régional 2010-2015,
CEMAC 2025Vers une économie Régionale Intégrée et
émergente en 2025, volume 2, p11.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 19 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
financiers et adaptés à leurs besoins,
proposés par des partenaires fiables et responsables. » Cette
panoplie de produits et services financiers va de l'ouverture d'un compte
d'opération, pour pouvoir effectuer ses paiements, transférer de
l'argent et accéder à d'autres services financiers à
valeur ajoutée.
L'inclusion financière est devenue un outil majeur
pour la lutte contre la pauvreté. On la retrouve même dans 8 des
25 Objectifs de Développement pour le Millénaire (ODM) par la
Banque Mondiale. C'est à ce titre que la CEMAC a choisi de s'appuyer sur
un système de paiement moderne, au travers d'une synergie d'action entre
Banques, Microfinance et opérateurs de téléphonie mobiles,
afin d'atteindre le maximum de personne et de faire reculer la
thésaurisation des fonds17 dans cette région où
l'informel domine environ 60% de l'économie, tout en favorisant
l'accès au financement au travers de l'octroi des crédits.
Impulsé par la reforme communautaire de 1999,
matérialisée quelques années plus tard par, le
Règlement CEMAC N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC du 04 Avril 2003
relatif aux Systèmes, Moyens et Incidents de Paiement. La
modernisation des moyens de paiement en zone CEMAC constitue l'un des plus
puissants leviers du développement de l'inclusion financière en
Afrique centrale et un enjeu majeur pour les économies de la
communauté. L'introduction de ces nouveaux outils financiers a non
seulement pour objectif de permettre la réduction du coût de
fabrication de la monnaie, mais également de favoriser l'apparition de
nouvelles activités telles que le Commerce Electronique.
Dès lors, l'importance de la modernisation des moyens
de paiements sur le développement socio-économique de la zone
CEMAC n'est plus à démontrée. D'ailleurs des études
récentes sur le succès de ces Nouveaux Moyens de Paiement en zone
Cemac viennent conforter cette position. L'association GSM estime même
que dans certains pays, le mobile money a fait mieux en matière
d'inclusion financière que les établissements de crédit et
de microfinance. Elle affirme par exemple que : « L'argent mobile est
en train de devenir un instrument puissant de développement de secteurs
financiers plus sûrs, plus stables et plus inclusifs18 ».
GSMA affirme également que l'argent mobile a permis de toucher un
nombre impressionnant de client à faible revenu
précédemment non bancarisé. Au Kenya par exemple, le
nombre de comptes d'argent mobile est déjà supérieur
à celui des comptes bancaires19.
Cependant, pour une meilleure appréhension de la
question, il serait intéressant d'analyser l'évolution de
l'utilisation de ces nouveaux moyens de paiement dans la zone CEMAC.
17 La Thésaurisation des fonds est le fait de
vouloir garder son argent en dehors du circuit économique.
18Il existait 5,9 milliards de connexions mobiles
actives dans le monde en 2012.Sur les 2,5 milliards de personnes dans le monde
n'ayant pas encore accès au système financier, 1,7 milliards
disposent d'un téléphone portable. Rapport février
2013, GSMA -- L'argent mobile au service des personnes non
bancarisées
Argent mobile : les solutions réglementaires,
page 4.
19 . M-PESA, le service de paiements et transferts
exploité par Safaricom, est désormais utilisé par
18 million de kenyans (alors que 7 millions seulement ont un compte bancaire)
et traite le chiffre impressionnant de 1,6 milliards de
dollars US de paiements chaque mois.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 20 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
B. EVOLUTION DU MARCHE DES NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT
:
L'interaction sans cesse croissante entre la finance et les
innovations technologiques en Afrique Centrale vont, au fil du temps favoriser
l'adoption d'une nouvelle forme de paiement appelé «
Monnaie électronique ».
La Monnaie électronique se défini au sens de
l'article 193 du Règlement N°01/02/CEMAC/UMAC/CM relatif au
Système moyens et incidents de paiement comme : « un moyen de
paiement, constituant un titre de créance incorporé dans un
instrument électronique et accepté en paiement par des tiers
autres que l'émetteur ».
Ce même article du règlement suscité
définit les Instruments électroniques comme :
« l'enregistrement des signaux dans une mémoire informatique,
soit incorporée sous la forme d'une carte remise par l'émetteur
au porteur, nominatives ou anonymes, soit incluse dans un ordinateur
chargé par l'utilisateur ou gérée de façon
centralisée ».
Cette définition relate avec une grande
fidélité l'architecture des instruments de paiements qui se sont
développés en Afrique Centrale depuis près de deux
Décennies. En effet, une étude20 menée par le
Groupe d'Action contre le Blanchiment en Afrique Centrale (GABAC) et
publiée en 2017 permet de relever le développement de deux
principaux instruments de paiement depuis la réforme de la Banque
centrale. Il s'agit des Cartes Prépayées et du Mobile
Money.
Si au terme de cette étude du GABAC, il ressort que
ces deux instruments électroniques, qui sont des supports de paiement de
la Monnaie électronique, sont embryonnaires dans la sous-région,
force est de constater que ces dernières années, les chiffres de
leur utilisation a explosé tant en nombre qu'en valeur.
1. Le Marché des Cartes
Prépayées
Concernant les Cartes Prépayée, l'étude
menée par le Gabac courant 2017, relève qu'un grand nombre de
groupe bancaire en Afrique Centrale n'émettent pas ce type de produit.
Au Cameroun par exemple, sur les 13 Banques agrées, seul
AFRILAND, UBA, et ECOBANK mettent cet instrument de paiement
à la disposition de la clientèle.
S'agissant de la distribution des Cartes
Prépayées dans la sous-région, seules les banques
exerçant leur activité au Cameroun ont fourni des données
suffisamment détaillées.
Tableau1 : Offre des Cartes
prépayées par quelques banques en Afrique centrale
20 Les Nouveaux moyens de paiement face au défi de la
lutte anti blanchiment et du financement du terrorisme en Afrique Centrale,
Gabac, Août 2017
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 21 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Statistiques sur les cartes prépayées -
Afriland First Bank Cameroun
Indicateurs
|
|
|
|
2013
|
|
|
|
2014
|
|
|
|
2015
|
2016 (au 30/06/16)
|
Nombre de cartes
prépayées enregistrées
|
|
|
12
|
773
|
|
|
16
|
236
|
|
|
20
|
322
|
|
|
21970
|
Valeur des transactions effectuées
|
4
|
385
|
700
|
052
|
4
|
718
|
154
|
598
|
5
|
752
|
463
|
745
|
3
|
067
|
926 896
|
|
Statistiques sur les cartes prépayées-
UBA Cameroun
Indicateurs
|
|
|
2012
|
|
|
2013
|
|
|
2014
|
|
|
2015
|
Nombre de cartes
prépayées enregistrées
|
|
|
2
|
555
|
|
|
2
|
555
|
|
|
50
|
050
|
|
|
145
|
850
|
Valeur des transactions effectuées
|
12
|
775
|
000
|
000
|
56
|
387
|
500
|
000
|
125
|
125
|
000
|
000
|
182
|
312
|
500
|
000
|
|
Statistiques sur les cartes prépayées -
Ecobank Cameroun
Indicateurs
|
|
|
2012
|
|
|
|
2013
|
|
|
|
2014
|
|
|
|
2015
|
Nombre de cartes
prépayées enregistrées
|
|
|
1
|
|
|
7
|
422
|
|
|
7
|
321
|
|
|
8
|
158
|
Valeur des transactions effectuées
|
3
|
013
|
000
|
105
|
132
|
292
|
000
|
178
|
006
|
239
|
000
|
190 7
|
35
|
811
|
000
|
|
Source : données d'enquête GABAC
201721 De ces différentes statistiques, il en
ressort que :
Le nombre de cartes prépayées émises par
la banque Afriland First Bank est passé de 12.773 en 2013 à
16.326 en 2014 (soit une augmentation de 27,81%), à 20.322 en 2015. Sur
la même période à UBA Cameroun, ce nombre est passé
2.555 à 50.050 (soit une progression de 1859% entre 2013 et 2014) et
à 145.850 en 2015. Pour ce qui concerne ECOBANK Cameroun, il est
resté quasi stable.
Pour ce qui concerne UBA Cameroun, le volume de transaction
en valeur via les cartes prépayées est passé de
56.387.500.000 FCFA en 2013 à 125.125.000.000 FCFA en 2014, soit une
hausse de 121,9%. Entre 2014 et 2015, ce volume de transaction a connu une
croissance de 45,7% passant à FCFA 182.312.500.000. A ECOBANK, entre
2013 et 2014, ce volume de transaction est passé de 105.132.292.000 FCFA
à 178.006.239.000 FCFA, soit une hausse de 69,31%. Entre 2014 et 2015,
ce montant a augmenté de 7,15% passant à FCFA 190.735.811.000.
Pour l'ensemble de ces banques, il ressort que le volume
d'activités liées aux cartes prépayées augmente au
fil du temps.
21 Les Nouveaux moyens de paiement face au défi de la
lutte anti blanchiment et du financement du terrorisme en Afrique Centrale,
Gabac, Août 2017
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 22 | P a g e
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 23 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Valeur
Nombre
22 901
283 138 531 000
AFRILAND
283 138 531 000 363 825 000 000
22 901
Offre des Cartes Prépayées par Banque de
2013 à 2015
198 455
363 825 000 000
198 455
UBA
49 331
1 699 965 958
ECOBANK
49 331
1 699 965 958
Source : données d'enquête GABAC
201722
EVOLUTION DE L'OFFRE DES CARTES PREPAYEES EN
ZONE
9 366
CEMAC DE 2013 À 2015
|
2013
|
|
2014
|
|
|
2015
|
|
NOMBRE
|
67390708621
|
303
|
654
|
158
|
184
|
546
|
824
|
569
|
366
|
VALEUR
|
162 009 769 408
|
303
|
654
|
158
|
184
|
373
|
735
|
380
|
366
|
|
67390708621
162 009 769 408
303 654 158 184
303 654 158 184
546 824 569 36
373 735 380 366
Source : données d'enquête GABAC
201723
2. LE MARCHE DU MOBILE MONEY
22 Les Nouveaux moyens de paiement face au
défi de la lutte anti blanchiment et du financement du terrorisme en
Afrique Centrale, Gabac, Août 2017
23 Les Nouveaux moyens de paiement face au
défi de la lutte anti blanchiment et du financement du terrorisme en
Afrique Centrale, Gabac, Août 2017
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Le mobile money permet d'effectuer, au travers de son
téléphone portable, des retraits en espèces ainsi que des
paiements de factures auprès de commerçants, le règlement
des impôts et taxes, les paiements en ligne, les achats d'articles, des
crédits de communication et des transferts d'argent. Il s'agit
essentiellement des transferts d'argent Peer to Peer (P2P)24
, Peer to cash (P2C25). En outre, le mobile money favorise
la collecte d'épargne auprès des populations non
bancarisées ou résidant dans les zones rurales, contribuant ainsi
à l'inclusion financière. Pour pouvoir utiliser le mobile money,
le client doit disposer d'une ligne téléphonique et renseigner un
formulaire de souscription, en y joignant une copie de sa carte nationale
d'identité.
En zone CEMAC ce service est régi par. Il est
exclusivement réservé aux Etablissements de Crédit, qui
sont les seules institutions dans la sous-région à disposer du
droit d'émettre de la monnaie électronique. Par ailleurs, dans le
cadre de cette activité, il est fait obligation à ces derniers de
disposer à leur tour d'un partenaire technique, qui doit être un
opérateur de téléphonie mobile, et qui sera chargé
de la distribution de la monnaie électronique ainsi produite par la
banque au travers de son réseau.
Cette activité, située à la
croisée des chemins entre la téléphonie Mobile et la
Finance traditionnelle, bien qu'ayant connu des débuts assez timides,
s'est très vite répandue au point d'être aujourd'hui
l'instrument financier le plus utilisé au quotidien dans certains pays
de la sous-région comme le Cameroun. Il ressort que le Mobile Money est
devenu le principal outil de développement de l'inclusion
financière en Afrique Centrale, faisant ainsi une grande concurrence
dans ce domaine même aux Etablissements de Micro Finance (EMF).
Comme illustré dans les tableaux ci-dessous et sur la
base des informations recueillies auprès des seuls opérateurs du
Cameroun et du Gabon, près de FCFA 868.702.238.000 ont transité
par le mode de paiement du mobile money entre 2011 et fin juin 2016.
Au Cameroun, le GABAC affirme par exemple dans la même
étude que : l'utilisation du Mobile Money a connu une forte ascension
à partir de 2013, on note déjà à ce moment un
accroissement du nombre de compte enregistré qui franchit la barre
symbolique de 2 700 000 comptes. Cette croissance atteint même 6 millions
de comptes au cours de l'année 2016. Par ailleurs, le nombre de compte
actifs sur la période 2011 à 2016 progresse également de
plus de 2000%.
S'agissant des flux financiers mobilisés à
travers les transactions par mobile money, leur valeur annuelle augmente en
moyenne de 170 % chaque année depuis 2013. En fin juin 2016 (1er
semestre), cette valeur est estimée à plus de 315 milliards de
FCFA (57% de plus que la valeur totale de l'année
précédente).
Par ailleurs, le groupe de travail suscité estime que
: « le mobile money confirme le rôle majeur de transfert
d'argent « instantané » que joue cet instrument auprès
de ses utilisateurs et l'augmentation de la vitesse de circulation des flux
financiers mobilisés. » Aussi, on peut observer que les soldes
en cours auprès des banques camerounaises, concernant cet outil, ont
progressé en glissement annuel de
24 Peer to Peer(P2P) : qui est l'abréviation
des transferts de compte à comptes
25 Peer to Cash(P2Cash) : transfert d'un compte vers
un utilisateur final payé en Cash
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 24 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
970% en 2013 mais seulement de 12 % en 2015 (voire 3% au
premier semestre 2016. Ce qui veut dire que les transferts par mobile money
sont effectués dans des délais de plus en plus brefs.
Au Gabon, la valeur totale des transactions mobile money de
l'opérateur Airtel a doublé en deux ans et se situe à plus
de 150 milliards de FCFA en 2014 et comme au Cameroun, 2013 est une
année charnière avec plus de 813 % d'augmentation du nombre de
comptes mobile money ouverts auprès de AIRTEL GABON. En 2014, le nombre
de comptes avoisine six millions trois cent mille (6 300 000).
Ces chiffres expriment à souhait l'importance sans
cesse accrue que revêt l'utilisation des nouveaux moyens de paiement en
Afrique centrale tant en valeur qu'en nombre.
Tableau : Offre de Mobile Money en Afrique centrale
(source : données d'enquêtes) Tableau Statistiques sur le
mobile money en Afrique Centrale
Indicateurs
|
2011*
|
2012*
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016 (au 30/06/2016)
|
Nombre de comptes monnaie
enregistrés
|
42 996
|
628 378
|
2 738 901
|
3 589 086
|
3 796 051
|
6 284 061
|
Nombre de comptes de monnaie mobie
|
3 actif 589
|
68 799
|
1 442 692
|
1 738 976
|
2 172 792
|
2 808 249
|
Nombre d'agents enregistrés
|
659
|
264
|
6 849
|
5 991
|
17 219
|
11 952
|
Nombre d'agents actifs
|
206
|
400
|
1 969
|
4 461
|
4 943
|
6 379
|
Valeur des transactions bancaires mo
effectuées (en milliers)
|
372 581
|
7 563 47
|
30 789 734
|
71 993 361
|
201 397 836
|
315 685 248
|
Nombre des transactions bancaires m
effectuées
|
35 475
|
998 277
|
3 273 148
|
8 951 175
|
25 096 057
|
28 907 949
|
Soldes en cours des comptes bancaire
milliers)
|
(e
20 499
|
172 039
|
1 840 056
|
8 790 596
|
9 845 234
|
10 159 347
|
|
*statistiques ne concernant que l'opérateur Orange
Cameroun Statistiques sur le mobile money - AIRTEL -
GABON
Indicateurs
|
2 012
|
2 013
|
2 014
|
Nombre de comptes mobile money
|
294 428
|
2 687 540
|
6 261 740
|
Valeur des transactions
|
12 600 000
|
76 100 000
|
152 200 000
|
|
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 25 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
SECTION 2 : LE DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE
BLANCHIMENT ET DE FINANCEMENT DU TERRORISME EN ZONE CEMAC
Ce dispositif s'apprécie à travers la
présentation de son cadre normatif (P1er), et à travers
l'étude de ses différents organes (P2).
P1er : LE CADRE NORMATIF DE LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT
DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME EN ZONE CEMAC
Le cadre réglementaire en matière de lutte
contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en Afrique
Centrale est fixé par le Règlement
N°01/CEMAC/UMAC/CM et le Règlement COBAC R-2005/01
qui se rapportent respectivement à la prévention et
répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme
en Afrique Centrale et aux diligences des établissements assujettis en
matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme. La lutte contre le blanchiment de capitaux en zone Cemac a
été amorcée il y'a près de deux décennies.
Cette lutte a au fil du temps connu une ampleur sans cesse croissante avec
l'adoption de mesures pas toujours satisfaisante. Cette évolution s'est
caractérisée non seulement, par l'adoption de plusieurs textes
communautaires destinées à encadrer la lutte dans la
sous-région, mais permettant aussi de consacrer l'infraction de
blanchiment d'argent.
A. LA CONSECRATION DE L'INFRACTION DU BLANCHIMENT DE
CAPITAUX
Pour Mener à bien sa mission de protection des
circuits bancaires et financiers, les autorités communautaires ont
jugé utile de consacrer les comportements de blanchiment d'argent en
infraction prévu et réprimé.
Le règlement CEMAC N°01-03 CEMAC/UMAC du
04 Avril 2003 portant prévention et répression du
blanchiment des Capitaux et du financement du terrorisme, définit
l'infraction du blanchiment de capitaux comme tout acte tendant soit,
à la dissimulation de l'origine frauduleuse des fonds, au sens des
textes en vigueur dans chacun des Etats membres de la CEMAC, soit à
l'acquisition, la détention ou l'utilisation d'un bien provenant d'un
crime ou d'un délit ou encore, la participation ou la facilitation de la
commission de tels actes.
Les Différents règlements communautaires,
traitant de la question, et qui se sont succédés ont
articulé la lutte contre le blanchiment des capitaux autour des points
suivants :
? L'obligation pour les assujettis de procéder
à l'identification de la clientèle :
Ici, le régulateur communautaire invite toutes les
personnes assujettis de requérir de leur client, les informations
relatives à leur l'identité et à leur localisation
avant
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 26 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
l'établissement de toutes relations d'affaires. Il en est
de même pour ce qui est des ayants droits
économiques26.
· La surveillance particulière de
certaines opérations : les opérations dont le montant
est supérieur au seuil légal fixé par les autorités
communautaires ou celles opérées par les personnes faisant partie
de la liste des Personnes Politiquement Exposées27
· L'adoption d'une organisation et des
procédures internes efficaces
· La conservation et la communication des
pièces
· Les Déclarations des soupçons
;
B. L'ENCADREMENT JURIDIQUE DE L'INFRACTION DE
BLANCHIMENT
La lutte contre le blanchiment de capitaux en zone CEMAC est
une lutte de longue haleine. Depuis ses premières heures, sa mise en
oeuvre à donner lieu à la nécessité de baliser son
chemin en vue d'en garantir l'efficacité. C'est ainsi que, les
autorités communautaires en charge de la régulation et de la
supervision des circuits bancaires et financiers en zone CEMAC, ont
adopté au fil de l'évolution de cette lutte, un corpus
règlementaire dont les principaux sont présentés
ci-après :
· Le Règlement n°
02/02/CEMAC/UMAC/CM, du 14 avril 2002, portant organisation et fonctionnement
du Groupe d'Action contre le Blanchiment des Capitaux en Afrique Centrale
(GABAC). Ce texte fait du GABAC, la structure sous
régionale chargée d'animer, de coordonner et de dynamiser les
actions entreprises par les Etats membres de la CEMAC dans le cadre de la Lutte
contre le Blanchiment d'Argent et les produits du crime.
· Le Règlement
n°01/03-CEMAC-UMAC-CM, du 04 avril 2003, portant prévention et
répression du Blanchiment des Capitaux et Financement du Terrorisme en
Afrique centrale. Ce texte qui à force de loi et
qui reprend les 40+9 Recommandations du GAFI dans lesdites matières, est
d'application directe dans tous les Etats membres de la CEMAC. C'est ce
Règlement institue en son article 25, les ANIF dans tous les Etats
d'Afrique centrale ;
· La loi camerounaise n° 2003/004 du 21
avril 2003, relative au secret bancaire, qui encadre le non
opposabilité du secret bancaire à certaines entités de
poursuite ;
· Le Décret présidentiel
n° 2005/187 du 31 mai 2005, portant organisation et fonctionnement de
l'Agence Nationale d'Investigation Financière ;
26 Ayant-droits économique
: Véritable personne pour qui le compte est ouvert au sens du
règlement Cemac N°01-03 CEMAC UMAC portant prévention et
répression du blanchiment de capitaux.
27 PPE :
Personnes Politiquement Exposées, est une catégorie des personnes
à haut risque de blanchiment, de par leur fonction et de par leur
responsabilité de gestionnaire des fonds public.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 27 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
? L'Arrêté n°06/403/CF/MINEFI
du 28 décembre 2006, portant organisation des services de l'Agence
Nationale d'Investigation Financière ;
? L'Arrêté n°0000144/CF/MINFI
du 26 mars 2009, fixant à 5.000.000 FCFA, le seuil de
déclarations des opérations en espèces ou par titre au
porteur à l'ANIF.
? Le règlement N°01/CEMAC/UMAC/CM du
11 Avril 2016 portant prévention et répression
du Blanchiment de Capitaux et du Financement du
Terrorisme en Afrique Centrale.
Cependant, la règlementation communautaire en la
matière ne saurait être mise en oeuvre sans une
matérialisation, caractérisée par des organisations
institutionnelles à plusieurs niveaux.
P2 : LES ORGANES DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT D'ARGENT
ET DE FINANCEMENT DU TERRORISME EN ZONE CEMAC
La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement
du terrorisme en Afrique centrale s'organise à plusieurs niveaux. Aussi
bien sur le plan sous régional(A) que sur les plans Nationaux(B).
A. LES ORGANES COMMUNAUTAIRES :
Sur le plan communautaire, on distingue organismes sous
régionaux à savoir le GABAC (1) et la COBAC (2).
1 . Le Groupe d'Action anti Blanchiment de
l'Afrique Centrale (GABAC) :
S'agissant du Groupe d'Action contre le Blanchiment d'Argent
en Afrique Centrale est l'organisme communautaire chargé de la promotion
des Normes, Instruments et bonnes pratiques en matière de lutte
anti-blanchiment. Crée par le règlement Cemac
N°02/02/CEMAC/UMAC/CM portant organisation et fonctionnement du
groupe d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique Centrale.
Il se compose de des ministres des Etats de la Cemac en
charge des Finances, de l'Intérieur et de la Sécurité, de
la justice, du secrétariat exécutif de la CEMAC, du gouverneur de
la BEAC et du président des comités des chefs de police de
l'Afrique centrale (CCPAC) ou leurs représentants. Par ailleurs des
Etats ou Institutions tiers peuvent être invités en tant
qu'observateurs. D'autres par contre sont de plein droit admis à la
réunion.il s'agit :
? Du Groupe d'Action Financière contre le Blanchiment de
capitaux (GAFI)
? Du programme mondial de lutte contre le blanchiment d'argent
de l'office des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la
prévention du crime.
? Du comité de liaison anti-blanchiment de la zone
franc.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 28 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Dans le cadre de ses missions, le GABAC entreprend toute
action visant à protéger les systèmes bancaires et
financiers des atteintes liées au phénomène du blanchiment
et à mettre à oeuvre dans la communauté des principes,
recommandations et normes arrêtées dans le cadre de la
coopération internationale. Ses principales missions sont les suivantes
:
· La lutte contre le blanchiment d'argent et des produits
de crimes ;
· La mise en place harmonisée et concertée
des mesures appropriées à cette lutte dans la CEMAC ;
· L'évaluation des résultats et de
l'efficacité des actions relatives à cette lutte ;
· L'assistance de leurs Etats membres dans leur
politique anti- blanchiment ;
· La collaboration avec les structures similaires
existantes en Afrique et au niveau international.
Le GABAC est assisté dans l'accomplissement de ses
missions par la commission bancaire.
2 La Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
(COBAC) :
Crée par le règlement CEMAC du 16 octobre 1990,
la commission bancaire de l'Afrique centrale joue un rôle important et
central dans la lutte contre le blanchiment d'argent en zone CEMAC.
En effet, au terme du règlement CEMAC N°
01/CEMAC/UMAC/CM du 11 Avril 2016 portant prévention et
répression du blanchiment d'argent, du financement du terrorisme et de
la prolifération en Afrique Centrale, elle est chargée
de :
· Rendre un avis conjoint sur les risques de blanchiment
de capitaux et de financement du terrorisme pesant sur le marché
intérieur de la Communauté.
· S'assurer que le secteur privé mette en oeuvre
des mécanismes permettant d'identifier, d'évaluer et de
comprendre les risques de blanchiment de capitaux et de financement du
terrorisme auxquels est exposé leur secteur d'activité.
Pour ce faire, la COBAC reçoit des personnes
assujetties : l'identité des dirigeants ou préposés
chargés de répondre aux demandes de l'ANIF ou de la COBAC, les
procédures internes à chaque établissement de
crédit relatives aux diligences en matière de lutte contre le
blanchiment des capitaux, des rapports, documents et pièces relatifs
à la lutte contre le blanchiment de capitaux.
Ces deux structures assurent la coordination et la
supervisions du dispositif communautaire de lutte anti-blanchiment en zone
CEMAC. Cependant, des structures de lutte contre le blanchiment de capitaux
existent également sur le plan national.
B. LES ORGANES NATIONAUX
Sur le plan national, la lutte contre le blanchiment
s'organise aussi bien à travers l'ANIF (1), qu'à travers les
institutions d'enquêtes et de poursuite qui en assure la
répression (2).
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 29 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
1. L'Agence Nationale d'Investigation
Financière
L'Agence Nationale d'Investigation financière (ANIF)
est l'institution chargée d'assurer la lutte contre le blanchiment de
capitaux sur le plan national. Il est institué par l'article 25
du Règlement CEMAC 01/03/CEMAC-UMAC portant prévention et
répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme
en Afrique Centrale.
Cette Institution est placée sous l'autorité
des ministres en charge des finances. Elle est dotée de la
personnalité juridique et de l'autonomie financière. Il est
prévu une Agence par Etat membre de la CEMAC. Au Cameroun, elle est
créée par Décret présidentiel n°
2005/187 du 31 mai 2005, portant organisation et fonctionnement de l'Agence
Nationale d'Investigation Financière.
L'ANIF comprend 04 membres, dont un Directeur, des services
d'appui comprenant 03 Cellules opérationnelles et 02 Services
administratifs. L'ANIF dispose également des Correspondants
désignés dans certaines Administrations28.
Sur le plan opératoire, l'ANIF est au centre de la
chaîne d'Acteurs nationaux de LBC/FT. A ce titre, elle reçoit les
Déclarations de Soupçon des professions assujetties, qu'elle
enrichit avant de transmettre éventuellement au Procureur de la
République compétent, des rapports, lorsque le soupçon se
trouve confirmé.)
L'Anif est l'organe central de la lutte contre le blanchiment
d'argent et le financement du terrorisme dans les Etats membres de la CEMAC. A
ce titre, elle est chargée de :
? Recevoir les déclarations de soupçon des
personnes assujetties, d'investiguer sur ces soupçons
avant de les
transmettre le cas échéant au Procureur de la République
;
? Le Blanchiment d'argent et son corollaire que sont le
financement du terrorisme étant des
infractions à
caractère transnationales, l'Anif négocie dans le cadre d'un
Comité interministériel mis-en en place par le Ministre des
Finances, les Accords de Coopération avec les Cellules
étrangères de Renseignement Financier (CRF), sur l'échange
d'informations et données sur la Lutte contre le Blanchiment de Capitaux
et du Financement du Terrorisme. A cet effet, l'Anif est devenue membre du
Groupe d'Egmont29.
2. Les Organes opérationnels
A la base du dispositif communautaire de lutte contre le
Blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, nous avons les
établissements de crédit et les autorités de poursuite. En
fait, ces organes opérationnels sont en première ligne de cette
lutte, dans la mesure où ils sont directement au contact des auteurs de
ces infractions.
a. Les Etablissements de Crédit
28
http://www.minfi.gov.cm/index.php/organismes-sous-tutelle/anif
29 Le Groupe Egmont est un forum international,
créé en 1995 à l'initiative de la CTIF (Belgique) et de
FinCEN (Etats-Unis), qui réunit, au niveau mondial, les services
chargés de recevoir et de traiter les déclarations de
soupçon de blanchiment et de financement du terrorisme.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 30 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
S'agissant des établissements de crédit, ils
sont au coeur du dispositif de lutte anti-blanchiment dans la
sous-région. En effet, dès le début de cette lutte, le
régulateur communautaire s'est focalisé sur eux, au regard de
leur rôle central dans la circulation des flux monétaires,
lorsqu'il a adopté en 2003, le règlement relatif à la
prévention et à la répression du blanchiment de capitaux
et du financement du terrorisme, et en 2005 lorsqu'il se dote du
règlement relatif aux obligations des établissements de
crédit en matière de lutte anti-blanchiment et de financement du
terrorisme.
Ainsi, ces obligations portent sur l'identification de la
clientèle, l'obligation de surveillance particulière de certaines
opérations, la déclaration des opérations suspectes, le
traitement des opérations des personnes listées, la conservation
et communication des documents et pièces, la désignation des
correspondants de l'ANIF et de la COBAC ainsi que la mise en place d'une
organisation et des procédés internes appropriés.
Par ailleurs, il faudrait relever que les organes
communautaires chargés de la coordination de cette lutte, s'appuient sur
ces institutions financières que sont les établissements de
crédit pour l'évaluation de l'efficacité du dispositif
afférant à cette lutte. C'est ainsi que La Commission bancaire
effectue son contrôle sur pièces sur la base d'un questionnaire
dénommé « ASTROLAB30 » (Aide
à la Surveillance et au Traitement de la Réglementation et de
l'Organisation de la Lutte Anti-Blanchiment) adressé
périodiquement par le Secrétariat Général de la
COBAC aux établissements de crédit.
Pierre angulaire de cette lutte, les établissements de
crédit compte au premier rang des assujettis ayant effectué le
plus grand nombre de déclaration de soupçons. Comme l'Anif dans
son rapport31, les établissements de crédit sont l'un
des plus grands piliers du dispositif de lutte anti blanchiment en Afrique
centrale. Le tableau ci-après est la synthèse de
l'activité de déclaration de soupçons enregistré
par l'Anif entre 2006 et 2012.
TABLEAU DE SYNTHESE DES DECLARATIONS PAR ANNEES ET
DECLARANT
Indicateurs
|
2006
|
|
2007
|
|
2008
|
|
2009
|
|
2010
|
|
2011
|
|
2012
|
|
TOTAL
|
Banques
|
|
179
|
|
86
|
|
75
|
|
106
|
|
116
|
|
118
|
|
140
|
|
820
|
EMF
|
|
4
|
|
7
|
|
6
|
|
7
|
|
5
|
|
7
|
|
11
|
|
47
|
Notaires
|
|
0
|
|
1
|
|
0
|
|
3
|
|
1
|
|
1
|
|
0
|
|
6
|
Avocats
|
|
1
|
|
1
|
|
0
|
|
2
|
|
1
|
|
1
|
|
0
|
|
6
|
Experts Comptables
|
|
0
|
|
0
|
|
2
|
|
1
|
|
1
|
|
0
|
|
1
|
|
5
|
Trésor
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
1
|
|
1
|
|
2
|
Total
|
184
|
|
95
|
|
83
|
|
119
|
|
124
|
|
128
|
|
153
|
|
886
|
|
30 ASTROLAB : c'est un instrument
d'information de la COBAC destiné au contrôle de la mise en oeuvre
des diligences relatives au dispositif de prévention du blanchiment des
capitaux et du financement du terrorisme. Son fonctionnement est
organisé par l'instruction COBAC i-2006/01.
31 Rapport de Synthèse des activités de
l'Anif en 2012, P 5
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 31 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Source : Rapport de synthèse des
activités de l'Anif en 2012
Ainsi, on peut aisément constater que sur une
période de 6 ans, l'Anif a enregistré un total
de 886 Déclarations de soupçons. Sur ces 886
déclarations, 820 proviennent des établissements de
crédit, soit 92.6 % de l'ensemble des déclarations.
b. Les Autorités de Poursuite
Pour ce qui est des Autorités de Poursuite, elles
constituent le bras répressif du dispositif de lutte anti blanchiment en
zone CEMAC. Qu'il s'agisse des Magistrats, ou des forces de l'ordre que sont la
Gendarmerie et la Police, les autorités de poursuite sont des
éléments essentiels dans le dispositif communautaire de lutte
anti-blanchiment et financement du terrorisme, dans la mesure où ils
sont les destinataires des dossiers, au terme du traitement des
déclarations de soupçon par l'Anif, lorsque celle-ci estime que
lesdits soupçons sont avérés. A ce titre, les
autorités de poursuites constituent un maillon essentiel du dispositif,
dont dépend l'efficacité de la lutte dans la
sous-région.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 32 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
CONCLUSION :
Aux termes de notre chapitre préliminaire, nous nous
sommes attelés à poser les bases de notre contribution, à
travers la présentation aussi bien du processus de modernisation des
moyens de paiement, qu'à travers l'étude du dispositif de
sécurisation des circuits bancaires et financiers de la CEMAC. A cet
effet, nous avons d'abord abordé l'étude de la dynamique
croissante que connait le secteur des paiements en zone CEMAC à travers
l'étude de la modernisation des moyens de paiement et l'examen des
enjeux qui ont motivé cette migration. Il en ressort que celle-ci s'est
effectuée progressivement au cours des deux dernières
décennies et constitue aujourd'hui un important marché dans la
sous-région. Par ailleurs, nous avons passé en revue le cadre de
lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme de
l'Afrique centrale non seulement sur le plan normatif mais aussi sur le plan
organique.
Cependant, le problème qui fonde notre analyse est
relatif à la question de savoir, quel est l'état des lieux de la
mise en oeuvre des deux enjeux de développement de la
sous-région, en vue de déterminer la nécessité de
leur combinaison.
Rendu à la fin de cette analyse, nous constatons que
tant en ce qui concerne les nouveaux moyens de paiement, qu'en ce qui concerne
la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, occupe des
places essentielles dans le processus de développement de la
sous-région. Seulement, leur cohabitation est rendue
problématique aux vues des nombreux risques auxquels les nouveaux moyens
de paiement exposent les circuits bancaires et financiers. Cependant, il
s'avère important de s'intéresser à l'influence des
nouveaux moyens de paiement sur le dispositif communautaire de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. L'analyse de ces
risques constituera donc notre prochaine étape dans cette
contribution.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 33 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
CHAPITRE 2 : LA MODERNISATION DES MOYENS DE
PAIEMENT
EN ZONE CEMAC : FACTEUR DE FRAGILISATION
DU DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE
BLANCHIMENT
D'ARGENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE
Didi Stéphane 34 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
INTRODUCTION :
Comme toute activité économique, la
modernisation des moyens de paiement comporte des risques. Si elle vient
renforcer l'inclusion financière dans la sous-région Afrique
centrale, il n'en demeure pas moins que sa mise en oeuvre dans le paysage
bancaire et financier de la CEMAC, caractérisé par l'introduction
de nouveaux instruments de paiement, emporte son lot de difficultés,
notamment en ce qui concerne la protection des circuits bancaires et financiers
de la communauté. En effet, la modernisation des moyens de paiement
emporte de nouveaux risques. Non seulement, elle emporte des risques
opérationnels32, mais aussi des risques juridiques ou encore
des risques de fraudes. Mais que ce soit la lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme, ou la modernisation des moyens de
paiement, la cohabitation est plus que nécessaire. Cependant, nous
constatons à l'analyse que cette cohabitation est rendue difficile par
les risques inhérents aux nouveaux moyens de paiement. Ces
défaillances qui fragilisent l'efficacité du dispositif de lutte
contre le blanchiment d'argent et du financement du terrorisme.
Dès lors, il est intéressant de
s'intéresser aux faits de savoir quels sont ces défaillances
? Et comment est-ce que celles-ci contribuent à
amenuiser l'efficacité du dispositif de protection des circuits
financiers de la CEMAC ?
Cette question est intéressante, dans la mesure
où sur un point juridique, son analyse pourra nous conduire à
mettre en lumière les insuffisances du cadre juridique des nouveaux
Moyen de Paiement en Afrique centrale.
L'analyse de cette question nous conduira d'abord à
démontrer la fragilisation du dispositif de protection des circuits
financiers de la CEMAC par les Nouveaux Moyens de paiement Bancaires
(Section 1), Avant de présenter ensuite, les risques
inhérents aux nouveaux moyens de paiement para Bancaires
(Section 2).
32 Probabilité de réalisation d'un
évènement conduisant à une perte, et consécutive
à la défaillance ou à l'inadéquation des personnes,
des systèmes, des procédures ou des évènements
extérieurs. Art.2 Règlement COBAC R2016/04.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 35 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
SECTION 1 : CARTOGRAPHIE DES RISQUES DE BLANCHIMENT
D'ARGENT ET DE FINANCEMENT DU TERRORISME INHERANTS AUX NOUVEAUX MOYENS DE
PAIEMENT BANCAIRES
La modernisation du système de paiement en Afrique
Centrale à favoriser le développement de la Monnaie
électronique. Cette nouvelle forme de monnaie, fruit du maillage entre
la finance et les innovations technologiques, est essentiellement émise,
en zone CEMAC par les Etablissements de crédit.
Cependant, force est de constater que l'introduction de ce
nouveau moyen de paiement bancaire, dont les principaux instruments de
fonctionnement sont les cartes prépayées et le mobile money,
constitue un facteur de risque à l'égard du dispositif
communautaire de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme. Dès lors, il devient intéressant d'analyser tout
d'abord les risques inhérents aux cartes prépayées (P1),
avant d'examiner ceux afférents à l'utilisation du mobile money
(P2).
P1er : LES RISQUES INHÉRENTS AUX CARTES
PRÉPAYÉES
Au terme de l'article 1er du
règlement CEMAC N°02/03/CEMAC/UMAC/CM relatif aux systèmes,
moyens et incidents de paiement en zone CEMAC, la Carte
Prépayée se définit comme « un
ensemble de signaux enregistrés dans une mémoire informatique
incorporée dans une carte nominative fournie par un émetteur
à un porteur ». Dérivée de la carte de
débit, la carte prépayée se distingue de cette
dernière par le fait qu'elle n'est pas liée à un compte
bancaire. C'est un porte-monnaie électronique qui offre la
possibilité à son titulaire d'accéder à des
services tels que las paiements, les transferts d'argent et même des
retraits en espèce auprès des guichets automatiques.
Instrument support de la monnaie électronique, son
introduction et son utilisation dans la sous-région, bien que
guidé par des ambitions de développement, recèle encore
des éléments d'inquiétude sur le plan sécuritaire.
Comme analysé précédemment, l'impact économique de
ce nouvel instrument de paiement dans la zone CEMAC est plus que satisfaisant
et présente un intérêt croissant pour les populations, qui
hier étaient exclu du système bancaire traditionnel. Cependant,
l'analyse de l'impact de son utilisation en en Afrique Centrale, nous a permis
de relever un certain nombre de risque sécuritaire, notamment en
matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
En effet, de par leur nature virtuelle, les Cartes
prépayées constituent d'énormes facteurs de fragilisation
du dispositif de prévention et de répression du blanchiment
d'argent et du financement du terrorisme en zone Cemac et à plusieurs
titres. Ces risques nouveaux, sont des défaillances de nature à
rendre obsolète notre système communautaire de lutte contre le
blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme et son
énumérés ci-après :
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 36 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
+ Le Risque lié à la
présence de plusieurs intermédiaires dans la chaîne de
fonctionnement et de gestion des cartes
Prépayées :
En effet, les la production et le fonctionnement des cartes de
paiement ne font pas l'objet d'une entière maitrise du processus par les
banques. La modernisation des moyens de paiement, si elle présente
beaucoup d'avantages, requiert l'expertise de plusieurs autres actes non
bancaire. A ce titre, nous avons pu constater en Afrique Centrale, à
travers les enquêtes du GABAC que cinq catégories d'acteurs
entraient en jeu dans le fonctionnement des cartes prépayées :
· L'émetteur de la carte, qui
est agréé auprès d'une autorité de contrôle
et endosse la responsabilité vis à vis de cette autorité.
Il est également responsable du bon fonctionnement de la carte vis
à vis des utilisateurs ;
· Le réseau (MASTERCARD, VISA,
UNIONPAY...), qui gère les autorisations de transactions.
L'appartenance de la carte à un réseau permet à celle-ci
d'être acceptée dans les points de vente affiliés au dit
réseau
· Le « Processeur », qui
gère les données relatives aux transactions entre la carte, les
Guichets automatiques de Billets ou les Terminaux de paiements, et les serveurs
de la Banque, à partir de la plateforme monétique de la
banque, et qui est administrée par une autre entreprise
tierce
· Le « Program manager » qui
se charge des aspects liés au marketing, packaging, conformité,
logistique, gestion pratique du produit, services à la clientèle.
Il peut s'agir de banques, d'acteurs sur des marchés
spécialisés, de bureaux de change, de petites
sociétés, etc. ;
· Le distributeur, qui commercialise la
carte et est en contact direct avec la clientèle (buralistes, enseigne
de distribution, commerces de proximité). C'est ainsi qu'il est revenu
au groupe de travail33 qu'Orange Cameroun, bien que sous le
contrôle de la BICEC, émet de la monnaie électronique via
son produit « carte visa orange money » sans que les autorités
de la BEAC ou du GIMAC n'en aient été informées et sans
probablement que les risques de blanchiment d'argent et de financement du
terrorisme inhérents au dit produit n'aient préalablement
été évalués par les deux parties.
Toute cette chaîne d'intermédiaire constituant
à chaque maillon, un risque non maitrisé par les banques
émettrices, qui sont ici seules assujetties aux obligations de vigilance
et de déclaration de soupçons prévu par la
règlementation en matière de lutte anti-blanchiment.
+ Les Risques liés à la faible
formation des employés de ces établissements de crédit
relativement aux questions monétiques :
Le caractère relativement récent de cet
instrument de paiement et même de la monétique en
générale, recèle encore pour beaucoup de banque
émettrice ainsi que pour leurs employés, une certaine
opacité quant- aux spécificités techniques et surtout
à l'égard des procédures de contrôle des
opérations y relatives. Ce qui ne permet pas ces établissements
de crédit, premier rempart du
33 Les nouveaux moyens de paiement face aux défis de la
lutte anti blanchiment et contre le financement du terrorisme dans la zone
CEMAC AOÛT 2017
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 37 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
dispositif d'avoir une bonne maitrise des risques de
blanchiment d'argent et de financement du terrorisme relatifs à cet
instrument, fragilisant ainsi l'efficacité le dispositif sous
régional de protections des circuits bancaires et financier.
? Le Risque de Contrôle et de
Supervision :
En effet, l'absence de la Centralisation des données
relatives aux porteurs des cartes de paiement dans la sous-région ne
favorise pas un contrôle et une supervision efficace du régulateur
communautaire. En effet, comme l'a relevé le Groupe de
travail du Gabac lors de leur enquête sur les cartes
prépayées34, il n'existe aucun moyen de
vérifier le nombre de carte en circulation dans la sous-région,
les informations qu'ils ont pu difficilement obtenir des cartes
prépayées, ne proviennent que des déclarations des
établissements de crédit. Cette situation contribue
à fragiliser le dispositif de lutte anti-blanchiment en zone CEMAC. Car,
il n'existe pas des mécanismes de centralisation des données
relatifs au nombre de cartes prépayées en circulation, encore
moins celles relatives à l'identité des porteurs desdites cartes.
Ce qui rend presque impossible le contrôle par le régulateur, des
dispositions réglementaires telles que le respect des plafonds relatifs
aux instruments de monnaie électroniques, la traçabilité
des opérations ainsi que le contrôle des flux financiers qui
transitent rapidement par ces cartes prépayées. C'est donc
là un risque important pouvant profiter à des organisations
criminelles qui voudraient blanchir des fonds ou financer des activités
terroristes.
Par ailleurs, l'utilisation des cartes prépayées
peut favoriser le financement du terrorisme à travers la facilitation du
déplacement des fonds, d'un pays à un autre35 et tout
ceci sans une réelle possibilité de contrôle. A cet effet,
le Gabac nous révèle dans un de ses rapports produit en 2017, sa
difficulté à pouvoir accéder aux informations relatives
aux cartes prépayées dans la zone CEMAC.
? Les risques liés aux
défaillances technologiques et à sa non maitrise :
En effet, l'activité monétique est fortement
tributaire d'une bonne connexion internet. Cependant, le constat dans la
pratique nous permet de relever de nombreuse défaillance dans le
fonctionnement de cette activité, consécutive à la
qualité médiocre des connexions internet offerte dans la
sous-région, qui se caractérisent par leur manque de constante et
par de multiples interruptions. Cet état de chose constitue ainsi un
risque majeur à l'égard des mesures de lutte contre le
blanchiment et le financement du terrorisme, car les transactions
effectuées sur les guichet et terminaux automatiques, ne sont plus
transmises en temps réel aux structures de contrôle des banques
émettrices. Ce qui amenuise considérablement l'efficacité
du contrôle à priori.
? Le risque lié à la Non
automatisation des processus de contrôle des transactions de cartes
prépayées :
Au cours de nos investigations, il est apparu que les
établissements de crédit n'ont pas toujours la maitrise de la
gestion et du contrôle des flux relatifs aux cartes
prépayées. Ce qui rend difficile
34 Rapport du séminaire sur les NMP face au
défi de la LAB et du FT en Afrique Centrale, p23.
35 Les cartes prépayées sont
généralement affiliées aux divers réseaux
internationaux tels que MASTERCARD, VISA (...), ce qui leurs garanti la
possibilité d'effectuer des opérations aussi bien à partir
du GAB d'une autre banque, que à partir d'un guichet automatique ou d'un
GAB se trouvant dans un autre Pays.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 38 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
les taches de contrôle, au regard du volume des
transactions journalières et de leur rapidité. Le personnel
n'étant pas toujours bien formé à la maitrise des
processus monétiques, l'absence d'automatisation dans le contrôle
de cette activité accentue le risque de fraude et expose les Banques
à des sanctions pour non-respect de la règlementation.
Il est arrivé à titre d'illustration dans une Banque
de la sous-région, que ce soit après chargement d'une carte
prépayée, au-delà du plafond règlementaire, que la
banque découvre qu'elle ne dispose d'aucun moyen pouvant lui permettre
de bloquer les dépassements de chargements des cartes
prépayées.
? Le Risque lié à l'anonymat des
porteurs :
L'anonymat des porteurs constitue également une faille
dans la stratégie de protection des circuits bancaires et financiers de
la zone CEMAC, dans la mesure où, les cartes prépayées
sont des instruments de paiement à qui on assigne une mission
d'inclusion financière. Les clients qui y souscrivent ne disposent
généralement pas de comptes bancaires dans les
établissements émetteurs desdites cartes, échappant de ce
fait aux procédures K.Y.C36, instituées en
règle par ces établissements de crédit pour
l'identification de tout souscripteur de compte bancaire.
Généralement, les porteurs des cartes bancaires
prépayées, remplissent juste un formulaire de souscription et
fournissent juste une copie de leur pièce d'identité.
A cet effet, il a été relevé
par le site la
tribune.fr
que, les attentats de paris du 13 Novembre 2015, n'auraient pas
coûté plus de 30 000 Euros37, et auraient
été financés au travers de cartes bancaires
prépayées, affirme le ministre des Finance français de
l'époque M. Michel SAPIN. En France, le plafond des cartes
prépayées utilisable sans vérification d'identité
s'élève à 2500 Euro et chaque porteur peut en
posséder plusieurs.
Lorsqu'on effectue le parallèle avec la zone CEMAC,
nous pouvons faire le constat selon lequel, la recrudescence des actes
terroristes dans la sous-région et notamment au Cameroun et au Tchad
correspond à la période de vulgarisation des nouveaux instruments
de paiement. C'est donc aussi un risque important en matière de lutte
contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme en zone
CEMAC.
? Le Risque lié à
L'interopérabilité des cartes et l'inter
transférabilité des fonds :
L'interopérabilité des cartes
prépayées, qui se caractérise par l'affiliation
des banques émettrices au réseau EMV
(Europay, Visa, MasterCard) expose le dispositif de lutte
contre le blanchiment de la zone CEMAC. Elle signifie que, Les réseaux
Visa et Mastercard sont interconnectés à l'international et que,
quel que soit le réseau d'appartenance de la carte bancaire, elle doit
être acceptée partout. Cet atout pour les porteurs de cartes
prépayées constitue un risque majeur de blanchiment dans la
mesure où, une carte peut être acheté dans une
zone où les plafonds sont plus élevés que celle de la
CEMAC et être utilisé dans un des Etats de la CEMAC, alors qu'elle
n'obéit pas à la règlementation en vigueur. Ce qui
pourrait par exemple permettre à des criminels, de faire entrer
frauduleusement dans la CEMAC d'énormes sommes d'argents blanchis,
provenant des
36 K.Y.C : Know Your Customer, c'est un sigle qui
fait référence aux diligences devant être effectuées
par les établissements de crédit en vue de la collecte d'un
minimum d'information relatif à l'identification de leurs
clientèle
37 D'après le Michel Sapin, ministre
français de l'Economie et des finances.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 39 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Etats où la règlementation en
matière de lutte-anti blanchiment est plus souple, afin de financer des
activités terroristes.
Par ailleurs, l'intertransferabilité des fonds contenus
dans ces cartes prépayées signifie que la possibilité est
offerte aux porteurs par les banques émettrices de recevoir des
virements d'autres cartes et même des comptes bancaires. Ce qui offre une
possibilité aux criminels de déporter les produits de leurs
activités criminelles sans avoir à être
contrôlé.
? Les risques liés à l'absence de
limitation du nombre de souscription par porteur :
L'une des défaillances du dispositif de protection des
circuits financiers de la CEMAC se trouve dans la liberté laissé
aux usagers de banque, de souscrire autant de carte prépayée que
voulu. Cette situation est de nature à rendre inefficace les mesures de
sécurités règlementaires, à l'instar de
l'instauration des plafonds pour les instruments de paiement. Car il serait
plus que facile de contourner par exemple les limites de chargement
imposé par le régulateur communautaire en souscrivant à
plusieurs cartes prépayé. Ce qui constitue une autre
défaillance du dispositif communautaire de lutte anti blanchiment et du
financement du terrorisme.
P2 : LES RISQUES INHERENTS AU MOBILE MONEY
Le Mobile Money, est l'un des nouveaux moyens de paiement qui
a récemment fait son apparition dans le système bancaire de la
zone CEMAC. Parti du KENYA avec le service M-PESA offert par l'opérateur
de téléphonie mobile SAFRARICOM, ce nouveau moyen de paiement est
considéré comme une innovation africaine dans la finance
mondiale.
Définie comme une valeur monétaire
représentée sous la forme électronique et stocké
dans la mémoire d'un téléphone ou d'un
ordinateur. Le mobile money est une activité encadrée
dans la zone CEMAC, à travers le Règlement n°
01/11-CEMAC/UMAC/CM du 18 septembre 2011, fixant les conditions
d'exercice de l'activité d'émission de monnaie
électronique, ainsi que les rôles des autorités de
régulation et l'Instruction n° 01_GR du 31 octobre 2011 du
Gouverneur de la BEAC, relative à la surveillance des
systèmes de paiement par monnaie électronique.
Principalement utilisé au Cameroun, l'activité
du mobile money a conquis peu à peu conquis la CEMAC, au point
d'être aujourd'hui, le principal instrument de paiement par monnaie
électronique utilisé dans la sous-région.
En effet, une étude menée en 2017 par la
BEAC38, sur l'état de l'utilisation de la monnaie
électronique en Afrique centrale, relève que 95% de la monnaie
électronique en circulation en Afrique Centrale passe par le mobile
money. Par ailleurs, on note également une augmentation des transactions
aussi
38 État des systèmes de paiement par
monnaie électronique dans la Cemac Janvier - Septembre 2017.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 40 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
bien en nombre (passant de 97 836 317 en 2016,
à 203 283 736 de Janvier à Septembre 2017) qu'en
valeur (1 631 milliards de F CFA en 2016 à 3 160 milliards
au 30 septembre 2017).
Ce nouvel instrument de paiement, bien que contribuant
grandement à l'inclusion financière en Afrique
Centrale39, peut-être facteur de plusieurs risques,
constituant ainsi des défaillances pour le dispositif communautaire de
lutte contre le blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Ces
risques sont de divers ordres et détaillés ci-après :
? Le Risque inhérent à la
Concurrence entre les différents opérateurs du secteur
: En effet, le Mobile Money est devenu une activité
à fort potentiel de croissance qui attire divers opérateurs,
institutions bancaires et même des agents de distribution qui veulent
profiter de ce succès commercial. A cet effet, la Concurrence qui en
découle, entraine une course à l'innovation et au
développement de nouveaux en direction de la Clientèle,
destiné à s'arroger toujours plus une part importante du
marché, mais ne tenant pas forcément compte de la
règlementation y afférent en matière de
sécurité et particulièrement de celle relative à la
lutte anti-blanchiment.
Au Cameroun par exemple, la concurrence qui a lieu entre les
trois principaux réseaux de distribution du Mobile Money entraine la
naissance effrénée de nouveaux produits, certes favorables pour
le développement du secteur, mais qui sont porteur de risque de
blanchiment de capitaux et de Financement du Terrorisme. C'est le cas par
exemple du service Mobile Account Connected (MAC), qui est un
service aujourd'hui associé au mobile money au Cameroun et offert aussi
bien par Orange Money que par MTN Mobile
Money.
En effet, le service MAC permet au propriétaire d'un
compte Mobile Money, qui est également titulaire d'un compte bancaire,
de pouvoir retirer de l'argent de son Compte bancaire à partir de son
compte mobile money et Vice Versa. Ce service dans son fonctionnement actuel
est porteur de plusieurs risques de blanchiment de capitaux, dans la mesure
où il constitue un moyen de contournement des règles
établies par le régulateur communautaire en matière de
lutte contre le Blanchiment.
A titre d'illustration, supposons qu'un criminel
ait des fonds issus d'une activité criminelle et qu'il envisage de
dissimuler l'origine desdits fonds. Ce dernier pourrait aisément
souscrive au service MAC, qui lui permettrait d'effectuer
journalièrement des transactions de chargement de son compte bancaire
d'un maximum de FCFA 500 000 par compte, sans devoir à justifier
l'origine de ces fonds. Il apparait clairement que ce nouveau service, fruit
des innovations technologique et de la concurrence commerciale entre les
différents prestataires, permet de contourner les méthodes de
luttes anti-blanchiment s'appuyant sur les guichets bancaires.
Par ailleurs, la combinaison de ce facteur avec la
possibilité offerte à tout individu de devenir super
agent40, constitue un risque supplémentaire.
Car, si nous reprenons l'exemple précédant,
un criminel ayant des fonds à blanchir, et disposant d'un compte
bancaire associé au service MAC, peut très bien devenir super
agent de mobile money, utilisant cet « argent sale » pour recharger
son compte
39 En effet, il ressort du rapport 2017 de la BEAC sur
l'utilisation de la monnaie électronique en Afrique Centrale, que 98% de
la monnaie électronique en circulation dans la zone CEMAC l'est au
travers du mobile money.
40 Grand distributeur du mobile money
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 41 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
de distribution mobile money avant de le
redistribuer à d'autres agent et aux ends user41. Ce qui lui
permettre de passer la première étape du blanchiment d'argent qui
est le « Prélavage.
Ce service qui est proposé par les deux principaux
opérateurs de téléphonie mobile exerçant dans le
Mobile Money au Cameroun, est de nature à amenuiser l'efficacité
de la lutte anti-blanchiment en zone Cemac. En effet, l'obligation de
surveillance et d'identification des relations d'affaire du client ne pesant
que sur l'établissement du crédit, alors que c'est
l'opérateur de téléphonie mobile qui est chargé de
recruter ses partenaires qui seront des distributeurs de la monnaie
électronique de la banque au gros comme au détails, constitue un
risque majeur.
Par ailleurs, on note également le développement
des produits comme la Carte Visa de Orange Money, qui est une
carte prépayée mis à la disposition de ses clients par
l'Opérateur de téléphonie Orange et qui permettait
jusqu'à sa suspension par la COBAC, des transferts d'argent à
l'international en violation de la Règlementation communautaire des
Changes.
? Le Risque lié au recrutement des
partenaires de Distribution :
Sur ce point, il convient de préciser tout d'abord que,
le Mobile Money s'appuie sur un réseau de partenaire indépendant.
Ces partenaires de distribution, qui vont du Super Agent à l'agent de
détail, ne sont pas assujettis au même titre que les
Etablissements de crédit dont ils distribuent la monnaie
électronique. Cet état de fait constitue aussi également
un risque majeur. Supposons encore que, un criminel veuille blanchir le produit
de son activité criminelle. Celui-ci peut aisément se rapprocher
d'un des opérateurs de téléphonie mobile exerçant
dans le mobile money pour y souscrire un contrat de Distribution au travers
d'une activité commerciale apparemment banale, qui lui servirait de
couverture. Ce dernier injecterait des sommes issues de son activité
illicite pour le transformer en Money Electronique, et ainsi procéder au
blanchiment de ces sommes par la vente de cette monnaie électronique.
Cette étape constituerait la première étape du Blanchiment
de capitaux, appelée le prélavage. Ces sommes pourront ensuite
être déposé dans un compte ayant déjà obtenu
un justificatif de l'origine desdits fonds.
? Le risque lié à la Distribution du
Mobile Money :
La possibilité offerte aux Super-agent42 de
distributions de la monnaie électronique de s'approvisionner
mutuellement constitue une défaillance pouvant engendrer des risques de
blanchiment. En effet, si on reprend le même exemple cité plus
haut, on notera qu'il est laissé la possibilité aux super
agents43, dans la chaîne de distribution du produit mobile
money, de pouvoir effectuer des transferts entre eux sans que cela ne fasse
l'objet de l'approbation de l'opérateur de
41 Consommateurs finaux ou de détail du mobile
money
42 Super Agents : Distributeurs du
mobile money
43 Ce sont les membres de la chaine de distribution du
mobile money, partenaires indépendants des opérateurs de
Téléphonie mobile, et chargés de l'approvisionnement des
distributeurs de détails
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 42 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
téléphonie mobile. Cette défaillance dans
la chaîne de distribution constitue une porte ouverte au Blanchiment
d'argent « sale ». Supposons qu'un des Super Agent de mobile money
soit un criminel qui cherche à blanchir le produit de son
activité occulte. Il pourrait aisément, dans le cadre de leurs
échanges de services mutuels, acheter de la monnaie électronique
à un autre super agent pour cause de compte épuisé, en
payant en cash ou par un Dépôt (Cash IN) dans le compte mobile
money de ce dernier, par le biais du produit de son activité criminelle.
Il va par la suite se charger de recycler cet argent au travers de sa
redistribution aux autres agents et Utilisateurs finaux. Ces transferts de gros
distributeurs à un autre échappent aussi bien au contrôle
de la banque qu'à celui effectué par l'opérateur de
téléphonie mobile.
? Le risque lié au contournement des
plafonds par le fractionnement des opérations
En effet, pour éviter que le mobile money ne devienne
un canal de blanchiment des fonds issus d'activité criminelle, la Banque
des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) a fixé des plafonds relatifs aux
différentes transactions pouvant être effectué au travers
de tous instruments faisant usage de la monnaie
électronique44. Cependant on constate très souvent
dans la pratique que les usagers (souvent en complicité avec les
distributeurs)45 contournent les plafonds imposés par le
régulateur communautaire, en fractionnant les montants de leurs
opérations en plusieurs autres opérations. Cette pratique a pour
conséquence de créer des défaillances dans le dispositif
de protection des circuits financiers de la communauté, la rendant ainsi
inefficace.
? Risques liés à
l'authenticité des pièces d'identité des donneurs d'ordre
:
L'un des canons de la lutte contre le Blanchiment de capitaux
en Afrique centrale repose l'identification systématique de la
clientèle. L'activité du Mobile Money ne déroge pas
à la règle. Cependant, cette vérification s'avère
difficile ou du moins inefficace, dans la mesure où on note une absence
de dispositif de vérification de l'authenticité des pièces
d'identité. D'autant plus que chez la plupart des opérateurs du
Mobile Money, il n'est souvent requis du client qu'une copie de leurs
pièces d'identité. Par ailleurs, il arrive que des clients face
souvent usage de fausse identité lors de l'ouverture des comptes.
Ce risque est d'avantage accru lorsqu'on considère que
la base de données sur laquelle repose les identités des
propriétaires de comptes mobile money est calquée sur celui des
abonnés de téléphonie mobile, qui n'est pas du tout
fiable. Cet état de fait est de nature à accroitre la survenance
du risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
? Les Risques de blanchiment d'argent et de
financement du terrorisme liés au déroulement des
opérations :
Ce risque découle de l'exécution des
opérations via mobile money par la clientèle et
s'appréhende sous la forme d'un virement classique ayant une origine ou
une destination criminelle. Bien que des justificatifs réels puissent
être utilisés lors de la souscription, de fausses informations
peuvent également être présentées. De telles
pratiques peuvent notamment servir au recyclage d'argent issu
d'activités criminelles telles que des arnaques ou des escroqueries
à la carte. A titre d'illustration, nous pouvons citer une espèce
relevée du rapport du GABAC, produit en Aout 2017, relatif au
44 Le détail de ces plafonds des instruments de
la monnaie électronique se retrouvent en annexe.
45 Cas du mobile money
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 43 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
blanchiment des capitaux par les Nouveaux Moyens de
Paiement46. Cette espèce, qui fait état d'un cas de
blanchiment d'argent via le mobile money, met en scène, un groupe de
criminel, qui après avoir escroqué des fonds par une arnaque
téléphonique, a procédé au blanchiment de ceux-ci,
par le règlement de plusieurs factures d'électricité et
par la revente des bonus de crédit de communication afférente au
règlement desdites factures.
? Les Risques de contournement des règles
de lutte contre le blanchiment d'argent et de financement du terrorisme via les
transferts internationaux :
Les paiements transfrontaliers peuvent servir à
déplacer des fonds d'origine criminelle de leur juridiction d'origine
vers une autre juridiction plus souple, dans laquelle ils peuvent servir
à d'autres activités criminelles. Cette pratique, rend difficile
la traçabilité desdits fonds, au regard de la rapidité des
échanges et comptes tenu des lourdeurs administratives relatives aux
échanges d'informations et à la coopération
sécuritaire entre les Etats de la sous-région et même en
Afrique.
Par ailleurs, l'évolution des activités des
opérateurs de la téléphonie mobile vers l'émission
de la monnaie électronique au travers des cartes de paiement type
« VISA », pour régler des transactions et
pour retirer des espèces dans les guichets automatiques des banques,
pourrait ouvrir la porte aux transferts internationaux à des fins de
blanchiment d'argent de financement du terrorisme. Sans compter que lesdits
transferts internationaux ne manqueraient pas d'avoir un impact sur les
réserves de change des Etats de la sous-région.
Ces séries de risques, inhérents au à
l'introduction des nouvelles technologies dans le secteur bancaire et
financier, et ayant entrainé, la mise à la disposition de leur
clientèle des nouveaux moyens de paiement par les banques, ont produit
de nombreuses défaillances dans le dispositif communautaire de lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Dès
lors, un autre pan de cette question, relatives aux défaillances du
dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du
terrorisme inhérent à l'introduction de nouveaux moyens de
paiements non bancaires, mérite une analyse particulière.
SECTION 2 : LES RISQUES DE BLANCHIMENT D'ARGENT ET DE
FINANCEMENT DU TERRORISME D'ORIGINE PARA-BANCAIRES
L'Association entre la finance et les nouvelles technologies
dans le monde a eu pour principal effet de favoriser le développement du
Commerce électronique dans le monde avec pour principale incidence dans
le monde de la finance, la création sans cesse croissant de solution de
paiement toujours plus innovantes les unes que les autres. La mise à la
disposition de la clientèle, de ces nouvelles solutions de paiement,
dont la fabrication ainsi que la gestion au quotidien, dépendent
46 Rapport du GABAC, Le blanchiment des capitaux par
les Nouveaux Moyens de Paiement, Aout 2017, p 47.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 44 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
exclusivement d'acteurs non bancaires, loin des avantages
économiques et sociaux à en tirer en zone Cemac, crée
plutôt de nouvelles défaillances à l'égard du
dispositif communautaire de lutte anti-blanchiment et du financement du
terrorisme. Aussi, il convient de d'analyser dans un premier temps, les risques
de blanchiment inhérent aux nouveaux moyens de paiement non bancaires
(P1). Avant d'étudier dans un second temps, les risques de blanchiment
et de financement du terrorisme par les devises numériques (P2).
P1 : LES RISQUES INHERENTS AU BLANCHIMENT PAR LES SERVICES
DE PAIEMENT EN LIGNE
Les Services de paiement en ligne constituent l'un des
Nouveaux Moyens de Paiement mis à la disposition des utilisateurs
d'internet. En effet, de plus en plus de ressortissant de la zone Cemac ont
accès à internet et utilise les services financiers qui y sont
associés. Au rang de ceux-ci, trône le commerce en ligne. Cette
activité qui est novatrice dans la sous-région, bien qu'assez
embryonnaire, gagne de plus en plus de terrain avec le développement des
solutions de paiement qui l'accompagnent. Dès lors, il convient
d'explorer l'état du développement de cette activité dans
le monde et en Afrique Centrale en particulier(A), avant de démontrer
comment cette activité pourrait constituer une défaillance pour
le système communautaire de lutte anti-blanchiment et du financement du
terrorisme en zone CEMAC(B).
Le développement du Commerce électronique a
engendré le besoin de création de nouvelles solutions de
paiement, devant permettre le règlement de transactions
dématérialisées. C'est dans cet ordre d'idées que
des produits tels que : PAYPAL, GOOGLE Wallet, APPLE
PAY, FACEBOOK CREDITS, ALI PAY et bien d'autres ont été
mis à la disposition des « e-acheteurs ».
A. L'EVOLUTION DU COMMERCE ELECTRONIQUE : UN CATALYSEUR
DU BLANCHIMENT DES TRANSACTIONS
D'après l'Encyclopédie en ligne
WIKIPEDIA47 « Le commerce électronique (ou
commerce en ligne, vente en ligne ou à distance, parfois cybercommerce)
est l'échange pécuniaire de biens, de services et d'informations
par l'intermédiaire des réseaux informatiques, notamment
Internet. On emploie également la dénomination anglaise
e-commerce ».
Avec le développement de cette activité dans le
monde au cours de la dernière décennie, (selon une
étude d'E-marketeur, le chiffre d'affaires mondial de
l'e-commerce s'est élevé à 1 915 milliards de dollars en
2016, en hausse de 24% par rapport à 2015. Il pèse donc 8,7% du
total des ventes de détail dans le monde, contre 7,4% un an avant.
L'institut prévoit que l'E-commerce mondial dépassera 4 000
milliards en 2020. Il représentera alors 14,6% du total des ventes de
détail sur la planète) le besoin de créer de nouveaux
moyens de paiement, qui cette fois a été à l'initiative de
nouveaux acteurs, dont les plus
47
https://fr.wikipedia.org/wiki/Commerce_électronique
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 45 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
influents sont regroupés sous l'acronyme de
GAFAM48 s'est très vite posé.
C'est ainsi qu'on a pu noter l'émergence de plusieurs services
de paiement en ligne à l'instar de PayPal49, Google
Wallet50, Facebook Crédits51, Apple
Pay52 , Alipay53 et bien d'autres encore.
Par ailleurs au cours de cette même période, on a
également pu noter l'émergence de très grandes
multinationales spécialisées dans la vente en ligne et dont les
promoteurs sont comptés aujourd'hui au rang des plus grosses fortunes de
la planète. A cet effet on peut citer outre
Amazone54 mentionné plus haut,
Alibaba55, EBay56, qui
sont les géants mondiaux du secteur.
Plus proche de nous en Afrique, nous avons relevé
l'émergence de plusieurs magasins en ligne au cours des dix
dernières années. Les leaders se comptent aussi bien parmi des
nationaux que parmi les multinationales. C'est ainsi qu'on peut citer :
? JUMIA, le site de vente en ligne
fondé au Nigéria en 2012 et qui est à ce jour
présent dans plus de 25 pays Africains57
? C-DISCOUNT, fondé en 1998, ce site
est le numéro un du commerce en ligne en France, et filiale du groupe
CASINO depuis Février 200058.Il est installé depuis
quelques années dans plusieurs pays d'Afrique et envisage de poursuivre
son expansion.
? RUPU, le site de vente en ligne dont
lancé par le suisse RINGIER, est aujourd'hui
présent au KENYA, au SENEGAL, et au GHANA.
48 GAFAM est l'acronyme des
géants du Web, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft qui sont les
cinq grandes firmes américaines (nées dans les dernières
années du XXe siècle ou au début du XXIe siècle,
sauf Microsoft créé en 1975 et Apple en 1976) qui dominent le
marché du numérique1, parfois également nommées les
Big Four, les Big Five, ou encore « The Five ». Cet acronyme
correspond au sigle GAFA initial, auquel le M signifiant Microsoft a
été ajouté.
49 PayPal : PayPal est un service
de paiement en ligne qui permet de payer des achats, de recevoir des paiements,
ou d'envoyer et de recevoir de l'argent. (
Https://fr.wikipedia.org/wiki/PayPal)
50 Google Wallet : Système
de paiement par téléphone mobile proposé par Google1 qui
permet à ses utilisateurs de stocker des cartes de débit, des
cartes de crédit, des cartes de fidélité et des
cartes-cadeaux entre autres.
51 Facebook Crédits :
Monnaie Virtuelle qui permet aux utilisateurs d'effectuer des achats ou de
régler des paiements sur la plateforme Facebook. (
Https://en.wikipedia.org/wiki/facebook_credits)
52 Apple Pay : Solution de
paiement mobile et portemonnaie électronique, permettant de payer
à partir d'un IPhone. (
Https://en.wikipedia.org/wiki/Apple_Pay)
53 Alipay : Service de paiement et
plateforme de paiement mobile qui a été créé en
2004 et qui appartient au groupe Alibaba. Il a surpassé PayPal en 2013,
en devenant la première plateforme mondiale de paiement. (
Https://fr.wikipedia.org/wiki/alipay)
54 Amazon : est une entreprise de
commerce électronique américaine basée à Seattle,
elle est un des géants du Web ou GAFAM.
55 Alibaba: Enterprise chinoise
spécialisée dans le commerce en ligne. Il est aujourd'hui l'un
des leaders mondiaux dans le domaine
56 EBay est une entreprise américaine de
courtage en ligne, connue par son site web de ventes aux enchères du
même nom. Elle a été créée en 1995 par le
Français Pierre Omidyar. Elle est devenue une référence
mondiale dans son secteur et un phénomène de
société
57
http://www.jeuneafrique.com/9106/economie/la-bataille-du-e-commerce-en-afrique-a-commenc/
58
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cdiscount#citenoteCdiscount_solide_dauphin_avec_8,2%_du_march%C3%A9_du_e-commerce-2
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 46 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Selon une étude menée par Google Afrique du
Sud59 « En 2014, le volume des requêtes sur
Internet a augmenté de 49% au Nigeria, de 37% en Afrique du Sud et de
33% au Kenya. (...) l'Afrique et le Moyen-Orient ne représentent 2 % du
commerce en ligne ». Par ailleurs, selon le site internet
237online.com, qui reprends un
article du quotidien de l'économie du 28 Mai 2017 « le
Cameroun qui compte environ 16 Millions d'abonnements
téléphonique, dont 20 habitants sur 100 utilisent internet, et
qui compte au rang des 10 premières destinations des produits du
e-commerce en Afrique ». Le pays a vu naitre au cours de la
dernière décennie, un secteur de l'économie
consacré au E-Commerce et constitué de plusieurs entreprises de
vente en ligne tel que JUMIA, CDISCOUNT, SELLAM Quick et bien d'autres.
C'est fort de ce potentiel que les autorités
camerounaises envisagent de faire du pays, un Hub du E-Commerce en Afrique,
à travers le projet dénommé, Ecom@Africa
par le Ministère des Postes et télécommunication
et soutenu par l'Union Postale Universelle.
Aussi le rapport de l'étude menée par le GABAC
et paru en 2017, relève que le nombre de transactions en ligne
enregistrée par la Société Générale du Congo
est à la hausse et était de l'ordre de 605 paiements en
201560comme matérialisé par le graphique
ci-après.
Cependant, cette euphorie qui se manifeste dans le secteur des
services de paiement et qui s'est matérialisée ces
dernières années en Afrique, par la naissance de plusieurs Start
Up, qui rivalisent d'innovations dans la mise sur pieds des solutions de plus
en plus adaptés, loin d'être essentiellement une manne pour
l'économie et l'emploi, constitue un risque non négligeable en
matière de blanchiment et de financement du terrorisme, car vecteur de
nouvelles formes de blanchiment.
59
https://www.agenceecofin.com/internet/0203-26976-le-e-commerce-effectue-une-percee-en-afrique-selon-une-etude-de-google.
60 Rapport GABAC 2017, les NMP face aux défis de la LCB et
du FT, Août 2017 p32.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 47 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
B. CARTOGRAPHIE DES NOUVELLES FORMES DE BLANCHIMENT DES
CAPITAUX ET DU FINANCEMENT DU TERRORISME PAR LES SERVICES DE PAIEMENT EN LIGNE
:
Le Blanchiment des transactions est la nouvelle forme de
blanchiment d'argent et de financement du terrorisme. Ce nouveau système
s'appuie sur les comptes Marchands légitimes des Commerces
Electroniques, ouverts dans les livres des banques, pour servir de canal de
transition à des transactions inconnues. Ces magasins en ligne finissent
soit par servir de vitrine aux activités criminelles (vente
d'arme, de drogues, de produits de contrebande et
même de pédopornographie...), soit à servir
d'interface pour donner des origines licites à des fonds et transactions
illicites.
Le Blanchiment des transactions est un défi pour tous
les régulateurs et Agences de lutte contre le blanchiment, car
l'utilisation des passerelles que constituent les magasins en lignes, rend
presque indétectable le blanchiment des transactions. Ainsi, plusieurs
cas de blanchiment de transaction peuvent constituer des défaillances
aux systèmes communautaires de lutte contre le blanchiment de la
CEMAC.
CAS N°1 : LE BLANCHIMENT DES TRANSACTIONS SANS
ECHANGE REEL DES
MARCHANDISES
Le Blanchiment des transactions sans échange
réel de marchandise, est l'une des nouvelles méthodes de
contournement des mesures actuelles de prévention et de
répression du blanchiment des capitaux et du financement des actes
terroristes. C'est une méthode qui revêt un danger assez
conséquent, dans la mesure où, elle favorise le recyclage des
fonds issus de la criminalité organisée, par l'usage des voies
légitimes que constituent les comptes marchands des E-commerçants
souscrits auprès des banques. Ce qui constitue un affaiblissement du
dispositif actuel de lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement
du terrorisme.
Avec le développement du commerce électronique,
le Blanchiment des transactions sans échange réel de marchandises
est devenu l'un des moyens les plus couru et le moins détectable pour
passer à travers les mailles des filets des dispositifs LCB et FT du
monde.
Cette méthode se manifeste par le fait pour la
criminalité organisée voulant blanchir des fonds issus
d'activités illégales (trafic de drogue, d'arme, d'êtres
humains, pédopornographie...), de créer des magasins en ligne et
d'y afficher des marchandises fictives, tout en utilisant le compte Marchand de
ce magasin, ouvert dans les livres d'une banque. Ceux-ci utilisent ensuite ces
comptes marchands comme des canaux de transfert de leurs fonds frauduleusement,
du magasin vers le circuit légal des capitaux qu'est la banque, en
camouflant l'origine de ces fonds au travers de la production des faux tickets
de vente de marchandises. Alors qu'en réalité il n'y a eu aucune
transaction.
Ce cas de blanchiment a été
révélé récemment aux USA, où une
enquête du Bureau Fédéral d'Investigation (F.B.I),
démantelait un réseau de financement du terrorisme au travers de
ventes fictives de marchandises sur le site de vente en ligne AMAZON par
l'intermédiaire du service de paiement en ligne PAYPAL. Dans cette
espèce, un pseudo-e-commerçant a été
arrêté pour
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 48 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
financement d'une cellule du groupe terroriste Etat Islamique.
Dans les faits, le mis en cause, avait souscrit à un espace de vente en
ligne sur AMAZONE, où il proposait des appareils électroniques
par la méthode de la vente aux enchères et payable par PAYPAL.
Par la suite d'autres membres du groupe terroriste devaient se faire passer
pour des clients et faire monter les enchères, au point où la
marchandise devait être achetée à des prix astronomiques,
alors que cette marchandise n'existait même pas. Le paiement ainsi
effectué servait à faire entrer de l'argent illégal aux
USA en vue du financement d'actes terroristes. C'est la vente d'une imprimante
enregistrée au prix de 17 000 Dollars l'unité, qui a
attiré l'attention des autorités et a conduit au
démantèlement de la cellule terroriste.
L'Afrique Centrale quant à elle n'est pas à
l'abri de telles pratiques. Des risques similaires, mais alors beaucoup moins
maitrisés, existent dans la sous-région. Lorsqu'on observe par
exemple le développement des magasins en ligne, qui au fil des jours
gagnent des parts importantes de marché, alors même qu'il n'existe
aucune loi qui organise l'accès à cette activité, encore
moins le contrôle de cette activité. Plus près de nous ici,
on a pu observer jusqu'ici toujours impuissamment, le phénomène
des « SKAMMER » qui utilisent des faux magasins en ligne
afin d'attirer des clients de par le monde entier, et d'encaisser leur paiement
sans livraison de la marchandise, puisqu'elle n'existe pas.
CAS N°2 : LE BLANCHIMENT DES TRANSACTIONS ET
LE FINANCEMENT DU
TERRORISME
Le blanchiment des transactions avec échange des
Marchandises, est une autre méthode innovante, trouvée par les
criminelles, pour dissimuler l'origine frauduleuses de leurs fonds. Ici le mode
opératoire est quasiment le même. Il y'a toujours utilisation d'un
magasin en ligne, en vue de se servir du compte marchand comme passerelle pour
introduire l'argent sale dans le circuit légal qu'est le circuit
bancaire. Cependant, contrairement à la méthode
précédente, il y'a échange de marchandises lors de la
transaction. Ici, le blanchiment ne porte pas sur le caractère fictif de
la transaction, mais sur l'origine des marchandises.
A titre d'illustration, le ministre français de
l'économie d'alors, Michel Sapin, affirme en 2015, que les attentats de
CHARLY Hebdo n'avaient pas coûté plus de 8 000 Euro. Il ressortait
des conclusions de l'enquête y relative que Cherif KOACHI, l'auteur de
ces actes terroristes, avait financé cet attentat, par la vente en ligne
des marchandises de contre bande.
Par ailleurs, de nombreux sites de vente en ligne, faisant
partie de ce qu'on a appelé le « DARKNET », effectuent leur
trafic directement au travers de leur magasin en ligne en y vendant des armes,
de la drogue et en faisant des trafics sexuels, d'enfants et mêmes
d'organes humains.
Encore une fois, ce cas de figure nous permet de constater la
vulnérabilité des circuits bancaires et financiers de la zone
CEMAC, face au développement des moyens de paiement.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 49 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
P2 : LES RISQUES LIES AUX DEVISES NUMERIQUES
Les devises numériques sont des moyens de paiement para
bancaires. Elle constitue des facteurs de risque de blanchiment d'argent, mais
surtout de financement de terrorisme non pris en compte par le dispositif
communautaire de la CEMAC. Cependant, quels sont ces devises numériques
et quels sont les nouveaux risques à l'égard de la lutte
anti-blanchiment et contre le financement du terrorisme.
A. PRESENTATION DES CRYPTO-MONNAIES
Les Devises numériques désignent de nouveaux
moyens de paiement, qui sont en fait des monnaies virtuelles communément
appelées Crypto-monnaies, crypto devises ou monnaie cryptographique.
Elles sont classées au rang des Nouveaux Moyens de Paiement para
bancaires dans la mesure où tant leur processus d'émission que
leur contrôle n'émanent pas des banques traditionnelles, bien
qu'il puisse y avoir des interactions lors du dénouement de certaines
opérations effectuées par ces nouveaux outils financiers.
L'Encyclopédie
Wikipédia61 définit les
Crypto-monnaies comme une monnaie numérique utilisable sur un
réseau informatique décentralisé, de pair à pair.
Elle se fonde sur la cryptographie62 et intègre l'utilisateur
dans le processus d'émission et de règlement des transactions.
Apparu en 200963, cette nouvelle forme de monnaie a
depuis lors fait du chemin au point où de nos jours, on en
dénombre plusieurs crypto-devises tels que le BITCOIN,
l'ETHEREUM, le ZEROCOIN, le DARKCOIN, le BYTECOIN et le BLACKCOIN.
Cependant, ce nouveau moyen de paiement, dès son
apparition, pose déjà un problème juridique, notamment
celui de sa nature juridique. C'est ainsi que dans la plupart des Etats du
monde, notamment l'Union européenne, les USA et la Chine, ces monnaies
numériques n'ont aucun cours légal, elles sont
considérées comme des monnaies alternatives et de ce fait font
l'objet d'interdiction. Par contre, certains Etats, comme l'Australie, la
Corée du sud, le Japon, reconnaissent officiellement les crypto-monnaies
à l'instar du Bitcoin, comme des instruments financiers. D'autres comme
le Venezuela sont allez plus loin dans cette reconnaissance en créant la
première crypto devise officielle64.
Si ce nouveau moyen de paiement crée autant de
débat sur la scène internationale, c'est à cause de
l'inadéquation entre la dimension internationale de ces crypto-monnaies,
notamment le BITCOIN,
61
https://www.wikipedia.org/wiki/Cryptomonnaies.
62 La Cryptographie, est une discipline de la
cryptologie s'attachant à protéger la confidentialité,
l'intégrité et l'authenticité des messages
électroniques, en s'aidant souvent des secrets ou clés.
63 La première Crypto-monnaie est apparu en
2009 sous le nom de BITCOIN et était à l'initiative de SATOSHI
NAKAMOTO, de nationalité Japonaise.
64 Le VENEZUELA a annoncé en Décembre
2017, la création d'une crypto monnaie adossée sur les
réserves pétrolière, appelé le pétro, pour
palier à sa grave crise économique et
financière.cf
www.wikipedia.org/petro.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 50 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
les dimensions régionales des cadres juridiques pouvant
les régir. Le G2065 estime par ailleurs que les
crypto-monnaies, de par leur nature décentralisée qui leur permet
d'échapper au contrôle des différents régulateurs,
constitue des sources de plusieurs fléaux parmi lesquels : le
financement du Terrorisme et le Blanchiment de Capitaux.
Par ailleurs, les crypto-monnaies suscitent d'autant plus
d'inquiétudes qu'elles sont de plus en plus prisées et sont
convertibles en des monnaies ayant cours légal. Cette croissance de leur
utilisation, renforce leur valeur au change66, qui est presque
essentiellement manuel et informels. Ce qui facilite la commission des
infractions ci-dessus énumérées.
Au regard de ce qui précède, il convient de se
pencher sur la question de savoir, comment est-ce que les crypto-monnaies,
peuvent contribuer à la commission des infractions tels que la
Blanchiment d'argent et le financement du Terrorisme(B).
B. LES RISQUES DE FRAGILISATION DE LA LUTTE CONTRE LE
BLANCHIMENT D'ARGENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME PAR LES CRYPTO-MONNAIES EN
AFRIQUE CENTRALE
Les devises numériques sont le résultat de la
modernisation des moyens de paiement au plan international. A ce titre, et
compte tenu de la globalisation des échanges, cette nouvelle forme de
paiement constitue un motif d'inquiétude pour le dispositif
communautaire de lutte contre le blanchiment de capitaux et aussi et surtout
à l'égard de la lutte contre le financement du terrorisme en zone
CEMAC, car elle est facteur de plusieurs risques.
En effet, notre analyse nous permet de constater plusieurs
zones de risques que pourraient faire courir l'utilisation des crypto-monnaies.
Celles-ci sont énumérées ci-après :
? Risque Règlementaire :
En effet, comme dans la plupart des Etats du monde, le Bitcoin
en zone CEMAC n'a pas cours légal. Il n'existe ni au plan communautaire,
ni au niveau des Etats membres de la CEMAC, un cadre règlementaire qui
organise l'émission, le contrôle, la supervision, l'utilisation et
le change de ces devises d'un genre nouveau. Pourtant, dans la pratique, on
note un intérêt croissant des populations en faveurs des
transactions en Crypto-monnaies67. Ce déficit de
règlementation constitue déjà un facteur de risque pour la
communauté, dans la mesure où ces crypto-devises, de par leur
nature virtuelle et décentralisée, constitue un canal
alternatif de transactions financières qui échappe ainsi
au contrôle des autorités de supervision. Bien que le
règlement Cemac du 11 Avril 2016 prévoie de nombreux
mécanismes de prévention du financement du terrorisme, cet
instrument juridique ne peut en l'état actuel être efficace, s'il
ne prévoit et ne règlemente les Crypto-devises.
65 Le G20 désigne le groupe de travail et de
réflexion international constitué des 20 pays les plus
industrialisés du Monde, qui a pour objectif de réfléchir
sur les problèmes économiques de la planète.
66 Le Bitcoin enregistre un taux de change de 17 000
Dollar le 17 Décembre 2017.
67 Il est désormais possible d'acheter des
BITCOIN dans les Rues du Cameroun, notamment à l'avenue Kennedy et d'y
procédé au change manuel.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 51 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
? Risque d'Anonymat :
Les crypto-monnaies seraient des points de défaillance
du dispositif communautaire de lutte contre le financement du terrorisme, dans
la mesure où certaines d'entre elles sont anonymes, et n'offrent ainsi
aucune possibilité d'avoir une traçabilité des
transactions effectuées. En effet, il devient assez facile pour les
terroristes voulant déplacer d'énormes sommes d'argent,
d'utiliser le canal des crypto monnaies anonyme afin de financer leurs actes
criminels à travers l'achat des armes, vêtements et
matériels préparatoire de toutes sortes. C'est ainsi par exemple
que le Département américain de la Justice annonçait
qu'une femme du nom de ZOOBIA Shahnaz, résidente de Long Island dans
l'Etat de New-York, à avouer avoir utilisé le Bitcoin et
plusieurs autres devises numériques anonymes pour blanchir environ
85 000$(quatre-vingt-cinq mille Dollars), qu'elle a ensuite
transféré au groupe terroriste Etat Islamique
(ISIS). C'est la plus grande opération de financement du
terrorisme via les devises numériques jamais découvert aux
Etats-Unis. Des usages similaires de ces monnaies virtuelles ont
été recensés en Virginie, à Gaza et en
Indonésie.
Cet état de chose constitue une défaillance de
notre politique communautaire de lutte contre le financement du terrorisme, car
il rend le règlement N°01/CEMAC/UMAC/CM du 11 Avril 2016
portant prévention et répression du Blanchiment de Capitaux et du
Financement du Terrorisme en Afrique Centrale obsolète.
? Risque de Financement Occulte :
Les crypto-monnaies sont des faiblesses pour notre dispositif
de lutte contre le terrorisme, dans la mesure où elle constitue un
système de financement parallèle, caractérisé par
une absence de règlementation et surtout de reconnaissance. Son
utilisation facilite le déplacement anonyme de fonds par les criminels
de par sa nature immatérielle, et à sa capacité à
atteindre des taux de change très élevés.
Aux regards de cas éléments, les crypto-monnaies
peuvent servir aux criminels de moyen frauduleux et efficace de transport de
fonds permettant le contournement, de toutes les mesures de
sécurisations inhérentes aux mouvements de fonds. De telles
pratiques seraient quasiment indétectables pour les autorités,
car il s'effectuera intégralement dans un circuit informel qui
échappe à toute règlementation, à l'instar des
HAWALA. Des individus animés de mauvaises intentions, et qui voudraient
déplacer de grosses quantités d'argent pour le financement de
leurs activités criminelles y trouverais un boulevard pour la
réussite desdites activités. En outre, d'autres il serait
important de noter que plusieurs groupes criminels ont adopté le Bitcoin
comme mode préférentiel de règlement de leurs transactions
criminelles. Combiné au change manuel de cette devise numérique
en devise ayant cours légal, le dispositif communautaire de lutte contre
le blanchiment apparait obsolète.
A titre d'illustration que le site internet
crypto-france.com, nous
apprend dans un de ses articles68, qu' « un colis
piégé adressé à une pharmacie à POSTDAM en
Allemagne, était accompagné d'une demande de rançon de 10
millions d'euros, payable en BITCOINS à son adresse
». Par ailleurs, le site d'information
leparisien.fr
relève aussi dans un de ses articles sur la question69,
que « les auteurs des cyberattaques mondiales lancées
le 12 Mai 2017, exigeaient le versement des rançons en Bitcoin. En
effet, des hackeurs s'étaient introduit dans des systèmes
informatiques de plusieurs
68 Les demandes de rançon en plein essor,
crypto-France.com.
69 Cyberattaque : la rançon en Bitcoin,
garantie d'anonymat,
www.leparisien.fr
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 52 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
entreprises internationales réparties dans
150 pays, et y ont pris le contrôle au travers du logiciel espion
`'WannaCry» qui cryptait les données desdites entreprises et les
rendaient ainsi inaccessibles. Les écrans de milliers d'ordinateurs
infectés, affichaient des liens qui permettaient d'acheter des Bitcoin,
et une adresse où envoyer la rançon contre les décryptages
des données desdites entreprises. »
Ces différents exemples nous montrent comment les
crypto-devises peuvent amenuiser l'efficacité de la lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme car elles constituent
un circuit alternatif de paiement qui échappe totalement au
contrôle du dispositif communautaire actuel régulateur. Ils
viennent même remettre en cause les différentes mesures de
sécurisation adoptées et intégrées par le
dispositif actuel pour la maitrise du risque de change. Car désormais
d'énormes sommes d'argent peuvent être déplacées
sans aucune traçabilité. Chose qui est d'autant plus
inquiétante pour la zone CEMAC, que le CAMEROUN et le TCHAD sont en
proie ces dix dernières années à des menaces
terroristes.
? Risque de change :
La zone CEMAC, à travers Le règlement
N°02/00/CEMAC/UMAC portant harmonisation de la règlementation des
changes dans les Etats membres de l'Afrique centrale, a adopté des
mesures de protection du système financier, contre les mouvements
anormaux de fonds. A cet effet, elle a fixé des seuils de transfert de
fonds, au-delà desquels les fonds ne peuvent être
transférés sans justification.
Cependant, l'avènement des devises numériques,
entraîne la fragilisation et même l'inefficacité du
dispositif communautaire de sécurisation des circuits bancaires et
financiers. Car dorénavant, les transferts de fonds non justifiés
peuvent se faire par le billet de l'achat et de la vente des Bitcoin, à
l'insu des autorités de contrôle, de supervision et des acteurs
opérationnels.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 53 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
CONCLUSION :
Rendu aux termes de ce deuxième chapitre
consacré à l'étude des facteurs de fragilisation de la
lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, il
serait intéressant de rappeler que la question qui soutenait notre
analyse était celle de savoir comment est-ce que la modernisation des
moyens de paiement en Afrique Centrale contribue à amenuiser
l'efficacité du dispositif de protection des circuits financiers de la
CEMAC ?
La réponse à cette question nous a conduits tout
d'abord à l'analyse des facteurs de fragilisation du dispositif de LCB
et FT de l'Afrique centrale par l'introduction des nouveaux moyens et
instruments de paiements bancaires (les cartes prépayées et le
mobile Money).
Ensuite nous avons fait l'étude de l'impact de
l'utilisation des nouveaux instruments de paiement para bancaire. Ces nouveaux
moyens de paiement ne sont pas introduits et gérés
entièrement par les établissements de crédit, mais ayant
un impact direct sur l'efficacité du dispositif de lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement des terrorismes (Les Crypto
monnaies, et les services de paiement en lignes).
Cette double analyse de l'impact de l'utilisation des nouveaux
moyens de paiement sur le dispositif LCB et du FT, nous a permis de constater
que la cohabitation entre ces deux impératifs est nécessaire.
Cependant cette cohabitation ne sera efficace qu'à travers un
aménagement d'un ensemble de solutions destinées à trouver
le juste équilibre entre le développement des échanges
offerts par l'utilisation des nouveaux moyens de paiement et l'impératif
de sécurisation des circuits bancaires et financiers de l'Afrique
centrale.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 54 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
DEUXIEME PARTIE : NECESSITE D'ADAPTATION DU
DISPOSITIF DE NORMES ANTI BLANCHIMENT ET DU FINANCEMENT
DU TERRORISME POUR UNE MEILLEURE PROTECTION DU SYSTEME BANCAIRE ET FINANCIER
EN
ZONE CEMAC
Cette partie sera consacrée à la
présentation des mesures d'amélioration du dispositif
communautaire de lutte contre le blanchiment à travers le renforcement
de la supervision des nouveaux moyens de paiement (Chapitre
1er), et à travers l'amélioration des
capacités des acteurs opérationnels. (Chapitre
2).
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
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Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
CHAPITRE 3 : LA CONSOLIDATION DES ORGANES
DE
SUPERVISION ET DE CONTRONTROLE A L'ERE DES MOYENS
DE PAIEMENTS
MODERNES
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
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Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
INTRODUCTION :
La protection des circuits bancaires et financiers dans la
sous-région CEMAC a été très sérieusement
mise à mal depuis l'intégration des nouveaux moyens de paiement.
En effet, le dispositif communautaire s'est avéré obsolète
et à l'analyse, présente de nombreuses limites à
l'accomplissement de cette mission en Afrique Centrale.
Dès lors, un examen plus accru de la situation nous
impose de s'interroger sur les voies et moyens d'adaptation du dispositif
communautaire de protection des circuits bancaires et financiers de la CEMAC,
à l'environnement des nouveaux moyens de paiement. Autrement dit, quels
sont les moyens de renforcement du dispositif communautaire de lutte contre le
blanchiment et du financement du terrorisme de la zone CEMAC ?
Cette question est importante, car elle revêt un
intérêt juridique du fait de l'amélioration du cadre
juridique de la supervision de cette lutte qui s'avère insuffisante
à ce jour. Cependant, elle est aussi intéressante sur un plan
économique, car une cohabitation entre les nouveaux moyens de paiement
et le dispositif communautaire de protection des circuits bancaire et financier
est nécessaire.
L'analyse de cette question nous impose de nous pencher dans
un premier temps sur les moyens d'amélioration du cadre
règlementaire de la supervision de la lutte anti-blanchiment et du
financement du terrorisme (Section 1ère),
avant d'examiner ensuite les moyens de consolidation des capacités des
acteurs opérationnels (Section 2).
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 57 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Section 1ère : L'AMELIORATION DE LA
REGLEMENTATION COMMUNAUTAIRE
L'un des piliers du dispositif du communautaire de protection
des circuits bancaires et financiers est constitué par le cadre
règlementaire. Cependant, face à la modernisation des moyens de
paiement et à la lumière des risques de blanchiment
inhérents au nécessaire développement des Nouveaux Moyens
de Paiement, il est apparu nécessaire de proposer des solutions en vue
de son amélioration. Ainsi, nous évoquerons la
nécessité du renforcement du cadre règlementaire de la
lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (P1er),
avant d'aborder le nécessaire encadrement des devises virtuelles en zone
CEMAC (P2).
P1ER : L'AMELIORATION DU CADRE JURIDIQUE DU DISPOSITIF DE
LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT D'ARGENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME
Dans le but d'améliorer le dispositif de protection des
circuits financiers de la zone CEMAC, il nous est apparu important de proposer
une amélioration du cadre règlementaire, qui au contact des
nouveaux moyens de paiement, connait de nombreuses failles qui la rendent
obsolète.
A. L'EXTENSION DE L'OBLIGATION DE VIGILANCE ET DE
DÉCLARATION, AUX ACTIVITÉS EN LIGNE :
L'apparition récente des activités telles que
les Casinos en ligne, les boutiques de E-commerce, et les sites de pari
sportif, sont là des activités porteuses de nombreux risques
en termes de blanchiment d'argent, et contribuent à rendre
obsolète le cadre juridique communautaire en la matière.
En effet, ces activités qui connaissent du fait des
innovations technologiques, une dématérialisation dans leur mode
de fonctionnement, ne sont effectivement pas pris en compte par le dispositif
actuel de lutte anti-blanchiment de la sous-région. Cet état de
fait est de nature à constituer des défaillances.
La mise à jour du cadre législatif en
matière de prévention et de répression du blanchiment
d'argent en vue de l'extension de l'obligation de vigilance et de
déclaration à ces autres manipulateurs de fonds «
oubliés », sera de nature à améliorer
l'efficacité du dispositif de protections de circuits de paiement de la
CEMAC.
A titre d'illustration, le législateur français,
à travers une loi adoptée en 201070 prévoit un
ensemble d'obligations à satisfaire aussi bien par les entreprises
sollicitant des agréments pour les jeux de hasard ou d'argent en ligne,
que par celles exerçant déjà dans les jeux en ligne. A cet
effet, au moment
70 Loi française du 12 mai 2010, relative
à l'ouverture à la concurrence et à la régulation
du secteur des jeux d'argent et de hasard en ligne.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
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dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
de la demande d'agrément,
l'article 18 prévoit que : « l'Entreprise sollicitant
un agrément [...] justifie de sa capacité à assumer ses
obligations en matière de lutte contre les activités
frauduleuses, notamment le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme
».
Après l'obtention de
l'agrément, le dispositif de lutte contre le blanchiment
de ces entreprises doit être certifié et annuellement
actualisé.
Une telle loi serait souhaitable dans la sous-région
Afrique centrale, à l'aune de l'émergence des sites de pari
sportif en ligne (
1XBet.com,
Bet Momo, Premier Game...) où il n'existe pas de
disposition règlementaire destinée au contrôle des
paiements qui sont effectués presque essentiellement en monnaie
électronique. Par ailleurs, en l'état actuel des choses, il
demeure difficile de pouvoir identifier les parieurs en ligne, car les mesures
d'identifications ne sont que très légèrement
appliquées71.
Aussi, on pourrait également souhaiter la
création d'une autorité de régulation des entreprises de
jeux en ligne comme en France72, qui se chargera de superviser la
conformité de ces dernières avec la règlementation.
B. L'ENCADREMENT JURIDIQUE DES DEVISES
NUMÉRIQUES (CRYPTOMONNAIES)
Aux vues des énormes risques de blanchiments
liés à l'utilisation des cryptomonnaies dans l'espace commercial
communautaire, alors même que ces devises numériques ne
bénéficient pas d'une reconnaissance officielle dans la
sous-région, il nous est apparu essentiel de proposer la création
d'un cadre règlementaire relatif aux cryptomonnaies, afin de pouvoir
contrôler les flux de transactions effectuées et de pouvoir
identifier des responsables en cas de fraude.
Le vide juridique crée une sorte de « no man's
Land » qui profite beaucoup plus aux adeptes de la criminalité
financière, qu'à la protection des circuits bancaires et
financiers de la CEMAC. L'exemple des pays comme le Japon ou la Corée du
sud, permet d'apprécier les effets positifs de l'encadrement juridique
d'une cryptomonnaie comme le Bitcoin. En effet, dans ces pays, il est
fait obligation aux plateformes d'échange et de vente des cryptomonnaies
de procéder systématiquement à l'identification de tout
souscripteur en vue de mitiger les risques en cas de fraude.
C. LA LIMITATION RÈGLEMENTAIRE DU NOMBRE DE
SOUSCRIPTION DE CARTES PREPAYEES PAR PORTEUR
71 Rendu sur le site de pari sportif
1Xbet.com, il vous est juste exigé
un numéro de téléphone pour l'inscription par
téléphone, le nom, prénom, email et mot de passe pour
l'inscription par mail, ou alors le ralliement de votre compte de réseau
social à ce site. Il est donc clair que ces différentes
procédures sont facilement contournables en cas de fraude.
72 Arjel : Autorité de
Régulation des jeux en ligne crée le 12 mai 2010, elle est une
autorité administrative indépendante chargée de
réguler le secteur du jeu d'argent sur internet en France.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
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Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Dans le but de mitiger le risque de contournement des plafonds
lié au fractionnement des opérations, il s'avère important
de procéder à la limitation règlementaire du nombre de
cartes prépayées pouvant être souscrites par un usager de
banque.
Cette mesure, consistera à consacrer cette interdiction
dans un texte règlementaire, qui va de fait s'imposer aux banques. Ce
qui conduira à limiter les défaillances du dispositif
communautaire de protection des circuits bancaires et financiers.
P2 : AMELIORATION DE LA REGLEMENTATION EN MATIERE DE
NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT
Relativement aux risques évoqués plus haut, il
nous est apparu plus qu'important de proposer l'amélioration du cadre
règlementaire sous régional des moyens de paiement en
général, afin de mitiger les risques de blanchiment d'argent et
de financement du terrorisme. Cette amélioration s'articulerait autour
des points suivants :
A. Pour le Mobile Money :
Nous avons évoqué plus haut au rang des
défaillances de dispositif communautaire, l'insuffisance de la
règlementation, caractérisée par une règlementation
se limitant à décrire les grands principes en matière de
mobile money, créant ainsi un flou au niveau de la responsabilité
des différents acteurs. L'amélioration de la
règlementation du Mobile Money devra donc intégrer, comme le
prescrit le GABAC73, les points suivants
:
? Pour les risques liés à la
clientèle : un ensemble de mesure peut être
adopté en vue de pallier à ce risque. Il s'agit de :
? Développer pour les transactions de personne
à personne, des mécanismes de surveillance en temps réels,
en vue d'une meilleure identification des émetteurs et des destinataires
des transactions électroniques.
? Mettre en place des plafonds relatifs au nombre limite
des comptes pouvant être souscrits par un abonné, ainsi qu'au
nombre maximum des transactions et des transferts pouvant être
réalisés sur une certaine période de temps par
utilisateurs et par comptes ,
·
? La surveillance des transactions visant à
détecter toutes séquences d'opérations suspectes (de
manière similaire aux systèmes de LAB/CFT utilisés par les
banques et les systèmes de détection des fraudes utilisés
par les opérateurs de téléphonie mobile)
Les limites imposées obligeraient les criminels et
terroristes à fractionner leurs opérations, les rendant ainsi
plus susceptibles d'être détectés par le système
,
·
? Pour les risques liés aux
commerçants : prescrire des procédures de
vérification approfondies au début et en cours de relation dans
le but de réduire le risque jusqu'à un niveau faible. Le but
étant d'éviter que des commerçants utilisent leur
activité pour servir de couverture pour leur activité criminelle,
et utiliser ensuite les canaux du mobile money pour blanchir le butin de leur
activité criminelle.
73Rapport GABAC, Les nouveaux moyens de paiement face
aux défis de la lutte anti blanchiment et contre le financement du
terrorisme dans la zone CEMAC AOÛT 2017, P53.
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financement du terrorisme en zone CEMAC
? Pour les risques liés aux agents,
intermédiaires et partenaires de détail :
mettre en place des procédures de vérification approfondies au
début et en cours de relation ainsi qu'une surveillance continue du
respect des obligations. Par ailleurs, rendre obligatoire de façon
périodique, la formation et la sensibilisation des acteurs de la chaine
de distribution du mobile money en matière de prévention et de
détection de la fraude en général, et du blanchiment
d'argent en particulier.
B. Pour Le Commerce Electronique :
Le commerce électronique étant l'une des
principales niches du blanchiment d'argent sale, il conviendrait de prendre des
mesures appropriées afin de mitiger tous les risques inhérents
à ce secteur. Son développement rapide, combiné à
l'écosystème des nouveaux moyens de paiement et au vide juridique
observé au niveau communautaire dans l'encadrement de ce secteur,
constituent des opportunités inespérées pour les criminels
financiers du monde entier. Si rien n'est fait, la sous-région connaitra
un afflux de criminel économiques, qui transfèrerons leurs
activités de blanchiment dans la sous-région afin de
bénéficier des défaillances sus citées.
La solution au niveau communautaire, consisterait à
mettre sur pied dans chaque Etat membre, un cadre règlementaire
destiné à régir l'établissement des boutiques en
ligne, mais aussi prévoyant des contrôles de cette activité
(par exemple : la tenue des livres comptables).
Section 2 : DU RENFORCEMENT DES CAPACITES DE
SUPERVISION DES NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT DANS LA ZONE CEMAC
L'Amélioration des capacités de supervision en
zone CEMAC passe non seulement par le renforcement des ressources humaines des
organes communautaires de supervision(P1er), mais aussi par la
création d'institutions supplémentaires innovantes
(P2).
P1ER : LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS HUMAINES
L'une des défaillances au dispositif de
sécurisation des circuits bancaires et financiers de la zone CEMAC
relevées est l'insuffisance des ressources humaines affectées
à la supervision des nouveaux moyens de paiement. La commission bancaire
de l'Afrique centrale (COBAC) qui assure la supervision des nouveaux moyens de
paiement ne dispose que d'un effectif de quinze (15) employés. Ce qui
s'avère plus qu'insuffisant pour l'accomplissement des missions à
elle assignées. A titre d'illustration, la COBAC devrait effectuer au
moins un contrôle sur place, annuellement dans chaque
établissement de crédit de la sous-région. Cependant rien
qu'au Cameroun, elle est chargée de la supervision de 15 banques et de
près de 400 Etablissements de Microfinances (EMF). Ce qui ne lui laisse
pas la possibilité d'assurer un contrôle effectif et surtout
efficace. (Contrôle des plafonds, de la fidélité de
l'information financière...).
Il serait donc indispensable de procéder au
renforcement des effectifs afin de pouvoir combler le gap des contrôles
et d'aboutir à des résultats plus efficaces. A titre
d'illustration, La Financial Crime
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Enforcement Network (FINCEN)74 comptait en 2013,
340 employés75. Le TRACFIN76 quant à lui
disposait d'un effectif de 151 agents en 201777. Il apparait plus
que nécessaire que la COBAC procède au renforcement de ses
effectifs, aussi bien quantitativement que qualitativement.
P2 : LA CRÉATION D'UN OBSERVATOIRE POUR LA
SUPERVISION DES CARTES BANCAIRES
La conduite de cette étude nous a permis de constater
l'opacité qui règne dans la supervision des nouveaux moyens de
paiement en zone CEMAC. A titre d'illustration, l'étude menée par
le GABAC en 2017, fait état de ce que les banques n'ont pas fourni
l'intégralité de l'information relative aux cartes bancaires et
au mobile money. Le régulateur ne disposant pas de moyens de
contrôle des chiffres fournis, le rapport d'étude n'a porté
que sur les allégations de ces trois banques camerounaises.
Cette situation ne favorise pas l'efficacité des
contrôles des nouveaux moyens de paiement. Car le régulateur ne
maitrise pas le nombre de carte en circulation, la quantité de monnaies
électronique qui y transite, et l'identité des porteurs. Aussi,
elle ne favorise également pas la prise des mesures adéquates
destinées à la prévention des fraudes au travers de
l'utilisation des nouveaux instruments de paiement en zone CEMAC.
L'adoption d'une solution allant dans le sens de celle
adoptée par la Banque de France, qui a créée en
201678, un Observatoire Nationale pour les Moyens de
paiement (OSMP) qui est une instance destinée à favoriser
l'échange d'information et la concertation entre toutes les parties
concernées (consommateurs, commerçants, entreprises,
administration, banques et gestionnaires des moyens de
paiement).
Ses principales missions consistent entre autres à
suivre les mesures de sécurisation entreprises par les émetteurs
de cartes bancaires, établir des statistiques de la fraude, et assurer
la veille technologique en matière de moyens de paiement avec pour objet
de proposer des moyens de lutter contre la fraude. Elle est constituée
de 42 membres dont des représentants des émetteurs, des
Commerçants, des associations de consommateur, des administrations en
charge de la régulation (Banque de France, ACPR79), un
député, un sénateur, des représentants des
ministères de la justice, de l'intérieur et de la défense.
Cette équipe pluridisciplinaire composée aussi bien
d'utilisateurs des moyens de paiement,
74 FINCEN : qui est l'organisme de régulation
et de supervision de la lutte contre le blanchiment des capitaux aux
Etats-Unis.
75
www.wikipédia.org/wiki/Financial_Crime_Enforcement_Network
76 TRACFIN : Traitement du renseignement et action
contre les circuits financiers clandestins, c'est la cellule française
en charge de renseignement financier. Elle a été
créée en 1990 et est chargée de la coordination et de la
supervision de la lutte anti-blanchiment.
77
www.wikipédia.org/wiki/TRACFIN
78 L'OSMP est créée en 2016 par la
Loi n°2016-1691 du 9décembre 2016, en remplacement de
l'Observatoire pour la sécurité des cartes de paiement.
79 ACPR : l'Agence du contrôle Prudentiel et
de la Règlementation est l'organisme français en charge de la
supervision du secteur bancaire. Elle est chargée non seulement de
contrôler le fonctionnement des établissements de crédits,
adopte également des règlements en vue d'encadrer le secteur.
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des acquéreurs, des émetteurs, des
régulateurs du secteur, des responsables de la sécurité
publique, ainsi que des parlementaires, est un atout pour une supervision
efficace des Nouveaux moyens de paiement en général et des cartes
prépayées en particulier.
La transposition d'une telle solution dans les Etats de la
zone CEMAC serait de nature à améliorer considérablement
l'efficacité de la supervision des Nouveaux Moyens de Paiement.
Notamment en ce qui concerne l'émission et la gestion des cartes
prépayées qui reste dominé par une certaine
opacité, et les autres moyens de paiement para bancaires, qui ne font
pas encore l'objet de règlementation en zone CEMAC, à ce jour.
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financement du terrorisme en zone CEMAC
CONCLUSION :
Aux termes de cette analyse, nous constatons que la
supervision de la protection des circuits bancaires est un des points
essentiels de la lutte anti blanchiment et du financement du terrorisme en
Afrique Centrale, car en l'état actuel des choses, le dispositif LCB et
du FT s'appuie principalement sur le secteur bancaire. Le renforcement des
différentes institutions qui en assurent la supervision, constitue une
des solutions destinées au renforcement de l'efficacité de la LCB
et du FT en zone CEMAC. La question de fond qui soutenait notre analyse
était celle de savoir quels sont les moyens de renforcement du
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment et du financement du
terrorisme de la zone CEMAC au regard de la fragilisation apportée par
la modernisation des moyens et systèmes de paiements ?
Pour y répondre, nous avons d'abord fait des
propositions de solutions destinées à l'amélioration
règlementaire aussi bien du dispositif de LCB, que celui du FT.
Ensuite, nous avons examiné les pistes de solutions
relatives au renforcement des institutions de supervision communautaires des
NMP et de la LCB et du FT
Cependant, il serait incomplet de ne se limiter qu'à
des solutions règlementaires et institutionnelles ne visant que le
renforcement des acteurs de supervision. Il importe de s'intéresser
aussi à des solutions destinées au renforcement des acteurs
opérationnels.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
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le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
CHAPITRE 4 : RENFORCEMENT DES ACTEURS
OPERATIONNELS
ET AMELIORATION DE L'EFFICACITE DE LA
PROTECTION DES CIRCUITS BANCAIRES ET
FINANCIERS DE
LA ZONE CEMAC
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
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financement du terrorisme en zone CEMAC
INTRODUCTION
La cohabitation entre les moyens et instruments de paiement
modernes et le dispositif de protection des circuits bancaires et financiers de
l'Afrique centrale est une nécessité indéniable. Au moment
où on observe une orientation quasi générale des
établissements de crédits vers les services bancaires et
financiers dématérialisé, il importe de
s'inquiéter, au regard des risques de Blanchiment de capitaux et du
financement du Terrorisme engendré par les NMP et exposés dans
les chapitres précédents. Il serait donc intéressant de
s'interroger sur le fait de savoir quelles sont les solutions pouvant permettre
de renforcer les capacités des acteurs opérationnels de la LCB et
du FT, dans le cadre de la cohabitation entre les NMP et les mécanismes
de Lutte contre le Blanchiment du Financement du Terrorisme ?
Cette question est intéressante, car les banques, les
magistrats et les officiers de police judiciaire sont en première ligne
de la LCB et FT. L'amélioration de leurs capacités respectives
dans cette lutte, favorisera une plus grande efficacité tant en ce qui
concerne la prévention qu'en ce qui concerne la répression du
blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme.
La réponse à cette question nous impose dans un
premier temps, de l'amélioration des capacités des
établissements de crédit (P1), avant d'analyser dans un second
temps, le renforcement répressif de la LCB et du FT (P2).
SECTION 1ere : AMELIORATION DES CAPACITES DES
ETABLISSEMENTS DE CREDIT
Le renforcement des capacités des établissements
de crédits, en tant que acteurs centraux du dispositif de lutte contre
le blanchiment d'argent et du financement du terrorisme, se décline
aussi bien à travers une meilleure maitrise de la chaîne de
production et de distribution des Nouveaux Moyens de Paiements
(P1er), que par le renforcement du
contrôle interne des acteurs opérationnels
(P2).
P1er : RENFORCEMENT DE LA SÉCURITÉ DE LA
CHAINE DE PRODUCTION DES CARTES PRÉPAYÉES.
Dans le but de réduction à leur plus simple
expression des risques de blanchiment d'argent et financement du terrorisme, il
s'avère essentiel de renforcer les capacités
opérationnelles des acteurs centraux que représentent les
établissements bancaires, notamment sur le plan de l'amélioration
de
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financement du terrorisme en zone CEMAC
leur capacité à maitriser la
sécurité dans l'émission et la distribution des nouveaux
moyens de paiement.
En effet, l'émission de la monnaie électronique
en Afrique Centrale est dévolue exclusivement aux institutions
bancaires. Cependant ces dernières n'ont pas l'entière maitrise
du circuit de production et de distribution de ces nouveaux moyens de paiement.
Ce qui constitue des défaillances au dispositif communautaire de
protection des circuits financiers de la sous-région comme exposé
précédemment.
Ainsi, il apparait important pour les Banques, de prendre
certaines mesures afin de mieux maitriser les risques de blanchiment et de
financement du terrorisme. Il s'agit pour l'essentiel de :
A. LA REDUCTION DES INTERMEDIARES DANS LES CHAINES
DE
PRODUCTION :
La réduction des intermédiaires dans la chaine
de production s'entend de la réduction du nombre de tâches
externalisées dans la conception des instruments de paiement. L'objectif
étant pour les banques d'aller progressivement vers une production quasi
autonome des cartes prépayées et de pouvoir étendre ses
mesures de contrôle interne, sur la chaine de production de ces
instruments. Elle pourrait se traduire par la création de centre de
recherche et de développement et par des investissements dans
l'acquisition des technologies et des ressources humaines qualifiées, en
vue de l'atteinte de cet objectif.
Cette mesure déjà été
adoptée par certaines banques de la sous-région comme AFRILAND
FIRST BANK, qui se chargent désormais de la production physique des
cartes qu'elle distribue à ces clients.
B. L'ADOPTION D'UNE MEILLEURE POLITIQUE DANS LA CHAINE
DE DISTRIBUTION DES CARTES PREPAYES :
L'adoption d'une meilleure politique dans la chaine de
distribution viserait deux principaux objectifs :
D'abord, elle concerne les procédures de manipulation
des cartes en interne, qui ne sont pas toujours conçues de sorte
à éviter des fraudes. C'est ainsi que lors de nos recherches,
nous avons pu constater que des stagiaires étaient autorisés
à manipuler des cartes déjà souscrites par des clients.
Par ailleurs, dans certains cas, bien que prévue par les
procédures et la règlementation, nous avons pu constater qu'il
n'y avait pas séparation des pouvoirs. De telles pratiques exposent
considérablement à des fraudes et à des risques de
blanchiment. Il convient donc pour les banques, d'être rigoureux dans la
logistique interne pour la distribution des cartes.
Ensuite, elle se rapporte à la distribution
extérieure des cartes prépayées dans des commerces autres
que les unités des banques émettrices. Il serait important pour
les banques de pouvoir introduire dans leurs contrats de distribution de ces
nouveaux instruments de paiement, un droit de regard sur les activités
du distributeur, notamment en ce qui concerne les mesures tendant à
l'identification de la clientèle et au respect des plafonds.
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financement du terrorisme en zone CEMAC
C. L'ADOPTION DES MEILLEURES TECHNOLOGIES LIMITATIVES
DE
LA FRAUDE
L'adoption des meilleures technologiques limitatives de
fraudes serait une solution destinée à améliorer la
sécurité de cartes prépayées. A ce titre, nous
avons par exemple :
1. La Certification des Processus
Monétiques :
Elle consiste à faire vérifier la
qualité et la sécurité de son système
d'émission et de gestion de carte, par des experts en monétiques
afin de garantir la conformité de son système et ainsi
réduire les risques de fraudes et de défaillance du
système.
En effet, comme dans le célèbre cas de la
fraude survenu à la BGFI GABON80, les fraudeurs avaient
utilisé le canal des cartes prépayées moins
sécurisées à l'époque des faits, pour
détourner près de 1,9 milliards de FCFA. Depuis cette affaire, la
banque a adopté plusieurs réformes en vue de palier à ses
défaillances sécuritaires, parmi lesquelles la Certification de
son système monétique par le programme de mise à niveau
PCI DSS81
2. La généralisation des technologies de
prévention de fraude :
La généralisation de tels
procédés de sécurité à l'instar de
visa 3D secure82 et de
Mastercard Secure Code83 dans la mise à
disposition des cartes prépayées à la clientèle,
réduira considérablement les risques de fraude lié aux
vols de cartes, et par conséquent, favorisera plus d'efficacité
dans la lutte contre le blanchiment d'argent « sale ».
3. L'Adoption des cartes à codes crypto-dynamique
:
Les cartes à code crypto-dynamique sont des cartes qui
génèrent des codes cryptés à usage unique, pour
chaque transaction effectuée. Elle apporte son lot d'innovation en ce
qu'elle favorise plus de sécurité dans les transactions de
paiement en lignes ou dans les opérations sur GAB, en limitant les
risques de se faire voler son code.
80 BGFI : Banque Gabono Francaise d'Investissement est
la 1ère banque d'Afrique Centrale.
81 Le PCI DSS est la norme de
sécurité de l'industrie des cartes de paiement (Payments Card
Industry Data Security Standard ou PCI DSS) c'est un standard de
sécurité des données pour les principaux groupes de cartes
de paiement tels que Visa, MasterCard, American Express, Discover Card et JCB.
Cette procédure passe au peigne fin près de 900 points de
contrôle des systèmes monétique des banques afin de
garantir sa
sécurité.
www.wikipedia.org/wiki/PCIDSS.
82 Technologie de sécurisation des paiements
par carte introduite par VISA, et basée sur la triple validation
(Carte-code-validation de la banque)
83 Mastercard Secure Code est une
procédure d'authentification visant à sécuriser encore
plus vos achats sur Internet. Lors de la procédure de paiement, le shop
en ligne envoie une demande à votre banque émettrice. Cette
dernière ouvre une fenêtre de saisie dans votre navigateur en vous
demandant de saisir un code de sécurité personnel, le Secure
Code, que vous êtes le seul à connaître.
Le commerçant ne reçoit aucune de ces
informations. Cette requête de sécurité est parfaitement
intégrée dans la procédure de paiement et achevée
en quelques secondes. Vous pouvez tranquillement et rapidement faire vos achats
en profitant d'une technique de sécurité ultra-moderne.
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D. L'AUTOMATISATION DANS LE CONTRÔLE DES PLAFONDS
DES
NOUVEAUX INSTRUMENT DE PAIEMENT
L'imposition des plafonds tels que prévue par la Banque
centrale est une mesure de limitation des risques de blanchiment d'argent et du
financement du terrorisme. Cependant, nous constatons que dans la pratique, ces
plafonds ne sont pas toujours respectés et deviennent même des
arguments commerciaux pour certaines banques84. Notre proposition va
donc dans le sens de l'automatisation du contrôle de ces plafonds, tant
au niveau des Guichets Automatiques des Billets (GAB), que des systèmes
informatiques de chargement de ces cartes, avec possibilité pour les
régulateurs de procéder à des contrôles.
E. LA CREATION D'UNE BASE DE DONNEES DES INCIDENTS
:
Face à la digitalisation des moyens et instruments de
paiement, les institutions financières de la sous-région font
face à de nouveaux risques qui fragilisent grandement leur
activité et leur rendement. En effet, face à des cas de
cybercriminalité dont elles sont de plus en plus victimes, les banques
sont très souvent à cours de solutions efficaces. Cette situation
est d'autant plus renforcée par le souci qui les anime de
protéger leurs images respectives en vue d'éviter une psychose
chez leurs clients. Elles sont donc très souvent enclines à
conserver secrètement l'information afin d'en éviter la
fragilisation que cela pourrait entrainer auprès de leur client (cas de
la gestion de la fraude chez BGFI Gabon, avec publication de l'information).
Fort de ce constat, notre analyse nous a conduit à
imaginer la création d'une base de données des incidents
monétiques, dont le rôle serait de collecter les cas de cyber
attaques usuelles dont les banques sont fréquemment victimes dans la
sous-région et même au-delà. Cette plateforme,
gérée soit par la banque Centrale (comme dans le cas de SYSTAC),
soit au sein des associations professionnelles (comme l'APPECAM), ne sera
accessible qu'aux adhérentes. Une telle initiative sera de nature
à favoriser un cadre d'échange sécurisé
d'informations entre professionnels, afin de pouvoir mieux se prémunir
contre les conséquences des cyberattaques.
P2 : RENFORCEMENT DU CONTROLE INTERNE DES ACTEURS
OPERATIONNELS
Pour une amélioration de l'efficacité des
acteurs opérationnels dans la lutte contre le blanchiment d'argent et du
financement du terrorisme en Afrique Centrale, le Renforcement du dispositif de
contrôle interne de l'activité de ces derniers est souhaitable au
sein de cette sous-région CEMAC. En effet, elle suppose un accent
particulier sur les points suivants :
84 Le rapport d'étude du GABAC,
publié en 2017 nous apprends que le respect des plafonds
règlementaires varie d'une banque à l'autre en zone Cemac.
Devenant par moment des arguments commerciaux pour certaines banques qui
proposent des plafonds plus élevés que chez d'autres.
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dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
A. LA MISE EN APPLICATION DE LA RECOMMANDATION 15 DU
GAFI :
Selon le Groupe d'Action financière International, tous
les établissements de crédit devraient mettre sur pied au sein de
leur organisation, des comités d'évaluations de risques,
notamment pour ce qui est de l'adoption de nouvelles technologies ou la
commercialisation de nouveau produit.
Dans la pratique, de tels comités n'existent quasiment
pas, ou alors lorsque ceux-ci sont prévus par les procédures
internes de certaines banques, elles brillent leur inertie. Ce qui ne permet
pas de prendre la mesure des risques lors du choix de la commercialisation de
nouveaux produits ou de l'utilisation de nouvelles technologies. Dans un
contexte où l'essentiel des banques se lancent dans la digitalisation de
leurs services et que les institutions financières se livrent à
une course à l'innovation, la mise en application de cette
recommandation du GAFI par les institutions financières de la
sous-région seraient plus que souhaitable, afin de pouvoir
réduire au maximum les failles y afférentes et ainsi de mitiger
les risques de blanchiment d'argent et de Financement du terrorisme par ces
moyens.
B. L'EXTENSION DU CONTRÔLE INTERNE DES BANQUES
AUX
ACTIVITES EXTERNALISEES :
Dans la zone CEMAC, la règlementation communautaire
relative au contrôle interne fait obligation aux banques, seules
institutions autorisées à émettre la monnaie
électronique, de mettre sur pied un système de contrôle
interne efficace en vue d'avoir la maitrise de ses activités.
Cependant le modèle économique choisi dans la
sous-région pour les activités de distribution de la monnaie
électronique, fait état de ce que cette obligation de
contrôle interne ne s'étend pas aux partenaires techniques de ces
banques, alors que ces derniers ne sont responsables de la distribution de la
monnaie électronique émise par les banques.
A titre d'illustration, dans le cadre de l'activité du
mobile money, les banques émettent la monnaie électronique qui
est ensuite distribuée par les différents opérateurs de
téléphonie mobile, à travers leurs réseaux
d'abonnés et leurs canaux de distribution. Cependant, seules les banques
sont responsables devant la COBAC en ce qu'elles peuvent se faire
contrôler à tout moment par le régulateur, et qu'elles sont
responsables des défaillances pouvant survenir dans la distribution de
sa monnaie électronique, sur lequel elle n'a pourtant pas un réel
contrôle.
Il serait ainsi souhaitable de rendre effectif, même
à travers une réforme de la règlementation sur le mobile
money, les contrôles de ces partenaires techniques, afin de renforcer
l'efficacité de la lutte anti blanchiment en Afrique centrale.
C. GÉNÉRALISATION DE L'UTILISATION DES
LOGICIELS « AML85»
Pour le renforcement des capacités de contrôle
des acteurs opérationnels, notamment en ce qui concerne la surveillance
des opérations douteuses, dans le cadre de la protection des circuits
financiers de la zone CEMAC.
85Logiciels AML : (Anti Money
Laundry) ce sont des logiciels qui permettent l'automatisation des
contrôles et de la surveillance des opérations et transactions
suspectes, en matière de lutte anti-blanchiment.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 70 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
A l'aune de la digitalisation des activités bancaires,
les acteurs opérationnels pourraient également trouver dans la
technologie, les solutions aux problèmes liées au blanchiment par
les nouveaux moyens de paiement. La Généralisation dans
l'adoption et l'utilisation des logiciels « AML », qui sont en fait
des logiciels de surveillance des opérations douteuses ou suspectes, qui
au niveau des banques, peuvent représenter d'énormes flux
d'informations difficile à traiter par le personnel habituel.
Ces logiciels, tels que le « MERCHANT
VIEW86 » sont de nature à favoriser
l'automatisation de la surveillance des opérations dans la lutte contre
le blanchiment d'argent « sale ». Ce qui pourrait permettre d'aboutir
à des résultats plus efficaces.
SECTION 2 : LE RENFORCEMENT REPRESSIF DU DISPOSITIF
COMMUNAUTAIRE DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT
L'étude des solutions relatives au renforcement des
répressif du dispositif communautaire de LCB et du FT passe aussi bien
par l'analyse des solutions tendant au renforcement institutionnel et
règlementaire(P1), que par celles tendant au renforcement des acteurs
opérationnels (P2).
P1er : RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL ET REGLEMENTAIRE
Le renforcement Institutionnel et règlementaire suppose
aussi bien l'intégration des infractions de blanchiment de capitaux et
de cybercriminalité, dans les codes pénaux des Etats de la
sous-région (A) et la création des cours des comptes
Communautaires et nationaux (B).
A. L'INTÉGRATION DES INFRACTIONS DE BLANCHIMENT
D'ARGENT ET DE CYBERCRIMINALITÉ DANS LES CODES PÉNAUX :
La répression des comportements portant atteinte aux
circuits bancaires et financiers de la sous-région ne peut-être
plus efficace qu'avec l'intégration effective des infractions telles que
le blanchiment de capitaux et celles relatives à la
cybercriminalité, dans les codes pénaux des Etats Membres.
En effet, nous nous rendons compte que le fait que ces
comportements réprimés, mais non intégrés dans les
codes pénaux ne sont pas toujours pris en compte lors de la
qualification des faits, à l'occasion de l'instruction des affaires
portant atteintes aux circuits financiers de la sous-région.
Dans la pratique, nous constatons que la répression des
comportements de blanchiment d'argent, de financement du terrorisme et
même de cybercriminalité n'est consacré que par des textes
législatifs autres que les codes pénaux. Leur prise en compte
donnerait d'avantages de force et donc d'efficacités aux unités
de police judiciaire dans l'instruction de telles enquêtes
économiques.
86 MERCHANT VIEW est un logiciel AML développé par
l'entreprise EVERCOMPLIANCE, qui est chargée de la surveillance des
opérations et transactions suspectes. (
www.evercompliance.com)
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 71 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
B. LA CRÉATION EFFECTIVE DES COURS DES COMPTES
:
La création effective des cours des comptes dans chaque
Etat membre de la CEMAC, constituerait une bonne réponse apportée
à la prévention et à la répression de la corruption
et des détournements des fonds, qui pour une bonne partie, constitue des
infractions primaires au blanchiment des Capitaux et au financement du
terrorisme.
Prescrit depuis 200987, la création de la
Cours des comptes communautaires et celles nationales n'est toujours pas
effective au sein de la sous-région. Leur mise en oeuvre effective dans
l'ordre judicaire communautaire favorisera une traque plus efficace des
délinquants économiques, ce qui contribuerait à un
meilleur assainissement des circuits bancaires et financiers88 de la
communauté.
P2 : LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DES
AUTORITES
JUDICIAIRES
Le renforcement des capacités répressives du
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment d'argent sale et du
financement du terrorisme, est une des conditions de l'efficacité de ce
dispositif.
Son implémentation au regard de tout ce que nous avons
évoqué plus haut, passe par le renforcement des capacités
des acteurs judiciaires de ce dispositif, qui sont aussi bien constitués
des magistrats, que de leurs auxiliaires (Officiers de Police Judiciaire).
Ce renforcement se traduira par la matérialisation des
points suivants : la Spécialisation de la formation des magistrats (A),
la création des parquets financiers (B), la formation des auxiliaires de
justice à l'instruction des dossiers de blanchiment de capitaux (C),
l'amélioration des conditions financière des acteurs
répressifs (D).
A. La spécialisation dans la formation des
magistrats :
La spécialisation des magistrats constitue une des
solutions que nous proposons pour le renforcement des capacités des
acteurs répressifs.
En effet, l'efficacité de la protection des circuits
bancaires et financiers de la CEMAC passe par l'adaptation des systèmes
répressifs de la sous-région, aux objectifs à
atteindre.
Or dans la pratique, nous observons que les magistrats ont
beaucoup de difficultés à instruire des dossiers
économiques. Quand on sait que les cas de blanchiment se
caractérisent par la complexité des montages financiers
destinés à masquer l'origine frauduleuse des Fonds.
Il conviendrait donc de reformer le système de
formation des magistrats de la sous-région en créant des sections
relatives à l'instruction des crimes économiques.
87 Convention du 30 janvier 2009 régissant la
Cour des comptes de la CEMAC
88 La sous-région Afrique centrale est
parsemée par les fléaux de corruption et de détournement
de fonds public. La création des cours de comptes favorisera une gestion
plus saine de la finance publique, ce qui réduirait
considérablement les risques de blanchiment.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 72 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Cependant, la mise en application d'une telle mesure suppose la
création des parquets financiers.
B. La Création des parquets financiers :
La création des parquets financiers est une autre
condition du renforcement de la lutte contre le blanchiment des capitaux et du
financement du terrorisme.
Elle est rendue nécessaire dans la mesure où on
a pu constater que dans la pratique, il n'est pas fait de distinction entre le
traitement des crimes financiers et le traitement des autres infractions. Quand
on sait la délicatesse requise pour l'instruction de tels dossiers,
notamment en termes de temps et d'argent.
Cette solution serait salutaire, notamment en ce qui concerne
les délais et la qualité des décisions rendues qui en
seraient améliorées.
Aussi cette mesure doit être accompagnée par la
formation des auxiliaires de justice, acteurs principaux des enquêtes
préliminaires.
C. La Formation des Officiers de Police Judiciaire
à l'instruction des dossiers de blanchiment de capitaux
La Formation des Officiers de police judiciaire constitue une
autre solution de renforcement de l'efficacité de la protestation des
circuits financiers dans la sous-région Afrique centrale.
Elle suppose la formation permanente des officiers de polices
judiciaires, à l'instruction des dossiers relatifs au blanchiment des
capitaux. Car, au regard de leur place centrale dans la phase d'enquête
préliminaire, ceux -ci devraient pouvoir être formés
à comprendre et à détecter plus rapidement les infractions
de blanchiment d'argent sale.
Dans la pratique, les justiciables éprouvent
d'énormes difficultés à faire condamner les auteurs de
fraudes et de blanchiment d'argent. Ces derniers se heurtent souvent à
des OPJ qui admettent souvent être étrangers aux usages de la
finance. Ce qui souvent abouti à de mauvaises qualifications des
faits.
L'organisation des sessions de formation périodique des
OPJ, par l'Anif, le GABC ou la COBAC, pourraient améliorer
considérablement l'efficacité dans l'instruction
préliminaire des crimes économiques.
D. L'Amélioration des conditions
financières des acteurs répressifs
La dernière proposition que nous faisons, relativement
au renforcement des capacités des acteurs répressifs, se
décline en l'amélioration des Conditions financières de
ces derniers.
En effet, le constat fait dans la sous-région et
particulièrement au Cameroun, fait état des conditions salariales
dérisoires pour ce qui est des magistrats et des Officiers de police
judicaires. Ce qui constitue une défaillance du dispositif, car ces
derniers qui sont chargés d'instruire des affaires dont le corps du
délit est très souvent évalué en millions et
même en milliards de FCFA, sont exposés à la
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 73 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
corruption. Ce qui fragilise considérablement les
résultats du dispositif de protection des circuits bancaires et
financiers de la sous-région.
Par ailleurs, il conviendrait également d'assurer les
paiements réguliers des salaires et des émoluments de ces
acteurs, afin de garantir leur autonomie financière et de mitiger les
risques de corruption.
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 74 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE
Didi Stéphane 75 | P a g e
CONCLUSION GENERALE :
Notre contribution apportée dans le cadre ce
mémoire de Master Professionnel en Droit Bancaire, de la Microfinance et
des Assurances a consisté à apporter une réponse à
notre problématique, qui est celle de savoir si le dispositif de lutte
anti-blanchiment et du financement du terrorisme est à la hauteur des
défis de protection des circuits bancaires et financiers à
l'ère de la modernisation des moyens et instruments de paiement en zone
CEMAC ? Concrètement il était question de déterminer, si
au regard des mutations observées de plus en plus dans les circuits
bancaires et financiers de la sous-région Afrique Centrale, avec pour
principale conséquence la modernisation des paiements, le dispositif de
lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme est encore
à même d'assurer la sécurité des circuits bancaires
et financiers de la zone CEMAC ?
C'est avec un réel enthousiasme que nous nous somme
lancer dans l'analyse de cette problématique intéressante
à plusieurs égards, non seulement du fait de l'actualité
sécuritaire aussi bien au niveau mondial, qu'au niveau communautaire et
national, mais aussi du fait de la cohabitation de plus en plus croissante
entre la finance et des nouvelles technologies, favorisant ainsi
l'émergence de la finance digitale.
Il a tout d'abord fallu examiner le blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme à l'ère du numérique. Cette
tâche a été rendue possible à travers l'étude
des enjeux attachés à la modernisation des systèmes de
paiement en zone CEMAC, et par la présentation du dispositif actuel de
lutte contre le blanchiment d'argent et du financement du terrorisme dans la
sous-région. Aussi, nous avons également analysé les
nouveaux risques de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme, fruit
de la modernisation des moyens et instruments de paiement en Afrique Centrale.
Une modernisation qui s'est analysée aussi bien sous l'angle des
nouveaux moyens de paiement d'origine bancaire que sous celui des nouveaux
moyens de paiement parabancaire.
Ensuite, nous avons procédé à
l'étude des pistes de solutions nécessaire à une mise
à jour du dispositif anti-blanchiment des capitaux et financement du
terrorisme, pour une cohabitation efficace avec les nouveaux moyens de paiement
modernes. Ce travail nous a permis, aux termes de nos recherches, de proposer
des pistes de solutions destinées non seulement au renforcement des
organes de supervision et de contrôle, mais aussi à
l'amélioration de
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 76 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
l'efficacité des acteurs opérationnels dans la
prévention et le traitement quotidien des infractions
économiques.
Rendu aux termes de notre contribution, nous avons pu
constater que la cohabitation entre les nouveaux moyens de paiement et la
nécessité de protection des circuits bancaires et financiers de
la zone CEMAC, est certes nécessaire, mais elle requiert des
aménagements afin d'améliorer son efficacité. Le
développement du système de paiement avec l'émergence de
nouveaux moyens de paiement tels que la monnaie électronique et ses
instrument supports, viennent en appui au développement des Etats de la
sous-région en favorisant l'inclusion financière, ainsi que
l'accroissement des échanges. Cependant, la
dématérialisation qui est la principale conséquence de la
modernisation des moyens de paiement, conduit à l'émergence de
nouveaux risques qui jadis n'étaient pas pris en compte par le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment de capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC. Il apparait donc qu'en l'état
actuel des choses, que l'efficacité de la protection des circuits
bancaires et financiers de la sous-région en est considérablement
fragilisée du fait de cette influence négative des nouveaux
moyens de paiement sur le dispositif communautaire de LCB et FT. Il convient
donc de procéder à une mise à niveau du dispositif de
protection des circuits bancaires et financiers de la communauté afin de
l'adapter au contexte actuel des paiements.
Seulement, au regard de la vague de modernisation
observée dans tout le système bancaire et financier, qui se
caractérise non seulement par l'apparition de nouveaux moyens et
instruments de paiement, mais aussi des révolutions qui font perdre au
système bancaire mondial, africain et même sous régional,
jadis élément clé de la lutte anti-blanchiment et du
financement du terrorisme, son rôle d'intermédiation
financière. Ces révolutions marquées non seulement par
l'apparition d'un écosystème des paiement divers et varie
échappant quasiment au contrôle des Etats (les devises
Numériques), mais aussi par l'émergence de mode alternatifs de
financement aux banques et aux marchés financiers tels que le
CROWDFUNDING89. Dans un contexte de globalisation des
échanges accélérée par la
dématérialisation et la création de plusieurs processus,
il serait plus intéressant, d'analyser l'efficacité du dispositif
communautaire de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme en Afrique Centrale, face aux formes alternatives de financement tel
que le CROWDFUNDING.
89 CROWDFUNDING : Désigne en
français, financement participatif, C'est un système de
financement alternatif au circuit bancaire et aux marchés financiers,
qui se veut décentraliser et entièrement libre. Sa
particularité réside également dans le fait qu'il se fait
à travers des plates-formes sur internet où des apporteurs de
fonds anonymes financent des projets des particuliers sans garantie et sans
intérêt.
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
ANNEXES :
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE
Didi Stéphane 77 | P a g e
Annexe 1 : Environnement de l'utilisation du mobile
money
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Source : ETAT DES SYSTÈMES DE PAIEMENT
PAR MONNAIE ELECTRONIQUE DANS LA CEMAC JANVIER A JUIN 2017
Annexe 2 Répartition
géographique des transactions par carte
prépayées
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 78 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Source : ETAT DES SYSTÈMES DE PAIEMENT
PAR MONNAIE ELECTRONIQUE DANS LA CEMAC JANVIER A JUIN 2017
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 79 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
ANNEXE 3 : Etablissements autorisés à
émettre la monnaie électronique en zone CEMAC
|
LISTE DES ETABLISSEMENTS AUTORISES A EMETTRE LA
MONNAIE
|
Emetteurs
|
Partenaire Technique
|
Type de produit
|
Date
d'autorisation
|
Date de
lancement
|
Nom
commercial
|
CAMEROUN
|
BICEC
|
Orange CMR
|
Mobile Money *
|
29/07/2011
|
21/09/2011
|
Orange Money
|
Afriland First Bank
|
MTN CMR
|
Mobile Money
|
29/07/2011
|
01/01/2012
|
MTN Mobile Money
|
Intelligentsia
|
Carte prépayée
|
13/05/2009
|
Nov-10
|
I-Card
|
SGBC
|
OBOPAY
|
Mobile Money
|
02/12/2011
|
19/03/2012
|
Monifone
|
FIS
|
Carte prépayée
|
|
Carte
prépayée ; carte salaire
|
UBA
|
GTP
|
Carte prépayée
VISA
|
12/12/2012
|
12/12/2012
|
UBA Africard
|
ECOBANK CMR
|
GTP
|
Carte prépayée
VISA
|
18/07/2016
|
|
|
CBC
|
GIE-GCB
|
Carte prépayée
|
**
|
01/05/2010
|
Carte Salaris
|
* La carte Orange Money Visa qui permet d'accéder
au portemonnaie électronique fait l'objet d'un accord de la BEAC depuis
le 18 juillet 2016
|
** La CBC bénéficie d'une dérogation
spéciale depuis septembre 2015
|
|
Total Cameroun : 6
|
|
|
CENTRAFRIQUE
|
ECOBANK RCA
|
Orange RCA
|
Mobile Money
|
14/01/2016
|
07/04/2016
|
Orange Money
|
|
TOTAL CENTRAFRIQUE : 1
|
|
|
CONGO
|
ECOBANK
|
MTN
|
Mobile Money
|
29/07/2011
|
01/01/2012
|
MTN Mobile Money
|
BGFI BANK
|
Airtel
|
Mobile Money
|
03/10/2011
|
01/04/2012
|
Airtel Money
|
UBA
|
GTP
|
Carte prépayée
VISA
|
29/08/2013
|
01/09/2013
|
UBA Africard
|
|
Total Congo : 3
|
|
|
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 80 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
GABON
|
BGFI BANK
|
Airtel
|
Mobile Money
|
29/07/2011
|
01/03/2012
|
Airtel Money
|
BICIG
|
|
Mobile Money
|
11/07/2012
|
06/12/2012
|
BICIG Mobile
|
UBA
|
GTP
|
Carte prépayée
VISA
|
29/08/2013
|
01/11/2013
|
UBA Africard
|
ORABANK
|
Atlantique Télécoms (Moov)
|
Mobile Money
|
11/06/2014
|
01/07/2014
|
Moov Flooz
|
UGB
|
Gabon Telecom
|
Mobile Money
|
20/01/2014
|
01/05/2014
|
Mobi Cash
|
|
Total GABON : 5
|
|
|
TCHAD
|
ECOBANK
|
Airtel
|
Mobile Money
|
05/03/2012
|
Mai-12
|
Airtel Money
|
ORABANK
|
TIGO
|
Mobile Money
|
11/07/2012
|
01/10/2012
|
Tigo Cash
|
UBA
|
GTP
|
Carte prépayée
VISA
|
21/05/2013
|
01/06/2013
|
UBA Africard
|
|
Total Tchad : 3
|
|
|
TOTAL GLOBAL
|
18
|
|
|
|
|
|
Source : ETAT DES SYSTÈMES DE PAIEMENT
PAR MONNAIE ELECTRONIQUE DANS LA CEMAC JANVIER A JUIN 2017
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 81 | P a g e
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 82 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Annexe 4 : Schéma Descriptif d'une Carte
Bancaire
Source :
http://cerig.pagora.grenoble-inp.fr/memoire/2010/carte-bancaire.htm#map-cartebancaire_bibliographie
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 83 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Annexe 5: Anatomie d'une fraude à la carte
bancaire
Source :
https://www.tourmag.com/Fraudes-carte-bancaire-les-escrocs-ont-un-systeme-de-poupees-russes-bien-rode_a52991.html
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Annexe 6 : Schéma descriptif d'une fraude par
intrusion dans le système
Source :
https://www.slideshare.net/bluesme/how-cyber-fraud-works-29340989
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 84 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Annexe 7 : Plafonds
règlementaires des instruments de paiement en zone Cemac
Source : BEAC
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
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Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 86 | P a g e
Annexe 8 : utilisation de
moyens de paiement discrets à des fins de financement du
terrorisme
et utilisation de cagnottes en ligne pour l'aide au retour de
djihadistes
Sources : Dossier de Presse - No Money for Terror -
Conférence LFT 2018-04-25 (FR), P10
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Annexe 9 : Service de transfert international de fonds
proposé par les acteurs du Web
Sources : Dossier de Presse - No Money for Terror -
Conférence LFT 2018-04-25 (FR), P11
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Stéphane 87 | P a g e
Fiabilité des méthodes d'identification
Risque systémique
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
Annexe 10 : Tableau
illustratif de l'exploitation des vulnérabilités de la monnaie
électronique
Exemple d'exploitation des
vulnérabilités
Facteurs de risque
Chargement
Possibilité d'ouvrir plusieurs comptes pour dissimuler le
montant réel des dépôts
|
Transfert
Les noms des suspects ne peuvent être repérés
par le système. Les criminels sont donc indetectables suivant les
méthodes de blacklist
|
Retrait
Permet de retirer des fonds illicites ou liés à des
activités terroristes
|
Fugacité
|
Rapidité
|
Difficile traçabilité
Règlementation
Possibilité de dissimuler les revenus issus
d'activités criminelles dans plusieurs comptes
|
Les criminels peuvent être déposer des fonds puis
les transférer sur un autre compte en quelque secondes.
|
Possibilité d'effectuer des opérations multiples
pour camoufler le circuit de l'argent et l'origine réelle des fonds.
|
Les opérations s'effectuent en temps réel, laissant
peu de temps pour les bloquer en cas de suspicion LCB/FT
|
Les fonds en provenance de différents comptes peuvent
être retirés en même temps.
|
Les fonds illégaux peuvent circuler rapidement dans le
système pour être retirés sur un autre compte.
|
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 88 | P a g e
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 89 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
BIBLIOGRAPHIE
I- Thèse et Mémoires :
· Thèse en droit des affaires, par
Manuel Roland TCHEUMALIEU FANSI, soutenu à
l'Université de Strasbourg le samedi 27 mars 2010, sur le thème :
Les stratégies de modernisation des instruments financiers de
paiement : étude comparative Europe-Afrique.
· THESE En vue de l'obtention du DOCTORAT EN DROIT
Présentée par Mme Djazira MEHDI, LES INSTRUMENTS DE LUTTE CONTRE
LE BLANCHIMENT D'ARGENT EN ALGERIE, soutenue le 15 décembre 2015
,
· DEA droit public, La lutte contre le terrorisme en
droit international, par JEAN-PAUL SIKELI, Université d'Abidjan-Cocody
2006.
II- Législations
A- Législations communautaires :
· Le règlement n° 02/02/CEMAC/UMAC/CM, du
14 avril 2002, portant organisation et fonctionnement du Groupe d'Action contre
le Blanchiment des Capitaux en Afrique ,
· Le règlement n°01/03-CEMAC-UMAC-CM, du 04
avril 2003, portant prévention et répression du Blanchiment des
Capitaux et Financement du Terrorisme en Afrique centrale ,
· Le règlement COBAC R-2016/04 relatif
à l'obligation de contrôle interne dans les établissements
de crédit ,
· Le règlement N°02/00/CEMAC/UMAC portant
harmonisation de la règlementation des changes dans les Etats membres de
l'Afrique centrale ,
· Le règlement N°01/11 du CEMAC relatif
à l'exercice de l'activité de monnaie électronique en zone
Cemac ,
· Le règlement N°01/CEMAC/UMAC/CM du 11
Avril 2016 portant prévention et répression du Blanchiment de
Capitaux et du Financement du Terrorisme en Afrique Centrale ,
Thème : La modernisation des moyens de paiement et
le dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
· Instruction N°01/GR/ DU 31 octobre 2011
relative à la surveillance par la Beac des systèmes de paiement
en Afrique centrale ;
B- Législations nationales :
· La loi n° 2003/004 du 21 avril 2003, relative au
secret bancaire ;
· La loi N°2010/021 du 21 décembre 2010
régissant le commerce électronique au Cameroun ;
· La loi N° 2010/012 du 21 décembre 2010
relative à la cybersécurité et à la
cybercriminalité ;
· Décret présidentiel n° 2005/187 du
31 mai 2005, portant organisation et fonctionnement de l'Agence Nationale
d'Investigation Financière ;
· L'Arrêté n°06/403/CF/MINEFI du 28
décembre 2006, portant organisation des services de l'Agence Nationale
d'Investigation Financière ;
· L'Arrêté n°0000144/CF/MINFI du 26
mars 2009, fixant à 5.000.000 FCFA, le seuil de déclarations des
opérations en espèces ou par titre au porteur à l'ANIF
;
III- Articles de doctrine et de jurisprudence
· Les défis de la supervision de
l'activité d'émission de monnaie électronique en Afrique
Centrale, ATELIER CIMA SUR LE « MOBILE INSURANCE »,
Abidjan, 16 et 17 mai 2016, Par ELOUNDOU NDEME Jacques, Responsable du Service
des études, de la Règlementation et de la Normalisation
financière DSMP.
· Les Nouveaux Moyens de Paiement face aux
défis de la lutte anti-blanchiment et du financement du terrorisme dans
la zone Cemac, Groupe d'Action Contre le Blanchiment en
Afrique Centrale, Août 2017.
· L'Impact de l'émergence de la
digitalisation financière sur l'inclusion financière de masse et
les problématiques juridiques actuelles posées,
Semaine Africaine de la Microfinance - Addis-Abeba du 8 au 14
octobre 2017(SAM), par le Dr Manuel Roland TCHEUMALEU FANSI,
Chargé de cours à l'université de Yaoundé 2
;
· Le Secret bancaire : l'entrée d'un
principe au purgatoire, BANQUE et DROIT N°160 Mars-Avril
2015, par le Dr Manuel Roland TCHEUMALEU FANSI, Chargé de cours à
l'université de Yaoundé 2 et Chercheur FNR Université du
Luxembourg ;
IV- Sites web consultés
· www.beac.int
·
www.sgcobac.org
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 90 | P a g e
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 91 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
·
www.spgabac.org
·
www.anif.cm
·
www.minfi.gov.cm
·
https://www.tourmag.com/Fraudes-carte-bancaire-les-escrocs-ont-un-systeme-de-poupees-russes-bien-rode_a52991.html
·
www.wikipedia.org/wiki/PCIDSS
·
www.wikipédia.org/wiki/Financial_Crime_Enforcement_Network
·
www.wikipédia.org/wiki/TRACFIN
·
www.leparisien.fr
·
https://www.wikipedia.org/wiki/Cryptomonnaies.
·
www.wikipedia.org/petro
·
Https://en.wikipedia.org/wiki/facebook
credits
·
Https://en.wikipedia.org/wiki/Apple
Pay
·
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alipay
·
http://www.jeuneafrique.com/9106/economie/la-bataille-du-e-commerce-en-afrique-a-commenc
·
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cdiscount#citenote-
Cdiscount_solide_dauphin_avec_8,2%_du_march%C3%A9_du_e-commerce-2
·
https://www.agenceecofin.com/internet/0203-26976-le-e-commerce-effectue-une-percee-en-afrique-selon-une-etude-de-google.
·
http://www.minfi.gov.cm/index.php/organismes-sous-tutelle/anif
·
http://www.worldbank.org/en/publication/poverty-and-shared-prosperity
·
https://www.tourmag.com/Fraudes-carte-bancaire-les-escrocs-ont-un-systeme-de-poupees-russes-bien-rode_a52991.html
·
www.evercompliance.com
· www.cairn.info
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
TABLE DES MATIERES
DEDICACES Erreur ! Signet non défini.
REMERCIEMENTS 3
LISTE DES ABBREVIATIONS : 6
INTRODUCTION GENERALE : 8
PREMIERE PARTIE : LE BLANCHIMENT D'ARGENT ET LE FINANCEMENT DU
TERRORISME A L'ERE DU NUMERIQUE 12
CHAPITRE 1er : LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT
DES CAPITAUX ET LES NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT : DEUX ENJEUX A COMBINER POUR
LE
DEVELOPPEMENT DE LA ZONE CEMAC. 13
SECTION 1ère : ENJEUX ET IMPORTANCE DE LA MODERNISATION
DES MOYENS
DE PAIEMENT EN ZONE CEMAC 15
P1er : LES ENJEUX DE LA MODERNISATION DES MOYENS DE
PAIEMENT EN
ZONE CEMAC 16
P2 : IMPORTANCE DU MARCHE DES NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT
EN ZONE CEMAC 19
SECTION 2 : LE DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE
BLANCHIMENT ET DE
FINANCEMENT DU TERRORISME EN ZONE CEMAC 26
P1er : LE CADRE NORMATIF DE LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE
CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME EN ZONE CEMAC 26
P2 : LES ORGANES DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMEN D'ARGENT ET DE
FINANCEMENT DU TERRORISME EN ZONE CEMAC 28
CHAPITRE 2 : LA MODERNISATION DES MOYENS DE PAIEMENT EN
ZONE CEMAC : FACTEUR DE FRAGILISATION DU DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE
LE
BLANCHIMENT D'ARGENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME.
34
SECTION 1 : LES RISQUES DE BLANCHIMENT D'ARGENT ET DE FINANCEMENT
DU TERRORISME INHERANTS AUX NOUVEAUX MOYENS DE PAIEMENT BANCAIRES
36
P1er : LES RISQUES INHÉRENTS AUX CARTES
PRÉPAYÉES 36
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 92 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
P2 : LES RISQUES INHERENT AU MOBILE MONEY 40
SECTION 2 : LES RISQUES DE BLANCHIMENT D'ARGENT ET DE
FINANCEMENT DU
TERRORISME D'ORIGINE PARA-BANCAIRES 44
P1 : LES RISQUES INHERENT AU BLANCHIMENT PAR LES SERVICES
DE
PAIEMENT EN LIGNE 45
P2 : LES RISQUES LIES AUX DEVISES NUMERIQUES 50
DEUXIEME PARTIE : NECESSITE D'ADAPTATION DU DISPOSITIF DE NORMES
ANTI BLANCHIMENT ET DU FINANCEMENT DU TERRORISME POUR UNE MEILLEURE
PROTECTION DU SYSTEME BANCAIRE ET FINANCIER EN ZONE CEMAC
55
CHAPITRE 3 : LA CONSOLIDATION DES ORGANES DE
SUPERVISION ET DE
CONTRONTROLE A L'ERE DES MOYENS DE PAIEMENTS MODERNES
56
Section 1ère : L'AMELIORATION DE LA REGLEMENTATION
COMMUNAUTAIRE 58
P1ER : L'AMELIORATION DU CADRE JURIDIQUE DU
DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT D'ARGENT ET LE FINANCEMENT DU
TERRORISME
58
P2 : AMELIORATION DE LA REGLEMENTATION EN MATIERE DE
NOUVEAUX
MOYENS DE PAIEMENT 60
Section 2 : DU RENFORCEMENT DES CAPACITES DE SUPERVISION DES
NOUVEAUX
MOYENS DE PAIEMENT DANS LA ZONE CEMAC 61
P1ER : LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS HUMAINES
61
P2 : LA CRÉATION D'UN OBSERVATOIRE POUR LA SUPERVISION
DES CARTES
BANCAIRES 62
CHAPITRE 4 : RENFORCEMENT DES ACTEURS OPERATIONNELS ET
AMELIORATION DE L'EFFICACITE DE LA PROTECTION DES CIRCUITS
BANCAIRES ET FINANCIERS DE LA ZONE CEMAC 65
SECTION 1ere : AMELIORATION DES CAPACITES DES
ETABLISSEMENTS DE CREDIT
66
P1er : RENFORCEMENT DE LA SÉCURITÉ
DE LA CHAINE DE PRODUCTION DES
CARTES PRÉPAYÉES. 66
P2 : RENFORCEMENT DU CONTROLE INTERNE DES ACTEURS
OPERATIONNELS 69
SECTION 2 : LE RENFORCEMENT REPRESSIF DU DISPOSITIF
COMMUNAUTAIRE
DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT 71
P1er : RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL ET REGLEMENTAIRE
71
P2 : LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DES AUTORITES JUDICIAIRES
72
CONCLUSION GENERALE : 75
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 93 | P a g e
Mémoire rédigé et YONDJE SITCHEDIE Didi
Stéphane 94 | P a g e
Thème : La modernisation des moyens de paiement et le
dispositif communautaire de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en zone CEMAC
ANNEXES : 77
BIBLIOGRAPHIE 89
TABLE DES MATIERES 92