1.3.3.2. Impacts des changements et variabilités
climatiques sur l'agriculture
L'impact est défini comme, « toute modification
quantitative, qualitative et fonctionnelle, positive ou négative, subie
par tout ou partie d'un système (cible) à la suite d'un choc ou
stress externe (d'origine anthropique, artificielle ou naturelle), et dont la
magnitude dépend de la valeur et de la vulnérabilité du
système cible » (GIEC, 2001). Littéralement, l'impact
correspond souvent aux effets négatifs et aux dommages induits.
Ainsi définis, les changements et variabilités
climatiques affectent sérieusement la disponibilité des
ressources naturelles telles que l'eau qui laisse de graves impacts sur
l'agriculture et les populations. Les impacts directs des changements
climatiques sur l'agriculture portent sur les comportements des cultures, les
modifications pédologiques et les baisses de rendements.
Diomandé et al., (2016) mettent en évidence,
l'impact de la variabilité climatique sur la production de l'igname dans
la région du Gbêkê. Selon eux, la crise climatique est
ressentie à travers un raccourcissement des saisons des pluies au profit
d'un rallongement des saisons sèches. Cela s'accompagne d'une baisse de
la pluviométrie et une hausse des températures avec pour
conséquence, une chute significative de la production de l'igname (de
75000 tonnes en 1980, est passée à 33 635,25 tonnes en 2011 puis
à 23 183,35 tonnes en 2013), avec un rendement moyen de 15 t/ha,
nettement en dessous du rendement optimal estimé de 20 à 30 t/ha.
Il ajoute que cette situation a suscité chez les populations agricoles,
une prise de conscience et une amélioration des comportements
culturaux.
De plus, Djè, (2007) indique aussi qu'en Côte
d'Ivoire les perturbations pluviométriques ont eu un impact significatif
sur la production du cacao dont le rendement peut chuter de plus de 20 %
pendant les épisodes El Niño par rapport aux campagnes
précédentes. Yao et al., (2013) montrent que les impacts du
changement climatique sur le secteur agricole en Côte d'Ivoire à
travers les séquences sèches.
29
Pour eux, les séquences sèches arrivant en
période de floraison des cultures pourraient réduire
significativement leurs rendements et aussi entrainées des pertes de
jeunes plants des cultures de rentes.
1.3.3.3. Stratégies paysannes d'adaptation aux
changements et variabilités climatiques
Le changement climatique a d'énormes impacts directs
comme indirect sur le secteur agricole. Les paramètres agro-climatiques
présentent des particularités contraignantes pour l'agriculture
(Brou et al, 1998). Dans ce contexte les populations rurales développent
depuis des générations des stratégies pour s'adapter
à ce phénomène.
Dibi Kangah et al., (2016) montrent que la tendance
générale des pluies est à la baisse de 1950 à 2013
dans le Nord et le Nord-ouest ivoiriens. Mais, face à ce
dérèglement avéré de la pluviométrie, des
stratégies adaptatives comme les techniques de conservation des eaux de
pluies sont recommandées pour atténuer les effets néfastes
de la variabilité pluviométrique. Yao et al., (2013), stipulent
que la méthode d'adaptation paysanne pour les cultures sont le
décalage des planting, l'utilisation des pépinières (plant
en sachet), les semis direct, etc. Aussi, contre les vents forts et violents
qui accompagnent certaines pluies, les paysans utilisent des rangées de
Teck en bordure de parcelles comme brise vents afin de réduire l'effet
du vent. Ils continuent en disant que, l'allongement de la saison sèche
avec pour conséquence le dessèchement et la dureté du sol,
le planting du manioc sur buttes, billons ou sur des sols ayant subi un labour
profond est une mesure développer pour faciliter l'arrachage pendant les
périodes de sécheresse.
Egalement, les paysans adoptent de nouvelles pratiques
agricoles et de nouvelles formes de mise en valeur : utilisation de ressources
foncières autrefois délaissées, notamment des bas-fonds,
extension de certaines cultures et adoption de nouvelles variétés
moins sensibles aux aléas climatiques, etc. (Brou et Chaléard,
2007). L'association de cultures, le conservatisme, la diversification des
activités (création d'activités para agricoles) sont les
stratégies couramment développées par les paysans pour
faire face aux risques climatiques (Senahoun, 1994).
En somme, le processus de développement de technologie
a besoin de prendre en compte les incertitudes climatiques, la diversité
des écosystèmes, la complexité des processus agricoles ;
et de reconnaître l'importance de la connaissance endogène de la
population rurale pour développer des options d'agriculture intelligente
face au climat qui seront utiles aux différents acteurs à tous
les niveaux d'échelle.
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La revue de la littérature a permis d'exposer le
contenu de certains ouvrages afin de montrer l'intérêt et
l'originalité de cette recherche. Le point de vue de nombreux auteurs a
été exploré sur les notions comme perception, changement
et variabilité climatique, etc.
Toutefois, très peu de recherches ont porté sur
ce sujet à Nassian et toutes celles qui ont été
réalisées ne concernent pas les « Activités agricoles
et perceptions des populations de Nassian face aux changements et
variabilités climatiques ». Il est donc nécessaire de se
focaliser sur cette problématique dans la région de Nassian afin
de pallier ces insuffisances. Ce travail fait suite aux travaux
réalisés au Bénin (Agossou, 2008 ; Codjia, 2009) et en
Côte d'Ivoire (Doumbia et al., 2013 ; Boko et al., 2016) sur les
problématiques de perceptions paysannes de changements climatiques.
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