NREPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO MINISTERE DE
L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE UNIVERSITE OFFICIELLE DE
BUKAVU U.O.B
BP : 570 BUKAVU
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
PEUR DE L'ECHEC ET INTENTION ENTREPRENEURIALE
DES ETUDIANTS DE LA FACULTE D'ECONOMIE DE L'UNIVERSITE OFFICIELLE DE
BUKAVU
Travail de fin de cycle réalisé en vue de
l'obtention du diplôme de graduat en sciences économiques et de
gestion
Par : MUKANGA UTSHUDI John
Encadreur: Ass. AKILIMALI NDATABAYE Ephrem
ANNEE ACADEMIQUE 2018-2019
A mes très chers parents, A mes frères et
soeurs, Je dédie ce travail
MUKANGA UTSHUDI JOHN
II
REMERCIEMENTS
Je tiens à témoigner ma profonde reconnaissance
envers les autorités académiques ainsi qu'au corps professoral de
l'Université Officiel de Bukavu pour leur contribution scientifique et
leur encadrement.
Ma reconnaissance va également à l'assistant
AKILIMALI NDATABAYE Ephrem, qui a dirigé ce travail et dont les
remarques, les conseils et les encouragements furent déterminants tout
au long de cette recherche. Je lui exprime toute ma gratitude et mes plus
sincères remerciements pour tout ce qu'il m'a apporté et pour la
confiance et le privilège qu'il m'a accordé en acceptant
d'être l'encadreur de ce Travail de Fin de Cycle.
Je tiens à remercier particulièrement mes
très chers parents OTSHUDI OMENGA et Julienne KOMBULA pour leur
disponibilité, leurs conseils avisés ainsi que pour leur soutien
tant morale que financier à mon égard.
Cette recherche doit beaucoup à l'ensemble des
étudiants de l'UOB enquêtés pour leurs coopérations
qui m'ont permis de parfaire les outils d'investigation et de réaliser
l'enquête de recherche.
Ma reconnaissance va également à tous mes
frères et soeurs, camarades étudiants, amis et connaissance pour
leur affection et collaboration ainsi que pour leurs conseils et soutiens.
MUKANGA UTSHUDI JOHN
III
EPIGRAPHE
« La peur de l'échec est normale mais dangereuse
car elle nous empêche de penser et d'agir»
(Anonyme)
IV
SIGLES ET ABBREVIATIONS
ACP : Analyse en Composantes Principales
AF : Analyse Factorielle
AFE : Analyse Factorielle Exploratoire
Ddl: Degré de liberté
GEM: Global Entrepreneurship Monitor
IE : Intention Entrepreneuriale
KMO : Kaiser Meyer Olkin
PE : Peur de l'Echec
PNUD: Programme de Nations Unies pour le
Développement
RDC: République Démocratique du Congo
SPSS: Statistical Package for Social Sciences
UOB : Université Officielle de Bukavu
1
INTRODUCTION GENERALE
Au cours de ces dernières décennies, les actions
entrepreneuriales ont connu une montée en puissance. L'importance
stratégique de l'entrepreneuriat n'est plus mise en doute (Schumpeter,
1975). L'entrepreneuriat est devenu une véritable arme de lutte contre
le chômage. Tout porte à croire que l'entrepreneuriat a un impact
positif sur le nombre d'emplois nouvellement créés et la baisse
du taux de chômage (Bruyat et Julien 2001, Henry et all 2003, Reynolds et
all. 2001, Wennekers and Thurik 1999). Durant ces décennies, plusieurs
approches se sont alternées en vue d'expliquer le
phénomène entrepreneurial, spécialement à travers
l'identification des facteurs prédicteurs de l'action entrepreneuriale.
A cet égard, et vue son caractère de médiateur entre les
variables exogènes et l'acte de création, la phase intentionnelle
mérite qu'on y apporte une attention particulière et qu'on s'y
intéresse davantage. Pour Krueger et Carsrud (1993), étudier un
comportement futur de création d'entreprise est inséparable des
intentions qui animent les individus quant à la manifestation de ce
comportement. En amont l'intention entrepreneurial représente le
meilleur prédicteur de l'acte d'entreprendre (Kolvereid, 1997 ; Krueger,
Brazeal, 1994 ; Krueger et alii, 2000). L'intention entrepreneuriale est
souvent utilisée pour essayer de mieux comprendre l'esprit
entrepreneurial d'une population ciblée et pour prédire l'acte
entrepreneurial. Ainsi donc, une étude sur l'intention entrepreneuriale
enrichira la compréhension du champ entrepreneurial et permettra d'avoir
une image globale du processus entrepreneurial.
Il existe de nombreuses définitions de l'intention.
Mais dans le cadre de ce travail, nous retenons l'approche de Kolvereid (1996)
qui consiste à considérer ce qu'Ajzen et Fishbein avaient
appelé une intention de choix. Pour Ajzen (1991), l'intention c'est une
volonté ; un désir d'agir qui conduit à la
réalisation du comportement planifié. Elle est un état
d'esprit qui dirige l'attention et l'expérience vers un but
spécifique; C'est une action de tendre vers un but (Bird et Jelinek,
1988). L'intention entrepreneuriale est certes la volonté d'une personne
de créer une entreprise ou une organisation (Hernandez, 1991). Abidat
(2014) considère l'intention entrepreneuriale comme le fait de
comportement d'individus engagé vers la création d'une
entreprise.
L'entrepreneuriat étant intimement lié à
une prise de risque et à l'incertitude, la peur de l'échec peut
entraver celui-ci. Selon Larousse (2017), la peur est une émotion
ressentie généralement en présence d'un danger ou d'une
menace ; c'est une émotion pénible produite par l'idée ou
la
2
vue d'un danger. La peur de l'échec est un facteur
puissant qui empêcherait le passage de l'intention à l'acte de
création (Caliendo, Fossen et Kritikos, 2009). La peur de l'échec
est définie comme un blocage de l'identification d'une bonne
opportunité d'affaire (Global Entrepreneurship Monitor, 2013). Elle est
considérée comme un facteur qui pousse la personne à nier
de s'engager dans la carrière entrepreneuriale, d'exploiter une
opportunité et d'échouer même dans une situation de
réussite (Heckhausen, 1991). Dans la littérature existante, cette
variable a été décrite comme une émotion
négative (Palzelt et Shepherd, 2011). Selon le Global Entrepreneurship
Monitor, la peur de l'échec est la principale raison
évoquée par les aspirants entrepreneurs pour ne pas créer
leurs propres entreprises (Bosma et alii, 2007). D'après l'étude
menée dans une école britannique par Henderson et Robertson
(1999), les étudiants qui n'étaient pas enclins à
entreprendre craignaient l'échec.
Ajzen (1991) a mis en place une théorie psychosociale
cruciale qui explique mieux la genèse de l'intention entrepreneuriale ;
il s'agit de la théorie du comportement planifié. Cette
théorie prédit et décrit mieux l'intention
entrepreneuriale et s'avèrent utile pour sonder les étudiants en
vue d'identifier à quel niveau peuvent se situer d'éventuels
blocages à leur esprit entrepreneurial. Pour Ajzen, l'intention
entrepreneuriale est fonction de trois composantes : les attitudes
associées au comportement, qui concernent l'évaluation que fait
l'individu du comportement souhaité ; les normes subjectives, qui
résultent de la pression sociale ; il s'agit de l'influence de personnes
proches. Enfin, le contrôle comportemental perçu qui implique le
degré de confiance qu'a l'individu de ses aptitudes, ainsi que de ses
ressources nécessaires en vue de réalisation du comportement
voulu. Cette théorie nous semble incomplète étant
donné qu'elle n'a pas tenu compte d'autres facteurs psychologiques qui
peuvent influencer cette intention. C'est ainsi que la théorie de la
psychologie cognitive tenterait de décrire l'intention d'adopter un
comportement donné.
De tous les facteurs psychologiques, notre travail se
focalisera sur la peur d'échec. La peur de l'échec a une
influence centrale sur la motivation des individus à atteindre leurs
objectifs et leurs aspirations professionnelles (Burnstein, 1963). Ce sont ces
facteurs négatifs qui entravent l'intention d'entreprendre. Certains
théoriciens prouvent que la capacité perçue renforce
l'intention entrepreneuriale en réduisant la peur de l'échec.
Plus la personne est motivé moins sera l'impact de la peur de
l'échec sur son intention. Kennedy et al. (2003) trouve, pour un
échantillon de 1075 étudiants australiens que la
désirabilité, la norme sociale et la faisabilité explique
environ 53% de la variance de l'intention de créer son entreprise.
Krueger et alii (2000), quant à eux, testent le modèle d'Ajzen et
de Shapero sur 97 anciens étudiants en école
C'est dans le cadre de cette problématique que
s'inscrit l'objet de notre travail qui est empirique. Il consiste à
mesurer le niveau de l'intention entrepreneuriale des étudiants de la
faculté
3
de commerce faisant face à un choix de carrière
au moment de l'étude. Seule la faisabilité perçue
(p<.005) et l'attitude envers l'action (p<.05) prédisent
significativement l'intention. Une étude menée par Robertson
(2003) sur 340 étudiants de l'université métropolitaine au
Royaume Uni, révisé à un échantillon de 252 avec un
taux de réponse de 33% soit 82 étudiants montre que 5% des
étudiants n'ont pas confiance en eux même et en leur
personnalité pour réussir en entrepreneuriat, 6%
d'étudiants n'ont pas le temps d'entreprendre, 22% n'ont pas
commencé parce qu'ils ont peur d'échec et ne repèrent pas
une opportunité et 7% d'étudiants ont dit qu'ils n'ont pas
d'expérience professionnelle. Cette étude prouve que de tous les
facteurs qui influencent négativement l'intention entrepreneuriale, la
peur d'échec prend le dessus. D'où notre travail y consacre une
attention particulière.
Beaucoup d'études sur l'intention entrepreneuriale ont
focalisé leur attention sur la population étudiante. De toutes
les études menées dans la ville de Bukavu portant sur l'intention
entrepreneuriale des étudiants, aucune d'elles à notre
connaissance n'a exploré le lien entre la peur d'échec et
l'intention entrepreneuriale des étudiants. Notre étude visera
à couvrir ce gap. De ce fait, la réflexion sur l'émergence
des étudiants entrepreneurs à Bukavu est au centre de notre
étude. Les recherches antérieures (Basubi, 2014 ; Chokola, 2013)
prouvent qu'une faible intention entrepreneuriale se fait remarquer chez les
étudiants de la ville de Bukavu. La question qu'on se pose est de savoir
quelle en est la cause. Pourtant, le taux de chômage ne cesse jamais de
croitre dans la ville de Bukavu et fut de 22,2% en 2013 soit le taux de
chômage le plus élevé de la RDC (PNUD, 2013). De
même, vu la situation dans laquelle se trouve la ville de Bukavu, ce taux
nous parait faible et ne reflète pas la réalité. Les
étudiants ne sont pas motivés, ils ne parviennent pas à
repérer une opportunité et ne veulent pas prendre le risque. Les
travaux de Nabi et Liñan (2013) montre que les personnes qui ne veulent
pas prendre le risque n'ont pas intention à entreprendre étant
donné qu'elles ne perçoivent pas des opportunités
d'affaires. L'analyse de la peur d'échec et de l'intention
entrepreneuriale des étudiants en sciences économiques et de
gestion de l'UOB est susceptible de mettre à jour une approche nouvelle
et différente des cas déjà traités par les
études antérieures. Notre étude envisage que l'intention
entrepreneuriale est susceptible d'être expliquée par la peur de
l'échec dans le cas des étudiants de la ville de Bukavu. Cela
étant, il parait nécessaire, pour concevoir un plan d'aide aux
étudiants, de comprendre au préalable les croyances que les
étudiants ont vis-à-vis de la création d'entreprise et
leur niveau de la peur d'échec.
4
d'économie de l'UOB et d'évaluer le niveau de la
peur d'échec et de déterminer l'effet de la peur de
l'échec sur l'intention entrepreneuriale de ces étudiants.
Notre travail présente un intérêt double.
Sur le plan théorique, il étudie un concept du comportement
psychologique (peur de l'échec) dans le domaine de l'entrepreneuriat. Ce
mariage de variable n'a pas fait souvent objet des études
antérieures ; pourtant une notion importante dans le processus
entrepreneurial qui attirerait l'attention des entrepreneurs et des futurs
chercheurs. Sur le plan pratique, cette étude fournit des
évidences de ce pourquoi et comment il faut agir sur la peur de
l'échec des étudiants pour accroitre leur
désirabilité entrepreneuriale.
Notre étude a été faite sur un
échantillon tiré sur les étudiants de la faculté de
sciences économiques et de gestion de l'UOB pour l'année
académique 2018-2019 qui ont répondu à notre questionnaire
d'enquête. En outre, la mesure de la peur d'échec et de
l'intention entrepreneuriale a été faite à partir
d'échelles multi items. L'échelle d'Ajzen et Fishbein a
été utilisé comme échelle opérationnalisant
l'intention. Les résultats présentés proviendront à
la fois d'analyses factorielles exploratoires et confirmatoires garantissant la
mesure parfaite des variables de notre sujet de recherche. Un recours à
la régression linéaire simple nous a paru crucial dans le cadre
de cette étude.
Hormis l'introduction générale et la conclusion,
notre travail est subdivisé en trois chapitres: le premier chapitre
porte sur la revue de la littérature, le deuxième chapitre traite
de l'approche méthodologique et enfin le troisième porte sur la
présentation, l'analyse et la discussion de résultats de
recherche.
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