L'accord cadre d'Addis-Abeba et la paix dans la région des grand-lacs.par Matthieu Alidor Kabeya Université de Lubumbashi - Licence 2018 |
ANNEXE DE LA CARTOGRAPHIE DES LA REGION DE GRAND LACS AFRICAINSSECTION III : AUTRES ACCORDS DE PAIX POUR LA REGION DE GRAND LACS AFRICAINSCette dernière section du deuxième chapitre, nous présenterons d'autres accords de paix pour la région de grand lacs africains ces accords sont : accord de Lusaka, accord de Pretoria et accord de Luanda. §1 : ACCORD DE LUSAKAL'Accord de Lusaka pour un cessez-le-feu en RDC a été signé en juillet et août 1999 dans la capitale zambienne par les deux républiques du Congo, d'Angola, de Namibie, d'Ouganda et du Rwanda, ainsi que par les mouvements rebelles RCD et MLC. AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo-Kinshasa créée le 18 octobre 1996, l'AFDL regroupe quatre groupes : le Parti de la Révolution Populaire (PRP) de Laurent-Désiré Kabila, le Conseil National de Résistance pour la Démocratie (CNRD) d'André KissasseNgandu, le Mouvement Révolutionnaire pour la Libération du Zaïre (MRLZ) de MasasuNindaga, et l'Alliance Démocratique des Peuples de DéogratiasBugera. En prenant possession de la capitale Kinshasa le 17 mai 1997, l'AFDL met un terme à trois décennies de pouvoir mobutien.78(*) §2 : ACCORD DE PRETORIAA l'image de la complexité des conflits des Grands Lacs et notamment celui qui déchire la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) depuis 1998, un accord de paix très complexe a été signé entre les belligérants le 16 décembre 2002 à Pretoria, en Afrique du Sud. La signature obtenue après un marathon de plusieurs pour parlers (Lusaka, Addis-Abeba, Sun City, etc.) est un en fait un accord sur le partage du pouvoir politique et économique, créant un pouvoir exécutif à cinq têtes: un président de la république et quatre vice-présidents (dont deux représentants les mouvements armés rebelles) pour une durée de transition de deux ans. Jusqu'à la dernière minute, les milices Mai-Mai ont fait de la résistance en refusant de signer.79(*) Cet accord est sensé résoudre les conflits pourtant multidimensionnels, notamment dans le Kivu, la partie orientale de ce pays adossée à l'Ouganda, au Rwanda et au Burundi et la région épicentre des tensions. Dans cette région du Kivu, c'est au nord (Nord-Kivu) que les conflits sont eu plusieurs dimensions: inter-ethniques et intra ethniques, régionales, anciennes et autour des enjeux fonciers. Ils remontent au début des années soixante, au lendemain de l'indépendance du Congo en 1960, avec le déclenchement de la guerre Ce qui a contribué à changer le «doute» sur la nationalité zaïroise en conviction sur la non-nationalité: ces Tutsi du Kivu sont bien des rwandais. Sur le plan identitaire, la guerre de l'AFDL fut l'occasion d'un double renforcement du clivage entre Hutu-Tutsi congolais d'un côté et, de l'autre, entre Tutsi et les autres communautés. En termes plus clairs, la guerre (1996-1997) qui renversa le régime de Mobutu et celle menée depuis 1998 encore en cours, a amplifié les antagonismes interethnique et intra ethnique qui caractérisent les conflits au Nord-Kivu. Elles n'ont pas réussi à résoudre la question de la nationalité et d'exclusion des Banyarwanda. Au contraire, les relations restent très tendues, les milices d'auto-défense se sont multipliées en exacerbant les violences.80(*) Un contexte actuel incertain malgré les accords l'arrivée massive des réfugiés rwandais au Kivu en 1994, l'exil des Tutsi au Rwanda à partir de 1995, la première guerre en 1996 et la deuxième guerre en 1998 ont modifié plusieurs éléments sur lesquels reposaient la dynamique des conflits dans la province du Nord-Kivu. Le pôle Lubero-Beni a pu se maintenir intact au cours de ces événements; les deux autres, Rutshuru et Masisi-Walikale-Goma ont été complètement déstabilisés, principalement à cause des pillages qui ont ravagé les populations civiles autochtones et banyarwandas. Par ailleurs, les conflits sont revêtu plusieurs natures: identitaire, foncier, politique, avec une dimension désormais régionale avec l'implication militaire du Rwanda et de l'Ouganda au Congo. La scission interne du groupe rebelle qui contrôle cette province depuis 1999 a poussé à diviser le territoire du Kivu en deux parties suivant la ligne de démarcation entre les deux secteurs militaires ougandais (RCD-ML/MbusaNyamwisi) et rwandais (RCD-Goma). Par ailleurs, le pôle Lubero-Beni, encore dynamique et exclusivement Nande, est le seul à se retrouver dans la zone sous influence ougandaise.81(*) Les tensions apparues entre l'Ouganda et le Rwanda ont davantage renforcé l'animosité entre les Banyarwanda et les Nande. Aussi, les milices autochtones Mayi-Mayi, opérant dans la province sont divisées en deux grands groupes: les MayiMayiNande, actifs sur les territoires de Lubero et de Beni, et ceux opérant de Masisi et Walikale. Le deuxième groupe est formé des Hunde et Nyanga (sous le leadership du général Padiri) et est allié aux Interahamwe et aux ex-FAR. Les MayiMayiNande sont opposés idéologiquement à tous les Banyarwanda (Tutsi et Hutu), mais les Hunde et Nyanga, à cause de leur alliance avec des Interahamwe, mènent leur lutte pour le moment contre les Tutsi rwandais et du Congo. En dépit de cette dynamique du conflit, la commission provinciale de la réconciliation, en activité depuis fin 1997, ainsi que d'autres initiatives locale sont permis de renouer le dialogue entre les divers groupes ethniques, mais la portée de leurs actions demeure très limitée en raison du contexte de guerre dans la région. Plus que jamais, la guerre est devenue une affaire lucrative, à cause de l'exploitation artisanale des ressources naturelles notamment celle du coltan (colombo-tantalite)-devenue l'activité économique dont se nourrissent les économies rwandaise et ougandaise dans la guerre en République Démocratique du Congo. L'engouement vers cette exploitation des ressources naturelles rare sa eu des conséquences importantes dans l'économie de la région. D'une part, l'abandon du secteur agro-pastoral qui fut pendant longtemps la principale richesse de la province et de l'autre la criminalisation de l'économie par l'implication de ces bandes armées dans l'exploitation de ces matières premières, ainsi que d'autres groupes mafieux étrangers. Tout cela s'inscrit dans le cadre de l'exploitation illégale des ressources naturelles par les troupes étrangères impliquées dans ce conflit.82(*) Bref, le risque devoir se prolonger la guerre, malgré cet accord et la présence des observateurs de la Mission des Nations-Unies pour le Congo (la MONUC), est important en raison de la rentabilité de ces rapines organisées. Enfin, résultat croisé de l'abandon des travaux agricoles et de l'insécurité militaire, une crise alimentaire sans précédent s'abat dans les campagnes, accompagnée du renchérissement du coût de la vie dans les centres sur bains. Loin de prendre en considération toutes ces dimensions, l'Accord signé à Pretoria s'est limité à partager le pouvoir entre les belligérants.83(*) * 78 https://www.ritimo.org/Glossaire-sur-les-pays-des-Grands-lacs, visité le 20/03/2019 à 20h50 * 79 Cyril Musila, L'accord de paix de Pretoria en République Démocratique du Congo, Un accord de paix qui donne l'impression d'un partage des dépouilles entre les belligérants décembre 2000 PROGRAMME Analyse et évaluation de la gouvernance, www.institut-gouvernance.org/fr/analyse/fiche-analyse-84.html, visité le 06/04/2019 à 06h14 * 80 Cyril Musila, Art.Cit., P.10 * 81 Cyril Musila, Art.Cit., P.11 * 82 Cyril Musila, Art.Cit., P.12 * 83Idem. |
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