L'accord cadre d'Addis-Abeba et la paix dans la région des grand-lacs.par Matthieu Alidor Kabeya Université de Lubumbashi - Licence 2018 |
ANNEXE DE LA CARTOGRAPHIE DE L'ETHIOPIE ET DE L'ADDIS-ABEBA AU MILIEU
SECTION II : PRESENTATION DE LA REGION DES GRANDS LACSDans cette section nous allons présenter la région de Grands Lacs Africains sur trois plans qui suit : sur le plan géographique, le plan historique et sur le plan sécuritaire. §1 : SUR LE PLAN GEOGRAPHIQUEA l'instar des célèbres grands lacs d'Amérique du nord, la région des grands lacs africains se localisent dans la partie orientale de l'Afrique et plus précisément dans le Rift Valley. Il comprend les lacs ci-après : les lacs Albert, Kivu, Edouard, Tanganyika, Victoria. Elle est l'une des zones la plus peuplées du monde avec une terre fertile. Seules ses crises qui la laissent dans une grande misère et d'une pauvreté horrible nonobstant les maladies (VIH/SIDA), déplacement de la population, les multiples violations des droits humains, les tueries des civiles.71(*) L'Afrique des grands lacs désigne quatre pays : - Le Burundi - La République démocratique du Congo - L'Ouganda - Le Rwanda C'est une désignation plus politique que géographique. L'expression « Afrique des Grands Lacs » fut employée pour la première fois au XIX e siècle par les explorateurs britanniques partis aux sources du Nil (Richard Francis Burton, David Livingstone et Henry Morton Stanley) Il y a l'Afrique indiquant les pays de l'Afrique centrale et des pays de l'Afrique de l'Ouest ou de l'Afrique australe, considérés dans certaines situations comme appartenant à Afrique centrale, cette région est aussi parfois confondue avec l'Afrique centrale, bien que, selon les utilisateurs de l'expression, cela ne concerne pas exactement les mêmes pays. L'Ouganda est considéré comme faisant partie de l'Afrique de l'Est, et même parfois également le Rwanda et le Burundi qui sont à la frontière des deux régions. Le Kenya, bordant le lac Victoria, et la Tanzanie, bordant le lac Tanganyika, ne sont pas considérés, à tort ou à raison, comme faisant partie de l'ensemble politique des grands lacs, de même que les pays situés autour du lac Malawi (mais font partie de la « région des Grands Lacs »).72(*) §2 : SUR LE PLAN HISTORIQUEDepuis bientôt cinq décennies, la région des Grands Lacs fait face à des conflits armés (guerres civiles et interethniques) très meurtriers qui entraînent des mouvements de réfugiés et de déplacés internes. Contrairement aux autres continents, l'histoire de la formation des États africains modernes est très récente. En 1885, au cours de la conférence de Berlin, les puissances coloniales européennes (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Portugal, Italie, Espagne et Belgique) se partagent l'Afrique et, par voie de conséquence, tracent les frontières actuelles des États africains en fonction de leurs intérêts économiques et stratégiques de l'époque. Les États nations modernes africains sont donc des constructions artificielles qui ne reposent sur aucune base solide. En d'autres termes, il s'agit des États politiquement, économiquement et socialement vulnérables face aux ingérences extérieures. Et comme ce fut le cas dans beaucoup de pays africains, le partage de la région des Grands Lacs se fait dans la douleur pour un grand nombre de groupes ethniques dont les membres se voient répartir dans plusieurs nouveaux États, avec deux conséquences majeures: 1) Certaines populations frontalières sont souvent l'objet de discriminations (ou exclusions) qui débouchent le plus souvent sur des conflits armés, massacres ou génocide; et 2) les conflits Armés (guerres civiles et inter ethniques) dans un pays débordent facilement chez le(s) voisin(s). La fin des années 50 et le début des années 60 sont marqués par le mouvement irréversible des indépendances des colonies africaines. Mais, malheureusement, cet accès à la souveraineté internationale intervient pendant la guerre froide entre les deux blocs de l'Ouest (pays occidentaux) et de l'Est (URSS et Chine). Le premier bloc est en grande partie constitué des colonisateurs, alors que le second se targue d'être révolutionnaire et solidaire des «opprimés». Au cours de la guerre froide, les deux blocs se livrent une lutte sans merci par l'entremise des nouveaux dirigeants africains pour le contrôle de certains pays qualifiés de stratégiques; ces dirigeants étant souvent réduits au rôle de marionnettes des blocs de l'Ouest et de l'Est. C'est ainsi que, par exemple, depuis les années 60, la République démocratique du Congo et Mobutu étaient pour les Américains la plaque tournante de l'endiguement de l'expansion du communisme en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs, et ce, jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989. Profitant de ce contexte international et de sa position géostratégique clé (Franz Fanon avait qualifié le Congo de la «gâchette» du continent), le Zaïre de Mobutu va contribuer à la déstabilisation d'un certain nombre de ses voisins (cas de l'Angola, en soutenant militairement la rébellion UNITA de Jonas Savimbi). Par ailleurs, les colonisateurs belges, après avoir compris qu'ils perdaient les combats, s'étaient mis à diviser ethniquement les populations (en 1959 interviennent, au Rwanda, les premiers massacres en grande échelle des Tutsi, suivis du renversement de la monarchie tutsi par les Hutu) avant leur départ ou à fomenter, juste après la déclaration d'indépendance, des mouvements de sécession (cas du Katanga en RDC). Ce qui précipita ces pays dans un cercle vicieux de guerres civiles (ou interethniques) qui continuent à faire des ravages jusqu'à nos jours sur le plan humain (tueries, massacres ou génocide) et socio-économique (destruction des infrastructures et pillages des ressources naturelles). De même, les nouveaux régimes dans les deux pays vont continuer, pendant plusieurs décennies à gouverner sous le modèle néocolonial, avec la pratique bien connue de diviser pour régner et en pillant les ressources économiques de leurs pays à des fins d'enrichissement personnel (cas spécifique de la RDC).73(*) Pour Jean Pierre CHRETIEN, la Région des Grands Lacs désigne « l'ensemble composé par la Tanzanie, l'Ouganda, le Congo, le Rwanda et le Burundi. Elle est une entité géographique caractérisée par un relief accidenté, une densité humaine élevée et une assez grande proximité culturelle, notamment linguistique ». Alors qu'une société culturellement hétérogène, l'ethnie est devenue un facteur de déchirement dans cette région des grands lacs. Voilà ce qui renforça l'opposition entre tutsi et hutu aussi bien en RDC qu'au Rwanda. Le génocide de 1994 en dit plus ainsi que les conflits au Burundi. Appelée jadis `'Afrique inter lacustre d'une expression allemande, elle est devenue depuis la conférence de Bujumbura consacrée à la `'civilisation ancienne des peuples des grands lacs'' que l'appellation changeant en `'région des grands lacs'' et en 1976 sur initiative du Maréchal Mobutu l'on créa la C.E.P.G.L qui regroupa trois Etats à savoir la RDC, le Rwanda et le Burundi. La région a une histoire presque commune car on y trouvait avant l'avènement de la colonisation les royaumes, les empires...74(*) * 71Charles-Augustin MuhindoMusondoli, Droits de l'homme et libertés fondamentales Problématique des identités nationales dans la région des grands lacs: cas de la RDC et du Rwanda, mémoire en Sciences Politiques, Université de Bunia RDC, 2010, P.10 * 72https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Afrique_des_Grands_Lacs#Politique * 73 Étienne Rusamira, Géopolitique des Grands Lacs africains et syndrome de Fachoda: le rôle de l'État français Dans le génocide rwandais et la déstabilisation politique de la région, URI, Volume3, Numéro2, décembre, 2007, P. 45 * 74 Charles-Augustin MuhindoMusondoli, Op.cit., P.10 |
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