1.2. Modèle canonique du comportement
entrepreneurial
Plusieurs approches peuvent être utilisées pour
appréhender le comportement entrepreneurial. En matière de
comportement humain, la contribution de Azjen (1985) connait une certaine
notoriété. La théorie du comportement humain ainsi que ses
extensions seront représentées.
1.2.1. Présentation du modèle de base
La théorie du comportement planifié a
été développée par Azjen (1985). Elle constitue une
extension de la théorie de l'action raisonnée que l'auteur avait
développée au paravent avec Fishbein en 1975. Ces deux
théories ont pour but d'expliquer et de prévoir le comportement
humain dans un contexte spécifique. La théorie du comportement
planifié fournit les déterminants de la décision d'un
individu à réaliser un certain comportement. Elle peut être
schématisée sous forme de diagramme.
3 Etude sur la dynamique des créations
d'entreprises en mars 2018
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Essai empirique sur les déterminants de
l'entrepreneuriat féminin à Ouagadougou
Figure 2: Théorie du comportement
planifié
Croyances normatives
Evaluation des obstacles et des éléments
facilitateurs
Croyances sur les obstacles et les éléments
facilitateurs
Croyances sur le comportement
Evaluation des résultats
Motivation à se conformer
Attitude à l'égard du comportement
Norme Subjective
Contrôle perçu
Intention
Comportement
Sources : notre construction à partir Azjen
(1988)
L'interprétation de chaque liaison est fournie dans les
sections suivantes.
1.2.1.1. Les déterminants du comportement
La théorie du comportement planifié identifie
deux facteurs qui agissent directement sur le comportement humain : l'intention
et le contrôle perçu.
Selon la théorie du comportement planifié, le
principal déterminant du comportement est l'intention qu'a un individu
de réaliser un certain comportement. En matière d'entreprenariat,
cela suppose que l'intention d'entreprendre est le facteur clef qui poussent
les individus à créer des entreprises. La théorie du
comportement planifié émet l'hypothèse selon laquelle les
intentions captent les motivations qui affectent le comportement (Azjen, 1988).
Elles indiquent la plus ou moins grande difficulté qu'ont les individus
à essayer et combien d'effort ils exercent pour réaliser un
comportement donné, comme entreprendre dans une nouvelle
activité. Les interactions entre ces deux variables ont également
fait l'objet de plusieurs investigations (Azjen et Schifter, 1985).
Le contrôle perçu a trait à la confiance
qu'ont les individus sur leurs habilités à réaliser un
comportement donné, comme créer une nouvelle entreprise. La
relation entre le contrôle perçu et le comportement suppose que
les individus tendent à s'engager dans des comportements pour lesquels
ils ont un certain niveau de contrôle et à éviter des
comportements pour lesquels ils n'ont de pas de contrôle. Fishbein et
Azjen (1981) ont testé ces relations dans le cadre des
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l'entrepreneuriat féminin à Ouagadougou
élections présidentielles et Manstead et col
(1983) sur le choix de la méthode de nutrition des enfants chez les
femmes.
Les déterminants de l'intention
Suivant la théorie du comportement planifié, les
intentions sont déterminées à partir de trois facteurs
distincts. Il s'agit des attitudes envers le comportement, les normes
subjectives et le contrôle perçu. L'attitude envers un
comportement déterminé le niveau avec lequel l'individu une
évaluation positive ou négative du comportement en question. Les
normes subjectives sont introduites pour capturer les pesanteurs sociales.
Elles représentent la perception qu'a l'individu de la pression sociale
d'exécuter ou pas un comportement déterminé, comme la
création d'une entreprise. Enfin le contrôle perçu,
déjà décrit au paragraphe précèdent, est
sensé capter la perception de la plus ou moins grande difficulté
à agir. Il représente le vécu de l'individu en termes de
facilités et d'entraves à agir. Les études empiriques sur
la prédiction de l'intention sont nombreuses. Par exemple Godin et Col
(1989) analysent le comportement d'exercer une activité sportive
après un accouchement sur un échantillon de femmes. Ils
aboutissent à la conclusion que l'attitude envers le comportement et le
contrôle perçu agissent significativement sur le comportement. Par
contre l'influence des normes sociales est difficile à établir.
Le coefficient de corrélation multiple est de 0,9 témoignant un
pouvoir prédictif conjoint élevé de l'attitude, des normes
subjectives et du contrôle perçu sur le comportement.
L'influence des croyances
La théorie du comportement planifié suppose que
les attitudes envers le comportement, les normes subjectives et le
contrôle perçu sont déterminées par les croyances
des individus. Ce ne sont pas toutes les croyances qui sont
déterminantes dans la prédiction de l'attitude, les normes
subjectives ou le contrôle perçu. Comme souligné par Miller
(1956), ce sont les croyances les plus saillantes qui sont
prépondérantes. Il distingue trois groupes croyances : Les
croyances dites comportementales, les croyances normatives, les croyances de
contrôle.
Les croyances comportementales agissent sur les attitudes. Les
individus forment leur croyance sur un phénomène en l'associant
à des attributs, ces derniers pouvant constituer d'objets,
d'évènements, de caractéristiques, etc. Ainsi, chaque
croyance lie le comportement à un résultat ou à d'autres
attributs comme le coût lié à l'exécution du
comportement.
Les croyances normatives représentent la
probabilité qu'un individu ou un groupe de référence
approuve ou désapprouve l'exercice d'un comportement déterminer.
Les femmes peuvent
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l'entrepreneuriat féminin à Ouagadougou
faire face à ces pesanteurs sociales pour l'exercice de
certaines activités, avec la famille ou le mari comme groupe
référence. Si l'on dispose de plusieurs référents
saillants, la croyance normative est déterminée par l'interaction
entre la force de chaque croyance normative et la motivation de l'individu
à se conformer à ses référents.
Les croyances de contrôle ont trait à la
présence ou à l'absence des ressources requises. Ces croyances
sur le contrôle se forment à partir des expériences
vécues vis-à-vis du comportement, des contacts avec les autres
individus et d'autres facteurs. En matière d'entreprenariat, si
l'individu croit disposer de ressources et des capacités
nécessaires à réussir son entreprise, et s'il anticipe que
les obstacles à son action sont mineurs, alors sa perception de
contrôler la réussite de son entreprise sera grande.
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