1.1.3.2 La réaction de la politique budgétaire
face aux chocs pétroliers
Dans son analyse de performance de transition fiscale dans un
contexte de chocs à l'importation, Diarra (2013) montre qu'une forte
augmentation des prix des produits de première nécessité,
notamment des hydrocarbures, touche directement les couches les plus
démunies de la population, surtout celles du milieu urbain dont une
bonne partie du budget est dévolue à la consommation de ces
produits. Cette situation pose d'importants défis aux décideurs
politiques des pays importateurs nets des produits pétroliers et les
amène à accorder des subventions ou des exonérations de
Taxe sur Valeur Ajoutée (TVA) ou d'autres taxes afin d'éviter ou
de contenir les tensions sociales qui s'initient plus vite dans les milieux
urbains.En effet, sur le plan politique, la hausse des prix à la pompe
est un sujet sensible. Certains gouvernements sont réticents à
augmenter le prix à la pompe proportionnellement à la hausse du
prix international du pétrole, de peur de faire face à une
résistance sociale contre une politique susceptible de pénaliser
les pauvres. Cependant, c'est le budget de l'Etat qui supporte les coûts,
si le gouvernement décide de maintenir les prix à la pompe,
toute chose qui concourt à creuser le déficit budgétaire
(Kpodar, 2006).
Toutefois, il est important de faire la distinction entre une
subvention explicite et une subvention
implicite. Il y a subvention explicite lorsque les
produits pétroliers sont vendus aux consommateurs à un prix
inférieur au prix international, le budget de l'Etat supportant la
différence. En cas de subvention implicite, le prix aux
consommateurs est au-dessus du prix international compte tenu des taxes, main
que ces dernières sont revues à la baisse. Cependant, en cas de
hausse du prix international du brut, l'Etat peut réduire les taxes sur
les produits pétroliers, ce qui entraîne un manque à gagner
pour les rentrées fiscales.Les déficits budgétaires
s'aggravent, non seulement par le biais direct des dépenses, mais aussi
par un manque à gagner si les taxes énergiques sont fixées
en deçà des niveaux efficaces. Les dépenses pourraient
augmenter chaque fois que l'Etat subventionne les produits pétroliers ou
les programmes qui utilisent beaucoup les produits pétroliers.
De plus, AMAO (2008) trouve que les subventions des services
publics pourraient également aggraver le déficit
budgétaire des Etats. En effet, plusieurs pays produisent
l'électricité à base du pétrole à travers
des groupes électrogènes et l'électricité est le
plus souvent vendue en dessous de son coût de production. Dans ces
conditions, c'est l'Etat qui est appelé à supporter le manque
à gagner et les dépenses supplémentaires dues à
l'augmentation de la facture pétrolière. Mais force est de
constater que le plus souvent, ces pays manquent des ressources suffisantes
pour supporter ces coûts à la hauteur de la demande
intérieure d'électricité dont les conséquences sont
les délestages récurrents. Par ailleurs, l'Etat lui-même
devra payer une facture d'énergie plus élevée au titre de
ses propres activités et de celles des entreprises publiques. Pire
encore, les subventions sur l'électricité sont en
général mal ciblées : par exemple, l'Etat qui
subventionne l'électricité à la production, subventionne
indirectement les grandes entreprises telles que les banques, les firmes
multinationales, les ambassades, qui n'ont pas forcément besoin de cette
subvention. Alors, la politique menée ne permet pas de protéger
efficacement les plus pauvres et les plus vulnérables contre les effets
défavorables des fortes hausses des prix intérieurs des produits
pétroliers. Ce qui alourdit inutilement les dépenses de l'Etat et
donc creuse davantage le déficit budgétaire.Le coût
budgétaire des subventions est fortement corrélé aux
variations des cours du pétrole, ce qui pose, à terme, la
question de la soutenabilité budgétaire des dispositifs de
contrôle des prix Banque de France (2011).
Par ailleurs, s'agissant d'un contre choc pétrolier,
la baisse continue des cours des produits pétroliers, allège les
factures énergétiques et réduit les coûts de
subvention et donc améliore les solde budgétaire car les tensions
sociales auront tendance à disparaitre (Dhaoui, 2015). C'est le cas du
Burkina Faso, où la chute des prix des produits pétroliers a
conduit le gouvernement de la transition en 2015 à prendre des mesures
pour engranger des recettes (au lieu de répercuter toute la baisse sur
le prix à la pompe) afin de réduire ses dettes et de se
préparer pour faire face aux éventuelles hausses futures des
prix de ces produits.
Selon un rapport de l'OCDE(2004), la politique
budgétaire devrait généralement être guidée
par des objectifs de long terme. En effet, la politique budgétaire
visant à lisser les prix finaux en ajustant les taxes sur
l'énergie en cas d'une hausse du prix des produits pétroliers
s'avère problématique car il est difficile de savoir si le choc
est temporaire ou durable. S'il s'avère que le choc est durable, une
baisse des impôts ne ferait qu'entraver l'ajustement à moyen terme
bénéfique de la demande et de l'offre aux variations de prix,
aggravant ainsi la dépendance pétrolière à long
terme. De plus, même si le lissage des coûts d'ajustement est un
objectif légitime des pouvoirs publics, des considérations
politiques de ces derniers peuvent nuire à l'efficacité de la
politique fiscale en tant qu'instrument de régularisation des cours
pétroliers et contrarier ainsi la réalisation des objectifs
budgétaires.
En somme, nous pouvons dire que la réaction de la
politique budgétaire à la fluctuation du prix du pétrole
est le fait des pouvoirs publics. Ce sont entre autres les subventions sur des
produits pétroliers pour éviter ou contenir les tensions sociales
affectant ainsi l'assiette fiscale, les subventions des services publics (sur
la production d'électricité) qui aggravent le déficit
lorsqu'il s'agit d'une hausse du prix de pétrole. Mais en cas d'une
baisse, il y a allègement des factures publiques, la possibilité
de décision politique à ne pas baisser les prix à la pompe
proportionnellement au niveau international, toute chose qui concourt à
augmenter les recettes fiscales et donc améliorer le solde
budgétaire.
1.2 Travauxempiriques
Cette section fait l'analyse des travaux empiriques ayant
étudié l'impact des variations des cours mondiaux de
pétrole sur l'inflation et le solde budgétaire et les arguments
fondant la conduite de la banque centrale et les pouvoirs publics en
réponse à ces variations.
1.2.1 Chocs
pétroliers et inflation
L'analyse des travaux empiriques sur la relation entre les
chocs pétroliers et l'inflation n'isole pas les effets de premier tour
et ceux de second tour dans la mesure où l'amplitude de l'un peut
influencer celle de l'autre et vice versa mais suivant les effets directs et
indirects.
Ü Effets Directs
Plusieurs études ont mis en relation la transmission
des variations des cours de pétrole à l'inflation en utilisant
l'indice des prix à la consommation.
A cet effet, l'une des premières études
empiriques est celle de Pierce et Enzler(1974) dont le but est d'établir
un lien entre le prix du pétrole et les prix à la consommation
dans les économies américaines par le biais du déflateur
de consommation. Leurs résultats montrent que la hausse des cours du
brut a provoqué une réduction importante des revenus et de
l'emploi par des effets inflationnistes. A la suite de cette étude, lors
de la septième édition du « Energy Modeling
Forum »organigé par l'université de Stanford (1983),le
rapport montre qu'environ 30% des pertes venaient du déséquilibre
de la balance commerciale et de la réduction de pouvoir d'achat tandis
que l'essentiel des 70 % restant consistait en pertes cycliques dues aux effets
de second tour tel que la hausse du chômage qui comprime la demande.
AussiHooker (1999) a estimé des courbes de Phillips en utilisant deux
types d'indice à savoir l'indice des prix à la consommation des
biens non-alimentaires et non-énergétiques et ce même
indice avec tous les biens inclus. Il aboutit au résultat que dans le
premier cas, les variations du prix du pétrole entrent dans le
modèle retardé d'une ou deux périodes tandis que leur
valeur contemporaine intervient dans le second cas. Ce qui montre que la
variation du prix du baril de pétrole a un impact instantané sur
l'indice des prix à la consommation dont il estime environ sept pour
cent.
Ensuite, d'autres études ont prolongé l'analyse
empirique dont nous pouvons citer les auteurs commeLeblanc et Chinn (2004)
cités par Kenkouo(2014) qui ont estimé les effets des variations
du prix du pétrole sur l'inflation, entre 1980 et 2000. Ils utilisent la
courbe de Phillips augmentée en tenant compte des problèmes
d'asymétrie et de non linéarité de la relation pour les
pays des USA, Allemagne, France, Japon et Angleterre. Leurs résultats
montrent que la variation des cours de pétrole a un impact significatif
sur l'inflation dans ces pays. Ils trouvent que l'inflation passe de 0,1
à 0,8 point de pourcentage en Europe et aux Etats Unis lorsque le prix
du pétrole augmente jusqu'à 10 %. Pour les pays asiatiques,
Cunado et Perez de Gracia (2005) vont montrer également sur la
période de 1975 à 2002 à l'aide d'un modèle VAR que
les variations des cours de pétrole impactent significativement
l'inflation à court terme.
Après la crise financière de 2008, Baumeister,
Peersman et Van Robays (2009) ont utilisé un modèle VARS pour
montrer l'impact des fluctuations des cours de pétrole sur l'inflation
des économies Américaine, Suisse, Japonaise et la zone Euro sur
la période 1986-2008. Ils aboutissent aux conclusions qu'à long
terme, la hausse des prix pétroliers influence l'indice des prix
à la consommation et qu'une augmentation de 10% du prix de
pétrole entraine une hausse de l'inflation de 1,4 0 4,1% dans ces
pays.
Aussi, Alvarez, et al. (2011) trouvent pour le cas de
l'Espagne et les autres pays de la zone Euro que les effets des fluctuations
des cours de pétrole sur l'inflation sont directs et significatifs pour
ces pays avec une variation estimée de 0,06 à 0,2% suite à
une hausse de 10%.Plus récemment, dans le continent Asiatique,
Jiménez-Rodríguez et Sánchez (2012) montrent que les chocs
des prix du pétrole génèrent une diminution de la
production industrielle au Japon pendant la période 1976Q1-2008Q2, tout
en conduisant à des taux d'inflation plus élevés.
Ü Effets Indirects
Hooker(1996) a cherché à montrer
l'affaiblissement apparent de la relation causale entre la variation du prix de
pétrole et l'économie à travers les effets indirects. Il a
constaté que les tests statistiques réalisés sur des
données trimestrielles après 1973 n'établissent pas un
lien de causalité au sens de Granger du prix du pétrole vers la
plupart des indicateurs macroéconomiques, y compris le taux de
chômage, le PIB réel, l'emploi et la production industrielle.
L'érosion des prix du brut par l'inflation a dû
inciter les professionnels de l'énergie à tenter de
rétablir leurs marges. En effet, dans son étude, Hooker(1999)
interprète l'instabilité des relations entre le prix du
pétrole et le PIB ou le taux de chômage comme la
conséquence d'une influence indirecte, via les taux
d'intérêt et l'inflation. Il a estimé des modèles
VAR sur l'économie Américaine dans la période1948T1
à 1994T2, auxquels il se réfère, afin d'analyser
l'importance éventuelle d'une rupture structurelle dans les
séries considérées et d'expliquer l'atténuation de
la relation causale. Il aboutit au résultat, qu'à l'exception des
variations négatives, les fluctuations des cours du pétrole
causent fortement - au sens de Granger - le PIB et le taux de chômage
jusqu'en 1973T3 et leur pouvoir explicatif n'est plus significatif
après.
Aussi, ces résultats corroborent avec ceux d'Alvarez et
al (2006) qui ont mené l'étude sur l'économie espagnole
dans laquelle ils concluent que les variations mensuelles des cours de
pétrole n'ont pas eu d'impact sur l'inflation. Par la suite Hooker
(2002) mène à nouveau l'analyse à travers une courbe de
Phillips aux USA entre 1955 et 2000, en cherchant à évaluer
l'impact de la fluctuation des prix de pétrole sur l'inflation
sous-jacente. Il parvient à la conclusion que les variations du prix de
pétrole ont des effets sur l'inflation mais ces effets se sont
amenuisés à partir de 1981. De même, Alevarz, Hurtado et
Thomas (2011) montrent que les effets indirects des variations des cours du
pétrole sur l'inflation sont moins importants que les effets directs.
Par ailleurs, d'autres études ont confirmé que la transmission
des variations du prix de pétrole à l'inflation est faible via
les effets indirects. A ce titre, Baumeister, Peersman et van Robays (2009)
montrent qu'en Asie, une augmentation du prix du pétrole de 10 %, a des
effets inflationnistes directs qui varie entre 1,4 et 4,1 points de pourcentage
dans ces pays tandis que l'impact des effets indirects ne varie que de 0
à 0,53 point de pourcentage dans ces pays, avec un impact non
significatif au Japon. En plus, la vitesse de transmission de ces effets
indirects est assez lente.
Nous pouvons dire en résumé que les effets
indirects de la fluctuation des cours du baril de pétrole sur
l'inflation sont moins importants que ceux directs. Par ailleurs, Kenkouo(2014)
trouve que cela pourrait être justifié par le fait de la
difficulté de mesurer empiriquement les effets indirects : ces
effets sont mesurés via l'inflation sous-jacente, obtenue à
partir de l'indice des prix à la consommation hors les prix des produits
énergétiques y compris le pétrole.
1.2.2 Chocs pétroliers
et solde budgétaire
Les études empiriques des effets de la fluctuation des
cours du pétrole sur le solde budgétaire sont moins
développéessurtout dans les pays subsahariens.
Parmi les auteurs qui ont intégré la variable du
solde budgétaire dans l'explication des effets des cours du
pétrole à l'économie, on peut citer Rasche et Tatom (1977)
qui trouvent des résultats cohérents avec l'analyse
théorique selon lesquels l'envolée des cours du pétrole
réduit de façon continue la rentabilité des entreprises et
la baisse des recettes fiscales. CFE-IDEI-IFP (2008) trouve une forte
implication politique d'une telle conclusion. En effet, les efforts
déployés pour atteindre un niveau de PNB supérieur
échoueraient et seraient responsables d'une pression inflationniste plus
importante et d'un alourdissement inutile des déficits
budgétaires.
AMAO (2008), mène l'analyse de l'impact
macroéconomique de la volatilité des cours du pétrole sur
les pays de CEDEAO sur la période 1980-2007 en utilisant un
modèle VAR. Elle parvient à la conclusion que l'envolée
des cours mondiaux du pétrole a contribué à aggraver la
situation du déficit budgétaire des pays importateurs de
pétrole mais qu'elle améliore le déficit des pays
exportateurs de pétrole. Elle montre qu'une augmentation de 1 % des
cours du pétrole pourrait aggraver le déficit budgétaire
au Sénégal, en Gambie et au Bénin de 1,53, 1,27 et 1,09 %,
respectivement. Par conséquent, son étude indique que cette
relation n'est pas évidente pour le cas de la Côte d'Ivoire dont
elle évoque la détérioration du climat sécuritaire
dans le pays comme justification au cours de la période
considérée. Ainsi, une augmentation de 1 % des cours du
pétrole pourrait aggraver le déficit budgétaire du Burkina
Faso, de la Côte d'Ivoire et du Ghana de 0,86, 0,37 et 0,05 %,
respectivement.
Nous pouvons dire en résumé qu'il existe moins
d'études empiriques vérifiant les conséquences de la
réaction des pouvoirs publics sur le solde budgétaire suite
à la fluctuation du prix de pétrole. Néanmoins, les
quelques-unes montrent une relation positive entre la variation du prix de
pétrole et le déficit budgétaire et cela par la variation
des recettes fiscales à l'importation, des dépenses pour le
contrôle des prix,...
1.2.3 La réaction de
la politique économiquesuite à la fluctuation des cours de
pétrole.
Cette section passe en revue les travaux empiriques ayant
trait aux arguments fondant la réaction des banques centrales et les
pouvoirs publics face à l'envolée des cours de pétrole.
1.2.3.1 La réaction
de la politique monétaire
L'arrivée du courant de pensée
monétariste a fait que le rôle de la politique monétaire et
l'influence du changement d'attitude de la banque centrale face à
l'inflation au début des années 80 ont suscité un regain
d'intérêt. Certains économistes estiment que la baisse de
l'activité économique qui survient historiquement à la
suite d'une augmentation du prix du pétrole est due à la
politique monétaire restrictive que la Banque Centrale pratique
généralement au même moment Hamilton (1983). Ainsi Romer et
Romer (1989) soutiennent cette thèse en se situant dans la lignée
de Friedman et Schwartz (1963) selon laquelle l'essentiel des fluctuations
économiques est expliqué par des causes monétaires. Leur
conclusion est que six des récessions américaines comprises entre
1947 et 1987 ont été causées par des politiques
monétaires restrictives de la Fed. Par ailleurs Dotsey et Reid (1992)
ont étudié la question avec des données trimestrielles
américaines concernant la période 1954T1-1991T3. Ils parviennent
à la conclusion que les hausses des cours du brut se sont
associées à la politique monétaire de la Fed dans
l'explication de la baisse du PNB américain entre cinq et six pour cent.
Cependant, les arguments avancés par Lucas (1976), Sargent et Wallace,
(1974), en particulier, tendent à montrer que la politique
monétaire n'exerce des effets réels que lorsqu'elle est
non-anticipée. Ainsi Bernanke, Gertler et Watson (1997) ont
cherché à prouver que la réaction systématique de
l'autorité monétaire à des chocs exogènes
exerçait une influence réelle sur l'activité. Ils
concluent que la hausse des cours du pétrole conduit à une
augmentation du taux des fonds fédéraux et un déclin du
PIB réel tandis que la croissance du PIB réel aurait
été positive si la politique monétaire avait
été neutre selon leur définition. Leurs résultats
seront contestés par plusieurs auteurs tels que Brown et Yücel
(1999) et surtout Hamilton et Herrera (2001) qui trouvent que même
lorsque le taux des fonds fédéraux est maintenu constant, une
hausse brutale du prix du pétrole conduit à une réduction
assez importante de la production, ce qui implique que la politique
monétaire alternative ne peut mitiger que dans une très faible
mesure les conséquences réelles préjudiciables d'un choc
pétrolier.D'après ces études, la réponse de la
politique monétaire ne serait donc pas responsable des récessions
qui ont suivi les hausses brutales des cours du brut et il semble que sa
capacité à en éliminer les effets soit limitée. En
revanche, une orientation inadaptée peut causer une amplification des
pertes.
Dans l'espace sous régional, à l'aide d'un
modèle VAR,AMAO (2008) parvient à la conclusion en menant
l'analyse sur les pays de la CEDEAO sur la période 1980-2007 que de
façon générale, les conséquences négatives
attendues des cours du pétrole sur l'inflation des pays importateurs ont
été limitées. Cette étude trouve que cela pourrait
se justifier par des réponses appropriées en termes de politiques
monétaires apportées par les autorités monétaires
afin de pallier les effets de ces chocs.Par contre Nubupko (2003)trouve qu'un
choc positif sur le taux directeur de la BCEAO se traduit par un effet
négatif sur la croissance et sur l'inflation des pays de l'UEMOA bien
qu'il soit relativement faible et diversifié selon les pays. Ce qui
signifie que la politique monétaire menée par la BCEAO ne serait
pas adaptée, pouvant ainsi accentuer les pertes.
En somme, nous pouvons dire que les études empiriques
ne trouvent pas les mêmes résultats quant aux conséquences
de la politique monétaire en réponse pour contenir l'inflation
suite à la variation du prix de pétrole. Pour certains, la
réponse de la politique monétaire serait responsable des
récessions qui suivent les hausses brutales des cours du brut alors que
pour d'autres.Pour d'autres sa capacité semble limitée mais une
orientation inadaptée peut causer une amplification des pertes.
1.2.3.2 La réaction
de la politique budgétaire
La réaction de la politique budgétaire suite aux
variations du prix de pétrole peut être appréhendée
à travers les transferts etsubventions et/ou la modification des droits
et taxes sur ces produits. Le but des subventions à l'énergie
est de protéger les consommateurs, mais elles ont des
conséquences économiques très variées. Les
subventions exacerbent les déséquilibres budgétaires,
évincent les dépenses publiques prioritaires et dépriment
les investissements privés, notamment dans le secteur de
l'énergie selon le rapport duFonds Monétaire International
(2013).En effet, ce rapport montre que sur une base du prix «sans
taxes», les subventions aux produits pétroliers, à
l'électricité, au gaz naturel et au charbon ont atteint 480
milliards de dollars US en 2011 (0,7 % du PIB global, soit 2 % du total des
recettes publiques) sur un ensemble de 176 pays alors qu'elles augmentent de
1,9 billion de dollars US (2,5% du PIB global, soit 8 % du total des recettes
publiques) lorsqu'on prend en compte la base du prix «avec taxes».
L'analyse par région montre que l'Afrique subsaharienne
représentait environ 4 % des subventions à l'énergie au
niveau mondial. Les subventions à l'énergie représentaient
1,5% du PIB régional, soit 5,5% du total des recettes publiques, les
subventions à l'électricité absorbant environ 70 %. Le
total des subventions dépassait 4 % du PIB dans trois pays (Mozambique,
Zambie et Zimbabwe). L'Asian Development Bank (2008) estimait par exemple qu'en
Indonésie, les dépenses directes en subventions sur les produits
pétroliers et l'électricité se chiffraient en 2007
à 13 milliards de dollars US, soit ¼ du budget public.
Cependant,Gomez (1991) étudie le cas de cinq pays de
l'Amérique Latine sur la période 1973-1988 et trouve que l'impact
est tantôt très significatif, tantôt non significatif selon
le scenario (choc) considéré.
Mouhamadou et Abdoulaye (2007) mènent l'analyse de
l'impact de la hausse des cours des produits pétroliers sur
l'économie Sénégalaise sur la période 1980-2003
à travers des modèles VAR. Leurs résultats indiquent que
le déficit courant hors transferts officiels, s'aggrave respectivement
de 4,4% et cela à cause les subventions accordées par l'Etat dans
le secteur de l'énergie.
Diarra (2013)utilise les modèles probit et tobit pour
examiner l'impact des chocs d'exportation et d'importation des produits de base
sur les performances de mobilisation des recettes internes dans les Etats de
l'UEMOA sur la période 2000 à 2011 . Il cherche à mesurer
la probabilité de réussite de la transition fiscale (TVA et les
droits et taxes sur les accises) et il trouve que la variable des chocs
à l'importation (flambée des prix à l'importation)
n'exerce aucun effet significatif sur la transition fiscale. Il convient de
préciser que son analyse est beaucoup plus basée sur les produits
de base c'est-à-dire qu'à l'exportation, alors que dans le cadre
de ce travail, il parait plus pertinent d'analyser du côté des
importations car les pays de l'UEMOA sont des importateurs nets de
pétrole. De plus, la plupart des études ont utilisé des
modèles VAR pour évaluer l'impact de la fluctuation du prix du
pétrole sur les variables macroéconomiques.
En somme, les résultats empiriques dans l'explication
des conséquences de la réaction publique face à la
variation des cours de pétrole, sont divergents. Pour certaines
études, la réaction publique a conduit à l'aggravation du
déficit budgétaire, alors que pour d'autres, il n'y a pas eu
d'effet considérable.
II. ANALYSE
EMPIRIQUE
L'analyse empirique est développée suivant trois
pointsà savoir dans un premier temps,l'analyse descriptive qui montre
l'évolution des variables utilisées, dans un second temps,
l'analyse économétrique et dans un troisième temps la
modélisation économétrique.
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