WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Impact des fluctuations des cours du baril de pétrole sur l'inflation et le solde budgétaire global hors dons des pays de l'union economique monétaire ouest africaine (UEMOA)


par Kirsi ZONGO
Université Ouaga 2 - Master-Recherche en Macroéconomie Appliquée et Finance Internationale (MAFI) 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.1.3.2 La réaction de la politique budgétaire face aux chocs pétroliers

Dans son analyse de performance de transition fiscale dans un contexte de chocs à l'importation, Diarra (2013) montre qu'une forte augmentation des prix des produits de première nécessité, notamment des hydrocarbures, touche directement les couches les plus démunies de la population, surtout celles du milieu urbain dont une bonne partie du budget est dévolue à la consommation de ces produits. Cette situation pose d'importants défis aux décideurs politiques des pays importateurs nets des produits pétroliers et les amène à accorder des subventions ou des exonérations de Taxe sur Valeur Ajoutée (TVA) ou d'autres taxes afin d'éviter ou de contenir les tensions sociales qui s'initient plus vite dans les milieux urbains.En effet, sur le plan politique, la hausse des prix à la pompe est un sujet sensible. Certains gouvernements sont réticents à augmenter le prix à la pompe proportionnellement à la hausse du prix international du pétrole, de peur de faire face à une résistance sociale contre une politique susceptible de pénaliser les pauvres. Cependant, c'est le budget de l'Etat qui supporte les coûts, si le gouvernement décide de maintenir les prix à la pompe, toute chose qui concourt à creuser le déficit budgétaire (Kpodar, 2006).

Toutefois, il est important de faire la distinction entre une subvention explicite et une subvention implicite. Il y a subvention explicite lorsque les produits pétroliers sont vendus aux consommateurs à un prix inférieur au prix international, le budget de l'Etat supportant la différence. En cas de subvention implicite, le prix aux consommateurs est au-dessus du prix international compte tenu des taxes, main que ces dernières sont revues à la baisse. Cependant, en cas de hausse du prix international du brut, l'Etat peut réduire les taxes sur les produits pétroliers, ce qui entraîne un manque à gagner pour les rentrées fiscales.Les déficits budgétaires s'aggravent, non seulement par le biais direct des dépenses, mais aussi par un manque à gagner si les taxes énergiques sont fixées en deçà des niveaux efficaces. Les dépenses pourraient augmenter chaque fois que l'Etat subventionne les produits pétroliers ou les programmes qui utilisent beaucoup les produits pétroliers.

De plus, AMAO (2008) trouve que les subventions des services publics pourraient également aggraver le déficit budgétaire des Etats. En effet, plusieurs pays produisent l'électricité à base du pétrole à travers des groupes électrogènes et l'électricité est le plus souvent vendue en dessous de son coût de production. Dans ces conditions, c'est l'Etat qui est appelé à supporter le manque à gagner et les dépenses supplémentaires dues à l'augmentation de la facture pétrolière. Mais force est de constater que le plus souvent, ces pays manquent des ressources suffisantes pour supporter ces coûts à la hauteur de la demande intérieure d'électricité dont les conséquences sont les délestages récurrents. Par ailleurs, l'Etat lui-même devra payer une facture d'énergie plus élevée au titre de ses propres activités et de celles des entreprises publiques. Pire encore, les subventions sur l'électricité sont en général mal ciblées : par exemple, l'Etat qui subventionne l'électricité à la production, subventionne indirectement les grandes entreprises telles que les banques, les firmes multinationales, les ambassades, qui n'ont pas forcément besoin de cette subvention. Alors, la politique menée ne permet pas de protéger efficacement les plus pauvres et les plus vulnérables contre les effets défavorables des fortes hausses des prix intérieurs des produits pétroliers. Ce qui alourdit inutilement les dépenses de l'Etat et donc creuse davantage le déficit budgétaire.Le coût budgétaire des subventions est fortement corrélé aux variations des cours du pétrole, ce qui pose, à terme, la question de la soutenabilité budgétaire des dispositifs de contrôle des prix Banque de France (2011).

Par ailleurs, s'agissant d'un contre choc pétrolier, la baisse continue des cours des produits pétroliers, allège les factures énergétiques et réduit les coûts de subvention et donc améliore les solde budgétaire car les tensions sociales auront tendance à disparaitre (Dhaoui, 2015). C'est le cas du Burkina Faso, où la chute des prix des produits pétroliers a conduit le gouvernement de la transition en 2015 à prendre des mesures pour engranger des recettes (au lieu de répercuter toute la baisse sur le prix à la pompe) afin de réduire ses dettes et de se préparer pour faire face aux éventuelles hausses futures des prix de ces produits.

Selon un rapport de l'OCDE(2004), la politique budgétaire devrait généralement être guidée par des objectifs de long terme. En effet, la politique budgétaire visant à lisser les prix finaux en ajustant les taxes sur l'énergie en cas d'une hausse du prix des produits pétroliers s'avère problématique car il est difficile de savoir si le choc est temporaire ou durable. S'il s'avère que le choc est durable, une baisse des impôts ne ferait qu'entraver l'ajustement à moyen terme bénéfique de la demande et de l'offre aux variations de prix, aggravant ainsi la dépendance pétrolière à long terme. De plus, même si le lissage des coûts d'ajustement est un objectif légitime des pouvoirs publics, des considérations politiques de ces derniers peuvent nuire à l'efficacité de la politique fiscale en tant qu'instrument de régularisation des cours pétroliers et contrarier ainsi la réalisation des objectifs budgétaires.

En somme, nous pouvons dire que la réaction de la politique budgétaire à la fluctuation du prix du pétrole est le fait des pouvoirs publics. Ce sont entre autres les subventions sur des produits pétroliers pour éviter ou contenir les tensions sociales affectant ainsi l'assiette fiscale, les subventions des services publics (sur la production d'électricité) qui aggravent le déficit lorsqu'il s'agit d'une hausse du prix de pétrole. Mais en cas d'une baisse, il y a allègement des factures publiques, la possibilité de décision politique à ne pas baisser les prix à la pompe proportionnellement au niveau international, toute chose qui concourt à augmenter les recettes fiscales et donc améliorer le solde budgétaire.

1.2 Travauxempiriques

Cette section fait l'analyse des travaux empiriques ayant étudié l'impact des variations des cours mondiaux de pétrole sur l'inflation et le solde budgétaire et les arguments fondant la conduite de la banque centrale et les pouvoirs publics en réponse à ces variations.

1.2.1 Chocs pétroliers et inflation

L'analyse des travaux empiriques sur la relation entre les chocs pétroliers et l'inflation n'isole pas les effets de premier tour et ceux de second tour dans la mesure où l'amplitude de l'un peut influencer celle de l'autre et vice versa mais suivant les effets directs et indirects.

Ü Effets Directs

Plusieurs études ont mis en relation la transmission des variations des cours de pétrole à l'inflation en utilisant l'indice des prix à la consommation.

A cet effet, l'une des premières études empiriques est celle de Pierce et Enzler(1974) dont le but est d'établir un lien entre le prix du pétrole et les prix à la consommation dans les économies américaines par le biais du déflateur de consommation. Leurs résultats montrent que la hausse des cours du brut a provoqué une réduction importante des revenus et de l'emploi par des effets inflationnistes. A la suite de cette étude, lors de la septième édition du « Energy Modeling Forum »organigé par l'université de Stanford (1983),le rapport montre qu'environ 30% des pertes venaient du déséquilibre de la balance commerciale et de la réduction de pouvoir d'achat tandis que l'essentiel des 70 % restant consistait en pertes cycliques dues aux effets de second tour tel que la hausse du chômage qui comprime la demande. AussiHooker (1999) a estimé des courbes de Phillips en utilisant deux types d'indice à savoir l'indice des prix à la consommation des biens non-alimentaires et non-énergétiques et ce même indice avec tous les biens inclus. Il aboutit au résultat que dans le premier cas, les variations du prix du pétrole entrent dans le modèle retardé d'une ou deux périodes tandis que leur valeur contemporaine intervient dans le second cas. Ce qui montre que la variation du prix du baril de pétrole a un impact instantané sur l'indice des prix à la consommation dont il estime environ sept pour cent.

Ensuite, d'autres études ont prolongé l'analyse empirique dont nous pouvons citer les auteurs commeLeblanc et Chinn (2004) cités par Kenkouo(2014) qui ont estimé les effets des variations du prix du pétrole sur l'inflation, entre 1980 et 2000. Ils utilisent la courbe de Phillips augmentée en tenant compte des problèmes d'asymétrie et de non linéarité de la relation pour les pays des USA, Allemagne, France, Japon et Angleterre. Leurs résultats montrent que la variation des cours de pétrole a un impact significatif sur l'inflation dans ces pays. Ils trouvent que l'inflation passe de 0,1 à 0,8 point de pourcentage en Europe et aux Etats Unis lorsque le prix du pétrole augmente jusqu'à 10 %. Pour les pays asiatiques, Cunado et Perez de Gracia (2005) vont montrer également sur la période de 1975 à 2002 à l'aide d'un modèle VAR que les variations des cours de pétrole impactent significativement l'inflation à court terme.

Après la crise financière de 2008, Baumeister, Peersman et Van Robays (2009) ont utilisé un modèle VARS pour montrer l'impact des fluctuations des cours de pétrole sur l'inflation des économies Américaine, Suisse, Japonaise et la zone Euro sur la période 1986-2008. Ils aboutissent aux conclusions qu'à long terme, la hausse des prix pétroliers influence l'indice des prix à la consommation et qu'une augmentation de 10% du prix de pétrole entraine une hausse de l'inflation de 1,4 0 4,1% dans ces pays.

Aussi, Alvarez, et al. (2011) trouvent pour le cas de l'Espagne et les autres pays de la zone Euro que les effets des fluctuations des cours de pétrole sur l'inflation sont directs et significatifs pour ces pays avec une variation estimée de 0,06 à 0,2% suite à une hausse de 10%.Plus récemment, dans le continent Asiatique, Jiménez-Rodríguez et Sánchez (2012) montrent que les chocs des prix du pétrole génèrent une diminution de la production industrielle au Japon pendant la période 1976Q1-2008Q2, tout en conduisant à des taux d'inflation plus élevés.

Ü Effets Indirects

Hooker(1996) a cherché à montrer l'affaiblissement apparent de la relation causale entre la variation du prix de pétrole et l'économie à travers les effets indirects. Il a constaté que les tests statistiques réalisés sur des données trimestrielles après 1973 n'établissent pas un lien de causalité au sens de Granger du prix du pétrole vers la plupart des indicateurs macroéconomiques, y compris le taux de chômage, le PIB réel, l'emploi et la production industrielle.

L'érosion des prix du brut par l'inflation a dû inciter les professionnels de l'énergie à tenter de rétablir leurs marges. En effet, dans son étude, Hooker(1999) interprète l'instabilité des relations entre le prix du pétrole et le PIB ou le taux de chômage comme la conséquence d'une influence indirecte, via les taux d'intérêt et l'inflation. Il a estimé des modèles VAR sur l'économie Américaine dans la période1948T1 à 1994T2, auxquels il se réfère, afin d'analyser l'importance éventuelle d'une rupture structurelle dans les séries considérées et d'expliquer l'atténuation de la relation causale. Il aboutit au résultat, qu'à l'exception des variations négatives, les fluctuations des cours du pétrole causent fortement - au sens de Granger - le PIB et le taux de chômage jusqu'en 1973T3 et leur pouvoir explicatif n'est plus significatif après.

Aussi, ces résultats corroborent avec ceux d'Alvarez et al (2006) qui ont mené l'étude sur l'économie espagnole dans laquelle ils concluent que les variations mensuelles des cours de pétrole n'ont pas eu d'impact sur l'inflation. Par la suite Hooker (2002) mène à nouveau l'analyse à travers une courbe de Phillips aux USA entre 1955 et 2000, en cherchant à évaluer l'impact de la fluctuation des prix de pétrole sur l'inflation sous-jacente. Il parvient à la conclusion que les variations du prix de pétrole ont des effets sur l'inflation mais ces effets se sont amenuisés à partir de 1981. De même, Alevarz, Hurtado et Thomas (2011) montrent que les effets indirects des variations des cours du pétrole sur l'inflation sont moins importants que les effets directs. Par ailleurs, d'autres études ont confirmé que la transmission des variations du prix de pétrole à l'inflation est faible via les effets indirects. A ce titre, Baumeister, Peersman et van Robays (2009) montrent qu'en Asie, une augmentation du prix du pétrole de 10 %, a des effets inflationnistes directs qui varie entre 1,4 et 4,1 points de pourcentage dans ces pays tandis que l'impact des effets indirects ne varie que de 0 à 0,53 point de pourcentage dans ces pays, avec un impact non significatif au Japon. En plus, la vitesse de transmission de ces effets indirects est assez lente.

Nous pouvons dire en résumé que les effets indirects de la fluctuation des cours du baril de pétrole sur l'inflation sont moins importants que ceux directs. Par ailleurs, Kenkouo(2014) trouve que cela pourrait être justifié par le fait de la difficulté de mesurer empiriquement les effets indirects : ces effets sont mesurés via l'inflation sous-jacente, obtenue à partir de l'indice des prix à la consommation hors les prix des produits énergétiques y compris le pétrole.

1.2.2 Chocs pétroliers et solde budgétaire

Les études empiriques des effets de la fluctuation des cours du pétrole sur le solde budgétaire sont moins développéessurtout dans les pays subsahariens.

Parmi les auteurs qui ont intégré la variable du solde budgétaire dans l'explication des effets des cours du pétrole à l'économie, on peut citer Rasche et Tatom (1977) qui trouvent des résultats cohérents avec l'analyse théorique selon lesquels l'envolée des cours du pétrole réduit de façon continue la rentabilité des entreprises et la baisse des recettes fiscales. CFE-IDEI-IFP (2008) trouve une forte implication politique d'une telle conclusion. En effet, les efforts déployés pour atteindre un niveau de PNB supérieur échoueraient et seraient responsables d'une pression inflationniste plus importante et d'un alourdissement inutile des déficits budgétaires.

AMAO (2008), mène l'analyse de l'impact macroéconomique de la volatilité des cours du pétrole sur les pays de CEDEAO sur la période 1980-2007 en utilisant un modèle VAR. Elle parvient à la conclusion que l'envolée des cours mondiaux du pétrole a contribué à aggraver la situation du déficit budgétaire des pays importateurs de pétrole mais qu'elle améliore le déficit des pays exportateurs de pétrole. Elle montre qu'une augmentation de 1 % des cours du pétrole pourrait aggraver le déficit budgétaire au Sénégal, en Gambie et au Bénin de 1,53, 1,27 et 1,09 %, respectivement. Par conséquent, son étude indique que cette relation n'est pas évidente pour le cas de la Côte d'Ivoire dont elle évoque la détérioration du climat sécuritaire dans le pays comme justification au cours de la période considérée. Ainsi, une augmentation de 1 % des cours du pétrole pourrait aggraver le déficit budgétaire du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire et du Ghana de 0,86, 0,37 et 0,05 %, respectivement.

Nous pouvons dire en résumé qu'il existe moins d'études empiriques vérifiant les conséquences de la réaction des pouvoirs publics sur le solde budgétaire suite à la fluctuation du prix de pétrole. Néanmoins, les quelques-unes montrent une relation positive entre la variation du prix de pétrole et le déficit budgétaire et cela par la variation des recettes fiscales à l'importation, des dépenses pour le contrôle des prix,...

1.2.3 La réaction de la politique économiquesuite à la fluctuation des cours de pétrole.

Cette section passe en revue les travaux empiriques ayant trait aux arguments fondant la réaction des banques centrales et les pouvoirs publics face à l'envolée des cours de pétrole.

1.2.3.1 La réaction de la politique monétaire

L'arrivée du courant de pensée monétariste a fait que le rôle de la politique monétaire et l'influence du changement d'attitude de la banque centrale face à l'inflation au début des années 80 ont suscité un regain d'intérêt. Certains économistes estiment que la baisse de l'activité économique qui survient historiquement à la suite d'une augmentation du prix du pétrole est due à la politique monétaire restrictive que la Banque Centrale pratique généralement au même moment Hamilton (1983). Ainsi Romer et Romer (1989) soutiennent cette thèse en se situant dans la lignée de Friedman et Schwartz (1963) selon laquelle l'essentiel des fluctuations économiques est expliqué par des causes monétaires. Leur conclusion est que six des récessions américaines comprises entre 1947 et 1987 ont été causées par des politiques monétaires restrictives de la Fed. Par ailleurs Dotsey et Reid (1992) ont étudié la question avec des données trimestrielles américaines concernant la période 1954T1-1991T3. Ils parviennent à la conclusion que les hausses des cours du brut se sont associées à la politique monétaire de la Fed dans l'explication de la baisse du PNB américain entre cinq et six pour cent. Cependant, les arguments avancés par Lucas (1976), Sargent et Wallace, (1974), en particulier, tendent à montrer que la politique monétaire n'exerce des effets réels que lorsqu'elle est non-anticipée. Ainsi Bernanke, Gertler et Watson (1997) ont cherché à prouver que la réaction systématique de l'autorité monétaire à des chocs exogènes exerçait une influence réelle sur l'activité. Ils concluent que la hausse des cours du pétrole conduit à une augmentation du taux des fonds fédéraux et un déclin du PIB réel tandis que la croissance du PIB réel aurait été positive si la politique monétaire avait été neutre selon leur définition. Leurs résultats seront contestés par plusieurs auteurs tels que Brown et Yücel (1999) et surtout Hamilton et Herrera (2001) qui trouvent que même lorsque le taux des fonds fédéraux est maintenu constant, une hausse brutale du prix du pétrole conduit à une réduction assez importante de la production, ce qui implique que la politique monétaire alternative ne peut mitiger que dans une très faible mesure les conséquences réelles préjudiciables d'un choc pétrolier.D'après ces études, la réponse de la politique monétaire ne serait donc pas responsable des récessions qui ont suivi les hausses brutales des cours du brut et il semble que sa capacité à en éliminer les effets soit limitée. En revanche, une orientation inadaptée peut causer une amplification des pertes.

Dans l'espace sous régional, à l'aide d'un modèle VAR,AMAO (2008) parvient à la conclusion en menant l'analyse sur les pays de la CEDEAO sur la période 1980-2007 que de façon générale, les conséquences négatives attendues des cours du pétrole sur l'inflation des pays importateurs ont été limitées. Cette étude trouve que cela pourrait se justifier par des réponses appropriées en termes de politiques monétaires apportées par les autorités monétaires afin de pallier les effets de ces chocs.Par contre Nubupko (2003)trouve qu'un choc positif sur le taux directeur de la BCEAO se traduit par un effet négatif sur la croissance et sur l'inflation des pays de l'UEMOA bien qu'il soit relativement faible et diversifié selon les pays. Ce qui signifie que la politique monétaire menée par la BCEAO ne serait pas adaptée, pouvant ainsi accentuer les pertes.

En somme, nous pouvons dire que les études empiriques ne trouvent pas les mêmes résultats quant aux conséquences de la politique monétaire en réponse pour contenir l'inflation suite à la variation du prix de pétrole. Pour certains, la réponse de la politique monétaire serait responsable des récessions qui suivent les hausses brutales des cours du brut alors que pour d'autres.Pour d'autres sa capacité semble limitée mais une orientation inadaptée peut causer une amplification des pertes.

1.2.3.2 La réaction de la politique budgétaire

La réaction de la politique budgétaire suite aux variations du prix de pétrole peut être appréhendée à travers les transferts etsubventions et/ou la modification des droits et taxes sur ces produits. Le but des subventions à l'énergie est de protéger les consommateurs, mais elles ont des conséquences économiques très variées. Les subventions exacerbent les déséquilibres budgétaires, évincent les dépenses publiques prioritaires et dépriment les investissements privés, notamment dans le secteur de l'énergie selon le rapport duFonds Monétaire International (2013).En effet, ce rapport montre que sur une base du prix «sans taxes», les subventions aux produits pétroliers, à l'électricité, au gaz naturel et au charbon ont atteint 480 milliards de dollars US en 2011 (0,7 % du PIB global, soit 2 % du total des recettes publiques) sur un ensemble de 176 pays alors qu'elles augmentent de 1,9 billion de dollars US (2,5% du PIB global, soit 8 % du total des recettes publiques) lorsqu'on prend en compte la base du prix «avec taxes». L'analyse par région montre que l'Afrique subsaharienne représentait environ 4 % des subventions à l'énergie au niveau mondial. Les subventions à l'énergie représentaient 1,5% du PIB régional, soit 5,5% du total des recettes publiques, les subventions à l'électricité absorbant environ 70 %. Le total des subventions dépassait 4 % du PIB dans trois pays (Mozambique, Zambie et Zimbabwe). L'Asian Development Bank (2008) estimait par exemple qu'en Indonésie, les dépenses directes en subventions sur les produits pétroliers et l'électricité se chiffraient en 2007 à 13 milliards de dollars US, soit ¼ du budget public.

Cependant,Gomez (1991) étudie le cas de cinq pays de l'Amérique Latine sur la période 1973-1988 et trouve que l'impact est tantôt très significatif, tantôt non significatif selon le scenario (choc) considéré.

Mouhamadou et Abdoulaye (2007) mènent l'analyse de l'impact de la hausse des cours des produits pétroliers sur l'économie Sénégalaise sur la période 1980-2003 à travers des modèles VAR. Leurs résultats indiquent que le déficit courant hors transferts officiels, s'aggrave respectivement de 4,4% et cela à cause les subventions accordées par l'Etat dans le secteur de l'énergie.

Diarra (2013)utilise les modèles probit et tobit pour examiner l'impact des chocs d'exportation et d'importation des produits de base sur les performances de mobilisation des recettes internes dans les Etats de l'UEMOA sur la période 2000 à 2011 . Il cherche à mesurer la probabilité de réussite de la transition fiscale (TVA et les droits et taxes sur les accises) et il trouve que la variable des chocs à l'importation (flambée des prix à l'importation) n'exerce aucun effet significatif sur la transition fiscale. Il convient de préciser que son analyse est beaucoup plus basée sur les produits de base c'est-à-dire qu'à l'exportation, alors que dans le cadre de ce travail, il parait plus pertinent d'analyser du côté des importations car les pays de l'UEMOA sont des importateurs nets de pétrole. De plus, la plupart des études ont utilisé des modèles VAR pour évaluer l'impact de la fluctuation du prix du pétrole sur les variables macroéconomiques.

En somme, les résultats empiriques dans l'explication des conséquences de la réaction publique face à la variation des cours de pétrole, sont divergents. Pour certaines études, la réaction publique a conduit à l'aggravation du déficit budgétaire, alors que pour d'autres, il n'y a pas eu d'effet considérable.

II. ANALYSE EMPIRIQUE

L'analyse empirique est développée suivant trois pointsà savoir dans un premier temps,l'analyse descriptive qui montre l'évolution des variables utilisées, dans un second temps, l'analyse économétrique et dans un troisième temps la modélisation économétrique.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein