CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Ce chapitre vise à donner une base théorique
à ce travail intitulé « Urbanisation et
précarité de l'énergie électrique dans les grandes
villes d'Afrique de l'Ouest : exemple de Niamey au Niger (analyse
bibliographique). » C'est ainsi qu'il s'articule autour de points tels que
: la problématique, les hypothèses de recherche, les objectifs de
l'étude ainsi que l'approche méthodologique.
1.1. La problématique
1.1.1. Contexte et justification de l'étude
L'urbanisation est l'une des manifestations les plus
plausibles de la dynamique du peuplement. Le terme urbanisation est couramment
employé pour désigner aussi bien le processus physique et la
croissance urbaine, que l'évolution de la part de la population totale
d'un pays ou d'une région vivant dans des centres urbains affirment
POTTS (2005) et SOTTERTHWAITE et al (2010). En Afrique subsaharienne, le rythme
de l'urbanisation est beaucoup plus rapide que celles qu'ont connues les pays
développés souligne BRICAS (2008).
L'urbanisation a commencé dès la période
précoloniale. Elle s'est renforcée au cours de la colonisation et
a pris progressivement de l'ampleur dans la région ouest africaine. En
effet, MOTCHO KOKOU H. (2005) montre que, vers 1930, la région comptait
10 villes de plus de 50 000 habitants ou proches de ce chiffre, dont Ibadan
(387 000 habitants), Lagos (120 000), Ogbomosho, Iwo, Ede, Kano (60 000),
Oshogbo (plus de 50 000), Ilorin (47 000) qui sont toutes du Nigeria, Dakar au
Sénégal (près de 100 000), Kaolack
(Sénégal), Accra et Koumassi (Ghana), Freetown (Sierra Leone)
etc. En 1960, le nombre des centres de plus de 5 000 habitants atteignaient 600
et la population urbaine totalisait près de 13 millions d'habitants,
soit un niveau d'urbanisation moyen de 13%, variant de 10 % au Niger à
29 % au Sénégal, pays le plus urbanisé à cette
date. Cette dynamique s'est poursuivie dans les années qui suivent et la
région comptait quelques 2 300 centres de plus de 5 000 habitants et une
population urbaine totalisant 50 millions d'âmes d'après toujours
MOTCHO KOKOU H. (opp cit). Cette population va ensuite connaître une
lente évolution entre les années 1980 et 1990 due à la
crise économique qu'a connue la région ouest Africaine.
Après cette période, la région a poursuivi le processus
d'urbanisation pour atteindre 117 millions d'habitants en 2010 avec un taux
d'urbanisation de 41% pour la plupart des pays de la région ajoute
THOMAS A.
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(2010), soit une augmentation de 67 millions en trois
décennies. Ce que ROLAND P1. (2001) qualifie de
révolution urbaine parce qu'elle a engendré des transformations
dans tous les domaines. Il rapporte à cet effet que « le
caractère du phénomène urbain de l'Afrique subsaharienne,
rapide et récent a battu les records de croissance urbaine ».
Ce qui fera augmenter la demande des services sociaux de base dont celle de
l'énergie électrique. Cela se dessine dès aujourd'hui
à travers le taux d'accès à l'électricité.
Ainsi depuis les années 1990, si le pourcentage du taux d'accès
à l'électricité a favorablement évolué, le
nombre des personnes n'ayant pas accès à
l'électricité a quant à lui augmenté en raison de
la croissance démographique affirment ANJALI S. et al (2012) et le
Groupe de la Banque Africaine du Développement (2012). En effet, la
région couvre un taux d'accès de 40 % selon une étude de
la BANQUE MONDIALE (2009).
Les Nations Unis (2007) estiment que la population urbaine des
pays en développements augmentera de façon exponentielle pour
atteindre 850 millions de plus que les ruraux d'ici 2050. De ce fait, la
population rurale diminuera partout sauf dans les pays à faible revenue.
Cette reconfiguration rapide du peuplement n'est pas sans conséquence
sur la demande des services urbains en général et la prestation
des services énergétique en particulier. Bien souvent
l'urbanisation s'accompagne d'une amélioration des conditions de vie, on
constate une hausse de la demande des services par habitants. C'est ainsi que
dans la plupart des villes de cette partie de l'Afrique, les besoins en
énergie dépassent très largement la capacité des
sociétés à offrir le service. Cela témoigne donc de
l'ampleur des défis avenir dans la région notamment sur la
capacité des services à satisfaire les besoins sans cesse
croissants des citadins.
Par ailleurs, le processus d'industrialisation et le
développement économique que connaissent ces pays aggravent le
déficit entre la demande et la capacité des
sociétés à offrir l'énergie électrique. Ceci
est d'autant plus vrai que depuis les indépendances, on assiste à
l'implantation de plusieurs unités industrielles dans presque tous les
pays de l'Afrique de l'Ouest. Les unités de productions
électriques font face à une mauvaise gestion et bien d'autres
difficultés d'ordre techniques et financières. Les
difficultés financières se font sentir dans presque toutes les
sociétés de distribution d'électricité à
cause de la faible capacité de nos Etats à s'investir durablement
dans le domaine affirme CHRISTINE H. (1988). Ce qui handicape bien souvent la
desserte du service.
1 Roland P. (2001) Afriques Noires. Hachette livre,
43, quai de Grenelle, 75905, Paris Cedex 15. Pp151-188.
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Dans les grands centres urbains du Niger,
particulièrement à Niamey, ces contraintes observées
à l'échelle de l'Afrique de l'Ouest se traduisent aussi par une
défaillance de la qualité de la prestation de services
énergétiques. Dans un tel contexte, il convient de se poser la
question suivante :
· Qu'est ce qui explique la précarité
del'énergie électrique dans les grandes villes d'Afrique de
l'Ouest et particulièrement à Niamey?
A cette question principale, découlent les questions
subsidiaires suivantes :
· Comment se manifeste-t-elle et comment en est-on
arrivé à cette situation dans la ville de Niamey ?
· Quels sont les effets de cette précarité
sur le développement socioéconomique de la ville ?
· Quelles sont les stratégies
développées par les services techniques et les usagers pour
tenter de s'adapter à cette situation ?
· Les réponses apportées par l'Etat et ses
partenaires permettent-elles d'apporter des solutions durables aux
problèmes ?
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