4.3.2. Les projets de lutte contre la
précarité énergétique au Niger
Il s'agit ici d'analyser les actions visant à
améliorer la situation de l'énergie électrique du pays. Ce
sont essentiellement des projets de renforcement, d'extension du réseau
et du développement des sources d'énergies nouvelles afin de
fournir de l'électricité sur l'ensemble du territoire
national.
4.3.2.1. Projet de renforcement et d'extension du
réseau de distribution électrique D'après nos
investigations au niveau de la NIGELEC en Mars 2016, plusieurs projets
interviennent dans le cadre du renforcement et d'extension du réseau de
distribution électrique au Niger.
Ainsi, la NIGELEC avec la collaboration de l'Agence
Française du développement a engagé la réalisation
du projet d'extension des réseaux de distribution en zone urbaine et de
développement de l'accès à l'électrification en
zone rurale.
91
Pour la ville de Niamey, il s'agit de réaliser
l'extension du réseau de distribution HT/BT dans quatorze (14) quartiers
par la construction de 45 000 mètres de réseaux aériens
MT, 81 postes cabines de types H59 de 400 KVA et 630kVA, 4 100 mètres de
réseau souterrain MT, 18 poste de type H61 de 160 KVA, 710 000
mètres de réseaux aériens BT. Ce qui permettrait de
rattraper le retard dans l'extension du réseau électrique face
à la croissance démographique de la ville. Mais, cela pourrait
être source de problème pour la NIGELEC, car l'offre
d'électricité étant déjà inferieure à
la demande. Alors il sera impératif pour la NIGELEC d'augmenter ses
capacités de production afin de répondre à cette demande
déjà supérieure à l'offre et à celle des
nouveaux raccordées.
Pour accompagner la NIGELEC, La Banque Mondiale entreprit un
projet d'expansion de l'accès à l'électricité au
Niger (Niger Electricity Access Expansion Project-NELACE) souligne la NIGELEC
(2016). Ce projet va, entre autres permettre la réalisation d'une partie
du programme d'investissement en matière de distribution de
l'électricité, à travers sa composante 1 : extension et
renforcement du réseau de distribution.
Pour la ville de Niamey, les extensions portent d'après
la NIGELEC sur le quartier KoiraTegui, avec la construction de 18 nouveaux
postes de distribution MT/BT, équipés d'un transformateur de 400
KVA chacun, avec les lignes de distribution MT/BT associées. Il est
prévu au total de construire 12,2 km de lignes MT (Moyenne Tension) et
110 km de lignes BT (Basse Tension). Ce qui permettrait de réduire le
caractère inégal de la rétrocession qui sévit dans
ce quartier depuis un certain temps et rompre avec tous les risques d'incendies
que cela pourrait engendrer.
Il est aussi prévu, la réhabilitation de sept
(7) anciens postes de distribution MT/BT, munis d'équipements
obsolètes et dangereux qui seront remplacés par de nouveaux
postes en cabine maçonnée. Cela va permettre de redynamiser le
réseau électrique afin qu'il puisse être performent. Les
transformateurs proches de leurs limites de charge seront également
remplacés. Ce qui réduira les risques d'incendie causé par
le claquage de ces transformateurs surchargés. Douze (12) postes de
distribution MT/BT équipés de vieilles cellules (vercos 500)
seront renouvelés avec des nouveaux appareillages. Les câbles MT
obsolètes en aluminium de 3×150 mm2 seront remplacés par des
câbles unipolaires de 3× (1×150mm2) pour améliorer la
fiabilité du réseau MT.
Le renforcement couvre vingt-huit (28) transformateurs ayant
atteint 75 % de leur capacité, qui seront remplacés par d'autres
d'une plus grande capacité. Vingt-trois (23) postes de distribution
MT/BT sur poteaux, fonctionnant à plus de 75 % de leur capacité
seront convertis en postes cabine maçonnée, équipée
de transformateurs d'une plus grande capacité. En outre,
92
157 km de câbles BT seront posées pour atteindre
des nouveaux clients ou anciens. Ce qui permettrait de désenclaver
certains quartiers de leur manque d'électricité et réduire
la criminalité et le banditisme dans ses quartiers à travers
l'éclairage public auquel les autorités vont s'adonner.
Cependant, il incombe à la NIGELEC de renforcer ses moyens de production
car le problème de la prestation du service électrique ne se
limite pas seulement à la faiblesse du réseau électrique
mais de la capacité de production électrique de la
société.
La densification concerne douze zones identifiées
où 67 postes de distribution MT/BT vont avoir leur capacité
augmentée avec 3 km de réseaux souterrains MT et 188 km de
réseau BT construits. Ce qui permettrait d'adapter le réseau
à la dynamique actuelle de la ville.
Ce projet de renforcement et de réhabilitation des
postes sources vont se traduire par la fourniture et l'installation des
équipements sur le poste de Goudel, Niamey 3, Niamey Nord et le poste de
répartition. Dans ce même cadre il est prévu la
création d'un nouveau départ, dénommé départ
Hamdalaye 2. Et cela a pour but de désenclaver certains quartiers de
Niamey 2000.
Cependant, divers ouvrages sont en cours de réalisation
ou d'achèvement afin de pouvoir augmenter la capacité de
production électrique de la société. On peut citer entre
autres les projets suivants :
· Construction d'une centrale Diesel de 80 MW à
Niamey (en cours d'achèvement), sous financement BOAD-BID à un
coût de 75 milliards de franc CFA ;
· Numérisation du réseau de distribution
de Niamey et mise en place d'un système d'information
géographique sous financement de la NIGELEC à 160 millions de
franc CFA ;
· Mise en place d'un logiciel de gestion
(Comptabilité, gestion clientèle et GRIT) sous financement
NIGELEC à un coût de 2,3 milliards de franc CFA ;
D'autres projets sont en cours d'étude ou en voie de
démarrage, notamment :
· Etude de la politique et de la stratégie
d'accès à l'électricité assortie d'un plan d'action
sur 5 ans ;
· Etude d'un plan directeur de la production et du
transport de l'électricité au Niger ;
· Etude d'un modèle financier pour la NIGELEC
;
· Appui à la préparation d'un projet
solaire photovoltaïque ;
· Etude d'un dispatching et d'un système de
téléconduite du réseau de distribution ;
·
93
Au plan sous régional, mise à jour de
l'étude du tracé et de l'avant-projet détaillé de
la ligne d'interconnexion WAPP Dorsale Nord 330 kV Birnin
Kebbi-Niamey-Ouagadougou et Zabori-Malanville.
Il existe également d'autres perspectives à plus
long terme, dont nous avons :
· La construction de la 1ere phase de
l'interconnexion WAPP Dorsale Nord 330 kv Birnin Kebbi-Niamey et
zabori-malanville : instruction du projet en cours au niveau d'Eximbank de la
Chine pour permettre de résorber le déficit de l'offre de
production résultant du retard des autres grands projets de
production.
· La construction de la centrale hydroélectrique
de Kandadji : 130 MW y compris la ligne d'évacuation d'énergie en
132 kV vers Niamey sous financement de la BAD-BID-Banque Mondiale-BADEA, etc.
à l'horizon 2021.
· La construction de la centrale thermique à
charbon de Salkadamna : 600 MW y compris les lignes 330 KV Salkadamna-Niamey et
Salkadamna-Tahoua-Malbaza sous financement de la BOOT (Build - Own - Operate -
Transfer) à l'horizon 2020 ;
· La construction de la centrale solaire
photovoltaïque à Niamey : 20 à 30 MW ;
· L'extension et le renforcement des réseaux de
distribution des chefs-lieux de région ;
· Le renforcement du réseau national de
transport.
La réalisation de tous ces projets va permettre la
réduction de la dépendance énergétique du pays et
du coup augmentera l'accès à l'électricité d'un
plus grand nombre de la population nigérienne à travers la
réduction du prix du kilowattheure. Toutefois, la production
d'électricité par les centrales diesels et thermiques est source
de problèmes. En effet, la production d'électricité
à partir des centrales diesels demeure moins rentable pour la NIGELEC,
car demande des gros investissements. Elle accentue aussi le
phénomène du changement climatique à travers la
destruction de la couche d'ozone par la fumée qui sera
dégagée. Pour cela, il serait mieux de développer les
sources d'énergies renouvelables.
4.3.2.2. Projet de développer les
énergies renouvelables et de maitrise de l'énergie
Face à la situation énergétique qui
prévaut depuis plusieurs années au Niger, l'Etat et ses
partenaires ne sont pas restés sans rien faire. Ainsi, le projet de code
de l'électricité dispose en son article 48 que la maitrise de
l'énergie électrique vise à orienter la demande
d'énergie vers une plus grande efficacité du système de
consommation et qu'elle permet d'assurer et d'encourager le progrès
technologie, d'utiliser rationnellement l'énergie électrique, et
de
94
contribuer au développement durable d'après nos
investigations au niveau de la NIGELEC (2016).
Dans ce cadre, l'Etat joue le rôle de promoteur, de la
maitrise de l'énergie électrique et à cet effet, il
conçoit et met en oeuvre un programme national de maitrise de
l'énergie électrique. C'est ainsi qu'a été
créé le CNES en 1998 dont ces missions ont été
citées ci-haut.
Toutefois, les collectivités territoriales peuvent
mener des actions dans le domaine de la maitrise de l'énergie
électrique en collaboration avec d'autres partenaires, avec l'assistance
du ministère en charge de l'énergie électrique.
Cependant, le projet de code précise que l'Etat assure
la promotion et le développement des énergies renouvelables pour
accroitre significativement leur part dans le mix énergétique du
pays et qu'il peut recourir à des mécanismes de promotion des
énergies renouvelables et d'incitation au partenariat
public-privé.
Or, dans la mesure où les difficultés
d'alimentation électrique que rencontre le Niger en
général et la ville de Niamey en particulier dépendant de
l'acheminement mais également et surtout de l'approvisionnement
électrique, le développement des programmes de maitrise de
l'énergie et des projets de production d'électricité
à partir de sources d'énergie renouvelables permet de
répondre aux difficultés d'alimentation électrique
susvisées. Dans ce cadre, il a été adopté en 2012,
un Plan de Développement Economique et Social (PDES), préconisant
le rôle prépondérant des énergies renouvelables.
Pour cela le gouvernement s'est fixé un objectif de 10 %
d'énergie renouvelables dans le mix énergétique national
d'ici 2020 affirme GAURI S. (2013). Ce qui permettrait selon l'auteur de
répondre efficacement aux besoins des populations sans atteinte à
l'environnement. Ce point de vue de GAURI est aussi partagé par RAYMOND
M. (1993) ; AIE (2009) ; JEAN PIERRE F. (2009) ; SECOUR S. (2012) ; IRENA
(2013) ; EMILIE F et al (2014) pour qui l'utilisation des sources
d'énergie renouvelables permettra non seulement d'augmenter le taux
d'accès à l'énergie mais aussi de réduire l'impact
de la production électrique sur l'environnement.
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