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De la diversité culturelle, linguistique et migratoire à  l’établissement du locuteur en langue franà§aise. Cas d’adultes migrants à  Bruxelles.


par Stéphanie NASS
Université de Bourgogne - Master 2 Recherche didactique du franà§ais  2014
  

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PARTIE 1 : ÊTRE LOCUTEUR LANGUE(S) IN POSSE EN BELGIQUE.

En classe, la maîtresse avait la voix douce, et je comprenais presque tout. Quand je me trompais, elle disait : « Non, pas comme ça », et je reprenais en langue du dehors, sans difficulté. Mais mes condisciples ne faisaient aucun effort, j'étais larguée. Ils parlaient à toute vitesse, savaient des tas de chansons, de jeux, de comptines que moi j'entendais pour la première fois. Je les admirais de connaître tant de choses, surtout dans la langue de dehors. Les mots, de l'école, de la rue, servaient à parler aux autres enfants, aux inconnus, à affronter les difficultés de la vie. Une langue un peu sèche, presque hostile, comme une arme pour se défendre.

(Alonso I., 2006, L'exil est mon pays, p. 84).

Ce projet de recherche a pour objet d'analyser les processus cognitifs que les locuteurs migrants, en Belgique, entretiennent avec la langue française. Préalablement, nous préciserons deux points élémentaires. Tout d'abord, nous avons adopté la dénomination de « locuteur » au lieu de celle d' « apprenant ». Ce choix renvoie de façon cohérente, au raisonnement du linguiste-didacticien. Il affirme l'idée selon laquelle l'appropriation d'un idiome requiert une certaine intuition et maestria linguistique. Nous croyons qu'il existe une forte corrélation entre le discours des individus et leur intériorisation d'une langue. Les énoncés, tel que l'extrait ci-dessus, suggèrent des appartenances linguistiques en quête d'une entente culturelle au sein d'un nouveau cadre de référence. D'autre part, lorsqu'on parle de langue in posse, nous faisons allusion à la langue française de la Communauté12 française de Belgique. Sur le plan diatopique, cette dernière a évincé les langues régionales (le wallon, le picard et le lorrain) en devenant l'idiome fédérateur. La question du français à Bruxelles est à concevoir dans une situation de bilinguisme, généralement divergent, puisque la capitale représente un espace francophone en territoire néerlandophone. Pareillement, en tant que métropole européenne, Bruxelles relève d'un espace riche des répertoires plurilingues de ses habitants.

12 « Les Communautés : déterminées par un critère culturel et linguistique, elles sont également au nombre de trois (flamande, française et allemande) ». Cité dans Thibault A., 2013, « Francophonie et variété des français », séminaire Master 1 et 2, Université de Paris-Sorbonne, p. 2.

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Afin de mieux comprendre l'établissement du locuteur en Français Langue in posse, nous présenterons dans cette première partie, une vision générale des locuteurs migrants ainsi que les enjeux socioculturels et politiques de l'appropriation du français en Belgique.

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