4.1.3. Les limites de la coopération
194 BUSSE, M., et al, 2004, Op.cit.,
pp. 35-36 195BUSSE, M., et al, 2004,
Idèm, p. 36
88
De manière générale, la
coopération entre l'UE et le Burkina Faso comporte des limites compte
tenu d'un certain nombre de faits.
4.1.3.1. Les limites de la coopération Burkina
Faso- Union Européenne dans le cadre l'aide au développement
L'aide au développement renferme des limites qu'il faut
analyser. En effet, les coûts du lien pour le bénéficiaire
dépendent de la mise dans laquelle le donateur peut imposer
réellement les obligations de son aide liée. Dans cette vision,
JEMPA, C.J soutient que l'aide au développement
comporte de sérieuses limites mais à défaut d'avoir des
informations empiriques précises sur l'ampleur de lien effectif on ne
peut que s'efforcer d'évaluer de façon approximative ses couts
pour le bénéficiaire196. De ce fait, l'aide au
développement a deux enjeux sur le développement
socio-économique du Burkina Faso. Ainsi les limites de l'aide au
développement s'articulent principalement au tour de deux points
essentiels à savoir :
V' préférences accordées aux projets qui
nécessitent des importations majeures dans des domaines
présentant un intérêt particulier pour l'UE sur le plan des
exportations ;
V' aversion correspondante à l'égard des projets
et des programmes à faible contenu d'importation tels que les projets de
développement rural et en particulier ceux qui impliquent le financement
des dépenses locales. Plus spécifiquement ces limites s'observent
à travers les éléments suivants :
? place privilégiée accordée aux projets
« commercialisation intéressante » ;
196 JEMPA, C.J, 1991, L'aide
liée, Paris, OCDE, Etude de centre de développement, p.25
89
? crédibilité amoindrie de l'UE dans le dialogue
accordé aux bénéficiaires sur la politique de
développement ;
? réticence de l'UE à acheminer l'aide par la voie
des institutions multilatérales. L'impact de ces distorsions peut
être tels que les biens et les services proposés sont peu
prioritaires pour le Burkina Faso, trop capitalistique, très tributaires
des technologies occidentales et axés sur l'importation. Des
études ont aussi montré que l'Union Européenne
privilégie les projets de grandes ampleurs, ne serait-ce que pour
économiser les frais généraux d'ordre
administratif197. En général cette
préférence oblige à augmenter l'assistance
technique198. Par ailleurs, l'UE a tendance à financer de
façon insuffisante la composante des dépenses et à
transférer ainsi au gouvernement burkinabè une partie de la
facture, ainsi que les risques en cas d'effets nuisibles imprévus
obligeant ce dernier à réviser ses priorités.
4.1.3.2. Quelques données sur le commerce Burkina
Faso- Union Européenne Les exportations du Burkina Faso vers
l'UE sont concentrées sur quelques produits. Ces produits sont entre
autres le coton199 (42% des exportations vers l'UE), l'or (20%), les
cultures oléagineuses (6%), les fruits et noix (6%) et légumes
(3%), pour la période de référence200. Sur
cette même lancée, un rapport précise que les exportations
agricoles vers l'UE constituent 64% des exportations totales vers ce
marché (plus que
197 BUSSE, M., et al, 2004, Op.cit.,
p.25
198 JEMPA, C.J, 1991, Op.cit.,
p.27
199 Les exportations de coton du Burkina vers
l'Europe reflétées dans les données de la CNUCED ne
correspondent pas forcément à des livraisons physiques en Europe.
Pour une grande partie de ces exportations, il s'agirait de d'achats de coton
par des entreprises établies en Europe qui après en avoir pris la
possession le livrent directement à des utilisateurs en Asie ou dans
d'autres régions du monde.
200 Centre européen pour la gestion des politiques
de développement et Centre d'Études, de Documentation et de
Recherche Économiques et Sociales, 2017, Op.cit.,
pp. 45-47
90
pour les exportations globalement)201. Le coton
occupe une place prédominante dans ces exportations agricoles (66%),
viennent ensuite les cultures oléagineuses, les fruits et les noix
(10%), les légumes (4%) et les huiles végétales (3%).
Cependant, les biens en provenance de l'UE sont
diversifiés et à valeur ajoutée élevée :
médicaments (11% des importations originaires de l'UE), pétrole
raffiné (11%), équipements de génie civil (3%),
équipements de télécommunication (3%) et
préparations alimentaires (3%)202. Le blé (2%) se
classe parmi les dix premiers produits importés de l'UE.203
Les produits d'origine agricole ne représentent que 14% des importations
originaires de l'UE, en moyenne, pour la période 2005-2014. Ils
comprennent surtout des denrées alimentaires. Ces denrées
alimentaires importées venant de l'UE sont principalement les
préparations alimentaires (33% des importations alimentaires), le
blé (17%), les boissons alcooliques (11%), le lait et produits laitiers
(9%) et le sucre (5%)204. Au cours de cette période de
référence, les importations alimentaires en provenance de l'UE
ont augmenté.
Ainsi, toutes ces données nous permettent de soutenir
l'argument suivant. En fait, le commerce entre le Burkina Faso et l'Union
Européenne ne permet pas au Burkina Faso de tirer profit. En effet, le
Burkina Faso exporte des matières premières vers l'Europe sans
valeur ajoutée. Par contre le Burkina Faso importe des produits finis
201Centre européen
pour la gestion des politiques de développement et Centre
d'Études, de Documentation et de Recherche Économiques et
Sociales, 2017, Op.cit., pp. 45-47
202 Centre européen pour la gestion des
politiques de développement et Centre d'Études, de Documentation
et de Recherche Économiques et Sociales, 2017, Idèm,
p.72
203 Du point de vue de l'UE, il est utile de
noter que le Burkina est un partenaire mineur pour le commerce agroalimentaire.
Le Burkina représente moins de 0,2% du commerce agroalimentaire global
de l'UE.
204 Centre européen pour la gestion des
politiques de développement et Centre d'Études, de Documentation
et de Recherche Économiques et Sociales, 2017,
Ibidèm, p.78
91
européens avec une valeur ajoutée. Cette
situation ne permet pas au Burkina Faso de faire un décollage
conséquent sur le plan économique donc industriel. Malgré
certaines limites objectives dans le cadre de la mise en oeuvre des APE, ces
derniers offrent des perspectives et aspects positifs pour le
développement socioéconomique du Burkina Faso qu'il nous convient
d'analyser.
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