En effet, il existe des hypothèses secondaires qui
viendront enrichir le problème en l'occurrence :
? La couverture médiatique est défavorable
à la communication du tourisme ; ? L'implication des professionnels dans
la communication du tourisme reste faible ; ? Le rapport tourisme/conflit dans
les zones étudiées n'est pas toujours négatif. 1.5
Revue de la littérature
Un travail scientifique doit nécessairement, au
préalable, être basé sur une bonne revue littéraire
; c'est-à-dire trouver une corrélation entre la présente
recherche et les travaux antérieurs. Il est d'une part l'occasion de
parcourir les ouvrages essentiels sur le sujet qu'on cherche à
expliciter et ainsi avoir une vision élargie sur le sujet à
étudier, et d'autre part s'efforcer de voir l'intérêt et
les limites.
Exprimées pour la première fois en 1982, les
revendications séparatistes du MDFC ont pris, au fil du temps, de
l'importance au point d'avoir des répercussions sur la vie
socio-culturelle des Sénégalais en général et des
habitants de la région en particulier. Des secteurs comme le tourisme
ont ainsi souffert de ses abominations. Des chercheurs se sont vite alors
penchés sur la question de la crise qui secoue cette région
composée de la Basse, de la Moyenne et de la Haute Casamance, et de
surcroît sur ses nombreuses répercussions.
Nous nous sommes donc beaucoup intéressé aux
travaux portant sur les problèmes de communication de crise ou guerre
étant donné qu'ils sont le point critique en nous focalisant sur
le cadrage de l'information, la fiabilité des contenus et des risques
politiques, le traitement des informations en zone de crise. Au vu des
nombreuses crises qui se déroulent dans les différents coins du
globe, le constat ne manque pas. La couverture des médias dans une zone
de conflit revêt de nombreux enjeux. D'abord, la sécurité
des acteurs relayeurs d'information est moins évidente sur le terrain
à cause de l'instabilité d'une zone, ensuite, comme le note
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Serrano, le problème de cadrage (interprétation,
perception) de l'information qui souvent reste non objectif. Des chercheurs sur
la question de la communication/crise mettent donc l'accent sur, entre autres,
la fiabilité même de l'information (Zamit, 2008). Pourtant les
pouvoirs publics locaux et les populations civiles peuvent aider à
orienter l'information afin qu'elle demeure dans un processus organisé.
Dans ce contexte, le choix des thèmes, ainsi que les mots et les images
utilisées pour les présenter résultent d'un processus de
Co-construction de l'information par les sources et les journalistes (Serrano,
2013).
Dans son analyse portant toujours sur la couverture
médiatique des crises, Serrano pense que celle-ci peut varier selon que
la crise soit interne ou internationale. Pour la première, les sources
à l'élaboration de l'information sont multiples et peuvent
être difficiles à maîtriser. Il s'agit des autorités,
des groupes armés, des populations... Et toutes ces sources peuvent
être directement ou indirectement affectées par le conflit en
question. Dans le conflit casamançais, par exemple, il peut donc y avoir
prise de partie soit du côté du MFDC ou du gouvernement
sénégalais comme ce fut le cas en Colombie lors de la crise
(Loper, 2005 ; Sierra, 2001). Sur l'élaboration de l'information, il est
aussi important de mettre l'accent sur le problème du double cadrage
(Esquenazi, 2002). Cet élément en effet met en évidence
deux facteurs importants. Premièrement, c'est lorsque ces sources
citées précédemment « donnent leur version des
faits aux journalistes ; et deuxièmement, lorsque les journalistes
élaborent leurs reportages en suivant les contraintes imposées
par les instances médiatiques et les règles de leur profession
».24 Ces facteurs révèlent deux facteurs
essentiels appelés « variables médiatiques »
correspondant à la concurrence entre les médias et aux exigences
de rentabilités imposées par les propriétaires de
médias aux journalistes.
Cela explique donc l'origine de certaines informations et
leur caractère « nuisible » notamment. C'est d'ailleurs la
raison pour laquelle il est nécessaire de tirer la sonnette d'alarme
à propos du traitement médiatique de l'information qui peut
porter atteinte à l'industrie touristique (Malenfant, 2004). Ce dernier
souligne à ce niveau que « l'information qui circule par
rapport à une crise n'est pas toujours fiable, complète et
impartiale. »25 Sous ce rapport, l'exemple du conflit
colombien est assez illustratif. Les acteurs de l'information se sont
concertés pour se fixer différents objectifs dans
l'élaboration et la diffusion de l'information et donc élaborer
une action de communication. Ainsi, les journalistes colombiens viennent de
mettre en adéquation
24 Ibid., p.155.
25 Ibid., p. 4.
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les informations de qualité avec une objectivité
en se basant sur des produits (informations) issus de plusieurs sources
cependant traitées comme il se doit. Pour ce faire, la neutralité
et l'équilibre sont de mise, c'est-à-dire donner le même
temps de parole à toutes les sources et éviter les commentaires
partisans grâce un « style » factuel et distancié. Cette
analyse abonde dans un même sens : le tourisme est sensible à
toute forme de crise quelle que soit sa nature. En plus, la communication qu'on
lui accorde peut directement influencer son activité. Ainsi, nous
remarquons que, après les événements du 11 septembre 2001,
les voyages internationaux n'ont pas cessé de grimper et les pays ont
été plus déterminés à poursuivre leurs
objectifs. Des spécialistes du tourisme avancent que c'est devenu une
nécessité, un besoin vital. Or, ils n'ont pas
précisé à quel point la façon de voyager des
touristes allaient changer (Rojo, 2002). Poursuivant, son analyse, Serrano est
revenu sur la nécessité d'avoir un plan de communication de crise
dans une zone de conflit, plus précisément un « plan de
contingence » ou « plan de réponse rapide ». Selon
toujours l'auteur, tous les pays ou destinations touristiques doivent compter
sur ce plan afin d'avoir la capacité de répondre rapidement dans
l'immédiat avec cohérence entre les différentes
autorités en question. Le fait que le tourisme ne soit pas une
compétence transférée dans notre pays pourrait amener
à gérer difficilement les problèmes de la communication en
Casamance. Ainsi, au Mexique par illustration, c'est le SECTUR26,
une instance fédérale qui a la tâche de monter un plan de
communication conjointement avec le Secrétaire d'Etat et de le publier
par l'Agence des Relations publiques du Conseil de Promotion touristique qui
compte plusieurs bureaux en Amérique du nord. Ce plan permettrait donc
de faire face aux menaces potentielles liées notamment aux
problèmes sécuritaires des touristes et les diffusions
d'information à travers des fuites.
Ces deux chercheurs avec des travaux qui abondent dans le
même sens, c'est-à-dire le traitement de l'information dans des
zones de crises, nous ont permis de voir le rôle que peut jouer la
communication de manière spécifique dans les destinations
touristiques. Que ce soit la perception de l'information donnée ou du
processus d'élaboration de l'information face une multitude de sources,
ces travaux ont contribué à sensibiliser sur le caractère
sensible du tourisme face aux crises et le besoin imminent de préserver
cette activité porteuse de croissance. Toutefois, ces deux auteurs ont
manqué de souligner le rôle déterminant des autres grands
médias qui ont fini de révolutionner le secteur car, les
journalistes ne font partie que d'une catégorie de médias avec
les affichages, la radio, la télévision et le cinéma sans
compter la
26 Secretariat de Tourismo de Mexico, un organisme
délocalisé et dédié à la gestion du
tourisme.
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communication hors média où l'on retrouve
internet et qui est en plein dans la communication touristique et
négativement utilisé de plus en plus.
Toujours dans la littérature portant sur l'impact des
conflits sur le tourisme, un des pionniers dans la recherche sur le dossier du
conflit armé est J.C. Marut. Ce chercheur et spécialiste de la
Casamance revient sur les contextes intérieurs et extérieurs de
la guerre qu'il juge d'ailleurs « défavorable au pouvoir
sénégalais. » (Marut, 1994). De l'origine du conflit,
Marut passe en revue les différents protagonistes et les périodes
sombres. En effet, l'activité touristique a été
brusquement interrompue, la production du secteur primaire a chuté
drastiquement (la pêche, l'agriculture), le commerce est devenu moribond
et les usines se sont arrêtées. A ce sujet, Marut parle «
d'aggravation spectaculaire. »27 Ainsi, ce dernier
pense que certains agissements ne sont pas fortuits. Il souligne : «
même si l'objectif séparatiste était d'asphyxier
financièrement le régime, cette stratégie a pour
résultat d'asphyxier socialement ou économiquement la
région. » 28 Toujours dans ses recherches, Marut va plus loin
dans un travail intitulé Solution militaire en Casamance.
L'auteur, comme dans son précédent ouvrage, continue de faire une
analyse d'expert dans les relations géographiques du conflit, les
approches politiques des deux protagonistes, sans manquer de jeter un regard
sur l'économie, le tourisme en particulier. Ce chercheur évoque
l'étouffement de l'économie locale en soulignant au passage la
réclamation d'un dû marquée par des confrontations entre le
MDFC et le gouvernement (Marut, 1995). De même, ce conflit a conduit les
autorités dans une impasse politique, voire des relations diplomatiques
difficiles à maîtriser. En effet, note Marut : « La
mystérieuse disparition de quatre ressortissants français en
Casamance a attiré l'attention sur la relance d'un conflit que beaucoup
croyaient terminer [...J».29
Ainsi, Marut met en exergue un aspect critique dans cette
crise : une stratégie militaire coûteuse et désavantageuse
qui met en péril tout espoir d'une paix et affecte l'économie
locale. Dans sa publication du 31 janvier intitulé « En finir
définitivement » dans le quotidien Témoin, on
peut retenir que « les troubles font fuir les touristes, et donc les
devises dont le Sénégal a le plus grand besoin (...)
»30 Et Marut d'ajouter : « C'est d'ailleurs ce
que les rebelles ont compris depuis longtemps, cherchant à exploiter
l'insécurité comme une force de
dissuasion...».31 Cependant, le rôle de la France
dans ce dossier reste incertain et ambigu. En ce sens, le
27 J.C Marut « Guerre et paix en Casamance,
Repères pour un conflit » op.cit. p. 226.
28 Ibid.
29 J.C Marut « solution militaire en Casamance
» op.cit. p.163.
30 Ibid., p. 168.
31 Ibid.
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professeur Assane Seck déclarait en substance que celui
qui prétend maîtriser le conflit casamançais serait bien
présomptueux. En effet, la France, nous apprend toujours l'auteur, avait
fait un « cadeau » de 150 millions de francs CFA pour renforcer les
caisses de l'Etat après des attaques du MFDC et apporter une aide au
secteur du tourisme alors perturbé (Marut, 1995).
On peut ainsi noter une constance de l'auteur dans ses
travaux en ce qui concerne la Casamance. Avec une analyse pointue sur la crise
et ses conséquences, Marut n'a pas manqué de soulever la question
de l'économie locale qui le préoccupe, surtout l'activité
touristique. En conséquence, ses ouvrages nous ont permis d'avoir des
connaissances approfondies sur le dossier casamançais, notamment ses
liens avec le tourisme qui a connu des jours meilleurs dans la région.
Par contre, ses études ont esquivé le volet communicationnel, qui
constitue pourtant un facteur important pour maintenir l'activité
touristique.
Sur un autre registre, on note un ouvrage spécifique
qui traite du tourisme en Casamance et du conflit casamançais. Ainsi, si
Marut s'intéresse plus à la question géopolitique, Gueye
se penche sur la problématique d'une économie perturbée
pourtant regorgeant de potentialités touristiques immenses (Gueye,
2010). Dans sa recherche, Guèye fait une corrélation entre ce
dernier et la rébellion. L'auteur envisage tout d'abord de faire la
situation de l'activité touristique en Casamance dans son ensemble,
c'est-à-dire dans les régions de Ziguinchor, Sédhiou et
Kolda. Pour ce faire, Gueye a structuré son travail autour de trois axes
majeurs : d'abord les atouts du tourisme casamançais, ensuite les liens
entre le tourisme et le conflit armé, puis le plan de relance des
activités touristiques. Ainsi, il espère alors que le tourisme a
de fortes chances de recouvrer son dynamisme. L'auteur ne compte pas
s'arrêter en si bon chemin d'autant plus qu'il essaie de montrer avec
« insistance » 32 que le tourisme est un moyen indispensable
au développement. Son optimisme et les investissements de l'Etat
sénégalais sont le soubassement de l'épanouissement des
populations et de la redynamisation de l'économie locale dans sa
globalité. En même temps, nous soulignons que l'auteur n'a pas
manqué également de se consacrer dans son ouvrage à un
historique de la situation qui oppose les indépendantistes à
l'Etat du Sénégal. Cependant, Gueye souligne aussi les
problèmes de développement du secteur touristique en
évoquant le manque de diversification. A ce propos, il affirme que
« malgré tous
32 L'auteur estime : « Le pessimisme n'est
pas de mise en Casamance, les «atouts» et l'investissement
de l'État sénégalais vont balayer la rébellion et
redonner de l'«optimisme» à la région ».
Ce qui n'est toujours pas le cas. Car, malgré les nombreuses tentatives
d'instaurer une « paix » définitive, les attaques sont
toujours d'actualité. Du point de vue politique, le terrain est un peu
glissant avec la France, et souvent l'on se rejette la balle du
côté du MFDC.
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ses atouts, la Casamance n'arrive toujours pas à
diversifier son tourisme ».33 Une analyse qui
décrit un peu les limites du tourisme notamment le caractère
figé de l'offre touristique, même si d'autres formes de tourisme
sont étudiées et expérimentées.
Ce travail de Guèye présente un
intérêt capital à l'image de toute production scientifique.
Ainsi, il faut signaler qu'il figure dans ce travail un intérêt
lié à l'enrichissement documentaire du tourisme en Casamance qui
montre une pauvreté considérable en écrit. Pour rester
dans cette dynamique, nous pouvons souligner que Gueye apporte une contribution
scientifique dans la documentation car il estime dans ce même ouvrage
qu'il y'a là un manque d'ouvrages qui traitent sérieusement du
tourisme casamançais. C'est aussi un moyen de tenter de dissiper les
doutes qui planent dans ce secteur qui jadis profitait à la
région avant le début du conflit. Aussi pertinent qu'il soit, ce
travail a des limites dans son analyse du secteur touristique. Toutefois, ce
livre révèle des faiblesses et manquements, car l'auteur fait une
analyse un peu élémentaire de la situation. Dans l'offre de la
région, il évoque des éléments plutôt
caduques (Equipe Mit, 2002)34 comme le tourisme
cynégétique, un fleuve de paradis alors qu'il reconnaît que
le secteur rencontre des difficultés. Cependant, Moustapha Gueye, chef
du Département d'Economie et de Gestion de l'université de
Ziguinchor, n'est pas aussi neutre dans son analyse comme le veut la
démarche scientifique. En effet, l'auteur a fustigé les
indépendantistes qui, selon lui, ont mis le « désordre
» dans la région naturelle de la Casamance. Si Gueye et Marut
se mettent dans une position de défenseur du tourisme en Casamance et se
focalisent sur la politique, l'économie et les atouts de la destination,
Frochot et Legorehel35 traitent de l'image que peut revêtir
une destination touristique, c'est-à-dire la promotion davantage
menacée par de nombreuses péripéties. Selon ces deux
spécialistes du marketing, c'est « un secteur de
l'économie en pleine croissance et dont l'évolution à long
terme est prometteuse » (Frochot et Legorehel, 2004). La connaissance
du marketing, surtout celui dit « sectoriel », qui est d'ailleurs la
caractéristique de cet ouvrage, est plus que nécessaire pour une
reconsidération du secteur qui s'est professionnalisé et
structuré au cours des dernières décennies. L'idée,
c'est de s'adapter justement aux spécificités du secteur qui est
aujourd'hui sur le plan mondial l'un des secteurs les plus rentables.
Différents éléments sont traités ici : la
présentation des secteurs et des acteurs touristiques, le marketing
relationnel, les stratégies de gestion de crise, en passant
33 Ibid. p14
34 Equipe de recherche où des articles sont
publiés par des auteurs, spécialistes du tourisme, notamment Remy
Knafou, géographe, spécialiste du tourisme. MIT signifierait donc
(mobilités itinéraires Tourisme)
35 « Le marketing du tourisme », les auteurs posent
l'importance du tourisme en France et sur le plan international en
général.
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par les stratégies de communication dans l'industrie
touristique, sans oublier l'impact de l'internet sur le tourisme... La question
centrale à laquelle Frochot et Legorehel ont tenté de
répondre est : comment bâtir une stratégie marketing
spécifique au secteur du tourisme ? A cette question très
importante, ces chercheurs ont consacré des chapitres qui examinent
successivement les notions d'image, de communication touristique et de gestion
de crise.
En effet, dans toute destination touristique, l'image est la
première caractéristique de motivation de départ.
Cependant, il demande une attention particulière pour sa
préservation, surtout dans des zones de conflit à l'instar de la
Casamance. C'est « une alchimie particulièrement complexe
»36. Ils estiment donc que pour qu'une destination soit
attractive, plusieurs critères doivent être tenus en compte,
notamment :
? Les facteurs physiques qui tiennent compte du climat, des
caractéristiques géographiques...
? Les infrastructures touristiques comme le transport,
l'hébergement et la restauration ? Les facteurs historiques, le
patrimoine, la culture locale, l'histoire...
L'un des aspects les plus importants, c'est la participation
des voyagistes et des destinations, sans doute les représentants au
niveau local de l'Etat au plan touristique, les collectivités locales,
les organismes chargés du tourisme dans la formation de l'image
touristique. L'image de la région est donc une condition non
négociable du consommateur ; cela influence fortement ses motivations
personnelles et sa perception de l'image de la destination en question.
Toujours à propos de la problématique de la formation de l'image
touristique d'une destination, Frochot et Legorehel mettent en avant «
l'image organique ». Autrement dit, les consommateurs font l'objet d'une
exposition à des sources d'information non touristique : les journaux,
les articles de magazines, les reportages télévisuels, les films
et opinions d'amis. Par exemple, l'ensemble des consommateurs ont une image
relativement claire de l'Afghanistan suite aux événements du 11
Septembre 2001 alors qu'ils avaient (et n'auront) sans doute aucune intention
de s'y rendre. L'image nationale d'une destination (ses
spécificités culturelles, politiques et économiques)
influence également son image organique, indépendamment des
sources d'informations commerciales divulguées (Frochot et Legorehel,
2004).
Dans l'encadré 8.1 du même ouvrage,
afférent à la destination turque et de l'image organique, le pays
souffrirait à cause des événements politiques, mais aussi
d'un manque de connaissance
36 Ibid.
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des réalités du pays. Une étude
initiée par le Ministère du tourisme (turc) indique que «
dans l'imaginaire des touristes français, la Turquie souffre d'une
appréhension vis-à-vis de sa politique et de sa religion et que
les Français en ont une méconnaissance quasi-totale »
(Frochot et Legorehel, 2004). Dès lors, l'image de la Turquie devant
être améliorée, la seule solution trouvée c'est le
retour à la base, et donc aux valeurs de base de la destination. «
Vendre le pays » vient avant l'épreuve fatidique «
d'éduquer le public français » sur le potentiel
véritable du pays par une campagne d'information pour « construire
une identité culturelle positive » via une stratégie de
communication. C'est du moins l'avis de Frochot et de son co-auteur
Legorehel.
L'autre aspect fondamental est l'image induite
développée dans cet ouvrage. Elle est utilisée par les
acteurs du secteur touristique afin d'informer et de vendre leurs produits par
des publicités, des brochures, le guidage...Rappelons que cette source
d'information permet de modifier la perception que s'est faite le consommateur
à partir de l'image organique, un moyen pas toujours efficace. Le
problème majeur que rencontre les destinations, c'est que les
consommateurs qui n'ont jamais connu une destination, que ce soit sur le plan
historique, culturel..., se voit mal outillé du point de vue
communicationnel (organique ou induite). Toutes les deux ont des limites en ce
sens qu'elles déforment la réalité du milieu dont il est
question en faussant son identité par des images qui ne correspondent
pas aux réalités locales dans les spots de publicité et
sur internet, notamment où tout le monde a la possibilité de
relayer l'information. Dans la formation de l'image, Frochot et Legorehel ne se
sont pas penché sur le fait que les agences de voyages sont souvent trop
préoccupées de leurs commissions et se limitent simplement
à la vente de titres de transports. L'image de la destination importe
peu, et ils ne mettent pas les moyens pour la communication autour des produits
locaux. D'ailleurs François Vellas (2006) s'inscrit dans la même
logique que Frochot et Legorehel dans son ouvrage s'intéressant beaucoup
à la communication du tourisme, notamment à l'économie
d'une destination et à sa politique. Dans ses écrits Vellas,
revient sur la politique de promotion (communication) des destinations
touristiques nationales et internationales. Une analyse économique des
destinations qui implique les pouvoirs publics d'une part et les acteurs du
secteur d'autre part. Selon Vellas, les campagnes de publicité sont
réalisées à l'initiative de deux entités
complémentaires :
? Les services du tourisme du pays de destination
rattaché au ministère du tourisme et des collectivités
locales (en charge des programmes d'information et de promotion de la
destination en question) ;
Page | 23
? Les tour-opérateurs et les agences de voyages qui
réalisent des campagnes de publicité et de promotion sur les
produits qu'ils vendent.
Professeur en économie internationale, Vellas
réfléchit sur l'organigramme de la politique de communication sur
les produits et les destinations touristiques. Cet ouvrage traite de
l'économie touristique afin de voir dans quelle politique on doit
développer pour quelle destination, surtout lorsqu'il s'agit de faire la
communication. Dans son analyse, il souligne que les activités ou les
actions menées par les collectivités ou pouvoirs locaux sont
limitées par les ressources qui leur sont affectées et que les
compétences de celles-ci sont « plus ou moins étendues
».37 On note de ce fait plusieurs organisations qui se chargent
au niveau local ou national du tourisme, et même au niveau international
(UIOOT actuel OMT38). C'est une initiative qui permet une meilleure
collaboration et une maîtrise harmonieuse de l'activité. Les
compétences sont donc partagées pour une meilleure prise en
charge du tourisme à tous les niveaux. Vellas évoque
également les organisations professionnelles nationales et
internationales du tourisme qui jouent un rôle indispensable dans le
développement des activités de promotion et de communication en
faveur des destinations touristiques. Le tourisme n'est pas « une affaire
de partie », mais il nécessite la participation de tous les acteurs
pour consolider les efforts de chacun et atteindre les objectifs. Ainsi, les
politiques de promotion, composantes inhérentes des politiques
touristiques doivent être une préoccupation de la part des
gouvernants en collaboration avec les professionnels du secteur (Vellas,
2006).