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La communication du tourisme en zone de conflit. Le cas des communes de Ziguinchor et Djembering (basse Casamance).


par Diaw Pape Mactar
Université Assane Seck de Ziguinchor - Master 2 en management des activités du tourisme et culture 2020
  

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CONCLUSION

La communication du tourisme, c'est un ensemble technique, un processus, une organisation dans la chaîne de tous les acteurs du secteur touristique visant à piloter, à concevoir un produit depuis sa préparation (input) jusqu'à sa consommation (output). Pour les acteurs, c'est l'organisation du produit à destination du consommateur final. Le produit est palpable, mais le service est intangible. Cependant, on affirme que ce processus marketing du produit, pris dans le sens du territoire, dans ce cas d'exemple est marqué par les conflits, les crises notées un peu partout dans le monde. La problématique de la communication du tourisme dans une zone de conflit est assez préoccupante. Elle fait face à de multiples facteurs qui entravent l'activité touristique dans les différentes localités sous prétexte qu'elles se situent dans la zone de conflit. Certes il existe plusieurs conflits, plusieurs crises dans des destinations touristiques différentes, mais la physionomie des espaces géographiques n'est pas la même. Il faudrait alors se pencher sur un modèle de communication et des politiques plus adaptées aux zones souvent prises dans cet étau. La communication du tourisme réussit ainsi son pari de rendre le territoire d'accueil attrayant au profit des visiteurs potentiels d'une part et d'autre part subit les conséquences d'un conflit accentué par une couverture qui peut être analysée sous plusieurs angles.

Le Sénégal, pays indépendant depuis 1960, s'est vite lancé dans le tourisme dans les années 1970. Cependant, l'implantation de son premier village de vacances au Cap-Skirring avait suscité une discorde entre les populations locales et les bailleurs, des relations purement commerciales loin des interactions humaines comme pour l'atteste Saglio : « Ici Aline Sitoé est inconnu, et de toute façon on en aurait fait une superbe hôtesse d'accueil. » 83 On note ainsi des difficultés dans l'implantation du tourisme dans ce village de pêcheurs devenu plus tard un hub touristique. Dans tout le reste du Sénégal, néanmoins l'activité marche plus ou moins bien. En effet, le pays de la Téranga, qui recevait neuf millions de touristes, a connu une chute drastique de la fréquentation touristique. C'est une situation déplorable pour la Casamance. Elle est parfois amplifiée par certains médias qui diffusent constamment ou occasionnellement de fausses informations. Cela attire de plus en plus l'attention des chercheurs. En effet, le conflit qui s'est déclaré dans cette partie continue de nuire au secteur du tourisme. Ceci interpelle l'opinion nationale et internationale.

83 Saglio (2004). Casamance op.cit. p176

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A coup sûr, un conflit ou une crise impacte toujours sur les différents secteurs économiques. A cet effet, la couverture médiatique dans une zone de conflit peut devenir aussi fatale que le conflit lui-même. Cet élément appelé communication intéresse donc plus surtout quand il s'agit des conflits armés. En Casamance, les médias sont devenus populaires à cause de l'ampleur qu'a prise cet événement historique, mais, aussi et surtout une communication touristique noyée par les acteurs médiatiques et des TIC, une faible présence sur la scène des acteurs touristiques notamment. Nous retrouvons pour le cas de notre étude la présence de radios, de télévisions, de nouvelles technologies d'information et de communication à l'instar de la presse en ligne et une forte audience auprès des réseaux sociaux et des pages internet de manière générale.

La couverture médiatique dans une zone de conflit représente souvent de très grands risques compte tenu des nombreuses exactions commises sur les professionnels de l'information et de la communication. Toutefois, leur communication, basée des exigences professionnelles, est quelque part un obstacle majeur pour les territoires concernés comme le dit l'adage : « Le bonheur des uns fait le malheur des autres ». Nous constatons donc dans ce travail que les médias sont seulement préoccupés par la diffusion d'informations immanentes au conflit qu'elles soient vérifiées ou non, la commercialisation de leurs journaux, leurs comptes rendus, etc. Cette attitude s'explique fondamentalement par la course à la primeur des informations, la concurrence des gros titres entre les différents organes de presse ; il s'agit d'une responsabilité partagée entre les correspondants locaux, les directions se trouvant hors du champ de conflit et les médias sociaux.

Dans ce dernier, nous avons eu à noter plusieurs facteurs dans la diffusion de l'information parmi lesquels les articles et leurs sources. Nombreux sont ceux qui relaient des informations puisées directement dans un article dans la presse en ligne et pourtant ils n'appartiennent ni à la corporation journaliste ou encore touristique. En outre, les images que l'on retrouve dans la plupart des articles sur le conflit lorsqu'ils parlent du tourisme ne sont pas des images réelles, car elles ne sont ni actualisées ni adaptées. Nous les avons donc classées dans la catégorie des sources non autorisées. Nous avons alors constaté que la communication est loin d'être favorable au tourisme car certains Etats ne la réglementent pour qu'elle ne nuise à aucun intérêt national ou à celui des particuliers.

Les enjeux sont multiples pour les chancelleries et pour les collectivités locales concernées, mais aussi l'Etat qui définit les politiques touristiques. Pour le cas de notre pays, la France, via son ambassade, se porte garant de ses compatriotes ressortissants dans le territoire national.

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Cependant, elle ne fait pas office d'un bon juge car, entre les décisions prises (zone-rouge) et la réalité sur l'espace, dans une analyse géopolitique, il y a certains mystères qui mériteraient d'être levés. En effet, la décision de déclarer la Casamance zone d'insécurité laisse à désirer. Non seulement elle a des impacts sur des zones qui ne sont pas affectées actuellement par le conflit, mais elle ralentit considérablement l'activité touristique en Casamance au profit des autres parties du pays. Malheureusement, cette discrimination régionale demeure un sérieux problème à cause notamment des politiques territoriales de l'Etat. En réalité, les collectivités territoriales sont impuissantes. En d'autres termes, elles ne peuvent entreprendre des actions planifiées pour remédier à ces deux faits regrettables. Elles n'ont assez de ressources financières en vue de la réalisation de projets d'attraction touristique. Au Sénégal, le tourisme reste une compétence non transférée. En ce sens, nous notons à Ziguinchor l'absence d'une organisation chargée spécifiquement de la communication touristique avec des moyens pour partager également des compétences au niveau local. Ainsi, avec les services en charge du tourisme, nous avons constaté un gap énorme en termes de communication touristique, un manque d'organisation et de coordination aussi. Certains d'entre eux se limitent strictement à leurs activités primaires, c'est-à-dire accueillir et informer le client. La culture, un atout pour la communication du tourisme, est insuffisamment exploitée à cause du manque de volonté des autorités locales qui n'accompagnent pas toujours des initiatives immanentes à la promotion des traditions locales et de la sous-région. En conséquence, la bataille médiatique est fréquemment gagnée par une communication parallèle qui est un obstacle au développement du tourisme dans cette zone.

Avec la révolution des TIC, la multiplication et la prolifération des sources internet et leur forte pénétration, beaucoup de personnes ont dorénavant l'habitude et la facilité de s'informer et de communiquer au jour le jour. Ces TIC, bien qu'elles soient de véritables atouts, constituent un danger pour la communication touristique, surtout pour une zone en conflit. Les informations relayées ne sont pas contrôlées, filtrées et peuvent être à la portée de tout le monde et n'importe où. Dans un pays qui fait plus de neuf millions d'abonnés sur quinze et plus de deux millions d'abonnés à un medium social comme Facebook, un territoire est vite fiché sur la planète en seulement quelques secondes. Dans ce cas précis, le monde est conscient du danger de ces TIC en matière de désinformation, surtout les médias sociaux. Cette intoxication affecte profondément les zones étudiées dans ce travail. Même l'usage du concept Casamance par exemple pose problème. Pour certains, il désigne trois régions qui se trouvent dans la même zone géographique, tandis que pour d'autres il a tout simplement une connotation péjorative. Il

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fait allusion au séparatisme, à l'insécurité. C'est plutôt cette stigmatisation permanente qui est actuellement en vogue.

En effet, les acteurs du tourisme ne cachent pas leur désarroi et affirment que la situation de la Casamance profiterait à la concurrence qu'ils jugent déloyale. Une économie de guerre s'installe silencieusement marquée par une guerre de la communication. Elle est déclenchée par des acteurs du secteur qui ne soucient que de leurs propres intérêts au point de nuire à leurs collègues qui se trouvent en Casamance. Même si la liberté d'expression est garantie par Déclaration universelle des Droits de l'homme et la Constitution du Sénégal, elle ne devrait jamais être détournée de sa quintessence et orientée intentionnellement, exclusivement, vers l'accomplissement d'oeuvres crapuleuses. L'on s'interroge alors sur les rapports entre conflit et tourisme dans des localités un peu moins concernées par les tensions. Sous ce rapport, nous avons constaté que certains risques, quoiqu'ils n'existent pas, sont inventés et promulgués aux niveaux national et international. Et cela freine la motivation de voyage de potentiels visiteurs. Il laisse la place à une identité autre que celle qui existe réellement sur le terrain, reflétant ainsi une image perçue au plan national et au-delà des frontières. Donc, nous pouvons déclarer que toutes nos hypothèses sont justifiées.

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