UFR : SCIENCES ÉCONOMIQUES ET
SOCIALES DÉPARTEMENT : TOURISME SPÉCIALITÉ :
MANAGEMENT DES ACTIVITÉS DU TOURISME ET CULTURE NIVEAU : MASTER
2
MÉMOIRE DE FIN DE CYCLE
UNIVERSITÉ ASSANE SECK DE ZIGUINCHOR
La communication du tourisme dans une zone de conflit :
le cas des Communes de Ziguinchor et Djembéring
(Basse-Casamance)
Soutenu publiquement le 12 mars 2020
Membres du Jury
Pr Abdoul Aziz NIANG Maitre de conférences
agrégé à l'UASZ Président
Dr Ousmane BASSE Maitre-Assistant à l'UASZ
Encadreur
Dr Seedu Mukhtar SONKO Maitre-Assistant à l'UASZ
Examinateur
M. Ibrahima GASSAMA Journaliste, Directeur ZIG
Examinateur
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Année Académique : 2018 / 2019
Présenté par :
M. Pape Mactar DIAW
Dr Ousmane BASSE
Sous la direction de :
UNIVERSITÉ ASSANE SECK DE ZIGUINCHOR
SPÉCIALITÉ : MANAGEMENT DES
ACTIVITÉS DU TOURISME ET DE LA
CULTURE
UFR : SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
DÉPARTEMENT : TOURISME
NIVEAU : MASTER 2
Année Académique : 2018 / 2019
MÉMOIRE DE FIN DE CYCLE
La communication du Tourisme dans une zone de conflit :
le cas des Communes de Ziguinchor et Djembéring
(Basse-Casamance)
Présenté par : Sous la direction de :
M. Pape Mactar DIAW Dr Ousmane BASSE
Membres du Jury
Soutenu publiquement le 12 mars 2020
Pr Abdoul Aziz NIANG Maitre de conférences
agrégé à l'UASZ Président
Dr Ousmane BASSE Maitre-Assistant à l'UASZ
Encadreur
Dr Seedu Mukhtar SONKO Maitre-Assistant à
l'UASZ Examinateur
M. Ibrahima GASSAMA Journaliste, Directeur ZIG
Examinateur
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REMERCIEMENTS
Nombreux sont ceux qui ont contribué de loin ou de
près à la réalisation de ce mémoire. Nous tenons
donc à remercier particulièrement :
? Le Docteur Ousmane BASSE, notre Directeur de Mémoire,
pour sa disponibilité, sa rigueur et son professionnalisme tout au long
de ce travail.
Nous sommes très reconnaissant aussi envers :
? Le Docteur Yves DIOUF, pour nous avoir assisté le long
du travail ;
? Tous ceux qui ont accepté de nous accorder un
entretien et ceux qui ont accepté de répondre à notre
questionnaire ;
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DEDICACES
Je dédie ce travail à :
? Mon défunt père (paix à son âme)
et à mon affectueuse maman qui m'accompagne et prie pour moi dans
n'importe situation ;
? Ma tante Ndèye Khar DIENG et son époux
Monsieur Adama SAMB pour m'avoir assisté durant tout mon cursus scolaire
et universitaire sans condition ;
? A Monsieur Sadio GASSAMA pour son soutien
? A l'ensemble des membres de ma famille pour leur soutien ;
? Pour finir, je dédie ce travail à l'ensemble
des étudiants de l'Université Assane Seck de Ziguinchor, plus
particulièrement aux étudiants du département Tourisme et
à la promotion de l'année 2013 à laquelle j'appartiens.
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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ASPT : Agence Sénégalaise de la promotion
Touristique
ANSD : Agence National de la Statistique et de la
Démographie
ANCAR : Agence Nationale pour le Conseil Agricole
AGS : Syndicat des Guides du Sénégal
ARTP : Agence de Régulation des
Télécommunications et des Postes
AOF : Afrique Occidentale Française
ACCT : Agence de Coopération Culturelle et Technique
APS : Agence de Presse Sénégalaise
BIE : Bulletin d'Information Economique
BtoB-B2B : Business to Business-Business2Bunisse (salon
d'affaire)
BtoC-B2C : Business to Customer-Business2Customer (salon grand
public)
BM : Banque mondiale
CDT : Comité de Développement du Tourisme
CRT : Comité régional du Tourisme
CICR : Comité International de la Croix Rouge
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
CICES : Centre International du Commerce Extérieur du
Sénégal
CNRA : Conseil National de Régulation de
l'Audiovisuel
DMS : Durée Moyenne de Séjour
DMV : Durée Moyenne de Voyage
DRDR : Direction Régionale de Développement
Durable
DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l'homme
DUDHC : Déclaration Universelle des Droits de l'homme
et du Citoyen
LSPT : Lettre Sectorielle de la Politique Touristique
INSEE : Institut Nationale de la Statistique et des Etudes
Economiques
MFDC : Mouvement des Forces Démocratiques de la
Casamance
MTTA : Ministère du Tourisme et des Transports
Aériens
NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
OMT : Organisation Mondiale du Tourisme
ONU : Organisation des nations Unies
OTSI : Office du Tourisme et Syndicat d'Initiative
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ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONITS : Organisation Nationale des Professionnels
Intégrés du Tourisme du Sénégal
OSIRIS : Observatoire sur les Systèmes d'Information,
les Réseaux et les Inforoutes du Sénégal
PIB : Produit Intérieur Brut
PSE : Plan Sénégal Emergeant
PANA : Agence Panafricaine
PMA : Pays Moins Avancés
PADERCA : Projet d'Appui au Développement de la
Casamance
PPDC : Projet Pôle de développement de la
Casamance
RFM : Radio Futur Média
RTS : Radiotélévision
Sénégalaise
RFI : Radio France Internationale
RDC : République Démocratique du Congo
SDDR : Service Départemental de Développement
Durable
SAPCO : Société d'Aménagement et de
Promotion des Côtes et Zones Touristiques
SDAT : Schéma de Développement et
d'Aménagement du Tourisme
SAT : Syndicat des Agences de Voyages et de Tourisme
SPIHS : Syndicat Patronal des Industries
Hôtelières du Sénégal
SRDTL : Schéma Régional de Développement
du Tourisme et Loisirs
SATD : Schéma d'Aménagement Touristique
Départemental
SRT : Service Régional du Tourisme
SITC : Syndicat du d'Initiative et de Tourisme de la
Casamance
SITICA : Salon International du Tourisme, des Industries
Culturelles et d'Artisanat
TIC : Technologies de l'Information et de la Communication
T.O: Tour operator
TFM : Télévision Futur Média
UIOOT : Union Internationale des Organismes Officielles du
Tourisme
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science et la Culture
HCRT : Haut Conseil de la radio et de la
télévision
HCA : Haut Conseil de l'Audiovisuel
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SOMMAIRE
INTRODUCTION .01
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE 04
Chapitre 1 : Cadre théorique 05
Chapitre 2 : Cadre de l'étude et méthodologie
...27
DEUXIÈME PARTIE : CADRE D'ANALYSE ET
INTERPRETATION .39
Chapitre 3 : Les acteurs et leur rôle dans la
communication touristique .41
Chapitre 4 : Relation entre les informations du conflit et le
tourisme et leurs impacts 65
TROISIEME PARTIE : RECOMMANDATIONS .82
Chapitre 5 : Perspectives 83
CONCLUSION 95
Bibliographie 99
Webographie 102
Liste des figures et tableaux 105
Table des matières 106
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INTRODUCTION
Né en Angleterre, le tourisme est dérivé
du mot anglais « tour » et fait désigne à une pratique
initiatique menée par de jeunes aristocrates britanniques. Il devient
très vite populaire dans cette partie de l'Europe au
XVIIIème siècle. Il sera alors considéré
comme « le grand tour » de la Grande-Bretagne vers l'Europe
occidentale. Ce fut une activité jadis réservée à
un groupe d'élites, notamment les jeunes et riches britanniques,
constituant un périple pour leur éducation, mais aussi pour
découvrir d'autres cultures, d'autres villes comme les grandes capitales
européennes. Autrement dit, il ne faut pas perdre de vue que l'homme
voyage depuis plusieurs millénaires et que le concept « tourisme
» lui-même fut créé au XVIIIème
siècle, puis appréhendé comme un phénomène
social par la montée en puissance du « mass-tourism1
». Ce dernier est matérialisé par les congés pays en
France par exemple en 1936. Alors les premiers agences de voyages voient le
jour avec le groupe Thomas Cook2 et les premiers voyages
organisés en 1845 vers Liverpool et en Europe en 1855. Par ailleurs,
outre la reconnaissance du droit de voyage et l'épanouissement
(conférence de Manille, Philippines, 1980), la déclaration
universelle des droits de l'Homme de 1948 confère ainsi à
l'individu de manière générale le droit à
l'utilisation de l'espace non familier.
Considérée comme une activité de loisir
impliquant le déplacement de son environnement habituel vers un «
monde extérieur » pour divers motifs, utilisant pour le voyage le
transport aérien, terrestre, maritime et ferroviaire dans une moindre
mesure, l'activité touristique implique aussi des dépenses et
noue des relations avec l'histoire, le patrimoine, la culture, la
géographie entre autres. Ainsi, le tourisme retient l'attention des
chercheurs des différentes sciences à la suite de ses impacts
forts dans tous les domaines de la vie. Il enregistre plus de 10% du PIB
mondial et plus de 140 millions d'emplois directs (OMT, 2010). Devenu au fil du
temps une activité de masse, le tourisme a occupé ces
dernières années une place très importante dans le
développement socio-économique et culturel dans les pays
développés à l'instar de la France et les pays dits
émergents (Frank Michel, 2006).
Economiste de renom et très intéressé par
le secteur du tourisme, François Vellas (2007) explique aussi
l'importance du tourisme dans l'économie avec des chiffres imposants qui
atteignent les 808 millions de visiteurs internationaux de 1950 (25 millions)
en 2005. Au Sénégal, les recettes de cette grappe
économique, mais aussi sociale, a atteint 358,5 milliards
1 Le tourisme de masse a vu le jour à la suite
de la généralisation de congés payés dans les pays
développés.
2 Entreprise britannique spécialisée
dans le tourisme créée vers le milieu du XIXe siècle.
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(MTTA, 2016) de f CFA. Contrairement à ses
années de gloire, le pays de la Téranga3
constate une chute libre de l'activité touristique, due à une
panoplie de difficultés. Une baisse des tendances relatives notamment
à une politique morte née du visa d'entrée, Ebola, la
faible communication, une offre qui ne varie pas, mais surtout par le conflit
en Casamance, qui remet en cause le statut du Sénégal au rang de
pays stable politiquement. Pourtant, l'Etat dans sa politique sectorielle
considère le tourisme comme une priorité dans le Plan
Sénégal Emergent (PSE). Son essor touche beaucoup de domaine et
participe à la construction des sites touristiques dans les milieux
ruraux et urbains, au développement d'infrastructures de tous genres
(touristiques, socio-éducatives et culturelles). Au
Sénégal, la naissance du tourisme rural intégré
dans les années 1970 visait justement à améliorer les
conditions de vie des populations des zones rurales et prôner une
meilleure redistribution des recettes locales. De ce fait, il constitue un
billet pour permettre la promotion des cultures et valoriser des destinations
touristiques et des villes, un créneau pour les investissements. Le
secteur devient à ce stade, le premier pourvoyeur de revenus
après la pêche et le premier employeur derrière
l'agriculture.
Toutefois, avec l'acte III de la décentralisation, les
collectivités locales ont ainsi une plus grande ouverture et une
autonomie dans la gestion des activités de leurs localités. Nous
notons que jusque-là le tourisme reste une compétence non
transférée et joue un rôle non moins important dans
certains territoires. Par exemple, la commune de Djembéring
dépend (recettes) à 95% selon Tombon Gueye4 de ce
secteur et son budget de 65% selon M Mané5. Avec ce projet
récemment instauré au Sénégal par le nouveau
gouvernement installé en 2012, la restructuration de l'activité
touristique a vu le jour. On parle aujourd'hui de pôle touristique. Ils
sont au total six dont la Casamance qui couvre les régions de
Sédhiou Kolda et Ziguinchor. Cependant, le tourisme au sud du pays est
concentré en grande partie au Cap-Skirring avec une forte
fréquentation touristique. Sur les différentes localités,
la commune de Ziguinchor est abonnée au tourisme d'affaires avec
quelques infrastructures hôtelières aux normes requises et
adéquates.
A cet effet, il est bon de signaler un manque
d'infrastructures de qualités et d'activités promotionnelles et
culturelles de grandes envergures dans la région et des
conséquences notoires de la guerre. C'est ce qui a provoqué la
fermeture de bon nombre d'établissements
3 Signifie hospitalité en langue locale (Wolof)
Sénégalaise.
4 Maire de la commune de Djembéring. Cette
information fut donnée lors du panel organisé à l'occasion
de la « Semaine du tourisme » à Cap-Skirring.
5 Fiscaliste, secrétaire municipal à la
mairie de Djembéring.
touristiques. Sur le plan environnemental, la Casamance
dispose de nombreux atouts faunesques et floraux qui sont laissés
à leur sort (la déforestation...), un laxisme et un manque de
politique ferme pour préserver le patrimoine dans toutes ses formes. En
revanche, depuis plusieurs décennies, le tourisme en Casamance, qui
s'établi dans les régions de Ziguinchor, Sédhiou,
Kolda..., est confronté à une mauvaise image comme le stipule M.
Diouf6, à cause d'un conflit armé vieux de trois
décennies entre les Séparatistes du Mouvement des forces
démocratiques de la Casamance (MFDC) et l'Etat du Sénégal.
En outre, on assiste à une activité peu prolifique
comparée à la belle époque des années 1970. Le
tourisme en Casamance fait face à des problèmes, pour la majeure
partie, liés à la baisse de la fréquentation de la
destination, des situations diplomatiques complexes, une faible motivation au
voyage (destination) aussi à cause de la communication dans cette partie
du pays.
Ce travail se structure comme suit ; d'abord, une
première partie qui aborde le cadre théorique et
méthodologique avec deux chapitres. Le chapitre 1 expose l'approche
théorique : le contexte, la revue littéraire, la
problématique, les objectifs de recherche et les hypothèses.
Puis, nous nous consacrerons à la méthodologie de recherche
utilisée qui va faire ressortir toute la démarche de ce travail.
Ensuite, une deuxième partie fera le point sur les données
recueillies au cours de nos enquêtes de terrain avant de terminer par les
différentes conclusions auxquelles nous sommes arrivées en
passant par les différentes contributions.
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6 Ancien coordonnateur de l'Office du Tourisme de la
Casamance
PREMIERE PARTIE
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CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
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Chapitre 1. Cadre théorique
1.1 Contexte
Devenu un phénomène mondial, le tourisme
s'impose de nos jours par son apport sur l'économie mondiale. Selon une
étude d'impact (Sénégal sunu rew 2017) sur le
plan Sénégal émergeant (PSE) concernant la filière
tourisme, on note une contribution de l'ordre de 6% du PIB et de 200.000
emplois au niveau national. Le tourisme crée aussi des effets sociaux et
culturels notoires dans les différentes destinations. A l'instar de la
France, une destination touristique imposante, les pays en voie de
développement (du Proche et Moyen Orient, de l'Afrique noire, du
Maghreb, de l'Arabie...), se lancent vers ce que l'on pourrait qualifier de
nouvel ordre économique. A signaler que le tourisme représente
12% du PIB mondial, 7% de l'investissement et 11% de la main d'oeuvre à
en croire l'organisation mondiale du tourisme (OMT, 2016). Il faut alors
prendre toutes les dispositions pour garantir une activité satisfaisante
pour le visiteur et le visité.
Depuis plusieurs années, l'Etat du
Sénégal tente d'atteindre des objectifs touristiques
difficilement. Selon l'agence panafricaine (PANA, 2017) par exemple, sur 992.
000 visiteurs en 2007, le Sénégal n'a pu enregistrer que 800. 000
en 2008. En Casamance plus particulièrement, dans les années 70,
on dénombrait 75.000 visiteurs (APS, Archives, 1980).
D'après le cabinet (Isdl/Attract12014), le «
Sénégal est en volume la 35ème destination
privilégiée des Français, c'est-à-dire seulement
0,5% des départs internationaux depuis le territoire français, la
22ème pour les Luxembourgeois, la 48ème
pour les Belges, la 59ème pour les Espagnols, la
72ème pour les Italiens et la 111ème pour
les Allemands ». Par conséquent, les autorités veulent
renverser cette tendance en se fixant pour l'horizon 2023 un objectif de 3
millions de touristes. Un tel objectif certes ambitieux, réalisable mais
si et seulement si elle requiert une bonne communication
élaborée, suivie et appliquée.
Cette faible politique de développement touristique est
caractérisée par une carence de communication et des ressources
financières insuffisantes dans ce sens. Toutefois, un objectif de 1,5
million de touristes en 2010 a été fixé dans la lettre de
politique sectorielle de développement du tourisme (2005-2015). Ceci n'a
produit que, 980. 000 touristes en 2012 (MTTA, 2015). A ce propos, les acteurs
insistent justement sur les moyens de communications qui ne suffisent pas.
C'est dans ce sens que I. Kambel chargé de communication chez Jovago,
lors du lancement de la saison touristique à Toubacouta, est revenu sur
les difficultés en terme
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de communication en déclarant (Ndarinfo, 2015) :
« Il est donc important pour le développement de la destination
Sénégal qu'une politique claire de promotion et de communication
soit élaborée. »
Dans ce contexte, le marketing devient un moyen dont on fait
usage pour plus de visibilité, d'attraction des différentes zones
dites touristiques. Ainsi, la communication intervient en donnant une image de
ce qu'est véritablement les lieux touristiques. Ces informations
permettent aux visiteurs de s'enquérir du lieu de leur future
destination. C'est donc une étape dans la recherche d'informations
cruciales avant le départ. Néanmoins, elles peuvent être
parfois complémentaires à celles qui ont déjà
été transmises.
Par ailleurs, depuis plusieurs années, on sent une
menace réelle à l'endroit du tourisme à cause des guerres
civiles, des crises politiques, des catastrophes naturelles, des
épidémies, etc. Ce sont autant de facteurs qui rendent quasi
impossibles la pérennisation du tourisme dans le monde. Dans ce
contexte, la communication du tourisme dans les zones en pleine crise
préoccupe non seulement les autorités, mais aussi les acteurs.
Cependant, les visiteurs sont de près les plus concernés. Deux
cas évidents sont notés : un problème de
sécurité d'une part et d'image et de crédibilité
d'autre part pour les visités. La communication du tourisme devient
alors une priorité pour non seulement les nations concernées,
mais aussi un combat pour les acteurs et pour la crédibilité de
la destination, gage de fidélisation. Le Sénégal pour sa
part consacre des efforts en ce sens, mais jusque-là ils sont
insuffisants. Le tourisme, en particulier dans le sud du pays (la Casamance),
continue de souffrir à cause d'une image entachée par un conflit
trentenaire. Ce fut une des destinations les plus attractives au niveau
national. Pour les spécialistes de la communication, il y a des aspects
à prendre en considération. D'une part, c'est que l'Afrique ne
paraît que sous les mauvais draps dans les médias
américains et européens : guerre, pauvreté, coups
d'Etat... D'autre part, il y a un problème de cadrage de la
communication comme facteur bloquant (Burger, 2008).
Selon un reportage de C. Pierret sur Radio France
Internationale (RFI, 2019) sur le tourisme malien par exemple, les
conséquences de la crise ont fini d'affecter la vie des populations.
Selon I. Sylla7 « avant la guerre même,
Français, Allemands, Belges qui ont des galeries en Europe viennent
acheter des articles... ils viennent plus au Mali ». Les guides
touristiques se voient obligés de se reconvertir dans le commerce pour
faire face à la crise puisque le tourisme ne marche pas. Plus de 14
attaques enregistrées par l'organisation des nations unies (ONU),
dont
7 Habitant de la ville de Ségou situé
à 240km de Bamako, au mali.
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celle de Diabaly8 en 2018 qui avait fait deux
morts, pour ne citer que celles-là, en sont les conséquences
directes. Selon Y. Fofana9 : « Ségou fut une
destination à part entière avec des statistiques à
tendance croissante ». En 2009, les arrivées touristiques,
selon ce dernier, étaient de 15.000 contrairement à
l'année 2018 qui est de 6.000 visiteurs. C'est une baisse de 60%, selon
la Direction régionale du tourisme. Par ailleurs, qu'est-ce qui a
été faite au plan communicationnel par les acteurs pour essayer
de redresser cette situation ?
De ce fait, ce mémoire est un tremplin qui va nous
permettre d'établir les rapports entre la couverture des médias
classiques et sociaux et le tourisme dans une zone de conflit. Nous en ferons
également une analyse d'une activité touristique instable en
Casamance depuis la fin des années 1980 plombé par une crise
politique. En effet, ce travail va en outre porter sur un regard panoramique
dans le domaine du tourisme dans cette partie du Sénégal en
étudiant l'impact du conflit armé déclenché en
1982, notamment sur le plan de la communication. Il retrace ainsi un secteur
jadis prometteur qui aujourd'hui représente aux yeux du monde une
destination dangereuse10 pour certains à cause d'une
léthargie communicationnelle d'une part et d'autre part des politiques
diplomatiques. Une situation qui ne fait pas les beaux jours de la
région et elle est ainsi matérialisée par des
interdictions de voyages, baisse de la fréquentation. Pourtant,
après le printemps arabe, ces pays en question (Tunisie, Egypte...)
retrouvaient leur lustre d'antan grâce à une volonté
politique et une communication solide sur l'offre touristique.
1.2 Problématique de recherche
Le tourisme est un puissant moteur de l'économie (Boer,
2016). A cet effet, dans une étude, le World Travel á Tourisme
Council note une contribution « totale » du tourisme dans le PIB
mondial à hauteur de 9.8%. Cette étude montre aussi que le
tourisme vient avant les industries automobiles, pétrolières et
agro-alimentaires. Il contribue dans la même foulée à 9%,
soit une valeur relative de 274 millions à la création d'emplois
dans le monde. En effet, la France arrive en tête avec 86.3 millions de
touristes internationaux, suivie de près par les Etats-Unis 77.9%,
l'Espagne 68.1 millions, la Chine 56.9 millions, l'Italie 50.8 millions, la
Turquie 39.8 millions, l'Allemagne 35 millions, le Royaume-Uni 33.9 millions,
le Mexique 32.1 millions et la Russie 31.6 millions (OMT, 2017). Cependant, le
tourisme rencontre aujourd'hui des difficultés qui
8 Commune se situant dans la région de
Ségou, Mali.
9 Agent à la Direction préfectorale du
tourisme dans la région de Ségou, Mali.
10 Une classification du Quai d'Orsay à la
suite d'un événement survenu dans une zone touristique (attaque
armé par exemple) menaçant ainsi la sécurité de
leurs ressortissants.
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ralenti sa croissance11 partout où une crise
se manifeste. Evidemment, la croissance du pourcentage de la Russie se justifie
par l'apaisement des tensions avec son voisin ukrainien. Toutefois, Boer n'a
pas oublié pour autant le Moyen-Orient dont les arrivées ont
progressé de 3%, malgré la crise en Syrie et en Irak, en Egypte
même si celles-ci ont connu une baisse de la valeur similaire. En
réalité, certains pays touchés par le terrorisme, tels la
Tunisie et le Kenya, ont connu un déclin avec respectivement -25.2% et
-13.7%. L'Afrique subsaharienne est entachée par une
médiatisation de l'épidémie d'Ebola comme ce fut le cas
importé au Sénégal en Octobre 2014.12 Il est
bon aussi de souligner que les crises économiques ont des
répercussions profondes sur le tourisme que les crises politiques comme
celles du « printemps arabe », par exemple, ou des risques
sécuritaires. Ce dernier n'a eu de choc que sur le secteur touristique
en Afrique du nord et au Proche-Orient et non au plan mondial. Dans ce
contexte, les destinations dites similaires et plus sûres profitent de ce
tournant. Entre 2010 et 2013, lorsque l'Egypte a constaté 35% de baisse
de ses arrivées, la Grèce et le Portugal ont
bénéficié de 20% de ces arrivées justement (OMT,
2015). S'agissant des crises économiques comme celles de 2009, les
arrivées ont chuté de 4.2% et les recettes touristiques de 5.7%
par rapport à 2008.13 De surcroît, le terrorisme et
l'insécurité, de manière générale, sont des
facteurs avérés de l'écroulement du tourisme mondial.
Voilà pourquoi ils sont difficiles à contrôler. Les
exemples des destinations comme le Kenya, la Tunisie, l'Egypte, l'Afrique du
Sud, la Malaisie ou encore le Sénégal montrent à quel
point le tourisme peut être sensible à l'incertitude
sécuritaire. Même la France, première puissance touristique
du monde en termes d'arrivées, n'échappe pas à la «
règle » comme beaucoup d'autres destinations visées par des
attaques.
En effet, selon une étude commanditée par
l'Institut national de la Statistique et des Etudes économiques (INSEE,
2015), après les incidents du 13 novembre, la fréquentation
touristique a tout simplement régressée de 1.7% sur le territoire
et de 9.5% en Ile-de-France. De même, les attentats du 22 mars à
Bruxelles ont eu un impact défavorable. Toujours, comme le souligne Boer
: « l'amélioration de la perception sécuritaire d'un
pays peut grandement favoriser son développement ».
14 Par conséquent, en 2014, le secteur touristique du Mexique
a été crédité de
11 Selon une étude publiée par le
World & Tourism Council, il faut en moyenne 13 mois pour qu'une destination
retrouve une fréquentation touristique normale après avoir subi
des attentats terroristes. C'est moins long que dans les cas d'une
épidémie (21 mois), d'une catastrophe naturelle (24 mois) ou de
troubles politiques (27 mois)
http://fortune.com/2015/11/30/terrorism-tourism-paris/
12 Selon un rapport de la Banque mondiale, les
conséquences d'Ebola pourrait alors réduire le PIB annuel 1%sur
l'impact économique. On note dans cette crise plusieurs annulations de
vols envers la destination et de conférences ainsi que des
réservations d'hôtels.
13 Ibid.
14 J. Boer op. cit. p.11.
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22% pour les arrivées, soit une amélioration
considérable par rapport à l'année 2013. Deux principaux
facteurs expliquent cette hausse de la fréquentation touristique : une
campagne de publicité diffusée dans les médias
américains et une communication politique de la part du président
mexicain Enrique Pena Nieto. Ainsi, ajoute Boer « la perception du
risque dépend donc en grande partie de la couverture médiatique
d'un événement ou d'un phénomène se produisant dans
un pays donné ». 15 Les touristes sont donc
sensibles au risque sécuritaire, mais ils peuvent très vite
changer d'opinion si jamais ce risque venait à être
neutralisé. Ainsi, la communication est la seule option pour les acteurs
afin redresser la situation.
Dans son Code d'éthique du tourisme16 (OMT,
1999), l'article 6 dudit code de l'organisation mondiale en charge du tourisme
met ainsi en garde les acteurs du tourisme en leur accordant certes, le droit
d'informer leurs ressortissants sur la situation de crise qui sévit dans
une destination, mais elle précise que ces informations ne doivent en
aucun cas porter préjudice à la destination en question. Cet
article souligne aussi que ses avis doivent faire l'objet de consensus entre
les gouvernements récepteurs et émetteurs et strictement
limités sur l'étendue géographique concernée. Pour
la presse « spécialisée » en tourisme ainsi
qu'internet, le même article incite à publier des informations
justes et honnêtes sans influencer les déplacements touristiques.
Car, le traitement médiatique et politique des crises ou des conflits
peut avoir un effet négatif sur l'activité touristique. À
cet effet, « il est tout à fait légitime qu'un
gouvernement veuille protéger ses ressortissants ; or l'excès de
prudence peut se prêter à de l'abus ou à d'autres motifs
non justifiables, tant pour la part des gouvernements que la presse
écrite, télévisée, radiophonique ou
électronique. » (Malenfant, 2004). C'est pourquoi l'engagement
des autorités doit être une condition indispensable garantissant
la préservation de l'image et de la souveraineté même de la
destination.
Plus qu'un simple secteur, le tourisme est devenu une
industrie mondiale et demeure aujourd'hui plus que jamais exposé aux
crises de tous genres à cause de son hypersensibilité. Les
menaces sont réelles et peuvent être d'ordre naturel (ouragans,
tremblements de terre), politique et sécuritaire (courants terroristes
très actifs, conflit...). La diversité des acteurs et produits
touristiques (TO, AV, transport, hébergement, restauration, etc.)
pourraient ainsi multiplier le risque d'insécurité selon qu'ils
peuvent tous être des cibles.
15 Ibid.
16 Code d'éthique mondial du tourisme
adopté en Assemblée générale à Santiago du
Chili ce 1er octobre 1999.
Page | 10
Pour qu'une destination puisse connaître son envol, la
paix, la sécurité et la sûreté doivent être
des conditions réunies. Les crises politiques sont fréquentes
dans le monde, celle de la Casamance en est une illustration. Pourtant, il
suffit d'une bonne stratégie de communication afin de promouvoir et de
maintenir une destination sur n'importe quelle scène : national et
international. Cependant, ce n'est pas le cas dans cette région. Les
médias et les concurrents peuvent être des freins au
développement du secteur à cause du conflit et des informations
s'y découlant. Par exemple, en Irlande du nord, le secteur a eu du mal
à décoller à cause des informations et des images
d'attentats terroristes relayées par les médias à cause du
conflit entre les communautés catholique et protestante notamment
(Frochot et Logoherel, 2004 : encadré 10) Un conflit est un conflit.
Qu'il soit interne ou non et des causes d'origines diverses, les informations
peuvent nuire sévèrement à l'économie en modifiant
le comportement des consommateurs17 (annulation ou changement de
destination). Pour autant, bon nombre d'informations relatives aux conflits
pourraient ne pas être vérifiées du point de vue de son
contenu et de son instantanéité. La communication devrait
être réfléchie avant d'être partagée.
Les informations concernant le conflit en Casamance
constituent un obstacle pour son développement de manière
générale et en particulier pour le secteur du tourisme dans les
communes de Ziguinchor et Djembéring. Avec l'avènement des
Technologies de l'Information et de la Communication, la propagation
d'informations sur la crise casamançaise est immédiatement
perçue dans le monde entier : chaque individu crée son propre
idée sur la question. Grace aux informations données et à
l'image véhiculée, la destination est remise en cause. La
médiatisation du conflit, surtout dans les réseaux sociaux, vu
son ampleur, constitue un réel danger pour le secteur du tourisme en
Casamance, notamment dans ces deux zones. De ce fait, les nombreuses crises en
Afrique font que le continent émet une mauvaise image sur le plan
international (Moumouni, 2003).
Dans Crises et conflits en Afrique de l'ouest : quelle
politique sécuritaire face aux menaces18 la question de
la Casamance est passée en revue. Après 36 années (en
2018), ce conflit en zone casamançaise reste toujours interne.
Cependant, dans ce conflit qui oppose les indépendantistes au
gouvernement sénégalais, on note un problème de
communication et de positionnement. Si d'une part le MFDC demande «
l'indépendance ou rien, l'État rétorque en disant tout
sauf
17 C'est la motivation de voyage, les conditions qui
poussent aux visiteurs potentiels de partir sur une destination.
18 7ème édition du forum social organisé
à Dakar sur : « Les défis sécuritaires en Afrique de
l'ouest, notamment le crime organisé. » Le forum a vécu avec
l'impulsion de la Fondation Friedrich Ebert sous le signe de la paix et de
l'intégration africaine pour un monde solidaire.
Page | 11
l'indépendance ».19
Dans ce contexte, une question subsiste ; au regard de cette situation
où les deux parties ne parlent pas le même langage : est-ce que le
tourisme pourrait connaître un essor continu? Au vu des résultats
matérialisés par des négociations avortées et des
regains de violences, la réponse est aussi évidente. A travers la
communication que les médias (les radios, les télévisions
et les quotidiens) font du dossier casamançais, de la même
manière que les Technologies de l'Information et de la Communication
(TIC), la perception des populations locales et des pays étrangers en
général pourraient remettre en cause l'image de la Casamance en
tant que destination touristique.
Cependant, le développement du tourisme est l'une des
préoccupations majeures de l'Etat du Sénégal. Dans sa
politique sectorielle, le gouvernement sénégalais a
envisagé d'atteindre la barre des 1.5 millions de visiteurs à
l'horizon 2010 et 2 millions à l'horizon 201520 en passant
par les axes stratégiques : structuration de l'offre et promotion du
produit, amélioration des retombées du tourisme au niveau local
sans oublier l'adéquation du profil de l'investissement aux moyens de
financement. Seulement, le tourisme est un secteur certes déterminant
mais, rencontrant d'énormes difficultés, sur le volet
communicationnel en l'occurrence. En conséquence, la politique
adoptée par le gouvernement du Sénégal n'a même pu
permettre d'atteindre les objectifs escomptés en termes
d'arrivées touristiques comme défini dans le PSE et la LPST. La
promotion de la destination Sénégal dans son ensemble reste
très faible, surtout dans le sud du pays, enseveli par un conflit
fratricide trentenaire.
Il faut donc déclarer que les crises politiques
récurrentes sur le continent africain ont des conséquences bien
réelles et diversement appréhendées sur les plans
économiques, sécuritaires, etc. Les crises africaines sont
nombreuses, qu'elles soient alimentaires, environnementales,
économiques, sociales ou sécuritaires [...] (Hugon, 2009). Le
secteur touristique constitue aujourd'hui un levier de croissance
économique très significatif. Certains pays
développés doivent leur succès d'une part à ce
secteur qui demeure incontestablement un nouvel ordre économique. C'est
du moins le cas de pays en voie de développement à l'instar du
Bénin, le
19 Propos du Journaliste Ibrahima Gassama,
spécialiste du Conflit armé, journaliste et par ailleurs
Directeur de la radio Zig-Fm, invité à l'émission de
France24, dans billet retour en Casamance, entretien avec Sarah Sakho,
journaliste et correspondante de France24.
20 Un des problèmes soulevés dans
cette politique fait référence au déficit de promotion
(communication). Dans les objectifs figurent une amélioration des
retombées du tourisme au niveau local. Ce qui n'est pas possible au vu
de la configuration dont bénéficie la Casamance au niveau de la
communication ou promotion, malgré l'initiative prise par le chef de
l'Etat Macky Sall de faire de la région une zone touristique
spéciale d'intérêt national afin d'encourager les
investissements et d'exonérer les entrepreneurs de taxes sur une
dizaines d'années. Cependant, le Président semble omettre une
chose. A quoi bon offrir toutes ces opportunités si vous ne garantissez
pas la sécurité à ces investisseurs et à leurs
investissements ?
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Sénégal, les pays maghrébins...Certains
de ces pays ont subi ces dernières années des crises politiques
non moins importantes impactant ainsi sur leur économie de
manière générale. Au Maghreb, en Egypte plus
précisément, juste avant la révolution de 2011 et la
destitution du président Morsi en 2013, c'est-à-dire en 2010, les
recettes ont atteint la barre des 200 millions de dollars et ont chuté
jusqu'à 38 millions de dollars en 2015. En ce qui concerne la baisse des
fréquentations touristiques en Casamance, M. Diouf21
évoque plusieurs raisons dont « le conflit Casamançais
». Même si on note une forte accalmie, les touristes redoutent
un regain de violences à cause d'une instabilité notoire. La
clientèle de la destination sénégalaise est
constituée majoritairement de Français, alors que l'histoire nous
montre que c'est la France qui prend la décision de classer la Casamance
dans « la zone rouge » 22 et ce, chaque fois que la « moindre
occasion » se présente.
Auparavant, des milliers de touristes venus d'Europe,
d'Amérique et un peu partout dans le monde, venaient en Casamance pour
visiter les plages luxuriantes de la station balnéaire de Cap-Skirring
ou les villages d'Abéné, de Kafountine, de Djembéring, les
bolongs qui ceinturent le département d'Oussouye. Mais la situation
s'est considérablement détériorée au fil du temps.
Les conséquences de la guerre sont néfastes ; en atteste ce
témoignage laconique d'un habitant : « La nature était
magnifique à cette époque-là et l'accueil très
chaleureux. Mais, aujourd'hui, avec l'enlisement du conflit armé, la
Casamance a perdu son lustre d'antan. » (Scoops de Ziguinchor,
2015).
Il faut aussi noter que la plupart des crises en Afrique ont
été accentués par la rareté des ressources
naturelles (le pétrole) très précieuses et très
convoitées par les grandes puissances. En Afrique, les principales
causes des conflits sont d'ordre politique (la Casamance, l'Egypte, la
Tunisie...), ethnique ou tribal (Rwanda) ou liées aux richesses
naturelles comme l'or, le diamant, le zircon (République
Démocratique du Congo). Qu'ils soient internes ou externes, les conflits
ont toujours eu des conséquences néfastes sur les territoires
concernés. Ce continent regroupe ainsi 34 des 50 pays dits PMA (BM,
2016) à cause de nombreuses crises qui constituent un frein au processus
de développement socio-économique et culturel. Il fait face
à
21 Ancien coordonnateur et actuel directeur d'une
agence de voyage de la place de l'Office de Tourisme de la Casamance.
22 Pour rappel, les nombreuses sorties (braquages,
assauts musclés du MFDC22 à plusieurs reprises) et les
multiples négociations ratées du gouvernement
Sénégalais avec les séparatistes qui réclame leur
« droit à l'indépendance » (l'ancien Ministre de
l'intérieur Ousmane Ngom le 30 Décembre 2004, ou encore lorsque
l'Abbé Diamacoune Senghor qui mourut en 2007 après avoir
déclaré en 2006 avoir renoncé à
l'indépendance et proposa à Abdoulaye Wade ex président de
la République des assises pour la recherche d'une paix durable), font
que la Casamance souffre de ce jugement.
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une montée en puissance des Technologies de
l'information et de la Communication sans une maitrise à la clef. Tout
cela nous amène à nous pencher dès lors sur les
problèmes de la communication sous le rapport du conflit en Casamance et
son implication dans le tourisme.
En effet, faire la promotion d'une destination touristique,
c'est faire de la publicité, et donc du marketing territorial pour la
vendre. Ce qui revient à développer un plan de communication
solide pour expliciter, informer sur les produits, les attraits et les
potentialités de la zone en question, une stratégie pour prendre
des décisions face à une situation. Cependant, suite aux
événements de 1982, qui se sont matérialisés par la
marche des populations dans les rues de Ziguinchor pour réclamer
l'indépendance, la situation est devenue complexe. Le MFDC venait de
prendre forme avec ses objectifs face à l'autorité. Ainsi, on
note des querelles internes au sein même dudit mouvement avec la
naissance d'autres branches armées. Des bandes armées voient le
jour au profit de leurs propres intérêts (viols, vols à
mains armées, braquages, attaques, tueries) et qui sont susceptibles
d'avoir des liens avec le MFDC, pour ne citer que ceux-là. Dans la
foulée, le Sénégal, pourtant réputé
être un pays politiquement stable dans la zone ouest africaine se
retrouve brusquement dans une situation complexe à cause d'une crise
interne.
Au Sénégal, une étude du
BIE23, spécial Tourisme de la Chambre de Commerce et
de l'Industrie de Dakar en 2005 intitulée « Blues des
professionnels » décrit l'image négative du tourisme
par les acteurs locaux à travers les points suivants :
? L'amateurisme des pratiques touristiques
sénégalais ; ? Le déficit de promotion : impacts
touristiques ;
? L'enjeu des infrastructures sur le tourisme
sénégalais
Toutefois, la création de l'Agence
Sénégalaise de la promotion touristique (l'ASPT) en 2014 a permis
d'avoir une structure qui a pour objectif de donner une image attractive au
tourisme sénégalais. Pourtant, cet organisme ne semble pas jouer
son rôle sur le plan communicationnel relatif au tourisme, X. Raynal
(BIE, 2015).
Dans ce constat, nous pouvons voir la mise en évidence
du volet communication qui ne bénéficie pas d'une attention
particulière, quoiqu'elle soit décisive pour une destination. On
note, en outre, un désintérêt notoire des médias
sénégalais face au tourisme et une inadéquation de
stratégies de la part des autorités et des acteurs pour
résoudre ce problème majeur du
23 Bulletin d'information économique
Page | 14
tourisme, particulièrement en Casamance. Ainsi, on peut se
poser la question de savoir comment se comporte la communication du tourisme
dans une destination marquée par un conflit armé ?
Pour mieux appréhender cette interrogation, il serait
intéressant de poser un certain nombre de questions :
· Quels rôles jouent les acteurs médiatiques
dans la communication touristique ?
· Comment se comportent les professionnels du secteur face
à cette situation ?
· Quel est l'effet que peut avoir la couverture
médiatique dans les communes de Ziguinchor et Djembéring ?
1.3 Objectifs de la recherche
Comme toute démarche scientifique, il est bon de se fixer
des objectifs au préalable. Il est judicieux donc à cet effet de
réfléchir en termes de canevas à suivre. Pour ce faire, il
importe dans cette étude de rester fidèle aux exigences
scientifiques.
1.3.1 Objectif général
Ce mémoire cherche à étudier à
travers les communes de Ziguinchor et Djembéring les effets du conflit
armé interne sur communication du tourisme.
1.3.2 Objectifs spécifiques
Pour y arriver, il s'avère intéressant de se fixer
des objectifs secondaires pour bien élucider ceci. Il s'agira entre
autres de :
· Déterminer les rôles que peut jouer le
secteur des médias dans la communication du tourisme ;
· Préciser l'implication des professionnels du
secteur touristique ;
· Décrire les effets du conflit via la couverture
médiatique dans les zones étudiées.
Page | 15
1.4 Hypothèse principale
Dans ce travail, nous nous sommes basés sur des
hypothèses afférentes à notre thématique de
recherche. Ainsi, l'hypothèse principale retenue est : le conflit en
Casamance influence la communication du tourisme dans les communes de
Ziguinchor et Djembéring.
1.4.1 Hypothèse secondaires
En effet, il existe des hypothèses secondaires qui
viendront enrichir le problème en l'occurrence :
? La couverture médiatique est défavorable
à la communication du tourisme ; ? L'implication des professionnels dans
la communication du tourisme reste faible ; ? Le rapport tourisme/conflit dans
les zones étudiées n'est pas toujours négatif. 1.5
Revue de la littérature
Un travail scientifique doit nécessairement, au
préalable, être basé sur une bonne revue littéraire
; c'est-à-dire trouver une corrélation entre la présente
recherche et les travaux antérieurs. Il est d'une part l'occasion de
parcourir les ouvrages essentiels sur le sujet qu'on cherche à
expliciter et ainsi avoir une vision élargie sur le sujet à
étudier, et d'autre part s'efforcer de voir l'intérêt et
les limites.
Exprimées pour la première fois en 1982, les
revendications séparatistes du MDFC ont pris, au fil du temps, de
l'importance au point d'avoir des répercussions sur la vie
socio-culturelle des Sénégalais en général et des
habitants de la région en particulier. Des secteurs comme le tourisme
ont ainsi souffert de ses abominations. Des chercheurs se sont vite alors
penchés sur la question de la crise qui secoue cette région
composée de la Basse, de la Moyenne et de la Haute Casamance, et de
surcroît sur ses nombreuses répercussions.
Nous nous sommes donc beaucoup intéressé aux
travaux portant sur les problèmes de communication de crise ou guerre
étant donné qu'ils sont le point critique en nous focalisant sur
le cadrage de l'information, la fiabilité des contenus et des risques
politiques, le traitement des informations en zone de crise. Au vu des
nombreuses crises qui se déroulent dans les différents coins du
globe, le constat ne manque pas. La couverture des médias dans une zone
de conflit revêt de nombreux enjeux. D'abord, la sécurité
des acteurs relayeurs d'information est moins évidente sur le terrain
à cause de l'instabilité d'une zone, ensuite, comme le note
Page | 16
Serrano, le problème de cadrage (interprétation,
perception) de l'information qui souvent reste non objectif. Des chercheurs sur
la question de la communication/crise mettent donc l'accent sur, entre autres,
la fiabilité même de l'information (Zamit, 2008). Pourtant les
pouvoirs publics locaux et les populations civiles peuvent aider à
orienter l'information afin qu'elle demeure dans un processus organisé.
Dans ce contexte, le choix des thèmes, ainsi que les mots et les images
utilisées pour les présenter résultent d'un processus de
Co-construction de l'information par les sources et les journalistes (Serrano,
2013).
Dans son analyse portant toujours sur la couverture
médiatique des crises, Serrano pense que celle-ci peut varier selon que
la crise soit interne ou internationale. Pour la première, les sources
à l'élaboration de l'information sont multiples et peuvent
être difficiles à maîtriser. Il s'agit des autorités,
des groupes armés, des populations... Et toutes ces sources peuvent
être directement ou indirectement affectées par le conflit en
question. Dans le conflit casamançais, par exemple, il peut donc y avoir
prise de partie soit du côté du MFDC ou du gouvernement
sénégalais comme ce fut le cas en Colombie lors de la crise
(Loper, 2005 ; Sierra, 2001). Sur l'élaboration de l'information, il est
aussi important de mettre l'accent sur le problème du double cadrage
(Esquenazi, 2002). Cet élément en effet met en évidence
deux facteurs importants. Premièrement, c'est lorsque ces sources
citées précédemment « donnent leur version des
faits aux journalistes ; et deuxièmement, lorsque les journalistes
élaborent leurs reportages en suivant les contraintes imposées
par les instances médiatiques et les règles de leur profession
».24 Ces facteurs révèlent deux facteurs
essentiels appelés « variables médiatiques »
correspondant à la concurrence entre les médias et aux exigences
de rentabilités imposées par les propriétaires de
médias aux journalistes.
Cela explique donc l'origine de certaines informations et
leur caractère « nuisible » notamment. C'est d'ailleurs la
raison pour laquelle il est nécessaire de tirer la sonnette d'alarme
à propos du traitement médiatique de l'information qui peut
porter atteinte à l'industrie touristique (Malenfant, 2004). Ce dernier
souligne à ce niveau que « l'information qui circule par
rapport à une crise n'est pas toujours fiable, complète et
impartiale. »25 Sous ce rapport, l'exemple du conflit
colombien est assez illustratif. Les acteurs de l'information se sont
concertés pour se fixer différents objectifs dans
l'élaboration et la diffusion de l'information et donc élaborer
une action de communication. Ainsi, les journalistes colombiens viennent de
mettre en adéquation
24 Ibid., p.155.
25 Ibid., p. 4.
Page | 17
les informations de qualité avec une objectivité
en se basant sur des produits (informations) issus de plusieurs sources
cependant traitées comme il se doit. Pour ce faire, la neutralité
et l'équilibre sont de mise, c'est-à-dire donner le même
temps de parole à toutes les sources et éviter les commentaires
partisans grâce un « style » factuel et distancié. Cette
analyse abonde dans un même sens : le tourisme est sensible à
toute forme de crise quelle que soit sa nature. En plus, la communication qu'on
lui accorde peut directement influencer son activité. Ainsi, nous
remarquons que, après les événements du 11 septembre 2001,
les voyages internationaux n'ont pas cessé de grimper et les pays ont
été plus déterminés à poursuivre leurs
objectifs. Des spécialistes du tourisme avancent que c'est devenu une
nécessité, un besoin vital. Or, ils n'ont pas
précisé à quel point la façon de voyager des
touristes allaient changer (Rojo, 2002). Poursuivant, son analyse, Serrano est
revenu sur la nécessité d'avoir un plan de communication de crise
dans une zone de conflit, plus précisément un « plan de
contingence » ou « plan de réponse rapide ». Selon
toujours l'auteur, tous les pays ou destinations touristiques doivent compter
sur ce plan afin d'avoir la capacité de répondre rapidement dans
l'immédiat avec cohérence entre les différentes
autorités en question. Le fait que le tourisme ne soit pas une
compétence transférée dans notre pays pourrait amener
à gérer difficilement les problèmes de la communication en
Casamance. Ainsi, au Mexique par illustration, c'est le SECTUR26,
une instance fédérale qui a la tâche de monter un plan de
communication conjointement avec le Secrétaire d'Etat et de le publier
par l'Agence des Relations publiques du Conseil de Promotion touristique qui
compte plusieurs bureaux en Amérique du nord. Ce plan permettrait donc
de faire face aux menaces potentielles liées notamment aux
problèmes sécuritaires des touristes et les diffusions
d'information à travers des fuites.
Ces deux chercheurs avec des travaux qui abondent dans le
même sens, c'est-à-dire le traitement de l'information dans des
zones de crises, nous ont permis de voir le rôle que peut jouer la
communication de manière spécifique dans les destinations
touristiques. Que ce soit la perception de l'information donnée ou du
processus d'élaboration de l'information face une multitude de sources,
ces travaux ont contribué à sensibiliser sur le caractère
sensible du tourisme face aux crises et le besoin imminent de préserver
cette activité porteuse de croissance. Toutefois, ces deux auteurs ont
manqué de souligner le rôle déterminant des autres grands
médias qui ont fini de révolutionner le secteur car, les
journalistes ne font partie que d'une catégorie de médias avec
les affichages, la radio, la télévision et le cinéma sans
compter la
26 Secretariat de Tourismo de Mexico, un organisme
délocalisé et dédié à la gestion du
tourisme.
Page | 18
communication hors média où l'on retrouve
internet et qui est en plein dans la communication touristique et
négativement utilisé de plus en plus.
Toujours dans la littérature portant sur l'impact des
conflits sur le tourisme, un des pionniers dans la recherche sur le dossier du
conflit armé est J.C. Marut. Ce chercheur et spécialiste de la
Casamance revient sur les contextes intérieurs et extérieurs de
la guerre qu'il juge d'ailleurs « défavorable au pouvoir
sénégalais. » (Marut, 1994). De l'origine du conflit,
Marut passe en revue les différents protagonistes et les périodes
sombres. En effet, l'activité touristique a été
brusquement interrompue, la production du secteur primaire a chuté
drastiquement (la pêche, l'agriculture), le commerce est devenu moribond
et les usines se sont arrêtées. A ce sujet, Marut parle «
d'aggravation spectaculaire. »27 Ainsi, ce dernier
pense que certains agissements ne sont pas fortuits. Il souligne : «
même si l'objectif séparatiste était d'asphyxier
financièrement le régime, cette stratégie a pour
résultat d'asphyxier socialement ou économiquement la
région. » 28 Toujours dans ses recherches, Marut va plus loin
dans un travail intitulé Solution militaire en Casamance.
L'auteur, comme dans son précédent ouvrage, continue de faire une
analyse d'expert dans les relations géographiques du conflit, les
approches politiques des deux protagonistes, sans manquer de jeter un regard
sur l'économie, le tourisme en particulier. Ce chercheur évoque
l'étouffement de l'économie locale en soulignant au passage la
réclamation d'un dû marquée par des confrontations entre le
MDFC et le gouvernement (Marut, 1995). De même, ce conflit a conduit les
autorités dans une impasse politique, voire des relations diplomatiques
difficiles à maîtriser. En effet, note Marut : « La
mystérieuse disparition de quatre ressortissants français en
Casamance a attiré l'attention sur la relance d'un conflit que beaucoup
croyaient terminer [...J».29
Ainsi, Marut met en exergue un aspect critique dans cette
crise : une stratégie militaire coûteuse et désavantageuse
qui met en péril tout espoir d'une paix et affecte l'économie
locale. Dans sa publication du 31 janvier intitulé « En finir
définitivement » dans le quotidien Témoin, on
peut retenir que « les troubles font fuir les touristes, et donc les
devises dont le Sénégal a le plus grand besoin (...)
»30 Et Marut d'ajouter : « C'est d'ailleurs ce
que les rebelles ont compris depuis longtemps, cherchant à exploiter
l'insécurité comme une force de
dissuasion...».31 Cependant, le rôle de la France
dans ce dossier reste incertain et ambigu. En ce sens, le
27 J.C Marut « Guerre et paix en Casamance,
Repères pour un conflit » op.cit. p. 226.
28 Ibid.
29 J.C Marut « solution militaire en Casamance
» op.cit. p.163.
30 Ibid., p. 168.
31 Ibid.
Page | 19
professeur Assane Seck déclarait en substance que celui
qui prétend maîtriser le conflit casamançais serait bien
présomptueux. En effet, la France, nous apprend toujours l'auteur, avait
fait un « cadeau » de 150 millions de francs CFA pour renforcer les
caisses de l'Etat après des attaques du MFDC et apporter une aide au
secteur du tourisme alors perturbé (Marut, 1995).
On peut ainsi noter une constance de l'auteur dans ses
travaux en ce qui concerne la Casamance. Avec une analyse pointue sur la crise
et ses conséquences, Marut n'a pas manqué de soulever la question
de l'économie locale qui le préoccupe, surtout l'activité
touristique. En conséquence, ses ouvrages nous ont permis d'avoir des
connaissances approfondies sur le dossier casamançais, notamment ses
liens avec le tourisme qui a connu des jours meilleurs dans la région.
Par contre, ses études ont esquivé le volet communicationnel, qui
constitue pourtant un facteur important pour maintenir l'activité
touristique.
Sur un autre registre, on note un ouvrage spécifique
qui traite du tourisme en Casamance et du conflit casamançais. Ainsi, si
Marut s'intéresse plus à la question géopolitique, Gueye
se penche sur la problématique d'une économie perturbée
pourtant regorgeant de potentialités touristiques immenses (Gueye,
2010). Dans sa recherche, Guèye fait une corrélation entre ce
dernier et la rébellion. L'auteur envisage tout d'abord de faire la
situation de l'activité touristique en Casamance dans son ensemble,
c'est-à-dire dans les régions de Ziguinchor, Sédhiou et
Kolda. Pour ce faire, Gueye a structuré son travail autour de trois axes
majeurs : d'abord les atouts du tourisme casamançais, ensuite les liens
entre le tourisme et le conflit armé, puis le plan de relance des
activités touristiques. Ainsi, il espère alors que le tourisme a
de fortes chances de recouvrer son dynamisme. L'auteur ne compte pas
s'arrêter en si bon chemin d'autant plus qu'il essaie de montrer avec
« insistance » 32 que le tourisme est un moyen indispensable
au développement. Son optimisme et les investissements de l'Etat
sénégalais sont le soubassement de l'épanouissement des
populations et de la redynamisation de l'économie locale dans sa
globalité. En même temps, nous soulignons que l'auteur n'a pas
manqué également de se consacrer dans son ouvrage à un
historique de la situation qui oppose les indépendantistes à
l'Etat du Sénégal. Cependant, Gueye souligne aussi les
problèmes de développement du secteur touristique en
évoquant le manque de diversification. A ce propos, il affirme que
« malgré tous
32 L'auteur estime : « Le pessimisme n'est
pas de mise en Casamance, les «atouts» et l'investissement
de l'État sénégalais vont balayer la rébellion et
redonner de l'«optimisme» à la région ».
Ce qui n'est toujours pas le cas. Car, malgré les nombreuses tentatives
d'instaurer une « paix » définitive, les attaques sont
toujours d'actualité. Du point de vue politique, le terrain est un peu
glissant avec la France, et souvent l'on se rejette la balle du
côté du MFDC.
Page | 20
ses atouts, la Casamance n'arrive toujours pas à
diversifier son tourisme ».33 Une analyse qui
décrit un peu les limites du tourisme notamment le caractère
figé de l'offre touristique, même si d'autres formes de tourisme
sont étudiées et expérimentées.
Ce travail de Guèye présente un
intérêt capital à l'image de toute production scientifique.
Ainsi, il faut signaler qu'il figure dans ce travail un intérêt
lié à l'enrichissement documentaire du tourisme en Casamance qui
montre une pauvreté considérable en écrit. Pour rester
dans cette dynamique, nous pouvons souligner que Gueye apporte une contribution
scientifique dans la documentation car il estime dans ce même ouvrage
qu'il y'a là un manque d'ouvrages qui traitent sérieusement du
tourisme casamançais. C'est aussi un moyen de tenter de dissiper les
doutes qui planent dans ce secteur qui jadis profitait à la
région avant le début du conflit. Aussi pertinent qu'il soit, ce
travail a des limites dans son analyse du secteur touristique. Toutefois, ce
livre révèle des faiblesses et manquements, car l'auteur fait une
analyse un peu élémentaire de la situation. Dans l'offre de la
région, il évoque des éléments plutôt
caduques (Equipe Mit, 2002)34 comme le tourisme
cynégétique, un fleuve de paradis alors qu'il reconnaît que
le secteur rencontre des difficultés. Cependant, Moustapha Gueye, chef
du Département d'Economie et de Gestion de l'université de
Ziguinchor, n'est pas aussi neutre dans son analyse comme le veut la
démarche scientifique. En effet, l'auteur a fustigé les
indépendantistes qui, selon lui, ont mis le « désordre
» dans la région naturelle de la Casamance. Si Gueye et Marut
se mettent dans une position de défenseur du tourisme en Casamance et se
focalisent sur la politique, l'économie et les atouts de la destination,
Frochot et Legorehel35 traitent de l'image que peut revêtir
une destination touristique, c'est-à-dire la promotion davantage
menacée par de nombreuses péripéties. Selon ces deux
spécialistes du marketing, c'est « un secteur de
l'économie en pleine croissance et dont l'évolution à long
terme est prometteuse » (Frochot et Legorehel, 2004). La connaissance
du marketing, surtout celui dit « sectoriel », qui est d'ailleurs la
caractéristique de cet ouvrage, est plus que nécessaire pour une
reconsidération du secteur qui s'est professionnalisé et
structuré au cours des dernières décennies. L'idée,
c'est de s'adapter justement aux spécificités du secteur qui est
aujourd'hui sur le plan mondial l'un des secteurs les plus rentables.
Différents éléments sont traités ici : la
présentation des secteurs et des acteurs touristiques, le marketing
relationnel, les stratégies de gestion de crise, en passant
33 Ibid. p14
34 Equipe de recherche où des articles sont
publiés par des auteurs, spécialistes du tourisme, notamment Remy
Knafou, géographe, spécialiste du tourisme. MIT signifierait donc
(mobilités itinéraires Tourisme)
35 « Le marketing du tourisme », les auteurs posent
l'importance du tourisme en France et sur le plan international en
général.
Page | 21
par les stratégies de communication dans l'industrie
touristique, sans oublier l'impact de l'internet sur le tourisme... La question
centrale à laquelle Frochot et Legorehel ont tenté de
répondre est : comment bâtir une stratégie marketing
spécifique au secteur du tourisme ? A cette question très
importante, ces chercheurs ont consacré des chapitres qui examinent
successivement les notions d'image, de communication touristique et de gestion
de crise.
En effet, dans toute destination touristique, l'image est la
première caractéristique de motivation de départ.
Cependant, il demande une attention particulière pour sa
préservation, surtout dans des zones de conflit à l'instar de la
Casamance. C'est « une alchimie particulièrement complexe
»36. Ils estiment donc que pour qu'une destination soit
attractive, plusieurs critères doivent être tenus en compte,
notamment :
? Les facteurs physiques qui tiennent compte du climat, des
caractéristiques géographiques...
? Les infrastructures touristiques comme le transport,
l'hébergement et la restauration ? Les facteurs historiques, le
patrimoine, la culture locale, l'histoire...
L'un des aspects les plus importants, c'est la participation
des voyagistes et des destinations, sans doute les représentants au
niveau local de l'Etat au plan touristique, les collectivités locales,
les organismes chargés du tourisme dans la formation de l'image
touristique. L'image de la région est donc une condition non
négociable du consommateur ; cela influence fortement ses motivations
personnelles et sa perception de l'image de la destination en question.
Toujours à propos de la problématique de la formation de l'image
touristique d'une destination, Frochot et Legorehel mettent en avant «
l'image organique ». Autrement dit, les consommateurs font l'objet d'une
exposition à des sources d'information non touristique : les journaux,
les articles de magazines, les reportages télévisuels, les films
et opinions d'amis. Par exemple, l'ensemble des consommateurs ont une image
relativement claire de l'Afghanistan suite aux événements du 11
Septembre 2001 alors qu'ils avaient (et n'auront) sans doute aucune intention
de s'y rendre. L'image nationale d'une destination (ses
spécificités culturelles, politiques et économiques)
influence également son image organique, indépendamment des
sources d'informations commerciales divulguées (Frochot et Legorehel,
2004).
Dans l'encadré 8.1 du même ouvrage,
afférent à la destination turque et de l'image organique, le pays
souffrirait à cause des événements politiques, mais aussi
d'un manque de connaissance
36 Ibid.
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des réalités du pays. Une étude
initiée par le Ministère du tourisme (turc) indique que «
dans l'imaginaire des touristes français, la Turquie souffre d'une
appréhension vis-à-vis de sa politique et de sa religion et que
les Français en ont une méconnaissance quasi-totale »
(Frochot et Legorehel, 2004). Dès lors, l'image de la Turquie devant
être améliorée, la seule solution trouvée c'est le
retour à la base, et donc aux valeurs de base de la destination. «
Vendre le pays » vient avant l'épreuve fatidique «
d'éduquer le public français » sur le potentiel
véritable du pays par une campagne d'information pour « construire
une identité culturelle positive » via une stratégie de
communication. C'est du moins l'avis de Frochot et de son co-auteur
Legorehel.
L'autre aspect fondamental est l'image induite
développée dans cet ouvrage. Elle est utilisée par les
acteurs du secteur touristique afin d'informer et de vendre leurs produits par
des publicités, des brochures, le guidage...Rappelons que cette source
d'information permet de modifier la perception que s'est faite le consommateur
à partir de l'image organique, un moyen pas toujours efficace. Le
problème majeur que rencontre les destinations, c'est que les
consommateurs qui n'ont jamais connu une destination, que ce soit sur le plan
historique, culturel..., se voit mal outillé du point de vue
communicationnel (organique ou induite). Toutes les deux ont des limites en ce
sens qu'elles déforment la réalité du milieu dont il est
question en faussant son identité par des images qui ne correspondent
pas aux réalités locales dans les spots de publicité et
sur internet, notamment où tout le monde a la possibilité de
relayer l'information. Dans la formation de l'image, Frochot et Legorehel ne se
sont pas penché sur le fait que les agences de voyages sont souvent trop
préoccupées de leurs commissions et se limitent simplement
à la vente de titres de transports. L'image de la destination importe
peu, et ils ne mettent pas les moyens pour la communication autour des produits
locaux. D'ailleurs François Vellas (2006) s'inscrit dans la même
logique que Frochot et Legorehel dans son ouvrage s'intéressant beaucoup
à la communication du tourisme, notamment à l'économie
d'une destination et à sa politique. Dans ses écrits Vellas,
revient sur la politique de promotion (communication) des destinations
touristiques nationales et internationales. Une analyse économique des
destinations qui implique les pouvoirs publics d'une part et les acteurs du
secteur d'autre part. Selon Vellas, les campagnes de publicité sont
réalisées à l'initiative de deux entités
complémentaires :
? Les services du tourisme du pays de destination
rattaché au ministère du tourisme et des collectivités
locales (en charge des programmes d'information et de promotion de la
destination en question) ;
Page | 23
? Les tour-opérateurs et les agences de voyages qui
réalisent des campagnes de publicité et de promotion sur les
produits qu'ils vendent.
Professeur en économie internationale, Vellas
réfléchit sur l'organigramme de la politique de communication sur
les produits et les destinations touristiques. Cet ouvrage traite de
l'économie touristique afin de voir dans quelle politique on doit
développer pour quelle destination, surtout lorsqu'il s'agit de faire la
communication. Dans son analyse, il souligne que les activités ou les
actions menées par les collectivités ou pouvoirs locaux sont
limitées par les ressources qui leur sont affectées et que les
compétences de celles-ci sont « plus ou moins étendues
».37 On note de ce fait plusieurs organisations qui se chargent
au niveau local ou national du tourisme, et même au niveau international
(UIOOT actuel OMT38). C'est une initiative qui permet une meilleure
collaboration et une maîtrise harmonieuse de l'activité. Les
compétences sont donc partagées pour une meilleure prise en
charge du tourisme à tous les niveaux. Vellas évoque
également les organisations professionnelles nationales et
internationales du tourisme qui jouent un rôle indispensable dans le
développement des activités de promotion et de communication en
faveur des destinations touristiques. Le tourisme n'est pas « une affaire
de partie », mais il nécessite la participation de tous les acteurs
pour consolider les efforts de chacun et atteindre les objectifs. Ainsi, les
politiques de promotion, composantes inhérentes des politiques
touristiques doivent être une préoccupation de la part des
gouvernants en collaboration avec les professionnels du secteur (Vellas,
2006).
1.6 Définition de concepts clés
Les travaux sur les diverses domaines de la vie ne pas
forcément accessibles à tout le monde, du moins leur
compréhension en ce qui concerne le contenu même. C'est pourquoi,
pour aider à la perception de certaines idées, nous avons
jugé nécessaire de donner quelques définitions de concepts
majeurs de notre travail.
37 Le tourisme s'il est une affaire locale en
France ou dans certaines localités, il n'est pas pour autant une
compétence transférée dans certains pays. C'est le cas du
Sénégal où l'activité reste sous la houlette de
l'Etat avec des bras techniques qui l'accompagnent dans ses politiques de
promotions et des investissements notamment. Le tourisme n'est pas
délégué aux collectivités ; ce qui pose un
problème parfois dans sa vulgarisation et sa pérennité.
Les taxes ne sont pas toujours versées à la trésorerie. Le
résultat est sans appel : le budget pour la promotion touristique
demeure insuffisant.
38 Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les
voyages internationaux ne cessent de croître. L'UIOOPT se réforme
en devenant l'Union internationale des organismes officiels de tourisme
(UIOOT). Elle tient sa première assemblée à La Haye en
1947 et son siège est fixé temporairement à Londres. En
1948, l'UIOOT se voit accorder un statut de consultant auprès de l'ONU.
En 1951, elle transfère son siège à Genève et en
1954 elle participe à la conférence des Nations Unies sur les
formalités douanières concernant l'importation temporaire des
véhicules de tourisme et le tourisme qui se tient à New York.
Page | 24
Tourisme : A partir du XVIIIème
siècle, un voyage appelé « Grand Tour » se
développe en Angleterre et dans certains pays européens.
Dès le XIXème siècle, la littérature sur
de grands voyageurs bourdonne à travers l'histoire à l'instar de
Marco Polo, Jules Verne, Robinson Crusoé, Christophe Colomb etc. tout en
comportant des motivations provenant de l'imitation sociale ou de la promotion
commerciale du voyage et des vacances. A cet effet, le tourisme est une
activité ancienne que l'on pourrait tenter de le définir comme
une activité de farniente émanant d'un besoin de repos sur fond
budgétaire excédentaire. Une définition certes basic, mais
qu'en pense l'OMT ? Cette dernière définit le tourisme comme les
activités déployées par les personnes au cours de leurs
voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de
leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne
dépasse pas une année à des fins de loisirs, pour affaires
et autres motifs (Mémento du tourisme, 2010). Il faut donc du temps, des
moyens financiers, de la motivation et une destination pour mener une
activité dite touristique.
Par convention, on peut retenir que :
? Les déplacements quotidiens domicile-travail et
domicile-étude font partie de l'environnement habituel ;
? Les déplacements vers une résidence
secondaire sont toujours réalisés hors de l'environnement
habituel.
La notion d'environnement habituel fait intervenir plusieurs
critères : ? La durée du déplacement ;
? La distance entre le domicile et la destination ;
? La fréquence de réalisation du
déplacement.
Conflit : dans leur ouvrage Géographie des
conflits A. Cattaruzza et P. Sintes (2011) définissent le «
conflit » comme étant une « situation relationnelle
structurée autour d'un antagonisme ». Cette situation serait
caractérisée par la présence de forces opposées, un
désaccord, une rivalité ou à une inimité. A
signaler qu'un conflit est capable de d'inverser les rapports de forces et de
bloquer les projets d'aménagement (Darly et Torre, 2008). Les
conventions de Genève 194939 ont chargé le
Comité International de la Croix Rouge (CICR) de « travailler
» à la compréhension et à la vulgarisation du droit
international humanitaire et qui pourrait être
39 La convention de 1949 est un protocole de
fixant les limites de la guerre cherchant à protéger les civiles,
les membres du personnel sanitaire ou d'organisation humanitaire contre les
hostilités ainsi que les blessés de guerre, les malades, les
prisonniers...il régit ainsi la conduite d'une guerre et pour objectif
de limiter les conséquences de cette dernière.
Page | 25
applicable dans les conflits armés. C'est dans ce
contexte que le CICR (2008) s'est lancé dans l'optique de définir
les notions de « conflit armé international » et de «
conflit armé non international » en droit international
humanitaire. Pour ce faire, ses deux types de conflits sont explicités
comme suit :
? Le conflit armé international qui oppose deux Etats ou
plus ;
? Le conflit armé non international qui oppose les forces
gouvernementales à des groupes non gouvernementaux ou à des
groupes armés entre eux.
De même, une différence est notée dans la
notion de conflit gouvernemental. Elle est ainsi exprimée : Les
traités de droit humanitaire font également une distinction entre
le conflit armé non gouvernemental au sens de l'art 3 commun aux
conventions de Genève de 1949 et celui qui relève de la
définition figurant à l'article 1 du Protocole additionnel II.
Par conséquent, du point de vue juridique, il n'existe aucun autre type
de conflit armé. Néanmoins, il convient de souligner qu'une
situation peut évoluer et passer d'un type de conflit armé
à un autre, selon les faits qui prévalent à un certain
moment (CICR, 2008).
Communication : La communication est l'ensemble des
interactions avec autrui qui transmettent une quelconque information. Elle
concerne aussi bien l'être humain, l'animal, la plante (communication
intra- ou inter- espèces) ou la machine
(télécommunications, nouvelles technologies...), ainsi que leurs
hybrides : homme-animal, hommes-technologies... C'est une science
partagée par plusieurs disciplines qui ne répond pas à une
définition unique. De ce fait: « Nulle part ni pour personne
n'existe la communication. Ce terme recouvre trop de pratiques,
nécessairement disparates, indéfiniment ouvertes et non
dénombrables » (Bougnoux, 2001). Il n'y a pas de communication
a priori. La communication est une action définit à l'avance par
une circonstance (l'information).
Communication touristique : La communication est un domaine
vaste et varié qui peut être adaptée ou
réadaptée selon une spécialité et le besoin
ressenti. C'est donc une communication, un aspect marketing
réadapté dans le domaine qui reste cependant peu
développé. A ce propos, depuis plus de cinq décennies, les
professionnels de l'information et de la communication mettent en place des
procédures médiatiques pour faciliter la circulation de
l'information surtout au plan numérique. Toutefois, la communication
touristique est une triple invention (Viallon, 2013) car l'expression reste
relativement peu employée (Jaworksi et Pritchard, 2005 ; Luger, 2000 ;
Boyer 1996).
Page | 26
Les professionnels du secteur touristique sont plutôt
familiers à la notion de marketing touristique. Cependant, la mise en
relation des « champs » (Bourdieu, 1976) de la communication et du
tourisme pousse à la réflexion. Comment utilise-t-on la
communication dans le tourisme ? Et comment est-ce que les professionnels la
conçoivent, surtout avec les TIC ? Ainsi, la communication touristique
est celle organisée par les professionnels autour du produit, à
destination du consommateur (Frustier et Perroy, 2004). La communication
touristique ou communication du tourisme est pour les professionnels un moyen
de concevoir une image, une marque ou de la réinventer afin de mieux
l'adapter à la demande ou pour un territoire un outil de
représentation d'une destination dans son originalité.
Zone de conflit : la zone de conflit par essence, est la zone
où, géographiquement parlant les acteurs concernés par la
crise s'affrontent. C'est aussi l'ensemble des milieux touchés par les
groupes concernés directement. Ces milieux sont donc des espaces
identifiés comme faisant partie des zones touchés par
l'évolution d'une situation de crise. La surface à laquelle nous
faisons référence ici, c'est la zone géographique ayant
subi des affrontements au cours de la crise casamançaise. Cependant, la
notion de zone de conflit pourrait avoir une autre connotation lorsqu'elle est
associée à l'activité touristique, comme c'est le cas dans
ce travail. Il s'agit des zones ayant été touché par le
conflit par moment et qui ont un impact sur le tourisme même si la zone
ne connait pas véritablement une activité touristique.
Page | 27
Chapitre 2. Cadre d'étude et
méthodologie
Dans ce chapitre, il s'agira de faire une présentation
du cadre d'étude par un processus de description des différentes
méthodes adaptées pour la recherche des informations. Pour ce
faire, nous nous intéresserons d'abord au cadre général de
l'étude, ensuite à la présentation et à la
délimitation des milieux spécifiques étudiés, puis
aux potentialités économiques. Enfin, nous nous
intéressons aux différentes méthodes entreprises pour le
recueil des données en montrant également les techniques
utilisées pour la collecte de ces données.
2.1 Cadre général des communes de
Ziguinchor et Djembéring
Notre champ d'étude se trouve dans la région de
Ziguinchor. Cette dernière se caractérise par un découpage
administratif composé de trois départements, dont Oussouye,
Ziguinchor et Bignona. Géographiquement, elle occupe une part dans la
partie méridionale du pays. Elle est dans la Basse
Casamance.40 La région de Ziguinchor dans son étendue
couvre une superficie de 7.339 km2, soit 3,7% de l'ensemble du territoire
national (Keita, 2013). Elle est limitée au Sud par la République
lusophone de Guinée Bissau, au Nord par la République anglophone
de Gambie, à l'Ouest par l'Océan Atlantique et à l'Est par
la région de Sédhiou.
2.1.1 Délimitation, localisation
géographique et cadre spécifique
Pour ce travail, nous nous sommes précisément
intéressé aux communes de Ziguinchor et de Djembéring
comme vous pouvez le constatez sur la carte de géolocalisation
ci-dessous. Pour la Commune de Ziguinchor, couvrant une densité de 17.
597 hab. /km2 sur une superficie de 900 ha (9km2), ses coordonnées
géographiques se situent entre 12°33'40 Nord et 16°17'00
ouest. Elle est accessible par voie maritime, aérienne ou par la route
sur une distance maximale de 450km. Djembéring est situé à
10km au nord de Cap-Skirring et à 60km de Ziguinchor dans le
département d'Oussouye et dans l'arrondissement de Cabrousse. Les
coordonnées géographiques sont 12°28'01 Nord et
16°46'50 Ouest avec une altitude de 2m (ANSD, 2013).
40 La Casamance regroupant trois régions
naturelles : la basse, la moyenne et la haute Casamance, c'est-à-dire
Ziguinchor, Sédhiou et Kolda.
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Figure 1 : Carte administrative et de localisation
des communes de Ziguinchor et Djembéring
2.1.2 Potentialités et activités
économiques
La région de Ziguinchor, de manière
générale, regorge de ressources forestières
énormes. Les secteurs de l'agriculture, de l'élevage, de la
pêche, du transport et du tourisme sont aussi des activités
économiques très importantes dans cette partie du pays. Ainsi, la
région est considérée comme le grenier du
Sénégal car elle possède toutes les conditions
pluviométriques et topographiques nécessaires pour le secteur
agricole notamment. Sur ce plan, des services sur la question sont
chargés de piloter des politiques via ses services techniques de l'Etat
présente sur place. A l'instar de la Direction régionale du
développement durable (DRDR), nous avons aussi des Services
départementaux du développement durable (SDDR), le projet d'appui
au développement de la Casamance (PADERCA), le Projet pôle de
développement de la Casamance (PPDC) ou encore l'Agence nationale pour
le conseil agricole (ANCAR).
Compte tenu de la fertilité de ses sols, la
région bénéficie d'un statut agro-sylvo-pastoral.
Cependant, pour cause d'insécurité, on a noté le
déplacement forcé des plusieurs troupeaux vers la région
de Kolda et vers la République anglophone de Gambie. Mais, le cheptel
reste encore important et on y compte plusieurs espèces animales
(bovins, ovins, caprins, porcins, volaille). Par conséquent, la
région dépend à plus de 90% (ANSD, 2015) des autres
régions du pays et
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les importations des pays comme la Gambie et la Guinée
Bissau restent faibles pour les approvisionnements. On note la présence
aussi des services techniques comme l'Inspection régionale des services
vétérinaires et les inspections départementales de
Ziguinchor, Bignona et Oussouye. Par ailleurs, La région est
confrontée depuis plusieurs années à des problèmes
liés notamment à l'enclavement. Au sud du pays,
l'inévitable traversée de la Gambie demeurait un calvaire
jusqu'à la réalisation du pont Farafégné
grâce à un projet de la Communauté économique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Sur le plan des transports terrestres,
le réseau routier a connu une nette amélioration de l'ordre de
6%41, selon une étude de l'ANSD42 en 2015. Ce
réseau se compose de :
? 185 km de routes nationales entièrement bitumées
;
? 95 km de routes régionales avec 83 km bitumées
;
? 489 km de routes départementales avec 98 km
bitumées ;
? 65 km de voiries urbaines avec 49 km bitumées ;
? 270 km de routes non classées.
Les infrastructures portuaires sont aussi
développées dans la région avec trois navires de
croisières pour les personnes et les marchandises (Aline Sitoe Diatta,
Aguène et Diambone) et des navires Roro43. Selon toujours
l'ANSD, les aéroports de Ziguinchor et Cap-Skirring ont
enregistré un total de 2.707 aéronefs pour 65. 637 passagers pour
les mouvements intérieurs. Cependant, la position géographique de
la région constitue un atout favorable pour le déplacement des
résidents ainsi que celui des non-résidents. Avec ses quais de
pêches de Boudody, Goumel et du Cap-Skirring, en passant par ses usines
de traitement et de transformation des ressources halieutiques, la
région de Ziguinchor enregistre plus 65.000 tonnes de produits par an
soit une valeur de 23.39 milliards de franc CFA et 16.35% de la production
nationale, selon le Ministre de l'économie maritime Oumar Gueye en 2017
(APS, 2018).
Au plan touristique, le Sénégal dans son
ensemble bénéficie de retombées significatives ; le
secteur tourisme contribue fortement au développement économique
du pays. Le tourisme est un secteur prolifique, une des rares activités
socio-économiques à avoir des liens connexes
41 Ibid.
42 Ibid.
43 Navire destiné au transport de
véhicule entre Dakar et Ziguinchor.
Page | 30
directs avec les autres secteurs de l'économie
(transport, agriculture, pêche...). Depuis 1991, ce secteur non moins
important, occupe la deuxième place au plan économique avec un
chiffre d'affaire de plus de 400 milliards de franc CFA. Cependant, dans un
diagnostic du secteur, le MTTA (LPST, 2005) révèle plusieurs
anomalies qui affectent l'activité au plan national, notamment :
· Faible structuration de l'offre et déficit de
promotion du produit ;
· Inadéquation du profil de l'investissement et des
moyens de financement ;
· Lourde fiscalité ;
· Difficultés d'accès au foncier ;
· Faible maîtrise des retombées du tourisme au
niveau local ;
· Déficit organisationnel de l'environnement
commercial avec notamment le développement de l'informel ;
· Saisonnalité de la demande ;
· Faible diversification du produit ;
· Insuffisance des moyens de promotion ;
· Faible niveau de qualité des prestations de
services ;
· Système de transport aérien
inadapté.
En effet, certains de ces facteurs sont notoires dans les
deux zones étudiées. On y note un défaut de communication
surtout.
2.1.3 Formes de tourisme pratiquées
Le tourisme est une activité mettant à la
disposition de sa clientèle plusieurs offres. Au Sénégal,
nous pouvons retenir plusieurs formes de tourisme :
Le tourisme de congrès : la position
stratégique du Sénégal (première escale en
provenant de l'Amérique et sa proximité avec l'Europe,
stabilité politique) fait de ce pays un endroit idéal pour le
tourisme d'affaires. Du point de vue des infrastructures, on retrouve à
Dakar tout ce qu'il faut pour un séjour réussi. L'existence d'un
centre des congrès international, le Centre international du commerce
extérieur (CICES), par exemple, ainsi que quelques hôtels 5
étoiles comme Novotel, le Radison Blu, le Terou Bi, et surtout le King
Fadh Palace et son Palais des Congrès, qui possèdent des
réceptifs dédiés, bien équipés et de haut
standing. A Saly, la Société
Page | 31
d 'Aménagement de la Petite Côte (SAPCO) met sur
pied la construction d'un Palais des congrès de 1.200 places avec comme
objectif de déconcentrer l'activité en proposant d'accueillir de
grandes rencontres internationales (sénégal-online, 2016).
Le tourisme de découverte : le pays dispose d'une
diversité culturelle et géographique assez riche. Les
possibilités d'excursions sont multiples et la géographie du pays
se prête à l'organisation de circuits motos, 4X4. Le Dakar
44 est un bel exemple. En ce sens, on peut ainsi retenir
plusieurs sites :
· Dakar est le point de départ du tourisme de
découverte au Sénégal : capitale du Sénégal
et porte de l'Afrique, et surtout ancienne capitale de l'Afrique Occidentale
Française ;
· Gorée : à 3 km au large de Dakar, cette
île, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, évoque pour
l'humanité, et en particulier pour la diaspora noire dans le monde, 350
ans d'esclavage et de traite négrière ;
· Le Lac Rose : grand lagon peu profond s'étirant
sur 5 km et situé à quelque centaine de mètres de
l'océan. Il doit sa couleur à la présence de
micro-organismes et à la forte concentration de minéraux ;
· L'île de la Madeleine, avec une plage très
calme, est le lieu de rassemblement de différentes sortes d'oiseaux ;
· Cayar et sa fameuse plage de pêcheurs ;
· Les parcs nationaux : de la langue de barbarie, du Djoudj
et du Niokolo-Koba ;
· Les réserves de faune : à Bandia et
à Guembeul ;
· Joal-Fadiouth qui se singularise par ses plages de
coquillages ;
· Les îles du Saloum avec ses nombreux îlots
bordés par la Mangrove ;
· Tambacounda avec la belle chute d'eau de Dendifello ;
· Saint-Louis : au nord du pays, première
capitale de l'ex-Afrique Occidentale Française avec son architecture et
ses maisons de style colonial auxquelles on peut ajouter l'exotisme des
excursions sur le fleuve Sénégal et les forts coloniaux comme
ceux de
44 Le Rally Dakar ou le « Dakar » est
une compétition automobile et motocycliste se déroulant en Europe
et majoritairement en Afrique. Il a été créé par
Thierry Sabine et lancé en décembre 1978.
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Podor, ainsi que des possibilités d'excursions
combinées fleuve/désert. Cette ville vient d'être
classée, par l'UNESCO, patrimoine culturel mondial.
Le tourisme culturel : Le Sénégal dispose d'un
riche patrimoine culturel. La vie culturelle y est rythmée par une
série de manifestations riches et variées, modernes ou
traditionnelles. S'y ajoutent des rendez-vous importants tels que la Biennale
des Arts à Dakar ou le Festival International de Jazz de Saint-Louis.
L'éco-tourisme : Grâce à une politique
active de protection de la nature, le Sénégal, a pu maintenir sa
biodiversité et même développer certaines espèces
menacées au niveau des six parcs nationaux, qui y existent.
Le tourisme cynégétique : La faune du
Sénégal est riche et variée avec environ 169
espèces de mammifères dont 23 peuvent être chassées
et 625 espèces d'oiseaux dont 45 peuvent être chassées ou
capturées.
La pêche : Le Sénégal est
réputé pour la richesse de ses ressources halieutiques. Pour la
pêche en gros, on reconnaît une cinquantaine d'espèces dont
vingt-deux reconnues par l'International Game Fish Association de Floride. A
Saly comme à Dakar, la pêche sportive peut être
pratiquée toute l'année, organisée à partir de
certains hôtels, de clubs, de centres de pêche,
etc.45
Le tourisme balnéaire : avec ses 718km
(Diombéra, 2012) de plage au sable fin (de Saint-Louis au Cap-Skirring),
le Sénégal se positionne comme une destination
privilégiée en Afrique francophone ; une offre touristique qui
reste dominée par cette forme de tourisme. Cette activité se
concentre sur la grande côte (Saint-Louis), la petite côte (Saly),
à Dakar et au Cap-Skirring dans la région de Ziguinchor. En
effet, nous retrouvons en ce qui concerne la commune de Djembéring, une
offre principalement balnéaire au niveau de Cap-Skirring, surtout le
tourisme d'affaires à Ziguinchor. Le tourisme dans la commune de
Djembéring reste marqué par sa saisonnalité (de Novembre
à Mai) contrairement à Ziguinchor qui reste constante toute
l'année.
45 Ibid.
Page | 33
2.2 Méthodologie
Les méthodes utilisées pour la collecte des
données sont la revue documentaire, les entretiens semi directifs et le
questionnaire. Dans la revue documentaire, nous avons concentré nos
recherches sur les catégories de documents suivant : la
littérature scientifique, la littérature administrative et la
littérature « grand public » 46 entre autres.
2.2.1 Revue documentaire
La revue documentaire constitue l'étape incontournable
d'un travail scientifique. Elle a permise ainsi de faire un état des
lieux des différentes méthodes utilisées dans la collecte
de données notamment documentaires, nécessaires à notre
étude et prendre connaissance des supports qui s'alignent dans le cadre
de ce dernier afin les exploiter.
En effet, nous avons eu à exploiter des supports
électroniques à l'aide des moteurs de recherche (Googlescholar),
et des plateformes comme Mémoire-Online, Isidore, pour des articles
scientifiques disponibles en ligne ou encore le magazine Jeune Afrique. Nous
nous sommes rendu aussi dans des lieux comme l'Alliance
franco-sénégalaise de Ziguinchor consulté sur place les
documents disponibles notamment des coupures de presse et des ouvrages sur le
conflit en Casamance.
Toujours dans cette perspective s'inscrivant dans la revue
documentaire, nous avons eu recours aux ouvrages imprimés (livres), aux
articles de revues, aux mémoires, aux thèses, aux rapports
d'études et aux films documentaires. Nous nous sommes d'abord rendu dans
la bibliothèque de l'Université Assane Seck de Ziguinchor et
ensuite parcourir les documents indispensables à ce travail à la
FASEG aussi qui se situe à Dakar, en passant par les centres de
documentations se trouvant dans les localités de Ziguinchor (centre
culturel) et Djembéring (agence de relai de l'office du tourisme du
village de Cap-Skirring et des supports disponibles au siège de l'ANSD
de Ziguinchor.
Nous avons au niveau de chaque catégorie fait
l'inventaire des documents qui répondaient aux préoccupations de
notre thème et procéder ensuite à leur lecture. Pour la
lecture proprement dite, nous nous sommes mis à consulter directement la
table des matières pour sélectionner les parties du document qui
ont un lien avec nos questions de recherche.
46 Il s'agit des documents que l'on peut retrouver
dans les centres culturels et alliances franco-sénégalaise, les
centres de documentations ouverts au public, les agences de voyage et office du
tourisme régionale.
Page | 34
Nous avons ensuite élaboré une grille de
recension pour retenir les éléments les plus pertinents lors de
la lecture. Les données collectées dans le cadre de la revue
documentaire ont fait l'objet d'un traitement à partir d'une grille dite
de traitement et d'analyse.
2.3 Méthodes de collecte de données
Dans ce sous-chapitre, il sera question de mettre en
évidence l'ensemble des techniques utilisées pour la collecte des
informations. Il consiste également à élucider les
instruments d'investigation et le déroulement de l'enquête. Ainsi,
la collecte d'informations nécessaires à la compréhension
et à l'explication du phénomène en question nous a
conduits à faire usage de méthodes aussi bien quantitatives que
qualitatives.
2.3.1 La méthode dite quantitative
Pour ce travail, nous avons élaboré un
questionnaire en lien avec des thèmes structurés. Ces questions
sont entièrement fermées afin d'obtenir des données
statistiques quantifiées pour l'analyse à travers de graphiques
différents.
2.3.1.1 Le questionnaire
Le questionnaire a été mobilisé dans
cette étude pour quantifier les données du terrain. Pour les
questions susceptibles de procurer des informations qualitatives, nous avons
fait ressortir des modalités de réponses pour quantifier les
données. Composé de 49 questions, notre questionnaire est
rédigé à partir du logiciel Sphinx. Ce logiciel nous a
facilité la collecte des informations ainsi que leur analyse. Il nous
permettra, dans la deuxième partie du travail, d'expliquer facilement
les variables en nous basant sur leurs modalités.
2.3.1.2 L'échantillonnage
Notre recherche est centrée sur des milieux où
on rencontre une population assez représentative. Ainsi, nous avons
remarqué au moment de l'observation, une forte présence de
résidents d'origines étrangères. Mais, nous nous sommes
focalisé sur notre objet d'étude, notamment les populations des
communes de Ziguinchor et de Djembéring qui s'élèvent
respectivement à 289.904 et 248.26 habitants (ANDS, 2015). Pour cela,
nous avons décidé d'échantillonner cette population
mère en extrayant d'elle un échantillon qui sera notre
référence dans l'administration du questionnaire s'élevant
au nombre de 100. Les champs concernés par ce questionnaire sont pour la
commune de Djembéring, de manière générale, les
villages de Cap-Skirring, Cabrousse
Page | 35
Carabane et Djembéring en particulier. Sous ce rapport,
nous avons utilisé la méthode des quotas avec comme cibles les
professionnels du tourisme, de la communication et les hôtes
(résidents et non-résidents) et des personnes ressources dans le
conflit casamançais.
Pour le recueil des informations, nous avons opté pour
un choix aléatoire des individus dans l'administration du questionnaire.
C'est pour éviter de choisir à l'avance les répondants au
questionnaire. Cette technique nous paraît adéquate à notre
étude vu la taille et la répartition de la population à
étudier. Nous n'avons pas manqué d'adopter un sondage qui a pris
en compte les variables suivantes : l'environnement, l'âge et les deux
sexes. La nature de l'étude, le temps et les moyens nous ont
obligés à constituer un échantillon assez minime en raison
de l'homogénéité de la population aussi.
2.3.1.3 Le pré-test
Avant de lancer l'enquête proprement dite, nous avons
d'abord réalisé une préenquête de manière
à tester, et le questionnaire et le guide d'entretien. L'objectif de ce
pré-test est de relever les facteurs suivants : sa compréhension,
sa faisabilité, son admission selon le temps..., voire les manquements.
A la suite de ce pré-test du questionnaire et du guide, nous avons
choisi au hasard vingt personnes séparément dans les deux zones
étudiées en prenant en compte le facteur géographique. Ce
qui nous a permis de voir si nos questions étaient bien comprises ou non
et si nécessaire d'en retirer ou d'en ajouter d'autres avant de
soumettre le questionnaire final à notre échantillon.
2.3.2 La méthode dite qualitative
A l'instar de l'approche quantitative, la méthode dite
qualitative nous a été d'une importance capitale dans la
recherche des informations d'ordre qualitatif. Ainsi, par l'observation, nous
avons pu constater l'existence de plusieurs phénomènes qui ont
trait au sujet et à la manière dont les populations vivent le
tourisme dans son ensemble. Pour mettre en évidence cette observation,
il nous a fallu faire des entretiens avec des personnes ressources. Ces
entretiens étaient, dans leur ensemble, faits de façon
individuelle et en focus group.
Page | 36
2.3.2.1 Le guide d'entretien
Etant un outil de recueil de données qualitatives,
notre guide d'entretien a été utilisé dans cette fin. Il
fut élaboré sur différents thèmes et selon les
besoins en information. Pour ce faire, nous avons estimé pertinent
d'élaborer un guide d'entretien pour chaque catégorie
enquêtée (cf. annexe). Ainsi, il s'agit là des acteurs du
tourisme (agences de voyage, l'office du tourisme, le syndicat d'initiative, le
bureau régional du tourisme...), des hôtes, principalement des
touristes et quelques nationaux, des acteurs de la communication (journalistes,
chargé de communication marketing...). A cela s'ajoutent les structures
visitées que sont la mairie de Djembéring et de Ziguinchor dans
lesquelles nous avons tenu des entretiens avec des responsables.
L'administration de ce guide d'entretien a
nécessité un processus de soumission. Pour ce faire, nous avons
cherché à l'avance une identification des cibles (personnes
physiques et morales) avant de chercher une collaboration locale qui nous a
facilité l'étude empirique. Ce sont en grande partie des
entretiens semi-directifs.
2.3.2.2 Les entretiens
Le succès de la présente étude
nécessite des rencontres avec les personnes ressources. Ce sont des
personnes auprès de qui nous avons recueilli des informations trop
importantes. A cet effet, nous avons pensé à recourir à
des interviews individuelles et en groupe (focus group). Cette méthode
de recueil d'informations nous a permis de centrer l'étude sur des
catégories d'âge sans oublier le sexe. Avant de procéder
aux entretiens, nous avons d'abord élaboré des cibles comme nous
l'avons expliqué ci-dessus. A chaque discussion, nous avons
adopté des approches différentes, selon les thèmes
relatifs au domaine de compétence avec des questions spécifiques
(cf. annexe). Avec notre dictaphone et notre journal de bord pour les prises de
notes, nous avons organisé la discussion en tenant chaque fois à
approfondir les informations recueillies dans le respect strict de l'attente et
de la logique du guide d'entretien.
2.4 Le déroulement de l'enquête
Cette dernière étape est celle de
l'enquête proprement dite ou l'enquête de terrain que nous avons
faite en trois moments. D'abord, la phase d'observation que nous avons
initiée au mois de février 2019 dans les deux communes avec des
voyages de deux semaines au maximum. Cela a été également
une occasion de discuter avec les acteurs concernés. Ensuite, nous nous
sommes attelés à l'élaboration du questionnaire retenu
dans le cadre de l'enquête. Il nous a fallu
Page | 37
un peu plus d'une semaine pour sa réalisation vu la
complexité du sujet. Enfin, pour les entretiens, il faut signaler que le
déroulement des entretiens s'est fait parallèlement avec
l'administration du questionnaire auprès des cibles pour garder une
constance et être le plus concentré possible.
2.5 Les difficultés rencontrées
Généralement, nous n'avons pas manqué de
relever des obstacles tout aussi évidents dans une étude
empirique. Au premier moment, nous avons des difficultés à
trouver des documents ayant trait à notre thème de recherche
à la bibliothèque universitaire de l'UASZ47. Ainsi,
nous nous sommes rendus dans d'autres lieux comme indiqué dans la
recherche documentaire. L'Internet étant un outil d'information
incontournable, nous en avons eu recours, mais avec parfois des
difficultés de connexion, surtout d'accès aux sources et aux
moteurs de recherche fiables.
Au cours de la réalisation de l'enquête de
terrain, nous avons également rencontré des difficultés.
Par exemple, pour rencontrer un individu et l'interroger sur le sujet, surtout
lorsque le mot « conflit » est utilisé, a été un
sérieux problème. Ce problème relève de la
perception que certains ont de l'enquêteur, surtout quand il s'agit d'une
enquête portant sur la crise casamançaise. Pour surmonter ces
obstacles, il nous a fallu rencontrer des responsables, leur expliquer en amont
le but de notre recherche et en aval trouver un protocole d'échange
équilibré. C'est ce qui nous a même obligé à
procéder par des entretiens individuels avec des explications portant
sur les différentes thématiques et la compréhension
même du sujet en amont dans l'approche qualitative. Concernant l'approche
quantitative, il nous a fallu un bon moment pour expliquer les raisons de
l'enquête avant d'administrer le questionnaire et le remplir par
nous-même, au cas échéant. Malgré tout, certaines
personnes estimaient que nous leur demandions des informations très
sensibles et refusaient d'y répondre.
En outre, certains de nos enquêtés mettaient du
temps, maximum une semaine, avant que l'on récupère le
questionnaire. Nous avons également peiné pour rencontrer le
personnel des administrations telles que la marie et certains agents
chargés du tourisme à l'instar du MTTA et de l'ASPT et d'autres
services ayant rapport à ce travail. A cela s'ajoutent les
difficultés financières qui se rapportent aux voyages
effectués et les impressions. A noter aussi que lors
47 Université Assane Seck de Ziguinchor.
Page | 38
des interviews et des enquêtes (administration du
questionnaire), il a fallu reformuler les phrases à cause de
l'incapacité de certains individus à les comprendre.
DEUXIEME PARTIE
Page | 39
CADRE D'ANALYSE ET D'INTERPRETATION
Page | 40
Ici nous ferons un travail d'analyse et
d'interprétation des données recueillies grâce
l'étude du terrain. A travers le logiciel sphinx, nous avons pu
regrouper les résultats en données quantitatives dans des
tableaux statistiques de forme tris à plat et tris croisés et
à travers des graphiques. Ces représentations nous ont
facilité le repérage des différentes variables et la
corrélation entre elles. Dans cette partie, les données
qualitatives recueillies dans les entretiens apparaîtront sous forme
d'éléments de justification, d'illustration et de
précisions des données quantitatives.
Voulant respecter la logique du sujet, il nous est paru
nécessaire de faire ressortir des thématiques allant dans le sens
du sujet : penser aux objectifs et aux hypothèses de la recherche.
Ainsi, dans chaque chapitre, nous allons axer nos travaux selon les parties
définies comme suit :
? Le chapitre 3 qui traitera des acteurs et de leur
implication dans la communication touristique ;
? Le chapitre 4 va analyser les relations entre les
informations du conflit et le tourisme et leurs impacts ;
Page | 41
Chapitre 3. Les acteurs et leurs rôles dans la
communication touristique
3.1 Le plateau technique
Il s'agit de passer en revue dans ce sous-chapitre les moyens
et/ou les infrastructures de communication disponibles au plan national, local
et même international et qui sont aujourd'hui indispensables dans la
communication avant de faire une analyse de ses outils.
3.1.1 Les médias traditionnels
Promouvoir une destination passe par un processus de
communication bien structuré. Il nécessite la mise en place
d'infrastructures indispensables (dispositif communicationnel) avec des moyens
suffisants dédiés à cette fin. La communication fait appel
à plusieurs éléments dont les médias sont
incontournables (médias classiques et modernes, TIC et organismes
spécialisés). Pour ce faire, la destination en question doit
être bien outillée, mais aussi avoir la maîtrise de ces
outils pour garder une bonne image du territoire. Dans ce contexte, nous avons
jugé nécessaire de ressortir le plateau technique au niveau de la
communication dans ce travail et ce dans les zones concernées. Nous
pouvons ainsi noter la présence de télévisions locales
dont la RTS1 mais au une toute nouvelle entreprise en l'occurrence
GMS48 (télé, radio et podcast), de radios locales
à l'instar de Zig 'FM, Sud 'FM, Kassumay'FM, Sud'FM49 dans la
commune de Ziguinchor. Cependant, au terme de cette enquête qui nous a
permis de ressortir au niveau de la communication le dispositif technique, nous
nous sommes rendu compte que la commune de Djembéring ne dispose
d'aucune infrastructure communicationnelle. La seule radio qui existe dans les
environs se trouve dans le département d'Oussouye : « Kabissa Fm
»50. Dans ce contexte particulier où l'on note une
absence totale de médias traditionnels, faire une communication
attractive devient une chose difficile. On ne peut compter alors sur sa
notoriéte. Toutefois, avec les nombreuses péripéties
liées au conflit, il ne sera pas évident pour les acteurs du
secteur touristique de se valoriser. Que ce soit les médias classiques
et standards ou spécifiques, ils sont indispensables à la
valorisation de son positionnement, de son identité culturelle.
Il est très difficile en effet, de vouloir communiquer
sans ces outils qui sont incontournables. Les médias sont indispensables
pour promouvoir une zone touristique, surtout maintenir les
48 Groupe médias du sud
49 Ibrahima GASSAMA, Journaliste, spécialiste
du conflit casamançais et Directeur de la Radio Zig'FM
50 Ibid.
Page | 42
relations entre service du tourisme et hôtes. Les
organes de communication classiques et surtout spécialisés
doivent avoir une politique ouverte sur sa clientèle et être
à l'écoute des besoins. Néanmoins, pour une situation un
peu particulière, notamment concernant notre étude, ces
médias se retrouvent au coeur d'une polémique. C'est une mauvaise
situation pour la destination car le conflit et les informations connexes sont
facilement manipulables. C'est pourquoi, ce travail va dans le sens d'analyser
les problèmes auxquels le tourisme en Casamance est confronté
entre autres par le phénomène des médias.
Tout compte fait, la communication touristique fait aussi
appel à des organismes spécialisés évoluant dans le
domaine du tourisme. Pour ce faire, nous allons analyser les tableaux ci-dessus
comme nous l'avons fait pour les médias traditionnels.
3.1.2 Les organes spécialisés et les TIC
A l'instar des médias classiques, on retrouve de
manière générale dans les deux sites (Ziguinchor et
Djembéring) des organismes spécialisés dans le domaine du
tourisme. Dans ce but, ils mettent en place une politique de communication
touristique en faveur de la destination. Ils sont la plupart du temps des
institutions gouvernementales avec des ministères et des services
techniques issus de ces derniers. On peut avoir aussi des organes
dépendant d'un ministère au plan national ou local et des
organisations indépendamment des gouvernements et qui sont en charge du
tourisme.
Toutes ces institutions selon qu'elles soient un
démembrement de l'Etat ou non ont pour objectifs de développer la
destination à travers diverses activités, l'application des
politiques définies par le gouvernement et de garantir ainsi la
durabilité et de rentabilité même du secteur. Ainsi, nous
pouvons retenir quelques institutions spécialisées et des TIC que
l'on pourrait utiliser dans la communication du tourisme et qui existent au
niveau national ou local.
Tableau 1 : Quelques
institutions/associations
|
du tourisme et les TIC
|
|
|
Au niveau local
|
MTTA SAT
|
L'office du tourisme de Casamance
|
|
|
Page | 43
AGS FST ASPT ONITS SPIHS SAPCO
Source : enquête de terrain, Avril 2019.
Tableau 2 : Quelques réseaux sociaux et
applications
|
M et E.
|
|
|
Les médias
E-M52/national
|
Facebook 2.27 milliard
|
Sénéguide (E)
|
Tweeter 326 millions
|
|
|
Sénégal travel (E-M)
|
WeChat 1.5 milliard
|
|
51 Les applications ou médias
nécessitant une connexion internet
52 Et les applications ou médias ne
nécessitant pas un accès à internet
Page | 44
Source : Viard (2018).
Ce travail nous a permis de faire un zoom sur les outils de
communication au plan national ou local et même international ; quelques
supports d'information pouvant participer à l'attractivité d'une
destination. C'est une étape dans l'analyse du dispositif des moyens de
diffusion de l'information et de communication. A cet effet, on peut
aisément déduire que les structures de la communication sont bien
en place, mais elles restent encore faibles dans la région, plus
particulièrement à Djembéring, notamment les médias
classiques. Cependant, la question qui s'impose c'est comment fait-on usage de
ces outils de communication dans la zone de conflit ici étudiée ?
Pour ce faire, nous allons voir cela de plus près dans la partie
ci-après. Ces supports d'information et de communication sont
très utilisés de nos jours vu la vitesse que prenne une
information et sa force de couverture. Tout le monde peut être au courant
d'une publication n'importe où surtout avec l'avènement des TIC.
Dans la foulée, une étude de l'Observatoire sur les
systèmes d'information, les réseaux et les inforoutes au
Sénégal révèle une pénétration
d'internet assez impressionnante au Sénégal, soit 59,80% (OSIRIS,
2018). En outre, on démontre contre toute attente 9.606.817
abonnés ; Sur Facebook, il existe 3.100.000 utilisateurs et un
taux de pénétration de 68,49% des services internet (ARTP,
2018).
3.2 La couverture médiatique en zone de
conflit
La couverture des médias dans les zones de conflit
révèle beaucoup d'éléments jusqu'ici complexes.
Toutefois, les travaux de Manoff (1998) par exemple se focalisent sur le
rôle de ces derniers dans la gestion et la prévention des
conflits. Le résultat de ces travaux montre une responsabilité
des médias dans la gestion d'un conflit. Cela se résume à
un ensemble de défis,
Page | 45
entre autres des défis d'éthique, surtout en ce
qui concerne la couverture en Afrique (Arous, 2001).
Le tourisme au Sénégal reste encore une
activité lucrative comme le relève une enquête du MTTA
passant de 342 à 358,5 milliards de FCA, soit une hausse de plus de 4%.
Cependant, cette activité reste dominée au nord par la petite
côte (tourisme de loisir), soit 48,34% et à Dakar (tourisme
d'affaires), soit 31,86%. Les arrivées globales enregistrées en
2014 selon les statistiques du MTTA s'élèvent à 1.216.090
contre 1.076.277 arrivées en 2015, soit une baisse de 11,5%. Ces deux
zones polarisent plus de 80% de l'activité et le reste est
partagé entre les différents pôles touristiques (MTTA,
2015). Toutefois, cette enquête a révélé en amont
que les acteurs du tourisme ont noté plusieurs défaillances
liées au bon fonctionnement de l'activité :
? Une absence de communication ; ? Une image mal vendue à
l'étranger ; ? Une crise de confiance entre acteurs ; ? Mauvaise
communication de crise53 ; ? Etc.
Le cas de la région de Ziguinchor, voire toute la
région naturelle de la Casamance du point de vue géographique
(pôle touristique), est très inquiétant. Cette partie du
pays est victime d'une mauvaise communication du fait du conflit
armé.
3.2.1 Médias et objectifs médiatiques
Si le rapport n'est pas direct tant que l'un ne
détermine pas l'autre, mais fondamentalement le conflit en Casamance a
un impact fort sur le tourisme depuis maintenant une trentaine d'années.
Comme tout conflit interne ou externe, on ne saurait nier ses
conséquences sur les secteurs d'activité économiques de
tout genre. Cependant, ces conséquences pourraient être plus
accrues à cause de la communication. D'après l'évolution
de la situation de crise à un moment bien déterminé, on a
des périodes dites chaudes et des périodes dites d'accalmie.
Quand la première se manifeste, bien entendu, le secteur en Casamance
agonise par la baisse de la fréquentation. A cet effet, la projection de
mauvaises images au niveau national et international amplifie cette situation.
Ainsi, il peut y avoir des circonstances liées à la communication
qui fait que les touristes renoncent à cette destination. Certes il
arrive qu'un événement se produise, mais il n'a
53 Cette mauvaise communication fait
référence au phénomène Ebola. Cette dernière
peut donc être prise en exemple aux nombreuses situations en interne :
braquages, viols, tueries, etc.
Page | 46
parfois aucun rapport avec l'activité touristique sur
le plan géographique. Le problème se situe au niveau des
médias (M. Cissé, membre du GRPC et médiateur de l'UASZ).
Pour avoir travaillé sur le rôle de la presse dans une zone de
conflit, ce dernier soutient qu'on arrive à noter un écart entre
les correspondants locaux et les rédactions au niveau national.
« Les rédactions au niveau national sont beaucoup plus
intéressées par la vente de leur journal, par la promotion de sa
radio, de sa télé et, dans ce cas généralement, ils
sont beaucoup plus intéressés par la commercialisation,
c'est-à-dire les gros titres qui les intéresse f...] Quand c'est
les titres ordinaires, ça n'attire pas. C'est une préoccupation
au niveau des directions qui sont éloignées du champ de conflit
», renseigne-t-il.
Toujours dans son argumentaire, M. Cissé met l'accent
sur l'intervention des acteurs médiatiques, surtout ceux-là qui
appartiennent à la classe traditionnelle (télévision,
radio...). En effet, comme le démontrent les tableaux ci-dessus, on note
la présence effective de ces médias, beaucoup plus à
Ziguinchor. Pourtant, la couverture que ces médias font en l'occurrence
lorsque le conflit est mis en relation devient tout autre. Elle laisse à
désirer surtout lorsqu'elle est afférente au tourisme. Les
informations relayées sont dénaturantes due à la
représentation de la destination en question. La couverture faite par
les médias sur place est issue de nombreuses sources et accrues par un
traitement qui sort de l'ordinaire : « Pluie d'obus sur Ziguinchor
». C'est comme si Ziguinchor avait été littéralement
bombardé par des obus. Il est évident que quand on est à
Dakar, Diourbel et autres, on est vite intéressé par l'achat du
journal. Au niveau national, on a des réactions de peur et d'indignation
au plan international et un impact négatif », ajoute M.
Cissé mesurant ainsi l'ampleur de l'intoxication médiatique.
Pour plus de détails sur la question, voici ce que
révèlent les données quantitatives sur le fait que cette
communication est basée sur des objectifs médiatiques.
Figure 2 : Les objectifs
médiatiques de la communication
Les objectifs médiatiques
5
70
17
8
pas du tout d'accord
pas d'accord
d'accord
totalement d'accord
Page | 47
Source : enquête de terrain, Avril 2019.
Selon une étude empirique menée dans le cadre
de ce travail, nous avons interrogé via notre questionnaire
préalablement établi, les cibles concernées sur une
possibilité que certaines communications ne sont que le résultat
des objectifs fixés par certains médias comme l'a si bien dit M.
Cissé, plus précisément les rédactions au plan
national. A l'image de ce qui vient d'être démontré par un
argumentaire ci-dessus, voici des données étayant ce postulat
dans le questionnaire. Ainsi, 70% des administrés sont d'avis que la
couverture médiatique est plus une option commerciale. Une
éthique qui a leurs yeux reste positive. Cette thèse est en plus
confirmée par 17% de notre cible qui sont totalement d'accord et au
total 13% contre (voir tableau en annexe). Ce conflit implique ainsi plusieurs
facteurs dont les éléments sont difficiles à
maîtriser. Les professionnels de la communication rejettent la faute sur
l'Etat si l'on en croit M. Ba (journaliste, correspondant de Rfm Ziguinchor,
2019) : « L'Etat est en train de faire des efforts, mais l'Etat oublie
le volet de la sensibilisation par rapport à la communication et
ça, je pense que c'est un grand gap à combler en Casamance et
qu'il n'a pas fait ». En effet, pour M. Ba, la responsabilité
entière revient à l'autorité centrale. Elle doit
promouvoir cet aspect dont le secteur a grandement besoin. Est-ce à dire
que les acteurs de la communication ne sont pas pris en compte dans les
politiques de promotion des destinations touristiques dont la Casamance.
Néanmoins, le journaliste armé d'éthique et de
déontologie, deux principes fondamentaux de la profession, campe sur sa
mission d'informer quelle que soit la nature des
Page | 48
informations et ne se rend pas compte que l'une empiète
sur l'autre. Toutefois, certains journalistes adoptent une attitude beaucoup
plus responsable. Ils recherchent constamment l'équilibre parfait entre
leur liberté professionnelle et la sauvegarde des intérêts
nationaux « Le journaliste en Casamance est pris dans un étau
entre l'obligation d'information et le désir de préserver la
destination. Le journaliste essaie donc de jouer l'équilibre sur la
balance parce que vous ne pouvez pas refuser au journaliste de rendre compte
d'une situation [...] », nous dit le correspondant de la
Rfm.
Informer, c'est le maître mot que l'on retient dans ce
commentaire car c'est la seule et unique responsabilité du journaliste.
Les acteurs de la communication sont aussi nombreux avec le
développement des TIC. On note une prolifération de la presse en
ligne et des réseaux sociaux. Ainsi, la communication en Casamance
implique plusieurs catégories. Quelques années plus tôt, la
communication était plus dominée par la radio et la
télévision qui étaient moins nombreuses. Mais, tout compte
fait, la communication en Casamance est l'un des obstacles du
développement du tourisme. Sous ce rapport, M. Ba déclare :
« L'exemple des touristes espagnoles soi-disant violés [...] ;
moi je pense qu'il y'a une posture que le journaliste doit incarner pour
éviter de faire mal à la région parce qu'en relayant cette
information nous avons compromis beaucoup d'action [...] ». Dans ce
cas, la communication continue toujours de nuire au tourisme dans la
région naturelle de la Casamance.
Tableau 3 : objectifs médiatiques selon
les professionnels
|
|
|
|
|
Profession
|
domaine du
tourisme
2,0%
|
domaine de la
communication
0,0%
|
autres
3,0%
|
TOTAL
|
Les objectifs médiatiques
|
5,0%
|
1,0%
|
2,0%
|
|
pas du tout d'accord
|
42,0%
|
8,0%
|
20,0%
|
5,0%
|
pas d'accord
|
12,0%
|
1,0%
|
4,0%
|
8,0%
|
d'accord
|
61,0%
|
10,0%
|
29,0%
|
70,0%
|
|
totalement d'accord
TOTAL
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
Ce tableau fait ainsi ressortir des données sur les
objectifs médiatiques, qu'ils soient immanents à la profession ou
à une simple concurrence commerciale de l'information. A ce propos, nous
nous sommes intéressés à l'avis des journalistes sur la
question. Cependant, 42% des professionnels du secteur touristique laissent
entendre que la communication fait face à des exigences professionnels
et commerciales ; de même que 8% évoluant dans le secteur de la
Page | 49
communication, pour la plupart bien évidemment des
journalistes. En outre, nous nous sommes rendu compte lors de l'analyse des
données que 20% des interrogés partagent l'avis que les acteurs
médiatiques sont beaucoup plus préoccupés par la
transmission pure et simple de l'information sans un traitement
(vérification par exemple, voir annexe) et qui ne font ni partie de la
corporation journaliste et touristique. C'est un signal fort en ce sens que
cette observation s'opère aussi au niveau de la population dans son
ensemble.
Des éléments du conflit (informations
liées aux braquages, tuerie, etc.) font que le communiquant qui dispose
d'informations n'a qu'un objectif : être le premier à donner
l'information. Dans ce contexte, on note une inversion des rôles dans le
circuit logique de relai. On donne l'information pour ensuite la
vérifier. Le contexte en Casamance, sa particularité à
faire immédiatement le buzz sur l'opinion national et international,
fait que l'information, élément essentiel à la
communication, n'est presque plus soumis à un temps de filtrage, de
diagnostic, de vérification. En ce sens, M. Ba reconnaît que
certains journalistes ont diffusé de fausses informations qu'ils ont
eux-mêmes démenties en soutenant : « Nous avons eu
à faire des mea-culpa par rapport à certains papiers qu'on a
faits [...] pendant des décennies on a stigmatisé la Casamance,
mais je vous assure qu'être journaliste en Casamance, ce n'est pas facile
». C'est cette posture du journaliste qui est également
à l'origine de la déliquescence du tourisme dans la région
naturelle de la Casamance en général et en particulier dans les
communes de Ziguinchor et Djembéring. Elle affecte également son
essor dans le reste du pays.
3.2.2 Les articles et les sources
La communication du tourisme est aussi fragilisée par
une communication parallèle menée par des acteurs de la
communication non spécialisés dans le domaine du tourisme. A cela
s'ajoute une corporation sur internet. Hormis la présence de la presse
en ligne et des réseaux sociaux comme le montre le tableau ci-dessus,
nous avons décelé d'autres sources qui relaient des informations
sur le conflit et le tourisme en Casamance. Cette corporation n'appartient ni
aux journalistes ni aux professionnels du tourisme. C'est pourquoi nous nous
sommes intéressés à ses sources et à ses articles
en ligne, surtout sur les réseaux sociaux ou les médias sociaux
dans leur ensemble. En même temps, nous avons alors posé ces
questions : cette corporation de la communication est-elle une source
autorisée ou non ? Les articles qu'elle publie répondent-ils aux
normes sur la publication d'images ? Voici ce que l'enquête a
donné comme résultat via le tableau suivant. Bref, ce sont entre
autres des personnes ayant un simple compte Facebook ou
YouTube, des individus faisant partie d'un groupe
Facebook, certains blogs et des publications extraites des articles de
la presse en ligne et que l'on peut retrouver sur des pages
indépendantes.
Figure 3 : Les sources relayeurs
d'information
Les relay eurs d'informations x Les images
non
100
85
oui
archives(anciennes) actualisées
24
Page | 50
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
0
8
7
61
Ce graphique, à la suite de l'enquête
quantitative, croise deux données : la nature des images que l'on
retrouve sur des articles de la presse en ligne et des médias sociaux et
ceux des relayeurs d'information qui ne font pas partie des professionnels de
l'information et du tourisme.
Concernant les relayeurs d'informations sur le tourisme en
rapport avec le conflit, bien entendu, il est ressorti que les individus
interrogés sur la question ont tous été confrontés
à la situation sur internet. Autrement dit, le constat est
général. A cet effet, 61% des répondants ont
affirmé que les informations auxquelles ils ont fait face étaient
issues d'une autre source différente de celle des professionnels de la
communication et du tourisme. Seulement 7% ont affirmé que des
informations venaient de journalistes ou d'un site de presse en ligne. C'est un
fait inédit car on en arrive à constater un remue-ménage
sur le plan de la communication ; internet est en train justement de prendre
une proportion énorme ; s'il n'a fini de le faire avec une forte
audience (des millions, voire 1 milliards et plus ; voir tableau 5) laissant
une petite marge de manoeuvre aux médias physiques, c'est-à-dire
non virtuelles.
Sur la question de la nature de la plupart de ces images que
l'on retrouve sur les articles en ligne, 61% des interrogés affirment
que ce ne sont pas des images actualisées. Cela qui signifie
Page | 51
qu'on peut tomber sur des images montées provenant
d'ailleurs et qui n'ont aucun rapport avec conflit. En revanche, les 24%
soutiennent que ces images sont réelles. C'est une révolution qui
est en train de s'opérer dans l'espace médiatique et du
traitement de l'information. Mais, elle a des impacts négatifs à
cause du conflit en Casamance. Imaginez-vous la publication d'un supposé
« braquage » en Casamance sur internet avec une fausse image de fond.
Cela va créer forcément une situation très
délicate. Non seulement des millions d'internautes vont ignorer qu'ils
ont reçu une fausse information, mais ils vont sans doute la propager
dans le monde entier. En plus, l'image illustrative est caduque,
inadaptée et incohérente à la situation. Enfin, cette
intoxication médiatique va aggraver la situation touristique de la
Casamance tout en détériorant considérablement cette
activité au plan national. La désinformation sur le conflit
casamançais a eu des conséquences déplorables sur ce
secteur. De façon laconique, M. Ba en a mesuré l'ampleur en ces
termes : « Un élu local m'a appelé et m'a fait savoir
qu'à cause de ça, des touristes ont renoncé de venir
». Donc, il y a un réel problème concernant le
traitement de l'information de la part des acteurs de la communication : les
journalistes (radio, télévision...), ceux de la presse en ligne
où l'on retrouve aussi les relayeurs sur les réseaux sociaux pour
lesquels nous nous sommes rendu compte qu'ils sont seulement des sources non
autorisées pourtant « légalisées »54
par la liberté d'expression.
3.3 Les enjeux géopolitiques
Pour Ratzel (1988), la géopolitique est « la
science qui établit que les caractéristiques et conditions
géographiques, et plus spécialement les grands espaces, jouent un
rôle décisif dans la vie des Etats, et que l'individu et la
société humaine dépendent du sol sur lequel ils vivent
ayant son destin déterminé par la loi de la géographie
». Lacoste (1986), quant à lui, se focalise sur «
l'étude des différents types de rivalités de pouvoirs sur
les territoires, [...] la puissance se mesurant en fonction de
potentialité territoriale interne et de la capacité à se
projeter à l'extérieur de ce territoire et à des distances
de plus en plus grandes ». Ces deux définitions sont
complémentaires en ce sens qu'elles traitent du rôle des acteurs
étatiques dans la gestion de l'espace et la société et les
conflits éventuellement existants. La géopolitique devient alors
une analyse politique et géographique du monde ou d'un territoire par
rapport à un autre, de ses individus dans un espace commun
partagé. Il s'agit de comprendre l'origine des conflits actuels
54 Le Sénégal, dans l'initiative de
libéraliser la parole, a permis la prolifération de radios
privées, de télévisions privées et un taux de
pénétration exceptionnel sur internet avec un boom en nombre
exponentiel de la presse online et des internautes sur les réseaux
sociaux. On assiste ainsi à une multitude d'acteurs et donc à une
multitude d'intervenants libres sur des faits parfois qu'ils ne
maîtrisent pas. L'Etat a alors mis sur pied une loi sur la gestion
d'internet au Sénégal vu les débordements de tous genres
qui s'y opèrent impunément au quotidien.
et les enjeux stratégiques qui pourraient à un
moment donné conduire à des conflits, notamment futurs.
Le conflit en Casamance implique plusieurs acteurs. En tant
que destination, elle entraîne la diplomatie des différents pays
émetteurs du Sénégal et en interne les
collectivités et l'Etat. Le tourisme est un secteur transversal qui
affecte presque tous les secteurs de l'économie, il développe les
territoires et comprend de nombreux intervenants au niveau national et
international. Pour ce faire, nous allons nous concentrer sur les ambassades
d'abord. En effet, dans le cas échéant, les ambassades en raison
de leurs missions diplomatiques interviennent directement et
géographiquement dans des affaires qui les concernent dans un espace
bien déterminé. Ensuite, il s'agira d'examiner les politiques de
l'Etat au niveau territorial dans le domaine du tourisme et les
collectivités dans ce sens afin d'en faire une analyse globale
géopolitique selon qu'il impacte ou non dans la gestion des conflits et
le tourisme.
3.3.1 Les chancelleries
Appelée aussi Ambassade, le rôle d'une
chancellerie ou d'un consulat est d'entretenir des rapports diplomatiques avec
le pays d'accueil. Cela entre en phase avec les relations géopolitiques.
Tous les pays pratiquement disposent d'une ambassade ou d'une
représentation consulaire, etc., pour garantir un service maximum
à leurs ressortissants, mais aussi mener des activités
culturelles55 ou politiques avec le pays hôte. Au
Sénégal, la représentation diplomatique française a
une forte réputation, notamment dans le sud du pays, en Casamance. A ce
propos, les dispositions prises dans le domaine du tourisme affecté par
le conflit ne sont pas toujours justes et consensuelles si l'on se fie aux
données du terrain. Le cas du Quai d'Orsay,56 qui colorie en
rouge toutes les trois régions administratives de la Casamance à
l'exception du Cap-Skirring où se trouve le club-Med, vient
étayer cette hypothèse.
Page | 52
55 Direction de la coopération (Alliance
franco-sénégalaise, par exemple).
56 Ministère français des affaires
étrangères.
Page | 53
Figure 4 : carte illustrative de la « zone
rouge »
Source : Au-Sénégal (2018).
Conformément à l'article 6 du code de
l'éthique pour le tourisme, l'OMT met en garde les acteurs (les
chancelleries) en leur accordant certes le droit d'informer leurs
ressortissants sur la situation de crise qui sévit dans une destination,
mais précise que ces informations ne doivent en aucun cas porter
préjudice à la destination en question. Cet article souligne
aussi que ces avis doivent faire l'objet de consensus entre les gouvernements
récepteurs et émetteurs et doivent être strictement
limités à l'étendue géographique concernée.
Par ailleurs, on constate dans cette décision visible sur la carte
ci-dessus que cette décision implique toute la Casamance,
c'est-à-dire les trois régions : Ziguinchor, Sédhiou et
Kolda. Or, si on prend l'exemple de la Tuerie de Bofa-Bayotte qui se trouve
dans la forêt de Ziguinchor ou l'histoire de touristes violés
à Kafountine, on en déduit que la chancellerie ne joue pas
sérieusement son rôle. Evidemment, cette décision a un
caractère purement unilatéral avec un impact géographique
conséquent.
Toutefois, seul le club-Med se situant au Cap-Skirring dans
le département d'Oussouye où le conflit est quand même
assez pacifié échappe à cette règle : cette zone
est colorée en vert. Ainsi, les questions qui taraudent notre esprit est
: la France protège-t-elle ses intérêts au détriment
de la destination tout entière de la Casamance ? Sur le plan
géopolitique, est-ce que ce n'est pas la
Page | 54
France qui crée des « conflits »57
impactant sur les relations humaines et le territoire de manière
générale ? C'est ce que semble affirmer M. Tamba (guide
touristique et responsable du bureau d'acceuil et d'information au
Cap-Skirring, commune de Djembéring, 2019) lorsqu'il avance : «
Le club-Med sert de locomotive, d'assurance. Même si tu as des gens qui
te disent qu'il y'a le conflit et que le club est ouvert, les gens viennent,
c'est un gage ici au Cap-Skirring ». Sur l'épineuse question
de la zone rouge, nous avons interrogé un touriste français sur
la question, en l'occurrence M. Faye Fall (touriste français, 2019), a
donné cette réponse assez illustrative : « Quand on fait
des recherches pour venir, on nous recommande des circuits dont la Casamance ne
fait même pas partie. Mais après le parcours qu'on a fait je ne me
suis pas senti en insécurité ». Notons que 57% de la
population touristique (acteurs) interrogée de même que 10% dans
la communication ont une connaissance de la « zone rouge » en tant
que décision infligée à la destination Casamance toute
entière. A cela s'ajoute une autre catégorie qui est consciente
de la question, soit 21%(voir annexe). Dans cette carte, le constat
n'échappe à personne. Déclarer la Casamance zone rouge
impliquant de surcroît les régions de Sédhiou et Kolda ou
le département d'Oussouye pour un événement survenu dans
la région de Ziguinchor ou à Kafountine, par exemple, est une
décision que les acteurs eux-mêmes ne comprennent pas. C'est
d'ailleurs ce qu'affirme M. Ferancioli (promoteur italien, directeur des
Alizés beach Resort, Cap-Skirring, 2019) : « Je pense que les
ambassades ne jouent pas leur rôle. Je sais que pour la carte de
l'ambassade de France la Casamance était en rouge et très
franchement quand on vit ici on se rend compte que ce n'est pas la
réalité ».
De tels manquements dans la compréhension
géographique même du conflit ont toujours bouleversé le
secteur du tourisme et ont suscité de nombreuses questions sur le plan
politique. Des décisions malencontreuses sont prises alors que les faits
se déroulent le plus souvent dans des zones pacifiées. Même
si la responsabilité des chancelleries est de protéger leurs
concitoyens, elle ne devrait pas pour autant nuire à l'activité
touristique pour des raisons généralement injustifiées.
Ainsi, le traitement de l'information et la communication sur la question sont
aussi des éléments non moins réductibles compte tenu de
leur forte implication dans le relai de ses informations sans traitement
transparente et juste. C'est dans ce contexte que nous avons, sur la base d'une
question sur la situation, recueilli des données ci-dessous.
57 Ici conflit veut dire une situation qui peut
lésée quelque ou tout simplement la destination dans le cas
échéant.
Page | 55
Tableau 4 : Une décision à impact
temporel
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
Ce tableau donne des informations qui ont un rapport avec la
décision d'inscrire la destination dans la zone rouge. A travers nos
enquêtes de terrain, nous avons soumis aux enquêtés cette
question : les décisions des chancelleries sur la base du conflit
ont-elles un impact sur l'activité touristique à court et moyen
terme ? Sous ce rapport, 97% ont répondu positivement. Autrement dit,
ces individus sont catégoriques sur la question qui met en péril
à chaque occasion le secteur pendant une durée qui évolue
selon la situation. A ce titre 63% affirment que le secteur peut vivre des
moments difficiles allant au-delà d'une année sur les territoires
affectés. La communication à ce niveau peut aussi être
analysée. Ainsi, M. Cissé déclare : « Les
chancelleries ont la responsabilité de veiller sur leurs concitoyens.
Maintenant est-ce que la réaction est à la mesure de la
gravité de la situation ? C'est là où effectivement la
presse peut jouer un rôle d'accentuation de la psychose
sécuritaire ou d'atténuation de la psychose sécuritaire.
Quand vous imaginez un peu qu'une presse par exemple dire qu'on a
dynamité un pont [...] lorsqu'on lit cela, on est effrayé et on a
la réaction de dire que c'est une zone à risque ». En
effet, nous pouvons ajouter que cette situation est accentuée par la
communication. Evidemment, d'une part la prise d'une telle décision va
dans le sens de la responsabilité républicaine. Cependant, cette
décision doit être étudiée avant de compromettre le
développement du tourisme en Casamance. Au préalable, il est
alors impératif de comprendre les spécificités
géographiques et les enjeux socio-politiques de ce conflit. Ainsi,
est-ce que la « zone rouge » est véritablement un obstacle au
tourisme en Casamance ? Ce graphique en est une illustration.
Page | 56
Figure 5 : La « zone rouge », un
obstacle majeur à l'essor du tourisme
La zone rouge comme f acteur bloquant x La
localité
100
47
5 3 4
Non réponse
oui
28
8
2 3
non
Ziguinchor Djembéring autre
47
Source Enquête de terrain, avril 2019.
0
Dans ce graphique, nous avons essayé d'en savoir un
peu plus sur l'impact de la décision de considérer la Casamance
comme une zone « d'insécurité ». En plus, nous avons
cherché à savoir si les acteurs sont convaincus que c'est l'une
des entraves au secteur touristique dans cette partie du pays. En ce sens, nous
avons accordé un intérêt particulier à la question
selon les zones étudiées qui peuvent être touchées
par cette décision. Ainsi, au niveau de Ziguinchor, 47% des personnes
auxquelles nous nous sommes adressés affirment que c'est un
élément crucial du tourisme contre 28% dans la commune de
Djembéring. Il faut également retenir que 53% de ces informations
ressortent des acteurs touristiques et 10% (voir annexe) des professionnels de
la communication qui abondent dans ce sens.
3.3.2 Les collectivités locales
Dans ce travail, nous nous sommes également
focalisés sur les collectivités locales.
Précisément, les mairies des deux zones qui constituent notre
champ d'application, notamment Ziguinchor et Djembéring, nous
intéressent le plus dans cette recherche. Ce qu'il faut savoir, c'est
que dans les destinations touristiques, on retrouve ces entités
territoriales qui se spécialisent le plus souvent dans les domaines du
marketing institutionnel et territorial avec les services sur place.
Page | 57
3.3.2.1 L'Etat et les politiques territoriales
Dans les pays touristiques comme la France ou des pays
d'Afrique du nord à fortes potentialités touristiques, le
tourisme n'est pas uniquement une affaire d'Etat. Ainsi, nous allons examiner
quelques cas de politiques touristiques pour mieux comprendre l'analyse du
sous-chapitre.
3.3.2.1.1 Quelques exemples
L'intercommunalité avec la promotion du tourisme pour
ledit secteur est une réalité. Autrement dit, la
compétence du tourisme et une compétence partagée entre
les collectivités et selon les démembrements de chaîne
depuis l'autorité centrale jusqu'au niveau local : Etat, régions,
départements et communes sont tous compétents dans le tourisme.
Récemment en France, la loi NOTRe58 avait prévue de
transférer sans façon en 2017 la compétence obligatoire en
matière de promotion du tourisme. Ainsi, l'Etat définit et met en
oeuvre la politique de promotion nationale en étroite collaboration avec
les collectivités. La région doit mettre sur pied un
Comité régional du tourisme (CRT) où l'on retrouve les
Offices du Tourisme, les Syndicats d'initiatives, des
délégués municipaux, etc. Elle a également la
charge de créer un le Schéma régional de
développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) qui coordonne les
stratégies de promotion au niveau national et international. Au niveau
départemental, on retrouve un Comité départemental du
tourisme (CDT) qui élabore le Schéma d'aménagement
touristique départemental (SATD) et prend en considération les
orientations du SRDTL. Le CDT met en oeuvre la politique touristique
départementale et assure la promotion et la commercialisation des
produits touristiques en parallèle avec les professionnels du secteur
touristique. Les communes sont maîtresses des Offices de Tourisme et ont
la responsabilité de l'accueil et de l'information, mais aussi de la
promotion touristique de la commune.
La déconcentration de services centraux peut permettre
une meilleure gestion proximale et efficace vis-à-vis des services
locaux et de la clientèle en collaboration avec l'autorité
centrale. Malheureusement au Sénégal, le tourisme reste une
compétence non transférée. Tout se fait au niveau du MTTA
et de ses services peu nombreux en charge du tourisme ou de sa promotion
(SAPCO, ASPT). La SAPCO est implantée récemment dans la commune
de Ziguinchor pour les études nécessaires à la
requalification et l'aménagement de la station balnéaire de
Cap-Skirring. Hormis le SRT et de la SAPCO qui sont aussi présents dans
la région de Ziguinchor,
58 Loi n°2014-58 du 27 janvier 2014 de
modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des
métropoles, France. Une loi permettant le transfert de
compétences du tourisme au niveau des collectivités.
Page | 58
le service le plus compétent en matière de
communication du tourisme est absent au niveau local : il n'existe que dans la
capitale. Cette politique de l'Etat permettrait un contrôle total du
secteur et fragilise le développement des territoires.
L'exonération de taxes sur 10 ans pour la destination
Sénégal en est une preuve tangible. C'est une décision
unilatérale, c'est-à-dire elle a été prise par
l'Etat du Sénégal sans demander l'avis des professionnels du
secteur. Certes elle est une bonne initiative, mais elle fait perdre au pays
des sommes importantes d'argent. Dans ce cas, ne fallait-il pas renforcer la
communication en créant des services et en les dotant de moyens tout en
impliquant les acteurs ? En effet, il existe des zones spécifiquement
touristiques-qui ne vivent que du tourisme- et dans lesquelles les autres
secteurs dépendent de l'activité touristique. L'exemple de la
commune de Djembéring en est une parfaite illustration à travers
la déclaration de M. Mané (Fiscaliste, employé à la
mairie de Djembéring) : « Notre budget dépend du secteur
touristique à hauteur de 65% ». Par ailleurs, la promotion du
tourisme nécessite des moyens énormes dont la Casamance est
presqu'entièrement privée à cause d'une communication
parfois néfaste. C'est pourquoi il est très difficile de
développer au niveau local des stratégies de communication pour
soutenir le développement dudit secteur.
3.3.2.1.2 La communication territoriale
De manière générale, la communication du
tourisme n'est pas facile dans cette partie du pays. Mais, nous tenons à
rappeler que la communication touristique est « celle [qui est]
organisée par les professionnels autour du produit, à destination
du consommateur ». Certes les territoires sont aussi un vecteur de
promotion des potentialités et attractions touristiques, mais les
acteurs doivent donc se donner les moyens et créer les conditions de la
préparation du produit (territoire) au profit des différentes
cibles intéressées par la destination en question. Cette
communication doit être axée sur le territoire appelé aussi
communication interne ; elle renvoie ainsi à l'ensemble des
activités marketing pour le compte d'une localité. Cette
communication vise à atteindre plusieurs objectifs comme
l'attractivité de territoire par rapport aux cibles, la fabrication de
l'image du territoire ou de la marque et la mobilisation de la population dans
la participation au marketing territorial.
Selon les travaux de Bathelot (2017), les services
chargés de la communication au niveau du territoire doivent être
accompagnés par des activités en permanence comme le montre ce
graphique.
Page | 59
Figure 6 : Attributions des services de
communication
Source : Bathelot (2017).
Dans cette attribution des services en termes de
communication territoriale, on note une multitude d'activité que
devraient tenir les acteurs du secteur pour permettre une meilleure
attractivité. Cependant, dans les communes de Ziguinchor et
Djembéring, on ne note que quelques événements culturels
(festivals) qui sont organisés, des foires à but
économiques par la mairie. En 2017, après l'organisation de la
semaine du tourisme à Saly dans la Petite Côte, les acteurs du
tourisme se sont inspirés de cette initiative au Cap-Skirring en
collaboration avec la SAPCO. En revanche, des événements
touristiques et culturels sont très rares (Eductours, salon BtoB ou
BtoC). A ce propos, M. Mané pense que c'est du ressort l'ASPT et indique
que le pays n'est pas actif sur ce plan. « Pour l'organisation d'un
salon, ça c'est du ressort de l'ASPT et nous avons même
écho que le Sénégal est absent dans les salons du tourisme
; ce qui fait que la destination n'est pas bien vendue au niveau
extérieur ». En outre, ces attributions sont loin d'être
le cas en Casamance, surtout dans ces zones étudiées. Les
relations publiques sont quasi inexistantes. A cela s'ajoute la relation tendue
avec la presse qui se traduit par une communication qui plombe le tourisme
selon les acteurs touristiques. En ce sens, M. Sambou affirme : « Moi,
j'accuse les médias qui propagent des informations sans pour autant les
vérifier ». Dans ce contexte, nous avons donc remarqué
cette préparation du territoire qui doit forcément impliquer les
acteurs du tourisme, mais aussi les médias (classiques ou modernes) qui
sont devenus incontournables.
Page | 60
3.4 Les acteurs du secteur
Le tourisme n'étant pas une compétence
transférée, nous pouvons quand même compter quelques
différents services dédiés au tourisme. Dans notre champ
d'étude, après une enquête sur le terrain, nous avons
constaté que les services sont plus concentrés à
Ziguinchor qu'à Djembéring. Néanmoins, les agences de
voyages, le SRT, le SITC, les hôtels avec des commodités (salles
de conférence, de réunion) sont aussi présents en nombre
assez satisfaisant dans la commune de Diembéring, mais aucune
présence sur place d'un T.O.
3.4.1 Les services du tourisme
Au plan local, on peut retrouver comme un service
déconcentré de l'Etat le SRT de Ziguinchor chargé de la
mise en oeuvre de la politique du tourisme. Cependant, ce service manque
presque de tout (transport, finance) pour ses activités dans l'ensemble
du pôle Casamance (Ziguinchor, Sédhiou et Kolda). On note en outre
la présence de services comme l'office du tourisme de la Casamance (une
initiative publique-privée) mis en place depuis 2009 et qui a un bureau
relais au niveau de Cap-Skirring, mais aussi le syndicat d'initiative et de
tourisme de la Casamance.
Tableau 5 : Implication du SRT dans la
communication
Sentiment d'implication
|
Non
réponse
|
oui
|
non
|
TOTAL
|
Profession
|
26,0%
|
15,0%
|
20,0%
|
|
domaine du tourisme
|
6,0%
|
1,0%
|
3,0%
|
61,0%
|
domaine de la communication
|
14,0%
|
8,0%
|
7,0%
|
10,0%
|
autres
|
46,0%
|
24,0%
|
30,0%
|
29,0%
|
|
TOTAL
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
Dans ce tableau, nous avons posé des questions
relatives à l'implication du service régional en matière
de communication auprès des professionnels. 30% des acteurs du tourisme
affirment ne pas sentir ce service dans la communication touristique concernant
la gestion de la crise contre 24%. Les 46% n'ont pas donné de
réponses à cette question. Autrement dit, si nous tenons compte
des 100 interrogés après avoir éliminé les 46%, sur
les 54% qui ont soumis une réponse, 30% affirment que le SRT ne
communique pas assez au niveau local. « Nous n'avons
Page | 61
pas de budget pour la communication malheureusement
», a rétorqué M. Faye cheffe de Service Régional
du Tourisme de Ziguinchor.
En effet, en janvier 2019, le premier salon international du
tourisme, des industries culturelles et de l'artisanat (SITICA) a
été annulé faute de moyens et de coordination. Il y a en
effet une absence notoire en matière de communication touristique, et
même une déconnexion entre les services de la Région. En ce
qui concerne la question de la communication, Mme Faye répond
: « Ce qu'il y a, c'est surtout les acteurs qui ont leur
réseau. L'office du tourisme est là avec son site internet qui
est un peu la vitrine de la région » ; or lors d'un entretien
(2019) avec le coordonnateur de l'Office du Tourisme de la Casamance, M.
Diabone a laissé entendre que le service n'avait plus de site internet,
faute de moyen financier. Il en profité pour rappeler les fâcheux
événements qui sont à l'origine de la fermeture
définitive du site en ces mots : « L'Office avait un
problème de 200.000f CFA pour maintenir le site, sinon ça allait
être écrasé. J'ai contacté des acteurs touristiques
mais personne n'a réagi et là il faut 1 million pour un site
internet et c'est dommage ». Cette situation démontre une
incohérence et malheureusement peu d'engagement dans la gestion
même du tourisme entre les acteurs qui ont certes des tâches
différentes. Face à la problématique du traitement de
l'information et de la communication touristique, les acteurs ne devaient avoir
qu'une cible et un seul objectif : la communication. Cependant, tout semble
disparate et désordonné dans le secteur.
Tableau 6 : Implication syndicat d'initiative en
termes de communication touristique
Syndicat d'initiative
Sentiment d'implication
|
oui
|
non
|
TOTAL
|
oui
|
24,0%
|
0,0%
|
24,0%
|
non
|
29,0%
|
1,0%
|
30,0%
|
TOTAL
|
53,0%
|
1,0%
|
|
|
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
Dans ce tableau qui cherche à mesurer l'implication du
syndicat dans la communication touristique, nous avons jugé
nécessaire d'abord, pour ce service et les autres comme l'Office du
Tourisme et le SRT, de mesurer auprès de la population la connaissance
de ces derniers. Sur les données que nous avons eues, 53% semblent
connaître ces services. Pourtant, 30% affirment ne pas sentir leur
communication dans ce secteur et 46% se sont abstenus. Ainsi, le
Président
Page | 62
du syndicat donne le justificatif de cette absence ou de la
faible communication à travers ces propos : « Le syndicat
d'initiative, c'est un syndicat d'initiative. On n'est pas là pour
prendre des dispositions ; donc y a certaines communications ce n'est pas
à nous de les faire, c'est à l'Etat ». On comprend
alors que le syndicat ne fait pas d'effort pour prendre des initiatives et pour
agir. Ce service se limite à ses objectifs primaires et dégage
toutes ses responsabilités en matière d'initiative
communicationnelle. Pour l'Office du Tourisme, nous avons obtenu presque les
mêmes résultats (voir annexe). Toutefois, ce service et les
acteurs touristiques doivent faire des efforts en matière de
communication (M. Diabone).
Ainsi, le Coordonnateur de l'Office est conscient que le
travail doit être fait au niveau de la communication par les acteurs,
même s'il reste faible et n'épargne pas pour autant les acteurs
médiatiques. De surcroît, les agences de voyages sont absentes de
ce processus et les T.O car ces derniers n'existent pas dans la région
ni de manière virtuelle ni de manière physique. Les services que
sont donc le SRT, l'Office du Tourisme et le Syndicat d'initiative, en
l'absence du l'ASPT dans la région, limitent leurs rôles à
l'accueil et à l'information une fois que le visiteur est sur place.
Quant au SRT, un service qui joue aussi le rôle d'inspectorat au niveau
des établissements touristiques et hôteliers (règlements,
fiscalité, statistique...), ne bénéficie d'aucun
financement pour mener des activités de communication de même que
l'Office du Tourisme encore moins le syndicat d'initiative. Ces services sont
donc réduits à leur plus simple expression et ne
bénéficient d'aucune forme d'accompagnement pour la communication
du territoire, même si des efforts sont consentis en ce sens. Le tourisme
reste ainsi une affaire de l'Etat et il n'existe cependant aucun
démembrement dans ces localités en charge de la promotion et
cette activité est entièrement contrôlée par l'ASPT
basée à Dakar. Nous ne communiquons pas assez dans les zones de
conflit (M. Tamba).
3.4.2 La culture, un créneau peu
exploité
Carrefour de la sous-région, la Casamance
bénéficie d'un patrimoine naturel et culturel riche. L'île
de Carabane figure sur la liste indicative du patrimoine mondial de
l'Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la Culture
(UNESCO). On y retrouve une architecture unique, notamment la
case-à-impluvium. Cet ancien comptoir portugais est une destination qui
s'est fait remarquer par la richesse de sa culture.
En effet, les événements ou manifestations
culturelles sont aussi un vecteur de marketing territorial très efficace
pour une destination. Aujourd'hui, une ville comme Saint-Louis se
Page | 63
distingue par son festival international du Jazz. C'est un
événement d'une dimension internationale fondé en 1993. En
cette année on a célébré sa 27ème
édition. Dans les communes de Ziguinchor et de Djembéring, nous
notons des événements culturels comme le Zig'Fest ou le FedaCasa.
Le festival des cultures urbaines et traditionnelles Zig'Fest, au terme de sa
3e édition en 2015, n'est plus organisé, malgré sa
récente création en 2010. Interrogé sur la question, le
promoteur du festival M. Sidibé a exclusivement évoqué des
raisons financières pour justifier la suppression de cet
événement de l'agenda culturel. A ce propos, il affirme : «
Ça coute extrêmement cher et l'Etat ne nous accompagne pas,
c'est la mairie avec ses partenaires qui nous ont poussé et
accompagné ». En effet, le Zig'Fest est une initiative
privée mettant en exergue les potentialités culturelles. Il
implique en même temps la participation de toute la région et
même de la sous-région (Guinée-Bissau, Gambie) afin de
valoriser le territoire. Cependant, nous constatons un
désintéressement dans ce créneau pouvant porter l'image du
territoire sur la scène nationale et internationale. A propos de la
FedaCasa dans la Commune de Djembéring, le constat est pareil. Les
autorités du tourisme ne se manifestent pas et n'accordent pas une
attention particulière aux promoteurs culturels (M. Dasylva,
chargé de la Communication et du Marketing du Fedacasa, 2019).
Evidemment, le marketing territorial fait défaut dans
ces communes. Le festival de Jazz a tenu pendant 27 éditions
contrairement au Zig'Fest et la FedaCasa qui sont respectivement à 3 et
à 6 éditions, même si ce dernier est en survie. Ces
événements sont d'ailleurs une source de motivation très
importante car les visiteurs venus de pays étrangers sont de plus en
plus intéressés par les secrets que renferment les traditions des
pays étrangers. C'est ce qui fait la richesse de la Casamance
réputée pour son caractère cosmopolite, le plus riche du
pays. Ce sont là des vitrines ouvertes pour découvrir en
profondeur les nombreuses facettes culturelles dont regorge la destination.
Cependant, non seulement les acteurs du tourisme ont des difficultés
pour répondre au besoin de la communication interne, mais aussi
l'accompagnement à l'organisation de grands événements
porteurs d'une image, celle du territoire, est inexistant. Cela s'explique par
la léthargie du secteur et le manque d'assistance des autorités
et des services en charge du tourisme. Ces activités peuvent être
complémentaires, et même prioritaires, en matière de
marketing territorial compte tenu de leurs spécificités. En
revanche, elles ne sont pas encadrées encore moins
considérées : Quand nous avons démarré le
Zig'Fest en 2010, on avait sollicité tout le monde même les
promoteurs touristiques mais il faut dire que c'était en dessous de nos
attentes » nous apprend M Sidibé, conseillé municipale
à la mairie de Ziguinchor et promoteur du ZigFest. Rappelons
que le festival du village d'Abéné, un évènement
très
Page | 64
marquant dans l'agenda culturel de la région, existe
depuis 1994 et est à sa 25ème édition.
Pourtant, le conflit est y plus intense du point de vue géographique et
cet événement a survécu. C'est une volonté commune
pour maintenir une activité touristique lucrative en assurant la
visibilité de cette zone sur la scène locale, nationale et
internationale. Toutefois, M. Sidibé estime que les autorités ont
presque totalement renoncé à la promotion de la culture. Par
conséquent, il les exhorte à lui accorder une grande importance
dans la mesure où elle est une opportunité en matière de
communication touristique.
Un conflit de cette nature influe forcément sur le
tourisme par le traitement des informations et par la communication.
L'évolution du tourisme est donc quelquefois freinée par des
crises qui surviennent de façon inopinée et regrettable.
Cependant, la communication n'est pas aussi exploitée en faveur du
tourisme surtout dans les deux communes pourtant stables. Cela s'explique par
plusieurs facteurs. Elle n'est pas très sérieusement faite par
les personnes les plus concernées, notamment les acteurs. En plus, elle
est souvent négative quand elle a un rapport avec le conflit à
cause de l'absence d'un bon traitement.
Page | 65
Chapitre 4. Informations, communication et impacts sur
le tourisme
4.1 Historique
Dans cette partie, nous allons essayer de retracer
l'évolution du tourisme au Sénégal de manière
générale, et en particulier du contexte touristique en Casamance.
Il s'agira aussi d'établir un historique du conflit avant d'analyser les
événements qui ont marqué le secteur touristique. En
effet, cela permet d'adopter une meilleure approche dans la mise en relation du
conflit au tourisme.
4.1.1 Le contexte touristique
Le secteur du tourisme au Sénégal est une
activité nouvelle si on doit le comparer au début du tourisme qui
a vu le jour à la fin du 18ème siècle et
à son développement dans les pays touristiques comme la France.
C'est après l'indépendance que le pays de Senghor va se lancer
dans cette activité ; il a fallu attendre une dizaine d'années
plus tard pour donner l'assaut. Les politiques de développement du
secteur vont ainsi se matérialiser sur trois grandes phases (Tchitou,
2005), notamment :
? 1970-1980 : Phase d'amorce. Ce fut une période
où les premières politiques touristiques sont définies et
pilotées par le gouvernement de cette époque. Evidemment, la
destination Sénégal n'avait pas de charters et le recours au
transport par bloc-siège était l'unique solution ; On peut
retenir dans ce sens : la planification des objectifs, la qualification des
zones prioritaires et la décentralisation.
? 1980-1990 : Phase de lancement. C'était un moment
crucial pour le secteur car les premières activités de promotion
ont été menées ;
? 1990-2000 : Phase de développement.
Le pays de Senghor se lance ainsi dans le tourisme
balnéaire basé sur les potentialités naturelles
(plage-soleil) et d'affaires à Dakar, capitale de l'Afrique Occidentale
Française (AOF), après l'année 1902 avec une
clientèle riche composée de Français, d'Allemands qui se
retrouvent dans des structures de grands standings et de villages de vacances.
A la suite des premières politiques, le premier de ces villages de
vacances voit le jour au Cap-Skirring en 1973 : le
Club-Méditerranée. Plus connu sous le nom de club Med, ce village
de vacances est implanté d'ailleurs dans la discorde au niveau local. En
effet, les populations locales n'avaient plus accès à certaines
parties de leurs terres. Cette situation est à l'origine d'une
frustration matérialisée
Page | 66
par des réactions non moins pacifiques, mais
réprimées par la gendarmerie. Cependant, on note une affluence de
voyageurs qui ne s'intéressent guère au tourisme d'élite
et portent une attention particulière au pays
récepteur,59 à son histoire et à sa culture.
C'est dans ce sens que l'on assiste par exemple à la
naissance du tourisme rural intégré, une expérience
à laquelle le Sénégal décide de participer en
Afrique en collaboration avec l'Agence de Coopération culturelle et
technique (ACCT). Christian Saglio60 et Adama Goudiaby61
étaient les principaux initiateurs de ce projet unique en son genre.
C'est un moyen de « dégager les valeurs spécifiquement
africaines que recèle à l'échelle régionale une
variété de civilisation, de moeurs et de relations avec la
nature, tout en cherchant à rendre au pays l'initiative de son offre
», affirme Saglio. En Basse Casamance, les premiers villages ayant
expérimenté ce projet sont entre autres Elinkine, Enampor,
Thionk-essil, Baila, Koubalang, Affiniam, Abéné. Entre 1979 et
1983, le nombre de visiteurs est passé de 2089 à
655762.
On en arrive aux années noires du tourisme en
Casamance, notamment à partir de 1983. Le conflit dans cette partie du
pays a porté un coup terrible au secteur. Même les campements, se
situant hors des zones d'insécurité, en ont aussitôt
pâti. C'est ainsi que Saint-Louis est devenu la troisième
destination touristique du Sénégal. Mais, ce conflit n'a pas
seulement affecté le sud, mais tout le pays. Le Sénégal
qui accueillait dans les années 70 neuf millions de touristes par an, se
contentait seulement de 450.000 (Adigbli, 2009).
4.1.2 Le conflit
L'histoire du conflit casamançais est complexe et
longue. C'est la raison pour laquelle elle est difficile à maitriser
contrairement à ce que pensent certaines personnes. A ce propos, le
professeur Assane Seck disait en substance qu'il serait bien
présomptueux celui qui pense maîtriser le conflit
casamançais. Néanmoins, nous allons à l'aide d'un
tableau (voir annexe), ressortir quelques grands événements ayant
un rapport au conflit et au tourisme pour avoir une vue assez panoramique de
cette histoire. En effet, le tourisme en Casamance, et plus
particulièrement dans les communes de Djembéring et Ziguinchor, a
toujours été une source de discorde. Dès les débuts
de l'activité avec l'implantation du club Med au Cap-Skirring, on
note
59 Il comprend les activités d'un visiteur
non-résident dans les limites du pays de référence dans le
cadre d'un voyage du tourisme. (Compte satellite du tourisme, CST, RCC,
2008).
60 Sociologue et auteur de travaux sur la
Casamance
61 Artiste peintre, chevalier de l'ordre national du
lion
62 Enquête de terrain, entretien, avril
2019.
déjà un problème de communication entre
les promoteurs et les hôtes. D'ailleurs, dans cette histoire, si l'un
essaie de préserver ses intérêts économiques,
l'autre veut protéger son patrimoine pour les générations
futures. C'est tout l'intérêt de promouvoir un territoire. En
effet, comme le montre aussi le tableau précédent, le conflit
peut avoir des impacts sur le tourisme, même si les crises sont de
natures différentes.
4.2 Imaginaire touristique de la destination
La Casamance est réputée pour ses nombreux
braquages, tueries, événements malheureux qui ont un rapport
direct ou indirect avec le tourisme et autres sorties qui font souvent
sensation au niveau des médias traditionnels et sociaux. A ce propos, on
peut relever plusieurs titres de la presse en ligne, des pages ou blogs
internet ou encore sur les réseaux sociaux.
4.2.1 Les TIC à l'ère de la
désinformation
Les Technologies de l'Information et de la Communication sont
devenues très utiles dans le domaine du tourisme. En effet, la
digitalisation des services de réservations (billets d'avion, chambres
d'hôtels, circuits touristiques...) est apparue comme une
nécessité afin de réduire les tracasseries au niveau des
agences de voyages ou aéroports et assurer un service rapide et
efficient. De plus, un touriste peut désormais, via un accès
à internet, avoir des informations sur une destination et savoir un peu
tout ce qui s'y passe en un clic. Pour les destinations en conflit où de
réelles crises sont souvent notées un problème subsiste.
En effet, les informations qui apparaissent, après avoir tapé un
mot clé par exemple, peuvent être de nature négative si le
contenu de ces informations n'est pas constamment mis à jour. On le
retrouve aussi dans les réseaux sociaux, les plus indexés en
matière d'intox,63 ou dans la presse en ligne et autres pages
ou blogs internet.
Page | 67
63 Intoxication de l'information, un canular qui
cherche à faire passer pour vrai ce qui est faux.
Page | 68
Figure 7 : Les TIC dans la
désinformation
Site ou reseau social x Les informations sur
internet
tweeter
f acebook
68
5
68
Non réponse
50
presse en ligne
7
65
autres
oui non
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
0
Ce tableau croise donc les informations sur la base de deux
catégories de données : les informations que l'on retrouve sur
internet et l'hébergeur64 de cette information. Nous avons
demandé à des personnes si elles ont une fois constaté sur
une fausse information dans ces zones et nous leur avons également
demandé dans quel site ou réseau elle a été
publiée. D'après les données qui ont été
recueillies, 95% des administrés ont affirmé avoir vu une fausse
nouvelle sur internet concernant la destination. Et c'est « Facebook
» qui l'a emporté avec 68%, suivi de la catégorie
autres (ou l'on peut retrouver les pages ou blogs ou encore « Youtub
»). Ensuite, vient la presse en ligne, 50% et tweeter 5%. Dans cette
même logique, nous avions eu à démontrer que les images
(61%) que l'on retrouve dans certaines publicités sont fausses,
inadaptées, non actualisées. Ces données prouvent ainsi
que les TIC succombent à une rivalité malsaine dans le traitement
de l'information, surtout dans des zones où un conflit sévit. A
ce propos, M. Diop (voyagiste, Cap-Skirring) déclare : « Je
pense à 70% sur le plan de la communication touristique, internet ne
joue pas un rôle favorable. » Quant à M. Diabone, il
dénonce ouvertement le mauvais usage que des personnes vicieuses peuvent
tout simplement en faire. Pour lui, internet, « c'est un couteau
à double tranchant, un mécontent peut entrer dans les
réseaux sociaux et dire ce que bon lui semble. » A en croire
les témoignages de ces
64 Hébergeur signifie ici la page, le blog ou
le réseau social dans laquelle est logée l'information.
acteurs du tourisme, internet est un lieu où
foisonnent désormais des informations qui laissent à
désirer provenant de sources multiples. D'ailleurs ce n'est pas un
hasard si la France24 (2019) a publié une enquête sur le
caractère viral des TIC. En effet, cette étude sur les
hoax65 est revenue sur la nature des images qu'on retrouve sur les
réseaux et les possibilités de vérification des
informations à juste titre. Tout le monde est affecté par cette
manipulation malveillante devenue une pratique courante sur les réseaux
sociaux, notamment dans les zones de conflit. D'ailleurs, M. Saulet (promoteur
français) le confirme en ces termes : « Effectivement, j'ai vu
une fois sur internet un kidnapping de touristes, et d'ailleurs c'était
une fausse information. Ça s'est passé il y a un an, je crois. Il
y a peut-être de la jalousie que ce ne soit de personnes mal
intentionnées, d'autres pays africains, européens, mais je pense
que oui ».
4.2.2 L'appellation « Casamance »
Le dictionnaire wolof-français édité en
1923 par la mission catholique définit le mot « Casamance »,
ancien comptoir portugais, de cette manière : « Kasamansa »
(Casamance), est dérivé du portugais Casa qui signifie
maison, habitation et du manding Mansa, le roi (jeune Afrique, 2006)
Elle est une région naturelle située dans le sud et comprend les
régions de Ziguinchor (Basse-Casamance), Sédhiou
(Moyenne-Casamance) et Kolda (Haute-Casamance) comme on peut le voir sur la
carte graphique suivante. Les ethnies majoritaires dans chaque région
sont respectivement les Diolas, les Mandings et les Peuls (ANSD, 2013).
Détaché de la Casamance historique par un décret
présidentiel, la région de Tambacounda prend le nom de
Sénégal oriental dans les années 1962. Cependant, les
politiques touristiques ont abouti au découpage des régions en
pôles touristiques suivant les potentialités et attraits dont
regorge chacune d'elles. Cette région est en proie à un conflit
interne qui date de 1982.
Page | 69
65 Canular : fausse information.
Page | 70
Figure 8 : Les pôles
touristiques
Source : (Diombéra, 2012)
Le langage dont on use pour communiquer peut-être
analysé sous deux angles. En effet, le langage est fréquemment
utilisé à des fins contradictoires. Il est tantôt
destiné à véhiculer une information sans pour autant
chercher à choquer son interlocuteur ou plutôt à
l'humilier. Il peut donc relever d'une bourde, communément
appelée erreur de langage ou de communication. En ce sens, on peut faire
allusion à une entité géographique autonome ou une
région géographique administrative en ces termes : « Je
viens d'un beau pays » (Abdou Diouf, 1979). En même temps, on
peut spécifier une séparation de la Casamance du reste du
Sénégal en ces mots « Je ne peux pas rester
au-delà de 5h 30, car nous rentrons au Sénégal ».
(Iba Der Thiam, 1993) (Cissokho et Mjarias, 2018).
Le mot « Casamance » est donc source d'indignation,
de stigmatisation quand on se fie à ces discours. L'utilisation de cette
appellation, si elle n'est pas comprise par certains, est pour d'autres une
façon de faire allusion à une région spécifiquement
différente des autres. Une région qui reflète une autre
histoire, une région où l'insécurité règne.
D'abord, dans les papiers que publient les journalistes que les correspondants
locaux leur envoient, le mot Casamance
Page | 71
revient souvent. Une attaque qui survient dans un espace
géographique bien circonscrit est généralisée dans
le discours ou dans les titres des journaux. C'est un usage le plus souvent
unique et caractéristique. Selon M Ba : « Rarement vous voyez
dans le reste du pays, le journaliste mettre l'accent sur le Saloum, le Fouta
ou le Baol...c'est des appellations qui sont stigmatisantes. Malheureusement,
c'est une appellation géographique qui a été
chargée politiquement et chargée négativement ; parce que
quand tu dis Casamance, les gens pensent automatiquement au conflit ».
Ensuite, dans les communications en rapport avec le conflit, dans les
articles se trouvant sur internet, nous retrouvons souvent ces titres :
« La Casamance, région au fort potentiel minée par un
conflit indépendantiste », « La Casamance
sénégalaise : un conflit en sommeil », «
Sénégal : le tourisme, plus grande victime du conflit en
Casamance », « Les 5 endroits les plus dangereux du
Sénégal », « 13 jeunes tués en Casamance, le
Sénégal s'interroge sur les assaillants », «
Sénégal : plusieurs civils tués dans une attaque
armée en Casamance ».66
4.3 Les informations relatives au conflit
Un conflit se déroulant au sein d'un territoire
géographique peut provoquer plusieurs éléments connexes
à la situation. Autrement dit, la communication du tourisme peut
être affaiblie par des facteurs tels que la communication de
masse67 facilitée dans ce contexte par la liberté
d'expression. En outre, on est en présence d'un autre facteur d'ordre
mercantile68 qui peut être suscité ou fortuit. En
effet, l'impact d'un conflit peut se prolonger sous différents angles.
Pour ce faire, nous allons étudier quelques facteurs dans ce sens selon
qu'ils influent directement sur l'image du tourisme.
4.3.1 Une économie de guerre
Si vous posez une question sur l'existence des guerres ou des
conflits à un marchand d'armes, il vous répondra certainement que
c'est une bonne affaire pour son business. En effet, les conflits ne sont pas
toujours négatifs, du moins pour ceux qui en tirent à travers
leurs métiers. Tout conflit implique généralement un
nombre impressionnant d'acteurs qui interviennent de
66 Une recherche menée sur les titres des
articles sur le moteur de recherche Google. L'idée était de taper
des mots clés : tourisme, conflit et Casamance pour ensuite observer les
résultats en rapport avec le sous-chapitre traité.
67 Apparue en 1930, après la presse
écrite comme seul moyen de communication d'alors, elle définit
une diffusion de l'information à un large public par un masse
média, c'est-à-dire de nouveaux médias modernes comme la
radiodiffusion, la télévision, les affiches, la propagande
politique.
68 Activité économique, commerciale.
Page | 72
près ou de loin pour la gestion ou la résolution
du conflit (ONG, Consultants69...). D'autres interviennent cependant
dans la commercialisation des marchandises quelle que soit leur nature
(marchands d'armes, mercenaires...). Il y a une autre catégorie qui peut
s'intéresser à la question tout en usant de la ruse pour gagner
une part de marché plus conséquente : le concurrent. Avant
l'avènement du conflit, selon Dr Meguelle70, la ville de
Saint-Louis par exemple n'avait pas connu une percée au plan
touristique. Mais c'est grâce au conflit qu'elle occupe maintenant une
bonne place dans ce secteur. Pourtant, la Casamance regorge de
potentialités nombreuses et diversifiées pour demeurer une grande
attraction touristique nationale (M. Sidibé, 2019).
Réputée pour sa diversité en faune, sa
richesse culturelle, ses potentialités économiques et ses
attraits touristiques, la destination vit une situation instable depuis un
certain temps, même si elle est considérée comme le grenier
et la magie du Sénégal. Cependant, à qui cela profite-t-il
? Pour en savoir un peu plus, nous avons posé cette question aux acteurs
du tourisme et aux différentes cibles. Auparavant, nous avons
tenté de répondre à cette question : mais alors, qu'est-ce
qu'une économie de guerre ? On appelle économie de guerre les
pratiques économiques mises en place pendant et en rapport avec une
situation historique et politique de forte agitation liée à un
conflit armé. Toutefois, il ne faut pas confondre ce concept avec le
concept de guerre économique ou guerre commerciale qui est une pratique
entre deux états par exemple ayant chacun des objectifs
économiques. Bien que ces deux concepts soient similaires, voire proche,
le concept de guerre économique est développé par Esambert
(1992) en 1971. Il signifie ainsi une option mercantile entre deux concurrents
internationaux (produits, marchandises), une optique impérialiste ou une
action militaire à des fins économiques, une concurrence
exacerbée entre entreprises par des pratiques agressives (espionnage
industriel, dumping), etc. C'est une pratique qui n'est pas totalement et
physiquement perçue et ne dépend pas d'un conflit armé.
C'est actuellement le cas entre les Etats-Unis et la Chine : une parfaite
illustration. En effet, le gouvernement Trump a lancé depuis 2018 une
guerre économique matérialisée par une augmentation des
taxes douanières sur les exportations de produits chinois (panneaux
solaires par exemple).
Une économie de guerre est donc un moyen pour une
concurrence directe. Elle permet de s'assurer une croissance tout en
développant ses activités. Selon les acteurs touristiques et
les
69 Groupe de réflexion pour la paix en
Casamance (GRPC) dirigé par M. Sagna, ancien maire de la commune de
Ziguinchor, La plateforme des femmes pour la paix en Casamance (PFPC), etc.
70 Enseignant-chercheur au département
d'histoire de l'UASZ, cours magistral en interculturalité, 2016.
Page | 73
collectivités, en l'occurrence celle de
Djembéring, cette situation profiterait bien à certains. Bien que
le rôle régalien des journalistes c'est de diffuser l'information,
la communication à ce niveau peut être fatale, surtout quand c'est
une information non fondée. C'est cette hypocrisie et malveillance
à peine déguisées que M. Sambou (responsale de campement
au Cap-Skirring) condamne dans son argumentaire : « L'histoire des
touristes est une histoire montée de fil blanc. Un touriste espagnol ne
voyage jamais avec 1000 ou 2000 euros. C'est normal parce que c'est un coup
monté par les collègues hôteliers pour saboter la
destination. Il y a une concurrence, mais l'acte-là, elle est
déloyale ». Abondant dans le même sens, M. Mané
révèle « qu'il y a certains qui vivent d'une
économie de guerre. Ce conflit, je dirais que ça arrange certains
[...]Malheureusement, avec la prolifération des sites, les gens se sont
permis de relayer l'information sans pour autant la vérifier. Parfois,
vous entendez une information à la radio qui vous échappe
vous-même qui êtes ici » et dénonce un
système vicieux mis en place en vue d'anéantir l'activité
touristique dans ces zones.
Cette situation peut paraître improbable, voire
inexistante. Mais, les conflits renferment de multiples questions qui demeurent
parfois sans réponses claires, et même inaccessibles. Lorsqu'un
événement survient sur un champ ou une zone de conflit, on
cherche rarement à connaître l'origine de la crise. Par exemple,
lorsqu'un attentat à la bombe est perpétré dans un pays
instable à Pâques, automatiquement les accusations fusent de
partout. On accuse tantôt un groupe interne, tantôt un groupe
externe. Ainsi, la presse ne fait que mettre des titres à la une
très sensationnels pour relayer l'information. Elle est très vite
reprise par une panoplie de sites et on la retrouve sur les réseaux
sociaux, vice versa. Même si un organe de presse s'implante dans une zone
de conflit ou y a des correspondants, les informations qu'il diffuse ne sont
pas toujours fiables. Fréquemment, il est tenté par le profit
(vente de journaux, audiences...) si bien qu'il peut parfois véhiculer
des informations non fondées.
4.3.2 La liberté d'expression
Selon la Déclaration universelle des Droits de l'Homme
(DUDH) de 1948, « tout individu a droit à la liberté
d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinion et celui de chercher, de recevoir et de
répandre, sans considération de frontière, les
informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit
». La liberté d'expression regroupe plusieurs autres
libertés distinctes parmi lesquelles la liberté de la presse,
fondée sur l'article 19 de ladite déclaration. Appelée
alors liberté individuelle, elle devient aujourd'hui un
phénomène juridiquement légal. Mais, la liberté
d'expression reconnaît le droit
Page | 74
à l'individu la production individuelle de son
activité intellectuelle à son entourage. Elle permet ainsi de
produire, de recevoir librement et de partager une opinion, une idée,
bref s'exprimer librement.
4.3.2.1 Petites anecdotes
C'est au 19ème siècle que la presse
a fait son apparition au Sénégal (Ba, 2012). En 1856
déjà, Faidherbe met sur pied Moniteur du
Sénégal et Dépendances édité à
Saint-Louis, suivi par Le Réveil du Sénégal en
1885. Après l'indépendance, Le soleil remplace
Dakar-matin qui avait existé jusqu'en 1970 après la
création de Paris-Dakar en 1933 par les Européens. La
liberté de la presse s'est surtout matérialisée avec le
gouvernement d'Abdou Diouf proclamant ainsi la liberté de créer
un organe de presse en 1982. On assiste ainsi à une évolution
démocratique dans la libéralisation de la presse avec la
naissance d'organes de presse comme Walfadjiri 1983, Sud Hebdo
1986, Le Cafard libéré 1988 dirigé par des
personnes souvent neutres : Sidi Lamine Niasse et Babacar Touré du
groupe sud communication. Cette évolution dans la presse est suivie
d'une évolution du cadre règlementaire s'appuyant sur la DUDH de
1948, de la Charte africaine des Droits de l'Homme, du Pacte faisant office aux
droits civils et politiques de 1966, etc. De ce fait, la constitution en son
article 8 indique que « tout citoyen a le droit de diffuser ou d'exposer
ses opinions par la parole, la plume et l'image, ainsi que le droit de
s'instruire sans entrave aux sources accessibles à tous. »
Toutefois, il y a des limites en ce qui concerne la liberté
d'expression.
Le Sénégal avait pensé alors aux
dérives éventuelles dans les médias en mettant sur pied
des instances de régulation pour l'occasion. En 1992, grâce
à la loi 92-57 du 3 septembre de la même année, le
Sénégal venait de créer le Haut Conseil de la Radio et de
la Télévision (HCRT) pour contrôler et règlementer
l'accès égal des pouvoirs publics et des acteurs sociaux aux
médias publics. Cette instance avec la forte pénétration
des radios privées sera remplacée par le Haut Conseil de
l'Audiovisuel (HCA) en 1998 par la loi 98-09. Plus tard, la multiplication des
radios communautaires et des chaînes de télévisions
conduira à la mise en place du Conseil national de Régulation de
l'Audiovisuel (CNRA) avec l'entrée en vigueur de loi 2006-04 du 4
janvier 200671.
71 Ibid.
4.3.2.2 Liberté et limites
Liberté d'expression ne signifie pas pour autant
liberté de dire ou de faire ce que l'on entend au risque de nuire. Il y
a des limites à toutes choses et celle-ci ne déroge pas à
la règle. La Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen
(DUDHC) de 1789 stipule d'ailleurs que « la libre communication des
pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de
l'homme, tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf
à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas
déterminés par la loi ». (Chavane, 1998). Cette
liberté d'expression a des limites dans la mesure où elle ne peut
pas servir de prétexte à des gens mal intentionnés pour
nuire aux autres que ce soit par l'image, par des propos racistes, par des
injures, etc.
Dans son article 258, la Constitution du
Sénégal indique très clairement les limites de la
liberté de la presse, notamment celle qui a trait à la
diffamation, c'est-à-dire « toute allégation ou
imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la
considération de la personne ou du corps auquel le fait est
imputé. » Le délit de fausse nouvelle, quant à
lui, est régi par l'article 255 du code pénal. Le délit de
fausses nouvelles de l'article 27 de la loi de 188 « s'entend de la
publication, de la diffusion ou la production de nouvelles fausses, de
pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement
attribuées à des tiers lorsque faite de mauvaise foi, elle aura
troublé la paix publique ou aura été susceptible de
troubler, elle sera de nature à ébranler la discipline ou le
moral des armées ou entraver l'effort de guerre de la Nation
».72
Figure 9 : limites de la liberté
d'expression
limite de la liberté d'expression
|
|
14
11
26
49
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
72 Ibid.
Page | 75
pas du tout d'accord
pas d'accord
d'accord
totalement d'accord
Page | 76
Est-ce que le monde est menacé par le traitement de
l'information et de sa diffusion ? Evidemment, la majorité y a
répondu positivement. Ce graphique par exemple détermine si la
liberté est en partie la cause des problèmes liés au
traitement juste de l'information, surtout dans les zones ici
étudiées. Les données recueillies nous ont permis de
l'affirmer. 49% sont d'accord vis-à-vis de cette idée et 11% sont
totalement d'accord sur 26% qui ne sont pas d'accord et 14% qui sont en total
désaccord. Les 42% partageant cette idée évoluent dans le
domaine du tourisme, les 6% dans la communication et les 15% restants dans la
catégorie autre (voir annexe). Les réseaux sociaux doivent donc
faire l'objet d'un strict contrôle (M Diop). Dans un monde en pleine
évolution, marquée par des crises ou des conflits, des tendances
technologiques insoupçonnées, une floraison d'espaces virtuels.
L'occasion a donc été saisie cette année (2019), en marge
de la Journée internationale de la Liberté de la Presse, pour
désigner les réseaux sociaux comme les principaux vecteurs de
fausses nouvelles. C'est une tendance qui menace la démocratie selon les
professionnels présents à la conférence qui s'est
déroulée en Ethiopie. Dénonçant ainsi la
désinformation, un appel a été lancé aux
géants de l'information a renouvelé davantage d'efforts en
matière de lutte contre celle-ci. Récemment au Sri
Lanka73, après les attaques terroristes, les autorités
ont pris la décision de suspendre l'accès aux médias
sociaux pour éviter toute diffusion de fausses nouvelles. Devenus alors
une menace, le Sénégal à l'instar de l'Egypte74
où la crise politique et les attaques ont fini de perturber le tourisme,
a adopté une loi afin de les contrôler.
4.4 Les motivations au voyage
Dans ce chapitre, nous allons étudier les risques par
rapport aux destinations choisies. Ce travail permet de mieux comprendre les
liens entre la motivation et les risques immédiats sur une destination
touristique. Bien entendu, les consommateurs sont alors sensibles à
toutes formes de risques déclarés dans une zone. En
réalité, tout dépend de ce que vous faites du traitement
de l'information donnée par une source qui détermine l'avenir de
la destination en question. Dans ce sens, y a-t-il forcément un rapport
entre le conflit et le tourisme dans ces zones étudiées ? C'est
la question que nous nous sommes posé pour pouvoir mesurer
véritablement
73 Les attentats du 21 avril 2019 sont une
série de huit attaques terroristes qui ont eu lieu le dimanche de
Pâques dans plusieurs villes du pays entre 8h45 et 14h15. Des Eglises et
trois hôtels de luxe sont visés faisant 257 victimes, dont 42
ressortissants étrangers et 45 enfants. L'organisation de l'Etat
islamique a revendiqué ces attaques le 23 avril 2019. Le gouvernement
avait accusé le National Thowheeth Jama'ath, un groupe terroriste du
pays.
74 Loi promulguée par le président
Addel Fattah al-Sissi sur la surveillance des réseaux sociaux en 2018.
Il y a également une loi sur la diffusion de fausses nouvelles,
l'incitation à la haine, lutte contre le terrorisme.
Page | 77
l'impact de la communication ou de la couverture
médiatique et le traitement de l'information par les différents
acteurs sur le tourisme dans les deux communes.
Bien entendu, plus qu'un simple secteur, le tourisme est
devenu une industrie mondiale et demeure aujourd'hui plus que jamais
exposé et sensible aux crises de tout genre. Les menaces sont
réelles et peuvent être d'ordre naturel (ouragans, tremblement de
terre...), politique et courants terroristes très actifs. La
diversité des acteurs (touristiques, de la communication classique, des
TIC, etc.) pourrait ainsi multiplier le risque d'insécurité car
ils n'ont souvent pas le même discours face à une situation de
base. Pour ce faire, les crises sont nombreuses et ont chacune son degré
d'impact sur l'économie de façon générale, mais
encore plus sur le secteur du tourisme. En effet, une étude menée
en 2004 auprès de plus de 370 voyageurs dans les tour-opérateurs
en Australie a montré les catégories de risques perçus
comme les plus importantes :
· Les attaques terroristes 46%
· La guerre 18%
· Les risques de santé 13%
· Maladies contagieuses 11%
· Mauvais rapport qualité-prix 8%
· La sécurité en générale
4%75
Dans cette étude, qui concerne aussi le sujet
traité dans ce travail, les guerres représentent 18% de risques
d'annulation du voyage par le touriste potentiel, de motivation de voyage.
Représentant 46% des données, les attaques terroristes sont plus
importantes en termes d'impact sur le tourisme. Aujourd'hui, nous remarquons
que ce phénomène ne cesse de s'amplifier avec des exemples de
plus en plus nombreux : attaques d'Eglises et hôtels en 2019 au Sri
Lanka, d'une route touristique en Tunisie en 2018 faisant 6 morts, deux
touristes français enlevés et deux soldats tués en 2019 au
Burkina Faso. Sur les risques sanitaires, par exemple Ebola
déclaré à Ziguinchor en 2015 n'était qu'une fausse
information car le suspect souffrait de paludisme. C'est ce qu'ont
révélé les analyses faites au moment où le patient
a été mis en isolement. Pourtant, l'information avait
fuité et était relayée dans les médias dans les
minutes qui ont suivi cet incident. A propos du conflit, nous avions vu que
celui de Casamance était moins conséquent comparé aux
conflits d'autres pays tels que le Rwanda, la République
démocratique du Congo, pour ne citer que ceux-là.
Néanmoins, ce conflit peut être plus complexe vu les nombreuses
factions du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance qui se
sont
75Frochot et Legorehel. Le Marketing du
tourisme. Op.cit. Encadré 10.1.
implantées dans l'espace géographique.
Cependant, nous avons ainsi constaté des zones
pacifiées76 comme Djembéring ou encore Ziguinchor.
Toutefois, quand on parle de zone de conflit dans la partie sud du pays, tout
le monde est impliqué et la communication (appellation Casamance) ne
permet surtout pas de faire de distinction géographique du conflit.
Pour notre part, les données que nous avons
recueillies après l'étude de terrain dans les deux communes,
auprès de nos différentes cibles, nous ont
révélé des informations sur les motivations des
consommateurs en fonction du risque perçu par les consommateurs.
Figure 10 : Risques liés au conflit
à Ziguinchor et Djembéring
Lien evident entre tourisme et conflit
Page | 78
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
Sur ces données recueillies, les 54% sont d'avis que
le risque de faire du tourisme dans ces zones pourrait ne pas avoir un rapport
avec le conflit. Les risques, comme l'a dit M. Cissé, sur l'accentuation
ou l'atténuation de la psychose afférente au conflit peut
être en effet le rôle de la communication joué à ce
niveau. Les conséquences sont ainsi énormes pour les
hôteliers en cas d'accentuation, en termes d'annulation de voyage,
d'endettement des T.O, de mauvais souvenirs pour les hôtes, etc. Ainsi,
la communication faite sur un aspect en lien avec le conflit peut devenir un
frein à la motivation de voyage. Dans ce contexte, des souvenirs
défavorables à la destination peuvent être associés
à cette dualité tourisme/conflit notamment. A cet effet, 50% des
interrogés (voir annexe) affirment avoir un mauvais souvenir en termes
de fausse nouvelle surtout. Autrement dit, le dualisme est interrogé
dans ce travail qui cherche à déterminer le rapport de ces deux
entités avéré si l'on tient compte de l'aspect
76 M. Sambou lors de notre entretien, avril 2019.
Page | 79
communicationnel. Tout compte fait, ces deux
éléments ont un rapport dualiste, c'est-à-dire qu'ils
peuvent coexister même s'ils sont de nature différente. Ainsi, le
lien de causalité n'est pas dû entièrement au conflit,
élément source conflits périphériques
lui-même. Pour ce faire, 50% des professionnels du tourisme ainsi que 8%
des professionnels de la communication (voir annexe) pensent que le conflit
impacterait sur la communication du tourisme dans les communes de Ziguinchor et
Djembéring. Cette analyse permet de voir que ces deux zones de notre
champ de travail, pourtant à l'abri des nombreux incidents notés
en Casamance, sont quand même impliquées dans le traitement du
simple fait qu'elles sont dans la zone de conflit. En effet, beaucoup pensent
que certaines localités ne doivent pas être citées comme
faisant partie géographiquement de la zone de conflit. A ce propos, M.
Diatta (président du syndicat d'initiative de la Casamance, 2019)
précise : « Quand on parle de conflit, de Diogué
jusqu'à Vélingara, tout le monde est concerné par ce
problème ». Cependant, est-ce qu'un département ou une
commune est plus concerné(e) que l'autre ? La réponse semble
aussi évidente aux yeux de ceux qui vivent dans la région
naturelle de la Casamance. Un événement qui se déroule
dans le département de Bignona (touristes violés sur l'axe de
Kafountine) n'a rien à voir avec l'activité touristique à
Djembéring ou à Ziguinchor, même si on considère
qu'ils sont dans la zone de conflit. C'est pourquoi nous avions posé la
question suivante : pourquoi Cap-Skirring n'est pas inscrit dans la zone rouge
alors qu'il se trouve dans la commune de Djembéring ? Evidemment, il est
possible à ce niveau qu'il y ait un traitement spécifique.
4.4.1 Une identité dénaturée
Ces éléments que nous avons cités plus
haut sont aussi le résultat d'autres facteurs. En effet, la
communication du tourisme dans une zone de conflit est affectée par ce
dernier, notamment dans des localités moins touchées par les
tensions. Pourtant, les localités dont on fait allusion
mériteraient plus d'attention. Mais, les conflits ont un impact
énorme, mais encore plus la communication : dénaturer souvent
l'identité collective du territoire en question.
Page | 80
Figure 11 : La communication dénature
l'identité de la destination
Une identité dénaturée x La
localité
34
0
34
2 1 1
pas du tout
d'accord
4
6
3
pas d'accord
Ziguinchor Djembéring autre
20
7
5
3
d'accord
totalement
d'accord
Source : Enquête de terrain, avril 2019.
14
Comme nous le remarquons dans ce graphique, la question de
l'articulation territoire et conflit plus communication et identité est
étudiée afin de savoir si les territoires se sentent
menacés par la communication faite sur le territoire en question sur la
base d'un sentiment d'appartenance identitaire à une localité. La
promotion de l'identité territoriale pouvait être un moyen de
vulgariser les valeurs du territoire. Cependant, elle est parfois
dénaturée par un conflit et de surcroît par le langage ou
l'action de communication sur le conflit qui sévit dans un territoire
donné. Quand cette communication n'est pas encadrée, quand ou les
acteurs du tourisme sont désorganisés, voire latents, dans ce cas
elle peut alors transformer une identité. Déjà le tourisme
est quelquefois accusé d'entretenir souvent des relations peu favorables
avec les valeurs identitaires, c'est-à-dire les moeurs des terres
d'accueil. Car l'industrie du tourisme ne se soucie que de l'aspect de la
commercialisation et de la communication. C'est une fin. Elle met donc en
péril toute relation humaine respectant l'objet même des
territoires cibles. C'est le même résultat qui ressort de cette
étude. Dans une zone en conflit, même l'existence de
localités pacifiques ou de pays stables n'est point un gage de
sécurité permanente. C'est l'exemple du Bénin avec
l'incident survenu dans le Parc de Pérendji (2019) couvrant 2.755 km et
situé à l'extrême nord du pays, frontalier avec le Burkina
Faso. A cause de l'instabilité chronique du pays de l'homme
intègre, de supposés terroristes se sont introduits au
Bénin pour tuer un guide touristique et enlever des touristes. Alors, un
événement survenu dans une zone de conflit peut affecter la
Gambie ou la Guinée-Bissau par exemple, et la communication joue un
rôle
Page | 81
important dans ce processus. En effet, les résultats
que nous avons obtenus sur la question, dans les deux localités,
Ziguinchor et Djembéring, le confirment. Respectivement 2% à
Ziguinchor, 1% à Djembéring et 1% autre est en total
désaccord ; 4% à Ziguinchor, 6% à Djembéring et 3%
autre n'est pas d'accord ; 34% à Ziguinchor, 20% à
Djembéring et 5% autre est d'accord et 14% à Ziguinchor, 7%
à Djembéring et 3% autre est totalement d'accord sur le fait que
la communication sur le conflit dénature l'identité de leur
localité, l'image de la destination. Donc, la situation de départ
est différente de la situation d'arrivée. L'image perçue,
l'image voulue, ne sont pas l'image réelle. L'image est une
représentation d'un individu sur un objet, d'une population sur une
autre, d'un territoire sur un autre, donc c'est le rapport communication
territoire. En effet, l'image perçue est une représentation que
se font les consommateurs lorsqu'ils parlent de la destination. L'image voulue
est celle organisée par les acteurs du tourisme : les objectifs à
atteindre (image souhaitée). Quant à l'image réelle, elle
correspond à ce que le territoire a de manière objective sans
slogans par exemple ; c'est dans l'ordre naturel des choses. Or, la
communication faite sur les zones de conflit peut arriver à influencer
ce processus (image souhaitée et image réelle) et ainsi
dénaturer l'identité du territoire. C'est le cas dans la commune
de Ziguinchor et Djembéring.
TROISIEME PARTIE
Page | 82
RECOMMANDATIONS
Page | 83
Chapitre 5. Perspectives
Les conflits ou toute autre forme de perturbations ne sont
pas pour autant des phénomènes nouveaux. Ainsi, la peur et la
suspicion sont des facteurs réels pour les destinations touristiques en
proie aux conflits et pour l'industrie du tourisme de manière
générale. Cela dit, une organisation au niveau de la
communication peut aider à lever toute forme de peur et aider à
la pérennisation de l'activité touristique après une
menace.
Dans un contexte où les médias (classiques et
sociaux) sont omniprésents et très réactifs à
l'information et à la communication, la menace que le tourisme et sa
communication soient influencé après une crise (braquages,
attaques, enlèvements, etc.) dans un contexte de conflit est réel
et imprévisible. La communication du tourisme doit donc adopter une
stratégie de communication de crise pour essayer de sauver la
destination face à un potentiel événement jugé
néfaste pour le tourisme.
Cette stratégie qui est un ensemble de
décisions à prendre, un comportement tactique à adopter
face à une situation donnée, doit aussi servir à anticiper
la crise elle-même. Elle ne doit pas être qu'un outil de
réaction mais d'agissement. Autrement dit, les parties évoluant
dans un secteur qui connait perturbations potentielles doit savoir se mettre
sur ses gardes, se conformer aux situations avant naissance et poste crise.
En outre, une destination qui vit sous la coupole d'un
conflit, doit régulièrement se faire entendre.
C'est-à-dire qu'elle doit se doter un plan de communication pour
dynamiser en tout temps le territoire et les différentes offres qu'elle
regorge en son sein. Il ne doit pas être utilisé qu'en cas de
torpeur mais systématique avec des moyens de communication suffisants.
Ainsi, un simple slogan ne suffit pas, il faut que les médias soient
à porter de main ; utilisez-les à bon échéant.
Page | 84
5.1 Adopter une stratégie de communication
Les acteurs du tourisme doivent fournir beaucoup d'efforts en
matière de communication, non seulement entre acteurs mais aussi avec le
grand public. En effet, cette étude a révélé que
les médias ne sont pas favorables au tourisme (62%, voir annexe), de
plus une carence en manière de communication du tourisme de la part des
acteurs est réelle. A cet effet, 79% des interrogés (voir
annexe), nous ont fait savoir qu'ils ne connaissent aucune organisation
chargée de la communication de crise dans ce pôle touristique,
marqué par le conflit. A cet effet, toutes les parties concernées
doivent en l'occurrence définir des stratégies de communication
qui consiste à un ensemble de décisions face à une
situation donnée afin notamment, dans ce cas précis de maintenir
l'activité et de la développer.
5.1.1 L'espace immédiat
Certes une attaque et toute autre forme
d'événement malheureux lié au conflit peut être
déclenchée à n'importe quel moment. Cependant, les
autorités où les acteurs touristiques sont appelés
à n'avoir qu'une seule voix et un seul intermédiaire afin de
circonscrire au mieux la crise. Rappelons-le, plus il y'a intervenants, plus on
laisse place à la confusion et au doute liée à plusieurs
versions des faits probablement. Il faut mettre sur pied une instance de
gestion permanente, permettant d'agir et non réagir par défaut
ainsi qu'un plan de communication pour maintenir la position de cette
activité sur le marché en l'occurrence. Eventuellement, cela
permettrait de gérer efficacement les relations publiques surtout entre
population et autorité et en cas d'incidents au conflit sur le tourisme.
Bien sûr, chaque circonstance peut être différente et peut
demander un traitement particulier. Dans ce cas, la stratégie doit
être axée sur la gestion du temps car, les premières heures
d'un événement sont toujours cruciales vis-à-vis de
l'effet de la surprise.
5.1.2 Processus de communication de crise
La couverture médiatique comme nous l'avons vu,
répond souvent à des exigences professionnelles et va
jusqu'à impacter sur la communication du tourisme, et donc
l'activité touristique de manière générale. C'est
la raison pour laquelle, les informations issues de la crise, ou du moins
après un incident y afférente, doivent être maitrisé
par les acteurs du tourisme afin de minimiser les effets négatifs. Il
faut anticiper dès lors et par voie officielle sur les sorties des
professionnelles de l'information en apportant une version des faits
après un diagnostic de la situation et ne pas laisser un vide
communicationnelle ; cependant, dire la vérité et éviter
la
Page | 85
communication balbutiante77. Dans la gestion de
crise, il ne faut jamais voir les médias comme des ennemis ; il faut une
collaboration intelligente basée sur des objectifs bien définis :
exemple, sauver la saison ! En outre, les fake-news (présence d'une
inadéquation entre les articles publiés et images illustratives
et les sources non vérifiées ou toute autre intox) doivent
être démenti. En effet, les membres de la cellule de crise ou
à défaut les acteurs du tourisme réuni, pourraient alerter
sur le fait de ne pas accorder de l'importance à ces sorties d'auteurs
multiples, le plus souvent sans accréditation visant à influencer
négativement l'image réelle. D'où la
nécessité de revenir sur de la liberté d'expression des
internautes, qui ressemble plus à de la diffamation et que l'application
de sanctions (par la loi) doit être de mise.
On ne peut pas ne pas communiquer (Watzlawick, 1979) et c'est
une obligation pour les acteurs ou des autorités compétentes de
faire face à la situation et l'opinion dans son ensemble. Il faut donc
adopter une stratégie afin de servir de ligne de défense et de
gestion de la crise piloté par une cellule spécialisée
avec ou parallèlement les services du tourisme en question. Sur ce
point, les travaux du SAFE-COMMS78 considèrent à ce
niveau qu'il est impératif de répondre aux questions sur la base
de six étapes ainsi définis :
Figure 12 : les étapes de la communication de
crise
Etape 1 : la confusion
(X+1h) = Rumeur, Fake-news, alertes...
Etape 2 : les opérations de sauvetages et enquêtes
(X+2-3h) = Informations initiales, reportages...
Etape 3 : Les déclarations institutionnelles
(X+3-4h) = Reportages axés sur les détails et le
récit des témoins...
Etape 4 : Début de la normalisation sur les lieux
(X+4h-) Couverture médiatique des dommages, victimes,
auteurs...
Etape 5 : Reprise et rétablissement de la
confiance
(X+1jr-) = Couverture médiatique, témoignages,
etc.
Etape 6 : Les enseignements tirés et le retour
à la normale
(X+3j-) = Déclin de l'intérêt
médiatique...
Source : SAFE-COMMS (2011).
77 Hésitante, il faudra être clair.
78 Consortium comprenant des chercheurs et des
professionnels de plusieurs pays : Allemagne, Israël, Espagne,
Grèce, Irlande du nord, Bulgarie ; financé par l'union
européenne. Ils étudient des cas d'attaques terroristes et autres
types de crises afin de comprendre l'impact de la communication faite
après une crise par les autorités compétentes.
Page | 86
Cette figure représente six étapes, des
situations que l'on pourrait rencontrer lors d'une crise dans un environnement
quelconque. Ce faisant, les intervenants sur le champ concerné doivent
prêter attention à ce processus. C'est un protocole qui vient en
appoint dans la gestion d'une crise après qu'elle est été
survenue.
5.1.3 Les différentes étapes à
respecter
Les étapes premières, d'un à quatre
heures qui succèderont à un événement apparaissent
dans la même journée pratiquement. C'est le moment pour les
médias de collecter des informations sur les circonstances en se posant
les questions : qui ? où ? quand ? rarement sans le pourquoi ?
La confusion plane dès les premiers instants et les
informations brutes sont susceptibles de se répandre telle la vitesse du
son (le cas des TIC). D'abord, la situation réelle reste inconnue et les
sources sont multiples possibles. La prudence doit être de mise compte
tenu du flux d'information existant. Les médias sont vites
intéressé (reportage, édition spéciale et questions
aux institutions et organismes en charge de la question). Il revient d'agir
tout en gardant à la tête qu'il n'est question de confirmer que
les faits avérés, de démentir les rumeurs, les
informations non fondées devant la presse ; car les médias
à ce stade sont en phase écouter toutes les parties
concernées.
Puis, au moment où les opérations de sauvetage,
de maintien ou de sécurisation des lieux, les autorités doivent
reste à l'ombre. Généralement, on note à ce niveau
deux types d'informations susceptibles : les informations issues directement de
l'incident et les déclarations condamnation de l'incident par les
autorités. Ici, les erreurs de communication sont souvent
soulignées. Les médias traditionnels et sociaux (TIC) diffusent
des informations initiales avec des images (qui sont en grande partie
inadaptées au contexte). Il faut donc éviter toute
déclaration de type offensif et accusateur pour permettre une meilleure
gestion de la crise.
Ensuite, le point est fait quelques heures plus tard. Donc,
« les déclarations officielles » sont faites par des
institutions séparément et couvertes partout par les
médias. Il faut, une seule déclaration, une seule voix et donc
une seule version pour ne pas verser dans la confusion à nouveau et
faciliter les démarches basées sur une seule stratégie de
communication et non plusieurs. Quant à la quatrième étape
qui consiste à faire l'état des lieux, elle peut varier dans le
temps selon la gravité de la situation. Enfin, Après les quatre
étapes suivant un événement, la couverture
médiatique et diverses informations sont relayées en
général. C'est le moment de faire revenir la confiance dans les
étapes cinq et six (plan de communication). Il faut ne pas rester tacite
mais constant et convainquant.
Page | 87
Après un événement sur le conflit, la crise
s'installe. Ainsi, il faut donc :
· Composer une cellule de crise ;
· Intégrer toutes les parties prenantes mais en
ayant qu'un seul porte-parole ;
· Répondre aux questions et démentir si
nécessaire ;
· Etre attentif et actif ; ne pas attendre qu'on vous
pousse à la réaction ;
· S'adresser aux médias et ne pas attendre que les
médias viennent vers vous : push ;
· Suspendre les médias sociaux. 5.1.4 Une
communication virtuelle
Dans la communication du tourisme, les médias sociaux
permettent de promouvoir l'image d'un territoire, lancer des campagnes
promotionnelles, mettre en relation les consommateurs et les produits de la
destination, imprégner de tout ce qui pourrait intéresser de
potentiels visiteurs. Ainsi, il faudra favoriser une communication valorisante
de sa position tout en minimisant les marges de manoeuvres pour les attaques et
critiques. Il est possible d'anticiper les risques et d'avoir les mêmes
objectifs en publiant les mêmes informations après une
concertation entre acteurs du secteur (site officiel, page du
ministère...).
En effet, il existe plusieurs incidents qui ont secoué
le monde touristique dont les attaques du temple Louxor, en Égypte en
novembre 2007 par exemple, faisant 62 victimes (touristes), des milliers
d'emplois perdus et un tourisme effondré. Les catastrophes naturelles,
les relations politiques, les guerres, le terrorisme sont autant de menaces qui
peuvent nuire au tourisme. La communication peut jouer soit un rôle
accentuation soit un rôle atténuation. Toutefois, les pays qui ont
connu une stabilité dans le secteur touristique et fait un bon avant
n'est pas le fruit du hasard. Il a fallu mener un combat, en matière de
communication notamment. Internet est devenu un aspect incontournable de la vie
moderne et un outil dans les situations d'urgence. Tout le monde est capable de
propager une information même si l'on n'appartient ni à la
corporation journaliste encore moins du tourisme. Vu la forte audience et la
vitesse d'exécution des médias sociaux, les acteurs du tourisme
ainsi que les autorités compétentes se doivent d'être
présents et à l'affut des situations. Pour se faire, il faut une
stratégie de communication push et pull en connivence.
Page | 88
? La communication push consiste à donner des
informations aux consommateurs par une communication intrusive qui peut
solliciter les médias classiques et les médias sociaux (agir) ;
c'est la communication proactive.
? La communication pull va dans le sens de rechercher des
informations par le consommateur lui-même. Après, une crise, c'est
un moyen de rassurer sa clientèle et va dans le sens de valoriser le
positionnement du produit (territoire). C'est une communication
réactive.
L'idée c'est de pouvoir gérer le
bad-buzz79 et d'empêcher que les médias se lancent dans
une tendance de Fake-news et d'aggraver ainsi la situation qui pourrait tirer
en longueur (aspect temporel).
Les institutions devront notamment communiquer grâce aux
canaux virtuels très convoités par les millions d'internautes
à travers le monde :
? Les pages officielles (Facebook, YouTube, tweeter, etc.) du
MTTA devra au niveau national et international servir de plateforme
d'échange et communication en permanence ;
? Les services au plan locale doivent disposer un site
internet digne du nom, acquérir plus de responsabilités
(promotion au niveau local par exemple) afin d'être présent dans
la publication de contenu favorables à la destination et de
représenter cette dernière partout où le besoin se fait
sentir ;
? Mettre à jour les contenus sur des moteurs de
recherche comme Google et impliquer la population dans la communication du
tourisme.
Dans ce contexte, se préparer aux nombreux défis
du terrain devient une condition sine qua none pour assurer une gestion de la
crise en toute efficacité. La création une organisation
spécialisée en gestion de crises et nécessaire à
cette fin. Les services locaux devront être responsables de
l'élaboration de plan de crise au niveau local. Il faut aussi
coopérer avec des institutions spécifiques dans le domaine,
au-delà des frontières pour plus d'expériences aux crises
qui affectent le secteur touristique, une formation sur la question est une
valeur ajoutée pour les professionnels du tourisme de surcroit.
79 C'est un phénomène de bouche
à oreille négatif qui se déclenche
généralement sur internet, le plus souvent sur les réseaux
sociaux avant de se propager sur d'autres médias. Les sources sont
nombreuses et variées et peut être créé
volontairement.
Page | 89
Les applications sont un vecteur de communication très
important. Ainsi, nous notons une panoplie d'application de type E (avec
accès internet) ou M (sans accès à internet). C'est des
plateformes qui peuvent être accessible à des cibles diverses,
facilitant l'atteinte des objectifs à un large public. Des documentaires
en collaboration avec des marchés émetteurs relayés par
des blogs ou sites internet spécialisés dans le tourisme, la
responsabilisation des médias sur le terrain et en vue de la
communication touristique régulière seraient des avantages
inestimables au secteur. Les acteurs doivent aussi prendre des mesures à
l'encontre drastique quand le secteur est menacé. Pourquoi pas
poursuivre en justice ceux qui publient des images inadaptées ou encore
des allégations non fondées ou vérifiées pour
diffamation par exemple, c'est-à-dire, quand une information vient
à porter atteinte au secteur touristique. C'est aussi une
manière, de rééquilibrer la balance, de sonner l'alerte
face à ces problèmes qui secouent le tourisme et son image dans
cette partie du pays.
Il est bon de se munir de plan de contingence
c'est-à-dire un plan de riposte de type préventif,
prédictif et réactif en cas de crise. C'est une stratégie
permettant de contrôler une situation d'urgence. Dans cette étude,
nous avions constaté que décision mettre la Casamance dans la
zone rouge peut avoir des impacts à court et long terme sur
l'activité touristique. Une fois un évènement malheureux
survient, le plan de contingence peut aider à minimiser les
conséquences négatives à cet effet. Ce plan est pour une
institution ou une organisation chargée du tourisme dans une de ces
localités (Ziguinchor-Djembéring) de faire face aux enjeux pas
n'est utilisable qu'en cas de crise. Il permet entre autres :
? De mettre en place des méthodes pour atténuer les
risques existants ou futurs ;
? De catégoriser ou de prioriser les risques ;
? De définir quels sont les risques sur lesquels il
faudra insister et les menaces qu'il faudra écarter ;
Il peut aider à l'élaboration d'un processus de
gestion afin d'analyser les crises et leurs impacts possibles pour ainsi mettre
sur pied les actions de les contrer en amont dans un délai bien
défini et d'apporter ainsi des réponses efficaces aux populations
concernées. Autrement dit, le plan de contingence constitue une
procédure d'anticipation et de résolution des problèmes
qui apparaissent lors d'un conflit. Il est piloté par un organe
spécifique chargé d'élaborer la procédure avec tous
les acteurs concernés : faire usage des expériences
antérieures, impliquer la population, planifier des réponses,
élaborer des activités de simulation, évaluer le plan et
l'améliorer au fur et à mesure.
Page | 90
5.2 Un processus de communication
Ce processus va dans le sens de l'élaboration et
l'adoption d'un plan de communication périodique (par an) et
rédaptable. Celui-ci est un document détaillé comprenant
un ensemble d'actions prévues pour le territoire, un produit ou un
événement dans le cas échéant. Il se rattache
à un plan média car définissant les actions de
communication envisagées (marketing direct80,
PLV81, événement, ou les 5M82 etc.) Il
vient de ce fait, conforter la stratégie de communication de crise ou
simplement adopté en premier plan. La Casamance en général
a grandement besoin d'une communication constante pour promouvoir davantage ses
potentialités et attraits touristiques et en outre, donner un visage
plus vivante de son territoire. Il permet ainsi aux acteurs d'être
présents et de constamment communiquer sur l'offre touristique en
anticipant bien évidemment sur les besoins de futurs consommateurs ou
tout simplement de les maintenir.
5.2.1 Définition du processus
Le plan de communication implique plusieurs niveaux parmi
lesquelles la cible, les objectifs, le message. Ainsi, il sert de fil
conducteur à tous les acteurs du tourisme face lorsque l'on choisit par
exemple de communiquer sur les événements du conflit en rapport
avec l'activité touristique. Cela dit, on peut élaborer un plan
de communication sur le long terme mais dans le cas présent,
c'est-à-dire lors d'une crise affectant le secteur du tourisme, il est
souhaitable d'adopter un plan de communication à court terme. Ce dernier
permettrait de rétablir de l'ordre via des événements de
type culturel (festival) et de ne pas créer la panique et le doute sur
le long terme du côté des consommateurs potentiels et actuels.
D'abord, il faut faire une analyse et un diagnostic de la
situation par les autorités du tourisme notamment et tous les acteurs du
secteur concernés en se basant bien entendu sur la situation de crise.
Il est donc nécessaire de définir :
? Le produit sur lequel il faut communiquer : il s'agit ici du
territoire (géographique) qui connait la crise
? L'agir : il fait référence aux comportements
des consommateurs (les réactions par rapport à la situation de
crise et les solutions probantes)
80 Une action de communication personnalisée
afin de susciter une réponse immédiate de la part du
destinataire
81 Publicité sur le lieu de vente
82 Les 5 médias : télévision,
radio, presse, affichage et cinéma. Cependant, certains chercheurs
estiment que internet deviendrait le cinquième éléments et
pour d'autres le sixième tout simplement.
Page | 91
? La concurrence : il s'agira de mesurer l'état actuel
de son environnement vis-à-vis de
ses concurrences notamment les forces de ces derniers et les
contres mesures à adopter ? Les ressources disponibles : il permet de
voir si les moyens financiers et humains de par
leurs connaissances et compétences peuvent être
un atout majeur
Ce premier travail pourrait aider à déceler les
forces (les ressources au niveau local disponible, notoriété) et
les faiblesses (baisse de la fréquentation, budget) et de surcroit les
opportunités (faible concurrence, solide partenariat) et les menaces
(forte communication des médias, consommateur trop
méfiant...).
Ensuite, il faudra préciser le positionnement du
produit (territoire) qui lui confère une image grâce à
laquelle, la décision d'achat du consommateur est définit. En
d'autres termes, il est-on de revenir sur les raisons de croire que la
destination en question n'est pas aussi affecté ou non selon le contexte
qui prévaut. Dans le cas échéant, il est indispensable
d'insister la nécessité de faire aimer le consommateur le produit
en question. Cette communication se base ainsi sur la
crédibilité, l'attractivité et aux attentes de la cible
dudit plan.
5.2.2 La mise en oeuvre
Toutes les parties concernées devront être
impliqués, c'est-à-dire toute la hiérarchie que ce soit au
plan national ou local. Cela dit, il nécessite un budget et un temps
bien précis pour le matérialiser ainsi qu'un certain nombre de
ressources et peut faire face à des contraintes surtout au niveau des
canaux de communication. La cible ou les cibles sont l'ensemble des groupes que
le plan de communication souhaite atteindre et devront ainsi être
déterminés. Elle est donc l'ensemble des individus auxquels
s'adresse le message pour deux raisons : soit ils seront tentés de
prendre la décision de voyager ou d'influencer la motivation de voyager
d'un tiers individu. La cible peut être subdivisée selon la
catégorie socio-professionnelle aussi. On distingue ainsi, une cible
principale, le coeur de cible et une cible secondaire.
Figure 12 : les cibles
Cible principale
Coeur de cible
Cible secondaire
Source : Creusy et Gillibert (2009).
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La cible principale est considérée comme
l'ensemble des individus que souhaite toucher le plan de communication. Elle
correspond aux consommateurs (visiteurs potentiels de la destination). Le coeur
de cible lui est un sous-ensemble qui se particularise par sa précision
d'adresser un message notamment aux TO, le pays émetteur
représentant un quota important envers la destination. Quant à la
cible secondaire (ou cible périphérique), elle fait allusion
à tous les groupes susceptibles d'être influencés par les
deux derniers dans leurs décisions d'adopter une destination
après acceptation du message (le bouche à oreille entre
potentiels visiteurs ou entre visiteur et futur visiteur) ou les nouvelles
acquisitions éventuelles (nouveau marché émetteur).
C'est un choix important est peut découler sur les
supports de communication à utiliser. Il faut de ce pas, des objectifs
clairs formulés de manière SMART, intelligent en anglais
(spécifique-mesurable-acceptable-réalisable-temporellement
défini). Ils sont généralement de type 3F,
c'est-à-dire :
? Faire connaitre (Attirer l'attention, faire connaître
un produit ou un service : privilégiez la publicité) ;
? Faire aimer (Susciter une attitude, motiver : adoptez une
communication persuasive, provoquer une réaction : optez pour une
communication plus incitative) ;
? Faire agir (susciter la curiosité, le
déplacement).
Un ou plusieurs objectifs peuvent être retenus.
Cependant, l'essentiel dans le plan de communication, c'est de faire
apprécier la destination dont l'image est quelque entachée par un
conflit comme c'est le cas de notre étude. L'objectif de ce plan doit
ainsi persuader son destinataire avec des données sur le territoire en
question et doit être porteur de sensation agréable et positif. Il
doit séduire et donner envie de vivre une expérience
exceptionnelle. Ici, il serait intéressant de faire une campagne
cognitive (donner toutes les informations possibles à votre cible sur
les produits et services, c'est la connaissance), affective (faire aimer le
produit ou le service et rapprocher ces derniers à la cible, c'est le
désir) et conative (actionner le lien entre le désir d'achat et
l'action d'achat, c'est la faire agir) simultanément.
Il faut définir un message adapté aux besoins
des consommateurs et à même de créer un feedback. Les mots
ainsi que les images doivent être bien exprimés, cohérent
et qui peuvent influencer le destinataire. Le message doit être
considéré comme une promesse et doit ainsi respecter deux
conditions : la crédibilité de la promesse et la cohérence
avec le positionnement de votre offre. Cette promesse doit pousser la cible
à aller vers l'objectif défini pat le plan de
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communication. Pour trouver ce message fort ou cette promesse,
mettez-vous dans la peau de votre cible. Elle doit de ce fait signifier un
avantage de voyager vers une destination (expérience unique sur le lieu
visité) ou par exemple un bénéfice (rapport
qualité-prix). Un même message peut être diffusé sous
différentes formes : affiches, annonces radio, tracts, conférence
de presse... il peut être adopté pour les médias choisis et
définit les contenus qui devront être diffusés. Le plan de
communication est ensuite défini sur la base d'un planning et d'un plan
d'action bien ficelés. Il est entre autres axé sur les supports
médias utilisables et les événements sur lesquels l'offre
est déterminée. Ce plan d'action peut faire appel aux
médias tels que : la radio, la télévision, les affichages,
la presse et le cinéma qui sont les cinq grands médias.
Cependant, un sixième grand média pourrait être
ajouté à la liste (internet). Les supports de communication sont
complémentaires et ont chacun des particularités. Chaque moyen de
communication apporte ainsi sa contribution à l'atteinte des objectifs
mais font face à des limites d'ordre budgétaires. Cependant, les
audiences sont davantage impressionnantes suivants les catégories de
médias aujourd'hui contrairement aux décennies passées ou
les médias traditionnels (radio-télévision) sont uniques
monopoles du marché. Nous avions vu précédemment qu'il
y'avait plus de 9 millions d'abonnés au Sénégal sur une
population de 15 millions, un taux de pénétration assez
conséquent. Donc internet est de nos jours un outil extrêmement
important pour faire passer un message, bref pour communiquer. On y retrouve
les sites institutionnels (SAPCO, ASPT par exemple). Le web 2.0 sont les
principaux canaux attractifs en matière de communication et dans
lesquels nous retrouvons les blogs, les forums, les réseaux sociaux
comme Facebook et YouTube avec un chiffre dépassant un milliard
d'internautes et qui peuvent constituer un moyen de communication pouvant
consolider la relation avec les cibles et la réactivité. Bien
entendu, il ne faut pas oublier les cinq grands médias si on tient
compte du caractère complémentaire des médias surtout en
termes de ciblage et d'audience dans un plan de communication. Dans
l'utilisation de ces moyens il faudra beaucoup insister sur les
éléments visuels, entre autres :
? Evénements : conférence de presse,
opération de street markrting, festival et autres activités
(salon international, foire, etc.) ;
? Campagne publicitaire : vidéos démonstratives,
compilation d'images ;
? Des textes : revue de presse, rapport, études,
communiqué de presse ;
Il urge de ce fait, de consacrer un calendrier culturel stable
car, la culture demeure une source de motivation inclusive ; mais aussi de
tenir des rencontres (salons, atelier, animation touristique) pour ainsi
redynamiser le tourisme. Les autorités doivent ainsi coordonner la
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fabrication de l'image du territoire en responsabilisant ces
derniers et user de la culture (festival et autres manifestations basées
sur les richesses de la région) afin de capter l'opinion nationale et
même internationale sur les destinations dont il est question dans ce
travail. Les actions de communication (salon international du tourisme) dans le
territoire doivent être multiplié (conseil des ministres) et ce
régulièrement, soutenu par les pouvoirs publics notamment. Les
membres des gouvernements devraient être les jalons de cette
politique.
Disposant un dispositif technique composé de radios et
télévisions dans la commune de Ziguinchor et aussi la
présence des réseaux sociaux, le plan de communication devrait
toucher un public large et varié. Cependant, avec l'absence de ces
médias la commune de Djembéring, les l'internet et les affichages
ou les salons et foires devraient permettre à combler ce vide en terme
de communication. Cette communication doit aussi être très visible
au niveau des réseaux et encourager le développement de blogs et
sites internet spécialisés dans la communication du tourisme. Les
institutions spécialisées avec l'aide de l'autorité
centrale et de ses partenaires doivent ainsi insister sur un quota à
définir pour la communication dans cette zone, pourquoi pas une
discrimination en termes de communication territoriale vu le contexte. A ce
sujet aussi, les politiques doivent définir les rôles s'agissant
des décisions concernant la zone rouge. Il est inconcevable de prendre
une décision qui géographiquement parlant pourrait ne pas avoir
un lien direct avec le lieu de loisir en question (voir article 6 du code de
l'éthique de l'OMT, p9) et qui clairement est préjudiciable par
moment ; et pendant de longue période au détriment du secteur.
Nous pensons qu'il est très important aussi de se pencher sur certains
enjeux du langage qui font défaut dans la communication comme
l'appellation « Casamance ». Il est bon dans la politique de
communication des acteurs du tourisme, de préciser le contexte. Indexer
le lieu de la crise en question plutôt que de globaliser voire «
stigmatiser » tout un écosystème. Cela dit, il faudrait
penser à des plans de sorties de crise, en redirigeant le marché
national via la promotion du tourisme intérieur. En effet, il est
question d'encourager les populations au tourisme local et les
non-résidents avec une facilitation à l'accès, cependant
dans le stricte respect des procédures de contrôles
sécuritaires gage de la sureté nationale. L'idée c'est de
promouvoir un marché touristique local grâce à des
événements de grandes envergures (manifestions culturelles et
sportives internationales ou encore intellectuelles) afin de développer
l'activité dans le long terme en mettant les avant les
potentialités locales davantage.
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CONCLUSION
La communication du tourisme, c'est un ensemble technique, un
processus, une organisation dans la chaîne de tous les acteurs du secteur
touristique visant à piloter, à concevoir un produit depuis sa
préparation (input) jusqu'à sa consommation (output). Pour les
acteurs, c'est l'organisation du produit à destination du consommateur
final. Le produit est palpable, mais le service est intangible. Cependant, on
affirme que ce processus marketing du produit, pris dans le sens du territoire,
dans ce cas d'exemple est marqué par les conflits, les crises
notées un peu partout dans le monde. La problématique de la
communication du tourisme dans une zone de conflit est assez
préoccupante. Elle fait face à de multiples facteurs qui
entravent l'activité touristique dans les différentes
localités sous prétexte qu'elles se situent dans la zone de
conflit. Certes il existe plusieurs conflits, plusieurs crises dans des
destinations touristiques différentes, mais la physionomie des espaces
géographiques n'est pas la même. Il faudrait alors se pencher sur
un modèle de communication et des politiques plus adaptées aux
zones souvent prises dans cet étau. La communication du tourisme
réussit ainsi son pari de rendre le territoire d'accueil attrayant au
profit des visiteurs potentiels d'une part et d'autre part subit les
conséquences d'un conflit accentué par une couverture qui peut
être analysée sous plusieurs angles.
Le Sénégal, pays indépendant depuis 1960,
s'est vite lancé dans le tourisme dans les années 1970.
Cependant, l'implantation de son premier village de vacances au Cap-Skirring
avait suscité une discorde entre les populations locales et les
bailleurs, des relations purement commerciales loin des interactions humaines
comme pour l'atteste Saglio : « Ici Aline Sitoé est inconnu, et
de toute façon on en aurait fait une superbe hôtesse d'accueil.
» 83 On note ainsi des difficultés dans l'implantation du
tourisme dans ce village de pêcheurs devenu plus tard un hub touristique.
Dans tout le reste du Sénégal, néanmoins l'activité
marche plus ou moins bien. En effet, le pays de la Téranga, qui recevait
neuf millions de touristes, a connu une chute drastique de la
fréquentation touristique. C'est une situation déplorable pour la
Casamance. Elle est parfois amplifiée par certains médias qui
diffusent constamment ou occasionnellement de fausses informations. Cela attire
de plus en plus l'attention des chercheurs. En effet, le conflit qui s'est
déclaré dans cette partie continue de nuire au secteur du
tourisme. Ceci interpelle l'opinion nationale et internationale.
83 Saglio (2004). Casamance op.cit. p176
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A coup sûr, un conflit ou une crise impacte toujours sur
les différents secteurs économiques. A cet effet, la couverture
médiatique dans une zone de conflit peut devenir aussi fatale que le
conflit lui-même. Cet élément appelé communication
intéresse donc plus surtout quand il s'agit des conflits armés.
En Casamance, les médias sont devenus populaires à cause de
l'ampleur qu'a prise cet événement historique, mais, aussi et
surtout une communication touristique noyée par les acteurs
médiatiques et des TIC, une faible présence sur la scène
des acteurs touristiques notamment. Nous retrouvons pour le cas de notre
étude la présence de radios, de télévisions, de
nouvelles technologies d'information et de communication à l'instar de
la presse en ligne et une forte audience auprès des réseaux
sociaux et des pages internet de manière générale.
La couverture médiatique dans une zone de conflit
représente souvent de très grands risques compte tenu des
nombreuses exactions commises sur les professionnels de l'information et de la
communication. Toutefois, leur communication, basée des exigences
professionnelles, est quelque part un obstacle majeur pour les territoires
concernés comme le dit l'adage : « Le bonheur des uns fait le
malheur des autres ». Nous constatons donc dans ce travail que les
médias sont seulement préoccupés par la diffusion
d'informations immanentes au conflit qu'elles soient vérifiées ou
non, la commercialisation de leurs journaux, leurs comptes rendus, etc. Cette
attitude s'explique fondamentalement par la course à la primeur des
informations, la concurrence des gros titres entre les différents
organes de presse ; il s'agit d'une responsabilité partagée entre
les correspondants locaux, les directions se trouvant hors du champ de conflit
et les médias sociaux.
Dans ce dernier, nous avons eu à noter plusieurs
facteurs dans la diffusion de l'information parmi lesquels les articles et
leurs sources. Nombreux sont ceux qui relaient des informations puisées
directement dans un article dans la presse en ligne et pourtant ils
n'appartiennent ni à la corporation journaliste ou encore touristique.
En outre, les images que l'on retrouve dans la plupart des articles sur le
conflit lorsqu'ils parlent du tourisme ne sont pas des images réelles,
car elles ne sont ni actualisées ni adaptées. Nous les avons donc
classées dans la catégorie des sources non autorisées.
Nous avons alors constaté que la communication est loin d'être
favorable au tourisme car certains Etats ne la réglementent pour qu'elle
ne nuise à aucun intérêt national ou à celui des
particuliers.
Les enjeux sont multiples pour les chancelleries et pour les
collectivités locales concernées, mais aussi l'Etat qui
définit les politiques touristiques. Pour le cas de notre pays, la
France, via son ambassade, se porte garant de ses compatriotes ressortissants
dans le territoire national.
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Cependant, elle ne fait pas office d'un bon juge car, entre
les décisions prises (zone-rouge) et la réalité sur
l'espace, dans une analyse géopolitique, il y a certains mystères
qui mériteraient d'être levés. En effet, la décision
de déclarer la Casamance zone d'insécurité laisse à
désirer. Non seulement elle a des impacts sur des zones qui ne sont pas
affectées actuellement par le conflit, mais elle ralentit
considérablement l'activité touristique en Casamance au profit
des autres parties du pays. Malheureusement, cette discrimination
régionale demeure un sérieux problème à cause
notamment des politiques territoriales de l'Etat. En réalité, les
collectivités territoriales sont impuissantes. En d'autres termes, elles
ne peuvent entreprendre des actions planifiées pour remédier
à ces deux faits regrettables. Elles n'ont assez de ressources
financières en vue de la réalisation de projets d'attraction
touristique. Au Sénégal, le tourisme reste une compétence
non transférée. En ce sens, nous notons à Ziguinchor
l'absence d'une organisation chargée spécifiquement de la
communication touristique avec des moyens pour partager également des
compétences au niveau local. Ainsi, avec les services en charge du
tourisme, nous avons constaté un gap énorme en termes de
communication touristique, un manque d'organisation et de coordination aussi.
Certains d'entre eux se limitent strictement à leurs activités
primaires, c'est-à-dire accueillir et informer le client. La culture, un
atout pour la communication du tourisme, est insuffisamment exploitée
à cause du manque de volonté des autorités locales qui
n'accompagnent pas toujours des initiatives immanentes à la promotion
des traditions locales et de la sous-région. En conséquence, la
bataille médiatique est fréquemment gagnée par une
communication parallèle qui est un obstacle au développement du
tourisme dans cette zone.
Avec la révolution des TIC, la multiplication et la
prolifération des sources internet et leur forte
pénétration, beaucoup de personnes ont dorénavant
l'habitude et la facilité de s'informer et de communiquer au jour le
jour. Ces TIC, bien qu'elles soient de véritables atouts, constituent un
danger pour la communication touristique, surtout pour une zone en conflit. Les
informations relayées ne sont pas contrôlées,
filtrées et peuvent être à la portée de tout le
monde et n'importe où. Dans un pays qui fait plus de neuf millions
d'abonnés sur quinze et plus de deux millions d'abonnés à
un medium social comme Facebook, un territoire est vite fiché
sur la planète en seulement quelques secondes. Dans ce cas
précis, le monde est conscient du danger de ces TIC en matière de
désinformation, surtout les médias sociaux. Cette intoxication
affecte profondément les zones étudiées dans ce travail.
Même l'usage du concept Casamance par exemple pose problème. Pour
certains, il désigne trois régions qui se trouvent dans la
même zone géographique, tandis que pour d'autres il a tout
simplement une connotation péjorative. Il
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fait allusion au séparatisme, à
l'insécurité. C'est plutôt cette stigmatisation permanente
qui est actuellement en vogue.
En effet, les acteurs du tourisme ne cachent pas leur
désarroi et affirment que la situation de la Casamance profiterait
à la concurrence qu'ils jugent déloyale. Une économie de
guerre s'installe silencieusement marquée par une guerre de la
communication. Elle est déclenchée par des acteurs du secteur qui
ne soucient que de leurs propres intérêts au point de nuire
à leurs collègues qui se trouvent en Casamance. Même si la
liberté d'expression est garantie par Déclaration universelle des
Droits de l'homme et la Constitution du Sénégal, elle ne devrait
jamais être détournée de sa quintessence et orientée
intentionnellement, exclusivement, vers l'accomplissement d'oeuvres
crapuleuses. L'on s'interroge alors sur les rapports entre conflit et tourisme
dans des localités un peu moins concernées par les tensions. Sous
ce rapport, nous avons constaté que certains risques, quoiqu'ils
n'existent pas, sont inventés et promulgués aux niveaux national
et international. Et cela freine la motivation de voyage de potentiels
visiteurs. Il laisse la place à une identité autre que celle qui
existe réellement sur le terrain, reflétant ainsi une image
perçue au plan national et au-delà des frontières. Donc,
nous pouvons déclarer que toutes nos hypothèses sont
justifiées.
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https://web.facebook.com/TOURISMESENEGAL/?ref=br
rs
Recommandations Internationales sur les statistiques du
tourisme (RIST 2008) en ligne
http://media.unwto.org/fr/content/comprende-le-tourisme-glossaire-de-base
SCOOPS DE ZIGUINCHOR, « Tourisme en Casamance : « un
secteur en agonie » en ligne
http://www.scoopsdeziguinchor.com/article.phd?id=3512&id
rubrique=3
« Voyage », en ligne
https://fr.wikipedia.org/wiki/Voyage
Classement des PMA, ONU-BM en ligne
https://donnees.banquemondiale.org/region/pays-les-moins-avances-classement-de-lonu?view=chart
Encyclopédia Universalis « définition de
crise », en ligne
https://www.universalis.fr
OSIRIS « internet » en ligne
http://www.osiris.sn/internet.html
Les régions du senegal en ligne
https://www.senegal-online.com/tourisme_au_senegal/les-regions-touristiques-du-senegal/la-casamance/,
consulté le 25 avril 201
Mémento du tourisme, 2010 en ligne
https://archives.entreprises.gouv.fr/2012/www.tourisme.gouv.fr/stat
etudes/memento/2010/m emento2010-definitions.pdf
Page | 104
APS, « lancement des travaux du port de pêche
», en ligne
http://www.aps.sn/actualites/article/ziguinchor-lancement-de-travaux-du-port-de-peche-de-boudody-une-infrastructure-de-plus-de-2-milliards-cfa
« Etablir un plan de communication », COMM
collection N°12, 2016 en ligne
https://fedxeb.belgium.be/fr/publications/cc12
rediger plan communication projet
Page | 105
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
Figures
Figure 1 : carte administrative et de localisation des communes
de Ziguinchor et
Djembéring 28
Figure 2 : les objectifs médiatiques de la communication
47
Figure 3 : les sources relayeurs d'information 50
Figure 4 : carte illustrative de la « zone rouge »
.53
Figure 5 : la « zone rouge » un obstacle majeur
à l'essor du tourisme 56
Figure 6 : attribution des services de communication .59
Figure 7 : les TIC dans la désinformation ..68
Figure 8 : les pôles touristiques 70
Figure 9 : limites de la liberté d'expression ..75
Figure 10 : risques liés au conflit à Ziguinchor et
Djembéring 78
Figure 11 : la communication dénature l'identité de
la destination 80
Figure 12 : les étapes de la communication de crise 85
Figure 13 : les cibles ..91
Tableaux
Tableau 1 : quelques institutions/associations du tourisme et des
TIC 42
Tableau 2 : quelques réseaux sociaux et applications M et
E .43
Tableau 3 : objectifs médiatiques selon les professionnels
.48
Tableau 4 : une décision à impact temporel 55
Tableau 5 : implication du SRT dans la communication 60
Tableau 6 : implication du SI en termes de communication
touristique .61
Page | 106
Table des matières
Remerciements i
Dédicaces ii
Liste des sigles et abréviations .iii
Sommaire v
INTRODUCTION 01
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE 04
Chapitre 1 : Cadre théorique 05
1.1 Contexte 06
1.2 Problématique de recherche ..07
1.3 Objectifs de recherche ...14
1.3.1 Objectifs générales 14
1.3.2 Objectifs spécifiques 14
1.4 Hypothèses principale 15
1.4.1 Hypothèse secondaire 15
1.5 Revue de la littérature 15
1.6 Définition de concepts clés 23
Chapitre 2 : Cadre de l'étude et
méthodologie . 27
2.1. Cadre général des communes de Ziguinchor et
Djembéring 27
2.1.1 Délimitation, localisation géographique et
cadre spécifique .27
2.1.2 Potentialités et activités
économiques ..28
2.1.3 Formes de tourismes pratiqués 30
2.2 Méthodologie 33
2.2.1 Revue documentaire ...33
2.3 Méthodes de collecte de données ..34
2.3.1 La méthode dite quantitative ..34
2.3.1.1 Le questionnaire 34
2.3.1.2 L'échantillonnage 34
2.3.1.3 Le prétest. 35
2.3.2 La méthode dite qualitative 35
2.3.2.1 Le guide d'entretien 35
2.3.2.2 Les entretiens 36
2.4 Le déroulement de l'enquête 36
Page | 107
2.5 Les difficultés rencontrées 37
DEUXIÈME PARTIE : CADRE D'ANALYSE ET
INTERPRETATION .39
Chapitre 3 : Les acteurs et leur rôle dans la
communication touristique 41
3.1 Le plateau technique 41
3.1.1 Les médias traditionnels 41
3.1.2 Les organes spécialisées et les TIC 42
3.2 La couverture médiatique en zone de conflit .44
3.2.1 Médias et objectifs médiatiques .45
3.2.2 Les articles et les sources 49
3.3 Les enjeux géopolitiques 51
3.3.1 Les chancelleries 52
3.3.2 Les collectivités locales .56
3.3.2.1 L'Etat et les politiques territoriales .57
3.3.2.1.1 Quelques exemples 57
3.3.2.1.2 La communication territoriale .58
3.4 Les acteurs du secteur .60
3.4.1 Les services du tourisme 60
3.4.2 La culture, un créneau inexploité 62
Chapitre 4 : Informations, communication et impacts
sur le tourisme 65
4.1 Historique ..65
4.1.1 Le contexte touristique 65
4.1.2 Le conflit 66
4.2 Imaginaire touristique de la destination 66
4.2.1 Les TIC à l'ère de la
désinformation .66
4.2.2 L'appellation « Casamance » 69
4.3 Les informations relatives au conflit .71
4.3.1 Une économie de guerre 71
4.3.2 La liberté d'expression 73
4.3.2.1 Petites anecdotes .74
4.3.2.2 Libertés et limites 75
4.4 Les motivations au voyage 76
4.4.1 Une identité dénaturée 79
TROISIEME PARTIE : RECOMMANDATIONS 82
Chapitre 5 : Perspectives 83
Page | 108
5.1 Adopter une stratégie de communication ..84
5.1.1 L'espace immédiat 84
5.1.2 Le processus de communication de crise 84
5.1.3 Les différentes étapes à respecter
86
5.1.4 Une communication virtuelle .87
5.2 Un processus de communication 90
5.2.1 Définition du processus .90
5.2.2 La mise en oeuvre 91
CONCLUSION 95
Bibliographie 99
Webographie .102
Liste des figure et tableaux 105
Annexes
ANNEXES
ANNEXES 1 : Guide d'entretien
v GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF 1 Les acteurs du
conflit
Les rapports tourisme/conflit en
général
· Les rapports entre le conflit et le
tourisme
· Le rapport géopolitique du
conflit
· La possibilité de développement du
tourisme dans une zone de conflit
v GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF 2 Les acteurs
touristiques et culturels La communication interne (territoriale)
· Les collectivités locales
· Evénements et autres manifestations La
communication touristique
· Les politiques de communication à
destination tourisme en Casamance
· Les services du tourisme
· Les politiques territoriales du tourisme
Imaginaire touristique
· Lien entre le tourisme et les informations du
conflit
· Le regard de la population envers la destination
de manière générale
· L'appellation « Casamance »
· L'image de ces destinations touristiques Une
concurrence
· La situation de la Casamance
· Des objectifs médias et
commerciaux
v GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF 3
Les acteurs de la communication
Le rôle des médias et les TIC dans la
communication touristique
· Les médias en zone de conflit
· L'utilisation des TIC en zone de
conflit
· Le rôle des médias dans la
communication du tourisme Couverture médiatique en zone de
conflit
· Une communication basée sur des objectifs
médias
· Utilisation du conflit comme « outil »
commercial
· Absence d'une communication
authentique
· La liberté d'expression
v GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF 4 Les services
touristiques et institutions L'évolution du tourisme
· L'activité touristique et le
conflit
· Le rapport diplomatique
· Les objectifs en termes de communication
touristique
Les médias et TIC
· Le conflit sur les politiques de
communication
· L'utilisation des TIC et des médias
traditionelles en zone de conflit
· La communication du tourisme dans la
localité Un budget pour la communication
· Moyens de communication
? GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF 5
Les hôtes
· Le lien tourisme/conflit
· L'aspect communication
· Expérience personnelle sur la
destination
ANNEXES 2 : Le questionnaire
COMMUNICATION DU TOURISME EN ZONE DE
CONFLIT
D [45-60ans[
D autres
I. Identification
Votre age se situe dans quel intervalle
D [18-35ans[ D [35-45ans[ Sexe
q ~ masculin D feminin Dans quel domaine exercez-vous
?
q D domaine du ~ domaine de la
tourisme communication
Quel est votre niveau d'etude ?
q ~ Primaire supérieur
q ~ moyen-secondaire ~ autres Quel est votre
environnement habituel ?
q ~ Ziguinchor Djembéring D autre
Avez vous une connaissance du tourisme, du conflit et
de la communication ?
D oui l non
II. Rapport tourisme vs conflit
Comment jugeriez-vous le tourisme en particulier
?
1-11 pas
du tout n pas D important D très
important important important
Le conflit empêcheraitt-il le bon
déroulement de l'activité touristique à court ou long
terme ?
D oui D non
Si oui, quelle peut etre la durée ?
|
Si oui comment?
favoriser une
· bonne communication
eiller et anticiper l'information
|
q ~
renforcement de la sécurité créer un
comité
q ~
adhoc pour la
communication de crise
|
D autres
|
|
un mois
Dtrois
mois
D plus
six
un an
mois
Le tourisme peut-il se développer dans une zone
de conflit à votre avis ?
q ~ oui non
COMMUNICATION DU TOURISME EN ZONE DE
CONFLIT
Si non comment?
q D cessation du D désistement 0 dissuasion de
tourisme voyage Avez vous connaissance de la "zone
rouge" ?
D oui D non
Si oui, pensez vous qu'elle soit un facteur bloquant
du
q
tourisme ?
q I baisse de la fréquantation
~ changement de autres
q ~ non
destination ~ oui
III. Les médias et TIC dans la
communication
Avez-vous conscience du danger des TIC en terme de
mauvaise communication ?
D oui D non Si oui pourquoi ?
dénature
q ~ nuire l'économie l'identité D
autres territoriale
D destination ternir la
touristique I influence
psychologique
Avez-vous une fois lu des informations relatives au
conflit et au tourisme sur le net ?
D oui D non
Si oui,quel site ou réseau social notamment
?
1-11 presse en 0 facebook tweeter D
autres ligne
Est ce seulement les journa listes,acteurs
touristiques ou les autorités competentes qui relaient ces
informations
D oui D non
Si non, diriez vous que ce sont des sources non
autorisées?
q ~ oui El non
Quel est la nature de ces images sur les articles
?
D archives(anciennes) D actualisées
Comment jugez-vous l'utilisation de ces TIC sur le
plan de la communication touristique, en particulier dans la région
?
D pas du tout satisfaisante D satisafaisante
q ~ pas satisafaisante El très satisafaisante
D
COMMUNICATION DU TOURISME EN ZONE DE CONFLIT
IV. Communication interne
Avez vous connaissance de l'existence du syndicat
d'initiative ?
oui D non
Avez vous connaissance de l'existence du service regional
du tourisme ?
D oui D non
Avez vous connaissance de l'existence de l'office du
tourisme de la casamance ?
D oui D non
Avez vous connaissance de l'existence d'une agence de
voyage ou d'un tour operateur ?
oui D non
VI. Couverture médiatique
Diriez-vous que l'identité touristique de la
Casamançaise est dénaturée par la mauvaise communication
faite dans ces zones ?
Sentez vous leur implication en terme de communication
touristique et la gestion du crise ?
0 oui D non
Avez vous connaissance d'une communication touristique
faite par une descesdernieresaprèsou avant une crise dans ces zones
?
oui D non
Avez vous une fois vu ces dernieressur internet et
leur communication en faveur du tourisme en casamance ?
D oui D non
Sentez vous l'implication de la mairie dans la
communication touristique ?
D oui non
Etes vous d'avis que les acteurs médiatiques ainsi
que les relayeurs d'informations sur les réseaux sociaux ne prennent pas
le temps de vérifier les informations ?
q ~
pas du tout ~ pas d'accord totalement
d'accord d'accord d'accord
|
0
pas du tout ~ pas
d'accord d'accord
|
d'accord
|
ni totalement d'accord
|
|
COMMUNICATION DU TOURISME EN ZONE DE
CONFLIT
Pensez-vous que certaines fausses informations sont
dues à des objectifs médiatiques ?
q
D d'accord
|
q DI
totalement d'accord
|
|
D pas du tout ~ pas
d'accord d'accord
VII. traitement des informations
Pensez-vous que la liberté d'expression est en
partie la cause de cette situation ?
q
D d'accord
|
ni totalement d'accord
|
|
D pas du tout ~ pas
d'accord d'accord
Quelle image retenez vous de la destination touristique
casamancaise en particulier ?
q ~ pas du tout satisafaisante D satisafaisante
q ~ pas satisafaisante D très satisafaisante
Etes-vous d'avis que l'image de ces zones touristiques
est terni par le conflit?
m oui D non
Connaissez vous une organisation chargée de la
communication sur le conflit?
q ~ oui D non
Est vous d'avis que la communication faite sur la
destination touristique n'est pas forcément la réalité
?
0 oui non
Diriez-vous que l'identité territoriale est
dénaturée par la mauvaise communication ?
oui D non
Existe-t-il forcément un rapport entre
l'activité touristique et les informations du conflit ?
D oui
Que pensez vous de la
L
un potentiel
sous exploité
D
D non
destination touristique ?
D Autre
une identité manipulée
une image une destination
IPëraitEriatvietsque le
WErdiemationsZiguinchoret Djembéring sont affectés par le conflit
au plan touristique
non
D oui
COMMUNICATION DU TOURISME EN ZONE DE CONFLIT
VIII. Les hôtes
Avez-vous de mauvais souvenirs en terme de Les médias
(presse, internet...) sont-ils favorables au
communication touristique lié au conflit? tourisme dans
cette zone de crise selon vous ?
D oui
Si oui lesquels?
fausse annulation
information de voyage
|
D non
depenses
inutiles
|
D autres
|
q ~ braquage disparition tuerie de touriste
Comment jugeriez-vous l'impact du conflit sur le tourisme ?
q ~ negatif
|
assez pas du tout totalement
negatif negatif negatif
|
pas du tout pas D fa orale totalement
favorable favorable favorable
Selon vous est ce qu'il y'a une bonne communication du tourisme
en Casamance à cause du conflit?
q ~ oui D non
Pensez vous que la population joue un role determinant dans la
communication du tourisme ?
oui non
Comment jugeriez vous le role des populations dans la
coomunication du tourisme ?
D pas du tout pas
important important
important D très
important
ANNEXES 3 : Récapitulatif du questionnaire
ANNEXES 4 : Autres données
Graphique des administrés selon l'âge
Graphique des administrés selon le sexe
Age
Sexe
54
33
13
[18-35ans[
[35-45ans[
[45-60ans[
masculin
f eminin
32
68
54
Tableau des administrés selon le niveau
d'étude
|
|
|
|
Nb. cit.
3
|
Fréq.
|
Niveau d'etude
|
35
|
|
Primaire
|
60
|
3,0%
|
0
moy en-secondaire
|
2
|
35,0%
|
supérieur
|
100
|
60,0%
|
autres
2,0%
Graphique des administrés selon la localité
Des informations non vérifiées
12
13
0
62
62
18
pas du tout
d'accord
pas d'accord
d'accord
totalement
d'accord
7
Ziguinchor
Djembéring
autre
34
54
TOTAL OBS.
La localité
|
100%
Des informations non vérifiées
|
Graphique sur la zone rouge comme un facteur bloquant du
tourisme selon les professionnels
La zone rouge comme facteur bloquant x Profession
100
53
53
Non réponse
oui
10
20
4 1
non
domaine du tourisme domaine de la communication
autres
Tableau sur l'implication de l'office du tourisme dans la
communication
0
Sentiment d'implication
Office du tourisme
|
Non
réponse
|
oui
|
non
|
TOTAL
|
oui
|
30,0%
|
24,0%
|
30,0%
|
84,0%
|
non
|
16,0%
|
0,0%
|
0,0%
|
16,0%
|
TOTAL
|
46,0%
|
24,0%
|
30,0%
|
|
Graphique sur la liberté d'expression et son
rôle dans la communication touristique selon les
professionnels
Prof ession x limite de la liberté
d'expression
31
31
domaine du
tourisme
4 5
1
domaine de la
communicatio
n
0
13
4
10
2
autres
7
12
11
pas du tout d'accord pas d'accord
d'accord totalement d'accord
Graphique sur les mauvais souvenirs en Casamance selon
les hôtes
Si oui lesquels ? x Souv enir du
tourisme/com
50
braquage
fausse
inf ormation
depenses
inutiles
tuerie
autres
50
0
Non réponse
41
1
annulation de
voyage
disparition de
touriste
15
13
8
7
31
18
1
oui non
Graphique sur la communication influencée par le
conflit
Prof ession x Votre avis sur la communicatio
50
50
0
domaine du
tourisme
11
domaine de la
communicatio
n
2
8
autres
5
24
oui non
Graphiques sur l'existence d'un organisme
chargé de la communication de crises et l'approche des médias
selon les hôtes
Les medias/hotes
Organisation communicationelle
79
79
21
21
5
5
53
33
9
53
pas du tout
favorable
favorable
oui non
Tableau 7 : historique du conflit en
Casamance
pas favorable f avorale totalement
Dates Evénements
|
Le 26 décembre 1982 ? Des manifestants
séparatistes, munis de
coupe-coupe, envahissent Ziguinchor. Les forces de l'ordre
procèdent à des dizaines d'arrestations, dont celle du leader
charismatique, l'abbé Diamacoune Senghor.
En juillet et Août 1990 Des affrontements
sérieux ont lieu entre
l'armée et les séparatistes.
|
Le 31 mai 1991 Un accord de cessez-le-feu
intervient entre le
gouvernement sénégalais et les
séparatistes du Mouvement des forces démocratiques de
Casamance.
En 1995 De nouveaux troubles éclatent.
Le 6 avril 1995 Quatre touristes français
disparaissent en
Casamance.
En octobre 1995 L'armée lance une
offensive en Basse-
Casamance.
|
Le 8 janvier 1996 Ouverture des premiers
pourparlers de paix
entre les indépendantistes et des représentants de
la Commission nationale pour la paix.
Le 26 décembre 1999 Ouverture des
négociations de paix à Banjul,
un autre accord de cessez-le-feu est signé entre le
gouvernement sénégalais et le MFDC.
|
Le 30 novembre 2000 Une première
rencontre entre le
gouvernement et le MFDC est programmée pour le 16
décembre à Ziguinchor.
Le 24 mars 2001 Le gouvernement et les rebelles
se
rencontrent pour « finaliser » l'accord de paix
signé le 16 mars.
|
Le 30 décembre 2004 Un nouveau
cessez-le-feu est signé entre le
Ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom et Diamacoune
Senghor et une période relativement calme s'installe marquée par
quelques attaques sporadiques.
en avril 2006 Les problèmes de
santé du leader
encouragent des luttes de pouvoir et des affrontements
sanglants éclatent à nouveau.
|
En 2003 Sidi Badji, secrétaire
général du MFDC,
meurt. Les négociations pour la paix se poursuivent.
17 janvier 2007 L'abbé Diamacoune Senghor
meurt à Paris.
En mai 2007 Des rivalités opposent
toujours plusieurs
factions du MFDC qui sont restés dans le maquis,
certaines s'étant réfugiées en Gambie.
En mai 2008 16 villageois qui cueillaient des
noix de cajou
se voient couper les oreilles.
|
Le 06 janvier 2018 Tuerie dans le forêt de
Boya-
Bayotte/Ziguinchor
Le 25 janvier 2018 Affaire braquage suivi de
viol de touristes
espagnols sur l'axe Bignona Kafountine.
|
N.B. : Il ne faut surtout pas oublier les nombreux
braquages et autres activités tantôt imputées au MDFC,
tantôt à des groupes non identifiés et
armés.
Source : Overblog (2009).
ANNEXE 5 : Captures
Captures d'images à partir de sites internet
à propos des articles sur Casamance. Mots-clés : «
Casamance-tourisme-conflit »
î
https://www.google.com: amt
L'appel du roi d'Oussouye à nos
compatriotes du maquis
EDUCTOUR 2019
pressafrik.com
O .
Par Mohamed NDOM
D
e Bignona à Diembéring, en passant par Djimande,
Thionck Essyl ou encore Koubalang, la douzième édition du
festival Koom Koom de Ziguinchor intègre un volet consacré
à promouvoir, par la culture, les potentialités touristiques de
la Casamance. Une occasion d'aller à la rencontre des populations de
divers terroirs et d'impliquer les médias dans le cadre d'une
communication positive en faveur de la Casamance. Sibiloumbaye Diédhiou,
roi d'Oussouye, a lancé un appel en ce sens, hier, à la
delegation de journalistes qu'il a eue l'amabilité de recevoir dans
l'enceinte du bois sacré. Émettant le souhait que l'information
concernant le conflit casamançais ne soit pas dénaturée de
manière à mettre le feu au poudre, il salue ie rôle des
médias qu'il met toutefois en garde contre certains extrêmes.
«Une certaine manière de traiter l'information crée des
problèmes, des incompréhensions, des frustrations inutiles. Le
journaliste c'est quelqu'un de vertueux, vous êtes très proches de
la communauté et vous défendez les intérêts
de la commaunauté parce que c'est grâce â
vous que les gens sont informés à temps, que la situation soit
catastrophique, heureuse ou malheureuse. Vous devez entièrement jouer
votre rôle dans le processus de paix et de développement»,
préconise Sibiloumbaye Diédhiou. Le roi d'Oussouye, par la voix
de son porte-parole, Souleymane Diédhiou, ne manque pas de tendre une
main conciliatrice. Il indique que son «plus grand souhait est que
l'ensemble de nos compatriotes qui sont encore de l'autre côté
puisse quitter le maquis pour que l'on puisse ensemble développer la
Casamance.».
Zig'Fest : une attaque rebelle â Boukitingho a failli
gâcher la fête
Les bandes armées se sont,
malheureusement, invités au festival
international de Ziguinchor. Elles ont profité du
passage de la délégation du ministre d'Etat, par ailleurs maire
rie la ville de 7iniiinrhnr Ahrinulave
G O D
~ r I biJfl~, www.tribune,sn
0
|
O Rechercher sur Facebook
|
CEI c 0 E
bignonainfo.net
Kaguitte: Des hommes armés ouvrent le feu sur
un jeune de 18 ans - Bignonalnfo
bdourahmane Diallo a partagé
un lien dans le groupe CASA-
FOS.
facebook Q
* 0 n C,
0-.;;; 190
ilioAbou Tall CASAMANCE - INFOS hier à
23:16 · el
D EC L IC M ED IA. N ET
Attaque armée en Casamance : 5 personnes prises en
otage I DEC...
Accueil A LA UNE Attaque armée en Casamance : 5 personnes
prises en otage A LA UNEActuali...
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Laye Serigne Fallou Niang
Ds toutes les attaques c les mêmes images
j n ycrois pas
t: -
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Résumé
Le développement du tourisme dans une localité
dépend de plusieurs éléments indispensables, la
stabilité notamment; pour dire que le tourisme se voit difficilement
évoluer dans une situation instable et dans un espace
géographique menacé. C'est vraisemblablement le même
constat qui est fait sur les territoires dits instables. En effet, il est
évident, voire même très évident que le tourisme
reste très sensible à l'instabilité politique d'un pays,
aux guerres, bref aux nombreuses perturbations de tout type :
épidémie, comme c'est le cas du covid-19 actuellement ou tout
simplement la crise casamançaise dans le cas échéant. Dans
les territoires où les conflits internes sont présents ou des
crises récurrentes, le tourisme devient vite une cible fragile. A ce
titre, la communication du tourisme au niveau interne pourrait aider à
maintenir ce secteur qui dans un contexte de crise se détériore
progressivement. Cependant, dans cette étude, nous avons relevé
plusieurs cas dans le traitement de l'information et de la communication dans
des zones de conflit qui entravent la communication touristique, autrement dit,
la promotion du produit en tant que territoire. C'est précisément
la couverture médiatique qui fait défaut avec en face la
naissance des médias modernes. De surcroit, les acteurs du tourisme en
ce qui concerne ce pôle qui travers un problème d'image à
cause du conflit trentenaire, restent léthargiques face à cette
problématique. Ce mémoire est donc, un travail qui se penche sur
une problématique de la communication du tourisme dans les zones de
conflit à travers une analyse sur le rapport tourisme inter conflit dans
les communes de Ziguinchor et Djembéring.
Abstract
The development of tourism in a locality depends on several
essential elements, stability particulary; to say that tourism is difficult to
evolve in an unstable situation and in a threatened geographic area. It's
probably the same observation that is made in so-called unstable territories.
Indeed, it's obvious, even very obvious that tourism remains very sensitive to
the political instability of a country, to wars, in short to the numerous
disturbances of all types: epidemic, as is the case of covid-19 currently or
simply the Casamance crisis if need be. In territories where internal conflicts
are present or recurrent crises, tourism quickly becomes a fragile target. As
such, the communication of tourism at the internal level could help to maintain
this sector which in a context of crisis is gradually deteriorating. However,
in this study, we noted several cases in the processing of information and
communication in conflict zones which hinder tourist communication, in other
words, the promotion of the product as a territory. It's precisely the media
coverage that is lacking with the birth of modern media opposite. In addition,
tourism stakeholders with regard to this area which, through an image problem
due to the thirty-year conflict, remain lethargic in the face of this problem.
This thesis is therefore, a work that looks at a problem of tourism
communication in conflict zones through an analysis on the inter-conflict
tourism relationship in the municipalities of Ziguinchor and
Djembéring.
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