~ 17 ~
I.5. INCIDENCE ET RISQUE DE MORT SUBITE DU SPORTIF
Une étude de cohorte prospective menée de 1979
à 1999 dans la région de Veneto au nord de l'Italie,
auprès des patients de 12 à 35 ans, regroupant des
athlètes et des personnes sédentaires où 300 cas de mort
subite ont été recensés sur 1 386 600 individus dont 112
790 athlètes de haut niveau en lien ou non avec la pratique sportive.
Les proportions se présentent comme suit :
- 55 athlètes soit une incidence de 2,3 %000 par an
- 245 non sportifs, soit une incidence de 0,9 %000 par an.
Ce qui correspond à un risque relatif de mort subite
des athlètes de 2,5 (intervalle de confiance de 95% ; [1,8-3,4] ;
p<0,0001) (Corrado et al., 2003)..
Aux Etats-Unis, l'incidence de mort subite est plus faible
sur la population sportive, allant jusqu'à 0,4 %000 par an. Cela a
été rendu public lors de deux études menées, l'une
auprès des sportifs âgés de 13 à 24 ans (par Van
Camp de 1983 à 1993) et une autre menée auprès des
athlètes lycéens de 13à 19 ans au Minnesota (par Maron et
al., 1985 à 1995) (Van Camp et al., 1995 ; Maron et al.,
1996).
I.6. PREVALENCE DES PATHOLOGIES CARDIOVASCULAIRES
ASSOCIEES AU RISQUE DE MORT SUBITE CHEZ LE SPORTIF
Le risque de mort subite est associé à la
présence soit des dysplasies du ventricule droit (28 % des cas) soit
d'une coronaropathie athéroscléreuse précoce (18,2 %) ou
congénitale (12,7 (Corrado et al.. 2003).
Il a été montré qu'aux Etats-Unis, la
prévalence des cardiomyopathies hypertrophiques est accrue (36% des
morts subites survenues chez les athlètes) et des anomalies
d'implantation des artères coronaires (13%) (Van Camp et al., 1995 ;
Burke et al., 1991).
Parmi les cardiopathies fréquentes chez le sportif,
l'on note également les sténoses aortiques, les dissections et
ruptures aortiques associées au défaut de tissu conjonctif
(syndrome de Marfan), les troubles du rythme associés à des
faisceaux accessoires auriculoventriculaires ou à des canalopathies
(syndromes de QT Long, Brugada) et des myocardites et valvulopathies
mitrales.
-' 18 -'
I.7. CONTENU DU BILAN CARDIOVASCULAIRE LORS DES VISITES DE
NON-CONTRE INDICATION A LA PRATIQUE SPORTIVE EN COMPETITION
Aux Etats-Unis, l'American Heart Association (AHA) a mis sur
pied, depuis 1996, un dépistage des cardiomyopathies chez les
athlètes des lycées et universités. En 2007, des
recommandations ont invité à rechercher des items au nombre de 12
à l'interrogatoire et à l'examen clinique. En complément,
des examens sont secondairement envisagés dès la mise en
évidence d'une anomalie. Afin de tenir compte du nombre
d'athlètes et de la rareté des anomalies cardiaques, l'ECG
à 12 dérivations est exclu. En absence d'un cadre légal de
dépistage, ce sont généralement les dirigeants des
équipes sportives qui déterminent la nécessité et
les modalités du bilan. Les médecins sont tenus responsables lors
d'une survenue de mort subite liée à une anomalie cardiaque non
dépistée. Néanmoins, les athlètes sont tenus de le
suivre.
En Europe, l'European Society of Cardiology (ESC) recommande,
et ce, depuis 2005, la mise en oeuvre d'un protocole dit européen de
dépistage chez les jeunes athlètes en compétition,
basée sur la pratique des ECG à 12 dérivations en
associant l'interrogatoire et l'examen clinique (Corrado et al.,
2008). Certaines spécificités sont mises en exergue afin d'aider
le praticien dans la détection des cardiopathies. Ce dépistage
est recommandé en début de compétition et se poursuivre
tous les deux ans afin d'aider à la détection des pathologies
(génétique ou latente).
En cas d'anomalie au premier bilan, des tests non invasifs
sont prescrits à l'athlète entre autres :
l'échocardiographie, le Holter-ECG et test à l'effort ; si le
besoin se fait consentir, les tests invasifs tels que les valvulographies
droites, la coronarographie et les explorations électrophysiologiques ne
sont pas en reste.
Si par contre la cardiopathie est identifiée, le
médecin-praticien recommanderait le suivi selon la Conférence de
Bethesda en 2005 (Maron et al., 2005).
En France comme au Cameroun, le certificat médical de
non contre-indication à la pratique sportive est une
nécessité et devra être délivré par un
médecin compétent. Les coûts de cette visite sont à
la charge soit de l'athlète, soit des dirigeants des structures
sportives. Il est reconnu que pour les sportifs de haut niveau pour qui le
bilan doit être effectué par un médecin du sport. Il est
recommandé qu'une fiche technique auto interrogeant le patient soit
rempli et visé par lui et pour les mineurs par leurs parents. Le
--' 19 --'
questionnaire doit connaitre l'approbation de la
Société Française de Cardiologie (SFC) de la
Société Française de Médecine du Sport (SFMS).
Néanmoins, la plupart des athlètes camerounais
se limitent à la seule prise des paramètres
anthropométriques lors des regroupements, que ce soit en club ou en
équipe nationale.
|