0.2. Problématique
Alors que la République Démocratique du Congo
vient de tenir ses premières élections démocratiques
depuis l'indépendance, et que le monde entier reprend confiance dans
l'avenir de ce pays remarquable, le peuple congolais va faire l'inventaire de
ses multiples ressources abondantes et précieuses, humaines et
naturelles, pour les employer à reconstruire le pays après une
des guerres civiles les plus sanglantes de l'histoire. Dans le haut de la
liste, il y a les parcs nationaux, les piliers d'une industrie touristique
renaissante, l'héritage vital pour les générations
futures. Ainsi, tous les yeux tournent vers les Virunga, le plus
précieux des parcs congolais, l'emblème non seulement du Congo,
mais aussi du continent tout entier.
Pendant que le Parc National des Virunga vient de
célébrer son 90ème anniversaire, nous pouvons
certes nous émerveiller devant la magnificence de ce site exceptionnel.
C'est aussi le moment d'explorer les domaines où nous aurions pu faire
davantage pour limiter les dommages qui ont été infligés
à ce trésor national mondial fabuleux.
Le Parc National des Virunga ne peut qu'être
décrit que par des superlatifs : c'est le plus ancien parc national du
continent africain, le premier site du patrimoine mondial d'Afrique, l'aire
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protégée la plus riche en nombre des
vertébrés, mais aussi un des joyaux africains le plus
menacés.
Au début des années 2000, différents
partenaires se sont joints aux efforts de l'ICCN et du World Wild Found (WWF)
pour conjuguer leurs actions et sauver ce patrimoine mondial de l'UNESCO
inscrit depuis 1994 sur la liste des sites en péril. Sur terrain, les
partenaires se sont forgés entre le WWF, la société
Zoologique de Londres, la Wildlife Conservation Society pour venir en appui de
l'ICCN. Cependant, le travail est loin d'être terminé ; des
milliers de tonnes de charbon de bois sont produites chaque année dans
le PNVi en toute impunité, et les populations d'éléphants,
d'hippopotames et des nombreuses autres espèces ont atteint leur
effectifs les plus bas, même si elles semblent maintenant se
stabilisé. Ces menaces dépassent largement les limites du parc et
mettent en danger la survie des milliers de personnes qui dépendent
largement de la pêche dans le lac Eduard, ou du maintien des
écosystèmes forestiers et de leurs services écologiques et
économiques.
En sus, au Nord Kivu, le gouvernement congolais a
accordé des concessions ou blocs pétroliers à quelques
compagnies pétrolières. La compagnie britannique SOCO a obtenu le
bloc V qui se trouve dans les trois territoires de BENI, LUBERO et RUTSHURU et
dont 52% occupe le Parc National des Virunga et la totalité du lac
Eduard ; s'appuyant sur la loi n°14/003 du 11 Février 2014 relative
à la conservation de la nature dans son chapitre quatre
spécialement à son article 19 qui propose des mesures
dérogatoires pour raison d'intérêt public dans la
protection de l'environnement. Pourtant, dans la déclaration de Kinshasa
sur les sites du patrimoine mondial de la RDC du 14 Janvier 2014 à son
titre VIII, la RDC inscrit la nécessité de limiter la
détérioration des cinq sites du patrimoine mondial de la RDC afin
de préserver leur valeur universelle exceptionnelle et de
réunir
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les conditions pour leur réhabilitation
écologique en vue de leur retrait futur de la liste du patrimoine
mondial en péril.
Par cette, déclaration, la RDC s'inscrit dans l'ordre
des différentes conventions internationales interdisant l'exploitation
des ressources naturelles à l'intérieur des parcs nationaux et
des sites de l'UNESCO. Les compagnies pétrolières ont tendances
à rassurer sur la question de l'environnement en avançant
l'argument du progrès technologiques, tout en sachant que le risque
zéro n'existe pas dans les opérations pétrolières
surtout dans une zone volcanique comme l'Ouest du lac Eduard, les risques de
catastrophes tels que des ruptures de pipelines entrainant des marées
noires, des incendies d'hydrocarbures ou des pollutions plus faibles mais
continuels telles que des fuites, des dégazages illégaux ou
l'accumulations des déchets sont bien réels.
Ainsi, considérant les aspects indiqués ci-haut,
une question principale et deux subsidiaires ont attiré notre
curiosité scientifique :
Question principale
? Pourquoi le gouvernement congolais tente-t-il d'autoriser
l'exploitation pétrolière dans une aire protégée
telle le Parc National des Virunga ?
Questions subsidiaires
? Comment l'exploitation du pétrole dans le Parc
National des Virunga pourrait-elle contribuer à l'éradication de
la pauvreté dans le chef des populations et contribuer à la
régulation du climat?
? Quel est le bilan de l'exploitation forestière dans
les zones environnantes du Parc National des Virunga et de l'Est de la RDC?
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