PREMIERE PARTIE
GENERALITES
CHAPITRE PREMIER
CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE
1. Problématique
En matière de politique éducative, la
qualité et l'efficacité de l'apprentissage sont des notions
clés. Au moment où les débats actuels sont
focalisés sur la rentabilisation du temps de travail, la gestion
axée sur les résultats, le temps continue d'être mal
géré dans nos établissements. Sans risque de se tromper,
on peut affirmer que les grèves répétées, les
activités liées au processus électoral, les absences
répétées et prolongées, les visites aux heures de
cours, les appels téléphoniques de longue durée, les
sorties anarchiques etc... constituent des freins à la mise en oeuvre
correcte des programmes d'études. Même si l'année scolaire
est apparemment apaisée et n'a connu aucune perturbation significative
visible, des manques à gagner sont d'une manière ou d'une autre
occasionnés aux principaux bénéficiaires des prestations
des enseignants que sont les apprenants. La gestion à bon escient du
temps scolaire au quotidien devient alors une préoccupation majeure en
vue d'assurer à nos élèves une formation de
qualité, c'est ce qui nous amène à nous poser la question
suivante:
Quelles peuvent être les causes et les
conséquences de la réduction du temps scolaire dans notre
système éducatif ?
Notre recherche se propose de répondre à cette
question suivant les objectifs que nous nous sommes fixés.
2.
Revue de littérature
Afin de mieux maitriser les contours de notre sujet et
d'approfondir nos connaissances sur la question de l'impact de la
réduction du temps scolaire sur l'apprentissage dans l'enseignement
secondaire général au Bénin, une prise de connaissance des
études antérieures dans le domaine a été faite.
Dans son ouvrage intitulé«Les
rythmes majeurs de l'enfant», (2009)MONTAGNER
Hubert,évoque d'abord la notion de rythme de
développement mais l'essentiel est consacré aux rythmes
biopsychologiques de l'enfant, depuis les premiers jours de la vie postnatale
jusqu'aux âges de l'école élémentaire inclus.
L'accent est mis sur deux rythmes majeurs qui influencent les capacités
d'attention, de traitement de l'information, de mobilisation des ressources
intellectuelles et de communication, ainsi que la fatigue : le rythme
veille/sommeil au cours des vingt-quatre heures et le rythme des fluctuations
de la vigilance comportementale dans la journée. En France,
l'aménagement du temps scolaire ignore ces rythmes. Des propositions
sont formulées pour l'améliorer.
PERRENOUD Philippe dans son
ouvrage« Le temps en éducation
:regards multiples» (2001)aborde la problématique du temps
en éducation à travers une réflexion sur l'organisation du
travail scolaire et son rôle dans la lutte contre les
inégalités devant l'école.
Il rappelle ainsi la grande tendance de l'évolution du
temps scolaire et les propositions d'aménagement des rythmes scolaires
existants au niveau de l'année, de la semaine et de la journée.
Il dresse ensuite un bilan d'expérimentations menées sur trois
sites pilotes en France et évalue les effets bénéfiques
constatés aux plans psychosociologique, cognitif, social et culturel.
Enfin, il analyse les conditions de leur réussite et les
résistances qui freinent le développement de ces innovations. Il
permet en fait par une discussion sur la comparaison des coûts
d'opportunité des différents temps, d'enrichir la
réflexion académique sur l'efficacité du temps scolaire.
Face à un temps scolaire relativement standard qui ne
prend pas en compte les rythmes d'apprentissage différents selon les
élèves, l'auteur propose d'autres registres de
différenciation : didactisation des tâches, nouvelle organisation
du travail scolaire dans le cadre de cycles d'apprentissage pluriannuels.
Dans leur ouvrage
intitulé« Le temps en éducation :
regards multiples »,SAINT-JARRE Carole et DUPUY-WALKER
Louiseont fait le point sur ce que représente l'organisation du
temps en éducation. Les auteurs issus de différents champs
d'étude (histoire, sociologie, étude des organisations,
pédagogie...) tentent de mieux comprendre le rôle que joue le
temps dans le système éducatif. La première partie veut
cerner les bases de l'organisation du temps en éducation. La
deuxième partie s'intéresse aux effets des changements sociaux
sur la réforme des pratiques éducatives, qu'ils portent sur les
systèmes et structures scolaires ou dans la classe. La troisième
partie rassemble six contributions qui examinent l'organisation du temps en
éducation sous l'angle de l'individu et sous celui de l'institution.
Enfin, le dernier chapitre porte une réflexion critique sur certaines
préconisations (augmentation du temps scolaire) et examine des
modèles alternatifs permettant de rationaliser l'utilisation du temps et
des ressources.
Dans son ouvrage intitulé :
« L'organisation et l'utilisation du temps scolaire à
l'école primaire : enjeux et effets sur les
élèves » (2009), SUCHAUT Bruno,
fait le point sur la question de l'organisation du temps à
l'école primaire en mobilisant les résultats des recherches sur
le temps scolaire. Dans une première partie, l'auteur reprend les
principaux résultats mis en évidence par les études
internationales et françaises sur l'efficacité du temps
d'enseignement. Il montre les modifications en France sur le plan quantitatif
(diminution du nombre d'heures de classe sur un siècle) et qualitatif
avec le développement des activités périscolaires et de
l'accompagnement éducatif. Ensuite il donne une synthèse des
travaux qui se sont intéressés à la relation entre le
temps alloué aux disciplines et les apprentissages des
élèves. La deuxième partie est consacrée aux
travaux liés à la problématique de l'organisation du temps
scolaire (dans l'année, la semaine, la journée) et aux rythmes
d'apprentissage des élèves. Ces recherches sont de deux types :
recherches expérimentales organisées par les chrono-biologistes
et les chrono-psychologues et d'autres qui cherchent à évaluer
l'impact d'organisation du temps alternatifs sur les acquisitions des
élèves.
SUE Rogeraborde également la question
dans son ouvrage intitulé : Les temps nouveaux de
l'éducation (2006).Pour lui, l'institution scolaire s'est construite sur
le modèle de l'atelier, de l'usine et des lieux de mise au travail.
« La forme scolaire et notamment le temps scolaire sont calqués sur
l'organisation du travail industriel, sa discipline et ses valeurs auxquelles
ils doivent préparer ». Il établit un parallèle entre
la crise du travail et la crise de l'école et analyse les mutations du
travail. Il distingue deux transformations essentielles: l'importance
croissante des activités hors travail dans la performance du travail
lui-même et les qualités ou compétences requises et
attendues au travail. Mais celles-ci ne sont pas inscrites dans la formation
scolaire, elles peuvent même être incompatibles avec la forme
d'apprentissage.
L'auteur plaide pour relativiser le temps scolaire par rapport
à d'autres temps considérés comme éducatifs.
L'éducation s'opère aussi dans de multiples autres lieux que
l'école et il s'y transmet aussi tout un ensemble de savoirs - les
savoir-faire associatifs qui pourraient également faire partie d'une
certification et d'une validation.
Quant àLELIEVRE Claude, dans son
ouvrage intitulé :« Les politiques
scolaires mises en examen : onze questions en débat »
(2008) il retrace l'évolution de l'aménagement du temps scolaire
en France. Il est question du découpage de l'année scolaire et de
l'adaptation des calendriers scolaires avec le zonage géographique des
congés pour des raisons socio-économiques ainsi que de la
durée de la journée scolaire. Il rappelle les textes officiels
qui organisent le temps scolaire et éducatif et les débats
suscités par ce sujet (aménagements du temps scolaire au niveau
local, les devoirs à la maison, la semaine de classe
écourtée dans le primaire).
Bruno SCHANT
(2009) dans son ouvrage
intitulé :« L'organisation et l'utilisation du temps
scolaire à l'école primaire : enjeux et effets sur les
élèves », il montre clairement que le temps
scolaire est une notion centrale en matière de politique
éducative car son organisation et son utilisation déterminent
les conditions d'apprentissage des élèves. Si du point de vue de
la recherche en éducation cette question peut être abordée
sous des angles divers, c'est principalement la répartition du temps qui
retient le plus l'attention des acteurs du système éducatif et
qui fait débat comme c'est aujourd'hui le cas avec la suppression du
samedi matin à l'école primaire.
Dans cet ouvrage, il montre que le temps scolaire peut
s'aborder sous l'angle de plusieurs disciplines qui utilisent des paradigmes
spécifiques. Selon lui le temps reste la ressource principale qui
structure toutes les activités éducatives et qui est
l'ingrédient incontournable de toute phase d'apprentissage. Le coeur de
cette problématique concerne donc les conséquences de la
distribution et de l'usage du temps scolaire des élèves. Pour sa
part la question du temps scolaire est en relation directe avec d'autres
questions essentielles comme celle du traitement de la difficulté
scolaire, et même plus généralement encore, celle de
l'efficacité des pratiques d'enseignement.
Dans la première partie, il a mis l'accent sur le
volume du temps offert aux élèves et sa répartition au
cours de l'année, de la semaine et de la journée. Selon lui le
modèle d'analyse du temps d'enseignement proposé par Smyth (1985)
distingue les différents niveaux d'analyse possibles en articulant ces
deux aspects quantitatifs et qualitatifs. Un premier niveau de ce modèle
se limite à la quantité officielle de temps d'enseignement, le
second se centre sur la quantité d'instruction reçue par
l'élève, celle-ci pouvant différer de la
précédente, notamment du fait des absences des enseignants et des
élèves. Le niveau suivant examine le temps effectivement
alloué au contenu des activités scolaires. Les deux derniers
niveaux de ce modèle concernent la dimension qualitative du temps avec
le temps d'enseignement de l'élève sur la tâche (lié
à l'attention de l'apprenant) et enfin le temps d'apprentissage
académique qui peut être considéré comme la
rentabilité du temps d'enseignement sur les apprentissages. Ce
modèle d'analyse permet de considérer l'ensemble des dimensions
du temps d'enseignement allant d'une approche globale et institutionnelle
à une approche ciblée sur les comportements des
élèves.
Pour cet auteur, depuis cent ans, la durée de
l'année scolaire a été divisée par
1,5 passant de 1338 heures au début du
XXième siècle à un nombre théorique de
864 heures aujourd'hui (il n'est pas tenu compte dans ce calcul des 60 heures
attribuées dans le cadre de l'aide personnalisée). Cette
diminution du nombre annuel d'heures d'enseignement correspond à une
diminution du nombre de jours d'école (par augmentation des jours de
congé) et, de ce fait à la baisse du nombre d'heures dans la
semaine : passage à 27 heures en 1969, puis
à 26 heures en 1989. Depuis cette date, on relève une
dissociation entre le temps des élèves et celui des enseignants
qui bénéficient d'un temps spécifique pour les
activités de concertation pédagogique notamment. Depuis 2009, la
durée hebdomadaire d'enseignement s'est encore réduite à
24 heures pour les élèves qui n'éprouvent
pas de difficulté. .
CHOPIN Marie-Pierre dans un article
publié intitulé« Les usages du "temps" dans les
recherches sur l'enseignement »,N° 170, mars 2010, fait
l'analyse de la manière dont les chercheurs en éducation font
usage du concept de temps. Allongement ou raccourcissement du temps
d'enseignement, rationalisation du temps de travail des professeurs,
individualisation des temps d'apprentissage des élèves. Le
recensement des travaux sur ce sujet fait apparaître un
phénomène de répétition/recomposition. Dans une
première partie, l'auteur établit, dans une perspective
diachronique, une synthèse des travaux américains sur le temps de
l'enseignement avec une focalisation dans les dernières recherches sur
le temps d'enseignement. Dans une deuxième partie, l'auteur
s'intéresse aux travaux francophones produits sur ce sujet. Pour
l'auteur, « la réflexion sur le temps de l'enseignement conduit en
fait à un retour questionnant sur les finalités
pédagogiques mais aussi politiques de l'école ». .
Dans laRevue française de pédagogie,
DELHAXHE Arlette a produit unarticleintitulé«Le temps
comme unité d'analyse dans la recherche sur
l'enseignement » (1997)dans lequel elle retrace la
manière dont le temps a été pris en compte depuis le
début du siècle selon les paradigmes qui ont jalonné la
recherche sur l'enseignement. Elle montre que l'importance de la
variabilité du temps que le maître alloue réellement
à l'enseignement d'une matière est reconnue depuis longtemps et
constitue un fait récurrent dans tout ce courant de recherche. Les
progrès méthodologiques réalisés pour mieux
appréhender les relations entre le rendement des élèves et
le temps d'apprentissage sont également analysés. Ainsi, le
modèle de Carroll et tous les travaux qui se sont
caractérisés par la prise en compte du temps investi par
l'élève dans l'apprentissage de la matière ainsi que la
relation entre contenu enseigné et contenu évalué y sont
présentés.
KPOSSIHANDE J. et
FASSINOUA.(1986), ont abordé la question de la
réduction du temps scolaire sous l'angle de la vocation que tout
enseignant doit avoir pour son métier. A travers le thème
intitulé « Le métier d'enseignant et le
problème de la vocation en République Populaire du
Bénin », ces auteurs pensent qu'il convient de donner
à la vocation sa place et de voir comment faire pour avoir debons
enseignants. Ils ont donc pour cela :
ü Cherché des éléments de
référence en essayant de dégager un profil-type de
l'enseignant : son rôle, sa mission, ses qualités physiques,
intellectuelles et morales, ses aptitudes et sa vocation.
ü Décrit les mutations intervenues depuis 1975 qui
ressemblent à une certaine "prostitution" de la fonction enseignante
apparue dès la création d'un corps de jeunes instituteurs
révolutionnaires et l'institution des services d'assujettissement
à la mission d'enseignement, des enseignants contractuels
d'Étatet contractuels locaux. Ces mutations sont
caractérisées par :
§ La détérioration des conditions de vie et
la dégradation des conditions de travail;
§ La cohabitation d'enseignants
hétéroclites;
§ La mauvaise place de l'enseignant dans la
société;
§ L'absence de motivation.
Il apparaît alors que ce sont les recrutements peu
rigoureux, les mauvaises conditions de vie et de travail ainsi que la formule
`'tout cadre est enseignant `' qui ont contribué à faire baisser
le temps scolaire. Les auteurs estiment alors que la revalorisation de la
fonction enseignante passe par :
· un recrutement rigoureux;
· une formation initiale sérieuse et
obligatoire;
· une formation continue effective ;
· une formation permanente contrôlée par des
inspections régulières;
· les stages de perfectionnement à
l'étranger;
· l'obligation faite à l'enseignant de faire de la
recherche.
ANJORINI. (1986) pour sa
part a fait une étude sur l'influence de la formation initiale des
enseignants du moyen général sur les rendements scolaires.
L'auteur s'est proposé d'analyser le caractère
hétérogène des qualifications du personnel enseignant en
vue de savoir le remède à apporter, car il estime qu'un rapport
de cause à effet assez significatif peut être établi entre
l'inexistence et la qualité de la formation initiale de l'enseignant et
le rendement scolaire des élèves dont il ala charge.Il a
situé l'importance de la formation initiale en mettant l'accent sur son
sens, son but et sa nécessité. Il a ensuite; à travers une
description du personnel enseignant en place à cette époque, mis
en évidence la distorsion flagrante entre ce qui est prévu et ce
qu'on a en réalité et qui est caractérisé par une
grande diversité des profils. L'analyse de l'auteur a tenté de
mettre en évidence d'une part les implications de l'absence de formation
initiale du professeur sur le rendement scolaire et d'autre part les
conséquences néfastes pour l'enseignement tant sur le plan
psychologique et pédagogique que sur celui des connaissances.
Quant à OTODJI F & HOUNDEKPINKOU P.
(1983) abordant leur étude sur les problèmes
d'intégration du jeune enseignant béninois dans son milieu
professionnel, ont souligné que le rôle de l'enseignant que le
stagiaire est appelé à jouer risque d'être amoindri si
certaines difficultés d'ordre matériel et moral n'étaient
pas éliminées ou atténuées.Pour étudier ces
diverses préoccupations, les auteurs ont procédé à
une enquête par questionnaire auprès de professeurs qui
travaillent depuis longtemps afin de proposer une panoplie de solutions.
Ces différents travaux, dans leur ensemble, ont
abordé la question de la qualité de l'enseignement d'une
façon générale. Les trois derniers ont mis un accent
particulier sur la thématique dans notre pays le Bénin. Elles
ont le mérite d'apporter des éléments appréciables
pour alimenter notre réflexion sur la qualité et
l'efficacité du système éducatif béninois. Pour
notre part, nous avons voulu étudier la situation qui prévaut en
matière de qualité et d'efficacité de l'offre
éducative dans l'Enseignement Secondaire Général 3
Bohicon, du point de vue de la gestion et de l'utilisation du temps
scolaire.
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