Tableau VIII : Statut des
enseignants et niveau d'exécution de la masse horaire annuelle
NEP
Statut
|
Exécution
Intégrale
|
Exécution
Partielle
|
Total
|
ACE
|
13
|
05
|
18
|
APE
|
5
|
9
|
14
|
EVL
|
13
|
5
|
18
|
Total
|
31
|
19
|
50
|
De l'analyse de ce tableau, il ressort que la majorité
des enseignants vacataires locaux et Contractuel d'État exécutent
intégralement la masse horaire annuelle. Alors que les Agents Permanents
de l'État battent le record dans l'inachèvement des programmes
d'études. Nous pouvons affirmer que la précarité est aussi
un facteur de réduction du temps scolaire.
La notion de précarité relève de deux
dimensions intimement liées: la précarité du travail de
l'enseignant et la précarité de l'emploi de l'enseignant.
La précarité de l'emploi « vaut pour
les individus qui ont un emploi incertain, c'est-à-dire qui ne sont pas
en mesure de prévoir leur futur professionnel »
Les critères à prendre en compte sont au nombre
de trois : durabilité de la relation d'emploi, l'unicité de
l'employeur et le niveau des revenus.
En effet, au Bénin les autorités
éducatives se sont davantage tournées vers une politique
d'embauche `'d'Enseignants VacatairesLocaux'' (EVL) ou Agents Contractuels
d'État (ACE) comme une alternative à moindre coût pour
répondre aux déficits chroniques de recrutement. Le recours
à des professeurs sous contrat apparaît comme une solution pour
notre pays qui perçoit comme pris entre le marteau et l'enclume,
confronté à la pression d'augmenter le taux de scolarisation en
accord avec l'objectif 2015 de l'Education Pour Tous (EPT) et à de
sévères contraintes budgétaires. Ainsi, au CEG3 Bohicon,
les EVL représentent une grande majorité du corps professoral
depuis l'année scolaire 2004-2005 jusqu'à nos jours. La
durée de leurs contrats de travail est seulement de neuf (09) mois. Ces
contrats ne sont pas toujours renouvelés l'année scolaire
suivante pour les mêmes personnes qui déjà, ne
bénéficient pas des mêmes rétributions que leurs
collègues permanents. Cette insécurité de l'emploi et
cette frustration salariale poussent ces EVL à une insouciance totale
dans l'exercice de leur métier. Pour maximiser leurs rétributions
et se donner une sécurité financière pendant les temps de
chômageéventuel, ils se trouvent obligés de prendre
d'autres engagements. Ils sont à la fois présents dans plusieurs
autres établissements secondaires. Ce qui expliqueles retards
observés au cours et le non respect de l'heure réglementaire de
la findes cours. Ce comportement raccourcit énormément le temps
d'apprentissage des apprenants.
Mais cette dimension de la précarité n'est pas
le seul facteur qui diminue la qualité de l'apprentissage dans les
classes.
La précarité du travail « tient
à ce que les individus considèrent le travail comme sans
intérêt, mal rétribué et faiblement
reconnu ».Autrement dit, le personnel enseignant est moins
rémunéré par rapport aux fonctionnaires des autres
secteurs de la même catégorie qu'eux. En effet ces derniers
travaillent huit heures par jour, soit quarante heures par semaine. Un
professeur certifié par exemple suivant un décret français
datant de 1950, travaille 18 heures par semaine devant
l'élève et 45 heures par semaine chez lui afin
de préparer ses cours, corriger les copies des évaluations et
actualiser ses connaissances dans sa discipline.Il travaille donc au total
63 heures par semaine et il bénéficie du
même traitement indiciaire que les autres fonctionnaires de la même
catégorie, de la même échelle et du même
échelon que lui.
Par ailleurs, comparativement aux fonctionnaires des autres
secteurs d'activités l'enseignant bénéficie faiblement de
primes et indemnités liées à l'exercice de son
métier. Comme exemple, un personnel du ministère de la micro
Finance des Petites et Moyennes Entreprises de l'Emploi des Jeunes et des
Femmes (MMFPMEEJF) et du Ministre du plan, du Développement et
d'Évaluation de l'Action Publique (MPDEAP), qui à cent mille
francs de salaire brut mensuel perçoit entre cent dix neuf mille et cent
vingt trois mille francs par
Mois de primes et indemnités, quand l'enseignant
prenant le même salaire brut que lui se retrouve à environ
quarante mille francs de primes et indemnité. En effet, la
majorité des professeurs estiment qu'ils sont moins
rétribués par rapport aux titulaires de titres professionnels
comparables aux leurs et travaillant dans d'autres secteurs d'activités.
Ce qui s'explique par la différence entre la condition sociale et
matérielle de l'enseignant et celle des autres fonctionnaires.Leurs
enfants reçoivent les enseignements dans des établissements
publics où les cours sont perturbés le plus souvent par des
mouvements sociaux. Pendant ce temps les fonctionnaires titulaires de titre
comparables aux leurs, en si peu de temps de leur carrière se trouvent
à un haut niveau de réalisation matérielle. La plupart
assure à leurs progénitures l'éducation dans des centres
privés d'enseignement où les conditions d'apprentissage sont
meilleures. Aussi, les enseignantspensent-ils que leur niveau de vie s'est
profondément dégradé comparativement au niveau de vie
d'autres fonctionnaires ayant le même grade qu'eux. De ce point de vue,
l'enseignant est l'indigent de la société béninoise. Son
faible pouvoir d'achat lui donne une triste célébrité.
L'indécence de sa condition matérielle et de vie le place dans
une position moyenne dans la société. Alors que les professeurs
certifiés de l'enseignement secondaire sont des cadres de la
catégorie A, échelle du secteur de l'éducation, la
majorité de leurs élèves enquêtés les mettent
au rang des cadres moyens.L'enseignant qui, hier, était craint des
élèves se voit de plus en plus confronté à des
situations d'indiscipline notoire. Il naît à son niveau un
sentiment de frustration et d'insatisfaction. Ainsi, pour améliorer son
statut social en pleine dégradation, il se lance dans des mouvements de
grève et s'engage dans d'autres activités lucratives comme la
vacation dans plusieurs établissements et éventuellement dans le
commerce de toute sorte. L'année scolaire se trouve diminuée de
plusieurs semaines de cours et letemps d'apprentissage effectif des
élèves est rongé de plusieurs minutes du fait d'une part
des grèves répétées et d'autre part des retards et
des fins précoces des cours.
Au regard de tout ce qui précède, la
qualité et l'efficacité de l'enseignement laissent à
désirer. Mais une autre cause non moins importante est à prendre
en compte quand il s'agit d'expliquer la réduction du temps
d'apprentissage de l'élève : l'effritement de la conscience
professionnelle de l'enseignant.
2-2-4.
Titre universitaire des enseignants et le niveau d'exécution de la masse
horaire
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