3.4.2. Stratégies paysannes
En réalité, il s'agit des itinéraires
techniques que les paysans ont l'habitude de suivre pour la culture de
maïs. Ainsi, chaque paysan étant maître de son
itinéraire, il existe des points de concordance et de divergence au sein
des activités menées en champ par les paysans. Celles-ci influent
sur la productivité des cultures, à raison des moyens financiers,
matériels, techniques et humains mis en oeuvre.
Dans le cas de cette étude, il en ressort des pratiques
culturales observées, que les paysans labourent leurs champs, utilisent
leurs propres variétés qu'ils multiplient au fil du temps et
s'échangent. Cette semence est préalablement traitée par
des pesticides provenant de la SODECOTON, et semée à raison d'une
à deux graines par poquet. Toutefois, les opérations de ressemis
des parcelles sont quasiment nulles, tandis que l'entretien des jeunes
plantules se limite au désherbage et à la fertilisation.
Dans le cas du désherbage, la plupart des paysans ont
effectué deux passages. Le premier en pré-levée, se fait
par l'utilisation d'un herbicide total, le Round-Up (480 g/l de Glyphosate). Le
second en post-levée, se fait par l'utilisation du Nicomaïs (40 g/l
de Nicosulfuron) comme herbicide sélectif. D'autres paysans, en plus du
premier cas, font recourt au sarclo-buttage, par l'utilisation d'une charrue
à soc attelé à la traction bovine ou asine.
Quant à la fertilisation, les engrais chimiques sont
les plus employés et préférés aux engrais
organiques. Les dosages observées sur les plantes montrent que les
proportions varient entre 0 - 300 kg/ha d'urée (46 % N) ; 40 - 250 kg/ha
d'engrais complexe (21-8-12 + 3S + 1B + 2,5 MgO + 2 CaO) et de 0 - 8 kg/ha de
sulfate de zinc, mélangé à l'engrais complexe.
3.4.3. Dispositif expérimental
Le dispositif expérimental utilisé est en bloc
complètement randomisé. Le facteur étudié est le
niveau d'intensification, et les traitements sont les deux niveaux NI1 (niveau
d'intensification faible) et NI2 (niveau d'intensification élevé)
comparé à SP (stratégie paysanne). Ceux-ci ont
été répétés deux fois par champ, et chaque
sous-parcelle ou unité expérimentale mesurait 20 m de long et 6,4
m de large (soit 20 m × 8 lignes × 0,80 m = 128 m2). Les
sous-parcelles étaient espacées de 3 lignes de maïs soit 2,4
m. Dès lors, 17 champs ont été recensés et
testés auprès des paysans volontaires et groupés suivant
une certaine homogénéité (9 sols dégradées
et 8 sols fertiles) de leur aptitude à apprécier le niveau de
fertilité du sol. Un exemple de plan d'essai par champ paysan est
représenté par la Figure 2.
NI1
NI2
SP
20 m
6,4 m
NI1
NI2
SP
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Figure 2 : Dispositif expérimental.
Légende :
- NI1 = niveau d'intensification faible - NI2 = niveau
d'intensification élevé - SP = stratégie paysanne
3.4.4. Conduite de l'essai
3.4.4.1. Choix des parcelles
Le choix des sols dégradés ou fertiles dans le
cadre de cette étude n'est point une présomption. Mais se
réfère au travail mené par M'biandoun en 2009, mettant en
exergue « Le savoir paysan comme indicateur de la fertilité du sol
dans les terroirs de plaine du Nord Cameroun ». D'après lui, les
paysans utilisent quatre indicateurs dans un ordre bien établi et de
manière empirique, qui peuvent les amener à estimer la
fertilité de leurs terres et les cultures qui peuvent y réussir :
(1) les mauvaises herbes présentes ; (2) l'état biophysique du
sol qui comprend la macrofaune présente, la texture et la couleur du sol
; (3) la productivité du travail ; (4) et le rendement.
Au terme de cette étude couronnée par des
analyses de sols au laboratoire, le jugement de la fertilité des sols
par les paysans s'est avéré crédible. Ainsi, la
présente méthodologie déterminant le choix des parcelles a
été utilisée à Gaschiga à travers : (1) les
enquêtes après des chefs d'exploitation sur leur savoir-faire
concernant la gestion de la fertilité de leurs
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parcelles ; (2) réaliser des observations sur les
parcelles paysannes concernant l'agrosystème (faune, états de
surface, texture et couleur du sol, systèmes et pratiques culturaux) ;
(3) faire un relevé et une cotation d'enherbement concernant la flore ;
(4) échantillonner les sols des parcelles cultivées pour des
éventuels analyses au laboratoire.
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