4.1.3. Théories de la croissance 4.1.3.1 Les
théories classiques
Les théories classiques de la croissance sont
plutôt pessimistes. Les principaux auteurs classiques tels que Adam
Smith, David Ricardo, Robert Malthus estiment qu'à long terme,
l'économie atteint un état stationnaire. La croissance
envisagée n'est pas durable et tend vers une limite, elle est donc
destinée à disparaitre progressivement, pour atteindre finalement
zéro.
Pour Adam Smith, la richesse d'une
nation repose sur le travail productif. Ainsi, améliorer la
productivité du travail par la division du travail et le
développement du machinisme, ce qui suppose une épargne
préalable, c'est assuré la croissance d'une nation.
David Ricardo considérait que
l'investissement était essentiel à la croissance
économique. La croissance dépend donc de la répartition
des revenus : plus les capitalistes reçoivent une part importante du
profit, plus ils investiront, plus la croissance sera importante. Or, selon
l'auteur, la répartition des revenus risque d'être de moins en
moins favorable à l'investissement en raison des rendements
décroissants de la terre : avec l'augmentation de la population, il faut
exploiter de plus en plus de terres, or le rendement d'une terre nouvelle est
plus
11 Grégoire KANKWANDA,
Cours de Théories de Croissance Economique, L1 Economie, FASEG,
UNIKIN, 2013
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faible que le rendement des terres qui ont
précédemment été mises en culture (C'est la loi
des rendements décroissants)
Thomas Robert Malthus se montre
très pessimiste en ce qui concerne la soutenabilité de la
croissance à long terme. Comme Ricardo, il considère que la
croissance économique tend à ralentir et que l'économie
converge vers un état stationnaire. Malthus explique cet état
stationnaire à travers la « loi de la population ».
Selon celle-ci, la population augmente selon une suite
géométrique, alors que les ressources de substance (notamment
alimentaires) progressent selon une suite arithmétique. Puisque les
ressources tendent à être insuffisantes pour nourrir la
population, il y a donc une tendance à la surpopulation.
4.1.3.2 Approche de croissance économique
chez J. Schumpeter
A partir des travaux sur les cycles économiques de
Kondratieff, Joseph Schumpeter a
développé la première théorie de la croissance sur
une longue période. Il préconisait que les innovations des
entreprises constituaient la force motrice de la croissance. L'auteur
développa en particulier l'importance de l'entrepreneur dans les
théories de l'évolution économique en 1913.
4.1.3.3 Modèle Post-Keynesien
(Harrod-Domar)
Pour les keynésiens, la demande joue un rôle dans
la croissance économique. Dans la Théorie générale,
Keynes (1936) ne s'est focalisé que sur le court terme. Ainsi,
Roy Forbes Harrod (1939) et Evsey Domar
(1947), ont prolongé en long terme les analyses de Keynes,
d'un coté en introduisant l'accumulation des facteurs travail et
capital, et de l'autre coté en se posant plus la question sur la
stabilité de la croissance.
Leur première conclusion est que la croissance est
déséquilibrée. L'investissement est à la fois
une composante de l'offre et une composante de la demande. D'une part, en
investissant, les entreprises augmentent leurs capacités de production
(l'offre tend à augmenter). D'autre part, si une entreprise investit,
c'est qu'elle achète entre autres les moyens de production (machines)
à d'autres entreprises (la demande tend à augmenter). Si
l'augmentation de l'offre correspond à l'augmentation de la demande,
alors la croissance sera équilibrée, mais rien n'assure que ce
sera effectivement le cas.
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Leur deuxième conclusion est que les
déséquilibres sont cumulatifs. Si la demande est
supérieure à l'offre, les entreprises vont chercher à
accroître leurs capacités de production pour répondre
à l'excès de demande. Or, en investissant, elles créent
une demande supplémentaire. Il est alors probable que l'excès de
demande s'intensifie au lieu de se réduire. Inversement, si l'offre est
supérieure à la demande, les entreprises risquent de
réduire leurs dépenses d'investissement, donc de réduire
plus amplement la demande. Dans tout les cas, un simple
déséquilibre risque de s'amplifier au cours du temps : la
croissance est « sur le fil du rasoir » selon Harrod.
4.1.3.4 Modèle Néo-classique de R.
Solow
Dans une perspective de long terme, Robert Solow
réalise en 1956 le premier modèle de croissance
néoclassique. Dans ce modèle, les entreprises combinent du
travail et du capital pour produire des biens. Elles utilisent l'épargne
des ménages pour investir et ainsi accroître les capacités
de production. Ainsi, plus l'économie épargne, plus les
entreprises peuvent accumuler du capital. Toutefois, Solow fait
l'hypothèse d'une décroissance des productivités
marginales : plus un travailleur dispose de machines, moins la machine
supplémentaire lui permet d'accroître sa production. Autrement
dit, plus le stock de capital augmente, moins la production augmente
rapidement. Par conséquent, en l'absence de progrès
technique, la croissance tend peu à peu vers zéro et
l'économie risque finalement de se retrouver dans une situation
où la production n'augmente plus, mais stagne. Solow retrouve donc ici
l'idée des classiques selon laquelle l'économie converge vers un
état stationnaire.
4.1.3.5 Les nouvelles théories de la
croissance
Apparues dans les années quatre-vingt, les
nouvelles théories de la croissance ou
théories de la croissance endogène
visent à expliquer le caractère cumulatif de la
croissance ou, autrement dit, à expliquer pourquoi certains pays ne
parviennent pas à amorcer un processus de croissance et demeurent alors
dans une trappe à sous-développement. A la différence du
modèle de Solow, les modèles de croissance endogène font
l'hypothèse que les rendements sont croissants et
considèrent que le progrès technique est
endogène, c'est-à-dire qu'il dépend du comportement
des agents. Autrement dit, tout comme chez Solow, le progrès technique
génère de la croissance économique, mais en retour, cette
dernière est également susceptible de générer du
progrès technique.
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Robert Lucas (prix Nobel en 1995)
souligne l'importance du capital humain pour la croissance. Ainsi, un
travailleur devient plus productif lorsqu'il accumule des connaissances et des
compétences: le capital humain est un facteur cumulatif, qui
présente des rendements croissants. L'auteur se contente de
développer l'idée selon laquelle, l'accumulation du capital
humain permet au travailleur d'être plus productif ; et cette accumulant
du capital humain, permet à un individu d'être capable d'innover,
de créer des idées et des savoir-faire qui n'existaient pas
auparavant.
Paul Romer met l'accent sur la
recherche- développement, c'est-à-dire l'accumulation de
capital technologique. Pour innover, un chercheur utilise le savoir
qui est disponible à son époque ; en innovant, il accroît
le savoir disponible pour les autres chercheurs, notamment ceux des
générations futures. Par conséquent, les dépenses
de recherche-développement réalisées par une entreprise
lui permettent d'accroître sa productivité et d'innover ;
grâce aux externalités, elles profitent également aux
autres entreprises. Donc un cercle vertueux est à l'oeuvre : en
innovant, une entreprise permet aux autres entreprises d'innover.
Robert Barro souligne le rôle
joué par l'investissement public, c'est-à-dire
l'accumulation de capital public, dans la croissance : les
infrastructures publiques (routes, aéroports, éclairage public,
réseau de distribution d'eau, etc.) stimulent la productivité des
agents privés et par conséquent les activités. Or, avec la
croissance, l'Etat prélève davantage de taxes et d'impôts,
donc il peut financer de nouvelles infrastructures. Donc, un cercle vertueux
est à l'oeuvre : l'investissement public favorise la croissance et la
croissance favorise en retour l'investissement public.
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