4.2.2. La schizophrénie au quotidien
4.2.2.1. La distorsion des sensations
En règle générale, notre corps est en
capacité de percevoir les stimuli grâce à nos organes
sensoriels. Ces sens interagissent avec le cerveau de façon à
pouvoir les classer par ordre d'importance et à répondre de
façon rationnelle. Cependant, la personne schizophrène, elle, ne
sera pas capable de trier ses ressentis pour réagir de façon
adaptée. Dans des situations du quotidien où nous serions en
capacité d'ajuster nos actes avec nos sens en fonction de leur
nécessité, le schizophrène mélange ses sensations.
La perception de ses sens est confuse et certains sens prennent le dessus sur
d'autres à des instants où ils ne le devraient pas. Cette
discordance affecte son comportement sur chaque moment de sa vie. Par exemple,
la souffrance ressentie est identique à la nôtre mais elle se
présentera à des moments paraissant parfois illogiques. Si nous
nous brûlons nous réagissons immédiatement en raison de ce
que nous ressentons, mais la personne malade ne se rendra peut-être pas
compte de sa douleur, même si cela la blesse car une autre sensation
prend l'avantage.
Par ailleurs, dans l'article « l'effet d'une
brûlure » Virginie Jardel, infirmière, nous raconte
l'histoire de Bérénice, une de ses patientes atteinte de
schizophrénie. Elle nous explique que lorsqu'elle lui effleure le bras
pour l'apaiser, Bérénice s'énerve, l'insulte et
interprète ce geste comme un contact violent. Toucher son bras revient
à un coup agressif pour elle et par conséquent entraine une
réelle douleur pour Bérénice, alors qu'à l'origine
cet acte n'est qu'une démonstration de compassion et de bienveillance
envers elle dans le but de la rassurer, la soutenir. Un exemple qui illustre
bien cette distorsion des sensations qui est l'une des caractéristiques
éprouvantes de la schizophrénie.
En définitive, cette altération est un
élément de la maladie qui peut entrainer un comportement
illogique et incohérent intervenant sur la qualité de vie.
4.2.2.2. Les délires et les hallucinations
Les délires et les hallucinations sont des
manifestations de la schizophrénie bien connus par la
société. Mais il est pourtant important de préciser que
ces caractéristiques ne
DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de
Lisieux | Mai 2019 21
sont pas seulement liées à cette maladie. En
effet, une personne peut tout à fait présenter ces
symptômes sans pour autant être diagnostiqué
systématiquement comme schizophrène.
Selon C. Tobin, les délires « sont des
constructions mentales fausses, de fausses interprétations à
partir d'observations vraies. » Et les hallucinations elles, «
sont des perceptions vraiment ressenties, mais sans support réel,
qui n'e istent que dans la tête de celui qui les vit. » Dans la
schizophrénie les hallucinations sont souvent auditives mais leurs
caractéristiques peuvent être multiples et sont très
différentes d'un individu à un autre, tout comme les
délires. Il existe d'ailleurs plusieurs thèmes comme le
délire de persécution, le délire mystique, de grandeur ou
encore de « métamorphose ». D'autre part, nous
pouvons affirmer que nous avons une limite bien précise de notre corps,
ce qui nous permet de nous distinguer d'autrui, mais la personne atteinte de
schizophrénie n'a pas toujours cette même délimitation
naturelle de son corps. En effet, il peut parfois se voir incarné dans
les personnes qui l'entourent et cela plusieurs fois en même temps. Il
peut également ne plus ressentir certaines parties de son corps comme si
elles ne lui appartenaient plus, comme un membre qui se dissocie du reste et
dont il n'a plus conscience. Des doutes sur leur appartenance peuvent
s'installer et créer un climat angoissant pour la personne au
quotidien.
Au fond, si l'on considère tous les aspects
déjà vus en faisant les liens, il semble évident que la
relation à l'autre sera déséquilibrée chez la
personne atteinte de schizophrénie. Toutes ces discordances dans le
quotidien ne peuvent qu'influencer vers un comportement asocial, vers une
relation aux autres perturbée, remplie d'incompréhension et de
difficulté. Chaque jour cela impacte la dimension sociale et donc la
qualité de vie. Le retentissement des symptômes de la
schizophrénie sur les relations sociales du quotidien est un aspect
primordial qui semble nécessaire d'aborder pour pouvoir comprendre le
schizophrène dans sa relation à l'autre et l'impact de celle-ci
sur la qualité de sa vie.
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