Entrées en politique. Essai sur la rationalité des candidatures émergentes à l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Isaac Essame Université de Douala - Master2 recherche en science politique 2013 |
PARAGRAPHE II : LE STATUT SOCIAL COMME UN ATOUTLe statut social d'un acteur peut présenter un intérêt particulier. Il peut en effet apparaitre comme un élément permettant à un agent social de se démarquer des autres et d'accéder à une position sociale privilégiée en ce sens qu'une construction sociale des candidats à l'élection présidentielle peut aussi se lire sous le prisme de statut social comme atout. C'est qu'au rang des propriétés sociales et spécifiques des candidats se trouvent aussi le statut social. Les candidats émergents à l'élection présidentielle de 2011 qui font l'objet de notre préoccupation ont pour Paul AYAH ABINE le statut de chef traditionnel et pour KAH WALLA et MOMO Jean de Dieu le statut de membre de la société civile. A/ LE STATUT DE CHEF TRADITIONNEL DE PAUL AYAH ABINELa chefferie traditionnelle occupe encore une place importante dans les sociétés africaines et notamment dans les sociétés camerounaises. Elle apparait au Cameroun comme un relais de la l'administration publique. Paul AYAH ABINE est une autorité traditionnelle qui bénéficie d'un certain nombre de privilège de par son statut. 1) L'autorité traditionnelle. Les chefferies traditionnelles apparaissent comme un échelon de l'organisation administrative au Cameroun. Elles sont régies dans notre pays par le décret de 1977. La loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 garantit la représentation des chefferies traditionnelles en prévoyant expressément leur présence dans les conseils régionaux. Au sens de l'article 55 de la constitution, les deux niveaux de la décentralisation sont la commune et la région. Les chefferies traditionnelles peuvent être du premier, deuxième ou troisième degré selon leur importance territoriale ou historique. A l'origine. Chez les peuples du Nord, il y avait des grands lamidats féodaux qui étaient tout-puissants. A l'Ouest chez les peuples de grassfields, les chefferies tirent leur pouvoir d'une longue tradition rituelle. Et à l'Est, Centre et Sud, on retrouvait des chefferies patriarcales avec un pouvoir d'arbitrage entre individus. Dans sa construction de la rationalité et sa classification relative à la domination, MAX WEBER distingue l'autorité traditionnelle de l'autorité charismatique et de l'autorité légale rationnelle. L'autorité traditionnelle trouve son fondement dans la coutume et la tradition. C'est ce qui justifie de la domination d'un chef traditionnel et l'obéissance de ses sujets. PAUL AYAH ABINE est chef traditionnelle de 2e degré d'Akwaya dans la région du Sud Ouest. Cela lui confère le respect et une position de domination certaine .dans notre tradition les sujets sont soumis au chef .IL apparait donc comme un guide, l'homme dit on doit suivre les directives dans la chefferie. Ce statut de chef qui assure l'autorité traditionnelle par ses charges et ses responsabilités à préparer le candidat à de plus hautes responsabilités, à la gouvernance nationale. Une belle posture entraine un certain nombre de privilèges. 2- Les privilèges du statut de chef traditionnel. Les chefs traditionnels sont nommés sur avis des notables de la chefferie. Mais c'est l'autorité administrative qui signe l'acte de désignation du chef. Les chefs ont un statut d'auxiliaire administratif. Concrètement ce sont les relais périphériques de l'administration. On rencontre trois degré de chefferie au Cameroun. Le premier degré couvre au moins deux chefferies du deuxième degré et dont le territoire ne dépasse les limites départementales. Le deuxième degré couvre au moins deux chefferies du troisième degré et dont l'espace territorial ne va au-delà des limites d'arrondissements. Le troisième degré couvre le village en milieu rural ou le quartier en milieu urbain.38(*) Les autorités traditionnelles exercent une forte influence morale et spirituelle sur leurs administrés. Les autorités traditionnelles qui investissent le champ politique n'hésitent pas à exploiter cette influence comme ressource politique. Au-delà du pouvoir que Paul AYAH ABINE en tant que autorité traditionnel exerce sur ses sujets d'Akwaya, il lui est reconnu des privilèges dès lors qu'il est célébré, consulté et servi prioritairement. Il ya donc une construction hiérarchique qui valorise la personne d'AYAH ABINE. Le chef a des facilités d'accès au service public étant entendu que les chefferies traditionnelles sont un échelon de l'organisation administrative au Cameroun ; il reçoit constamment des présents de la part de ses sujets et des dons des autres. Il n'a pas à fournir le même effort que ses sujets pour la satisfaction de ses besoins. Ses déplacements sont facilités et organisés de manière à lui permettre de remplir ses obligations. De tels privilèges ne sont pas appréciés de la même façon chez les membres de la société civile. * 38- http://.fr.wikipedia.org |
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