B/ ECHANGES COLLECTIFS
En tant que candidat à la recherche des suffrages
pour la présidentielle du 09 Octobre 2011, les candidats
émergents ont mis à profit des stratégies de persuasion
collective. La dimension psychologique du jeu électoral a
été mise à profit par les candidats. Au-delà des
discours du changement qu'on peut qualifier de discours de circonstance eu
égard au contexte national et international de la circulation des
élites en démocratie et de l'action populaire pour assurer
l'alternance au sommet de l'Etat, l'organisation des meetings et
séminaires accompagnée des promesses et des largesses des
candidats avaient pour finalité de disposer les populations à
leur discours . Cela permettait ainsi de s'assurer les voix de ceux qui
adhéraient à ce discours.
L'organisation des meetings mais, surtout des
séminaires permettait d'entrer en contact direct avec les couches ou les
âmes sensibles des populations afin de les inviter à
adhérer aux projets des candidats attendris par des promesses et des
largesses.
1- Organisation des meetings et
séminaires
Bien qu'il soit parfois difficile pour l'opposition
d'organiser des meetings en période hors campagne électorale du
fait de l'interprétation extensive du concept de l'ordre public par les
administrations civiles et notamment les sous-préfets remettant ainsi en
cause les libertés acquises à travers la loi de 1990 sur la
liberté d'association, la campagne électorale se présente
comme un moment privilégié permettant aux candidats de
s'exprimer devant une foule.
C'est à cette occasion que les candidats
émergents ont investi les espaces publics pour tenir leurs meetings.
Les stades, annexes et terrains de football ainsi que les marchés ont
été particulièrement peuplé de monde pour
accueillir les candidats.
Alors que MOMO Jean de Dieu partageait l'espace du
stade annexe avec le SDF en véhiculant l'idée selon laquelle Paul
BIYA doit partir, c'est la fin du renouveau, E. KAH WALLA s'était
présentée devant une population relativement nombreuse au terrain
de football appelé stade cité Cicam appelant non moins les jeunes
et les femmes à soutenir le changement et à saisir l'occasion de
prendre le pouvoir par les urnes le 09 Octobre 2011.
L'exercice consistait à rappeler les plus grands
problèmes des populations, à montrer qu'ils sont connus des
candidats et qu'il existe justement des solutions qu'eux-mêmes doivent
apporter en allant aux urnes le 09 Octobre 2011. Cela leur permettait aussi de
prendre connaissance des doléances des populations à tel ou tel
quartier.
Edith KAH WALLA a en plus mis une autre stratégie
reposant sur les séminaires. En ce sens, elle a créé Le
Cercle politique des Jeunes et des Femmes pour le recrutement et la formation
politique. Chaque semaine, son équipe y enseignait les techniques de
sensibilisation et de communication politique pour la reforme du système
électoral. Le cercle de réflexion a aussi été
créé pour diagnostiquer les problèmes des populations et
proposer les alternatives aux solutions gouvernementales limitées.
Certains séminaires portaient aussi sur le développement du
leadership visant à accompagner les chercheurs d'emplois. Cette action
était conduite par l'ONG Cameroon ô Bosso. Cette stratégie
a été associée à d'autres fondées sur les
promesses et largesses.
2- Promesses et largesses des candidats
Comme stratégie d'entrée en
scène des candidats, les promesses et les largesses occupent une place
considérable. La campagne électorale représente le moment
au cours duquel de nombreuses promesses sont faites aux populations par les
candidats. Il s'agit de susciter leur attention et leur adhésion. Ces
promesses qui pour la plupart sont inscrites dans le programme politique de
chaque candidat sont adaptées aux circonstances et à la
population ou couche de la population sensible.
Le programme politique de Paul AYAH ABINE reposait sur
l'application de l'article 66 de la constitution du Cameroun relatif à
la déclaration des biens et des avoirs ; une période de
transition de 5 ans avec un gouvernement de vingt ministres au plus, une
commission de vérité et de réconciliation ; la
résolution du problème anglophone au deuxième semestre de
la première année et un référendum constitutionnel,
la deuxième moitié de la troisième année.
Quant à MOMO Jean de Dieu, il s'agit de
corriger certaines injustices par la création d'un fond de
solidarité pour toutes les personnes âgées de 70 ans au
moins, faire du Cameroun le centre agricole de la sous région avec les
vastes terres de l'Est ,du Noun , de l'Adamaoua et du Sud qui doivent
être exploités en même temps que les rizicultures
revalorisées, et réduire les premiers soins de santé
à concurrence d'au moins(cinquante mille) 50.000 francs.
Pour Edith KAH WALLA le Cameroun doit «
devenir la puissance économique de l'Afrique Centrale ». Un
tracteur doit être mis au service de chaque collectivité
territoriale. De même, il faut mettre en place une véritable
banque des agriculteurs rejoignant l'idée de MOMO Jean de Dieu. KAH
WALLA veut aussi résoudre le problème des conducteurs des motos
taxis.
Plus concret aura été KAH WALLA dans la
formation donnée aux jeunes chercheurs d'emplois et aux femmes sur le
leadership. Elle a d'ailleurs recruté de nombreux jeunes dans son
cabinet stratégique et apporté une aide au groupe à forte
propension de mobilisation tels que les motos taxis, les vendeurs du
marché Sandaga et aux associations d'étudiants telle que
l'ADDEC.
La campagne médiatique et les démarches
pratiques utilitaires ont permis comme on l'a vu aux candidats d
préparer leur entrée en scène réussie. C'est que
les logiques marketing et communicationnelles ont été mises
à profit dans une perspective instrumentale et utilitaire.
Où nous avons vu que les candidats ont
mobilisé les ressources leur permettant de mener leur action. Cette
action s'est d'ailleurs inscrite dans les logiques des stratégies
plurielles.
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