Entrées en politique. Essai sur la rationalité des candidatures émergentes à l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Isaac Essame Université de Douala - Master2 recherche en science politique 2013 |
SECTION II : La démonopolisation des professionnels politiques traditionnelsL'accès dans le champ politique a souvent été plus favorable aux professionnels de la politique. C'est que la participation active à la politique demande des conditions sociales de la construction de la compétence sociale et technique. On observe souvent la concentration du capital politique aux mains d'un petit nombre « du fait que les produits offerts par le champ politique sont des instruments de perception et d'expression du monde social (ou si l'on veut, des principes de division) la distribution des opinions dans une population déterminée dépend de l'Etat des instruments de perception et d'expression disponibles et de l'accès que les différents groupes ont à ces instruments. C'est dire que le champ politique exerce en fait un effet de censure en limitant l'univers du discours politique et, par là, l'univers de ce qui est pensable politiquement, à l'espace fini des discours susceptibles d'être produits ou reproduits dans les limites de la problématique politique comme espace des prises de position effectivement réalisées dans le champ, c'est-à-dire socio-logiquement possible étant donné les lois régissant l'entrée dans le champ. La frontière entre ce qui est politiquement dicible ou indicible, pensable ou impensable, pour une classe de profanes se détermine dans la relation entre les intérêts expressifs de cette classe et la capacité d'expression de ces intérêts que lui assure sa position dans les rapports de production culturelle et, par là, politique »56(*). L'entrée en scène des candidats émergents tend en une déconstruction du monopole des professionnels traditionnels de la politique. L'élection présidentielle d'octobre 2011 a permis d'observer l'accès aux arènes politiques des candidats plus ou moins non professionnels et la mise en question des logiques des acteurs traditionnels. PARAGRAPHE I : l'accès aux arènes politiques des candidats plus ou moins non professionnels.La plupart du temps, les candidats qui entrent à une compétition électorale de grande envergure, ont souvent un passé politique connu il en est ainsi parce que les candidats qui entrent en scène justifie généralement de la qualité d'homme ou femme politique professionnel. Ce qui a été for remarquable à l'élection présidentielle de 2011, c'est d'une part, des candidatures soudaines et d'autre part, la découverte des entrants. A - Des candidatures soudainesJusqu'en 2010, Edith KAH WALLA, Paul AYAH ABINE et MOMO Jean de Dieu n'avaient pas encore manifesté leur intention de participer à l'élection présidentielle de 2011 même si pour BOURDIEU `' l'intention politique ne se constitue que dans la relation à un état déterminé du jeu politique et, plus précisément de l'univers des techniques d'action et d'expression qu'il offre à un moment donné du temps.57(*) Les candidatures des candidats émergents ont été soudaines parce qu'elles étaient inattendues étant entendu que leur passé politique était relativement inconnu. 1- Des candidatures inattendues Pour l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun, l'entrée en compétition des candidats Edith KAH WALLA Paul AYAH ABINE et MOMO Jean de Dieu a surpris plus d'une personne. Ce sont des candidatures qu'on n'attendait pas. Les candidats traditionnels comme Paul BIYA NI JOHN FRU NDI, ADAMOU NDAM NJOYA, GARGA HAMAN ADJI étaient attendus. On a non plus été surpris de voir HAMENI BIELEU ou encore Hubert KAMGA entrer en compétition. Les candidats émergents n'ont pas manifesté leur intention claire d'entrée en compétition avant 2011. Maître Jean de Dieu MOMO plus que les deux autres n'était membre d'aucun parti politique. Il menait sur action dans le cadre de la société civile. Edith KAH WALLA était membre du SDF jusqu'à sa démission en Avril 2011. Paul AYAH ABINE était encore député RDPC avant de démissionner du parti. Ces candidats inattendus avaient d'ailleurs un passé politique relativement inconnu. 2- Passé politique relativement inconnu Ce qui a été marquant à l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun, c'est l'entrée en compétition d'un certain nombre de candidats dont le passé politique était relativement inconnu. Il s'agit notamment d'Edith KAH WALLA, AYAH ABINE et MOMO Jean de Dieu. De nombreux Camerounais n'avaient pas encore entendu parler politiquement de ces candidats là. Bien qu'ayant été membre du SDF, Edith KAH WALLA était peu connue dans le champ politique national ou se souvient simplement qu'elle s'est présentée aux élections législatives et municipale de 2007 à l'issue desquelles elle a été élue conseillère municipale SDF à Douala 1er c'est donc dans cette inscription qu'elle était un peu plus connu. De même, Paul AYAH ABINE, député RDPC de la Manyu était peu connu des camerounais avant l'élection présidentielle de 2011. Le député de la Manyu depuis 2002 était certainement connu dans une bonne partie du Sud Ouest mais pas très nombreux Camerounais, MOMO Jean de Dieu n'était membre d'aucun parti politique n'était connu pour son action sociale. Son parcours dans le champ politique n'apparait pas clairement aux yeux de nombreux Camerounais. Cela peut s'expliquer par le fait que nous avons affaire à un homme politique professionnel. Les candidats émergents n'ont véritablement été découverts comme entrants qu'à l'échéance présidentielle de 2011. * 56-Pierre BOURDIEU, La représentation, p.4. * 57- Pierre BOURDIEU, opcit, p.4. |
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