4 Développement durable et hôtellerie de
luxe
Réchauffement climatique, catastrophes naturelles,
fonte des glaciers, pollution, dérèglements
atmosphériques, crises financières et tant d'autres
problèmes économiques, sociaux et environnementaux qui inscrivent
notre génération et les génération futures dans une
problématique de viabilité de notre planète sur le long
terme. Petit à petit et de façon de plus en plus globale notre
société de consommation prend conscience des enjeux d'un
changement de mode de fonctionner En lien avec ces évolutions, les
réglementations ont changées pour que chacun s'implique dans le
développement durable. Les entreprises, particulièrement
pointées du doigt, ont un rôle important à jouer.
Évidemment et par la force des choses le développement durable
s'est étendu à tous les secteurs d'activités.
Le tourisme, qui pèse lourd dans
l'économie de nos sociétés, a justement été
critiqué pour ces multiples nuisances : transport, irrespect des
populations autochtones, surconsommation, etc. De ce fait, le tourisme durable,
aussi appelé écotourisme, se développe. Ce tourisme
durable se penche sur plusieurs points : prise en charge de
l'intégrité (authenticité et caractère local) du
lieu, bénéficie aux résidents en générant de
l'emploi au niveau local, conserve les ressources comme l'eau et
l'énergie, protège les produits locaux et leur destination,
respecte la culture et la tradition, préfère la qualité
à la quantité et enfin ce tourisme durable st basé sur
l'expérience. Dans ce chapitre nous allons nous intéresser plus
précisément à une branche du tourisme : l'hôtellerie
de luxe et sa prise de conscience de la nécessité de passer
à un développement durable.
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4.1 L'hôtellerie de luxe, un secteur encore trop
faible dans le développement durable.
4.1.1 D'un point de vue écologique, un secteur trop
gourmand
A première vue, le luxe déclenche en nous une
idée d'un secteur énergivore, et très dépensier
globalement. L'hôtellerie de luxe consomme de nombreuses ressources dans
le but de fournir au client un service impeccable et novateur. Qui, en tant que
consommateur d'hôtellerie de luxe n'a jamais profité de bains
à rallonge et demandé de nouvelles serviettes alors que les
siennes n'avaient qu'un jour ? Alors que l'on sait que « Plus d'un
milliard d'individus ne disposent pas d'eau potable.» 26 On
imagine aisément que la consommation d'eau de l'hôtellerie de luxe
dépasse l'entendement et celle-ci est aussi bien consommée par le
client mais surtout et en grande majorité par l'hôtel
lui-même qui a des besoins énormes en tant que ressource d'eau.
Nettoyage de l'établissement, lavage des draps et des serviettes,
cuisine, arrosage des jardins s'il en possède et usage personnel des
clients... autant de consommation qui est démultipliée selon la
taille de l'établissement. De manière globale et non
attribuée seulement au secteur de l'hôtellerie de luxe, le
touriste toute nationalité confondue consomme trois fois plus d'eau
qu'un résident normal ! L'eau utilisée pour le
remplissage des piscines, des spa, l'arrosage des pelouses s'ajoute à ce
chiffre démentiel. Souvent associé aux complexes de luxe, les
terrains de golf consomment à eux seuls la consommation d'eau d'une
ville de 12000 habitants par an ! 27
On comprendra donc devant ce constat que la
consommation d'eau du tourisme et de l'hôtellerie de luxe est
extrêmement élevée. L'énergie telle que le
pétrole, le gaz ou encore l'électricité sont des
énergies dont ne pourraient se passer le secteur de l'hôtellerie
du luxe. En vacances, un personne consomme beaucoup plus d'énergie que
lorsqu'elle est chez elle et cela se traduit par la lumière que l'on
laisse allumer en
26 De BOISREDON M. Inventer une économie
Yin et Yang, Paris : Presse de la Renaissance. 2006, p180.
27 Organisation mondiale de la protection de la
nature.
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quittant sa chambre, la climatisation que l'on
n'éteint pas même si une fenêtre est ouverte...Le luxe et un
secteur énergivore. Le client veut toujours plus et toujours
plus rare et par exemple un kilo de fraise trouvé l'hiver dans un
hôtel de luxe représente cinq litres de kérosène
utilisé... Même si l'exploitation des ressources tend à
être de plus en plus régulée dans l'alimentation de
l'hôtellerie de luxe certaines interdictions ne sont pas
respectées dans certains pays et des espèces
protégées à certaines saisons se retrouvent sur les tables
des grands hôtels.
Le secteur touristique et plus particulièrement celui
de l'hôtellerie de luxe est montré du doigt d'un point de vue
écologique. Ce sont souvent les populations des pays en
développement qui se retrouvent démunies en répercussions
des excès de l'hôtellerie. Il y a tourisme de luxe et tourisme de
luxe. J'entends par là qu'il y a des établissements à
taille humaine qui consomment certes plus que d'autres établissements
hôteliers, mais il y a aussi ces énormes complexes hôteliers
de luxe qui pullulent partout dans le monde et qui eux posent des
problèmes écologiques très prononcés. A ces
établissements de luxe hôteliers sont attribués un grande
part de pollution des sites par les déchets. Ces établissements
rejettent d'autant plus de gaz à effet de serre et modifient le plus
souvent le paysage environnant. La gestion des déchets est un
très grand problème dans l'hôtellerie de luxe. On jette
beaucoup car on achète pour ses clients beaucoup plus que
nécessaire. Dans les chambres avec les fleurs, les journaux, les
emballages des produits de courtoisie, les draps tachés, les serviettes
qui présentent des défauts... autant de déchets qui sont
accrus par la dénomination « luxe » d'un hôtel.
Chaque hôtel de luxe est confronté aux
problématiques actuelles de l'environnement. Finalement, les
excès d'utilisation des ressources qui sont mentionnées plus haut
sont difficilement modifiables dans le luxe. Chauffage des bâtiments,
consommation de l'eau, gestion des déchets ménagers et
industriels...le luxe perdrait beaucoup en ralentissant la machine. Pourtant,
le développement durable est de plus en plus une nécessité
qu'une possibilité pour l'hôtellerie de luxe.
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