Conclusion
Les politiques publiques considèrent le quartier comme
l'échelon idéal pour une territorialisation des politiques
socioéconomiques et des démarches participatives. La Politique de
la ville, une politique mise en place en faveur des habitants des quartiers
prioritaires, est un bel exemple de territorialisation des politiques publiques
d'une part et d'autre part de la participation des habitants. La participation
des habitants est un enjeu majeur de la Politique de la ville comme le
soulignent Boudeghdegh, Le Dû et Valbon (2012). En effet, associer les
habitants à la gestion de services nouveaux à titre
expérimental, était le souhait en 1977 des premières
mesures Habitat et Vie Sociale. La participation des habitants devient alors
formelle dès 1998 et une condition à la signature par l'Etat des
contrats 20002006. Cette formalisation a été faite par le
Comité Interministériel des Villes qui juge qu'il « convient
d'organiser les démarches permettant aux habitants de se prononcer, en
amont de l'élaboration des projets, sur les priorités des
programmes d'actions qui concernent le cadre de leur vie quotidienne. Il est
également nécessaire de les associer à
l'élaboration, à la mise en oeuvre et à
l'évaluation en continu des actions qui seront décidées
par les partenaires du contrat de ville ». La participation des habitants
reste alors un élément primordial pour la Politique de la ville.
Ainsi les habitants et les acteurs locaux sont appelés à
mobiliser leur expertise et contribuer, conjointement avec l'État, les
collectivités territoriales et les associations, à la
définition des actions les plus pertinentes au regard des besoins
identifiés dans le quartier. C'est dans cette optique, dans le cadre de
la réalisation du protocole d'engagements réciproques, le service
Politique de la ville a jugé nécessaire d'associer les habitants
des quartiers dans sa démarche conformément aux prescriptions en
vigueur. Sachant que les habitants des quartiers sont mieux placés pour
connaitre les atouts, les faiblesses de leur quartier que quiconque, leur
association aux instances de décisions, est dotant plus
bénéfique qu'elle permet de définir des politiques les
mieux adaptées et les mieux conformes à leurs besoins.
Rencontrer les habitants des quartiers de
l'agglomération afin de recueillir leur avis, leurs observations quant
à la façon dont ils vivent le quartier et la façon
celui-ci influence leur vie, a été notre mission. Au cours des
enquêtes de terrain, nous avions sillonné les cinq quartiers. Les
résultats obtenus au cours cette enquête, ont permis de voir
l'importance des
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relations qui existent entre les habitants et leur quartier et
les facteurs qui contribuent à la naissance de ces relations. En effet,
ces résultats montrent que le quartier constitue une ressource pour les
habitants interrogés et les relations sociales développées
contribuent à leur bien - être.
De même la perception que les habitants ont de leur
quartier peut influencer sur leur qualité de vie. Cette perception du
quartier, qu'elle soit positive ou négative, peut naitre un sentiment
d'attachement et d'appartenance ou au contraire de rejet, de repli sur soi et
d'évitement. De plus, les représentations positives de ces
quartiers montrent que nombreux progrès ont été
réalisés pour changer l'image de ces quartiers prioritaires. Les
quartiers sillonnés sont « sûrs et propres » même
s'il existe quelques poches d'insécurité et d'insalubrité.
Ils sont bien dotés en équipements socioculturels de
proximité. Ces équipements sont bien fréquentés par
les résidents. En reprenant Humain-Lamoure (2007), le quartier n'existe
que parce qu'il y a des lieux de rencontres ayant des formes d'occupation
spécifiques et dans lesquels la population a construit au cours du temps
des relations ritualisées et c'est par ce phénomène que le
quartier acquiert sa signification symbolique et que les habitants nouent avec
lui des liens émotionnels et identitaires. Alors défini comme un
objet socio spatial, le quartier serait le résultat de la manière
dont l'individu conçoit les rapports entre l'espace privé,
l'espace public du quartier et au-delà. Il existe entre le quartier et
les habitants questionnés un rapport au quartier très fort
malgré les difficultés et la pauvreté qui règnent
dans leur habitat. Les opinions positives sur le cadre de vie, les liens de
sociabilité, l'enracinement dans le milieu, la durée, les
aménités du quartier, la forte présence des
équipements sont autant de facteurs qui contribuent au
développement de liens fort entre les habitants et leur lieu de
résidence.
En dépit des difficultés rencontrées et
des limites de cette recherche, les résultats obtenus sont très
intéressants. Ces résultats ont permis de voir l'écart
qu'il y a entre les réalités dans les quartiers prioritaires et
les perceptions qu'ont des personnes extérieures à ces
quartiers.
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