SECTION 2 : REPRESENTATION SOCIALE DU
VIEILLISSEMENT AU TRAVAIL  
Sur le plan historique, les observations sur « l'usure
par le travail et sur le vieillissement par rapport aux exigences du travail
» datent  de plus de trois siècles (Cassou & Laville, 1996).
Selon Cottereau (1983, cité dans Drulhe, 1996), ce
phénomène serait lié aux rapports de classes qui se
développent depuis le début de l'ère industrielle. Cette
différenciation sociale opère, encore aujourd'hui, à
travers les représentations sociales de l'apport du travailleur
vieillissant à l'égard de sa profession.  Nous examinerons donc
dans cette section les représentations négatives et les
barrières liées à l'âge d'une part, et les enjeux de
la gestion des travailleurs vieillissant d'autre part. 
I. Les représentations négatives et les
barrières liées à l'âge
Nous ressortirons ici les représentations
négatives du vieillissement des travailleurs, mais aussi les
barrières liées à l'évolution de l'âge. 
1. Les représentations négatives 
L'organisme humain se transforme au fil des années.
Dès la naissance, on vieillit. Hellemans (2006) rappelle qu'une personne
atteint sa pleine maturité physique vers l'âge de 25  ans.
Ensuite, on constate une période de relative stabilité, puis
l'organisme commence à montrer des premiers signes de vieillissement, en
général vers 45 ans même si des différences
importantes entre individus existent, dépendant de
caractéristiques personnelles (mode de vie, alimentation, état de
santé général) et des caractéristiques de la
situation de travail (force physique requise, posture, horaire, etc.). 
Par nature, l'activité professionnelle est soumise
à des contraintes, celles-ci  peuvent  être liées soit
à l'environnement physique, soit à l'organisation du travail. Le
niveau de contraintes    variant  selon  le  sexe  du  travailleur,  la 
catégorie  socioprofessionnelle,  le secteur d'activité ou encore
l'âge.  
Les gains d'espérance de vie, le prolongement de la
durée d'activité professionnelle, les politiques de gestion des
seniors, questionnent sur les effets du vieillissement, sur les
capacités  à  continuer  à  travailler  longtemps.   
Pour de nombreux praticiens d'entreprise, le diagnostic de
leur personnel repose sur une représentation très négative
du vieillissement conçu comme un déclin permanent.  
En effet, les travailleurs vieillissants se heurtent à
des représentations sociales négatives à leur encontre en
termes de lacunes et de coûts qui se répercutent  dans  les 
politiques  et  pratiques  de  gestion  des  entreprises. Les  griefs 
formulés  à l'encontre  des  plus  âgés  sont 
nombreux. De  manière  générale,  ils  sont 
connotés négativement. Ainsi, les travailleurs vieillissants sont
souvent considérés comme étant moins  productifs,  moins 
flexibles  et  moins  créatifs.  Comparativement  aux  plus  jeunes, 
ils sont  perçus  comme  étant 
désintéressés  de  la  formation  et,  par  ailleurs, 
moins  aptes  à acquérir  de  nouvelles  compétences,  en 
particulier  dans  le  domaine  des  nouvelles technologies. La
résistance au changement, la rigidité et la forte propension aux 
maladies  et  accidents  viennent  clôturer  cette  liste  non 
exhaustive  de stéréotypes  couramment  formulés. Selon 
Schalk  et al.  (2010),  la  façon  dont  les  travailleurs sont
considérés dans l'entreprise est reliée à une
certaine conceptualisation de l'âge. 
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